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HARVARD COLLEGE
LIBRARY
FROM THS FUND OF
CHARLES MINOT
CLASS OF 1828
YSTOIRE
DE
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YSTOIRE
LI NORMANX
Par AIMÉ/ T,-,!vA •; jV'-
ÉVÈQUE ET MOINS AO M
Publiée avec une Introduction et des Notes
Par l'Abbé O.^LARC
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Librairi de la StcUti de VHiiinrt de liermaiidie '
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EXTRAIT DU RÈGLEMENT
Art. 16. — Aucun volume ou fascicule ne peut être livré
à rimpression qu'en vertu d'une délibération du Conseil, prise
au vu de la déclaration du Commissaire délégué, et, lorsqu'il
y a lieU; de l'avis du Comité intéressé portant que le travail
est digne d'être publié. Cette déclaration est imprimée au
verso delà feuille du titre du premier volume de chaque ou-
vrage;
Le Conseil, vu la déclaration de M. A. HéroN; Commis-
saire-déléguéy portant que l'édition de /TTstoire de Li Nor-
MANT, préparée par M, Vabhé 0. Delarc, lut a paru digne
d'être publiée par la Société de l'Histoire de Normandie,
après en avoir délibéré^ décide que cet ouvrage sera livré à
l'impression.
Fait à Rouen j le 4 janvier iS92,
Le Secrétaire de la Société,
P. LE VERDIER.
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EXTRAIT DU RÈGLEMENT
Art. 16. — Aucun volume ou fascicule ne peut être livré
à rimpression qu'en vertu d'une délibération du Conseil, prise
au vu de la déclaration du Commissaire délégué, et, lorsqu'il
y a lieU; de l'avis du Comité intéressé portant que le travail
est digne d'être publié. Cette déclaration est imprimée au
verso delà feuille du titre du premier volume de chaque ou-
vrage;
Le Conseil, vu la déclaration de M, A. Héron^ Commis-
saire-délégué y portant que Védition de /TTstoire de Li Nor-
MANT, préparée par M, l'abbé 0. Delarc, lut a paru digne
d'être publiée par la Société de l'Histoire de Normandie,
après en avoir délibéré^ décide que cet ouvrage sera livré à
l'impression.
Fait à Rouen j le 4 janvier iS92.
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Le Secrétaire de la Société,
P. LE VERDIER.
INTRODUCTION.
ChampoUion-Figeac a publié en 1833, sous les auspices
de la Société de l'histoire de France^ une vieille traduction
française de YHistoria Normannorum d'Aimé, évêque et
moine au Mont-Cassin en Italie (i). Cette publication fut
accueillie avec d'autant plus d'intérêt que le texte original
de l'ouvrage d'Aimé est perdu et qu'il reste bien peu d'es-
poir de le retrouver. Plus de cinquante ans se sont écoulés
depuis que cette traduction a vu le jour; l'édition de
ChampoUion-Figeac est épuisée depuis longtemps et le
progrès des études historiques n'a pas respecté plusieurs
des hypothèses que l'éditeur avait développées dans une
longue introduction, placée en tête de son livre (2). Aussi
(i) UYstoire de H Normant et la Chronique de Robert Viscart pu AntÈ,
moine de Mont-Cassin, publiées pour la première fois, d'après un manus-
crit françois inédit du xme siècle, appartenant à la bibliothèque royale,
pour la Société de THistoire de France, par M. Champollion-Figeac. In-8*
de cvn-370 p. Paris, Renouard, 1835. C'est, je crois, le premier volume
publié par la Société de l'Histoire de France. Nous verrons que Champollion-
Figeac a tort d'atttibuer k Aimé la Chronique de Robert Viscart,
(2) Cette introduction n'a pas moins de 107 pages in-8*.
HARVARD COLLEGE
LIBRARY
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CHARLES MINOT
CLASS OF 1828
YSTOIRE
DE
LI NORMANT
YSTOIRE
LI NORMANX
Par AIMÉ/. nv.jvÀ >. J,'>.
ÉVËaUE ET MOINE AU MONT-CASSIN
Publiée avec une Introduction et des Notes
P«r l'Abbé O. .fiJLARC
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Libraire Je la SociiU de THiilairt Je tlfirmanJU '
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EXTRAIT DU RÈGLEiMENT
Art. 16. — Aucun volume ou fascicule ne peut être livré
à rimpression qu'en vertu d'une délibération du Conseil, prise
au vu de là déclaration du Commissaire délégué, et, lorsqu'il
y a lieU; de l'avis du Comité intéressé portant que le travail
est digne d'être publie. Cette déclaration est imprimée au
verso delà feuille du titre du premier volume de chaque ou-
vrage.
Le Conseil, vu la déclaration de M. A. Héron^ Commis-
saire-délégué, portant que l'édition de ZT^stoire de Li Nor-
MANT, préparée par M. l'abbé 0. Delarc, lut a paru digne
d'être publiée par la Société de l'Histoire de Normandie,
après en avoir délibéré, décide que cet ouvrage sera livré à
rimpression.
Fait à Hou^n^ le 4 janvier 1892.
Le Secrétaire de la Société,
P. LE VERDIER.
INTRODUCTION.
ChampoUion-Figeac a publié en 1833, sous les auspices
de la Société de Vhisioire de France^ une vieille traduction
française de YHistoria Normannorum d'Aimé, évêque et
moine au Mont-Cassin en Italie (i). Cette publication fut
accueillie avec d'autant plus d'intérêt que le texte original
de l'ouvrage d'Aimé est perdu et qu'il reste bien peu d'es-
poir de le retrouver. Plus de cinquante ans se sont écoulés
depuis que cette traduction a vu le jour ; l'édition de
ChampoUion-Figeac est épuisée depuis longtemps et le
progrès des études historiques n'a pas respecté plusieurs
des hypothèses que l'éditeur avait développées dans une
longue introduction, placée en tête de son livre (2). Aussi
(i) UYstoire de H Normant et la Chronique de Robert Viscari par Ami,
moine de Mont-Cassin, publiées pour la première fois, d'après un manus-
crit françois inédit du xm« siècle, appartenant à la bibUothèque royale,
pour la Société de l'Histoire de France, par M. Champollion-Figeac. In-8'
dccvn-37op. Paris, Renouard, 1835. C'est, je crois, le premier volume
publié par la Société de THistoire de France. Nous verrons que Champollion-
Figeac a tort d'atttibuer k Aimé la Chronique de Robert Viscart.
(2) Cette introduction n'a pas moins de 107 pages in-8*.
VU)
h Société de F histoire de Normandie ayant décidé de donner
une nouvelle édition de la traduction de YHistoria Nor-
mannorum et ayant bien voulu me confier ce travail, j'ai
dû, dans l'introduction qui suit, exposer sur Aimé et sur
son œuvre, telle quelle est arrivée jusqu'à nous, l'état
actuel de nos connaissances.
I.
AIMÉ, ÊVÊaUE ET MOINE AU MOKT-CASSIK.
Dans la seconde moitié du xi^ siècle vivait au monas-
tère du Mont-Cassin. en Italie, un moine nommé Amatus;
voici les quelques renseignements que nous avons sur
lui.
Pierre Diacre, continuateur de la Chronique du Mont-
Cassin de Léo de' Marsi, écrit 1. DI, c. 33 : « Amatus
quoque episcopus et hujus monasterii monachus, his
diebus, scripsit versus de gestis Apostolorum Pétri et
Pauli et hos in quattuor libros divîsît. Ystoriam quoque
Normannorum componens, nomini ejusdem abbatis
dicavit » (i). Le « his diebus » désigne l'époque où Didier
fut abbé du Mont-Cassin, 103 8-1086; c'est donc à lui
qu' Amatus dédia son histoire des Normands.
Dans un autre de ses ouvrages, le De viris illustribus
Casinensibus, le même Pierre Diacre parle encore d' Ama-
tus, il écrit : « Amatus episcopus et Casinensis monachus
(i) Mmuminta Gtnmmia bistorica, in-iblio, t. VII, p. 7^.
IX
in scripturis disertissimus et versificator admirabilis.
Scripsit ad Gregorium papam versus de gestis Aposto-
lorum Pétri et Pauli et hos in quatuor libres divisit :
fecitetdelaudeejusdempontificis, de duodecimlapidibiis
et civitate cœlesti Hierusalem. Historiam quoque Nor-
mannorum edidit, eandem que in libres octo divisit. Fuit
autem temporibus supradictorum imperatonim » (i).
L*ouvrage dont nous publions la traduction étant une
histoire des Normands, divisée en huit livres, composée
par un moine du Mont-Cassin et dédiée à l'abbé Didier,
il est évident qu'il a pour auteur cet Amatus dont parle
Pierre Diacre. Malheureusement cette traduction ne nous
enseigne à peu près rien sur l'auteur de VHistoria Nor-
mannorum. Le VIII* livre débute par cette phrase : « Puiz,
par ordene de lo ystoire devons dire la prise de la cité de
Saleme dont fii cestui moine » (2). Est-ce là une glose
du traducteur, car il s'en permet assez souvent, ou est-ce
la traduction du texte d'Aimé? Dans le premier cas,
comme le traducteur vivait environ deux cents ans après
Aimé et qu^il pouvait être plus ou moins mal informé,
sa supposition n'aurait qu'une valeur relative; Hirsch
croit au contraire que cette donnée vient d'Aimé lui-
même, par la raison que le traducteur, lorsqu'il ajoute
un commentaire de ce genre, laisse voir que le commen-
taire est de lui, ce qu'il ne fait pas dans le passage en
question (3) et Hirsch cite à l'appui de sa remarque le
(i) C. XXX; MuRATORi : Rtrum Italicarum Scriptores, T. VT^ coL 36.
(2) a. infira, livre YIH, c i.
(5) Amatus von Monie-Cassino uttd seine GescbicbU der Normanntm, tint
kritiscbe UnUrsucbung von F. Hirsch dans les Forschungen lur d. Gescbicbte,
T. VIII, p. ao6, sqq. 1868.
commentaire du livre El* c. 49 : « Et par ceste parole se
mostre que cestui moine translateor de ceste ystoire fu à
lo temps de cestui abbé Désidère » (i). Le traducteur
• d'Aimé a parfois, comme nous le verrons, de telles dis-
tractions, il a une orthographe et des procédés de traduc-
tion si peu uniformes que l'observation de Hirsch ne
saurait me convaincre. Toutefois les détails qu'Aimé
donne sur Salerne, précisément dans le VEI' livre et en
d'autres endroits de son histoire, ia connaissance appro-
fondie des lieux que trahissent ces détails, la chaleur avec
laquelle il parle des iniquités de Gisulfe, prince de
Salerne, contre ses sujets, m'inclineraient à penser, mais
non pas pour la raison alléguée par Hirsch, que cette
phrase du début du VIII* livre est en effet une donnée
fournie par Aimé et que très probablement il était de
Salerne. C'est là du reste le seul renseignement que la
traduction d'Aimé nous fournisse sur sa biographie;
voici deux autres indications qui nous viennent d'ail-
leurs.
Gattola a publié une charte par laquelle Didier, abbé
du Mont-Cassin, accorde, en juin 1060, divers privilèges
à la ville de Traetto ; cette charte est signée de cette
manière :
+ Ego Desiderius Dei gratia abbas ss.
f Ego Amatus monachus ss.
+ Ego Landulfus sacerdos et monachus.
f Ego Geraldus indignus presbyter et monachus inter-
fui et subscripsi (2).
(i) Cf. infra, livre UI, c. 49.
(2) Gattola : Ad bistoriam abhatûe Cassimnsis Accessioms. T. I, col. 158-
Si, comme il est bien probable, il s'agit ici de notre
Amatus, il faut en conclure qu'en juin 1060 il était
moine au Mont-Cassin, mais qu'à cette époque il n'avait
pas encore reçu la prêtrise ; sans cela, il aurait certaine-
ment écrit comme les autres : Sacerdos et monachus.
Le Necrologium Casinense, édité par Muratori, porte à
la date du i" mars — Kalendis Martii — « Amatus epis-
copus et monachus » (i). Aimé est donc mort un pre-
mier mars ; ce Necrologium n'indique pas ordinairement
Tannée du décès qu'il mentionne, il ne donne que la
formule nécessaire pour le Mémento de la messe de l'anni-
versaire.
Pierre Diacre ayant à deux reprises donné à Aimé le
titre d'episcopus et le Necrologium Casinense agissant de
ihême, on s'est demandé de quel diocèse Aimé avait été
évêque, et cette question n'a pas encore reçu de réponse
concluante.
Dans la courte préface de son second volume des Mis-
cellanea (2), Baluze soutint le premier qu'Aimé, moine
du Mont-Cassin, l'auteur de l'histoire des Normands,
était le même qu'Aimé, évêque d'Oleron, plus tard arche-
vêque de Bordeaux et qui fut plusieurs fois, en France et
en Espagne, légat des papes Grégoire Vil et Urbain H.
L'hypothèse de Baluze a été ensuite reproduite par Ma-
billon (3), par les auteurs de ï Histoire littéraire de la
(i) Muratori. R. I. SS. T. VII, p. 939 sqq.
(2) Edition in-8** de 1679.
(5) Annales ordinis S. Bénédictin t. V. p. 239, n** 28. Champollion-Figeac
écrit que Mabillon donna à l'hypothèse de Baluze son adhésion formelle
(Introduction, p. xl); il n'en est rien; Mabillon se borae à énoncer le sen-
timent de Baluze, il dit : Baluzius suspicatur. . .
XIJ
France (i) et par le Gallia Cbristiana (2). Marca n'avance
rien de semblable ; dans son Histoire de Béarn, publiée
en 1640, par conséquent près de quarante ans avant les
mélanges de Baluze, il se contente d'affirmer, sans le
démontrer, qu'Aimé, évêque d'Oleron, ensuite arche-
vêque de Bordeaux, était originaire du Béam : « le pais
de Béam qui a produit un personnage de si grande consi-
dération » (3).
Les documents que nous possédons aujourd'hui per-
mettent d'affirmer que le sentiment de Baluze est inad-
missible ; Aimé du Mont-Cassin et Aimé, évêque d'Oleron,
sont deux personnages contemporains, il est vrai, mais
qu'on ne saurait identifier.
Il est plusieurs fois question de cet évêque d'Oleron
dans la correspondance de S. Grégoire Vil; la première
mention se trouve dans une lettre de ce pape, écrite en
septembre 1074 ^^ adressée à Isembert, évêque de Poi-
tiers (4). Elle nous apprend qu'à cette date Aimé était
évêque d'Oleron, légat du pape et investi de la confiance
du Saint-Siège qu'il représentait. L'année où l'évêque
d'Oleron prit possession de son siège, n'étant pas connue
d'une manière précise, nous nous contenterons de cette
date de 1074; elle suffit à notre but, car il est certain
qu'en 1074, Aimé du Mont-Cassin, l'auteur de l'histoire
des Normands, n'était pas évêque d'Oleron. Cette his-
toire des Normands va — nous le verrons plus tard —
(i) T. IX, p. 226, sqq.
(2) T. II, p. 806.
(3) Histoire du Béam, p. 328.
(4) GREGORn VII. Rtgist. U, 2, p. X09 sq. des Monumenta Gregoriana de
]aff6. Berlin, in-S", 1865.
xuj
jusqu'en 1078, et, lorsqu'il la composa, Aimé était reli-
gieux au Mont-Cassin et sous la juridiction de l'abbé
Didier. Ainsi, en dédiant son ouvrage à Didier, Aimé lui
écrit : « O la licence et bénédiction vostre et o tout l'aide
de la grâce de Dieu, ai-jé comencié seçont ce que je
avoie en cuer ; et li fait de li Normant, liquel sont digne
de notre mémoire, ai-je en Vin volume de livre distincte.
Et a ce que non soit fatigue de chercier a ceuz qui
volissent alcune chose lire de l'ystoire, chascun volume
ai-je noté o cert capitule; en toute ceste choze plus voille
estre a vostre jugement. Père, que de moi escriptor » (i).
L'histoire des Normands en Vin livres était donc termi-
née lorsque Aimé la dédiait à Didier ; il n'a pu par con-
séquent écrire cette dédicace avant 1078 et, à cette date,
il n'est que simple moine (dans cette même dédicace, un
peu avant le passage cité, il va au devant de l'objection
qui pourrait lui être faite que « non convient a un moine
escrive les batailles de li seculer » Qi) et moine au Mont-
Cassin. Tout son désir est de rester jusqu'à la fin de ses
jours dans sa studieuse retraite et d'avoir l'abbé Didier
pour lui fçrmer les yeux ; ainsi il écrit dans l'histoire des
Normands, livret 0% c. 49 : « Je desirre de morir a lo
temps de* cest^i saint abbé (Didier), et voil qu'il vive
après ma mort. Et que cestui à l'ultime jor de ma vie me
face l'absolut^n de mes péchiez » (3).
n est, je crois, inutile d'insister sur cette démonstration
devenue facile depuis que nous avons la traduction de
(i) Cf. infrsi la dédicace de ronvrage i Didier, abbé da Mont-Cassin.
(2) Cf. infra la dédicace de Touvrage.
(3) Cf. infra, livre III, c. 52.
XIV
l'ouvrage d'Aimé. Si Baluze et ceux qui ont partagé son
sentiment avaient eu cette traduction entre les mains, à
défaut du texte original, ils n'auraient jamais cherché à
identifier un moine du Mont-Cassin, né ^certainement
dans l'Italie du sud, s'y trouvant encore en 1078, avec
un Béarnais, évoque d'Oleron en 1074, et absorbé, dès
cette époque, par le gouvernement de son diocèse et la
gestion des affaires ecclésiastiques du sud-ouest de la
France.
Champollion-Figeac admet qu'Aimé, l'auteur de
l'histoire des Normands, n'est pas le même qu'Aimé,
évèque d'Oleron et plus tard archevêque de Bordeaux (1),
mais il veut prouver que l'Aimé du Mont-Cassin est devenu
évoque de Nusco (Nuscum Hirpinorum), évêché suflBra-
gant de l'archevêché de Salcrne, et cette hypothèse n*est
pas plus admissible que l'était celle de Baluze. Il y a bien
eu au XI* siècle un Aimé, évêque de Nusco, mais sa bio-
graphie, comme nous allons le voir, ne permet pas de
reconnaître en lui l'auteur de l'histoire des Normands.
On comprend l'embarras des BoUandistes lorsqu'ils ont
eu à écrire la vie et à élucider les actes de saint Aimé,
premier évêque de Nusco; ils n'avaient guère à leur dispo-
sition que des documents apocryphes ou d'une autorité
très contestable et en outre devenus, dans l'Italie du sud,
l'objet d'une polémique d'autant plus interminable que
les combattants visaient surtout, au Heu de chercher la
vérité, à rehausser les origines de telle église ou de tel
couvent. De là, dans la dissertation des BoUandistes, des
(i) ProUgomines, p. XLiv.
XV
hésitations, des tâtonnements et finalement des conclu*
sions que Di Meo a quelque peu bousculées (i).
Sur saint Aimé, premier évèque de Nusco, dans l'ancien
royaume de Naples, nous avons les documents suivants :
I* un testament du saint, daté du mois de septembre
1093 (2) ; 2° des hymnes, des antiennes, des leçons et
des répons faisant partie de l'office de saint Aimé célébré,
tous les ans, dans le diocèse de Nusco et' à la célèbre
abbaye de Monte-Virgine (3) ; 3° une vie du saint, com-
posée par François de Ponte, prêtre de Nusco ; cette vie
rédigée, dit-on, en 1461, a été imprimée en 1543, elle a
été hiiQ surtout avec les leçons, antiennes, hymnes et
répons de l'office du saint (4); 4® une seconde vie de
saint Aimé, composée en 1 5 8 1 par Félix Renda, moine
et prieur à Monte-Virgine (5).
De ces quatre documents, nous pouvons dès mainte-
nant en éliminer deux, le premier et le dernier. Le pre-
mier, parce qu'il est apocryphe, les BoUandistes l'ont
déclaré explicitement et leur sentiment paraît fondé (6);
le quatrième, parce que le but de F. Renda est de prouver
qu'Aimé a vécu, non pas au xi*, mais au xii5 siècle, qu'il
a été moine à Monte-Virgine (abbaye fondée seulement
(1) Voyez l'étude des Bollandistbs : Acta Sanctorum Augusti, t. VI, 701-
728. — DiMeo : Annali del regno dt Napolif t. VIU, p. 155 sqq.
(2) BOLLANDISTES, /. T., p. 704.
(5) Bollandistbs, /. c, p. 702.
(4) Bollandistbs,, Acta SS. AugusH, t. VI, p. 844-847.
(5) S. Amati vUa, auciore Fsua Rbnda; Bollandistbs, /. c, p. 735-
728.
(6) « >Scriptum istud ule esse ut vir prudens ci fîdem adhibere nec possit
nec debeat ». Bollandistes, /. r., p. 706.
XV)
au XII* siècle), puis évéque de Nusco, deii56àii93, an-
née de sa mort ( i). Évidemment, si le sentiment émis par
F. Renda était Texpression de b vérité, la question qoe
nous étudions ici serait par là même résolue; Aimé,
premier évéque de Nusco et mort en 1 193, ne pourrait,
en aucune façon, être identifié avec Aimé écrivant ao
Mont-Cissin, vers 1078, une histoire des Normands.
Mais Di Meo a prouvé, depuis la publication de la disser-
tation des BoUandis tes, que la vie de saint Aimé, par Renda,
n'avait aucune valeur historique; cette vie prétend
qu'Aimé a été évéque de Nusco de 1156 à 1193 ; or Di
Meo a établi, à l'aide de deux documents provenant des
archives de la Cava, qu'en 1 164, l'évèché de Nusco était
occupé par un évéque du nom de Guillaume, lequel avait
eu pour prédécesseur en 11 47 un autre évéque du nom
de Roger (2).
Il nous reste donc pour savoir quelle a été la vie
d'Aimé, premier évéque de Nusco, au xi* siècle, les ré-
pons, antiennes, hymnes et leçons de son office, ce qu'on
a appelé YOctavarium (parce qu'on les lisait ou qu'on les
chantait durant les huit joursde l'octave de la fête dusaint)
et qui forment la trame de la vie du saint par François de
Ponte. Mais ici encore il faut faire une dernière distinc-
tion ; l'office de S. Aimé était célébré non pas seulement
dans l'église de Nusco, mais aussi à l'abbaye de Monte-
(x) Félix Renda termine par cette phrase le second chapitre de sa biogra-
graphie : « Orando spiritnm commendavit snx aetatis anno 89, incama-
tionis 1193, Cslestino lll, pontif. maz. existente. m Bollandistes, i. r.,
p. 726.
(3) Di Meo : Annali iel regno di Napoli, t VIIl, p. 368 sqq.
XVlj
Virgîne et le texte de cet office, c'est-à-dire les documents
liturgiques, of&e des variantes assez notables suivant qu'il
est en usage à Nusco ou à Monte-Virgine. Voici, par
exemple, deux variantes d'un hymne :
i Office de Nusco :
Office de Monte-Virgine :
Deo servire studuit
Sub caritatis régula.
Deo servire studuit
Sub régula monastica.
■
Camem afflixit jogiter
Cam kbore multiplid
Viam seqaens humiliter
Patrisqne sui SUphani,
Girnem afflixit jugiter
Cnm labore multiplid
Viam sequens humiliter
Patrisque GuUelmi (i).
L'office de Nusco étant le plus ancien, les variantes
ont été introduites par les moines de Monte-Virgine pour
faire d'Aimé un moine de kur abbaye au xn* siècle,
avant qu'il ne devint évêque de Nusco. D'un autre côté,
Di Meo ayant montré ce qu'il y avait d'inadmissible dans
cette hypothèse, il faut se borner, pour reconnaître la
biographie du saint, aux monuments liturgiques, tels
qu'ils ont été conservés dans l'église de Nusco. Voici les
données qu'ils nous fournissent :
Dès son enfance, Aimé se fit remarquer à Nusco par
sa piété et sa charité pour les pauvres; Iç respect et la
vénération dont il était entouré augmentèrent encore
lorsqu'il fut devenu prêtre, aussi la ville de Nusco le
voulut pour archiprêtre et il exerça ces fonctions à la
satisfaction de tous. L'éclat des vertus de l'archiprêtre
brillant davantage de jour en jour, les notables de Nusco
(i) Hymne des secondes vêpres de la fête du saint donné par les Bollan-
DiSTES, /. c, p. 703, d'après Toffice de Monte-Virgine, et p. 84), d'après
celui de Téglise de Nusco; voyex aussi F. Hirsch, 1. c, p. 210.
B
rT.n
soog^renr Ji k fers cLfTcr x lepiscQ^nc; us ofadmcot
du pocToir crnl çxze lear ville ievizic on skg^e qiaayal
et c;::'Ainic £;t Le prunier i iV issecir. H illqvn sqq
epûxopa: pir de nocur^ruL ziirikiles* par Li âbadaciOQ oq
a resiiuriiioa de p.^i<t^:ss csiises, et nociut en 1093,
le 30 septembre suiviiit 'jj:e rricidcn, le 31 Joùt soi-
v2a: ane lace.
Un tel evique de Ncsco ze sacnît être identifié avec
l'aatenr de VHistcria Xomunncr^m. Les nxsoos suivantes
s'y opposent :
i^ Aimé dn Mont-Cassia est mon an i* mars; tandis
que l'évëque de Nusco est mon an 30 septembre on an
31 août (i);
2" L'évcque de Xcsco a été, disent les Bollandistes,
honoré comme saint : il était à peine mon depuis trente ans,
que son culte commençait à se répandre (2) ; or Pierre
Diacre, qui écrivait à cette même époque et qui nous
parle à deux reprises d'Aimé du Mont-Cassin, n'aurait
certainement pas manqué de mentionner ce culte si les
deux Aimé avaient été une seule et même personne. On
sait combien, à travers tout le moyen âge, les églises ont
été soucieuses de la mémoire de leurs saints, combien
elles sont empressées de les revendiquer lorsqu'ils leur
appanienncnt par quelque circonstance de leur vie ; or,
(i) La seconde édition de U vie de saint Aimé par Félix Renda portait qo*il
était mort : « die ultima Aagasti » ; cf. Bollandistes, lih. cit., p. 717, et les
Bollandittcs ont adopté cette date ; Fr. de Ponte dit au contraire qo*il était
mort : mcnse septembrio, ultimo die ejusdem mensis. Bollandistes, p. 846.
Pour le lourde la mort d'Aimé du Mont-G^sin, cf. supra, p. xj, note i.
(a) Les Bollandistes écrivent : « Cultus sancti inchoatus videtnr tiiginta
circitcr annis post mortcm »; lih. cit., p. 701.
XIX
ni Pierre Diacre, ni les nombreux écrivains du Mont-
Cassin dans les siècles suivants, n'ont revendiqué Tévêque
de Nusco comme une de leurs gloires; s'ils ne Font pas
Eut, c'est que saint Aimé de Nusco et Aimé du Mont-
Cassia étaient pour eux des personnages distincts;
3* Les documents cités plus haut prouvent que l'auteur
de l'histoire des Normands a été, pendant au moins
vingt ans, moine au Mont-Cassin, de 1060 à 1080; or,
les textes liturgiques, concernant l'évèque de Nusco, ne
disent de lui rien de semblable ; un tel silence est évidem-
ment significatif; ces textes liturgiques établissent même
que le futur évèque de Nusco n'a pu résider comme moine
au Mont'Cassin de 1060 à 1080. Us rapportent qu'il
fut successivement prêtre et archiprêtre dans son pays
natal et qu'il y mourut, après avoir été environ quarai^te-.
cinq ans évêque de Nusco. Or, en 1060, Fauteur de
rbistoire des Normands est au Mont-Cassin, n'a pas
encore reçu la prêtrise et reste dans ce monastère au moins
jusqu'en 1080. Ce n'est donc qu'après 1080 qu'il aurait
pu aller à Nusco, pour y devenir prêtre, archiprêtre et
évêque ; mais où placer alors les longues années de cet
épiscopat puisque Aimé, évêque de Nusco est mort en
1093 ? On voit qu'une telle supposition est contredite
par les faits les mieux établis et que Champollion-Figeac
s'est trompé du tout au tout.
Mais alors de quel diocèse Fauteur de l'histoire des
Normands a-t-il été évêque ? Pour résoudre cette question,
il £iut, je crois, examiner quelle était au xi^ siècle la
situation hiérarchique de Fabbé du Mont-Cassin et, en
général^ celle des abbés des monastères bénédictins au
moyen âge ; ces abbés n'avaient pas le caractère épiscopal ;
ils jouissaient de grandes prérogatives^ commandaient à
des légions de moines, portaient^ celui du Mont-Cassin
par exemple, la crosse et la mitre mais ils n'étaient pas
évêques. Les papes ont accordé à plusieurs d'entre eux le
pouvoir de donner les ordres mineurs aux futurs prètses,
d'administrer la confirmation, mais jamais ils n'ont eu,
en tant qu'abbés, le pouvoir de conférer les ordres majeurs,
le sous-diaconat, le diaconat et la prêtrise. Quelques
autres fonctions exclusivement réservées aux évêques leur
étaient également interdites.
D'unautrecôté, ces grandes abbayes bénédictines étaient
exemptes, c'est-à-dire relevaient directement du pape;
l'évoque ou l'archevêque dans le diocèse duquel elles se
trouvaient n'avait aucune juridiction sur elles; il ne
pouvait officier dans l'église de l'abbaye, y exercer quelque
fonction épiscopale que s'il y était invité par l'abbé. On
sait combien ces exemptions ont causé de conflits entre
les évoques diocésains, mécontents de voir que leur auto-
rité n'était pas reconnue sur toute l'étendue de leur
diocèse, et les abbés bénédictins qui, s'appuyant sur les
privilèges accordés par le Saint-Siège, défendaient vis-à-
vis de l'ordinaire l'indépendance de leurs monastères.
n résultait de cet état de choses que lorsque l'abbé
voulait avoir dans son église une cérémonie réservée aux
seuls évêques, par exemple, la collation de l'un des ordres
majeurs à l'un de ses religieux, il invitait un évêque (il
n'était, en aucune façon, tenu, dans ce cas, d'inviter
l'évêque du diocèse) et les religieux ainsi ordonnés pro-
mettaient d'obéir au Saint-Siège et à leurs abbés, mais
XX)
nullement à Tévêque dont ils avaient reçu Tordination.
Aujourd'hui encore, Tabbé du Mont-Cassin agit à cet
égard comme ses prédécesseurs du xi'^ siècle ; si la grande
abbaye a perdu ses possessions temporelles, son chef est
du moins resté le pasteur d'un des plus vastes diocèse^ de
ritalie, il administre ce diocèse, en dirige le clergé et les
fidèles, mais n'ayant pas le caractère épiscopal, il recourt
à l'archevêque de Capoue, ou à tel autre évêque pour
l'ordination de ses prêtres et pour les autres cérémonies
réservées aux évêques.
Presque toujours les évêques ont rendu avec empres-
sement aux abbés bénédictins ces services de bon 'voisi-
nage; mais parfois aussi les mésintelligences assez firé-
quentes entre le clergé séculier et le clergé régulier ont
dû causer aux abbés bénédictins de graves embarras lors-
qu'ils avaient à faire appel à l'obligeance d'un évêque.
Dès le VIII* siècle, lorsque l'ordre de S. Benoît, devenu
une puissance, avait dans toute la chrétienté de profondes
racines, plusieurs grandes abbayes, notamment celles de
S. Martin de Tours et de S. Denis, au diocèse de Paris,
voulurent obtenir du Saint-Siège que, dans leurs grandes
agglomérations. monastiques, l'un des moines, tout en
restant sous l'obéissance de l'abbé, fut revêtu du caractère
épiscopal ; ils avaient compris qu'il n'y aurait plus dès
lors de démarches quelquefois pénibles à faire et que
Tabbaye se suffirait complètement à elle-même. Ce moine,
évêque sans diocèse et dépendant d'un abbé qui n'avait
pas le caractère épiscopal, était, il faut bien le dire, une
nouveauté dans l'église; aussi, ce ne fut pas sans diffi-
culté que les bénédictins obtinrent ce qu'ils désiraient ;
XIV
Touvrage d'Aimé. Si Baluze et ceux qui ont partagé son
sentiment avaient eu cette traduction entre les mains, à
défaut du texte original, ils n'auraient jamais cherché à
identifier un moine du Mont-Cassin, né^ certainement
dans riulie du sud, s'y trouvant encore en 1078, avec
un Béarnais, évêque d'Oleron en 1074, ^^ absorbé, dès
cette époque, par le gouvernement de son diocèse et la
gestion des afiaires ecclésiastiques du sud-ouest de la
France.
Champollion-Figèac admet qu'Aimé, l'auteur de
l'histoire des Normands, n'est pas le même qu'Aimé,
évêque d'Oleron et plus tard archevêque de Bordeaux (1),
mais il veut prouver que l'Aimé du Mont-Cassin est devenu
évêque de Nusco (Nuscum Hirpinorum), évêché suffira-
gant de l'archevêché de Salerne, et cette hypothèse n'est
pas plus admissible que l'était celle de Baluze. Il y a bien
eu au XI' siècle un Aimé, évêque de Nusco, mais sa bio-
graphie, comme nous allons le voir, ne permet pas de
reconnaître en lui l'auteur de l'histoire des Normands.
On comprend l'embarras des Bollandistes lorsqu'ils ont
eu à écrire la vie et à élucider les actes de saint Aimé,
premier évêque de Nusco; ils n'avaient guère à leur dispo-
sition que des documents apocryphes ou d'upe autorité
très contestable et en outre devenus, dans l'Italie du sud,
l'objet d'une polémique d'autant plus interminable que
les combattants visaient surtout, au lieu de chercher la
vérité, à rehausser les origines de telle église ou de tel
couvent. De là, dans la dissertation des Bollandistes, des
(i) ProUgomines, p. xuv.
XV
hésitations, des tâtonnements et finalement des conclu-
sions que Di Meo a quelque peu bousculées (i).
Sur saint Aimé, premier évèque de Nusco, dans l'ancien
royaume de Naples, nous avons les documents suivants :
I* un testament du saint, daté du mois de septembre
1093 (2) ; 2° des hymnes, des antiennes, des leçons et
des répons faisant partie de l'office de saint Aimé célébré,
tous les ans, dans le diocèse de Nusco et* à la célèbre
abbaye de Monte- Virgine (3) ; j° une vie du saint, com-
posée par François de Ponte, prêtre de Nusco ; cette vie
rédigée, dit-on, en 1461, a été imprimée en 1543, elle a
été faite surtout avec les leçons, antiennes, hymnes et
répons de l'office du saint (4); 4® une seconde vie de
saint Aimé, composée en 1 5 8 1 par Félix Renda, moine
et prieur à Monte- Virgine (5).
De ces quatre documents, nous pouvons dès mainte-
nant en éliminer deux, le premier et le dernier. Le pre-
mier, parce qu'il est apocryphe, les BoUandistes l'ont
déclaré explicitement et leur sentiment paraît fondé (6) ;
le quatrième, parce que le but de F. Renda est de prouver
qu'Aimé a vécu, non pas au xi^, mais au xn5 siècle, qu'il
a été moine à Monte- Virgine (abbaye fondée seulement
(i) VoycK l'étude des Bollandxstes : Acta Sanctorum Augustin t. VI, 701-
738. — DiMeo : Annali tUl regno di Nap(^i, t. VIII, p. 155 sqq.
(2) BOLLANDISTES, /. C, p. 704.
(3) BOLLANDISTES, /. C, p. 702.
(4) BoLLANDiSTBS,, Acta SS, Augusti, t. VI, p. 844-847.
(5) s, Amati vUa, auciore Fsucz Rbnda.; Bollandistes, /. <;., p. 723-
728.
(6) «>Scriptum istud ule esse ut vir prudens ei Hdcm adhibere nec possit
nec debeat ». Bollakdistes, /. (., p. 706.
XV)
au XII* siècle), puis évêque de Nusco, deii56àii93, an-
née de sa mort (i). Évidemment, si le sentiment émis par
F. Renda était l'expression de la vérité, la question que
nous étudions ici serait par là même résolue; Aimé,
premier évêque de Nusco et mort en 1193, °^ pourrait,
en aucune façon, être identifié avec Aimé écrivant au
Mont-Cassin, vers 1078, une histoire des Normands.
Mais Di Meo a prouvé, depuis la publication de la disser-
tation des BoUandistes, que la vie de sain t Aimé, par Renda,
n'avait aucune valeur historique; cette vie prétend
qu'Aimé a été évêque de Nusco de 115 6 à 11 93 ; or Di
Meo a établi, à l'aide de deux documents provenant des
archives de la Cava, qu'en 11 64, l'évêché de Nusco était
occupé par un évêque du nom de Guillaume, lequel avait
eu pour prédécesseur en 11 47 un autre évêque du nom
de Roger (2).
n nous reste donc pour savoir quelle a été la vie
d'Aimé, premier évêque de Nusco, au xi' siècle, les ré-
pons, antiennes, hymnes et leçons de son office, ce qu'on
a appelé YOctavarium (parce qu'on les lisait ou qu'on les
chantait durant les huit jours de l'octave de la fête du saint)
et qui forment la trame de la vie du saint par François de
Ponte. Mais ici encore il faut faire une dernière distinc-
tion ; l'office de S. Aimé était célébré non pas seulement
dans l'église de Nusco, mais aussi à Tabbaye de Monte-
(x) Félix Renda termine par cette phrase le second chapitre de sa biogn«
graphie : « Orando spiritum commendavit snx ctatis anno 89, incarna-
tionis X195, Cclestino III, pontif. max. existente. » Bollandistbs, /. r.,
p. 726.
(2) Di Meo : Annali iel regno di Napoli, t. VIII, p. }68 sqq.
XVlj
Virgine et le texte de cet office, c'est-à-dire les documents
liturgiques, offi'e des variantes assez notables suivant qu'il
est en usage à Nusco ou à Mon te- Virgine. Voici, par
exemple, deux variantes d'un hymne :
a Office de Nusco :
Deo servire stoduit
Sub caritatis régula.
Carnem tfflixit jugiter
Cam libore multiplia
Viam seqnens humiliter
Patrisque sni Stephani,
Office de Monte-Virgine :
Deo servire studuit
Sub régula monastica,
Carnem afflixit jugiter
Cum labore multiplia
Viam seqnens humiliter
Patrisque GuiUlmi (i).
L'office de Nusco étant le plus ancien, les variantes
ont été introduites par les moines de Monte- Virgine pour
faire d'Aimé un moine de leur abbaye au xii* siècle,
avant qu'il ne devint évêque de Nusco. D'un autre côté,
Di Meo ayant montré ce qu'il y avait d'inadmissible dans
cette hypothèse, il faut se borner, pour reconnaître la
biographie du saint, aux monuments liturgiques, tels
qu'ils ont été conservés dans l'église de Nusco. Voici les
données qu'ils nous fournissent :
Dès son enfance, Aimé se fit remarquer à Nusco par
sa piété et sa charité pour les pauvres; le respect et la
vénération dont il était entouré augmentèrent encore
lorsqu'il fut devenu prêtre, aussi la ville de Nusco le
voulut pour archiprètre et il exerça ces fonctions à la
satisfection de tous. L'éclat des vertus de l'archiprêtre
brillant davantage de jour en jour, les notables de Nusco
(x) Hymne des secondes vêpres de la fête du saint donné par les Bollan-
DiSTES, /. r., p. 703, d'après l'office de Monte- Virgine, et p. 845, d'après
celui de Téglise de Nusco; voyex aussi F. Hirsch^ 1. c, p. 210.
B
XVllj
songèrent à le £iire élever à l'épiscopat; ils obtinrent
du pouvoir civil que leur ville devint un siège épiscopal
et qu'Aimé fut le premier à s'y asseoir. Il illustra son
épiscopat par de nombreux miracles, par la fondation ou
la restauration de plusieurs églises, et mourut en 1093,
le 30 septembre suivant une tradition, le 51 août sui-
vant une autre.
Un tel évêque de Nusco ne saurait être identifié avec
l'auteur de VHistoria Norniannorum. Les raisons suivantes
s'y opposent :
I** Aimé du Mont-Cassin est mort un !•* mars; tandis
que l'évéque de Nusco est mort un 30 septembre ou un
31 août (i);
2"^ L'évêque de Nusco a été, disent les BoUandistes,
honoré comme saint ; il était à peine mort depuis trente ans,
que son culte commençait à se répandre (2) ; or Pierre
Diacre, qui écrivait à cette môme époque et qui nous
parle à deux reprises d'Aimé du Mont-Cassin, n'aurait
certainement pas manqué de mentionner ce culte si les
deux Aimé avaient été une seule et môme personne. On
sait combien, à travers tout le moyen âge, les églises ont
été soucieuses de la mémoire de leurs saints, combien
elles sont empressées de les revendiquer lorsqu'ils leur
appartiennent par quelque circonstance de leur vie ; or,
(i) La seconde édition delà vie de saint Aimé par Félix Renda portait qa*il
était mort : « die ultima Angnsti » ; cf. Bollandistes, lib. cit., p. 717, et les
BolUndistes ont adopté cette date ; Fr. de Ponte dit au contraire qu'il était
mort : mcnse septembrio, ultimo die ejusdem mensis. Bollandistes, p. 846.
Pour le jonr de la mort d'Aimé du Mont-Cassin, cf. supra, p. xj, nott i .
(2) Les Bollandistes écrivent : « Cultua sancti inchoatus videtnr triginta
circitcr annis post mortem •; lib. cit., p. 701.
XIX
ni Pierre Diacre, ni les nombreux écrivains du Mont-
Cassin dans les siècles suivants, n'ont revendiqué Tévêque
de Nusco comme une de leurs gloires; s'ils ne l'ont pas
£ût, c'est que saint Aimé de Nusco et Aimé du Mont-
Cassia étaient pour eux des personnages distincts;
3® Les documents cités plus haut prouvent que l'auteur
de l'histoire des Normands a été, pendant au moins
vingt ans, moine au Mont-Cassin, de 1060 à 1080; or,
les textes liturgiques, concernant l'évêque de Nusco, ne
^sent de lui rien de semblable ; un tel silence est évidem-
ment significatif; ces textes liturgiques établissent même
que le futur évèque de Nusco n'a pu résider comme moine
au Mont-Cassin de 1060 à 1080. Ils rapportent qu'il
fut successivement prêtre et archiprètre dans son pays
natal et qu'il y mourut, après avoir été environ quarai^te--
cinq ans évèque de Nusco. Or, en 1060, l'auteur de
l'histoire des Normands est au Mont-Cassin, n'a pas
encore reçu la prêtrise et reste dans ce monastère au moins
jusqu'en 1080. Ce n'est donc qu'après 1080 qu'il aurait
pu aller à Nusco, pour y devenir prêtre, archiprètre et
évèque ; mais où placer alors les longues années de cet
épiscopat puisque Aimé, évèque de Nusco est mort en
1093 ? On voit qu'une telle supposition est contredite
par les faits les mieux établis et que Champollion-Figeac
s'est trompé du tout au tout.
Mais alors de quel diocèse l'auteur de l'histoire des
Normands a-t-il été évèque ? Pour résoudre cette question,
il faut, je crois, examiner quelle était au xi^ siècle la
situation hiérarchique de l'abbé du Mont-Cassin et, en
général^ celle des abbés des monastères bénédictins au
moyen âge ; ces abbés n'avaient pas le caractère épiscopal ;
ils jouissaient de grandes prérogatives^ commandaient à
des légions de moines, portaient, celui du Mont-dssîn
par exemple, la crosse et la mitre mais ils n'étaient pas
évêques. Les papes ont accordé à plusieurs d'entre eux le
pouvoir de donner les ordres mineurs aux futurs prêtres,
d'administrer la confirmation, mais jamais ils n'ont eu,
en tant qu'abbés, le pouvoir de conférer les ordres majeurs,
le sous-diaconat, le diaconat et la prêtrise. Quelques
autres fonctions exclusivement réservées aux évêques leur
étaient également interdites.
D'unautrecôté, ces grandes abbayes bénédictines étaient
exemptes, c'est-à-dire relevaient directement du pape ;
l'évêque ou l'archevêque dans le diocèse duquel elles se
trouvaient n'avait aucune juridiction sur elles; il ne
pouvait officier dans l'église de l'abbaye, y exercer quelque
fonction épiscopale que s'il y était invité par l'abbé. On
sait combien ces exemptions ont causé de conflits entre
les évêques diocésains, mécontents de voir que leur auto-
rité n'était pas reconnue sur toute Tétendue de leur
diocèse, et les abbés bénédictins qui, s'appuyant sur les
privilèges accordés par le Saint-Siège, défendaient vis-à-
vis de l'ordinaire l'indépendance de leurs monastères.
n résultait de cet état de choses que lorsque l'abbé
voulait avoir dans son église une cérémonie réservée aux
seuls évêques, par exemple, la collation de l'un des ordres
majeurs à l'un de ses religieux, il invitait un évêque (il
n'était, en aucune façon, tenu, dans ce cas, d'inviter
l'évêque du diocèse) et les religieux ainsi ordonnés pro-
mettaient d'obéir au Saint-Siège et à leurs abbés, mais
XX]
nullement à Tévêque dont ils avaient reçu l'ordination.
Aujourd'hui encore, l'abbé du Mont-Cassin agit à cet
égard comme ses prédécesseurs duxi* siècle; si la grande
abbaye a perdu ses possessions temporelles, son chef est
du moins resté le pasteur d'un des plus vastes diocèse^ de
l'Italie, il administre ce diocèse, en dirige le clergé et les
fidèles, mais n'ayant pas le caractère épiscopal, il recourt
à l'archevêque de Capoue, ou à tel autre évêque pour
l'ordination de ses prêtres et pour les autres cérémonies
réservées aux évêques.
Presque toujours les évêques ont rendu avec empres-
sement aux abbés bénédictins ces services de bon 'voisi-
nage; mais parfois aussi les mésintelligences assez firé-
quentes entre le clergé séculier et le clergé régulier ont
dû causer aux abbés bénédictins de graves embarras lors-
qu'ils avaient à faire appel à l'obligeance d'un évêque.
Dès le vin* siècle, lorsque l'ordre de S. Benoît, devenu
une puissance, avait dans toute la chrétienté de profondes
racines, plusieurs grandes abbayes, notamment celles de
S. Martin de Tours et de S. Denis, au diocèse de Paris,
voulurent obtenir du Saint-Siège que, dans leurs grandes
agglomérations, monastiques, l'un des moines, tout en
restant sous l'obéissance de l'abbé, fut revêtu du caractère
épiscopal ; ils avaient compris qu'il n'y aurait plus dès
lors de démarches quelquefois pénibles à faire et que
l'abbaye se suflSrait complètement à elle-même. Ce moine,
évêque sans diocèse et dépendant d'un abbé qui n'avait
pas le caractère épiscopal, était, il faut bien le dire, une
nouveauté dans l'église; aussi, ce ne fut pas sans diffi-
culté que les bénédictins obtinrent ce qu'ils désiraient;
XX1|
rien de sarprenant cependant si, à certaines époques de
l'histoire de l'église, par exemple dans la seconde moitié
du XI' siècle^ le Saint-Siège a parfois accédé à leurs
vœux; alors en effet l'ordre de S. Benoit gouvernait en
quelque sorte l'église, Grégoire Vil et Victor III étaient
des bénédictins et c'est surtout par les religieux de
S. Benoit que s'opérait le grand œuvre de la réforme (i).
(i) Deax documents» attribués an pape Adrien I (773-795), moatrent
combien les moines désiraient avoir un évêque an milieu d'eux et dans
leurs monastères, pour n'avoir aucun service à demander aux évèques des
diocèses ; par le premier de ces documents, le pape confirmant les privilèges
du monastère de S. Martin de Tours, permet qu'un èvêque réside dans ce
monastère, « ut liceat ibidem habere episcopum » ; par le second, le même
pape, confirmant un privilège déjà accordé par son prédécesseur Etienne II
(752-757), accorde au monastère de S. Denis, au diocèse de Paris, ut « epis-
copns sedem ibi habeat, ab abbate monachis que eligendus quem TÎcini
episcopi aut ipse pontifex Romanus consecret ». On a grandement discuté
pour savoir si ces deux documents sont authentiques, les adversaires des
privilèges monastiques se prononçant généralement, comme on pouvait s'y
attendre, pour la négative ; mais authentiques ou non, donnés par le Saint-
Siège, ou fabriqués par les moines, ils n'en éublissent pas moins que le
vœu de Tordre de S. Benoit était d'avoir des évèques résidant dans le monas-
tère et étant à la disposition de l'abbé. Il est vrai que les chroniques des
monastères ne parlent pas de ces moines-évèques n'ayant pas de diocèse,
mais outre qu'ils n'ont pu être que très peu nombreux, on comprend que
les abbés les aient tenus dans l'ombre, de peur que leur pouvoir épiscopal
ne devint un danger pour l'autorité de l'abbé. Plus tard, après les croisades,
les couvents ont pu facilement se passer de ces moines évèques et les rem-
placer par des évèques in partibus, le Mont-Gissin l'a fiait plus d'une ibis.
Voici, d'après les Regtsta PontiJ. rotnanorum, la bibliographie de ces deux
documents d'Adrien I. — Jaffe-Loewenfeld, Reg. Pcntif. roman, ^ 2452 :
Hadrianus I (772-79$) monastcrii S. Martini (Turonensis) privilégia con-
firmât, in his « ut liceat ibidem habere episcopum •. (Scriptum p. m.
Eustachii notarii et scrinarii scd. nostrae in mense Junio, indic. IX. Carolo
patritio Romanorum). Gaîlia Christ., XIV. instrum., p. 8; Launod
opp. III, U, 28; Lb Cointb, Annal euksiast., VI, 295', Monsntu,
Je serais porté à croire qu'Aimé, Tauteur de l'histoire
des Normands, a été, dans ces conditions, revêtu au Mont-
Cassin du caractère épiscopal, tout en restant jusqu'à la
fin de ses jours sous la dépendance de l'abbé Didier et
de ses successeurs, s'il^a survécu à celui qu'il aimait pro-
fondément et dont il désirait l'assistance à l'heure de sa
mort. On s'explique dès lors qu'en parlant de lui, Pierre
Diacre se soit, en deux endroits, borné à lui donner les
titres de episcopus et monachus Casinensis^ sans indiquer
de quel diocèse il était évêque, ce qu'il n'aurait pas
manqué de faire s'il avait eu un diocèse; de là aussi les
erreurs dans lesquelles sont tombés ceux qui ont voulu
le 6ire évêque de telle ou telle ville.
Il serait bien inutile de rechercher en quelle année
Aimé a été ordonné évêque et en quelle année il est mort;
les documents actuellement à notre disposition ne pou-
5. Martini Turtm, jura propugn»^ p. 2X (Ep. nostra post Urbano H pap£
tcansmissa est; cf. Launoii opp. 111. II, 42, 49. — « Innotuisti profecto ».
Jaffz-Loewenfeld, J^^. Pontif. roman, 2454 (1886). Monasterio S. Dio-
nysii concessum a Stephano II (752-757), privil^um, petente Maginario
abbate, confirmât ut episcopus sedem ibi habeat, ab abbate monachisque
eiigendus, qaem vicini episcopi aut ipse pontifex Romanus consecret. Pro
^nria nostram bullam habuerunt : Lb Cointe, Ann. ecclesiast.f VI. 295 ;
AMEi^Jabrb. I, 457; Hinschius, K. R. II, 336, et nulli dubium quin miro
modo cum ep. -|* 2452 conveniat. De variis ac inter se diversis bullte exem-
plaribus Harttung, DipL hist, Forscb., p. 74 (cf., p. 506) egit, quorum
unum fide dignum asstjmat. Hxc exemplaria collegit Le Cointe, 1. 1. Denique
exemplum cum anno pontificatus i (i, e. 772) Alex. IV papa a. 1260,
Juti. 30 (PoTTHAST, Reg. 17907, Doublet I, infra scr., p. $86) confirmavit.
SoucoND, Cane. Gallûe II, 11 3 , Bouquet, Rec. V, 596, Feubœn, Hist. de
S. DenySf rec. des pièces, p. 41, Doublet, Hist. de 5. Denys, p. 450,
Mansi Xn, 832, MiGNE, 96, p. 1211, Bull, Rom. E. t. I, 256 (cf. Takdxf,
iéoHutn, bist,^ p. 65). — « Tom ( « Cum) summae apostolics».
vant nous ctre. sot ce point, de quelque utilité; remar-
quons seulement que si, en 1071» lors de la consécration
de relise du Mont-Cissin, Aimé avait été évëque, Léo
de' Marsi n^aurait probablement pas omis de le compter au
nombre des prélats qui entouraient i cette cérémonie le
pape Alexandre II (i) ; il aura sans doute été sacré évéque
pendant les pontificats de Grégoire \1I ou de Victor HI.
La mon de Richard, prince de Capoue^ survenue
le 5 avril 1078, étant le dernier £iit mentionné dans
l'histoire des Normands (2). C'est donc après cette date
qu'Aimé a terminé son travail, et comme il le dédie à
Didier, abbé du Mont-Cassin, alors qu'il n'était pas encore
devenu pape, c'est-à-dire a\-ant le 24 mai 1086, c'est
entre le 5 a\Til 1078 et le 24 mai 1086 qu'il a dû mettre
la dernière main à son œu\Te et la dédier à son supérieur.
Un passage du cinquième livre permet de préciser davan-
tage, il montre qu'Aimé a eu connaissance des projets
de Robert Guiscard contre l'empire d'Orient et il annonce
que le duc mettra ces projets à exécution (3) ; ce passage
a par conséquent été écrit avant le mois de mai io8r,
c'est-à-dire avant la première expédition de Robert Guis-
card contre l'empereur Alexis Comnène. Il est bien
(i) Voyez dans Muratou, R. l. SS,, t. V, p. 76 on dans Migke : Patr.
lat., t. 17}, col. 997 sqq., la Xarratio de consecratûme et dedicatione euksiœ
Casinensis auctore Leone Mârsicano. '
(2) Cf. infra, livre VIII, c. 34.
($) Voyez au livre V, c. 3, le récit de la vision d*an prêtre; le récit se
termine par cette prédiction que Robert Guiscard subjuguera rempire de
G)nstantinople : « lo impière romain de Costentinoble, loque! dist cestui
moine qui estoit à celui tems vif et escrit ceste cose, o Tajutoire de Dieu
encoire se lo subjuguera, Cf. Himch, /. c, p. 207.
XXV
probable en outre qu'Aimé aprait parlé de l'entrevue de
Ceperano, c'est-à-dire de la réconciliation entre Gré-
goire Vn et Robert Guiscard, si elle avait eu lieu pendant
qu'il écrivait son histoire ; c'était là un événement de
premier ordre, non pas seulement pour l'abbaye du Mont-
Cassin mais pour toute l'Italie méridionale; l'entrevue
de Ceperano aya;iteulieu au mois de juin 1080, je serais
porté à croire qu'Aimé a posé la plume en 1078 ou 1079,
avant la fin des longs démêlés entre le pape et le duc
normand.
Voici donc, en résumé, les quelques données quej
nous avons sur Aimé : né très probablement à Saleme,
Aimé était, en 1060, moine au Mont-Cassin; il y est
devenu évêque, pour remplir dans la célèbre abbaye les
fonctions épiscopales et sans cesser d'être sous la dépen-
dance de Tabbé; vers 1079, il a terminé, au Mont-
Cassin, son histoire des Normands et est mort un pre-
mier mars, nous ne savons en quelle année.
n.
ÉTUDE DU MANUSCRIT
CONTENANT « l'ySTOIRE DE U NORMANT. »
Le poème sur les apôtres S. Pierre et S. Paul,
composé par Aimé et dédié à Grégoire Vil, est à peu
près entièrement perdu ainsi que l'éloge de ce pape par le
même auteur (i); enfin, son autre poème sur les douze
(i) Dans sa Storia délia hadia di Monte-Cassino, t. I, p. 418, 419, dom
Tosti a publié quelques courts fragments de ce poème sur S. Pierre et
JXW]
pierres et sur Jérusalem, la dté céleste, n'a pas eu un
meilleur son. Quant à rhistoire des Normands, divisée
en huit livres, J.-B. Marus ayant déclaré, en 1(55,
qu'elle existait encore dans un manuscrit de la biblio-
thèque du Mont-Cassin (i). Angélus de Nuce, abbé du
Mont-Cassin, répondit, en 1668, dans son édition de la
Chronique du Mont-Cassin que malheureusement ce
manuscrit était perdu et avec lui tout le travail d'Aimé (2).
Les recherches faites, depuis cette déclaration, pour
retrouver YHistaria Normannorum avant échoué, il sem-
blait que l'ouvrage d'Aimé eût définitivement disparu
lorsqu'une découverte nous l'a rendu en partie. Dans'
les premières années du xiv* siècle, un seigneur italien,
le comte de Militrée avait fait traduire, en français,
s. Paul ; ces fragments proTicnnent d'an manuscrit du zi« tiède, apparte-
nant à la bibliothèque San-Salvatore, k Bologne ; ils n*ont, au point de
vue historique, aucune importance. Aimé terminait par la phnse snirante
la lettre de dédicace de ce poème & Grégoire VII : « In co omne mesm
consumabitur votum, si per te et benedictionem apostolicam et absolu-
tionem meorum percipere promeruero peccatorum. »
(3) Petki Duconi ac bibliotbecarii sacri Casitunsis arcbisierii ds vins
illusiribus Ouitiensibus opusculum notis illustratum studio J.-B. Mau,
Lutetix Parisiorum 1666 (c'est la reproduction de l'édition de Rome de
1655), petit in-i2. A la p. 40, il écrit, en parlant de l'Histoire des Nor-
mands par Aimé du Mont-Cassin : « Illamque hodie non extare, nisi in
manuscripto in Casinensi bibliotheca affirmant aliqui. »
(3) Chnmica sâcri motuLsUrii Casmensis auctare Leone Ostiensi, ctmlmmtt'
tort Petro Diacono, in-folio, Lutetic Parisiorum, 1668, edidit Angélus de
Nucr. Ncapolitanus, abbas Casini ; on y lit, à la p. 367, note d : Amatus
quoque épiscopus eu jus sedis incompertum. De Amato idem Petms
Diaconus de vir. illustr. ubi vide Marum, Historiam Normannorum, qnam
extarc in nostra bibliotheca indicat idem Marus, eo fato nobis periisse puto,
quo alia quamplurima : Jactura certe deploranda omnibus Cosiaatlbus,
mihi vero maxime.
XKVlj
VHistoria Normannorum, et la bibliothèque nationale de
Paris possède deux exemplaires de cette traduction.
Le premier, actuellement n° 688 du fonds français, est
un £brt beau manuscrit in-folio de 212 feuillets,
en parchemin, orné de miniatures; il a été relié aut
armes de Napoléon I" et sous ce titre, très incomplet :
Chronique de Isidore de Seville, La chronique d'Aimé va
d^ feuillet 125 verso au feuillet 199 recto. Nous savons
qu'ea 1612 ce manuscrit faisait partie de la bibliothèque
dePeiresc, conseiller du roi au parlement de Provence (i).
n passa ensuite dans la, bibliothèque du cardinal Mazarin
et, de là, dans celle du roi où, en ,1682, il était inscrit
sous le n® 7133 (2).
Le second manuscrit, tiré le 1" avril 1612 de la biblio-
thèque de Jean-Pierre Olivier, également conseiller du
roi au parlement de Provence (3), fut acquis par le
(i) WfTftt plus loin, p. XXX, note 5^ ce qui est dit ta sujet du second
manuscrit.
(a) Sur l'achat des manuscrits de Peiresc pour la bibliothèque de Masarin
et sur l'acquisition de la bibliothèque de Mazarin par la bibliothèque du
roi, croyez L. Deuslb : Le Cabinet des manuscriis et la bibliûibèqne impériale ,
t. I, in-fbl, p. 28a sqq. Dans l'ancien catalogue des manuscrits de la
bibliothèque nationale, en 6atce le n* 7155, se tit>uve' la lettre majuscule M
pour indiquer que le manuscrit pKnrenait de la bibliothèque de Masarin.
(5) Voici le titre écrit sur la première page de ce manuscrit : « Roman du
manuscrit de Monsieur de Peiresc, conseiller du Roy au Parlement de Pro*
Tence. — Traduction en vieil roMan françois : i** de la chronique d'Isi-
dore; 2* de l'histoire romaine d'Eutrope, abbrégée par P. Diacre ; 3* Du
supplément d'icelle, par Paulus Diaconus, moine du Mont-Cassin ; 4* de
l'histoire de li Normant, compilée par un- moine du Mont-Cassin et dédiée
i Désidère, abbé du susdit monastère ; 5* de l'histoire de Robert Guiscart. i>
Au-dessous du titre on lit : « tiré de la bibliothèque de Jean-Pierre Olivier,
le zer avril i6xa. » Ce second manuscrit nt contient que les deux der*
XXVllj
savant Duchesne qui, probablement, voulait l'utiliser
pour son second volume des Histarùe Normannorum
scriptores antiqui (i); il devint la propriété de Colbert et
passa ensuite dans la bibliothèque du roi. Aujourd'hui,
il est inscrit à la bibliothèque nationale sous le n^ 79 du
fonds Duchesne (2).
Le second manuscrit, d'une écriture relativement
moderne, est certainement une copie du premier; en
effet, le manuscrit n® 688 a été lacéré en quelques
endroits, notamment chap. 3s du Vil' livre àtVYstoire
de H Normant. Un malfaiteur a fait disparaître quel-
ques lettres majuscules, ornées de miniatures, et il en
nicrs ouvrages du premier, c'est-à-dire l'histoire de li Nomunt et l'histoiie
de Robert Guiscard. — La bibliothèque nationale possède on manuscrit —
fonds français 12057 ~~ intitulé : Arrêts et délibérations du Paritmmi iê
Province, colligis par M, Honoré d'Agar, conseiller en 1648, Le nom dn con-
seiller Jean- Pierre Olivier se trouve au bas de plusieurs procès-Terbiox des
séances du Parlement dans les années qui précèdent on qoi saivent imm^
diatement 161 2.
(i) Duchesne écrit dans la préface de sa collection : « Homm (Nomunno-
rum scriptorum) praxipuos et sinceriores qui tam latino qoam venucnlo
scrmonc lucubrationes suas texuerunt, in très divisi tomos..... Chronicum
cxnobii Deccensis in tomum II hujus collectionis rejed, una cam historiis
de rébus a Normannis per Siciliam et Apuliam gestis ». — Prafatw, p. i, 5.
Ce second volume n*a januis vu le jour; nous ignorons si Duchesne s*est terri
du conseiller J.-P. Olivier pour faire copier dans le manuscrit de Peiitscoe
qui concernait les Normands ou s*il a plus tard acheté cette copie.
(3) Sur l'acquisition des manuscrits de Colbert par la bibliothèque da Roi,
voyez le volume déjà cité de L. Deusle : Le Cabinet des manuscrits de U
bibliothèque impériale y t. 1,1. c. Dans ses Prolégomènes, § IV, p. lv, Cham-
pollion-l'igcac a énumérc les auteurs qui, avant sa publication de VYstoirt
de li Wormanty avaient connu le manuscrit Duchesne et en ont parlé ; il
cite le P. Lelong, dom Ceillier, Gauttier d'Arc, Leroux de Uncy, etc.,
mais il y a bien des erreurs dans ses diverses appréciations.
XXIX
est résulté des lacunes dans le texte. Or, le manuscrit du
fonds Duchesne a les mêmes lacunes dans son texte, il a
des points là où fait défaut le manuscrit 688, il est donc
incontestable qu'il a été fait d'après ce manuscrit 688 (i);
nous n'avons, par conséquent, à nous occuper que du
manuscrit provenant de la bibliothèque de Peiresc : c'est
le texte original; l'autre ne peut nous procurer aucun
renseignement nouveau.
La première page du manuscrit 688 est encadrée d'une
marqueterie coloriée et rehaussée d'or ; huit charmantes
miniatures, représentant la création du monde et la chute
d'Adam et d'Eve, occupent le haut de la page; elles sont
sur un fond colorié et doré, alternativement losange à
cartels en sautoir, échiqueté ou fleurdelisé. Dans le bas
de la page, se distingue encore le contour d'un écusson
qui a été soigneusement effacé, il est supporté à droite et
à gauche par des anges ; enfin, tout au bas, sont d'autres
miniatures, mais bien maltraitées par le temps, c est à
peine si on reconnaît dans celle de droite un lion, une
femme et un guerrier armé. Le corps de la page est
rempli par l'avertissement suivant, écrit comme tout le
manuscrit, sur deux colonnes; l'écriture, qui reste la
même jusqu'à la fin du manuscrit, est une minuscule
italique, massive, serrée, sans traits superflus, à montants
peu élevés (2).
Voici cet avertissement :
« Ci se comence le prohème de la translation, laquel
fait faire le seignor conte de Militrée, etc.
(i) Voyez sur ce point les ProUgotnènes de Champoluon-Fxgbac, p. lz.
(2) Chakpoluon-Figeac, ProUgomhus, p. 5, § I.
XXX
« Secont ce que nouz dit et raconte la sage phylosofo,
tout home naturalment desirre de savoir, et la raison si
est ceste car toute choze covoite et desirre sa perfection.
Mes il n'est nulle choze qui face l'orne plus parÊût qae
science, quar par la science est homo fait semblable a
Dieu: Adonc l'omo doit desirrer et covoitier corne pour
sa perfection la science. Et toutes voiez savoir et science
sont acquestées et scuez éspecialment par littérature.
Et non portant toz les homes qui sont, ne poent
pas estre si grans maistres en littérature qu'il puissent
entendre la sentence de la lettre, et pour ce juste chose
est que ceauz lesquels ne poent prestement entendre la
grammère par laquelle sont ordenez et faiz les livres,
qu'il facent translater la lettre en alcune vulgal langue,
pour ce qu'il puissent savoir et entendre aucunes escri-
tures desquelles il ont délectation et volenté de savoir.
Et pour ceste choze devant dite, plot et pensa monseignor
conte de Militrée, qu'il ferait translater en vulgal la chro-
nique de Ysidorre secont la lettre, et pour ce qu'il set
lire et entendre la lengue fransoize et s'en delitte, a £ût
translater par ordre, secont la lettre en françois, la devant
ditte chronique et éspecialment pour sa déleaation, et
pour la délectation de ses amis. Mes pour la rayson de ce
que aucune foiz plusors chroniques parlent trop brief, je,
qui li livre escrive de lettre en vulgal, se je puiz, j'ajou-
drai aucunes bonnes paroles de vérité. Explicit pro-
\ logus. »
n semblerait, d'après ce prohème, que le traducteur
voulut surtout donner au comte de Militrée une traduc-
tion de la Chronique d'Isidore de Séville; cette chro-
\
\
VOL)
nique, qui vient aussitôt après le;prohème, n'occupe
cependant que ii feuillets sur les 212 que compte le
manuscrit. L'auteur a traduit le texte ordinaire de la
Chronique qui, partant de la création du monde, résume
l'histoire du peuple de Dieu et descend jusqu'au règne de
l'empereur Héracliufs (i); ça et là, le traducteur se
permet, comme il le fait du reste dans toutes ses autres
traductions, quelques réflexions personnelles, ou cite des
faits qu'il suppose contemporains de ceux qui sont énu-
mérés par Isidore de Séville. Il ne paraît pas, en ré3umé,
que l'histoire puisse glaner quelques renseignements
nouveaux dans cette reproduction.
A la suite de la Chronique d'Isidore de Séville, le tra-
ducteur prend de nouveau la parole et écrit les lignes
suivantes :
« Ysidoire parla molt brevement par toute la matière ;
come se puisse alongier, juste cose est d'altre choze
^t d'autre cronique et ystoire mètre main à ce que
misire le conte plus plenement et sa volente soit con-
tente. Et pour ce, dirons et raconterons en li capitule de
desouz ce que Eutroppe romain escrit de l'Ystoire de
Rome, laquel Paul dyacono et moine de Mont-de-Cassim
aoma par diversez ajonctions« Digne choze est a lui de
translater en vulgal sermon, et de savoir que cestui
Paule dui foiz escripst ceste ystoire de le devant dit
Eutrope, a la pétition de dui nobilissime marit et moillier
de Boni vent, li compaire del devant dit dyacono. Mes
pour ce que celle premere estoit trop fort stille alla dame,
(i) Voyez dans Mione, Pair, lai., t. 83, col. 10x7-1058, cette S. Ismou
Cbronkon, d'après l'édition de F. Arevalo.
«XXXlj
une autre foiz celle meissme ystoire comensa ensi cornent
dient li autre. Toutez voiez pour celle seconde est trop
prolixe et trop longue ; et non pour tant par manière de
ystoire quant par manière de prédication procède a
exponner la première, laquelle encomence : Premier en
Italie; et adonc plasoit a l'escrivain de recevoir, lequel
cerche par son pooir a servir a vostre comandement. »
Vient ensuite, dans le manuscrit, la traduction fran-
çaise de la lettre que Paul Diacre adressa à Âdelpetga,
duchesse de Bénévent, lorsqu'il lui envoya le Breviarium
d'Eutrope augmenté, modifié et continué par lui. Œam-
pollion-Figeac a publié cette traduction dans ses prol^o-
mène3 à l'édition de l' Ystoire de li Narmant, et comme la
bibliothèque nationale possède plusieurs manuscrits du
Breviarium d'Eutrope, modifié par Paul Diacre, il a
extrait de ces manuscrits le texte latin de cette lettre et
l'a publié en regard de la traduction française. C'était la
première fois que la lettre de Paul Diacre voyait le jour;
elle a été^ depuis ChampoUion-Figeac, insérée dans les
éditions de Paul Diacre (i).
Conformément à sa promesse, le traducteur donne
ensuite, en français, les dix livres du Breviarium d'Eu-
trope, avec les additions et modifications introduites par
Paul Diacre, et enfin les six livres composés par Paul
Diacre lui-même pour faire suite au Breviarium.
Le moyen âge nous ayant laissé de nombreux manus*
(x) EuTROPi Breviarium àb urhe condita, édition Drotskn, in-4*. Beilm»
Weidmann, 1879, c'est le second volume des Auc tores antiquiîsimi des Mm,
Germania bistorica. La lettre k Adelperga est à la page 4, voyei la note qai
raccompagne.
XXXllj
crits du texte original d'Eutrope et de ce même texte
modifié et continué par Paul Diacre (i), la traduction
faite pour le comte de Militrée ne peut pas être d'une
grande utilité pour constater les différences entre les
deux textes ; toutefois, les réflexions que le traducteur se
permet parfois au cours de son travail, les faits nouveaux
qu'il cite pour compléter et appuyer ceux de son auteur,
ne sont pas toujours sans intérêt.
Après avoir donné, avec Isidore de Séville, un abrégé
de l'histoire sainte et, avec Eutrope et Paul Diacre, le
résumé des annales de l'histoire profane, le traducteur
veut mettre sous les yeux du comte de Militrée l'exposé de
l'histoire de l'Italie après la chute de l'empire romain, et
comme, dans cette période, deux peuples ont plus que
les autres influé sur les destinées de la péninsule^ les
Lombards et les Normands, c'est à l'histoire des Lom-
bards et des Normands qu'il va exclusivement consacrer
ses derniers travaux. Tout cela, on le voit, est assez
logique et suppose, chez ce traducteur, des connaissances
historiques assez complètes et assez coordonnées. Se
conformant à l'ordre chronologique, il s'occupe d'abord
des Lombards.
Au recto de la page 72, le traducteur écrit cette courte
préface pour annoncer le travail qui suit :
« Parlé avoit Paul dyacone, exponant et adjongeant a
lo ystoire de Rome secont Eutroppe, quant ce venoit a la
matière de li Goth et de li Vuivole ou Longobart; toutes
foiz secont la matière, prisée estoit trop petite ou quasi
(i) Drotsen a énuméré ces divers manuscrits dans l'édition que nous
venons de citer.
nxiv
noient laquelle est ditte. Âdonc mostrant toutes les
chozes que de dire s'en peust, de li Longobart fist espi-
cial livres, et les parti en VI livres de li Longobart»
secont que met en son livre Paule dyacone^ mais poi oo
noient si puet adjoindre. »
Vient après cette introduction la traduction des six
livres de VHistoria Langobardarum de Paul Diacre. H est
&cile de constater que le traducteur s'est servi d'un texte
tout à £ût semblable à celui de l'édition de L. Bethmann
et de G. Waitz dans les Scriptores rerum Langobardicamm
et It(^licarum, Soec. VI-IX (i). Au 1. I, chap. 26, il
se contente de copier, sans les traduire^ les vers de Paul
Diacre sur la vie de S. Benoit :
Ordiar nxide tnos, sacer o Bénédicte triamphos,
Virtutom cnmalos ordiar onde tnos, etc. (2).
« En vulgare, écrit-il, je ne les puiz mètre au vers » il
aurait cependant pu les traduire sans les mettre en vers
français. Au verso de la p. 125 se termine la traduction
de VHistoria Langobardarum par cette phrase concernant
le roi Liutprand : « Sur toutes chosez gardoit la paiz
laquelle il avoit avec li François et li Avare » elle corres-
pond à la phrase qui termine le texte de Bethmann et de
Waitz : « maxima semper cura Francorum Avarumque
pacem custodiens » (3).
Après l'histoire des Lombards vient celles des Nor-
(x) In^*, Hannovre, 1878. VHistoria Langobardarum va de la p. la à la
p. 187.
(2) P. 64, 65 de rédition de Bethmann et Waitz.
()) P. 187 de rédition de Bethmann et Waia.
XXXV
mands ; nous arrivons donc à la partie du manuscrit qui
fait l'objet de la présente publication^ mais cette partie
débute par une singulière méprise ; on lit> en eSet, au
verso du feuillet 125 du manuscrit, c'est-à-dire au com-
mencement de la traduction de VHistoria Normannarum :
« G se complit Tystoire de li Lomgobart, laquelle com-
pila un moine du Mont de Cassin et li manda à lo abbé
Désidère du Mont de Cassym. » Paul Diacre, contempo-
rain de Charlemagne, ayant composé son histoire des
Lombards dans les dernières années du viii^ siècle, il est
bien évident qu'il n'a pu dédier son livre à l'abbé Dési-
dëre ou Didier qui ne devint abbé du Mont-Cassin qu'en
105 8, après la mort du pape Etienne DC ; conmie nous
savons par ailleurs que c'est l'histoire des Normands qui
qui a été dédiée à Didier, il faut certainement compléter
comme il suit la phrase du manuscrit : « Ci se complit
l'ystoire de li Longobart et se commence VYstaire de li
Normanty laquelle compila un moine de Mont-de-Cassin
et li manda à lo abbé Désidère de Mont-de-Cassin. ^
Immédiatement après cet énoncé, bien incomplet,
comme on le voit, vient la traduction de la dédicace de
VHistoria Normannorum à Didier, abbé du Mont-Cassin,
et la traduction d'une invocation de l'auteur à Dieu le
Père pour qu'il bénisse son travail. Quoique cette invo-
cation fut en vers, le traducteur la reproduit en français ;
les vers d'Aimé lui auront sans doute paru plus faciles à
traduire que ceux de Paul Diacre. Ces préliminaires pré-
cèdent la traduction des huit livres de VHistoria Nor^
mannarumy divisés en nombre inégal de chapitres; en
tête de chaque livre se trouve un résumé des chapitres du
^«k «t«i«U "TIZ"- ^.^ — >' *ilT**'lilAi
rini: _->^>— t-.: — ru:=^-:ir r-*nini jt icîxl i Zszrnxrât
Ti.r*.rf. ^li jiC i^iiur -^"- ziinn; ut l&rci-Cxssîa et
: 1 "_ X icvLc j;< i::^r J."r=s ji icc zn~rl i. IxTce Dâdîer;
_ i<c tTiii^z'^ r-T— e -nms rr-rns iii-i i:i cccssâoa de k
,Ljri. -le ris i.:iiiic:i< ? irciici^sr: ri zarÊse Aîsaè et ne
re^TTic: i"ir'Ti-.*-ir c-i -:-• rc::îC3; zccs sxtoqs pzr
r'.-irri 3'-icri ~ •' x ~e iz:_- nojziî 1:2 lAzct-Cissin, ci
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7 j-: =- TZ^iii:^ i.:ic:i=:i=:: ccczx5!5;izoî, et les noces
j::i icccnriiiziz: cc :ii:i iiCiTziiz-e::: Lx xaknr des
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Cisêin. Xciiis zj,-5 Vcr:icrji3 io"C. Jir.s Li dernière
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:;:rn::r.e ris, co=i=:e en rcumi: le croire, par les hait
ii'.Tes de r IVr^.'^rV; i^ .7 AV---u.«[:: i a sui^î da hoinème
e: dernier livre, rj recto du feinlle: 199, sins 2utre pro-
heme ou rrèan:bu;e, on li: en ene: ce titre : « De on
*
nobîc biron de Xomendie liquel esioîc père Robert. »
XXXVlj
C'est le début d'un autre ouvrage comprenant deux
livres, le premier de 27, le second de 14 chapitres et
racontant surtout les exploits de Robert Guiscart et de
ses frères, avec un court résumé du règne de Roger P%
neveu de Robert Guiscard ; en iioi, Roger I" succéda
à son père Roger le grand comte, en 1 130 il se fit cou-
ronner roi de Sicile et mourut le 26 février 1 154. Il a été
facile de constater que ces deux livres étaient la traduc-
tion d'un texte latin publié au xviii*' siècle, d'abord par
Caruso, sous le titre de Anonymi hisioria SiculUy a Nar-
mannis ad Petrum Aragonensem, ex bibliothua Vaticana et
ensuite, par Muratori, sous ce titre : Anonymi Vaticani
hisioria Sicula ab ingressu Normannorum in Apuliam,
usque ad unnum 1282 (i).
Que cette Anonymi hisioria Sicula soit un abrégé de
VHistoria Sicula de Geoffroy Malaterra, historien béné-
dictin du XI* siècle, c'est ce que démontre la comparaison
des deux textes (2); l'abréviateur s'est borné à enre-
gistrer d'une façon sommaire les faits racontés par son
modèle, il suit le même ordre que lui, sauf à élaguer les
détails qui ne rentrent pas dans son cadre plus restreint.
Lorsque s'arrête, avant la fin du xi*' siècle, le travail de
Malaterra, V Anonymi hisioria Sicula n'est plus qu'une
simple nomenclature, et, suivant les manuscrits, cette
(i) Cakusius : Bihliothe. hist. regni Siciîia, t. II, p, 829 sqq. Muratori
R. I. SS., t. VIII, p. 745 sqq.
(2) Voyez sur cette question, l'article de R. Wilmans : ht Amatusvon
Monti Cassino der Verfasser der Cbronlca Robert i Biscardi? dans VArcbiv der
Gesellscbaft fur altère deutsche Gescbicbtskunde, t. X, p. 122 sqq. Wilmans
na |Ms eu de peine à démontrer que cette chronique n'était pas d'Aimé.
"l '- ■- >. / y- ■ ^ i t
nzviij
nomenclature, œuvre de plusieurs continuateurs, s'étend
jusque vers la fin du xiii^ siècle. \
Il n'est pas possible de supposer que VAnanymi bistoria
Skula ait été, au contraire, le cannevas développé ensuite
par G. Malaterra, car un passage de cet anonyme,
dans la partie qu'il emprunte i Malaterra, prouve
qu'il a connu les rois normands de Sicile, lesquels n'ont
commencé à porter la couronne royale qu'à partir do
25 décembre 1130; il a donc vécu en plein xii* siècle,
tandis que Malaterra est un écrivain du xi* siècle.
Parmi les rares additions que l'abréviateur a faites en
résumant le texte de G. Malaterra, se trouve, en effet, une
pièce de vers dans laquelle le poète célèbre les vertus
militaires de Robert Guiscard, on lit dans cette pièce les
quatre vers suivants :
Ut breviter brevibos possit (possîm) comprehendere verbis,
Kec primum similem potuit, nec habere sequentem;
Regibus exceptis, eadem quos dixit (daxit) origo,
Per quos diluent (diluitur) foex et pagana caligo (i).
Le traducteur du comte de Militrée rend de la manière
suivante ces quatre vers : « De loquel dist ceste auctor
que estoit tel home que home devant lui non fu el monde,
sans les roys et de liquel descendirent rois, liquel des-
truistrent puiz la gent Sarrazine (2) ». On voit que
l'argument est sans réplique et que VAnonymi bistoria
Sicula ne peut, en aucune £içon, avoir été composée au
XI* siècle.
(l) MURATOU, L VIII, p. 754*
(a) Chrcniquê de Roberi Viscart, l, 13, p. 277 de rédition de Cbampol-
UON-FiCBAC
XXXIX
Cbampollion-Figeac, donnant à quelques expressions
dtt traducteur d'Aimé une valeur et une importance
exagérées, est tombé dans une singulière méprise au sujet
de YAnonymi historia Sicula; il voit dans cet opuscule,
non pas un abrégé de G. Malaterra, mais un ouvrage
original et veut démontrer qu'Aimé du Mont-Qssin en
est lauteur, aussi a-t-il inséré la traduction de cet opus-
cule à la suite de son édition de 1* Ysioire de li Normant
et, dans ses Prolégomines, il consacre plusieurs pages à la
démonstration de cette thèse, tout à hit insoutenable(i).
Le texte de Pierre Diacre, que Champollion-Figeac con-
naissait, et qu'il cite, aurait dû cependant lui £aire com-
prendre qu'il faisait fausse route en soutenant cette thèse;
Pierre Diacre, énumérant les ouvrages composés par
Aimé, ne lui attribue, comme nous l'avons vu (2), qu'un
seul travail sur les Normands, c'est-à-dire l'histoire des
Normands, divisée en huit livres et dédiée à l'abbé
Didier. Avant de supposer que Pierre Diacre, ordinaire-
ment SL exact, était incomplet en cet endroit et qu'en
réalité Aimé eut laissé un autre écrit sur le même sujet,
il £dlait des arguments autrement décisifs que ceux pré-
sentés par Qiampollion-Figeac. Les quatre vers en l'hon-
neur de Robert Guiscard, cités plus haut et extraits de
VAnonymi historia Sicula^ suâSsent à ruiner l'hj^othèse
de Champollion-Figeac. Comme il a déjà été dit, ces
vers démontrent que l'auteur de cet écrit vivait en plein
(i) ProUgotHina, p. Lxxn, sqq. ; § VU ii Vautmr àt la Chromqm,
(2) ce snpn, viijy ItUroduetioH, p. m.
xl
XII* siècle, après 1 154 (i), ce ne peut donc être Aimé du
Mont-Cassin qui, en 1060, était moine dans ce monas-
tère et qui, selon toute apparence, est mort avant la fin
du XI* siècle.
ÇhampoUion-Figeac ayant placé en 1093 ^^ mort
d'Aimé, est amené par là même à déclarer que tout ce
qui dans VAnonymi historia Sicula a trait aux événements
survenus après la mort de Robert Guiscard (chap. 10-14
du second livre de la traduction fi'ançaise), ne saurait
être d'Aimé, et il avoue que ces derniers chapitres sont
presque entièrement un résumé de ce qui est rapporté dans
G. Malaterra (2). Mais puisqu'il fait cet aveu, comment
n'a-t-il pas vu qu'il en était de même pour les chapitres
antérieurs ; il était aussi facile de constater qu'ils résu-
maient d'autres récits du même auteur.
Sans vouloir nous attarder à continuer une démonstra-
tion que l'état actuel de la critique historique rend facile,
examinons le principal argument sur lequel s'appuie
ChampoUion-Figeac pour faire d'Aimé l'auteur de
ÏAnonymi historia Sicula,
La traduction d'Aimé porte : I, 4 :
« En cel an apparat un mcrveillouz signe pour ceste
forte aventure et bataille qui estoit a venir, car l'estoille
qui se clame comète aparut moult de nuîz et tant de
fulgure qui resplendissoit comment la lune. Ceste
bataille brevcment fu de li Normant laquelle fu faite en
(i) Cf. supra, p. xxxviij ; l'auteur parle de plusieurs rois normands de
Sicile; il écrivait donc après 1x54 puisque k cette date est mort le premier
de ces rois normands.
(2) ProUgomèfuSf p. Lxxxvni sqq., § IX.
xlj
lo temps de cestui qui escrist ceste Ystoire, quar cestui
moine fu' a lo temps que ces Normans vindrent. Mes il
lo dira en l'autre Ystoire. »
Il s'agit de la bataille de Hastings, en Angleterre, que
les Normands, commandés par Guillaume, duc de Nor-
mandie, gagnèrent en 1066, sur les Anglo-Saxons et sur
le roi Harold. Le traducteur prenant la parole, comme
cela lui arrive assez souvent, dit que l'auteur de l'histoire
des Normands vivait lorsque cette bataille s'est livrée, ce
qui est exact, et que ce même auteur racontera ces
événements dans l'autre histoire. Il est bien vrai que
lorsque le traducteur parle de « l'autre ystoire » il
entend par là VAnonymi hisioria 5iVw/a «qu'il a également
traduite (i). Il semblerait donc, au premier abord, que
cette Anonymi historia Sicula dut parler de la conquête de
l'Angleterre par les Normands, or, elle n'en dit rien ;
mais, comme le passage du traducteur est quelque peu
obscur, il se peut qu'il veuille dire simplement que
l'auteur de V Anonymi historia Sicula parlera des batailles
que d'autres Normands ont livrées en Italie pendant que
leurs compatriotes combattaient à Hastings et, en effet,
Y Anonymi historia Sicula a rapporté les exploits des Nor-
mands en Italie avant, pendant et après 1066.
Admettons donc que, pour le traducteur d'Aimé,
V Historia Normannorum etV Anonymi hisioria Sicula aient
(i) Voyez par exemple : Ystoire de li Normant, III, 22, et la Chronique
de Robert Viscart, I, 9 et 10, p. 273 sq. de Tédition de Champollion-
Figeac; de même, Ystoire etc., III, 36 et la Chronique, I, ii, p. 275 de
Champollion-Figeac, plusieurs autres exemples analogues sont cités par
Champollion-Figeac : Prolégomènes, p. lxxiv sqq.
XXXlj
une autre foiz celle meissme ystoire comensa ensi cornent
dient li autre. Toutez voiez pour celle seconde est trop
prolixe et trop longue ; et non pour tant par manière de
ystoire quant par manière de prédication procède a
exponner la première, laquelle encomence : Premier m
Italie; et adonc plasoit a Tescrivain de recevoir, lequel
cerche par son pooir a servir a vostre comandement. »
Vient ensuite, dans le manuscrit, la traduction fran-
çaise de la lettre que Paul Diacre adressa à Âdelperga,
duchesse de Bénévent, lorsqu'il lui envoya le Breviarium
d'Eutrope augmenté, modifié et continué par lui. Œam-
pollipn-Figeac a publié cette traduction dans s^ prol^o-
mène3 à l'édition de l' Ystoire de li Narmanty et comme la
bibliothèque nationale possède plusieurs manuscrits du
Breviarium d'Eutrope, modifié par Paul Diacre, il a
extrait de ces manuscrits le texte latin de cette lettre et
l'a publié en regard de la traduction fi'ançaise. C'était la
première fois que la lettre de Paul Diacre voyait le jour;
elle a été, depuis ChampoUion-Figeac, insérée dans les
éditions de Paul Diacre (i).
Conformément à sa promesse, le traducteur donne
ensuite, en français, les dix livres du Breviarium d'Eu-
trope, avec les additions et modifications introduites par
Paul Diacre, et enfin les six livres composés par Paul
Diacre lui-même pour foire suite au Breviarium.
Le moyen âge nous ayant laissé de nombreux manus-
(x) EuTSOPi Breviarium ab urbe condita^ édition Drotskn, in-4*. Berlin,
Weidmann, 1879, ^*^^^ ^^ second volume des Auctores antiquissimi des Uom.
Germania bistorica, La lettre & Adelperga est à la page 4, voyes la note qui
raccompagne.
XXXllj
crits du texte original d'Eutrope et de ce même texte
modifié et continué par Paul Diacre (i), la traduction
faite pour le comte de Militrée ne peut pas être d'une
grande utilité pour constater les différences entre les
deux textes; toutefois, les réflexions que le traducteur se
permet parfois au cours de son travail, les faits nouveaux
qu'il cite pour compléter et appuyer ceux de son auteur,
ne sont pas toujours sans intérêt.
Après avoir donné, avec Isidore de Séville, un abrégé
de rhistoire sainte et, avec Eutrope et Paul Diacre, le
résumé des annales de l'histoire profane, le traducteur
veut mettre sous les yeux du comte de Militrée l'exposé de
l'histoire de l'Italie après la chute de l'empire romain, et
comme, dans cette période, deux peuples ont plus que
les autres influé sur les destinées de la péninsule, les
Lombards et les Normands, c'est à l'histoire des Lom-
bards et des Normands qu'il va exclusivement consacrer
ses derniers travaux. Tout cela, on le voit, est assez
logique et suppose, chez ce traducteur, des connaissances
historiques assez complètes et assez coordonnées. Se
conformant à l'ordre chronologique, il s'occupe d'abord
des Lombards.
Au recto de la page 72, le traducteur écrit cette courte
préface pour annoncer le travail qui suit :
« Parlé avoit Paul dyacone, exponant et adjongeant a
lo ystoire de Rome secont Eutroppe, quant ce venoit a la
matière de li Goth et de li Vuivole ou Longobart; toutes
foiz secont la matière, prisée estoit trop petite ou quasi
(i) Drotsen a énuméré ces divers manuscrits dans l'édition que nous
venons de citer.
nxiv
noient laquelle est ditte. Âdonc mostrant toutes ks
chozes que de dire s'en peust, de li Longobart fist espé-
cial livres, et les parti en VI livres de li Longobart,
secont que met en son livre Paule dyacone, mais poi ou
noient si puet adjoindre. »
Vient après cette introduction la traduction des six
livres de VHistoria Langobardarum de Paul Diacre. H est
facile de constater que le traducteur s'est servi d'un teste
tout à £ût semblable à celui de l'édition de L. Bethmann
et de G. Waitz dans les Scriptores rerum LangobardùanÊm
et Itulicarum, Sœc. VI-IX (i). Au 1. I, chap. 26, il
se contente de copier, sans les traduire, les vers de Paul
Diacre sur la vie de S. Benoit :
Ordiar nxide tnos, sacer o Bénédicte triamphos,
Vixtntam cnmalos ordiar onde tnos, etc. (2).
« En vulgare, écrit-il, je ne les puiz mètre au vers » il
aurait cependant pu les traduire sans les mettre en vers
français. Au verso de la p. 125 se termine la traduction
de VHistaria Langobardarum par cette phrase concernant
le roi Liutprand : « Sur toutes chosez gardoit la paiz
laquelle il avoit avec li François et li Avare » elle corres-
pond à la phrase qui termine le texte de Bethmann et de
Waitz : « maxima semper cura Francorum Avarumque
pacem custodiens » (3).
Après l'histoire des Lombards vient celles des Nor-
(x) In^*, Hannovre, 1878. VHistoria Langohariorum va de la p. la à la
p. 187.
(i) P. 64, 65 de l'édition de Bethmann et Waitz.
()) P. 187 de l'édition de Bethmann et Waia.
XXXV \
mands ; nous arrivons donc à la partie du manuscrit qui
fait l'objet de la présente publication, mais cette partie
débute par une singulière méprise ; on lit> en effet, au
verso du feuillet 125 du manuscrit, c'est-à-dire au com-
mencement de la traduction de VHistaria Normannorum :
« Q se complit l'ystoire de li Lomgobart, laquelle com-
pila un moine du Mont de Cassin et li manda à lo abbé
Désidère du Mont de Cassym. » Paul Diacre, contempo-
rain de Charlemagne, ayant composé son histoire des
Lombards dans les dernières années du viii^ siècle, il est
bien évident qu'il n'a pu dédier son livre à l'abbé Dési-
dëre ou Didier qui ne devint abbé du Mont-Cassin qu'en
1058, après la mort du pape Etienne DC; comme nous
savons par ailleurs que c'est l'histoire des Normands qui
qui a été dédiée à Didier, il faut certainement compléter
comme il suit la phrase du manuscrit : « G se complit
l'ystoire de li Longobart et se commence VYsUnre de li
Normantf laquelle compila un moine de Mont-de-Cassin
et li manda à lo abbé Désidère de Mont-de-Cassin. Tf>
Inmiédiatement après cet énoncé, bien incomplet,
comme on le voit, vient la traduction de la dédicace de
VHistaria Normannorum à Didier, abbé du Mont-Cassin,
et la traduction d'une invocation de l'auteur à Dieu le
Père pour qu'il bénisse son travail. Qpoique cette invo-
cation fut en vers, le traducteur la reproduit en français ;
les vers d'Aimé lui auront sans doute paru plus belles à
traduire que ceux de Paul Diacre. Ces préliminaires pré-
cèdent la traduction des huit livres de YHistoria Nor--
mannorum, divisés en nombre inégal de chapitres; en
tète de chaque livre se trouve un résumé des chapitres du
XXXVl
livre, mais ce résumé n'est pas toujours très exact et ne
correspond pas constamment au chapitre indiqué.
Le traducteur, qui connaissait les noms et les œuvres
de Tévêque Isidore, d'Eutrope et de Paul Diacre, ne
paraît cependant pas avoir connu le nom de l'auteur de
VHistoria Normannonmiy il ne l'indique nulle part; il
sait seulement, pour l'avoir lu dans VHistoria Norman-'
norumy que cet auteur était moine au Mont-dssin et
qu'il a dédié les huit livres de son travail à l'abbé Didier;
il est évident, comme nous avons déjà eu occasion de le
dire, que ces données s'appliquent au moine Aimé et ne
peuvent s'appliquer qu'à lui, puisque nous savons par
Pierre Diacre qu'Aimé était moine au Mont-Cassin, et
qu'il a dédié à l'abbé Didier les huit livres de son his-
toire des Normands.
Il serait inutile de surcharger cette Introduction d'une
analyse de l'histoire des Normands par Aimé, le lecteur
a, dans le présent volume, le texte de cette histoire, il
peut en prendre directement connaissance, et les notes
qui accompagnent ce texte déterminent la valeur des
données historiques fournies par le moine du Mont-
Cassin. Nous nous bornerons donc, dans la dernière
partie de cette Introduction, à une appréciation générale
de la valeur historique de cet ouvrage. ^
Le manuscrit, fait pour le comte de Militrée, ne se
termine pas, comme on poifrrait le croire, par les huit
livres de VYstoire de li Normant; à la suite du huitième
et dernier livre, au recto du feuillet 199, sans autre pro-
hème ou préambule, on lit en effet ce titre : « De un
noble baron de Normcndie liquel estoit père Robert. »
XXXVlj
C'est le début d'un autre ouvrage comprenant deux
livres, le premier de 27, le second de 14 chapitres et
racontant surtout les exploits de Robert Guiscart et de
ses frères, avec un court résumé du règne de Roger I",
neveu de Robert Guiscard ; en iioi, Roger P' succéda
à son père Roger le grand comte, en 1 130 il se fit cou-
ronner roi de Sicile et mourut le 26 février 1 154. Il a été
facile de constater que ces deux livres étaient la traduc-
tion d'un texte latin publié au xviii* siècle, d'abord par
Caruso, sous le titre de Anonymi historia Sicula, a Nor-
mannis ad Peirum Aragonensem, ex bibliotheca Vaticana et
ensuite, par Muratori, sous ce titre : Anonymi Vaticani
historia Sicula ab ingressu Nortnannorum in Apulianiy
usque ad unnum 1282 (i).
Que cette Anonymi historia Sicula soit un abrégé de
YHistoria Sicula de Geoffroy Malaterra, historien béné-
dictin du XI* siècle, c'est ce que démontre la comparaison
des deux textes (2); l'abréviateur s'est borné à enre-
gistrer d'une façon sommaire les faits racontés par son
modèle, il suit le même ordre que lui, sauf à élaguer les
détails qui ne rentrent pas dans son cadre plus restreint.
Lorsque s'arrête, avant la fin du xi' siècle, le travail de
Malaterra, V Anonymi historia Sicula n'est plus qu'une
simple nomenclature, et, suivant les manuscrits, cette
(i) Glkusius : Bihliothc. bist. regni Sicilia, t. II, jv 829 sqq. Muratori
R. L SS., t. VIII, p. 745 sqq.
(a) Voyez sur cette question, l'article de R. Wilmans : ht Amatus von
Monti Cassino der Verfasser der Cbronîca Robert i Biscardi? dans VArcbiv dfr
Gtsellsebaft fur àUere deutscbe Gfscbicbtskunde, t. X, p. 122 sqq. Wilmans
na pas en de peine à démontrer que cette chronique n'était pas d'Aimé.
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nomenclature^ oeuvre de plusieurs continuateurs, s'étend
jusque vers la fin du xm* siècle. \
D n*est pas possible de supposer que YAnmytni historia
Sicula ait été, au contraire, le cannevas développé ensuite
par G. Malaterra, car un passage de cet anonyme^
dans la partie qu'il emprunte à Malaterra, prouve
qu'il a connu les rois normands de Sicile, lesquels n'ont
commencé à porter la couronne royale qu'à partir du
25 décembre 1130; il a donc vécu en plein xn* siècle,
tandis que Malaterra est un écrivain du xi* siècle.
Parmi les rares additions que l'abréviateur a faites en
résumant le texte de G. Malaterra, se trouve, en effet, une
pièce de vers dans laquelle le poète célèbre les vertus
militaires de Robert Guiscard, on lit dans cette pièce les
quatre vers suivants :
Ut breviter brevibos possit (possim) comprehendere Terbis,
Nec primum similem potuit, nec habere seqaentem ;
Regibus exceptis, eadem quos diut (duxit) origo,
Per quos diluent (diluitur) foex et paganA caligo (x).
Le traducteur du comte de Militrée rend de la manière
suivante ces quatre vers : « De loquel dist ceste auctor
que estoit tel home que home devant lui non fu el monde^
sans les roys et de liquel descendirent rois, liquel des-
truistrent puiz la gent Sarrazine (2) ». On voit que
l'argument est sans réplique et que YAnanymi historia
Sicula ne peut, en aucune façon, avoir été composée au
xi* siècle.
(x) MuiATOftI, L VUI, p. 7$ 4.
(a) Chronique dé RoUri Visauri, I, X3, p. 277 de Tédition de Champol-
UON-FlGIAC
XXXIX
Cbampollion-Figeac, donnant à quelques expressions
dtt traducteur d'Aimé une valeur et une importance
exagérées, est tombé dans une singulière méprise au sujet
de VAnonymi histaria Sicula; il voit dans cet opuscule,
non pas un abrégé de G. Malaterra, mais un ouvrage
original et veut démontrer qu'Aimé du Mont-Cassin en
est Fauteur, aussi a-t-il inséré la traduction de cet opus-
cule à la suite de son édition de 1* Ysioirc de li Normant
et, dans ses Prolégomènes, il consacre plusieurs pages à la
démonstration de cette thèse, tout à fait insoutenable(i).
Le texte de Pierre Diacre, que Champollion-Figeac con-
naissait, et qu'il cite, aurait dû cependant lui £ùre com-
prendre qu'il Êdsait £iusse route en soutenant cette thèse;
Pierre Diacre, énumérant les ouvrages composés par
Aimé, ne lui attribue, comme nous l'avons vu (2), qu'un
seul travail sur les Normands, c'est-à-dire l'histoire des
Normands, divisée en huit livres et dédiée à l'abbé
Didier. Avant de supposer que Pierre Diacre, ordinaire-
ment sL exaa, était incomplet en cet endroit et qu'en
réalité Aimé eut laissé un autre écrit sur le même sujet,
il fallait des arguments autrement décisifs que ceux pré-
sentés par Champollion-Figeac. Les quatre vers en l'hon-
neur de Robert Guiscarâ, cités plus haut et extraits de
VAtumymi bistoria Sicula, suffisent à ruiner l'hypothèse
de Champollion-Figeac. Comme il a déjà été dit, ces
vers démontrent que l'auteur de cet écrit vivait en plein
(i) Proi^omities, p. Lzzn, sqq. ; § VII de VatUmr de la Cbromque,
(a) Cf. aiapn, viij, Introduction, p. m.
xl
XII* siècle, après 1154 (^)> ^^ "^ P^"^ ^^nc être Aimé du
Mont'Cassin qui, en 1060, était moine dans ce monas-
tère et qui, selon toute apparence, est mort avant la fin
du XI* siècle.
Champollion-Figeac ayant placé en 1093 ^ mort
d'Aimé, est amené par là même à déclarer que tout ce
qui dans YAnonymi historia Sicula a trait aux événements
survenus après la mort de Robert Guiscard (chap. 10-14
du second livre de la traduction fi-ançaise), ne saurait
être d'Aimé, et il avoue que ces derniers chapitres sont
presque entièrement un résumé de ce qui est rapporté dans
G. Malaterra (2). Mais puisqu'il fait cet aveu, comment
n'a-t-il pas vu qu'il en était de même pour les chapitres
antérieurs ; il était aussi facile de constater qu'ils résu-
maient d'autres récits du même auteur.
Sans vouloir nous attarder à continuer une démonstra-
tion que l'état actuel de la critique historique rend facile,
examinons le principal argument sur lequel s'appuie
Champollion-Figeac pour faire d'Aimé l'auteur de
YAnonymi historia Sicula.
La traduction d'Aimé porte : I, 4 :
« En cel an apparat un mcrveillouz signe pour ceste
forte aventure et bataille qui cstoit a venir, car l'estoille
qui se clame comctc aparut moult de nuiz et tant de
fulgure qui resplendissoit comment la lune. Ceste
bataille brevement fu de li Normant laquelle fu faite en
(i) Cf. supra, p. xxxviij ; l'auteur parle de plusieurs rois normands de
Sicile; il écrivait donc après 1154 puisque à cette date est mort le premier
de ces rois normands.
(2) ProUgofuèneSy p. Lxxxvni sqq., § IX.
xlj
lo temps de cestui qui escrist ceste Ystoire, quar cestui
moine fu' a lo temps que ces Normans vindrent. Mes il
lo dira en l'autre Ystoire. »
Il s'agit de la bataille de Hastings, en Angleterre, que
les Normands, commandés par Guillaume, duc de Nor-
mandie, gagnèrent en 1066, sur les Anglo- Saxons et sur
le roi Harold. Le traducteur prenant la parole, comme
cela lui arrive assez souvent, dit que l'auteur de l'histoire
des Normands vivait lorsque cette bataille s'est livrée, ce
qui est exact, et que ce même auteur racontera ces
événements dans l'autre histoire. Il est bien vrai que
lorsque le traducteur parle de « l'autre ystoire » il
entend par là VAnonymi Mstoria 5/cw/a*qu'il a également
traduite (i). Il semblerait donc, au premier abord, que
cette Anonymi historia Sicula dut parler de la conquête de
l'Angleterre par les Normands, or, elle n'en dit rien ;
mais, comme le passage du traducteur est quelque peu
obscur, il se peut qu'il veuille dire simplement que
l'auteur de VAnonymi historia Sicula parlera des batailles
que d'autres Normands ont livrées en Italie pendant que
leurs compatriotes combattaient à Hastings et^ en effet,
VAnonymi historia Sicula a rapporté les exploits des Nor-
mands en Italie avant, pendant et après 1066.
Admettons donc que, pour le traducteur d'Aimé,
V Historia Normannorum ttV Anonymi historia Sicula aient
(i) Voyez par exemple : Ystoire de H Normant, HI, 22, et la Chronique
de Robert Viscart, I, 9 et 10, p. 273 sq. de Tédition de Champollion-
Figeac; de méme^ Ystoire etc., III, 36 et la Chronique, I, 11, p. 275 de
Champollion-Figeac, plusieurs autres exemples analogues sont cités par
Champollion-Figeac : Prolégomènes, p. lxxiv sqq.
xlij
eu un seul et même auteur, mais de ce que tel ait été
son sentiment, il ne s'en suit nullement que ce sentiment
soit fondé ; cela ne peut, en aucune &çon» détruire les
preuves décisives du contraire qui ont été données plus
haut.
l[ Remarquons que le traducteur, commç il sera dé-
montré dans la m^ partie de cette introduction, a Êdt son
travail au commencement du xiv* siècle, c'est-à-dire
deux cents ans au moins après qu'Aimé avait composé
son Historia Normannarumy aussi ne sait-il pas le nom
de l'auteur de l'ouvrage qu'il traduit, il ne l'indique nulle
part ; quelle autorité dès lors peut-il avoir lorsqu'il dit,
tout à fait en passant, il est vrai, que les deux ouvrages
indiqués ont un même auteur ; ce renseignement, il ne
l'a trouvé nulle part, c'est une pure supposition qu'il bit
et elle ne repose sur rien.
Le lecteur comprendra donc que, dans cette nonvdk
édition d'Aimé, on n'ait pas, malgré l'exemple de Cham-
pollion-Figeac, inséré la traduction de VAtumym bi$toria
Sicula; Aimé n'est pour rien dans cet opuscule.
m.
DE LA TRADUCTION ET DU TRADUCTEUR d'aIMÈ.
Que toutes les traductions du manuscrit 688 aient été
faites par une seule personne, c'est ce que démontre la
lecture de ces traductions ; ce sont partout les mêmes
procédés de traduction, les mêmes tournures de phrases,
la même langue et, comme nous le verrons bientôt^ nne
Ixiij
langue bien spéciale puisque c'est un français mélangé
d'italien. En plusieurs endroits, le traducteur, citant une
autre traduction du manuscrit, déclare explicitement
qu'elle est aussi son œuvre; ainsi^ dans VYstoire de li
Normant, II, 32, parlant des prisonniers de Guaimar,
prince de Saleme, qui s'étaient échappés du château de
la Major-Torre, et avaient gagné le château de Matelone,
il écrit : « Je croi que veut dire Madalone quar ja
estoit faite Caserte et Magdalone coment ai-ge dit en
Tystoire de li Longobart, liquel vindrent en Ytalie avant
que li Normant. » Le traducteur de l'histoire des Nor-
mands est donc le même que le traducteur de l'histoire
des Lombards; inutile de pousser plus loin cette démon-
stration, évidente pour quiconque a étudié le manus-
crit 688.
Divers passages du manuscrit indiquent à quelle
époque, à peu près, le traducteur a fait son travail;
YYstoire de li Normant; II, 28, contient cette phrase :
t La cité de Syponte qui maintenant est clamée Manfre-
done» » or, Manfredonia fut fondée sur les ruines de
Siponto en 126 1 par Mainfroi, fils naturel de Frédéric II;
la traduction est donc postérieure à cette date.
De même, on lit dans la traduction de ï Histoire des
Lombards de Paul Diacre, II, 23 : « Et en celui temps
fut Êdte Caserte en Terre de Labor, laquelle estoit pre-
mèrement clamée Casa erecta. Et autresi en cellui temps
fil £ûte Mathelone, laquelle premèrement Metadelione
ensi come Azo, évesque de Caserte, lo déclare en sa chro-
nica, laquelle il fist de evesque de Caserte et de Cala-
tine. » Cette chronique des évêques de Caserte et de
xliv
Caiazzo est perdue, mais nous savons qu'Âzo a été
évèquc de Caserte de 1290 à 1310 (i). C'est donc au
plus tôt dans les premières années du xiv* siècle que
notre traducteur a fait pour le comte de Militrée cette
série de traductions ; faute d'autres indications, il n'est
pas possible de donner une date plus précise.
Cette date de la traduction serait facile à fixer si nous
savions quel est ce comte de Militrée dont parle le
prohème et pour lequel travaillait le traducteur (2). Les
italicismes nombreux qui se trouvent dans le français de
la traduction de VHistoria Normannorum et la connais-
sance minutieuse de la géographie de l'Italie du sud
dont fait preuve, dans son travail, le traducteur d'Aimé,
permettent de conjecturer que ce comte de Militrée était
établi dans l'ancien royaume de Naples, mais on ne sait
oïl placer Militrée. Champollion-Figeac a prétendu que
dans Militrée on pouvait reconnaître la ville de Mileto
dans la Calabre ultérieure (3); mais il constate lui-même
(i) UniiELLii Itûliû Sacra, t. VI, p. 624 sqq., édition de 1659, Romie ;
Axo est aussi dit Acte, Aconus, Atto; sur les évéques de Caiizio, cf.
l\iiii.M.i, t. VI, p. 562; je ne sache pas que cette chronique d'Axzo ait été
publiée. A là p. 5 1 verso du manuscrit 688, le traduaeur fournit une antre
indication chronologique; il dit, en parlant de la ville de Bordeaux : « et en
celle cité nasqui lo pape Clément et en fu archeveschue avant qu'il fast
pape. » Il s'agit évidemment du pape Clément V, nommé auparavant Ber-
trand de (îoth, né, non pas à Bordeaux même, mais à Villandrand (Gironde),
successivement évoque de Comminges et archevêque de Bordeaux, au pape
J^ Pérouse, le 5 juin 130$, couronné k Lyon le 14 novembre de la même
année. I^ traducteur écrivait donc cette phrase après le 14 novembre 130$.
(2) Cf. supra, p. xxix sqq. de Y Introduction.
(5) ProUgomèrus, p. xcvm : « Qpant au lieu de Militrée, noos n'y pon-
vons reconnaître que la ville de Milcto dans la Calabre ultérieure. »
xlv
que le traducteur d'Aimé appelle cette ville Mélit soit
dans r Ystoire de li Normanty soit dans la traduction de
YAnonymi historia Sicula (i). Comment admettre alors
qu'il l'eût dans le prohème désigné sous le nom si diffé-
rent de Militrée ? Si ce nom désigne un seigneur et non
une ville ou une terre, on ne sait pas davantage à quelle
famille rattacher ce seigneur. Champollion-Figeac suppose
qu'il s'agit d'un fils de Charles H, roi de Naples, mort en
1309 en laissant dix enfants mâles (2), mais c'est là une
pure hypothèse qui n'a pour elle aucun texte, aucun
document. Il vaut bien mieux déclarer que sur ce point
les renseignements nous font défaut.
Les textes latins d'Isidore de Séville, d'Eutrope et de
Paul Diacre, mis en regard des traductions du manus-
crit 688, montrent que le traducteur ne visait pas à une
traduction littérale et qu'il ne serrait pas toujours le texte
de près; parfois il l'abrège, parfois il ajoute des remarques
pour rendre le passage plus intelligible, et ces remarques,
comme il a déjà été dit, ne sont pas toujours inutiles.
Les mêmes procédés de traduction ont été employés
pour ï Historia Normannorutn; après la découverte de la
traduction d'Aimé, il a été facile de constater que Léo de'
Marsi avait inséré plusieurs passages de V Historia Nor-
mannorum dans sa Chronicon Casinense (3) et ces passages,
comparés aux passages correspondants de la traduction^
permettent d'affirmer que le traducteur a agi à l'égard du
(i) ProUgomènes, ibid.
(2) ProUgomènes, p. c.
(3) Voyez plus loin, p. liij sqq. de V Introduction,
xlvj
texte d'Aimé comme à l'égard des textes d'Isidore, de
Séville, d'Eutrope et de Paul Diacre.
Plusieurs de ces remarques sont sans intérêt historique,
ainsi : !> i> « nous trouvons en cest premier Capitule de
l'estoire de 11 Normant que », etc. ; II, 3 1, « or dit ensi li
conte de ceste cronica », etc.; Il, 33, « et li Normant,
coment se mostre à lire en lo livre, estoient », etc. ;•
Vn, 34, « or veut li père nostre cestui moine qui ceste
Ystoire compila dire », etc. ; d'autres remarques, au con-
traire, ont leur importance, ainsi : II, 7, « et est à noter
que il sont .ij. Melfe, quar est Melfe et Amelfe : Melfe
est en la confine de Pouille et Amélie est vers Saleme et
Naple » (i); I, 22, « et s'encontrèrent li Normant contre
li Grec en un lieu qui se damoit Vaccarice (2), c'est en
Puille à Melfe, où maintenant sont gentil home qoi
se clament Vaccaire » ; I, 26, « où Troie (3) fb apcrt
l'antique fabrique et non pas là où elle est maintenant,
quar en plus vill lieu est ore ». Plus d'une fois, le
traducteur d'Aimé a eu la main malheureuse; ses
observations ont rendu la pensée d'Aimé plus obscure
au lieu de l'èclaircir, dans les deux passages sui-
vants, par exemple : II, 18, il s'agit de l'alliance entre les
Normands et le milanais Ardouin pour conquérir la
Pouille contre les Grecs ; le traducteur écrit : « Et quant
il oïrent ensi parler Arduyne, se consentirent à lui. Et
font sacrement de fidélité de chascune part de paiz. Se la
terre non avoit autre seignor que ou à cui face tribut se
(i) Il s*agit de Melfi et d*Amalfi.
(2) Vaccaricia.
(3) Troja.
xlvij
clame tributaire. Et en ceste règne se clame terre de
demainne et se a autre seignorie, se clame colonie, come
sont en cest règne la terre qui a autre seignorie. Et sanz
le roy estoit seignor Ârdujme, et en celle part se clament
colone ». Ces mots : « ceste règne » — « sans lo roy » mon-
trent bien que la remarque est du traducteur, elle n'a pu
être écrite que lorsque le royaume de Naples ou des deux
Siciles était constitué, c'est-à-dire longtemps après la
mort d'Aimé, mais le sens général de cette remarque est
bien peu intelligible. De même, 1. I, c. 9, Aimé ayant
raconté que le normand Ursel, venu à Constantinople,
fut envoyé par l'empereur (Michel) au secours de son
père, l'empereur (Romain Diogène), que Ursel et Romain
Diogène furent fait prisonniers et que le César (Jean)
empêcha qu'ils ne fussent délivrés, le traducteur ajoute :
« Autre chose est à entendre, que autre choze est Auguste
et autre cose Cesare ; Auguste et impereor est une cose
come est dit devant, mes Césaire est aucune cose manque
en cellui temps; .ij. empéreor ou Auguste et cestui qui
estoient sur la Turquie estoient patrie et un autre qui
estoient Césaire ; si que alors estoient .ij. empéreor et
•ij. Césaire veraiement. » Le traducteur se trompe et
ajoute à la confusion ; il n'y avait qu'un seul César, le
César Jean. Un peu plus loin, dans ce même passage, le
traducteur £iit à tort de l'impératrice femme de Romain-
Diogène, la femme du César Jean : « laquelle estoit
moillier de lo sage Césaire. » Ailleurs, le traducteur
d'Aimé confond l'empereur d'Orient avec l'empereur
d'Occident, il écrit : I, 25, au sujet d'Adénulfe^ abbé du
Mont-Cassin, lequel épouvanté à la nouvelle de l'arrivée
xlviîj
de l'empereur Henri II en Italie a voloit foyz en Costen-
tinople à lo empéreor loquel s'en vint en Ytalie, si comc
est dit. » Ce n'était pas l'empereur de Constantmople
qui était venu en Italie, mais bien Henri II, empereur du
saint empire romain.
Les huit livres de la traduction d'Aimé nous fourni-
raient plusieurs autres passages du traducteur qui sont
erronés ou qui trahissent de singulières distractions;
ainsi, I, 27, au lieu de « et un Normant qui se damoit
Argira... » il faut : « et un Lombart qui se clamoit
Argira... », de môme, m, 28, au lieu de « Raynolfe
comte d'Averse, » il faut : « Pandulfe comte de Teano. »
Il y a donc, dans la traduction d'Aimé, des erreurs et
des inadvertances, et je me suis efforcé de les rectifier
dans les notes accompagnant le texte, il y a aussi, même
quand il s'agit des noms propres, une orthographe assez
flottante, assez indécise, si bien qu'on a parfois quelque
peine à reconnaître et à identifier les mêmes noms
d'homme ou de ville, écrits en divers endroits de diverse
manière.
Apres avoir indiqué les côtés faibles du texte qui Ëdt
l'objet de cette publication, il serait, je crois, injuste de
ne pas rappeler qu'après tout, si nous avons encore la
substance du travail d'Aimé, c'est au traducteur du
comte de Militrée que nous le devons, et nous. Français,
nous lui devons en outre quelque reconnaissance pour
avoir, au xiv* siècle, propagé notre belle langue dans
l'Italie du Sud.
Une curieuse particularité caractérise cette langue du
traducteur d'Aimé.
xlix
Comme l'a écrit Champollion-Figeac, l'examen du
texte du traducteur d'Aimé montre qu'il abonde en
itaîicismes ; presque à chaque page on peut signaler non
pas seulement des mots exclusivement italiens d'origine
et de forme, étrangers à la langue française de toutes les
époques, mais encore des formes grammaticales qui n'ont
jamais été en usage dans notre langue (i).
Les mots suivants, par exemple, sont purement ita-
liens, leurs désinences même n'ont pas été modifiées
pour leur donner une physionomie française : Auolta,
écoutez; ape^ abeille; bestiame^ bestiaux; canicie, blan-
cheur des cheveux; castritnargie, gourmandise; deffette
(lo), négligence ; diacono, diacre ; forcCy peut-être, on
écrit aujourd'hui forse; féruCy blessure'; flacolle, flam-
beau; gratCy claie en osier; Judà^ un juif; tnancOy moins;
^n^e, moitié ; mercièrCy instrument de suplice ; noUy noix
^t noyer; pet y poitrine ; pignotie (pignatta), pot de terre ;
^llistrCy poulains et pouliches; salluiCy forêt; salmtSy
salaisons; solliCy tabouret; îidtie^ tous les jours; trébuCy
machine de guerre. Un proverbe italien, tiré des mœurs
supposées de l'aspic, est employé, I, 29, et ce proverbe
existe encore, résumé en ces mots : far corne PaspidOy
fhirt comme VaspiCy c'est-à-dire fermer les oreilles de
peur d'oûir.
Qpant aux formes grammaticales, les suivantes sont
italiennes et non françaises : tant.,., quant, pour tant....
que; dey pour par, de Eutrope compostCy par Eutrope com-
(i) ProUgomhus de Champollion-Figeac, p. xci; les détails qui suivent
sont, à quelques modifications près, empruntés à cette partie des ProUgo-
posée ; de dans le sens du de latin. Livre de li Lmgiéarty
livre sur les Lombards; que pour comme, parce que, le
citni des Latins ; que pour afin que ; si pour ainsi, aussi;
quant qu'il trovoity tant qu'il trouvait; puis que, pour
après que (i).
Comme nous l'avons déjà dit, ces italicismes nom-
breux et la connaissance minutieuse de la géographie de
l'Italie du sud, dont fait preuve dans son travail le
traducteur d'Aimé, permettent de conjecturer que la
traduction a été faite dans l'ancien -royaume de
Naples (2).
IV.
APPRÉCIATION d'aimé COMME HISTORIEN;
SES RAPPORTS
AVEC LES AUTRES HISTORIENS DES NORMANDS EN FTALIE.
L' Ystoire de li Normanf ne ressemble en aucune £içon
à ces annales monastiques du moyen âge, parfois si
laconiques que les événements les plus importants y sont
h peine mentionnés, et si incolores, si impersonnelles,
qu'elles se continuent pendant des siècles sans qu'on
puisse ensuite découvrir à quelle époque la plume du
chroniqueur a passé aux mains de son successeur. Aimé
(i) Prolégomènes, 1. c.
(2) La texte cité plus haut^ p. xlvij, et tiré d'Aimé, II, x 8, « et en
ccstc rcgiic se clame terre de domaine » et « sanz lo roy, etc. » montre que
le traducteur écrivait lorSi]uc Tltalie du sud était constituée eu royaume.
a fait au contraire œuvre d'historien dans tout le sens dn
mot ; il a un but, celui de raconter les hauts faits de deux
grands bienfaiteurs du Mont-Cassin, de Richard, prince
de Capoue, et de Robert Guiscard, duc de Fouille, de
Calabre et de Sicile (i), et ce but, il ne le perd pas de
vue à travers les huit livres de son travail.
Après avoir, dans une sorte d'introduction, qui n'est
pas la partie la moins importante de son récit, raconté
quelques-unes des expéditions des Normands de France
en Angleterre, en Espagne et en Orient, après avoir
exposé les humbles commencements de ces mêmes Nor-
mands dans l'Italie du sud, Aimé arrive, au second
livre, à parler de Richard, comte d'Aversa avant de
devenir prince de Capoue, et il annonce l'arrivée dans la
péninsule de Robert, fils d'un seigneur de basse Nor-
mandie.
Déjà, au troisième livre, Richard et Robert brillent au
premier rang dans la lutte contre les troupes du pape
Léon IX et, au quatrième, ils sont investis l'un et l'autre
du pouvoir suprême, Richard comme prince de Capoue
et maître de la Campanie, Robert comme duc de Fouille
et de Calabre? Les quatre derniers livres racontent les
exploits des deux héros, surtout ceux de Robert Guiscard,
les batailles de Sicile contre les Sarrasins, les fameux
sièges de Falerme, de Bari, de Salerne, etc., et la narra-
don s'arrête à la mort du prince de Capoue, survenue le
5 avril 1078. Est-ce la maladie, est-ce la mort qui a
empêché Aimé de comprendre, dans son récit, les sept
années suivantes, puisque Robert Guiscard n'est passé de
(i) Voyez b dédicace d'Aimé a Tabbé Didier pour lui offrir ion livre.
In
vie à trcpas que le 17 juillet 1085 ? Tépilogue do
VHP et dernier livre semblerait indiquer que le moine
du Mont-Cassin a volontairement déposé la plume (i);
quoi qu'il en soit, nous ne pouvons que regretter gran-
dement qu'il n'ait pas jusqu'au bout suivi le vaillant capi-
taine dans son expédition en Orient où il a battu Tem-
pereur Alexis et a été si près de ceindre la couronne
impériale, dans son intervention à Rome où il a délivré
Grégoire Vil après avoir fait fuir l'empereur Henri IV
qui, moins brave que son collègue de Constantinople,
n'a même pas osé se mesurer avec le redoutable Nor-
mand.
Tout en écrivant l'histoire de Richard de Capoueetdu
duc Robert, Aimé n'a pas omis de relater en détail les
faits qui, sans se rapporter immédiatement à son sujet,
expliquent et définissent la situation ; grâce à lui, nous
assistons vraiment à ce sinistre duel entre les Normands
d'un côté et de l'autre les Lombards, les Grecs et les
Sarrasins et nous voyons disparaître définitivement de la
scène politique ces Lombards qui, depuis tant d'années,-
dominaient les riantes contrées de Capoue, de Bénévent
et de Salerne. Même à travers une traduction, souvent
incorrecte et défectueuse, on peut encore apprécier les
qualités d'Aimé comme historien, la vie, le mouvement,
la passion même, toutes choses d'autant plus intéres-
santes à constater qu'elles sont plus rares dans les anna-
(i) Le dernier chapitre du VII I^ livre est une sorte de récapitolatioo de
Touvragc et il se termine par cette conclusion : « A ces .ij. Sdgnon
(Robert Guiscard et Richard) Dieu loquel est père et rémunérator de toat
bien, pour la mérite de saint Uénédit, lor en rende mérite en Tic éteme.
Amen. »
liij
listes du moyen âge. Ainsi le récit des péripéties du siège
de Salerne, qui remplit presque tout le VIII' livre et qui
montre le prince Gisulfe défendant contre Robert Guis-
card les derniers débris de son pouvoir, la dernière
forteresse de sa principauté, forme un épisode des plus
intéressants, des plus mouvementés ; le xi* siècle nous
a laissé peu de pages d'une telle allure, elles peuvent sou-
tenir la comparaison avec les plus beaux passages de
Lambert de Hersfeld sur la guerre de Saxe ou d'Adam de
Brème sur l'épiscopat de l'archevêque Adalbert.
Si, dans son ouvrage, Aimé n'a que des éloges pour
Richard de Capoue et pour le duc Robert Guiscard, s'il
les déclare les oints du Seigneur, s'il passe sous silence
ou s'abstient de blâmer leurs actions les plus condam-
nables, en revanche, il poursuit de ses récriminations les
plus ardentes deux princes lombards, Pandulfe IV, prince
de Capoue et Gisulfe, prince de Salerne. D'autres ren-
seignements que ceux qui nous sont fournis par Aimé
témoignent qu'ils ont été l'un et l'autre de détestables
tyrans, comme hélas ! beaucoup d'autres grands seigneurs
du XI* siècle, mais ont-ils vraiment commis toutes les
abominations que leur reproche Aimé ? Cette question
se pose surtout au sujet de Gisulfe qui a été pendant de
longues années en bons termes avec Grégoire Vil (i).
(i) Voyez par exemple VIII, 2 ; comment croire que pendant le carême,
Gisulfe se noufrit des pieds, des mains, etc., qu'il faisait arracher ou couper
4 ses prisonniers 1 jamais Grégoire VII n'aurait voulu d'un si abominable
anthropophage pour être légat du Saint-Siège en France, car il est bien
certain que Gbulfe a eu cette dignité après avoir perdu sa principauté de
Salerne.
II se pourrait que l'auteur de V Ystoire de li Normant^ qui
probablement était Salernitain, se soit laissé un peu en-
traîner par ses ressentiments en parlant de celui qui avait
terrifié Salerne par ses exactions et ses cruautés.
Nous avons dit que le traducteur d'Aimé n'avait pas
évité un certain nombre d'erreurs dans les commentaires
qu'il a ajoutés à sa traduction. Aimé en a aussi commis
plusieurs et il serait bien surprenant qu'il en fut autre-
ment. Ecrivant, comme nous le verrons bientôt, d'après
des traditions orales et sans s'inspirer d'aucun autre his-
torien des Normands en Italie, il ne lui était guère pos-
sible de contrôler toutes ces traditions et de vérifier par
lui-même ce qu'elles pouvaient avoir de légendaire ou
d'exagéré. Les données qu'il nous fournit doivent donc
être soumises à un examen critique, et la publication
des chroniqueurs et des documents de l'Italie du
sud au XI* siècle, faite par Muratori et depuis lui, rend
aujourd'hui ce contrôle moins ardu, nous avons
essayé ce travail dans les notes de la présente édition, et
il prouve, si nous ne nous faisons illusion, que générale-
ment et sur beaucoup de points, le moine du Mont-
Cassin était bien informé.
Depuis la publication de V Ystoire de li Normant en
1833, diverses opinions ont été émises sur le degré de
confiance qu'il faut accorder aux assertions d'Aimé;
ChampoUion-Figeac lui est entièrement favorable et dom
Tosti, plus tard Gicsebrccht oi>t, à peu prC;s, partagé ce
sentiment (i). Puis s'est produite une très vive réaction,
(i) Dans SCS ProUgotnèties, Ciiampollion-Figeac est des plus optimistes
au sujet de la valeur historique de V Ystoire dt li formant; dom Tosn :
Iv
non pas seulement contre les hypothèses de ChampoUion-
Figeac, daQS son Introduction, mais même contre la
valeur historique de V Ystoire de H Normant; dans VAr-
chiv fur altère deutsche Geschicktskundey Wilmans a dé-
montré que ChampoUion-Figeac s'est trompé en attri-
buant à Aimé VAnonymi hisioria Sicula (i), et, dans les
Forschungen :^ur deutschen Geschichtey Ferdinand Hirsch a
soumis à une critique très acerbe toute Y Ystoire de li
Narmanty ainsi que les opinions de son premier édi-
teur (2). Très au courant de la littérature de l'Italie du
sud au XI* siècle, Hirsch n'a pas eu de peine à réfuter
plusieurs des thèses soutenues par Champollion-Figeac,
mais il a dépassé la mesure dans son examen critique du
récit d'Aimé ; son vif désir de trouver quand même en
faute l'auteur de l' Ystoire de li Normant se trahit presque
à chaque page, et cette disposition d'esprit, toujours
dangereuse quand il s'agit d'apprécier les œuvres d'au-
trui, ne lui a pas permis d'éviter quelques exagérations
et quelques erreurs dont l'aurait préservé un peu plus
d'impartialité.
Dans le 29* volume des Forschungen ^^ur deutschen
Geschichte, G. Baist a mis en relief ce qu'il y avait
de défectueux dans l'argumentation de son compa-
triote (3) et a donné une appréciation plus équitable
Storia del la Badia di Monte-Cassino, t. I, p. 354 ; Giesebrecht : GtscbicbU
dn deutschen Kaiserieit, t. II, p. S70, t. III, p. 1033, 3» édit
(i) ht Amaius von Montecassino der Verfasser der Cbronica Rohtrti Biscardi?
Archiu. t. X, p. 122-130.
(2) T. Vm, p. 203-325.
(3) Void le jugement de Baist sur la critique d'Aimé par F. Hirsch :
i" Hirsch hat vôllig klarc Stellen unrichtig ausgelegt, da wo der Sinn in
Ivj
de l'ouvrage d'Aimé ; qu'il y ait des erreurs dans Y Ystoire
de H Nonnanty dirons-nous à noire tour, nul ne songe à
le nier, mais il n'en est pas moins incontestable que cette
histoire éclaire d'une vive lumière les grands événements
dont l'Italie du sud a été le théâtre au xi* siècle et qu'elle
nous a conservé le souvenir de bien des faits qui, sans
elle, seraient restés inconnus.
Il reste, pour terminer cette introduction, à voir quels
sont les rapports de l'ouvrage d'Aimé avec les autres
sources de l'histoire des Normands en Italie. Champol-
lion-Figeac n'hésite pas à écrire dans ses Prolégomènes^
en parlant d'Aimé : « Les historiens spéciaux des Nor-
mands en Italie ont dû profiter de son ouvrage. La nar-
ration métrique de Guillaume de la Fouille, l'histoire de
Geofiroy Malaterra, venus après lui, ne racontent en
effet ces longues guerres d'Italie que d'après lui. Amat
fut sans doute le premier qui écrivit sur ces grands évé-
nements, puisqu'il retraçait ce qu'il avait vu se passer
sous ses yeux; Guillaume et Malaterra ne pouvaient que
lier Uebcrsctzung vcrdunkclt ist, ci ne dcm Autor ungûnstige Dentang
bevorzugt, und mchrfach deutlichc Fchler des Uebcrsetzers oder Copisten
dem Originale zur Last gclegt. 2** Er hat die Winke und Ergânzungeii,
wckhe aus deu Capitelvcrzeichnissen fiir die mangclhafte Ueberlicferang
zu gevinncn sind, vcrnachlassigt. ;** Hr hat cinige Malc die synchroni-
tische DarstcUungswcise als cine chronitische behandeit 4** Er hat wicder-
holt, wo sich cinc andcrc Quelle mit Amatus mehr crgànzt als deckt, dorch
cine (alsche Betonnung eincn Kiinstlichen Gegcnsatz crzcugt. 5* Wo
wirklich ein Gcgensatz vorhanden ist, ist er gcneigt einnul dicscn zu
ûbertreiben, dann den widersprechenden Quellcn zu viel vertrauen zu
schenken. 6" Er bemist die Tragweite dur wirklich vorhandencn Irrthûmer
unrichtig. Kurz, er geht durchweg von cincr vorgefassten ungûstigcn Mci-
nung aus. » Forscbungen ^«r d. GcscbUbte, t. XXIV, p. 275 sq.. Baist n*ezi-
gère rien en parlant ainsi.
Ivij
«
le prendre pour guide dans la narration des mêmes faits
qu'ils exposaient toutefois à leur manière, l'un en prose
et l'autre en vers; enfin il ne devait pas leur répugner
de suivre pas à pas Amat, leur prédécesseur, puisqu'ils
écrivaient pour un motif et sur un sujet spécial bien diffé-
rents de ceux d'Amat (i). »
Voyons la valeur de cette assertion d'abord pour ce
qui concerne Geoffroy Malaterra.
Champollion-Figeac était, comme nous l'avons vu,
persuadé que YAnanymi historia Sicula^ publiée par lui
sous le titre de Chronique de Robert Viscart et de ses frères ^
avait Aimé pour auteur (2), et nous savons au contraire
que c'est un simple abrégé de V Historia Sicula du moine
bénédictin Geoffroy Malaterra ; il faut donc faire abstrac-
tion de YAnanymi historia Sicula quand on examine les
rapports pouvant exister entre Aimé et Malaterra; cette
première donnée, tout à fait erronée, a logiquement amené
Champollion-Figeac à soutenir que, dans son Historia
Sicula^ G. Malaterra s'était inspiré d'Aimé, et il suffit de
comparer ce dernier ouvrage avec l' Ystoire de H Normant
pour s'assurer qu'une telle affirmation ne peut être
admise.
Malaterra n'a pas rédigé son ouvrage d'après d'autres
documents écrits, il dit lui-même qu'il a simplement
rapporté les renseignements qui lui ont été donnés de
vive voix ; voici une phrase de sa lettre à l'évêque de
Catane pour lui dédier son livre : « Sciendum tamen
vobis est... si seriatim, minus ordinate, sccundum tem-
(i) Prolégomènes y p. lxvi sq.
(2) C£ supra : Introduction , p. xxxix.
Iviij
pora quibus facta sunt, qu£ adnotantur vel certe aliqua
oblivione prxtergressa repentis, non haec tam mihi
quam relatoribus culpando ascribantur (i) ».
Le but de Malaterra est bien différent de celui d*Aimé;
dans cette même lettre à Tévêque de Catane, Malaterra
déclare qu'il écrit pour se conformer aux ordres du
comte Roger (frère de Robert Guiscard et mort en i loi),
(( mihi ut ad hujus operis laborem dictandum accingar,
injunxit (2) », et que son intention est de raconter les
triomphes de ce comte Roger, comment il a conquis b
Calabre et la Sicile. Aimé, au contraire, cherche surtout
à glorifier Richard de Capouc et le duc Robert Guiscard;
leur objectif n'est donc pas le même, aussi Aimé ne parle
de Roger que par accident et ne cherche en aucune façon
à rehausser sa gloire. Pour arriver à célébrer les exploits
du comte Roger, Malaterra est cependant obligé de rap-
porter les faits principaux des premières conquêtes des
Normands dans l'Italie du sud, la campagne en Sicile
avec Maniacès, l'invasion de la Pouille avec Ardouin,
Guillaume bras-de-fer et Drogo, la guerre avec Léon IX,
les commencements de Robert Guiscard et son avène-
ment au souverain pouvoir, et comme tous ces événe-
ments ont été également racontés par Aimé, on voit que
les deux bénédictins se sont, plus d'une fois, rencontrés
sur le même terrain, mais, même alors, aucun des deux
n'a profité du travail de l'autre. Ce sont bien les mêmes
événements, mais la manière de les envisager n'est pas
(i) G. Malaterrae, Historica sicula dans Migne, Pair, lat., t. 149,
col. 1099.
(2) G. Malaterrae, Historica ùcula dans Migne, t. 149, col. iioo.
lix
la même, les détails varient, les anecdotes sont diflfé-
rentes, et si l'un des deux annalistes se trompe, son
erreur n'est en aucune façon reproduite par l'autre.
L'étude comparée de l^Historia Sicula et de l' Ystoirt de li
Narfnant permet donc de déclarer que les deux bénédic-
tins sont complètement indépendants l'un de l'autre et
qu'ils ont, chacun de leur côté, et très probablement sans
se connaître, écrit d'après des traditions orales.
On arrive à une conclusion identique quand on com-
pare l'œuvre d'Aimé avec le poème historique de Guil-
laume de Fouille; Wilmans a cru devoir, sur ce point,
se ranger en partie à l'opinion de ChampoUion-
Figeac (i), mais il me semble que F. Hirsch est bien
plus dans le vrai en soutenant que Guillaume de Fouille
ne s'est, en aucune façon, inspiré d'Aimé.
C'est surtout dans le El* livre d'Aimé que Wilmans
croit trouver des passages reproduits ensuite par Guil-
laume de Fouille ; il cite, par exemple^ cette énumération
des Italiens qui vinrent se joindre à Léon IX pour com-
battre les Normands « et assemblèrent de Gaiète, de Val-
bine et de la Marche, i sont ajoint home de Marsi et de
autre contés (2) » et la met en regard de ces vers du
poète :
...... Gens innumenbilis illi
Appula, Balbensis, Campanica, Mirsa, Thelensis
Venerat auxilio (3).
(1) Arcbiv fur àltcre dcutscbe Gescbichtshunde, t. X, p. 117. F. Hirsch a,
avec beaucoup de clarté, établi cette comparaison entre VYstoire de li Normant
et le poème de Guillaume de Fouille, aussi ai-je reproduit une grande
partie de son alimentation.
(a) Aufé, III, 24.
()) GunxERMi Apuuensis, Gesta Roberti IViscardi, II, v. 149 sqq.
/"
k
Mais, comme Ta déjà remarqué Hirscb, Aimé et
Guillaume de Fouille ne parlent pas de la même expédi-
tion; Aimé a en vue celle que Léon IX essaya d'orga-
niser en 1052 et qui ne put entrer en campagne, parce
que Guaimar, prince de Saleme, refusa d'en faire partie;
Guillaume de Fouille raconte au contraire Texpédition de
1053 V^^ s^ termina par la bataille de Civiute (i).
Dans son récit de la campagne de 1053, Aimé rap-
porte que les Normands y souffrirent de la faim, il
écrit : « La nécessité de la famé moleste li Normant, et
par lo exemple de li apostole prenoient li espic de le
grain et fi'otoient o la main et ensi menjoieot lo
grain (2) ». Guillaume de Fouille a recueilli la même
tradition.
Tempus erat jam triticeis confine metendis
Frngibus; at virides nondum légère maniplos
Agricohe quos Frandgenc qnia pane carebant,
Igni torrcbant et vescebantar adustis (3).
n y a cependant, sur ce point, une différence entre le
chroniqueur et le poète; d'après Aimé, les Normands
mangeaient le grain sansLle présenter au feu, et c'est au
contraire ce qu'ils faisaient d'après Guillaume de Fouille,
Il est certain qu'avant la bataille de Civitate, des pour-
parlers eurent lieu entre les Normands et le pape
Léon IX (4) ; Aimé et Guillaume de Fouille ont Fun et
(i) F. HrRSCH, /. f. p. 223.
(2) Aimé, III, 40.
(3) Gesta Robert i Viscardi, II, v. 115 sqq.
(4) Sins compter Guillaume de Fouille et Aimé, l'anonyme de Béné-
vcut (Watterich, Pont if. roman, vita^ t. I, p. me) et Hikmann de Rii-
ciiENAU (cbfonicon ad an. 105 3) parlent aussi de ces négociatioiis.
kj
l'autre parlé de ces négociations, mais il y a dans chacun
de leurs récits des particularités qui ne sont pas repro-
duites dans l'autre; il n'est donc guère admissible de
supposer que Guillaume de Fouille ait emprunté à Aimé
ce qu'il rapporte sur ces^ négociations. Ainsi, d'après
Aimé, les Normands, pour légitimer aux yeux du pape
leurs conquêtes dans l'Italie du sud, rappelèrent l'inves-
titure qui leur avait été accordée par l'empereur, et mon-
trèrent le gonfanon qu'il leur avait donné (i). Guillaume
de Fouille ne dit rien de cet incident; de même il se
borne à déclarer que les grands seigneurs teutons qui
entouraient Léon IX firent échouer les négociations avec
les Normands, tandis que, d'après Aimé, la responsabi-
lité de cette rupture retombe surtout sur Frédéric de Lor-
raine, alors chancelier de l'église romaine (2).
Quant au siège et à la prise de Salerne en 1076 par
Robert Guiscard contre le prince Gisulfe, nous les con-
naissons en détail, grâce à Aimé qui leur consacre une
grande partie de son Vm*^ livre, et Guillaume de Fouille
les raconte également dans une cinquantaine de vers (3);
l'événement méritait du reste de fixer les regards du
chroniqueur et du poète, car c'était la dernière scène et
le dénouement de ce long drame de la lutte entre les
(i) « Et H Kormant puiz qa*il vindrent mandèrent message à lo pape et
cerchoient paiz et concorde, et prometoient chascan an de donner incense
et tribut a la sainte eclize, et celles terres qu'il ont veincues par armes vo-
loient re (ce) voir les par la main de lo vicaire de l'eglize. Et mostrèrent
lo confanon cornent il furent revestut de la terre par la main de lo impe-
reor, et coment lor estoit confermée. a AmÈ, îll, 39.
(2) Aimé, m, 59, Guillelmus Apulçs, II, v. 80 sqq.
(3) Gesta Raherti Wiscardi, 1. III, v. 412-465.
Ixij
Normands et les Lombards. Il y a évidemment entre ces
deux relations quelques analogies, des points de ressem-
blance, puisque Aimé et Guillaume de Fouille racontent
' les mêmes scènes ; mais ici encore il y a, dans le détail,
dans les menus faits présentés de part et d'autre, assez de
diversité pour établir que Guillaume de Fouille n*a pas
été, dans sa description, Técho d'Aimé du Mont-Cassin.
D'après Guillaume de Fouille, les habitants d'Amalfi
étant persécutés par Gisulfe de Saleme, invoquèrent le
secours de Robert Guiscard auquel ils payaient tous les
ans un tribut (i), de là le siège de Saleme par le duc
normand et finalement la défaite et la ruine complète de
Gisulfe. Aimé ne parle pas de ce tribut et se contente de
dire que, pour éviter les exactions de Gisulfe, les Amalfi-
tains se donnèrent à Robert Guiscard et que ce fut là
l'origine de la guerre entre Robert Guiscard et Gisulfe (2).
1 D'après Aimé, une famine épouvantable commença ses
ravages dans Saleme deux mois après l'ouverture du
siège de cette ville par Robert Guiscard; d'après Guil-
laume de Fouille, ce fut après le quatrième mois seule-
? ment que la famine se fit sentir (3). La curieuse anec-
(i) Intcrca ducis cgregii populosa fréquenter
Poscit Amaliis opcm, cui vcctigalia dudam
Annaa dctulcrat, nimis impugnante Gisulfo.
L. ni, V. 412 sqq.
(2) « Cil de Amalic se rctorncrent a lo adjutoire de lo vallantissime dnc
Robert a loquel donnèrent puissance de venir a U cité de faire une roche. »
Aimé, VHI, 8.
(3) Qjjartus crat mensis compictus ab obsidione,
Tanta ùmcs misera; cives invaserat urbis
Ut canibus vcl eqnis vcl muribus aut asinomm
Turba cadaveribus vix vivcre posset edendp.
ni, v. 427 sqq. Cf. Aimé, VHl, 15, 18.
Ixiij
dote du chien qui, pendant le siège, nourrit son maître,
est rapportée par le poète et par l'histopen, mais au dire
d'Aimé, le maître du cjiien était un prêtre, tandis que
d'après Guillaume de Fouillé c'était un laïque, et le poète
ne dit^as, comme le rapporte Aimé, que finalement Gi-
sulfe fit massacrer le chien et mourir le prêtre (i). La ^/
façon dont Robert Guiscard fut blessé dans la dernière
période du siège n'est pas non plus rapportée d'une ma-
nière identique par les deux auteurs (2); enfin, tandis ^ >
que Guillaume de Fouille se borne à déclarer que Gré-
goire Vn fit à Gisulfe vaincu et dépouillé de ses états
une réception bienveillante et qu'il lui confia le gouver-
nement de la Gampanie (3), Aimé allant beaucoup plus
loin, écrit que le pape « lo fist prince de toutes les chozes
dell'Eglize, et lui comist tout son secret et tôt son çonseill
et disponist les toutes de l'Eglize les choses a soe libéra-
lité et volenté (4). »
§
Les quatre passages de Guillaume de Fouille dont il
vient d'être question, étant, au rapport de Wilmans lui-
même, ceux qui se rapprochent le plus d'Aimé, il est
inutile de pousser plus loin cette comparaison ; les expli-
cations déjà fournies permettent d'affirmer que Guillaume
de Fouille est tout à fait indépendant d'Aimé, et qu'il
n'a pas reproduit les données de l' Ystoire de H Normant.
(i) Voyez Tanecdote du chien dans AiMé, Vm, 19, et dans Guillaume
DE Fouille, III, v. 431 sqq.
(2) Aimé, VIII, 23, sab fine; Gucllauice de Fouille, III, v. 450 sqq.
(3) vcnicntem papa bénigne
Suscipit et régie Gimpanica traditur illL
III, V. 463 sq.
(4) AiMfe, VIII, 30.
Uiv
Quant aux rapports entre l'ouvrage d'Aimé et la Chro-
nicon Casinense, composée par ses deux confrères du
Mont-Cassin, Lco de' Marsi et Pierre Diacre, il ne saurait
y avoir de doute, la Chronicon Casinense a fait de larges
emprunts à VHistoria Normannorum.
Par une rare bonne fortune, nous avons encore le ma-
nuscrit autographe de Léo de' Marsi pour la composition
de la Chronicon Casinense; ce manuscrit actuellement à la
bibliothèque royale de Munich et classé sous le n*^ 123
(inter Benedicioburanos) , provient de l'ancienne abbaye de
Bénédictbeuren (i). Wattenbach suppose qu'il a été
apporté du Mont-Cassin à Bénédictbeuren vers 11 37 par
Engelscalc, abbé de Bénédictbeuren (2) ; quoi qu'il
en soit de cette hypothèse, ce manuscrit montre que Léo
de' Marsi avait d'abord écrit une première rédaction de la
Chronicon Casinense jusqu'en 1057, c'est-à-dire jusqu'à
l'élection de Frédéric de Lorraine comme abbé du Mont-
Cassin, et qu'il a ensuite modifié ce texte, soit par des
ratures, soit par de très nombreuses additions. L'examen
du manuscrit fait voir en outre que, dans sa première
rédaction, Lco de' Marsi n'avait fait aucun emprunt à
VHistoria Nonnannorum d'Aimé (3), ces emprunts n'ont
été faits que plus tard dans les additions; cette abstention
étonne d'autant plus que Léo de' Marsi a commencé à
(i) W. Wattenbach, Préliminaires de Vèdition df la Cbnmico» Casinense,
MG. SS., t. VII, p. 55^ sqq.
(2) Wattenbacu. /. c, p. S S 6.
(3) Wattknbacii écrit, /. r., p. 560, en parbnt de Lco de* Marsi : « No-
vjm dcindc elaboraturus cditioncm, insigne nactus est adjumentum, Amati
dico liistoriam Normanonim, cujus auxilio que de ils jam scripsent
gnovit. »
Ixv
rédiger sa chronique après 1098, à une époque par con-
séquent où Aimé avait depuis longtemps mis la dernière
main à son Historia Normannorum. Nous savons en outre
que Léo de' Marsi était bibliothécaire et archiviste du
Mont-Cassin en 1098 (i) ; comment supposer dès lors
qu'il n'eut pas à sa disposition l'original ou une copie du
travail d'Aimé ? C'est cependant cette supposition qui,
après réflexion, me parait la plus plausible; si, plus
tard, Léo de' Marsi a jugé utile de mettre à contribution
pour sa Chronique VHistoria Normannorum^ s'il Fa feit
dans une large mesure, allant parfois jusqu'à raturer ce
qu'il avait écrit pour insérer à la place les données de son
confrère, c'est qu'alors seulement il a pu l'apprécier^ et
qu'auparavant, pour des raisons que nous ne connaissons
pas, Touvrage n'était pas à sa portée. Nous avons tou-
jours quelque peine à nous représenter les viccissitudes
que pouvait avoir à traverser, avant l'invention de l'im-
primerie, un livre qui d'ordinaire, à moins qu'il ne s'agit
d'un ouvrage célèbre ou d'un traité classique, n'avait que
un ou deux exemplaires; ce fait assez singulier d'avoir
retrouvé dans les manuscrits d'une abbaye de Bavière
l'original et le véritable texte de la Chronicon Casinmse
composée au Mont-Cassin et pour le Mont-Cassin ; cet
autre fait de la perte définitive de l'original et du texte
latin d'Aimé, montrent bien que les archives de la cé-
lèbre abbaye n'ont pas toujours fidèlement gardé les
trésors qui leur avaient été confiés. De ce que dans la
première rédaction de son travail, Léo de' Marsi n'a pas
(i) Pétri Diaconi, De viris iJlusiribus Casintnsibus, c. XXX, dans
MuRATORi, R. L SB., t. VI, col. 45.
S
hvj
mis à profit VHistoria Normannorum, on ne saurait en
conclure, comme le fait Hirsch, toujours malveillant et
mal disposé (i), que l'auteur de la Chroniam Casinense
ait eu pendant longtemps fort peu de confiance en la
véracité d'Aimé, et que ce sentiment n'ait même jamais
complètement disparu.
Voici le relevé des emprunts faits à Aimé par Léo de'
Marsi et par Pierre Diacre qui a continué la Chroniam
Casinense :
I** Chranican Casinense^ H, 37; le commencement du
chapitre est un extrait de VHistoria Normannorum^ I, 18,
19, 20. C'est la tradition salemitaine sur l'arrivée des
Normands en Italie; la délivrance de Saleme par qua-
rante pèlerins normands, le retour de ces Normands en
Normandie et la première émigration de Normands dans
ritalic du sud, à la suite de troubles survenus en Nor-
mandie. Il se peut que, dans ce môme chapitre, laCbroHi-
con Casinense ait emprunté à Aimé quelques détails sur la
guerre des Normands, commandés par Mélès, contre les
Grecs de la Fouille, mais la traduction de VHistoria Nor-
mannorum, assez défectueuse en cet endroit, rend ces
emprunts difiiciles à constater ;
i'* Clyron. Casin.y II, 41 ; depuis ces mots : a Stepbano
autem, Melo », etc., jusqu'à la fin du chapitre, Aimé,
I, 29. — Léo de' Marsi y résume ce que VHistoria Nor^
mannorum rapporte sur l'établissement des Normands
au château de Gallinare, dans le pays de Comino ;
3® Chron. Casin.y H, 43; la dernière phrase du cha-
pitre; Aimé, II, 28, fin du chapitre. L'empereur Henri II
(l) i'. illRSCIl, /. r., p. 23) Si}.
Ixvij
guéri au Mont-Cassin par Tintercession de S. Benoît,
promet de quitter plus tard la couronne, si les circons-
tances le lui permettent, et de venir <!omme religieux
vivre et mourir au Mont-Cassin ;
4® Chran. Casin., H, 58 ; première phrase du chapitre;
Aimé, I, 33. Pandulfe, prince de Capoue, prisonnier en
ôermanie, est délivré et rentre en Italie, grâce à l'inter-
vention de Guaimar, prince de Salerne. Dans ce même
chapitre, Léo de' Marsi a pris dans Aimé, II, 40, ce qui a
trait à la fondation d'Aversa par le Normand Rainulfe,
le premier établissement définitif des Normands enitalie ;
5* Chran. Casin.y H, 58; Aimé, H, 13. Après avoir
tjrrannisé l'abbaye du Mont-Cassin en exécutant les
ordres de Pandulfe, prince de Capoue, Todinus, entraîné
dans la ruine de son maître, est réduit à être pour le
compte du couvent, « cernatorde ferine » ;
6^ Chran. Casin.y H, 63 ; diverses données de ce cha-
pitre sont extraites d'Aimé; l'empereur Conrad, à la de-
mande de Guaimar, investit Rainulfe du comté d'Aversa;
il réintègre l'archevêque Adénulfe sur le siège de Capoue ;
Aimé, n, 6; — Guaimar s'empare de Sorrente avec
l'aide des Normands, et donne ce duché à son frère Gui;
il soumet à son pouvoir la ville d'Amalfi ; Aimé, H, 7 ;
— Pandulfe va à Constantinople implorer le secours de
l'empereur, il y est retenu en prison jusqu'à la mort de
celui-ci ;
7*» Chran. Casin., H, 66 ; presque tout ce chapitre est
extrait d'Aimé, H, 8, 9, 10, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 29, 30, passim. Dans sa
première rédaction, Léo de' Marsi s'était borné à écrire
hcvii)
qu'en 1041, quatre che& nonnands itaUb à Avena,
c'est-à-dire Goilbome et Drogo, fik de Tancrède,
Gauthier et Pétrone, fils d'Amiens, ayant quitté Aversa
sous la condoite d'Adénnlie (c'était une erreur), fils du
prince de Bénévent, étaient venus en PùuiUe à Melfi et
avaient Eût, en union avec les Lombards^ la guerre aux
Grecs. Laissant ensuite ce canevas si incomplet, Léo de'
Marsi raconte, d'après Aimé, l'expédititti des Normands
en Sicile, sous les ordres de Maniacès,.le mauvais traite-
ment infligé par les Grecs au lombard Ardouin et la
vengeance ourdie par ce dernier, qui, après s'être Eût
nommer par les Grecs gouverneur d'une partie de la
Fouille, vient chercher les Normands à Aversa poor
s'emparer du pays. Le chroniqueur donne ensuite le
récit de la guerre entre les Normands et les Grecs, la
nomination d'Adénulfe comme chef des Normands, la
conquête et le partage de la Fouille, enfin la nomination
de Guillaume bras-de-fer comme comte de la Fouille et
chef des Normands établis dans ce pays. — A la fin de ce
même chapitre, Léo de' Marsi sacrifie encore sa première
rédaction pour donner d'après Aimé, II, 32 sqq., la série
des comtes d' Aversa ; dans cette première rédactic», il
avait placé entre Rainulfe Trinclinocte et Richard, le
comte Guillaume Bellabocca comme comte d' Aversa, et
un document publié par di Meo prouve qu'il avait raison,
Aimé au contraire le passe sous silence dans sa série;
8** Chran. Casin., H, 79; Léo de' Marsi dit, d*après
Aimé, ni, 14, que le pape Clément est mort ultra
montes; c'est une erreur, il est mort au monastère de
S. Thomas, dans le comté de Pesaro ;
hit
9* Chron. Casin,^ II, 82; tout ce chapitre provient
d'Aimé, III, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34; c'est le
récit de la mort de Guaimar, prince de Saleme, tué par
des Amalfitains, des Salemitains et par quelques-uns de
ses parents. Gisulfe son fils lui succède, grâce à l'appui
de son oncle Guido et des Normands ;
10^ Chron. Casin., Il, 84; il s'agit de la bataille de
Gvitate entre les Normands et les troupes du pape
Léon IX; Léo de' Marsi a appris d'Aimé, m, 40, Tordre
de bataille des Normands, les noms des che& qui les
commandaient» ainsi que les noms des deux che& de
Tannée pontificale, Raynolfe et Raynier, Rodulfiis et
(kianerius Suevus dans Léo de' Marsi ;
11° Cbrau. Casin^ m, 15; dans ce chapitre, Léo de'
Marsi reprend l'histoire des Normands au point où il
Tavait hissée. II, 66, et la raconte d'après Aimé, IQ, 7,
10, II ; IV, 3, 4, s, 6, 7, 18, 23 ; V, 7, 18, 20, 23, 24,
2$. 26, 27; VI, 13, 14, is, i6, 17, 18, 19, 20, 21, 22.
n résume YHistoria Normannorum sur la jeunesse de
Robert Guiscard à San-Marco, son aventure avec Pierre
de Bis^>Bano, son mariage avec Alvérada, son élévation
aa scMiverain pouvoir après la mort d'Umfi'oy, ses guerres,
son second mariage avec Sikelgaïta, les campagnes de
Skile, la prise de Bari, de Palerme, de Mazara, enfin le
partage de la Sicile enûre Robert Guiscard et son frère
Rogef . Passant ensuite aux Normands d'Aversa, Léo de'
Maisi parle d'après Aimé, IV, 8, 13, 26, 28, 30, 31, de
la prise de Capoue et de Teano par Richard, et des visites
et des libéralités de ce prince au Mont-Cassin; il ajoute
SOT ce dernier point quelques détails à ceux qui sont
fournis par Aimé ;
-rzz-:' Ziic
. ^:.--r: : -.—•:. '« ;. Henri I\',
--: -TT"., ;i- PichjirJ, prince de
• ■ .-.-.:: -l'/.r 7 -rtre nommé patrice,
.--•• :::pf::::::on du roi n'eut cepen-
— ■: ;.: ic-iaccord entre Henri IV et
- ;. :*::.'..trj(Jc dc Rainald^ abbc du Mont-
' r .^.iiT':, du Tillustrc fannllo des wvn:tesde
..^:îi': .111 Monl-Cassin, acccrr-i Je cor.:-
", .^ .rtf.jn fMunrMscc[uc I.tv Je' NLir?: r-ii: z::T.tc
..i.. ijniirMi dc\s i;randc>cocc?:r',s:zcr::i ."ÎLiiîïi-
.'. '..x..r.. |i,ir l'ahlv Didier. c\*sr-:-c:rj ,::5c^:ti:î --r^
.',':2; l.i rédac'tioîi ce T'cr^v T'ultm :-in:ni:ncj ;:
; : .:,.ijiiiri- (lu 111'" Iiv*\ ••:, -•J'iiitttu -jlJw iu :<:n tt.-
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«Iiiiil»- *|iu* l vV Je ^i..:^; •.:. •■ :" . • .'^«- -t . 'T.:*--
... r— »•'
Ixxj
la reddition de Salerne, tandis qu'elle a eu lieu, comme
le dit Aimé, pendant le siège de cette ville. \
Cette longue série des emprunts de la Chronicon Casi-
nense à VHistoria Normannorum témoigne de l'impor-
tance d'Aimé comme historien des Normands en Italie ;
abstraction faite de son livre et de ce que lui doit la Chro-
nicon CasinensCy il ne resterait pour connaître l'histoire
des Normands d'Italie, depuis leurs premières apparitions
dans ce pays jusqu'à la mort de Richard de Capoue en
1078, que les indications laconiques et purement chro-
logiques de la Chronicon brève Normannicum, de Lupus,
des Annales Barenses et des petites Annales Cassinenses et
les traditions presque toujours altérées et défigurées de
chroniqueurs qui, comme Raoul Glaber, Orderic Vital,
Adémar de Chabanais, Guillaume de Jumièges, n'ont pas
vécu en Italie et n'ont écrit que d'après des' ouï-dire.
Quant à Guillaume de Fouille, nous l'avons déjà dit, il
n'a composé son poème que pour la glorification du duc
Roger, fils de Robert Guiscard ; son but n'est nullement
de raconter les commencements de la conquête, il ne le
fait que d'une manière incomplète et comme introduction
à son sujet ; de même, G. Malaterra vise surtout à re-
hausser la gloire de Roger, le grand comte de Sicile, le
dernier des fils de Tancrède, venu en Italie lorsque les
Normands avaient, depuis plusieurs années déjà, établi les
bases de leur puissance ; à Aimé revient donc l'honneur
d'être le véritable et le plus important historien des
soixante premières années de l'histoire des Normands en
Italie; sans lui, cette histoire serait restée obscure,
incomplète, et à peu près énigmatique par bien des côtés.
y
Ixx
12® Chron. Casin.y El, 23; le commencement de ce
chapitre provient également d'Aimé, VI, 9; Henri IV,
roi de Germanie, ayant appris que Richard, prince de
Capoue, marchait sur Rome pour y être nommé patrice,
veut aller le combattre, l'expédition du roi n'eut cepen-
dant pas lieu, à cause du désaccord entre Henri FV et
Gottfried, duc de Toscane.
Vers 1140, à la demande de Rainald^ abbé du Mont-
Cassin, Pierre Diacre, de l'illustre famille des comtes de
Tusculum, et moine au Mont-Cassin, accepta de cond*
nuer la Chronicon Casinense que Léo de' Marsi avait menée
jusqu'à l'inauguration des grandes constructions faites au
Mont-Cassin par l'abbé Didier, c'est-à-dire jusques vers
1071, 1072; la rédaction de Pierre Diacre commence au
34« chapitre du III* livre, et, comme celle de son pré-
décesseur, elle contient des emprunts faits à VHistoria
Narmannorum d'Aimé ;
13° Chron. Casin., lU, 45 ; Pierre Diacre trouvant sans
doute que Léo de' Marsi avait trop abrégé les données
empruntées à Aimé sur la conquête de la Sicile par les
Normands, reproduit, dans ce chapitre, les principaux
événements de cette conquête, et il le fait en suivant
Aimé, V, 8, 10, 18, 20, 23, 25, 27. Il revient également
sur les sièges de Bari et de Palerme, Aimé, VI, 14-19;
Vin, II, 12, 13, 14, 17, 23. n résume ensuite, ce que
Léo de' Marsi n'avait pas fait, les détails si curieux fournis
par Aimé sur le siège et la prise de Saleme par Robert
Guiscard, et il mentionne également l'expédition du duc
Robert et de Richard, prince de Capoue, contre la Cam-
panie — Aimé, VIII, 31, 32 — mais la place à tort après
Ixxj
la reddition de Saleme, tandis qu'elle a eu lieu, comme
le dit Aimé, pendant le siège de cette ville. \
Cette longue série des emprunts de la Chronicon Casi-
nense à VHistoria Normannorum témoigne de l'impor-
tance d'Aimé comme historien des Normands en Italie ;
abstraction faite de son livre et de ce que lui doit la Chro-
nicon Casinensây il ne resterait pour connaître l'histoire
des Normands d'Italie, depuis leurs premières apparitions
dans ce pays jusqu'à la mort de Richard de Capoue en
1078, que les indications laconiques et purement chro-
logîques de la Chronicon brève Normannicum, de Lupus,
des Annales Barenses et des petites Annales Cassinenses et
les traditions presque toujours altérées et défigurées de
chroniqueurs qui, comme Raoul Glaber, Orderic Vital,
Adémar de Chabanais, Guillaume de Jumièges, n'ont pas
vécu en Italie et n'ont écrit que d'après des' ouï-dire.
Quant à Guillaume de Fouille, nous l'avons déjà dit, il
n'a composé son poème que pour la glorification du duc
Roger, fils de Robert Guiscard ; son but n'est nullement
de raconter les commencements de la conquête, il ne le
&it que d'une manière incomplète et comme introduction
à son sujet ; de même, G. Malaterra vise surtout à re-
hausser la gloire de Roger, le grand comte de Sicile, le
dernier des fils de Tancrède, venu en ItaUe lorsque les
Normands avaient, depuis plusieurs années déjà, établi les
bases de leur puissance ; à Aimé revient donc l'honneur
d'être le véritable et le plus important historien des
soixante premières années de l'histoire des Normands en
Italie; sans lui, cette histoire serait restée obscure,
incomplète, et à peu près énigmatique par bien des côtés.
YSTOIRE
DE LI NORMANT
LAQUELLE COMPILA UN MOINE DE MONT DE CASSIN,
ET LA MANDA A LO ABBÉ DESIDERE (l)
DE MONT DE CASSYM.
Rubrica,
A LO MOLT REVERENT ET SAINT MISSIRE DESIDERE,
SERVE DE LI SERVICIAL TOE.
Je voî en dui, c'est en Ricchart et en Robert, princes
de Normendie (2), est compile la parole que Dieu dist à
Cyre, roy de Persie : « A lo christ mien Cyre », c'est a lo
(i) Désidère j en latin Desiderius, en français Didier, abbé du
Mont-Cassin, du 19 avril io58 à son élévation à la papauté, le
24 mai 1086 ; il prit alors le nom de Victor III et mourut le 16 sep-
tembre 1087.
(a) Richard, comte d*A versa depuis 1048, prince de Capoue depuis
io58, avait épousé une sœur de Robert Guiscard ; Richard mourut
le 5 avril 1078. — Robert, surnommé Guiscard, fils aîné du second
mariage de Tancrède de Hauteville avec Frasenda, vint en Italie
vers 1047, succéda en 1067 comme comte de Fouille à son frère
Unfroy, devint en loSg duc de Fouille et de Calabre et mourut le
17 juillet io85. Il épousa en premier lieu sa cousine Albérada et,
après l'avoir répudiée, Sikelgaîta, fille de Guaimar IV, prince de
Salerne.
Ixiv
Quant aux rapports entre l'ouvrage d'Aimé et la Chro-
nicon Casinense, composée par ses deux confrères du
Mont-Cassin, Léo de' Marsi et Pierre Diacre, il ne saurait
y avoir de doute, la Chronicon Casinense a fait de larges
emprunts à VHistoria Normannorum,
Par une rare bonne fortune, nous avons encore le ma-
nuscrit autographe de Léo de' Marsi pour la composition
de la Chronicon Casinense; ce manuscrit actuellement à la
bibliothèque royale de Munich et classé sous le n* 123
(inier Benedictobiiranos), provient de l'ancienne abbaye de
Bénédictbeuren (i). Wattenbach suppose qu'il a été
apporté du Mont-Cassin à Bénédictbeuren vers 1137 par
Engelscalc, abbé de Bénédictbeuren (2); quoi qu'il
en soit de cette hypothèse, ce manuscrit montre que Léo
de' Marsi avait d'abord écrit une première rédaction de la
Chronicon Casinense jusqu'en 1057, c'est-à-dire jusqu'à
l'élection de Frédéric de Lorraine comme abbé du Mont-
Cassin, et qu'il a ensuite modifié ce texte, soit par des
ratures, soit par de très nombreuses additions. L'examen
du manuscrit fait voir en outre que, dans sa première
rédaction, Léo de' Marsi n'avait fait aucun emprunt à
VHistoria Normannorum d'Aimé (3), ces emprunts n'ont
été faits que plus tard dans les additions; cette abstention
étonne d'autant plus que Léo de' Marsi a commencé à
(i) W. Wattenbach, Préliminaires de V édition de la Cbronicom Catimptsf,
MG. SS., t. VII, p. 55^ sqq.
(2) Wattenbach, /. c, p. 556.
(3) Wattenbach écrit, /. c, p. 560, en parlant de Léo de* Marsi : « No-
vam deindc elaboraturus editioncm, insigne nactus est adjumentum, Anuti
dico liistoriam Normanoram, cujus auxilio que de iis jam scripsent
gnovit. »
Ixv
rédiger sa chronique après 1098, à une époque par con-
séquent où Aimé avait depuis longtemps mis la dernière
main à son HUtoria Normannorum. Nous savons en outre
que Léo de' Marsi était bibliothécaire et archiviste du
Mont-Cassin en 1098 (i); comment supposer dès lors
qu'il n'eut pas à sa disposition l'original ou une copie du
travail d'Aimé ? C'est cependant cette supposition qui,
après réflexion, me parait la plus plausible; si, plus
tard, Léo de' Marsi a jugé utile de mettre à contribution
pour sa Chronique YHistaria Normannorum, s'il Fa feit
dans une large mesure, allant parfois jusqu'à raturer ce
qu'il avait écrit pour insérer à la place les données de son
confrère, c'est qu'alors seulement il a pu l'apprécier^ et
qu'auparavant, pour des raisons que nous ne connaissons
pas, Touvrage n'était pas à sa portée. Nous avons tou-
jours quelque peine à nous représenter les viccissitudes
que pouvait avoir à traverser, avant l'invention de l'im-
primerie, un livre qui d'ordinaire, à moins qu'il ne s'agit
d'un ouvrage célèbre ou d'un traité classique, n'avait que
un ou deux exemplaires; ce fait assez singulier d'avoir
retrouvé dans les manuscrits d'une abbaye de Bavière
l'original et le véritable texte de la Chronicon Casinense
composée au Mont-Cassin et pour le Mont-Cassin; cet
autre fait de la perte définitive de l'original et du texte
latin d'Aimé^ montrent bien que les archives de la cé-
lèbre abbaye n'ont pas toujours fidèlement gardé les
trésors qui leur avaient été confiés. De ce que dans la
première rédaction de son travail, Léo de' Marsi n'a pas
(i) Pétri Diacoki, De viris iUustribus Casinensibus, c. XXX, dans
MuRATORi, R. I. SS.y t. VI, col. 45.
B
Ixvj
mis à profit VHistoria Normannoruitty on ne saurait en
conclure, comme le fait Hirsch, toujours malveillant et
mal disposé (i), que l'auteur de la Chronicon Casinense
ait eu pendant longtemps fort peu de confiance en la
véracité d'Aimé, et que ce sentiment n'ait même jamais
complètement disparu.
Voici le relevé des emprunts faits à Aimé par Léo de'
Marsi et par Pierre Diacre qui a continué la Chronkm
Casinense :
1° Chronicon Casinense^ II, 37; le commencement du
chapitre est un extrait de VHistoria Normannorum, I, 18,
19, 20. C'est la tradition salernitaine sur l'arrivée des
Normands en Italie; la délivrance de Saleme par qua-
rante pèlerins normands, le retour de ces Normands en
Normandie et la première émigration de Normands dans
l'Italie du sud, à la suite de troubles survenus en Nor-
mandie, n se peut que, dans ce même chapitre, hCbroHi-
con Casinense ait emprunté à Aimé quelques détails sur la
guerre des Normands, commandés par Mélès, contre les
Grecs de la Fouille, mais la traduction de VHistoria Nor-
mannoruniy assez défectueuse en cet endroit, rend ces
emprunts difficiles à constater ;
2° Chron. Casin.y H, 41 ; depuis ces mots : « Stephano
autem, Melo », etc., jusqu'à la fin du chapitre, Aimé,
I, 29. — Léo de' Marsi y résume ce que VHistoria Nor-
mannorum rapporte sur l'établissement des Normands
au château de Gallinare, dans le pays de G)mino ;
3® Chron. Casin.y H, 43 ; la dernière phrase du cha-
pitre; Aimé, n, 28, fin du chapitre. L'empereur Henri II
(i) F. HiKscH, /. c, p. 235 sq.
Ixvij
guéri au Mont-Cassin par rintercession de S. Benoît,
promet de quitter plus tard la couronne, si les circons-
tances le lui permettent, et de venir <!omme religieux
vivre et mourir au Mont-Cassin ;
4® Chron, Casin.y H, 58 ; première phrase du chapitre;
Aimé, I, 33. Pandulfe, prince de Capoue, prisonnier en
Germanie, est délivré et rentre en Italie, grâce à l'inter-
vention de Guaimar, prince de Salerne. Dans ce même
chapitre, Léo de' Marsi a pris dans Aimé, H, 40, ce qui a
trait à la fondation d'Aversa par le Normand Rainulfe,
le premier établissement définitif des Normands en Italie;
5* Chron. Casin.y H, 58; Aimé, H, 13. Après avoir
tjrrannisé Tabbaye du Mont-Cassin en exécutant les
ordres de Pandulfe, prince de Capoue, Todinus, entraîné
dans la ruine de son maître, est réduit à être pour le
compte du couvent, « cernatorde farine» ;
6^ Chron. Casin.y II, 63 ; diverses données de ce cha-
pitre sont extraites d'Aimé; l'empereur Conrad, à la de-
mande de Guaimar, investit Rainulfe du comté d'Aversa ;
il réintègre l'archevêque Adénulfe sur le siège de Capoue ;
Aimé, II, 6; — Guaimar s'empare de Sorrente avec
l'aide des Normands, et donne ce duché à son frère Gui ;
il soumet à son pouvoir la ville d'Amalfi ; Aimé, H, 7 ;
— Pandulfe va à Constantinople implorer le secours de
l'empereur, il y est retenu en prison jusqu'à la mort de
celui-ci ;
7** Chron. Casin., H, 66 ; presque tout ce chapitre est
extrait d'Aimé, II, 8, 9, 10, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 29, 30, passim. Dans sa
première rédaction, Léo de' Marsi s'était borné à écrire
Ixviij
qu'en 1041, quatre chefis normands établis à Âversa,
c'est-à-dire Guillaume et Drogo, fili de Tancrède,
Gauthier et Pétrone, fils d' Amiens, ayant quitté Âversa
sous la conduite d'Âdénulfe (c'était une erreur), fils du
prince de Bénévent^ étaient venus en Fouille à Melfi et
avaient fait, en union avec les Lombards^ la guerre aux
Grecs. Laissant ensuite ce canevas si incomplet, Léo de'
Marsi raconte, d'après Aimé, l'expédition des Normands
en Sicile, sous les ordres de Maniacès,.le mauvais traite-
ment infligé par les Grecs au lombard Ardouin et la
vengeance ourdie par ce dernier, qui, après s'être fait
nommer par les Grecs gouverneur d'une partie de la
Fouille, vient chercher les Normands à Aversa pour
s'emparer du pays. Le chroniqueur donne ensuite le
récit de la guerre entre les Normands 'et les Grecs, la
nomination d'Adénulfe comme chef des Normands, la
conquête et le partage de la Fouille, enfin la nomination
de Guillaume bras-de-fer conmie comte de la Fouille et
chef des Normands établis dans ce pajrs. — A la fin de ce
même chapitre, Léo de' Marsi sacrifie encore sa première
rédaction pour donner d'après Aimé, II, 32 sqq., la série
des comtes d' Aversa ; dans cette première rédaction, il
avait placé entre Rainulfe Trinclinocte et Richard, le
comte Guillaume Bellabocca comme comte d' Aversa, et
un document publié par di Meo prouve qu'il avait raison,
Anne au contraire le passe sous silence dans sa série;
8** Chron. Casin.y H, 79; Léo de' Marsi dit, d*après
Aimé, m, 14, que le pape Clément est mort ultra
montes; c'est une erreur, il est mort au monastère de
S. Thomas, dans le comté de Fesaro ;
Ixix
9* Chron. Casin.^ II, 82; tout ce chapitre provient
d'Aimé, El, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34; c'est le
récit de la mort de Guaimar, prince de Saleme, tué par
des Âmalfitains, des Salernitains et par quelques-uns de
ses parents. Gisulfe son fils lui succède, grâce à l'appui
de son oncle Guido et des Normands ;
10° Chron. Casin.y H, 84; il s'agit de la bataille de
Civitate entrç les Normands et les troupes du pape
Léon IX; Léo de' Marsi a appris d'Aimé, m, 40, Tordre
de bataille des Normands, les noms des chefs qui les
commandaient» ainsi que les noms des deux chefs de
l'armée pontificale, Raynolfe et Raynier, Rodulfus et
Guanerius Suevus dans Léo de' Marsi ;
11° Chron. Casin^ m, 15 ; dans ce chapitre, Léo de'
Marsi reprend l'histoire des Normands au point où il
l'avait laissée. II, 66, et la raconte d'après Aimé, m, 7,
10, II ; IV, 3, 4, s, 6, 7, 18, 23 ; V, 7, 18, 20, 23, 24,
2S» 26, 27; VI, 15, 14, is, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22.
U résume YHtstoria Normannorum sur la jeunesse de
Robert Guiscard à San-Marco, son aventure avec Pierre
de Bisigaano, son miariage avec Alvérada, son élévation
au souverain pouvoir après la mort d'Umfiroy, ses guerres,
son second mariage avec Sikelgaïta, les campagnes de
Sicile, la prise de Bari, de Palerme, de Mazara, enfin le
partage de la Sicile enâre Robert Guiscard et son frère
Roger. Passant ensuite aux Normands d'Aversa, Léo de'
Marsi parle d'après Aimé, IV, 8, 13, 26, 28, 30, 31, de
la prise de Capoue et de Teano par Richard, et des visites
et des libéralités de ce prince au Mont-Cassin; il ajoute
sur ce dernier point quelques détails à ceux qui sont
fournis par Aimé ;
hx
12® Chron. Casin.^ El, 23; le commencement de ce
chapitre provient également d'Aimé, VI, 9; Henri IV,
roi de Germanie, ayant appris que Richard, prince de
Capoue, marchait sur Rome pour y être nommé patrice,
veut aller le combattre, l'expédition du roi n'eut cepen-
dant pas lieu, à cause du désaccord entre Henri IV et
Gottfried, duc de Toscane.
Vers 1140, à la demande de Rainald, abbé du Mont-
Cassin, Pierre Diacre, de l'illustre famille des comtes de
Tusculum, et moine au Mont-Cassin, accepta de conti-
nuer la Chronicon Casinensc que Léo de' Marsi avait menée
jusqu'à l'inauguration des grandes constructions faites au
Mont-Cassin par l'abbé Didier, c'est-à-dire jusques vers
1071, 1072; la rédaction de Pierre Diacre commence au
34* chapitre du III* livre, et, comme celle de son pré-
décesseur, elle contient des emprunts faits à VHisioria
Normannorum d'Aimé ;
13° Chron. Casin., lU, 45 ; Pierre Diacre trouvant sans
doute que Lco de' Marsi avait trop abrégé les données
empruntées à Aimé sur la conquête de la Sicile par les
Normands, reproduit, dans ce chapitre, les principaux
événements de cette conquête, et il le fait en suivant
Aimé, V, 8, 10, 18, 20, 23, 25, 27. Il revient également
sur les sièges de Bari et de Palerme, Aimé, VI, 14-19;
Vni, II, 12, 13, 14, 17, 23. Il résume ensuite, ce que
Lco de' Marsi n'avait pas fait, les détails si curieux fournis
par Aimé sur le siège et la prise de Salerne par Robert
Guiscard, et il mentionne également l'expédition du duc
Robert et de Richard, prince de Capoue, contre la Cam-
panie — Aimé, VIII, 31, 32 — mais la place à tort après
ixxj
la reddition de Saleme, tandis qu'elle a eu lieu, comme
le dit Aimé, pendant le siège de cette ville. \
Cette longue série des emprunts de la Chronican Casi-
nense à YHistoria Normannorum témoigne de l'impor-
tance d'Aimé comme historien des Normands en Italie ;
abstraction faite de son livre et de ce que lui doit la Chro-
nican CasinensCy il ne resterait pour connaître l'histoire
des Normands d'Italie, depuis leurs premières apparitions
dans ce pays jusqu'à la mort de Richard de Capoue en
1078, que les indications laconiques et purement chro-
logiques de la Chronicon brève Normannicum, de Lupus,
des Annales Barenses et des petites Annales Cassinenses et
les traditions presque toujours altérées et défigurées de
chroniqueurs qui, comme Raoul Glaber, Orderic Vital,
Adémar de Chabanais, Guillaume de Jumièges, n'ont pas
vécu en Italie et n'ont écrit que d'après des* ouï-dire.
Quant à Guillaume de Fouille, nous l'avons déjà dit, il
n'a composé son poème que pour la glorification du duc
Roger, fils de Robert Guiscard ; son but n'est nullement
de raconter les commencements de la conquête, il ne le
(ait que d'une manière incomplète et comme introduction
à son sujet ; de même, G. Malaterra vise surtout à re-
hausser la gloire de Roger, le grand comte de Sicile, le
dernier des fils de Tancrède, venu en Italie lorsque les
Normands avaient, depuis plusieurs années déjà, établi les
bases de leur puissance ; à Aimé revient donc l'honneur
d'être le véritable et le plus important historien des
soixante premières années de l'histoire des Normands en
Italie; sans lui, cette histoire serait restée obscure,
incomplète, et à peu près énigmatique par bien des côtés.
y
YSTOIRE
DE Ll NORMANT
LAQUELLE COMPILA UN MOINE DE MONT DE CASSIN,
ET LA MANDA A LO ABBÉ DESIDERE (l)
DE MONT DE CASSYM.
Rubrica.
A LO MOLT REVERENT ET SAINT MISSIRE DESIDERE,
SERVE DE LI SERVICIAL TOE.
Je voî en dui, c'est en Ricchart et en Robert, princes
de Normendie (2), est complie la parole que Dieu dist à
Cyre, roy de Persie : « A lo christ mien Cyre », c'est a lo
(i) Désidère, en latin Desiderius, en français Didier, abbé du
Mont-Cassin, du 19 avril io58 à son élévation à la papauté, le
24 mai 1086 ; il prit alors le nom de Victor III et mourut le 16. sep-
tembre 1087.
(2) Richard, comte d'A versa depuis 1048, prince de Capoue depuis
io58, avait épousé une sœur de Robert Guiscard ; Richard mourut
le 5 avril 1078. — Robert, surnommé Guiscard, fils aîné du second
mariage de Tancrède de Hauteville avec Frasenda, vint en Italie
vers 1047, succéda en 1067 comme comte de Fouille à son frère
Unfroy, devint en ioSq duc de Fouille et de Calabre et mourut le
17 juillet io85. Il épousa en premier lieu sa cousine Albérada et,
après ravoir répudiée, Sikelgaîta, fille de Guaimar IV, prince de
Salerne.
r: - n tn ^-rt z zsr ic =>;»1: f iscripnzre li rois ei li prestre
5- j.:r ;z: I^rjCi. t-z--tz£ ç-i s:«a: onic de crisme. Et
1-: r: ^.jT I r- Ti-r Ysilî rrrçosrs « A lo roi miea Cyre,
1 :»:i:. i i: rr]** L= nil- ir>;:e, i cequedcTant la face
>:c >: t-: slz t:-t 1= îîe::::. se î: roy tomcnt Tespaule
::=-.:?: .i 5.:ii ùr= . f sr, errant lai, et lo plus. gloriou2
-: li -i.-Tt r^r::.!in;. ii oz^hinai-ie contre la porte
rîr-c :: r:~?-:L; Les rhs'sa et fer; devant lui ovrerai
1=5 r»:r.is î: r.jl!c - : n l'iz sera cloze deram » lit. Et pour
c= c-î •? TT.. I: r>£re =lea abbé molt bénigne, ccstc
r.:r:le s: ::.;:es iurrîs cai la seqax estrc aempliez en
je< . -. rrlnrires 2 . e: :>?.:r ce a:-{c mise ma volenté et
rr.cr. cm^e a e*cr!*TTî !'y?:rLr^ lor. E: croi que non dirai-
e -.m: scler.er.: I: fa::ie 1: h?z:e. mèsceque fu concédât
-piz i:5pir.5J.rl:r. ii Diej que fus: fait par li home. Et
pvr.i^ que je rr.i pnsniral ail: zr.enachi de la parole de
j. "un. '.îjue! i':r:;n: : non ccvies: a ua moine escrive les
"r:::àiH;:5 ùè V. sejuler. Niés a rr.o: i>ensant ceste choze me
reccrdauue Paul ivaconee: n.Mne decestmonastierdont
ie su:, escri: ii fait ie li Lon^ohan. cornent il vindrent et
demoreren: en Yialie: e: tu home cler de vie, de science
et de Joc:rir*e ? . H: du:resî me recorda que cds grans
iiomes 4 sont tant libéral et dcvoî a nosire monastier (5),
ri) « Hxc dicii DôTTîir.us Christo neo Cyr». cu]\i% apprehcndi dei-
tjrnn. ut sub;:::i:n an:e f.ciem jjus gentes. ci uor&i regum veittiii
'A apcriam coram eo iar.uas et portx non JauJentur.
« Ego ar.te te ibo et glorios.s terne humiliabo : portas oereu
conterumet ve:tcs ferreos confringam. » Isai.e, XLV, i, a.
(2) Les prinjes Richifd ci Robert.
'i) Paul Diacre, mort au Mont-Cassin vers 797, auteur de VMistoria
f^intis Langobardorum, libri VI, de 368 à 744. Cf. : Inirodmctkm,
y. XXXII sqq.
(.\) Richard de Capoue et Robert Guiscard.
':;) I.c inonastcre du Mont-Cassin.
3
et por la mérite que par aucun de lo raonastier, le fait lor
pour perpétuel mémoire soit escrii. Et toutes foiz je non
sui si hardi que je tochasse d'escrire se premerement la
vosire volenié non oïsse et seusse s^il plaîst a vouz ; et que
je oi et sace qu'il non te desplaist. O la licence et béné-
diction vostre, et o tout Taide de la grâce de Dieu, ai-je
cbmencié secont ce que je avoîe en cuer. Et li fait de li
Normant, liquel sont digne de notre mémoire, ai-je en
viij volume de livre distincte : Et a ce que non soit fatigue
de chercier a ceuz qui volissent alcune chose lire de Pys-
toire, chascun volume ai-je noté o cert capitule; en toute
ceste choze plus voille estre a vostre jugement, Père, que
moi escriptor. Et pert a moi, pour clamer la grâce de
Dieu, sans laquelle nulle parfaite opération non puet estre
faite, tout avant ferai alcuns vers pour clamer l'aide de sa
main destre. Et sache tout home que a nuU ne faudra de
ce qu'il le proie de bon cuer et de prierie just ; quar ensi
lo dîst Jeshucrist qui est vérité ,: ce que vouz deproierés
en oration, croiez qu'il vouz sera donné sans faille (i).
Et adont dist cestui bon moine :
O Dieu, père éternel, concordable avec lo Fill et avec
li Saint-Esperit, et retient vénérable equaliié de siège, de
splendor et de somme honor de deité ; tu sez la peqsée des
homes, tu commandes a la fontaine de geter Teau, et la
terre stable de faire herbe florie; et a toi obeist lo solloill,
et la soror de lo sol, c'est la lune, laquelle secont lo dit de
li poëte est soror de lo sol pource qu'elle est enluminée
de lo sol ; a toi obeist la grandesce de lo ciel, et- toutes les
chozes qui sont sur terre, et toutes les chozes qui volent
par l'air, et toutes les chozes qui-^natent en Taigue. Et
(i) « Omnia quœcumquc orantcs petitis, crédite quia accipietis. »
S. Marc, XI, 24.
4
âutresi obeist a toi infer. Et a toute home est manifeste
que tuit li temporal t^obeissent. La premerevaire fait li
flor dont s'engendre toute chose. Veste commande que li
home taillent li labor; li autompne fait lo moust, et
Tyver se seminent li labor, et ensi fait 16 monde cornent
ta main lo governe. Tu pitouz et saint, regarde nostre
opération et que faisons choze dont soions amez. et aions
mérite dont par li aspre fait de li molt mal dont doions aler
en enfer. La toe main sur tant grant poiz fai estre fort;
adont je abatut en terre pour lo pechié a demandé toi
souveraine vertu. Quar, comme se dit en rEvangile : li
larron, c'est lo pechié, m'ont desrobé et levé la bone grâce
et an orne ferute, débilitant la vertu sensitive. Adont tu
me portez a Testable, c'est a la mérite de sainte Eclize, et
aies cure de moi que non muire, et me concède li don
que je te rcquicr, et fai que je die choze veraie; et fai que
je escrive choze juste ; quar tu, roy, conservez et govemes
la rayson de li royalme, et destrui li superbe et hausce li
humile; quarsanz toi nulle choz est digne, nulle coseest
bénigne en ccst monde. Et adont meintenant que est lo
temps a ce que je puisse faire ce que je ai commenciez te
pri que tu me doics benedicere, et me fai dire cose dont
la grâce toe sempre remaingne avec toi, moi. Amen.
Ci finissent li vers de la invocation.
Comment li Capitule de lo premier Livre.
Cap. I. Delo siège de la terre laquel li Normant tienent
et porquoi se clément Normant.
Cap. 2. Coment sVspartirent par lo monde et coment trai-
toient la gent del païz où il aloient.
Cap. 3. Coment lo conte Guillame ala en Engleterre et la
vainchi ; et coment vainchi la grant multitude qui fii mandée
del grant roy de li Danoiz au roy d'Engleterre.
Cap. 4. Coment apparut Testoille comète.
Cap. 5. Coment par lo consentement de li meillor manda
Robert Crespin en Espaingne o exercit de diverse gent et
coment il veinchi.
Cap. 6. Coment fut prise la cité de Barbastie et donée en
garde à Robert Crespin.
Cap. 7. Coment li Chrestien perdirent la cité et furent
vainchut.
Cap. 8. Coment Robert ala en Ytalie et puiz ala en Costen-
tinople, et là fii mort.
Cap. 9. Coment Uerselle vint en Costentinople.
Cap. 10. Coment par lo conseill de Tempereor la moillier
de son père, c'est sa mère, fist monache et se sa moillier mist
en prison Urselle.
Cap. II. Coment lo impereor dona la fille del roydeThur-
chie et son filz et fu délivré avec Orselle.
Cap. 12. Coment fu pris li empereor et rachaté de grant
monnoie.
Cap. i3. Cornent par le comandement deCesaire fu li père
crevé les oills par laquel cose il fu mort.
Cap. 14. Cornent leva la moillier de Tempereor par force
de prison.
Cap. i5. Cornent Ursel fu donc en prison de li Turchc a li
Grex. •
Cap. 16. De la defension que fist cestui monach^ escriptor
que paroît que non ordcna bien ceste ystoire.
Cap. 1 7. Cornent Salcrne fu délivrée de li Sarrazin par li
Normant qui venoient dcl sain sépulcre de proier Dieu.
Cap. 18. Cornent li prince prièrent li Normant qu'il dcmo-
rassent et lor offrirent deniers a doner et &ire toute lor
volentc ; et ils respondirent qu'il non pooient demorer.
Cap. 19. Cornent li prince mandèrent as parties de Nor-
mendie presens et lor mandèrent proiant qu'il venissent
habiter en lor contrée.
Cap. 20. De la sédition de Gisilbere et Guillerme et cornent
Gisilbcre avec ses frères vint a Capue.
Cap. 2 1 . Cornent entra en li confine de Puille et comba*
tirent v foiz contre li Grex.
Cap. 22. Cornent li empereor assembla pour deniers molt
de gent et petit de Normant vindrent contre lui a combatrc.
Cap. 23. Comcnt puiz molt de Normant vindrent pour
combatrc et veinchirent touz lor anemis (i).
Cap. 24. Coment Melus ala a Tempereor et lui dist qu'il
venist en Ytalie, et la'puiz fu mort.
Cap. 25. Coment impcreor entra en Ytalie, et vint souprc
Troie; et Bclgrime fu mandé pour prendre lo prince de Capue
et la cité de Salcrne et comment fu délivrée puiz et fu pris
lo prince.
(I) Les chapitres XXII et XXI II de la table n*en forment qu*un
seul Jans le texte, le XXII ; le chapitre XXIV de la table est donc
le XXlIi du texte et ainsi de suite jusqu*à la tin du premier livre.
\
^^AP. 26. Pourquoi Timpereor fu esmui en ire contre Pan-
Cap. 27. Cornent Âtenulfe abbc, foiant en Costentinoble fu
^oies en mer.. Cornent lo impereor fist prince de Capue un
autre Pandufe.
Cap. 28. Cornent fist Teobalde abbé de mont de Cassin et
lui dona molt de possessions et rachata lo trésor de le sainte
Eglise.
Cap. 29. Cornent il ot la rétribution de Dcu de lo bien qu'il
avoit fait. Cornent lo impeor a empli a sez neveuz ce qu'il
a voit promis a Melo.
Cap. 3o. Coment li Normant volant a enciter lo comman-
dement de lo roy, mandèrent Pierre et Melo a Relner
marchise. ,
Cap. 3i. Coment li Normant o grant multitude de pierres
veinchurent.
Cap. 32. Coment li prince de Salerna manda grans domps
a Pandolfe et lui dona la principe.
Cap. 33. Coment Theobalde abbé fouy et habita en lo
cenobie Libéra tor et la fu mort.
Cap. 34. Coment Pandulfe se converti a tout mal.
Cap. 35. Coment Basile fu fait abbé du mont de Cassin.
Cap. 36. Coment il mist en prison Ylaire abbé de Saint-
Vincent et Anulphe arche vesque.
Câp. 37. Coment Eldeprande bastart de lo prince fut faist
archevesque et coment celui ^qui Tcstoit rendi Tanel et la
croce.
Cap. 38. Coment Pandulfe fi mal a ceauz de la cité et a sez
parens.
Cap. 39. Coment chasa Sierge maistre de. la chevalerie de
la cité et comment Sierge la recovra puiz.
Cap. 40. Coment fist Averse.
Cap. 41 . Et la concedi puiz a Raynolfe et lui donna la soror
pour moillier.
Cap. 42. Coment Tonor de li Normant cresoit et coment
la moillier de Raynolfe fu morte.
12® Chran. Castn.y El, 23; le commencement de ce
chapitre provient également d'Aimé, VI, 9 ; Henri IV,
roi de Germanie, ayant appris que Richard, prince de
Capoue, marchait sur Rome pour y être nommé patrice,
veut aller le combattre, l'expédition du roi n'eut cepen-
dant pas lieu, à cause du désaccord entre Henri IV et
Gottfried, duc de Toscane.
Vers 1140, à la demande de Rainald^ abbé du Mont-
Cassin, Pierre Diacre, de l'illustre famille des comtes de
Tusculum, et moine au Mont-Cassin, accepta de conti-
nuer la Chronicon Casinense que Léo de' Marsi avait menée
jusqu'à l'inauguration des grandes constructions faites au
Mont-Cassin par l'abbé Didier, c'est-à-dire jusques vers
1071, 1072; la rédaction de Pierre Diacre commence au
34* chapitre du El* livre, et, comme celle de son pré-
décesseur, elle contient des emprunts faits à YHistoria
Normannorum d'Aimé ;
13° Chron. Casin., III, 45 ; Pierre Diacre trouvant sans
doute que Lco de' Marsi avait trop abrégé les données
empruntées à Aimé sur la conquête de la Sicile par les
Normands, reproduit, dans ce chapitre, les principaux
événements de cette conquête, et il le fait en suivant
Aimé, V, 8, 10, 18, 20, 23, 25, 27. Il revient également
sur les sièges de Bari et de Palerme, Aimé, VI, 14-19;
Vin, II, 12, 13, 14, 17, 23. Il résume ensuite, ce que
Léo de' Marsi n'avait pas fait, les détails si curieux fournis
par Aimé sur le siège et la prise de Saleme par Robert
Guiscard, et il mentionne également l'expédition du duc
Robert et de Richard, prince de Capoue, contre la Cam-
panie — Aimé, VIII, 31, 32 — mais la place à tort après
r
ixxj
la reddition de Saleme, tandis qu'elle a eu lieu, comme
le dit Aimé, pendant le siège de cette ville. \
Cette longue série des emprunts de la Chronicon Cast-
nenst à VHistoria Normannorum témoigne de l'impôt-
^ tance d'Aimé comme historien des Normands en Italie ;
abstraction faite de son livre et de ce que lui doit la Chro-
nicon Casinensty il ne resterait pour connaître l'histoire
des Normands d'Italie, depuis leurs premières apparitions
dans ce pays jusqu'à la mort de Richard de Capoue en
1078, que les indications laconiques et purement chro-
logiques de la Chronicon brève Normannicum, de Lupus,
des Annales Barenses et des petites Annales Cassinenses et
les traditions presque toujours altérées et défigurées de
chroniqueurs qui, comme Raoul Glaber, Orderic Vital,
Adémar de Chabanais, Guillaume de Jumièges, n'ont pas
vécu en Italie et n'ont écrit que d'après des' ouï-dire.
Quant à Guillaume de Fouille, nous l'avons déjà dit, il
n'a composé son poème que pour la glorification du duc
Roger, fils de Robert Guiscard ; son but n'est nullement
de raconter les commencements de la conquête, il ne le
fait que d'une manière incomplète et comme introduction
à son sujet ; de même, G. Malaterra vise surtout à re-
hausser la gloire de Roger, le grand comte de Sicile, le
dernier des fils de Tancrède, venu en Italie lorsque les
Normands avaient, depuis plusieurs années déjà, établi les
bases de leur puissance; à Aimé revient donc l'honneur
d'être le véritable et le plus important historien des
soixante premières années de l'histoire des Normands en
Italie; sans lui, cette histoire serait restée obscure,
incomplète, et à peu près énigmatique par bien des côtés.
YSTOIRE
DE Ll NORMANT
LAQUELLE COMPILA UN MOINE DE MONT DE CASSIN,
ET LA MANDA A LO ABBÉ DESIDERE (l)
DE MONT DE CASSYM.
Rubrica,
A LO MOLT REVERENT ET SAINT MISSIRE DESIDERE,
SERVE DE LI SERVICIAL TOE.
Je voî en dui, c'est en Ricchart et en Robert, princes
de Normendie (2), est complie la parole que Dieu dist à
Cyre, roy de Persie : « A lo christ mien Cyre », c'est a lo
(i) Désidère y en latin Desidenus, en français Didier, abbé du
Mont-Cassin, du 19 avril io58 à son élévation à la papauté, le
24 mai 1086 ; il prit alors le nom de Victor III et mourut le 16. sep-
tembre 1087.
(2) Richard, comte d' A versa depuis 1048, prince de Capoue depuis
io58, avait épousé une sœur de Robert Guiscard ; Richard mourut
le 5 avril 1078. — Robert, surnommé Guiscard, fils aîné du second
mariage de Tancrède de Hauteville avec Frasenda, vint en Italie
vers 1047, succéda en 1067 comme comte de Fouille à son frère
Unfroy, devint en 10 59 duc de Fouille et de Calabre et mourut le
17 juillet io85. Il épousa en premier lieu sa cousine Albérada et,
après ravoir répudiée, Sikelgalta, fille de Guaimar IV, prince de
Sa 1er ne.
roy mien Cy re; quar en molt d'escripture li rois et li prestre
se clament Christe, pource que sont onte de crisme. Et
adont dist Dieu par Ysaie prophète « A lo roi mien Cyrc,
a loquel je ai prise la main droite, a ce que devant la face
soe soient subjecte la gent, et li roy tonnent Tespaule
devant la soe face; je irai devant lui, et lo plus. gloriouz
de la terre humilierai, et combatrai-je contre la porte
rame, et romprai les chaines de fer; devant lui ovrerai
les pones et nulle non Ten sera cloze devant > ( i ). Et pour
ce que je voi, lo père mien abbé molt bénigne, ceste
parole et toutes autres qui la sequte estre aempliez eii
ces .ij. principes (2), et pour ce ai-je mise ma volenté et
mon corage a escrivre l'ystoire lor. Et croi que non dirai-
je tant solement lo fait de li home, mes ce que fu concédât
par dispensation de Dieu que fust fait par li home. Et
pense que je me prendrai alli menachi de la parole de
alcun, liquel diront : non covient a un moine escrive les
batailles de li seculer. Mes a moi pensant ceste choze me
recorda que Paul dyaconeet moine decestmonastierdont
je sui, escritli fait de li Longobart, coment il vindrent et
demorerent en Ytalie ; et fu home cler de vie, de science
et de doctrine (3|. Et autresi me recorda que ces grans
homes (4) sont tant libéral et dévot a nostre monastier (5),
(i) « Hflcc dicit Dominus Chrlsto mco Cyro, eu jus apprchendî dex-
tcrnm, ut subjiciam ante facicm cjus gcntcs, et dorsH r^um vertam
et apcriam coram co januas et ports non daudentur.
«< Ego ante te ibo et gloriosos terrs humiliabo : portas oerctt
contcramet ventes ferreos confringam. » Isaia;, XLV, i, a.
(2) Les princes Richard et Robert.
(3) Paul Diacre, mort au Mont-Cassin vers 797, auteur de VHisioria
ffentis Langobardorum, libri VI, de 568 à 744. Cf. : Introduction,
p. XXXII sqq.
(4) Richard de Capoue et Robert Guiscard.
Ô) Le monasicre du Mont-Cassin.
3
«
et por la mérite que par aucun de lo monastier, le fait lor
pour perpétuel mémoire soit escrit. Et toutes foiz je non
sui si hardi que je tochasse d'escrire se premerement la
vostré volenté non oïsse et seusse s'il plaîst a vouz ; et que
je oi et sace qu'il non te desplaist. O la licence et béné-
diction vostre, et o tout Paide de la grâce de Dieu, ai-je
cbmencié sccont ce que je avoîe en cuer. Et li fait de li
Normant, liquel sont digne de notre mémoire, ai-je en
vîij volume de livre distincte : Et a ce que non soit fatigue
de chercier a ceuz qui volissent alcune chose lire de Pys-
toire, chascun volume ai-je noté o cert capitule; en toute
ceste choze plus voille estre a vostre jugement, Père, que
moi escriptor. Et pert a moi, pour clamer la grâce de
Dieu, sans laquelle nulle parfaite opération non puet estre
faite, tout avant ferai alcuns vers pour clamer l'aide de sa
main destre. Et sache tout home que a null ne faudra de
ce qu^il le proie de bon cuer et de prierie just ; quar ensi
lo dist Jeshucrist qui est vérité.: ce que vouz deproierés
en oration, croiez qu'il voiiz sera donné sans faille (i).
Et adont dist cestui bon moine :
O Dieu, père éternel, concordable avec lo Fill et avec
li Saint-Esperit, et retient vénérable equalité de siège, de
splendor et de somme honor de deité ; tu sez la peqsée des
homes, tu commandes a la fontaine de geter Teau, et la
terre stable de faire herbe florie; et a toi obeîst lo solloill,
et la soror de lo sol, c'est la lune, laquelle secont lo dit de
li poète est soror de lo sol pource qu'elle est enluminée
de lo sol ; a toi obeist la grandesce de lo ciel, et- toutes les
chozes qui sont sur terre, et toutes les chozes qui volent
par l'air, et toutes les chozes qui natent en Taigue. Et
(i) « Omnia quscumquc orantes petitis, crédite quia accipietis. »
S. Marc, Xi, 24.
autres! obcist a toi infer. Et a toute home est manifeste
que tuit li temporal t^obeissent. La premerevaire fait lî
flor dont s'engendre toute chose. L^esté commande que li
home taillent li labor ; li autompne fait lo moust, et
Tyver se seminent li labor, et ensi fait 16 monde cornent
ta main lo governe. Tu pitouz et saint, regarde nostre
opération et que faisons choze dont soions amez, et aions
mérite dont par li asprc fait de li molt mal dont doionsaler
en enfer. La toe main sur tant grant poiz fai estre fort;
adont je abatut en terre pour lo pechié a demandé toi
souveraine vertu. Quar, comme se dit en TEvangile : li
larron, c'est lo pechié, m'ont desrobé et levé la bone grâce
et an orne fcrute, débilitant la vertu sensitive. Adont tu
me portez a Testable, c'est a la mérite de sainte Eclize, et
aies cure de moi que non muire, et me concède li don
que je te requicr, et fai que je die choze veraie; et fai que
je escrive choze juste ; quar tu, roy, conservez et govemes
la rayson de li royalme, et destrui li superbe et hausce li
humile; quar sanz toi nulle choz est digne, nulle coseest
bénigne en ccst monde. Et adont mein tenant que est lo
temps a ce que je puisse faire ce que je ai commenciez te
pri que tu me doics bcnedicere, et me fai dire cose dont
la grâce toe scmpre remaingne avec toi, moi. Amen.
Ci finissent li vers de la invocation.
Comment li Capitule de lo premier Livre.
ïi
Cap. I. £>elo siège de la terre laquel li Normant tienent
et porquoi se clément Normant.
Cap. 2. Coment s'espartirent par lo monde et coment trai-
toient la gent dcl païz où il aloient.
Cap. 3. Coment lo conte Guillame ala en Engleterre et la
vainchi ; et coment vainchi la grant multitude qui fu mandée
B^ I del grant roy de li Danoiz au roy d'Engleterre.
Cap. 4. Coment apparut Testoille comète.
Cap. 5. Coment par lo consentement de li meillor manda
Robert Crespin en Espaingne o exercit de diverse gent et
coment il veinchi.
Cap. 6. Coment fut prise la cité de Barbastie et donée en
garde à Robert Crespin.
Cap. 7. Coment li Chrestien perdirent la cité et furent
vainchut.
Cap. 8. Coment Robert ala en Ytalie et puiz ala en Costen-
tinople, et là fîi mort.
Cap. 9. Coment Uerselle vint en Costentinople.
Cap. 10. Coment par lo conseill de Tempereor la moillier
de son père, c'est sa mère, fist monache et se sa moillier mist
en prison Urselle.
Cap. II. Coment lo impereor dona la fille del roydeThur-
chie et son filz et fu délivré avec Orselle.
Cap. 12. Coment fu pris li empereor et rachaté de grant
monnoie.
Cap. i3. Cornent par le comandemcnt deCesairc fu li pcre
crevé les oills par laquel cose il fu mort.
Cap. 14. Cornent leva la moillier de Tempereor par force
de prison.
Cap. i5. Cornent Ursel fu doné en prison de li Turche a li
Grex.
Cap. 16. De la defension que fist cestui monach^ escriptor
que paroît que non ordcna bien ccste ystoire.
Cap. 17. Cornent Salcrnc fu délivrée de li Sarrazin par li
Normant qui venoicnt dcl sain sépulcre de proier Dieu.
Cap. 18. Cornent li prince prièrent li Normant qu*il demo-
rassent et lor offrirent deniers a doner et fieiire toute lor
volcnté ; et ils respondirent qu'il non pooient demorer.
Cap. 19. Cornent li prince mandèrent as parties de Nor-
mendie presens et lor mandèrent prciant qu'il venissent
habiter en lor contrée.
Cap. 20. De la sédition de Gisilbere et Guillerme et coment
Gisilbcre avec ses frères vint a Capue.
Cap. 2 1 . Coment entra en li confine de Puille et comba-
tirent v foiz contre li Grex.
Cap. 22. Coment li empereor assembla pour deniers molt
de gent et petit de Normant vindrent contre lui a combatre.
Cap. 23. Coment puiz molt de Normant vindrent pour
combatre et veinchircnt touz lor anemis (i).
Cap. 24. Coment Melus ala a Tempereor et lui dist qu'il
venist en Ytalic, et la'puiz fu mort.
Cap. 23. Coment impereor entra en Ytalie, et vint soupre
Troie; et Belgrime fu mandé pour prendre lo prince de Capue
et la cité de Salerne et comment fu délivrée puiz et fu pris
lo prince.
(I) Les chapitres XXfl et XXIII de la table n'en forment qu*un
seul dans le texte, le XXII ; l'j chapitre XXIV de la table est donc
le XXIU du texte et ainsi de suite jusqu'à la fin du premier livre.
Gip. 26. Pourquoi Timpereor fu esmut en ire contre Pan-
dolfe.
Cap. 27. Cornent Atenulfe abbé, foiant en Costentinoble fu
noies en mer.. Cornent lo impereor fist prince de Capue un
autre Pandufe.
Cap. 28. Cornent fist Teobalde abbé de mont de Cassin et
lui dona molt de possessions et rachata lo trésor de le sainte
Elglize.
Cap. 29. Cornent il ol la rétribution de Deu de lo bien qu'il
avoit fait. Cornent lo impeor a empli a sez nevcuz ce qu'il
avoit promis a Melo.
Cap. 3o. Cornent li Normant volant a enciter lo comman-
dement de lo roy, mandèrent Pierre et Melo a Relner
marchise. ^
Cap. 3i. Comcnt li Normant o grant multitude de pierres
veinchurent.
Cap. 32. Coment li prince de Saler^a manda grans domps
a Pandolfe et lui dona la principe.
Cap. 33. Coment Theobalde abbé fouy et habita en lo
ccnobie Liberator et la fu mort.
Cap. 34. Coment Pandulfe se converti a tout mal.
Cap. 35. Coment Basile fu fait abbé du mont de Cassin.
Cap. 36. Coment il mist en prison Ylaire abbé de Saint-
Vincent et Anulphe arche vesque.
Cap. 37. Coment Eldeprande bastart de lo prince fut faist
archevesque et coment celui ;qui l'estoit rendi l'anel et la
croce.
Cap. 38. Coment Pandulfe fi mal a ceauz de la cité et a sez
parens.
Cap. 39. Coment chasa Sierge maistre de. la chevalerie de
la cité et comment Sierge la recovra puiz.
Cap. 40. Coment fist Averse.
Cap. 41 . Et la concedi puiz a Raynolfe et lui donna la soror
pour moillier.
Cap. 42. Coment Tonor de li Normant cresoit et coment
la moillier de Raynolfe fu morte.
Cap. 43. Cornent Raynolfc et Palde (i) s'a semblèrent a
parle ensemble.
Cap. 44. Coment Raynulfe prist pour moillier la nepote de
Pandulfe et fait fu maistre de la chevalerie.
Cl se finissent li Capitule,
(i) Lisez Pandulfe.
9
Ci se commence li premier Livre
DE l'ySTOIRE de LI NORMANT.
Cap. I . Nous trovons en cest premier capitule de i'es-
toire de li Normant que en la fin de France est une plane
plene de boiz et de divers frut; en celui estroit lieu habi-
toitgrant multitude de gent molt robuste et forte, laquel
gent premerement habitèrent en une ysullequi seclamoit
Nora, et pour ce furent clamez Normant, autres! comme
home de Nore. Man est a dire en langue thodesche home ;
et en tant estoitcressute la multitude de lo pueple, que li
champ ne li arbre non soufiisoit a tant de gent de porter
lor nécessaires dont peussent vivre (i).
(i) L* « ysulle qui se clamoit Nora » désigne sans doute la Nor-
vège, les pays Scandinaves d*où partirent les hommes du Nord pour
venir se fixer dans la partie de la Neustric à laquelle fut donné, du
nom des envahisseurs, le nom de Normandie. L*étymologie donnée
par Aimé est, on le voit, assez fantaisiste ; la véritable étymologie
se trouve dans ce passage du Roman de Rou :
Man[t] en engleis e en norreis
Senefie hum en franceis;
Justez ensemble nort e man[t],
Ensemble dites dune Norman[t] ;
Geo est hom de North en rumanz.
De la vint li nuns as Normanz.
Normant deiuent estre apelé
Normendie qu'il unt poplé.
{Roman de Rou, par Wace, édition H. Andresen, Heilbronn, chez
Henninger, 1877-79. v. log sqq., t. I, p. 14).
10
Cap. 2. Adont par diverses parties del munde s'espar-
tirent sa et la, c^est en diversez parties et contrées, quar
secont les diverses disposition del ciel sont diverses
contrées, lesquelles sont dites climate. Et se partirent ceste
gent, et laissèrent petite choze pour acquester assez, et
non firent secont la costumance de molt qui vont par lo
monde, liqucl se metent a servir autre ; mes simillance de
li antique chevalier, et voilloient avoir toute gent en lor
subjettion et en lor seignorie. Et pristrent l'arme, et rom-
pirent la ligature de paiz, et firent grant exercit et gr^nt
chevalerie ; et por ce vouz dirons cornent il s^espartirent
par lo monde, et cornent faisoient lor vie.
Cap. 3. De ceste fortissime gent en armes fu li conte
Guillerme (i)j et assembla avec lui .c. mille chevaliers,
et .X. mille arbalestier et autres pedons sanz nombre (2),
et prist son navie et vint jusque en Engleterre. Et
Aldoalde (3) loquel seoit sur son siège et tronè royal
d^Engleterre, loquel Adoalde regnoit puiz la mort de
Adeguardc juste roy (4), estoit maledit home. Contre
ccstui ala premercment Guillerme, et combati contre lui,
et lui creva un oill d^une sajete, et molt gent de li Englez
occist (5). Et puiz li devant dit Guillerme fut hducié en
lo siège royal et ot vittoriose corone. Et puiz dui ans li
roy de li Danoiz, pour revengier lo roy d^Engléterre,
(i) Guillaume le Conquérant, duc de Normandie.
(2) Ce n*est là qu'un chiffre rond fort exagéré, car le duc de Nor-
mandie, au rapport des chroniqueurs, n*avait pas d'aussi nombreuses
troupes lorsqu'il a envahi l'Angleterre.
(3) Harold, roi d'Angleterre depuis le mois de janvier 1066.
(4) Kduuard le Confesseur, roi d'Angleterre, de 104a à 1066.
(3) Marold périt Ic'i^ octobre 1066, en combattant à la bataille de
Ilastings contre Guillaume le Conquérant; d'autres chroniqueurs
n'ont pas rapporté qu'il ait eu un oeil crevé par une flèche envoyée
par son rival.
II
i
manda grant multitude de gent sans nombre mes li Nor-
mant veinchirent tuit ( i ).
Cap. 4. En cel an apparut un merveillouz signe pour
ccste forte aventure et bataille qui estoit a venir : car Tes-
toille qui se clame comète aparut molt de nuiz, et tant
de fulgure qui resplendissoit comment la lune [2). Geste
bataille brevement fu de li Normant laquelle fu faite en
lo temps de cestui qui escrist ceste ystoire, qùar cestui
moine fu a lo temps que ces Normans vindrent. Mes il lo
dira en l'autre ystoire (3).
Cap. 5. Et a ce que là religion de la foi christiane fust
aemplie, et maçast détestable folie de li Sarrazin, par ins-
piration de Dieu, s^acorderent en une volenté li roy, et li
conte, et li prince en uno conseill. C*est que fust assemblée
grant multitude de gent, et grant chevalerie de Françoiz
(i) II s'agit de Texpédition que Swen, roi de Danemark, envoya en
1069 contre les Normands envahisseurs de TAngleterre, sous la con<«
duite de son frère Osbiorn et de ses deux fils Harald et Knut ; ce
fut surtout à Taide de sommes d'argent et non par les armes- que
« Guillaume eut raison de ces adversaires ; il acheta la défection
d'Osbiorn.
(a) Sur l'apparition de cette comète, peu avant l'invasion de l'An-
gleterre par Guillaume le Conquérant, cf. : Chronica Rogeri de
HovEOEN, pars prior, t« 1« p. m, éd. Stubbs, London, Longmann,
1868. — Tke Anglo-Saxon Chronicle, ad an. 1066, t. II, p. i65 de
Tédition de Thorpb, London, Longnumn, 1861. — Willelmi
Malmesburiensis Gesia rerum An^lorum, 1. II, § 225, dans Migne :
Pair, lat,f t. 179, col. iao5. — Ekkeharo, MG. SS. VI, 199. —
La comète ayant paru en avril, et Lupus commençant Tannée sui-
vante le 25 mars, il la place régulièrement en 1067, MG. SS. V, 59. —
La Chronique anonyme du Mont-Cassin la place aussi en 1 067 car,
par suite d'une erreur de copiste, les faits mentionnés dans cette
chronique sont, à partir de l'an 1000, datés d'un an trop tard ;
Cronisti NapoUtani, in-40, Napoli, 1845, p. 462, éd. G. del Re.
(3) Pour le traducteur d'Aimé, « l'autre ystoire » est la Chronique
12
et de Borguegnons et d^autre gent, et fussent en compai-
gnie de li fonissime Normant, et ces deussent aler corn-
batre en Espaingne, a ce que la chevalerie de li Sarrazin,
laquelle il avoient assemblée, fust occupée et subjette a li
chrétien. Et a ceste choze faire fu eslit un qui se clamoit
Robert Crespin. Et quant il fu eslut, il se appareilla dealer
a la bataille ou illec estoit comman d'aler ; et damèrent
Tayde de Dieu, dont Dieu fu présent en Paide de ceuz
qui Ta voient demandé; dont li fidel de Dieu orent victoire
de la bataille, quar une grant part de li Sarrazin furent
mort. Et rendirent grâce a Dieu de la victoire qu'il presta
a son pueple (ij.
Cap. 6. Et alore fu prese la cité qui se clamoit Barbas-
taire, molt grant terre et plene de grant ricchesce, et
molt garnie. Et tout Tost voust que Robert Crispin la
feist garder, ace que en lo secont an retornasto tel exérdt
de Robert Viscart et de ses frères qu*il a également traduite du
latin en français ; mais, comme il a été dit dans VlntroduçtioHf le
traducteur se trompe ; le latin de cette chronique de Robert Viscirt
et de ses frères n'est pas d*Aimé, mais d*un abbréviateur de G. Mala-
terra.
(i) Les renseignements manquent sur la manière dont s'organin
en France cette expédition contre les Sarrasins et surtout sur la pan
qu*y prirent les Bourguignons. D'Achért a publié le rédt anonyme
d*un miracle, opéré en faveur de Guillaume Crespin l'ancien ; —
MiGNE, Patr. lat., t. i3o, col. y3S sqq., Appendix aux onivret de
Lanfranc — on y voit que le Robert Crespin dont parle Aimé, étth
fils de Gilbert Crespin, seigneur de Normandie ; et l'auteur ajoute :
« Robertus Crispinus minor frater, Northmannia egrestus, plurimas
pcragravit regiones, donec Constantinopolim veniret, et ab impen^
tore eu m honore susceptuSj magnique nominis apud omnes effectus,
ibi, ut fertur, invidia Gracorum veneno periit. » Ce que Aimé dit
plus loin de Robert Crespin et ce que nous savons par les historiens
byzantins, prouve quMls ont en vue le même personnage que celui
dont parle Tauteur du miracle.
13
ou plus grant, pour prendre des autres cités d*Espaingne.
Cap. 7. Et lo dyable, armé de subtillissime malice,
pour invidie de lo bon commencement de la foi pensa de
contrestet, et mètre en lo penser de li chevalier de li
Christi feu d^amour, et que se hauchassent chaîrent en
bas ; pour laquel choze Christ fu corrocié, car lo chevalier
se donna a lo amor de la famé, Adont, pour lor pechie
perdirent ce qu*il avoient acqïïesté, et furent secute de li
Sarrazin. Et perdue la cité une part furent occis, etu ne
part furent occis en prison, et une part foyrent et furent
délivré (i).
Cap. 8. Crespin, pour la vergoigne, non vouloit puiz
retomer en son palz ; mes vint en Ytalie et ceus de sa
contrée, et la demora par alcuns ans ; et pour faire cheva-
lerie souz lo pooir de lo impereor, ala en Costentinoble
où il ot molt de triumphe et molt de victoire, et puiz fu
mort (2).
(i) pans ses Recherches sur l'histoire et la littérature de V Es-
pagne pendant le moyen dge^ Dozy a publié, — t. II, p. 337, a* édit.,
Leyde, 1 860, — un récit d'iBN-HAÎYAN sur la prise de Barbastro par les
chrétiens en 1064, et sur la reprise de cette ville par les Sarrasins.
Malgré ses exagérations, Ibn-Halyan confirme les données principales
d'Aimé ; il désigne sous le nom de « commandant de la cavalerie de
Rome » le chef de l'expédition chrétienne. Dozy a voulu prouver
que ce commandant était Guillaume de Montreuil dont Aimé parle
plus loin, mais c'est là une erreur, comme il sera démontré plus
tard.
(2) Robert Crespin ne put venir en Italie avant 106 5, date de la
reprise de Barbastro par les Sarrasins ; il' n'y resta que peu dé
temps, quoique en dise Aimé, et, durant son séjour, ne se signala
par aucun fait d'importance, car son nom ne parait pas dans les
autres chroniqueurs des Normands en Italie. Attaliota — Historia,
p. laa, éd. Bonn, — et J. Sgyutzss —Historia, t. II des œuvres
de CxoRENUs, p. 678, éd. Bonn, — signalent son arrivée en Orient
en xq(j9 et disent qu'il venait d'Italie : « iv^p y^p Aattvoc ^ 'iTaXîa;
Cap. 9. Et puiz que cellui fu mort, cornent ce fiist
cose que molt alerent de diversez parties del inonde a li
solde de Tempereor. Et entre tous ceaux de Normendie
qui alerent a l'empereor pour prendre li solde (i), honeste
chevalier et vrai et fidel, puizqu'il avoit veinchut la con-
trée d'Esclavonnie, ala pour aidier a lo puepie de Tempe-
reor, loquel devoit combatre (2). Et lo impereor vît qu'il
cstoit acte de combatre et home a proye, lo manda contre
li Turc en Taide de lo père. Mes pour lo juste jugement
de Dieu, li Turc orent la victoire et fu grant mortalité de
Chrétiens. Et Auguste et Urselle furent prison, et ensi
ces ij o tout lor chevaliers furent menez 'en prison; et de
lo duc de li Turc furent honorablement receuz (3). Mes
T(} PsfftXtt TpoffeXOcjv Kpiffirivo; ovdiixTi. » Ces deux Byantins et
N. Bryenne — Commentar,, L. II, 4, éd. Bonn, p. 58, — rapportent
quelques péripéties de la vie de Crespin en ^ Orient, sans parler de
sa mort; elle a dû avoir lieu vers 1072, sous Michel VII, lonqu*tl
avait un grand commandement militaire.
( 1 ) La suite du texte montre qu'il s'agit d*Urselle dont le tnuluc-
tcur d'Aimé oublie d'écrire le nom.
(2) G. Malaterra — Historia Sicula, II, a3 ; dans Muiutoki,
R. I. SS., V, 568, — rapporte qu'en xo63 « Uraellus de Balid » aida
grandement le comte Roger à gagner sur les Sarratina de Sicile la
bataille de Cerami. N. Bryenne — Commentar,, H, 4, p. 58, ^9 ^ en
désaccord sur ce point avec Aimé, dit qu'Oursel ou Uradle entn
au service de l'empereur d*Oricnt, du vivant de Crespin, et qu'à la
mort de ce dernier, il lui succéda dans le commandement de aa
phalange : « '0 4»piyyoi OCpaiX^o;, tt^ç iraipia^ ^ toS KptvKivou »al
T/,c cusîvou X3T3P/WV si^sf^o; ëxt ^xcCvou TO XP*^^ iicoTCvauTOÇ. »
(3) Aimé parle de l'expédition que fit contre les Turcs, en 1071,
l'empereur romain Diogène et qui se termina, le a6 août, fiar la
défaite de Mantzikiert et la captivité de l'empereur. ScvLrrkKS —
H\storia, t. II des œuvres de Cedrbmus, p. 691, éd. Bonn, — dît
qu'avant la bataille, R. Diogène détacha de l'armée les contingents
mercenaires des Ouzes et des Francs et qu'il les envoya à Ghliat,
ï5
autre chose est a entendre, que autre choze est Auguste et
autre cose Cesare : Auguste et impereor est une cose
corne est dit devant; mes Cesaire est aucune cose manque
en cellui temps; .ij. empereor ou Auguste; et cestui qui
estoient sur la Turquie estoient patrie, et un autre qui
estoient Cesaire; si que alore estoient .ij. empereor et .ij.
Cesaire veraiement ( i ).
Cap. io. Cestui que je vouz ai devant dit atehdoient
Tayde de Tempereor, et entrevint lo contraire par lo con-
seill de un, loquel lui estoit patri qui estoit Cesaire; et
oiant par veraie famé que sa mère estoit en prison,
laquelle estoit moillier de lo sage Cesaire, elle se pela la
80U8 la conduite de Roussel ou Oursel, homme belliqueux et plein
d*audace ; « t6 {AiTBoçopixôv tûv OO^cov xolI toù; <^piy5ou< at»v
'Pouac^Cu ivSpl yew'^aiîù xal 'icoXep.'.xîo Sia^ÎT^ai xaxdb toO x'^^''^ ^'^^
«povoi&V* » Peu après, R. Diogène fit partir dans la même direction
une autre portion de ses troupes, commandées par Tarchaniota ;
mais, lorsqu'il se vit aux prises avec le sultan et le gros de Tarmée
turque, il expédia vers Ctliat des aides de camp, chargés de notifier
à Oiirsel et à Tarchaniota de venir le rejoindre avec les forces dont
ils disposaient. Ils n*en firent rien ni l'un ni Tautre et, traversant la
Mésopotamie, ils se replièrent avec leurs soldats, sur le territoire de
l'empire. De son côté, Attaliota — Historia, p. 148-158, — reproche
à Oursel et à Tarchaniota d'avoir abandonné l'empereur et de s'être
enfui à travers la Mésopotamie. N. Bryenne — Commentar. 1. I, 16,
p. 40 sq., — prétend que R. Diogène, persuadé qu'il pouvait, avec
ses propres forces, vaincre les Turcs, n'appela à son aide ni Oursel,
ni Tarchaniota. Quoi qu'il en soit de cette dernière hypothèse, favo-
rable à Oursel, on voit que Scylitzès, Attaliota et Bryenne contre-
disent l'assertion d'Aimé, disant qu'Oursel avait été fait prisonnier
avec R. Diogène à Mantzikiert.
(i) Aimé ou plutôt son traducteur se trompe ; il y avait l'empereur
R. Diogène ou Romain IV, alors prisonnier des Turcs, puis l'empe-
reur Michel Ducas ou Michel VII, proclamé à Constantinople à la
nouvelle de la captivité de Romain IV, et enfin le César Jean, oncle
de Michel VII^ mais on ne voit pas d'autre César.
i6
teste et se bâti lo pet pour son marit, et se fist monacha;
et la moillier Urselle, famé molt noble, mist en prison.
Mes lo conseill de Dieu non faut de aidier dont la malice
de Tome cerche la malice de destruire.
Cap. 1 1 . Lo impeor, liquel estoit en prison, dont son
iilz pour marit a la fille alo roy de Thurquie, laquelle estoit
baptizié et faite christianc, pour laquel choze il et Urselle
furent délivré et mandé honorablement. Et non petite
part de lo impiere raquesterent o l'aide de li Turchi.
Cap. 12. Et Cesaire, loquel avoit contre Auguste son
patrie, fu prison et chaï en la fosse laquelle il avoit faite
a autre. Et toutez foiz fu en prison non a Tompator mes
a altre gent; et por molt or et argent qu^ildona fu délivré
de la prison.
Cap. i3. Et a ceste choze fu aoint major mal qua par
substrattion de lo fillastre Cesare ; par commandement
de lo autre impereor, fu a lo impeor patrie de Cesare
crevés les oillz; et pour la dolor fu mort. Cestui moine
qui compila cest ystoire fait mention de moult empereour,
mes de Cesaire non fait mention de li nom, comment se
clamoicnt 1 1 *.
Cap. 14. Et Urssclle, home de grant cuer et fort com-
bateor^ en celui temps, conquesta Hermenie, et puiz lui
fist tribut, et vint en Costentinoble pour délivrer la moil-
lier, et mist son siège, et fist tant de damage qu'il desro-
boit et occioit et ardoit quant qu'il trovoit; et tant fu son
ire contre li Grez, que la moillier, laquelle li empeor
non lui vouloit rendra par sa volenté, covint qu'il lui
rendist contre sa volenté.
(i) Le César Jean empêcha en effet qu'on vint au secourt de Ro-
main IV et la femme de cclui<i, Timpératrice Eudoxie, fut obligée
17
Cap. i5. Et que li Grex molt de foiz par maliciouz
argument et o subtil tradement avoient usance de vein-
chere lor anemis, escristrent a li Turchi. Avec ceauz
estoient souz pat Ursselle, quar il lui estoient traitor, et
par dompsde molt or ordenerent que Urselle fust prison
de li Turchi, et fu liez o fortes chaenes (i). Qui bien cer-
de quitter le pouvoir et de se retirer dans un monastère ; la femme
d'Oursel fut emprisonnée, mais très probablement plus tard que ne
le dit Aimé; les auteurs cités plus haut' prouvent qu'Oursel n'a pas
été délivré avec Romain IV puisqu'il n'était pas prisonnier. Aimé est
seul à prétendre que Romain IV ait marié son fils avec la fille du
sultan. Après huit jours de captivité, le sultan rendit la liberté à
Romain IV, qui, jusqu'à sa mort, juillet 107a, chercha à reconquérir
son empire usurpé par Michel Ducas. Attaliota et Sctlitzès —
Historia^ p. 170 et 171 et Historia^ p. 70^, 703, — disent que
Crespin et ses Francs se tournèrent alors contre Romain IV et com-
battirent pour Michel Ducas. Il est peu probable, comme l'insinue Aimé,
qu'Oursel soit resté fidèle à Romain et se soit séparé alors de ses
compatriotes. Comme le dit Aimé, Romain IV mourut après avoir
eu les yeux crevés.
(i) En 1073, Michel Ducas chargea Isaac Comnène et Oursel,
devenu, après la mort de Crespin, le chef des troupes franques, de
repousser une invasion des Turcs ; mais Oursel ne tarda à se brouiller
avec I. Comnène et battit tour à tour les Turcs et les Grecs. Ce fut
alors probablement que Michel Ducas fit emprisonner la femme et
les enfants d'Oursel, pour le punir de sa révolte ; en outre, le César
Jean, oncle de l'empereur, marcha contre lui avec une armée, mais
Oursel le vainquit et le fit prisonnier. L'heureux aventurier prit
ensuite le chemin de Constantinople et brûla, sur son passage, une
grande partie de la ville de Chrysopolis. L'empereur effrayé lui ren-
voya sa femme et ses enfants et lui donna la dignité de Curbpalate.
Aimé, on le voit, a quelque notion de ces événements mais une
notion confuse ; ainsi il place à tort l'emprisonnement du César Jean
avant la mort de Romain IV ; sa notice sur Oursel ne peut donc
être d'une grande utilité, car elle ne fournit aucun fait qui n'ait été
mentionné par les Byzantins , il la termine, sans parler des dernières
aventures et de la mort d'Oursel, en disant que, par trahison, les
2
i8
chera li auter et Tystoire especialement de Troya, trovera
que li Grex ont plus soven^ vainchut per malice et par
traison que par vaillantizc.
Cap. i6. Non se pense cil qui cest livre lege, quecestui
moine procède mal en son dit, pour ce quMl entreprent
d'une part et de autre a dire; quar tout est de une ystoire,
et quant est de la victoire de une gent, c^est de li Normant.
Et adont se laisse lo dire de Urselle et conte altre deli
Longobart 1 1 ), non est de merveiller dont se eicuse. Cest
auttor dit que vole dire comment vinrent a li part de
Ytalie et de lo règne, et quel pueple veinchirent, et cornent
veinchijent la superbe de li non fidel.
Cap. 17. Avan mille puis que Christ lo nostre Seignor
prist char en la virgine Marie, apparurent en lo monde
.xl. vaillant pèlerin ; venoient del sain sépulcre de Jéru-
salem pour aorerJ h ucrist. Etvindrent a Salerne, laquelle
estoit assegic de Sarrasin, et tant mené mal qu'il se vou*
loicnt rendre. Et avant, Salerne estoit faîte tributaire de
li Sarrazin. Mes se tardèrent qu'il non paierent chascun
an li tribut a lor terme, et encontinent venoient li Sarrazin
o tout molt de nefs, et tailloient et occioient, et gastoient
la terre. Et li pelegrin de Normendie vindrent la, non
Turcs livrèrent Oursel aux Grecs qui le gardèrent en prison. Anne
Comnùne a raconté en détail, dans le premier livre de VAlexiade,
l'histoire de cette trahison et Tcmprisonnenicnt d'Oursel. Plus tird,
lorsque les Turcs mirent de nouveau Tempirc aux abois, Tempereur
s'empressa de délivrer Oursel et le supplia de se mettre à la tête des
troupes et lie repousser l'ennemi. Dans la Revue historique, t. XVI,
2e fasc., G. SciiLL'MBERGER a donné le fac-similé d'un sceau d'Ourtel
de Baillcul et Ta accompagné d'une intéressante notice sur le vaillant
condottiere,
(i) Lisez : «deli Normant »,
19
porent soustenirtant injure de la seignorie de H Sarrazin,
ne que li chrestiens en fussent subject a li Sarrazin. Ces-
tui pelegrin alerent a Guaimarie ( i) serenissime principe,
liquel governoitSalerneo droite justice, et proierent qu'il
lor fust donné arme et chevauz, et qu'il vouloient com-
batre contre li Sarrazin, et non pour pris de monoie, mes
qu^il non pooient soustenir tant superbe de li Sarrazin ;
et demandoient chevaux. Et quant il orent pris armes et
chevaux, ils assallirent li Sarrazin et molt en occistrent,
et molt s'encorurent vers la marine, et li autre fouirent
par li camp ; et cnsi li vaillant Normant furent veinceor.
Et furent li Salernitain délivré de la servitute de li pagan.
Cap. i8. Et quant ceste grant vittoire fu ensi faite par
la vallantise de ces .xl. Normant pelegrin, lo prince et tuit
li pueple de Salerne les regracierent molt, et lor offrirent
domps, et lor prometoient rendre grant guerredon. Et lor
prièrent qu^il demorassent a deffendre li chrestien. Mes
li Normant non vouloient prendre mérite de deniers de
ce qu^il avoient fait por lo amor de Dieu. Et se excusèrent
qu'il non pooient demorer.
Cap. 19. Après ce orent conseill li Normant que la
ventssent tuit li principe de Normendie ; et les enviterent ;
et alcun se donnèrent bone volenté et corage a venir en
cez partiez de sa, pour la ricchece qui i estoit. Et man-
dèrent lor messages avec ces victoriouz Normans, et man-
dèrent citre, agmidole, noiz confites, pailles imperials,
(i) Ce siège de Salerne par les Sarrasins eut lieu, comme nous le
verrons, en 1016 ; à cette date, le prince lombard, Guaimar III,
était depuis dix-sept ans prince de Salerne et venait d'associer au
pouvoir son fils Jean. Codex diplomaticus Cavensis; tabula chro-
nologica, p. iv, t. I, in-4'>, Neapoli, 1873.
20
ystrutncns de fer aortié d'or, et ensi les damèrent qu*il
deussent venir a la terre qui mené lac et miel et tant
belles coses. Et que ceste cosez fussent voires, cestui Nor-
mant veinceor lo testificarent en Normendie (i).
(i) Dans sa seconde rédaction de la Chronicon Casinense — II»
37, — Léo de* Marsi reproduit, comme il suit, les données d*Aimé :
« Septimo hujus abbatis (Atenulfi) anno (10 17) cœpenint Normanni,
Mclo duce, expugnare Apuliam. Qualiter autem vel qua occaskme,
Normanni ad istas partes primo devenerint et quii vel unde Bdelus
hic fiierit, quave de causa eisdem Normannis adhseserit, opportune
référendum videtur. Ante hos circiter 1 6 annos, quadraginta numéro
Normanni in habitu peregrino ab Jerosolimis revertentcs, Salemum
applicuerunt, viri equidem et statura proceri et specie pulchri, et
armorum experientia summi. Q,uam a Saracenis obsessam repe»
ricntes, accensis nutu Dei animis, a Guaimaro majore, qui tune
Salerni principabatur equis armisque expostulatls, tnopinate super
illos irruunt, et pluribus eorum peremptis, ccteris que fugatis, mira»
bilem victoriam Deo pnestante adepti sunt. Attolu ntur ab omnibua
in triumphum, donis a principe amplissimis honorantur, ut que
secum manere debeant multis precibus invitantur. Uli vero amore
tantum Dei et christianae tîdei hoc se fedsse asseverantes, et dona
rcwusant et ibi mancrc possc se denegant. Princeps itaque, habite
cum suis consilio, simul cum eisdem Normannis legatot suot in Nor-
manniam dirigit, et veluti altcr Narsis poma per cos cedrina, amtg»
dalas quoquc, et deauratas nuccs, ac pallia imperialia, nec non et
equorum instrumenta auro purissimu insignita, illuc transmittens,
ad terram talia gignentem ilIos transire non tam invitabat qnam et
trahebat. » MG. SS., VII, G5i. L*Anonymus Casinbnsis porte éga-
lement ad an, 1000 ; « Quidam Normanni Hierosolymis venientea,
Salernum a Sarracenis liberarunt. • Chronisti NapoUtani, éd. dbl Rk,
p. 462.
Malgré l'assertion d*AiMé, acceptée par Léo de* Marii et par
TAnonymus Casinensis, il n*est pas possible de placer vert Tan mille
ce siège de Salerne et sa délivrance par les Normands ; la véritable
date de cet événement a été donnée par Lupus lorsqu'il écrit, ad. am,
1016 : « Civitas Salerni obsessa est a Sarracenis per mare et per
terram et nihil profecerunt. » Lupi, Annales, MG. SS., V, 57. Remar-
21
Cap. 20. Et en cellui temps estoit rumor et odie entre
.îj. princes de Normendie, c'est Gisilberte et Guillerme.
Et Gisilberte^ loquel estoit clamé Buatere, prist volenté
quonsque ce siège de Salerne, placé par Lupus en 1016, est le seul
mentionné par les annalistes de l'Italie du Sud pour les dernières
années du x* et les premières années du xie siècle ; Lupus et Aimé
parlent donc du même fait, mais comme Lupus est ordinairement
précis au point de vue de la chronologie et qu*Aimé, au contraire,
procède souvent par chiffres ronds, assez fantaisistes, en bonne cri-
tique c'est l'indication de Lupus qui doit l'emporter. Du reste, d'après
le récit d'Aimé, les exploits des Normands au siège de Salerne ont
été le prélude de la première émigration des Normands en Italie et
de la campagne que firent les premiers émigrés avec Mélès contre
les Grecs; or, nous verrons que cette campagne débuta en 10 17.
Avant d'adopter le sentiment d'Aimé et dans la première rédaction
de la Chronicon Casinense, Léo db' Marsi avait ainsi rapporté la
première apparition des Normands en Italie : « Melus interea Capuœ
cum principe morabatur. His primum diebus venerunt Capuam Nor-
manni aliquot, quadraginta fere numéro ; qui domini sui comitis
Normannise iram fugientes, tam ipsi quam plures eorum socii qua-
qua vorsum dispersi, sicubi reperirent qui eos ad se reciperet,
requirebant ; vin equidem et statura procera et habitu pulchri et
armis experientissimi quorum prœcipui erant vocabulo Gislebertus
Botericus, Rodulfus Todinensis, Gosmanus, Rufinns atque Stigan-
dus. Hoc cognito Melus mox illos accersit, eorum que, etc.. » Léo
de' Marsi, Chron, Casin,, II, Sy, MG. SS., VII, 65 1. Léo plaçait donc
immédiatement avant Texpédition de Mélès contre les Grecs, en 1017,
la première apparition des Normands en Italie, c'est-à-dire vers 10 16
(Voyez les préliminaires de l'édition de Leo de' Marsi par Wattbn-
BACH, MG. SS., VII, p. 555 sqq.).
Quant à I'Anonymus Casinensis, les archives du Mont-Cassin
avaient, avant la Révolution française, trois manuscrits de cette
chronique, rangés sous les numéros 47, 199 et 85 1. Le premier allait
de l'an 1000 à 11 5a, le second de l'an 1000 à 1195, le troisième de
iiaS à iai2. Le manuscrit 199 a depuis disparu et il ne reste au
Mont-Cassin que les manuscrits 47 et 85 1 ; mais le manuscrit 47
est évidemment le plus- ancien puisqu'il ne va que jusqu'en 11 5a,
tandis que le second allait jusqu'en 11 95, et que le troisième ne
h't tr,lii ISSU l'in. L-fi r:cî.t "r.ir: ôrct il fa mort. Ei
ne."* ri iicti 11 isrrt. Ec ?.:c«r: : cccs de la terre
ri" =':cl: :rî fi li n-icr 6; iïs::iî. se "^rwhj de ocdre
•
-î=» .\.-=e tz zjk^s A it^.r j£ rf:t>-^iT iî *-ec o*
5Ji Téi2'=^ X-jêœ i MCii !^ rrî=L-sr CiSs îi« irtitiiîre de
l'î- :.•:•: p:~ li rmiir; irçartr;:c ie» N:c=ii^js en lulie, nuis
Lr>-. » «: li=id=T*.i i:5 n-ts zrz(^-itzz :;j.z i2zz es: U Téntable
Mï::i:tr-i:::, q-illî is: Il ïïliur 'n-scrclq,» is es réôi ^u siège die
Siltrtit rirpmi par .Mt.c Z Tz=Sir=:A jenaizâsent des esagén-
ii'ir.s :ar, ccrr.=:£=.: ic=:£ttrs qu£ q.irir:e pcl^rins aomuuids aîeot
-.lir.ru une arrzt^ J£ Sîrriiczs : Us cri: iû u:ir cazunes auziUaxres
::* G-.:i:rr.ir et ies 54l£r=^M.ns, c.=: le rdie est passé sous silence.
Gts rcscTi-cs faites, il fi-t r£»::-ia!tre qu'Aimé 1 été sor ce point
! t^h-F i'ur.e ira»ii'^c»n =.rTr.ani*, car Okaeuc Vital, qui TÎTnit en
Nrmand.'e a-j m? sitxle. 2 auss; riconic cette déUrrance deSeleme
avi: l'al-e des Norn::-nis r=Ter.ar.l iu S. Scpulcre, cf. O. Vitaus,
Ilût, ecclesiastic, 1. III, t. II, p. 33 de leditioo Le Prévost. Difie-
rentts sur des dcuils secondaires, les ceux nirrations sont identiques
^jir le fond. Seulement O. Vital se tn.*mpe en plaçant le siige de
.S^ilcrneaprjs une première émigrati'^n en Italie du normand OsnxKid
Drcnçot. Comme, d'après lui, Osmond Drengot serait allé en Italie
lorvjuc Robcrt-le-Diablv était duc de Normandie, c'est-à-dire après
i'i2»i, date uj l'avcnement de ce prince, il s'ensuivrait que la déli-
vrinc^ ri: ^alcrne par l-s Norm^nii aurait eu lieu, au plus tôt, en
l'/S^tf ce qui est inadmissible.
(i; Il faut Kicîiard et non pas Robert ; Richard, duc de Normandie,
.1 rtgné >ic rjijû à 1028 et a ^u pour successeur Robert, dit Robert*
1c Diable.
23
cellui qui avoit fait celle homicide; quar se ceste offense
non fusse punie, parroit que licence fust de toutes pars de
occirre li viceconte. Et Gisilberte avoit .iiij. frères, c^est
Raynolfe, Aseligime, Osmude et Lofulde. Et avieingne
quecestui n^avoient colpe delà mort de Guillerme toutes
foiz foyrent avec lo frère et vindrent auvec lo message
del prince de Salerne. Et vindrent armés non corne ane-
mis, mes come angele, dont par toute Ytalie furent
receuz (i). Les coses neccessaire de mengier et de boire
(i) Lbo de* Marsi, II, 37, reproduit ce passage. O. Vital con-
firme, en les répétant, quelques-unes des données d'Aiité; il écrit
— Histor, ecclesiast.f 1. III, t. II, p. 53 — : « His diebus,
Osmundus cognomento Drengotus Willermum Repostellum, qui
sese de stupro filiae ejus, in audientia opùmatum Normannis
arroganter jactaverat, inter manus Rotberti ducis, in sylva ubi vena-
batur, occidit, pro que reatu a facie ejus prius in Britanniam, deinde
in Angliam, postremo Beneventum cum fîliis et nepotibus aufugit.
Hic primus Normannorum sedem in Apulia sibi delegit et a principe
Beneventanorum oppidum ad manendum sibi, suisque hœredibus
accepit. » Pour O. Vital comme pour Aimé, le meurtre de G. Répos-
telle aurait donc été la cause d*une première émigration des Nor-
mands en Italie, seulement Aimé aurait fait tuer Répostelle par
Gilbert Buatère, tandis que O. Vital désigne comme meurtrier
Osmond, qu'Aimé énumère comme frère de ce même Gilbert
Buatère. Dans les autres parties de leur récita les deux chroniqueurs
ne sont guère d*accord, mais il faut avouer que celui d*0. Vital
fourmille d'erreurs.
Guillaume de Jumièges écrit : « Temporibus...., Roberti Norman-
norum ducis, Osmundus Drengotus audax miles Apuliam adiit cum
quibusdam aliis Normannis. Nam Willelmum cognomento Repos-
tellum militcm darissimum in venatione, in prssentia Roberti ducis
occiderat^ metuensque animositatem ducis et insignis equitis nobi-
lium parentum iras, in Apuliam secessit et propter magnam probi-
tatem ejus a Beneventanis honorifice detentus est. » Hist. Norman. ,
VII, 3o. — Cest, on le voit, un témoignage analogue à celui
d'O. Vital.
Enfin, d'après Adémar de Chabanais, -— Historiœ, 1. III, 55, — et
24
furent données de li signor et bone gent de Ytalie, et pas-
sèrent la cité Rome et vindrent a Capue et troverent que
que un de Pu i lie, qui se clamoit Melo, estoit là chacié, et
estoit chaciépource qu'il avoitesté rebelle contre lo empe-
reror de Costentinople ( i ).
d*après Raoul Glabbr — Historiammy L. III, i. — c'est un seigneur
Normand du nom de Raoul qui, ayant des discussions avec Richard,
duc de Normandie, passe en Italie avec les siens, vient à Rome où
le pape Benoît VII rengage à faire la guerre aux Grecs de la PouiUe.
Ce Raoul est évidemment le Rajmolfe du traducteur d'Aimé, Léo de*
Marsi écrit Rodulfus.
Remarquons enfin que le Gislebertus Botericus de la première
rédaction de Léo de* Marsi correspond au GisUbene Buatère d'Aimé.
Il est donc aisé de conclure que, malgré quelques erreurs de
détail, ce chap. ao^ d*Aimé repose sur une base historique incontes-
table.
(i) Dans la première rédaaion de sa chronique, Léo de' Marsi place
aussi à Capoue la rencontre des émigrés Normands et de Melo ou
Mélès, c'était donc là la tradition du Mont-Cassin ; Guillaume de
Fouille dit également qu'elle eut lieu en Campanie ; mais, d*aprèt ce
dernier auteur, Mélè^ environ un an auparavant, s*était abouché
déjà une première fois, au sanctuaire de S. Michel au mont Gargano
avec les Normands et leur avait proposé de s'unir avec les Lombards
contre les Grecs. Voici les vers du poète I, 1 1-47 :
« Horum (Normannorum) nonnuUi GarganI culmina montis
Conscendere, tibi, Michael archangele, voti
Débita solventcs. Ibi quendam conspicientes
More virum Graeco vestitum, nomine Melum,
ExuHs ignotam vestem capitique ligato
Insolitos mitnc mirantur adcssc rotatus.
Hune diim conspiciunt, quis et unde sit ipsc, requirunt.
Se Langobardum natu civemquc fuisse
Ingenuum Bari, patriis respondit at esse
Fini bus ex terre m Graeca fcritatc caoctum.
Exilio cujus dum Galli compaterentur,
Quam facilem rcditum, si vos velletis, habercm.
Nos aliquot vestra de gente juvantibus, inquit.
dire que par hardiesce de chevalerie estoit sa terre assallie,
manda contre li Normant li plus fort home qu'il put
trover. Et puiz la venue de ces autres ordenant la seconde
bataille. Mes li Grex perdirent et li Normant estoient
touzjors ferme. Et de ce ot grant dolor Pempeor (i). Et
manda grant multitude de gent, et ordena la tierce de
bataille, et la quarte, et quinte, et tout veincirent li Nor-
d'ftccord en cela avec Aimé, dit qu'elle se . termina à Tavantage de
Mélès et des Normands : « Tribus itaque vicibus cum Grecis, primo
apud Arenolam, secundo apud Civitatem, tertio apud Vaccariciam
campestri certomine dimicans (Melus), tribus eos vicibus superavit ;
multos que ex his interficiens, et usque ad Tranum eos contringens,
omnes ex hac parte quas invaserant Apulis civitates et oppida
rcccpît. n Chron. Casin., Il, Sy, MG. SS., VU, 653. On voit
que dans ce passage, Léo de* Marsi ne s'inspire en aucune façon
d'Aimé. Lupus parle aussi de Turnicius et de Pacianus et ne dit pas
quelle fut l'issue de la première bataille; il écrit ad an, 1017 : « In
hoc anno descendit Turnichi catepani mense Mali. Et fecit pralium
cum Mêle et Normannis Léo Patiano exubitus. MG. SS., V, by.
(1) D'après Léo de' Marsi, cette seconde bataille eut lieu près de
Gvitate. Cf. la note précédente ; Guillaume de Fouille constate que
les Normands y furent vainqueurs :
« Auctis militibus comités fuit inde secutus
Turnicius, sed terga dédit virtusque recessit.
Conflictu belli Pacianus corruit hujus.
Normannis auget validas Victoria vires,
Expertis Graecos nullius roboris esse,
Q,uos non audaces, sed cognovere fugaces. »
G. R. Wiscardi, 1. I, v. 74 sqq., MG. SS., IX, 243. — Lupus, en
désaccord avec Aimé, Léo de' Marsi et Guillaume de Pouille, prétend
que Mélès et les Normands furent vaincus dans la seconde bataille :
« Iterum m mense Junii 22 die prœlium fecit prsfatus Turnichi
catepani ; et vicit Melem et Normannos et mortuus est Patiano ibi
et Condoleo descendit in ipso anno. Lupus, ad an. 10 17. MG. SS.,
V, p. 57.
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2/
dire que par hardiesce de chevalerie estoit sa terre assaille,
manda contre H Normant li plus fort home qu'il put
trover. Et puiz la venue de ces autres ordenant la seconde
bataille. Mes li Grex perdirent et li Normant estoient
touzjors ferme. Et de ce ot grant dolor Tempeor (i). Et
manda grant multitude de gent, et ordena la tierce de
bataille, et la quarte, et quinte, et tout veincirent li Nor-
d'accord en cela avec Aimé, dit qu'elle se . termina à l'avantage de
Mélès et des Normands : « Tribus itaque vicibus cum Grecis, primo
apud Arenolam, secundo apud Civitatem, tertio apud Vaccariciam
campestri certomine dimicans (Melus), tribus eos vicibus superavit;
multos que ex his interficiens, et usque ad Tranum eos contringens,
omnes ex hac parte quas invaserant Apulis civitates et oppida
receph. » Chron. Casin,, II, 37, MG. SS., VII, 653. On voit
que dans ce passage, Léo de' Marsi ne s'inspire en aucune façon
d'Aimé. Lupus parle aussi de Turnicius et de Pacianus et ne dit pas
quelle fut l'issue de la première bataille; il écrit ad an, 1017 : « In
hoc anno descendit Turnichi catepani mense Maii. Et fecit pralium
cum Mêle et Normannis Léo Patiano exubitus. MG. SS., V, bj.
(i) D'après Léo de' Marsi, cette seconde bataille eut lieu près de
CivUate. Cf. la note précédente ; Guillaume de Pouillc constate que
les Normands y furent vainqueurs :
« Auctis militibus comités fuit inde secutus
Turnicius, sed terga dédit virtusque recessit.
Conflictu belli Pacianus corruit hujus.
Normannis auget validas Victoria vires,
Expertis Graecos nullius roboris esse,
Quos non audaces, sed cognovere fugaces, i*
G. R. Wiscardi, 1. I, v. 74 sqq., MG. SS., IX, 243. — Lupus, en
désaccord avec Aimé, Léo de' Marsi et Guillaume de Pouille, prétend
que Mélès et les Normands furent vaincus dans la seconde bataille :
« Iterum m mense Junii 22 die prœlium fecit prsfatus Turnichi
catepani ; et vicit Melem et Normannos et mortuus est Patiano ibi
etCondoleo descendit in ipso anno. Lupus, ad an. 10 17. MG. SS.,
V, p. 57.
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4
29
de Tystoire, non met se ceste multitude de li Normant
vindrent novellement de Normendie, ou se a Capue se
partirent li Normant. Et aucun vindrent en l^aide de
Melo, et li autre alerent avec li me'ssagier de lo prince de
Salerne.
Mes quant fu seu a Salerne que ensi avoient combatu
li Normant por aidier a Melo et estoient mort, vindrent
cil Normant de Salerne; de li Normant vint grant exercit,
et emplirent la contrée de fortissimes chevaliers. Et Melo
prist une autre bataille contre li Grex^ et s'encontrerent
li Normant contre li Grcx en un lieu qui se clamoit Vac-
carice^ c'est en PuiUe a Melfe, ou. maintenant sont gentil
Si capitur, capitis fieri cœsura jubetur.
. Multa Grœcorum cum gente Basilius ire
Jussus, in hune audax anno movet arma sequenti :
Cui catapan facto cognomen erat Bagianus.
Qjaod catapan Graeci, nos juxta dicimus omne.
Quisquis apud Danaos vice fungitur hujus honoris
Dispositor populi parat omne quod expedit illi
Et juxta quod cuique dari decet, omne ministrat.
Vicinus Cannis qua defluit Aufidus amnis
Circiter octobris pugnatur utrinque Kalendas.
Cum modica non gente valens obsistere Melus
Terga dédit, magna spoliatus parte suorum. »
Gesta R, Wiscardi, 1. I, v. 80 sqq., MO. SS., IX, 243. « Quana
demum pugna apud Cannas, Romanorum olim clade famosas,
Boiano catapani insidiis atque ingeniis superatus, universa quœ
facile receperat facilius perdidit. Feruntur in ea pugna Normannorum
ex ducentis quinquaginta numéro, decem tantummodo remansisse,
de Grscia autem innumerabilem turbam occubuisse. » Chroniam
Casin., H, 37, auctore Leone; MG. SS., VII, 653. L'identité
du chiffre des pertes des Normands, donné par Aimé et Léo de*
Marsi, prouve bien qu'ils parlent de la même journée. La bataille
eut lieu en octobre 1019 ; VAnonymus Barensis écrit, ad an, 1019,
indict. lia : « Fecit prœlium Bugiano catp. cum Franci in Canni et
home qui se darren: Vaccaîre. Et li Gm tant cornent il
en estoi: reziez ie rautre bataille furent mort. Et de li
Nonnan:« liqueî avoxent esté troiz mille, non remainstrent
se non cinc cent ': : et .tj. grant home de li Normant
TÎzit ; Mi-YATou. R. I. SS., t. V. p. 149; — de mêmeLurct ad an.
loio : « Fect prxlium supniictus Bugiuio in mense Oaobrâ cum
Frsii^as et vLrl: . • MO. SS.. V. p. 57. Les Ammaies Baremses placent
p\T erreur la bataille Je Can.-es en 1021 : • Hic fedt prœlium Basi*
II'js Vulcar.o cum Fr:Lncis; et vîcît illos in cîriute Canni ; » MG. SS.»
i. V, p. 54.
(i II y a bien eu une bataille entre Mélès et les Grecs i Vaccaricîa
'maintenant Bicoui, au norJ-ouest de Troja). Léo de* Marai la men-
tionne également fcf. supra, p. 26, note i); nuûs, au lieu de la
placer, comme le fait Aimé, après la bataille de Cannes, il la place
avant et avec raison, ainsi que le prouve le document suivant : Au
mois de juin 10 19, c'est-à-dire avant la bataille de Cannes, puisque
cette bataille est du mois d'octobre 1019 (voyez la note précédente),
le catapan Basile Bojoannès définit par une charte que nous avons
encore les limites du territoire de la ville de Troja qull venait de
faire restaurer et fortifier. — Tri.hchera, Syllabus Grœcarum^ etc.,.
Napoli, in-4«, i863, p. 18 sqq. — Or, dans cette charte se trouve la
phrase suivante : « xzl irooiôs: cl; vt.v iax^kr^viav Tf,v s-]^:av i'j^ûorxv
£v u iv-vETO ô r^Atjio; in tosv^xîo'j rswTOTCxOspiou «si aartcivov
vjvovÔTo; IrsAÎa; ro*^ xovtoXéovto;. » 11 s*agit bien de la bataille de
Vaccaricia car les territoires de Troja et de Vaccaricia sont contî-
gus; nous voyons mcme, d'après cette charte, que certains pâturages
étaient communs aux deux villes. Léo de' Marsi est donc dans le
vrai en plaçant la bataille de Vaccaricia avant celle de Cannes, On
ne saurait supposer qu'il y ait eu, après la bataille de Cannes, une
seconde bataille de Vaccaricia, car nous savons par Guillaume de
Fouille, par Léo de' Marsi, par VAnnoymus Barensis, par Lupus,
qu'après sa défaite à Cannes, Mélès alla en Germanie implorer le
secours de l'empereur et qu'il mourut à Bamberg. Maintenant, que
faut-il penser de cette donnée d'Aimé, affirmant que 3,ooo Normands
sont venus de Salcrne au secours de Mélès, avant la dernière bataille
décisive ? Évidemment il y a dans ce chiffre beaucoup d'exagération,
mais le chroniqueur fait sans doute allusion à cette nouvelle émigre*
tion des Normands en Italie dont parle Raoul Glaber et qui partit de
31
remeinstrent, de liquel .ij. remaînrent avec Athenulfe
abbé de mont de Cassin, et li autre avec li sien chevalier
a faire chevalerie avec lo prince de Salerne (i). Et secont
ceste ultime parole, pert que cestui troiz mille Normant
venissent novelement de Normendie.
Cap. 23. Et quant Melo se senti abandoné de Taide de
li chevalier, il s'en ala cori de lo empeor et requist misé-
ricorde. Et la bénignité de lo impereor H promist de faire
ce que Melo requeroit. Et lo impereor fu guarde de li
prince de li Thodés, coment de certe chevalier se appa-
Normandie lorsque Tod connut les premiers succès de Mélès et des
Normands contre les Grecs ; R. Glaber écrit : « Interea cum auditum
esset ubique quoniam paucis Normannorum concessa fuisset des
superbientibus Grecis Victoria, innumerabilis multitudo etiam cum
uxoribus et liberis prosecuta est a patria de qua egressus fuerat, Ro-
dulfiim, non solum permittente sed etiam compellente ut îrent
Richardo, illorum comité. » Après avoir traversé le Mont-Joux, ces
émigrants viennent trouver Raoul qui combat contre les Grecs
(Raoul Glaber ne dit rien de Mélès), assistent à plusieurs batailles,
et comme Raoul ne peut l'emporter définitivement sur les Grecs, il
se décide à aller en Germanie, implorer le secours de l'empereur ;
R. Glabri, Historiarunif 1. III, c. I. Aimé est donc en résumé un
guide peu sûr sur ces événements et en général sur la seconde guerre
de Mélès avec les Grecs, il n*a reproduit que des données ou exagé-
rées ou trop vagues.
(t) Lbo de* Marsi — Chronicon Cos., 1. II, 3j et 38 — donne plus
de détails qu'Aimé : « Melus vero cernens se militum auxiliis desti-
tutum, Normannos superstites partim apud Guaimarium, partim
apud Pandulfîim constituens, ipse ultra montes ad imperatorem pro-
fectus est Abbas (Atenulfus) necessitate coactus (pour défendre
les biens du Mont-Cassin contre les comtes d*Aquino) fortissimos
aliquot sibi ex prasdictis Normannis ascivit, eosque in oppido quod
Piniatarium nuncupatur (Pignataro, sur les bords du Garigliano), ad
monasterii bona tutanda constituit ; quod quîdem illi, quandiu abbas
ipse superfuit, strenue satis et fidcliter executi sunt. » MG. SS., VII,
p. 653.
32
reilla d'aler a restituer Melo en sa propre honor. Et la
cnidele s'en rit de ceste covenance, quar Melo fii mort, et
fu sousterré en Teglise de Babipga, laqjuelle avoit faite
cestui impeor, et en lo sépulcre de li noble fu mis ; et
en et tristece remperor et tout son excercit (i).
Cap. 24. La vertu impérial non voloit muer la dispo-
sition de veniren Ytalie (2). Etpuiz ala citédeTroie (3),
(0 « Et puduit (Melum) victum patria tellure morari ;
Samnites adiit superatus, ibique moratur
Post Alemannorum pctiit suffragia régis
Henrici, solito placidus qui more precantem
Suscipity auxilii promittens dona propinqui.
At Melus regrcdi prsvcntus morte nequivit.
Henricus sepelit rex hune, ut regius est mos.
Funeris exequias comitatus adusque sepulcrum
Carminé regali tumulum decoravit humad. »
Gesta R. Wiscardi^ 1. 1, v. 95-104. Voyez dans la note précé-
dente le texte de Léo de* Marsi ; ce chroniqueur dit plut loin, n* 39,
que Mélès mourut pendant son ambassade : « Cum jam bit ad eum
(imperatorem) Melus hac de causa profectut ultra montes deiunaus
fuissct, etc. » — « Mel fugit et ibit ad Enrico imp. » Anxmymus Barem»
sis, ad an. 1019, dans Muratori, R. I. SS., t. V, p. 149. « Et Mel
fugit cum aliquamis Francis ad Enerichum imperatorem. » Luruf*
ad an, 10 19, MG. SS., V, 67. Voyez dans les Afofii/meii/tf Bomber'
gcnsia de Jaffe, p. ^7* la curieuse lettre par laquelle, en 1054,
Tcmpcreur Henri III prescrit que Ton respecte à tout jamais la tombe
de Mélès dans h cathédrale de Bambcrg; le Nécrologe de Bamberg,
ibid,, p. 558, place au 23 avril 1020 la mort de Mélès. 11 résulte-
rait du passage de R. Glaber déjà cité (cf. supra, p. 19, note 1), que
Raoul serait probablement allé avec Mélès trouver rempereur i
Bamberg.
(2) Henri II, saint Plenri, duc de Bavière de 995 à 1004, roi de
Germanie en 1002, empereur en 10 14; il mourut le i3 juillet 1014.
C*était le troisième voyage d*Henri 11 en Italie.
(S) Troja compte actuellement plus de 6,000 habitants et est située
entre Foggia et Bénévent ; sur sa fondation ou plutôt sa restauration
3.3
pource que li Grez Tavoient mise en lo tenement de Boni-
vem> et la prist. Et en celui temps, manda lo combatant
arcbevesque de Coloingne, a prendre li prince de Capue,
et puiz devoit aler a prendre Salerne. Et fu pris lo prince
de Capue ; et .xl. jors fu assegié Salerne. Mes por ce que
la cité estoit forte a prendre, prist ostage del filz de lo
prince de Salerne. Et o gloire de triumphe retorna a la
cort de lo impeor. Et puiz» par examination de juste
jugement, Pandulfe, prince de Capue^ fu jugié a mort.
Mes, par prière de Tarchevesche de Coloingne, fu délivré
de celle sentence ; toutes foiz fu-il porté delà de li Alpe
liez de une catene en lo col. Et lo fil de lo prince de Sa-
lerne, loquel prince se clamoit Guaymarie, fu recom-
mandé a lo pape Benedit (i ).
Cap. 25. Cestui moine storiographe rent la rayson pour
quoi li empeor fu irés contre li prince de Capue, Pan-
en 10 19, par le catapan Basile Bojoannès, voyez la charte déjà citée
(p. 19, note i) et imprimée dans Trinchera, Syllabus Grœcarum
membranarum, p. 18 sqq.
(t) Sans s'inspirer d'Aimé, Léo de' Marsi confirme plusieurs des
assertions de ce chapitre ; il écrit que Piligrim (archevêque de Cologne
de to2i à io36) « Capuam festinan^er adiit, eam que mox undique
armato milite cinxit. » Le prince de Capoue, Pandulfe, se voyant
perdu, car l'archevêque avait une armée de 20,000 hommes, se livra
spontanément, et Piligrim le conduisit à l'empereur occupé au siège
de Troja. Pandulfe fut jugé et condamné à mort ; il obtint à grand
peine que la sentence ne fut pas exécutée et l'empereur l'amena en-
chaîné en Germanie. Chron. Casin,, 1. II, c. 40, MG. SS., VU,
654. Léo de' Marsi ne parle ni de Salerne ni de Guaimar, les Annales
de S. Gall disent seulement qu'Henri II fit rentrer Salerne sous
l'obéissance : « Henricus... Trojam, Capuam, Salernam, Neapolim
urbes imperii sui ad Grecos déficientes ad deditionem coegit. »
Annales SangalUnses majores ad an. 1022, MG. SS., I, p. 82. Cf.
Casuum S. Galli contin.y U, 4, MG. SS., II, p. i55, et Herim. Au-
GiENsis Chronicon, ad an, 1022^ MG. SS., V, p. 120.
3
furent données de li signor et bone gent de Ytalie, et pas-
sèrent la cité Rome et vindrent a Capue et troverent que
que un de Puille, qui se clamoit Melo, estoit là chacié, et
estoit chacié pource qu^il avoit esté rebelle contre lo empe*
reror de Costentinople ( i ) .
d*après Raoul Glabbr — Historiamm, L. III, i. — c'est un seigneur
Normand du nom de Raoul qui, ayant des discussions avec Richard,
duc de Normandie, passe en Italie avec les tiens, vient à Rome où
le pape Benoît VII rengage à faire la guerre aux Grecs de la Fouille.
Ce Raoul est évidemment le Raynolfc du traducteur d*Aimé, Léo de*
Marsi écrit Rodulfus.
Remarquons enfin que le Gislebertus Botericus de la première
rédaction de Léo de* Marsi correspond au Gisilberte Buatère d*Aimé.
Il est donc aisé de conclure que, malgré quelques erreurs de
détail, ce chap. 20e d*Aimé repose sur une base historique incontes-
table.
(i) Dans la première rédaction de sa chronique, Léo de* Marsi place
aussi à Capoue la rencontre des émigrés Normands et de Melo ou
Mélès, c*était donc là la tradition du Mont-Cassin ; Guillaume de
Fouille dit également qu'elle eut lieu en Campanie ; mais, d'après ce
dernier auteur, Mélè^, environ un an auparavant, s'était abouché
déjà une première fois, au sanctuaire de S. Michel au mont Gargano
avec les Normands et leur avait proposé de s'unir avec les Lombards
contre les Grecs. Voici les vers du poète I, 1 1 -47 :
« Horum (Normannorum) nonnulli Gargani culmina montis
G>nscendere, tibi, Michael archangele, voti
Débita solventes. Ibi quendam conspicientes
More virum Graeco vestitum, nomine Melum,
Exulis ignotam vcstem capitique ligato
Insolitos mitrs mirantur adcssc rotatus.
Hune dîim conspiciunt, quis et unde sit ipsc, requirunt.
Se Langobardum natu civemque fuisse
Ingenuum Bari, patriis respondit at esse
Finibus cxtorrcm Graeca feritatc caoctum.
Exilio cujus dum Galli compaterentur,
Quam facilem reditum, si vos velletis, habercm,
Nos aliquot vestra de gente juvantibus, inquit.
25
f
Cap. 21. Cestui furent en aide de Melo et entrèrent en
la fin de Puille auvec lui. Et commencèrent a combatre
contre li Grez, et virent qu^il estoient comme famés. Et
Testabatur enim, cito Graecos esse fugandos
Auxiliift horum, facili comitante labore.
Illi donandum patriae munimine gentis
Hune céleri spondent, ubi forte redire licebit.
Ad fines igitur postquam rediere paternos
^ Cœperunt animos mox sollicitare suorum,
Italiam secum peterent. Narratur et Ulis
Appula fertilitas ignavia que insita genti.
Sola quibus peragi possit via, ferre moventur ;
Tutor ibi prudens promittitur inveniendus.
Quo duce de Greecis facilts Victoria fiât.
Arrectis igitur multorum mentibus ire
Pars parât, exigus vel opes aderant quia nullae
Pars quia de magnis majora subire vôlebant :
E^t adquirendi simul omnibus una libido.
Aggrediuntur iter, sumptis qus cuique videtur
Ferre necesse viam pro viribus ad peragendam.
Postquam gens Romam Normannica transit inermis,
Fessa labore vis Campanis substitit horis :
Fama volât, Latio Normannos applicuisse.
Melus ut Italiam Gallos cognovit adisse,
Ocius accessit, dédit arma carentibus armis
Armatos secum comités properare coegit. »
Ce récit de Guillaume de Pouille ne contredit pas celui d*Aimé,
car il se peut très bien qu'après avoir aidé à délivrer Salerne, les
pèlerins Normands, revenant de Jérusalem, soient ensuite allés au
Mont-Gargano ; bien des pèlerins au moyen âge ont ainsi parcouru
la chrétienté en se rendant d*un sanctuaire à Tautre. Quant au passé
de ce Mélès dont Aimé parle ici, pour la première fois, nous savons
qu'en ion, ce citoyen de Bari avait essayé de chasser les Grecs de
l'Italie et de reconquérir l'indépendance de sa patrie. Il livra bataille
aux Grecs à Bitecto près de Bari en ion, au mois de mai, et cette
journée coûta la vie à beaucoup d'habitants de Bari — Annales Ba-
renses, ad an. ion et ioi3, MG. SS., V. 53. —En ioi3, au mois
26
par li camp arenouz de Puille font gésir lor anetnis sans
esperit. Et pour la mort de ces^ est occasion de grant tris-
tece, et plus en remanda a combatre (i). Et quant il ci
d*avril, assiégé dans Bari par le catapan Basile le Macédonien et se
sentant entouré de traîtres qui projetaient de le livrer à Tennemi,
Mélès s'enfuit secrètement la nuit, avec son beau-frère DattOt gagna
Ascoli et successivement Bénévcnt, Salerne et Campoue. Sa femme
Maralda et son fils Argyros furent pris par les Grecs et envoyés à
Constantinople. Cf. Leo de' Marsi, 1. II, Sj, MG. SS., VII, 65a.
(i) Voici, d'après Guillaume de Fouille, bien plus précis qu'Aimé
sur ce point, les débuts de cette guerre dans la Fouille :
tt Emptis Normannos Campanis partibus armis
Invadenda furcns loca duxit ad Appula Melus.
Hune habuerc ducem sibi gens Normannica primum
Fartibus Italiae. Gallos tremit Appulus omnis,
Quorum prsvalido multi periere rigore.
Turnicii tandem rumor pervenit ad aures,
Qui catapan fuerat Grscorum, missus ab urbe
Cui Constantinus nomen dédit editor urbis,
Et Constantinus pariter que Basilius illi
Tune dominabantur — Gallos venisse féroces
Conductu Meli, qui factus utrique rebellis
Appula Normannis loca depopulanda monebat.
His ita Turnicio fama referente rclatis,
Agmina Grsecorum propere direxit in hostet.
Non etenim per se certamina prima paravit,
Sed per legatum, cognomen cui Facianus
Et Leo nomen erat, qui juxta fluminis undam
Nomine Fertorii — locus est Arenula dictus
Deduxit secum multos ad bella Felasgos.
Maii mcnsis erant aptisstma tempora Marti,
Hoc ad bella soient procedere tempore reges,
Fortuna que pari primo pugnatur utrimque. »
Gesta R. Wiscardi, 1. I, v. 5a sqq., MG. SS., IX, p. 242 sq.
D'aprcs Guillaume de Fouille, la première bataille entre Mélès et les
Grecs, la bataille d'Arenula serait donc restée indécise ; Leo de* Mtrsi,
^7
dire que par hardiesce de chevalerie estoit sa terre assallie,
manda contre li Normant 11 plus fort home qu'il put
trover. Et puiz la venue de ces autres ordenant la seconde
bataille. Mes lî Grex perdirent et li Normant estoient
touzjors ferme. Et de ce ot grant dolor Tempeor (i). Et
manda grant multitude de gent, et ordena la tierce de
bataille, et la quarte, et quinte, et tout veincirent li Nor-
d'accord en cela avec Aimé, dit qu'elle se . termina à l'avantage de
Mélès et des Normands : « Tribus itaque vicibus cum Grecis, primo
apud Arenolam, secundo apud Civitatem, tertio apud Vaccariciam
campestri certomine dimicans (Melus), tribus eos vicibus superavit;
multos que ex his interficiens, et usque ad Tranum eos contringens,
omnes ex hac parte quas invaserant Apulis civitates et oppida
recepît. » Chron. Casitt., Il, 3 7, MG. SS., VII, 653. On voit
que dans ce passage, Léo de* Mars! ne s'inspire en aucune façon
d'Aimé. Lupus parle aussi de Turnicius et de Pacianus et ne dit pas
quelle fut l'issue de la première bataille; il écrit ad an. 1 017 : u In
hoc anno descendit Turnichi catepani mense Maii. Et fecit prcelium
cum Mêle et Normannis Léo Patiano exubitus. MG. SS., V, 57.
(i) D'après Léo de* Marsi, cette seconde bataille eut lieu près de
Civitate. Cf. la note précédente ; Guillaume de Fouille constate que
les Normands y furent vainqueurs :
« Auctis militibus comités fuit inde secutus
Turnicius, sed terga dédit virtusque recessit.
Conflictu belli Pacianus corruit hujus.
Normannis auget validas Victoria vires,
Expertis Graecos nullius roboris esse,
Q,uos non audaces, sed cognovcre fugaces. »
G. R, Wiscardiy 1. I, v. 74 sqq., MG. SS., IX, 243. — Lupus, en
désaccord avec Aimé, Léo de' Marsi et Guillaume de Pouille, prétend
que Mélès et les Normands furent vaincus dans la seconde bataille :
« Iterum m mense Junii 22 die prœlium fecit prsefatus Turnichi
catepani ; et vicit Melem et Normannus et mortuus est Patiano ibi
etCondoleo descendit in ipso anno. Lupus, ad an. 10 17. MG. SS.,
V, p. 57.
28
mant; et ensi Melo par la force de li Normant fu en lo
tronc de son honor (i).
Cap. 2 2. Apres ce li empeor manda domps et manda
tribut en toutes pars. Et ovri son thesaure et trova cheva-
liers pour monoie, et combatirent contre li fort Normant.
Mes li Normant en veinchurent sans nombre. Et tant
vindrent de gent sanz nombre, et lo champ fu tôt plein
de la multitude de lo cxercit de Tempeor, et sontveues
les lances estroitcs corne les canes sont en lo lieu ou il
croissent, et venant encontre petit de Normant en Taide
de Mclo ; et la multitude de la gent de Tempeor aloient
par lo camp comme li ape quant il issent de lor lieu quant
il est plein. Et que vousdiroie-je? Li Normant sont appa-
reilliez de morir avant que fouir. Et se fist la .vj«. bataille
molt forte, et de chascune part est grant^peril de mon.
Mes pour un de li Normant furent mort molt de anemis^
et en tant fu forte la bataille que de .ij. c. 1. Normant non
remestrent se non .x., et de ces se sot lo nombre quant
furent ; mes de l'autre part furent tant que nombre non
s'en trove (2). Cestui moine storiographe^ cest escriptor
(i) Ces troisième, quatrième et cinquième batailles n'ont dû être
que des combats de peu dUmportance, car Aimé est seul à en ptricr;
nous savons par les autres chroniqueurs, par Léo de' Marsi, par
exemple, qu'il n'y eut dans cette guerre que quatre rencontres sé-
rieuses entre les Grecs et les Normands, les batailles d'Arenuls et
de Civitate dont il a déjà été question et celles de Vacctricia et de
Cannes dont Aimé va parler.
(2) 11 s*agit de la bataille de Cannes, sur la rive droite de l'Ofanto
(maintenant Canosa di Puglia). Voici sur cette journée les vers 4e
Guillaume de Fouille, le poète parle aussi de la multitude des Grecs
et confirme la défaite de Mélès et des Normands :
« Impcrii fama insinuât rectoribus arva
Appula Normannos Melo duce depopulari.
Hune, his auditis, sibi curia judicat hostem ;
29
de l'ystoire, non met se ceste multitude de li Normant
vindrent novellement de Normendîe, ou se a Capue se
partirent li Normant. Et aucun vindrent en Paide de
Melo, et li autre alerent avec li messagier de lo prince de
Saleme.
Mes quant fu seu a Salerne que ensi avoient combatu
li Normant por aidier a Melo et estoient mort, vindrent
cil Normant de Salerne; de li Normant vint grant exercit,
et emplirent la contrée de fortissimes chevaliers. Et Melo
prist une autre bataille contre li Grex^ et s'encontrerent
li Normant contre li Grex en un lieu qui se clamoît Vac-
carice^ c'est en Puille a Melfe, ou. maintenant sont gentil
Si capitur, capitis fieri cœsura jubetur.
. Multa Grscorum cum gente Basilius ire
Jussus, in hune audax anno movet arma sequenti :
Cui catapan facto cognomen erat Bagianus.
Quod catapan Grsci^ nos juxta dicimus omne.
Quiaquis apud Danaos vice fiingitur hujus honoris
Dispositor populi parât omne quod expedit illi
Et juxta quod cuique dari decet, omne ministrat.
Vicinus Cannis qua defluit Aufidus amnis
Circiter octobris pugnatur utrinque Kalendas.
Cum modica non gente valens obsistere Melus
Terga dédit, magna spoliatus parte suorum. »
Gesta R. Wiscardi, 1. I, v. 80 sqq., MG. SS., IX^ 243. « Quarta
demum pugna apud Cannas, Romanorum olim clade famosas,
Boiano catapani insidiis atque ingeniis superatus, universa quae
facile receperat facilius perdidit. Feruntur in ea pugna Normannonim
ex ducentis quinquaginta numéro, decem tantummodo remansisse,
de Gnecitautem innumerabilem turbam occubuisse. » Chronicon
Casin., II, 37, auctore Leone; MG. SS., VII, 653. L'identité
du chiffre des pertes des Normands, donné par Aimé et Léo de*
Marsi, prouve bien qu'ils parlent de la même journée. La bataille
eut lieu en octobre 10x9 ; ÏAnonymus Barensis écrit, ad an. 10 19,
indict. lia : « Fecit prœlium Bugiano catp. cum Franci in Canni et
30
home qui se clament Vaccaire. Et li Grex tant cornent il
en estoit rcmez de l'autre bataille furent mort. Et de li
Normant, liquel avoient esté troiz mille^ non remainstrent
se non cinc cent (i); et .vj. grant home de li Normant
vicit ; MuRATOu, R. I. SS., t. V, p. 149; — de mêmeLuFrs €id an,
1019 : «c Fecit prœlium supradictut Bugiano in mense Octobris cum
Francis et vicit , » MG. SS.. V, p. 57. Les Annales Barenses placent
par erreur la bataille de Cannes en 102 1 : « Hic fecit prœlium Basi-
lius Vulcano cum Francis; et vicit illos in civitate Canni ; » MG. SS.,
t. V, p. 54.
(i) Il y a bien eu une bataille entre Mélèt et les Grecs à Vaccaricia
(maintenant Biccari, au nord-ouest de Troja). Léo de' Marsi la men-
tionne également (cf. supra, p. 26, note i); mais, au lieu de la
placer, comme le fait Aimé, après la bataille de Cannes, il la place
avant et avec raison, ainsi que le prouve le document suivant : Au
mois de juin 10 ig, c'est-à-dire avant la bataille de Cannes^ puisque
cette bataille est du mois d'octobre 10 19 (voyez la note précédente),
le catapan Basile Bojoannès définit par une charte que nous avons
encore les limites du territoire de la ville de Troja qu'il venait de
faire restaurer et fortifier. — Trinchera, Syllabus Grœcarym, etc...
Napoli, in-4«, i865, p. 18 sqq. — Or, dans cette charte se trouve la
phrase suivante : « xxl aicooîSsi el; Tt,v ixxXT^9{sv Ti,v àr*\.9>t iuvoûTVxv
£v (u syivsTO ô r^Xejio; trt TOpv.xCou i:p(i>T09iixOxpîo*j «si xxtcicIvO'j
vsvovdTo; ÎTsXCs; tov> xovToXéovTo;. w II s'agit bien de la bataille de
Vaccaricia car les territoires de Troja et de Vaccaricia sont contî-
gus ; nous voyons même, d'après cette charte, que certains pAtunges
étaient communs aux deux villes. Léo de' Marsi est donc dans le
vrai en plaçant la bataille de Vaccaricia avant celle de Cannes. On
ne saurait supposer qu'il y ait eu, après la bataille de Cannes, une
seconde bataille de Vaccaricia, car nous savons par Guillaume de
Fouille, par Léo de' Marsi, par YAnnoymus Barensis, par Lupus,
qu'après sa défaite à Cannes, Mélès alla en Germanie implorer le
secours de l'empereur et qu'il mourut à Bamberg. Maintenant, que
faut-il penser de cette donnée d'Aimé, affirmant que 3, 000 Normands
sont venus de Salcrne au secours de Mélès, avant la dernière bataille
décisive ? Évidemment il y a dans ce chiffre beaucoup d'exagération,
mais le chroniqueur fait sans doute allusion à cette nouvelle émign*
tion des Normands en Italie dont parle Raoul Glaber et qui partit de
3î
remeinstrent, de liquel .ij. remainrent avec Athenulfe
abbé de mont de Cassin, et li autre avec li sien chevalier
a faire chevalerie avec lo prince de Salerne (i). Et secont
ceste ultime parole, pert que cestui troiz mille Normant
venissent novelement de Normendie.
Cap. 23. Et quant Melo se senti abandoné de Taide de
li chevalier, il s'en ala cort de lo empeor et requist misé-
ricorde. Et la bénignité de lo impereor li promist de faire
ce que Melo requeroit. Et lo impereor fu guarde de li
prince de li Thodés, coment de certe chevalier se appa-
Normandie lorsque Ton connut les premiers succès de Mélès et des
Normands contre les Grecs ; R. Glaber écrit : « Interea cum auditum
esset ubique quoniam paucis Normannorum concessa fuisset des
superbientibus Grecis Victoria, innumerabilis multitudo etiam cum
uxoribus et liberis prosecuta est a patria de qua egressus fuerat, Ro-
dulfum, non solum permittente sed etiam compellente ut irent
Richardo, illonim comité. » Après avoir traversé le Mont-Joux, ces
émigrants viennent trouver Raoul qui combat contre les Grecs
(Raoul Glaber ne dit rien de Mélès), assistent à plusieurs batailles,
et comme Raoul ne peut remporter définitivement sur les Grecs, il
te décide à aller en Germanie, implorer le secours de l'empereur ;
R. Glabri, Historiarum, 1. III, c. I. Aimé est donc en résumé un
guide peu sûr sur ces événements et en général sur la seconde guerre
de Mélès avec les Grecs, il n*a reproduit que des données ou exagé-
rées ou trop vagues.
(i) Lko de* Marsi — Chronicon Cos., 1. II, 37 et 38 — donne plus
de détails qu*Aimé : « Melus vero cernens se militum auxiliis desti-
tutum, Normannos superstites partim apud Guaimarium, partim
apud Pandulfum constituens, ipsc ultra montes ad imperatorem pro-
fecttis est Abbas (Atenulfus) necessitate coactus (pour défendre
les biens du Mont-Cassin contre les comtes d*Aquino) fortissimos
aliquot sibi ex praedictis Normannis asdvit, cosque in oppido quod
Piniatarium nuncupatur (Pignataro, sur les bords du Garigliano), ad
monasterii bona tutanda constituit ; quod quidem illi, quandiu abbas
ipse tuperfuit, strenue satis et fidcliter executi sunt. > MG. SS., VII^
p. 653.
32
reilla dealer a restituer Melo en sa propre honor. Et la
cnidele s'en rit de ceste covenance, quar Melo fu inort^ et
fu sousterré en Teglise de Babipga, laquelle avoit faîte
cestui impeor, et en lo sépulcre de li noble fîi mis ; et
en et tristece Temperor et tout son excercit (i).
Cap. 24. La vertu impérial non voloit muer la dispo-
sition de venir en Ytalie (2). Et puiz ala cité de Troie (3),
( I ) « Et puduit (Melum) victum patria tellure morari ;
Samnites adiit superatus, ibique moratur
Post Alemannorum pctiit suffragia régis
Henrici, solito placidus qui more precantem
Suscipît, auxilii promittens dona propinqui.
At Mclus regrcdi prsventus morte nequivit.
Henricus sepelit rcx hune, ut regius est mos.
Funeris exequias comitatus adusque sepulcrum
Carminc regjli tumulum dccoravit humati. »
Gesta R. Wiscardi, 1. 1, v. 95-104. Voyez dans la note précé-
dente le texte de Léo de* Marsi ; ce chroniqueur dit plus loin, n* 39,
que Mélès mourut pendant son ambassade : « Cum jam bit ad eum
(imperatorcm) Melus hac de causa profectus ultra montes defunaut
fuisset, etc. » — « Mel fugit et ibit ad Enrico imp. » Anonjrmus Baren»
sis, ad an. loiç, dans Muratori, R. I. SS., t. V, p. 149. « Et Mel
fugit cum aliquantis Francis ad Enerichum imperatorem. » Luput«
ad an, loiq, MG. SS., V, 37. Voyez dans les Monumenta Bomber"
gensia de Jaffe, p. 1^7, la curieuse lettre par laquelle, en 10S4,
l'empereur Henri III prescrit que Ton respecte à tout jamais la tombe
de Mélès dans la cathédrale de Bambcrg; le Nécrologe de Bomber g,
ibid,, p. 558, place au 23 avril 1020 la mort de Mélès. U résulte-
rait du passage de R. Glaber déjà cité (cf. supra, p. 19, note i), que
Raoul serait probablement allé avec Mélès trouver Tempereur i
Bamberg.
(2) Henri II, saint Henri, duc de Bavière de 99S à 1004, roi de
Germanie en 1002, empereur en 10 14; il mourut le i3 juillet 1024.
C'était le troisième voyage d*Henri 11 en Italie.
(3) Troja compte actuellement plus de 6,000 habitants et est située
entre Foggia et Bénévent ; sur sa fondation ou plutôt sa restauration
3.3
pource que li Grez Tavoient mise en lo tenement de Boni-
vent> et la prist. Et en celui temps, manda lo combatant
archevesque de Coloingne, a prendre li prince de Capue,
et puiz devoit aler a prendre Salerne. Et fu pris lo prince
de Capue ; et .xl. jors fu assegié Salerne. Mes por ce que
la cité estoit forte a prendre, prist ostage del filz de lo
prince de Salerne. Et o gloire de triumphe retorna a la
cort de lo impeor. Et puiz» par examination de juste
jugement, Pandulfe, prince de Capue, fu jugié a mort.
Mes, par prière de Tarchevesche de Coloingne, fu délivré
de celle sentence ; toutes foiz fu-il porté delà de li Alpe
liez de une catene en lo col. Et lo fil de lo prince de Sa-
lerne, loquel prince se clamoit Guaymarie, fu recom-
mandé a lo pape Benedit (i ).
Cap. 25. Cestui moine storiographe rentla rayson pour
quoi li empeor fu irés contre li prince de Capue, Pan-
en toig, par le catapan Basile Bojoannès, voyez la charte déjà citée
(p. 19, note t) et imprimée dans Trinchera, Syllahus Grœcarum
membranarunif p. 18 sqq.
(i) Sans s'inspirer d*Aimé, Léo de' Marsi confirme plusieurs des
assertions de ce chapitre; il écrit que Piligrim (archevêque de Cologne
de t02i à io36) « Capuam festinan^er adiit, eara que mox undique
annato milite cinxit. » Le prince de Capoue, Pandulfe, se voyant
perdu, car Tarchevéque avait une armée de 20,000 hommes, se livra
spontanément, et Piligrim le conduisit à l'empereur occupé au siège
de Troja. Pandulfe fut jugé et condamné à mort ; il obtint à grand
peine que la sentence ne fut pas exécutée et l'empereur l'amena en-
chaîné en Germanie. Chron. Casin., 1. II, c. 40, MG. SS., VU,
654. Léo de' Marsi ne parle ni de Salerne ni de Guaimar, les Annales
de S. Gall disent seulement qu'Henri II fit rentrer Salerne sous
l'obéissance : « Henricus... Trojam, Capuam, Salernam, Neapolim
urbes imperii sui ad Grecos déficientes ad deditionem coegit. »
Annales Sangallenses majores ad an. 102a, MG. SS., I, p. 82. Cf.
Casuwn S. Galli contin,, II, 4, MG. SS., II, p. i55, et Herim. Au-
GiBNsis Chronicon, ad an. 1022, MG. SS., V, p. 120.
3
dulfe: lo frère carnel de la moillier de Melo, de loquel
nouz avons d'il desus laquelle se clamoit Dato, et. par lo
ccmandement de lo pape, estoit montée en la tor de GariU
gîjne envers la rip^ : et Pandulfe desirrant la mort lui
vint sur o li Grex. et vainchi la tor, et dona Datte inno-
cente a li Grex, liquel. par commandement de li impe*
reour de li Grex, fu noiez en mer i >. Et pour ceste cose
fu mandé Pandulte de Tautre empereor a lo pape. Assez
brevement cestuî moine a mis la raison porquoi li empeor,
qui non estoit Grec, fu corrocié contre cestui Pan-
d u Ife ; toutez foiz non met que ce fust lo empere de li Grex ;
mcspert que li empeor venoit en Ytalie por remetre Melo
en son estât, quar Melo loquel s*éstoit rebellé contre Tem-
peor de Costenti noble; et quant sust ce que Pandulfe
fust coingnat a Melo, toutes foiz estoit Pandulfe contraire
a Melo qui estoit frère de sa moillier.
Cap. 26. Après ces chozes faites, Enulfe, frère de Pan-
dulfe, pour paour de ce qui fu fait à son frère, se mist en
(i) Lco de* Marsi ne dit pas, comme le fait Aimé, que Pandulfe de
Capoue soit venu lui-même avec les Grecs, s*emparer de Datto dans
dans la tour de Gariglione et qu'il l'ait ensuite livré aux Grecs ; U
se borne à affirmer Qu*après la chute de Mélès, Pandulfe prit le
parti de l'empereur de Constantinople, auquel il envoya des clés d*or
c<jmme preuve de sa soumission, et qu'ayant reçu de l'argent du
cat ipan Bojoannès, il lui permit de traverser avec ses troupes k ter-
ritoire de sa principauté, pour aller s'emparer par surprise de Dstto.
Cht'onicon Casin., II. 38, ex Desiderii, Dialos^h, II, 22; MG. SS.,
VII, 633. Il se peut très bien que Pandulfe ait accompagné Bojosnoès
dans cette expcdition. Lupus ccrit, ad an, loi i : « Captus est Dsctus
et intravit in civitatem Bari equitatus in asina, i5 mensis Junii. »
MG. SS., V, 57. De même TAnonymus Barensis, o^ on. loat, indkt.
IV : « Dattus captus est, et intravit in Bari, in asino super. » MtTKA-
TORi : R. I. SS., V, p. 149. — Inutile de dire que la glose du
ducteur à la fin de ce chapitre n*a vraiment pas de sens.
35
mer, et voloit foyr en Costcntinople a lo empeor loquel
s'en vint en Ytalie, si corne est dit ; mes par pestilence fu
noiez en mer. Et ensi en diverse manière furent .ij. frère
charnel mort malement ( i ) .
Cap. 27. Et Troiens, pardebilitéde ceuz qui l'asegerent,
ne par force de ceuz qui dedens estoient, mes pour lo fort
lieu ou elle estoit, non pot estre prise : ou Troie fu apert
Tantique fabrique, et non pas la ou elle est maintenant^
quar en plus vill lieu est ore (2).
(i) Léo de* Marsi a raconté avec plus de détails cette mort d'Até-
nulfe, abbé du Mont-Cassin et frère de Pandulfe, prince deCapoue;
Chronicon Casinense, 1. H, B9; MG. SS., VIII, 654. Aimé suppose
qu*Aténulfe n*a pris la fuite et ne s'est noyé qu'après la prise et la
condamnation de son frère Pandulfe ; mais le Necrologium Casi-
nense (MuRATORi, R. I. SS., t. VII, p. 941) dit qu'Aténulfe s'est noyé
le 3o mars loai ; par conséquent il a dû quitter le Mont-Cassin
vers le 1 5 mars ; or, à cette dernière date, Tempereur Henri était à
peine arrivé devant Troja (Boehmer : Regesta^ p. 63, no 1226) et
Pandulfe n'a été pris et jugé que pendant le siège de Troja par l'em-
pereur. Aténulfe était donc parti avant ces événements.
(2) Les chroniqueurs ne sont pas d'accord sur l'issue du siège de
Troja par Henri II ; Lupus et VAnonymus Casinensis se bornent à
mentionner le siège, sans dire que la ville fut prise ; Lupus, ad an.
1022; MG., V, p. 57; Anonymus Casinensis dans Muratori, R. I.
SS., t. V, p. i3g. — Au contraire, un grand nombre de chroniques
de la Germanie affirment que la ville fut prise par l'empereur, ainsi
Hbrmann de Reichenau écrit dans la Chronicon^ ad an, 1022 :
« Henricus imperator Campaniam petens, Beneventum intravit,
Troiam oppugnavit et cepit. » MG. SS., V, p. 120. Lso de' Marsi
qui, sur ce point, diffère un peu d'Aimé, donne la version suivante :
« Post paucos dies, sponte Troianis deditionem sui facientibus, et ad
Augusti vestigia universis suppliciter procumbentibus, impérial!
clementia veniam tribuit. Et quoniam propter estivum tempus gens
continuis assueta frigoribus diu in partibus istis commorari non
poterat, reditum in dies singulos maturabat. » Chronicon Casin., II,
41. 11 semblerait d*après ce texte que l'empereur, pressé de repartir,
36
Cap. 28. Et li relîgiouz impereor se parti de la et ala a
mont de Cassin ; et li frère qui estoient la le visitoient, et
o diligence et service lui faisoient obédience. Et fu proie
se serait contenté des hommages et de la soumission, quelque peu
platonique, des habitants de Troja, sans prendre possestioto de leur
ville. Raoul Glaber — Historiarum, 1. III, c. I, — a parlé en détail
du siège de Troja par Tempereur Henri ; il se peut qu*un peu de
fantaisie se soit glissé dans le récit qu*il en fait, néanmoins le fond
même de ce récit n*a rien d'invraisemblable et concorde assez avec
ce que dit Léo de* Marsi. D*après ce chroniqueur, les habitants de
Troja, épuisés par un long siège et ayant tout à craindre de la colère
iic Tempereur, auraient, par le procédé suivant, apaisé le ressenti-
ment impérial. Avec tous les enfants de Troja, ils formèrent une
procession à la tcte de laquelle marchait, portant la croix, un pauvre
ermite, revêtu d*un habit de moine. Deux jours de suite, cette pro-
cession se rendit au camp impérial en chantant Kyrie eleison;
Tempereur ému par cette double manifestation, finit par panionner
aux habitants de Troja; il se contenta de demander des otages et
partit sans entrer dans la ville. Mais le document le plus décisif sur
Tissuc du siège de Troja est une charte de Basile Bojoannès, du
mois de janvier 1024, indic, Vn* — Trinchera, Syllabus, etc., do-
cument XX, p. 21. • Par cette charte, le catapan accorde aux habi-
tants de Troja de nouveaux privilèges pour les récompenser de U
bravoure dont ils ont fait preuve pendant le siège de Troja et de leur
inviolable fidélité à Tempcreur de Constantinople. Il écrit : « Noa
cognosccntes (il ne reste qu*une traduction latine de ce document)
eorum accusatorum (les accusations de ceux qui avaient vu avec
inquiétude rétablissement d*une colonie normande à Troja) diximua
quod Troiani nec fecerunt nec facient contra voluntatem imperii
sanctorum imperatorum nostrorum. Scd potius pro amore imperii
se morti tradiderunt. Quando rex francorum cum toto exerdtu suo
vcnit et obsedit civitatcm illorum et ipsi fidelissimi ita obstiterunt
régi. Quod rex nichil eis nocere valuit, bene civitatem eorum defèn*
dentés, sicut servi sanctissimi domini imperatoris, et licet omnes res
suas de foris perdiderint, proptcr hoc servitium domini imperatoris
non dimiserunt, nec ab ejus tidelitate discesserunt. Ob hanc igitur
hdelitatem et bfinum servitium, precepto domini imperatoris, dedimus
37
de tout lo collège de li moine, conferma en abbé Theo-
balde home noble de lignage et plus de costume, et lui
donna la croce, c'est lo baston ecclésiastique (i).
Cap. 29. Jesu-Crist, qui est retributor de toutes bones
chozeset est gloriouz en touz ses sains, pour la mérite de
saint Benedit mérita cestui empereor ; quar un jor senti
grant dolor a lo flanc et plus grave que non soloit , quar es-
toit acostumé d^avoir celle dolor. Eten celle dolor manifesta
lo secret de son cuer a ceus qui continuelment en avoient
compassion, et dist : « Coment lo impere romain, loquel
est subjett a nous entre li autre royalme de lo monde, est
haucié par la clef de saint Pierre apostole et par la doc-
trine de saint Paul ; ensi, par la religion de lo saint père
Benedit croirons aacroistre lo impere, se avisons avec vous
présentement son cors ; quar, por la prédication de ces
.ij. apostole, partout lo monde fu espasselafoi; mes pour
la maistrie de lo Père donna commencement de religion
et comencement et donna manière de conversation a tuit li
moine. » Et quant il ot dite ceste parole ils^endormi. Saint
Benoît lui apparut, et lo manesa, et lo gari, et lui dist :
€ O empereor, pourquoi desires-rtu la présence moe cor-
eis largitatem hanc. » Si, comme l'affirment les chroniqueurs de la
Germanie, Henri II avait pris la ville de Troja, Basile Bojoannès n'au-
rait pas loué et récompensé les habitants de cette ville. Ces éloges
et ces récompenses prouvent que l'attitude des Normands de Troja,
vis-à-vis de Tempereur, ne fut pas aussi humble et aussi suppliante
que Léo de* Marsi et R. Glaber le supposent ; c'est bien probable-
ment Aimé qui, malgré so4i laconisme, est, sur cette question, le plus
près de la vérité.
(i) D'après Léo de* Marsi, quelques moines auraient voulu de l'an-
cien et vieil abbé Jean, à la place de Théobald ; Chronicon Casin.,
1. Il, 42, première rédaction. Dans la seconde rédaction, ibid.j Léo
de' Marsi est d'accord avec Aimé.
38
poral; crois que je voille laissîer lo lieu ou je fu amené
de li angele^ ou la régule de li moine et la vie je escris,
dont la masse de mon cors fu souterrce ?» Et en cc^te
parole se moustre que quant li os d'aucun saint sont trans-
late de un lieu en autre, toutes voiez lo lieu ou a esté
premerement pour la char qui est faite terre, doit estre a
Tomme en révérence. Et plus se moustre par ce que je
sequterai. Et lo impeor de loquel avoit paour lo règne,
ot paour de un moine. Et lo saint lui dist que c sans nulle
doute tu saches que mon cors veut ici ester, et de ce te
donrai-je manifeste signe o la verge pastoral, lequel signe
sera manifeste », c'est o la croce laquelle tenojt en main
li saint, et iist la croiz a lo costé de Tempereor, en loquel
lui tenoit lo mal, et lui dist : « Resveille-toi sain et salve,
et quar ccste enfermeté non auras-tu plus. » Et mainte-
nant li cmpereor se resveilla sain et salve. Et si coment H
saint lui promisse, de celle cnfermetc non ot onques puiz
dolor ; et pour cest miracle tant ot dévotion a lo monas-
lier, quar coment il dist qu'il vouloit laissier la dignité
impérial, ei vivre en lo monastier come moine (i).
Cap. 3o. Et puiz que li empereor ot recovrce sa santé,
lui recorda de la promission qu'il avoit faite a Melo, la
vouloit aemplir a son neveu, et que non la pot recovrer
la lor cose, lui donna de lo sien propre la terre laquelle se
clame lo Comune, avec lui chastel qui i apartcnoient lor
donna. Et lor donna en aide Trostaync avec .xxiiij. Nor-
manl. ¥a li autre Normant laissa por défendre la foy et a
(i) Léo de' Marsi — Chronicon Casin., 1. II» 4^, — raconte égale*-
ment ce miracle; la Vita Henrici 11^ c. 23, 24, par Adaibert, le
rapporte aussi et aj<jutc cette note : « Use in Cassino monte scripta
inveniuntur, ut et modcrni magnalia Dei in memoria habeart. »
M(f. SS., IV, p. 806 sq.
39
contrester contre li Sarrasin; et il s'en ala de li mont o sa
chevalerie { i ) .
Cap. 3i. Quant li Normant furent ferme en la foi de
i'Eclize emperiere, s'efforcèrent de faire lo commande-
ment de Tempereor, et vindrent en la terre qui dcvoit
estre de li neveu de Melo, et entrèrent en lo castel Galli-
narc (2), et firent paour a tuit cil qui habitoient entor.
Mes que ceste choze estoit petite, ces chastelz d'entor
voloient par bataille, requerirent aide de li marchis
Reynicr, et lor manda .ij. de sez frères, c'est Pierre et
Melo; et Stéphane remaist avec li Normant. Etponerent
lo commandement de lo impereor loquel disoit que s'il
requeroient aide no lor deuissent noier. Et lo marchizfist
lo comandement de lo impeor cornent fidel (3).
Cap. 32. Et la superbe de un autre Pierre, filz de
Reynier (4), non reposa; et quar entre ceaux de celle
(i) « Stephano Melo et Petro nepotibus prsfati Meli, quoniam
propria illis ad prssens restituere non potuit comitatum Cominensis
tcrrs concessit; quibus etiam in auxilium Normannos Giselbertum,
Gosmannum, Stigaudum, Torstainum balbum, Gualterium de
Canosa et Ugonem Falluccam cum aliis decem et octo reliquat. »
Chronicon Casin,^ ^^> 41» MO. SS., VII, 655. Le pays de Comino,
celui qu'Aimé appelle « la Comune » esc une dénomination du
comté de Sora, au nord du Mont-Cassin, dans les Abruzzes. La
charte 6x9 du Regestum inédit de Pierre Diacre (archives du Mont-
Cassin) porte : « Comitato Sorano qui dicitur Comino. »
(2) Les ruines du château de Gallinare se voient encore à peu de
distance de la route qui va de San-Germano-Cassino à Sora, dans
l'ancien pays de Comino.
(3) Aimé ne dit pas le nom du marquisat de ce Reynier^ mais il
s'agit sans doute de Reynier, marquis et duc de Toscane, de Spolète
et de Camerino; cf. De Blasiis : La Insurreiçione Pugliese, etc.,
t. I, p. 102, note 4.
(4) Léo de* Marsi appelle le père de ce Reynier : « gastaldeus
4<^
contrée estoit lenui lo rocillor, vouloit contrcster contre
la maiesté impérial, et se appaleilla et assembla de sa gent
et de ses amis. Et disoii .qu*il non vouloit soustenir que H
héritage de ses ancessors fust de gent estrange ; et mesura
la gent qu'il avoii assemblé, et atendi ceuz qu^il avoit
priez de lui aidier. Et se assemble por occirreli Normant,
liquel de la vie et de la terre ensemble lo privèrent. Et
mandèrent petit de gent devant por faire proie, et remeis-
trent assez pour faire la garde. Et H Normant non pen*
soient ce, mes secuterent cil qui faisoient la proie, et vin-
drent a ceaux qui les insidioient. Et quant il virent tant
grant congrégation et multitude se merN'eillerent molt,
disireni parole de paiz, et Pierre lor promettoit la mort.
Li Normant mostrerent la main sans arme, et lor col
mostroient, et voleniiers fugissent ; mes il n'avoient qui
le rcceust. Et quant il virent qu'il non pooient avoir
autre aide, il clamèrent Faide de Dieu, par laquel ajutoire
un en persécuta mil. et .x. mille enfugirent devant duî ;
ils distrcnt a Stéphane qu'il requerist Tayde de Dieu, et
tuii crient. Et lautrc pan se contidoicnt en lor venu, non
cherca autre aide; et de ces .xxv. Normant, liquelle
tcnoient lo gofanon fu mort et non plus. Et de Tautre
pan de .ij.c et .1. non remestrent se non .c. nouante, et li
autre s'cnfoirent par lo camp, et lessèrent l'arme et lo
cheval, et se rcscontrent par les crotes et par les fossez
Soranac civitatis: i* Chronicon Casin., II, 3a, MG. SS., VII, 649.
On lit en un nutrc endroit de la Chronicon Casm., II, 35 :. « Petrus
v]U(K^ue Hlius R.tinerii de ci vitale Sorana oblationem fedi huic
monastcriu. *» MG. SS.. VII, p. ôôd. Di Meo. Annali del regno di
XapoUf t. VU, p. I j{o, cite une ch.irte du mois de septembre 1029,
dans l.tqucllc ce Pierre est appelé : « Dominus Petrus senior Sont
et Arpini tîlius b. m. domni Rainerii. » Sa femme s'appelhit Doda
et étiit tille d*Oderisius, comte des Marses.
41
pour escamper la vie. Et de li arme de li anemis, et de la
robe furent ricche li Normant. Et li Longobart, liquel
porent eschamper la vie, o grant vergoingne foirent. Et
li Normant veinceor orent tant miséricorde en celle
bataille, car coment ce fust cose que li camp fust plein de
.ij. mille pedon, et .v. cent, nul non vouloient tochier li
Normant. Et puiz vint la triumphal bataille de lo
marchiz Renier, et ot grant joie de la victoire de ses amis
siens Normant, à liquel puiz donnèrent aide. Et subjuga-
rent lo castel a ces troiz frères, coment rayson estoit (i).
Cap. 33. Puiz que cestq cose fu faite, li Normant se
recuillirent de totes pars et se mistrent en volenté de
faire chevalerie souz lo grant prince de Salerne Guay-
marie (2), loquel en cellui temps, par lo senge et par
prierie de la moillier laquel estoit soror de Pandulfe,
manda domps a la majesté impérial (3) et a touz li grant
home de la cort. Et lui manda priant qu^il lui pleust de
délivrer Pandulfe et lo privast de honor. Et li prince
ot la grâce laquelle avoit requise a lo impeor; et puiz
retorna Pandulfe. Gaymarie soUao o deniers li Grex, et
racuilli a soi lo exercit de li Normant, et asseia Capue,
laquelle prist par la industrie de li citadin plus que par
force de arme, et Pandulfe, loquel lui estoit donné de lo
impeor, chasa de lo principe et fist prince lo frère
charnel de Pandulfe, loquel estoit petit et iovencel (4).
(t) Aimé est seul à parler de cet épisode du séjour des Normands
dans le comté de Comino.
(2) Guaimar III, prince de Salerne, qui avait épousé la sœur de
Pandulfe IV, prince de Capoue, celui que l'empereur Henri II avait
déporté en Germanie.
(3) Conrad le Salique qui succéda à Henri II, mort en 1024;
Conrad devint empereur du Saint-Empire le 26 mars. 1027.
(4) Après avoir dit qu'en revenant de sa captivité en Germanie,
42
I
Cap. 34. Et après ce, descorda a Pandulfe la paor de
Dieu, et sa misère quant il fu en prison ; puis recovra la
grandesce de son principée. Et, par li conseill de li
malvaiz, estoit en la voie de li pecheor, et seoiten la siège
de li pecheor et de pestilence. En prime, comensa a
combatre contre Dieu et contre li saint, et leva li abbé de
mont de Cassin, abbé Theobalde, liquel estoit cslit de li
frcrc et vestu de la dignité de part de Fempereor, et con-
fermé de par lo pape. Et ordcna qu'il habîtast en la celle
de saint Benedit, laquelle se clamoit Capusita ( i ). Et par
son iniquité commist la cure de Tabbeie a un de li sien,
Pandulfe IV était allé au Mont-Cassin et avait assuré Tabbé du
monattère de ses dispositioos bienveillantes, Léo ds* Maksi pour-
suit : • Mox itaque pristinos illos suos fiiutores de Apulia unacum
Boiano Grecos ascisceos (Pandulfus) Guaimario quoque cognato suo
eu m Normannis Rainulfo et Arnolino et ceteris à Coinino cumt»
tibut que Marsorum omni conamine annitentibus, Capuam per
annum integrum atque dimidium obsessam et expugnatum, tandem
ingreditur. »(Msii ioa6, Di Mec, Annali del regno di Napoli, ad
an. ioa6). « Fandulfus autem Tcanensis quem principem Capu«e
factum ab imperatore pnediximut, receptut îh fide a pisfato
Boiano unacum omnibus suis Neapolim est perductus. » Ckrxmiam
Casin,, II, 36. Il y a, on le voit, une divergence entre Aimé et Léo
de* Marti ; Aimé suppose qu'après la prise de Capoue, Guaimar III
de Saleme établit souverain de la ville, non paa Pandulfe IV mais
un jeune frère de celui-ci. Léo de* Marsi rapporte au contraire qifê
ce fut Pandulfe IV qui recouvra le pouvoir. Un document analysé
par Di Meo : Annali dcl regno di Napoli, t. VII, p. 111, montre
que Léo de' Marsi est dans le vrai. Ce document fiait à Capoue, au
mois de mai 1026, c'est-à-dire aussitôt après la reddition de la ville,
est date, comme suit : « Anno XI prin. D. n. Pandolfi, gL pr. et
VII pr. D. Pandolfî cjus tîl. gl. pr. mcnse madio, IX ind. • Le père
et le tils (celui-ci avait été associe au pouvoir avant la chute de son
père) furent donc rétablis dans leur principauté, après la prise de
Capoue.
(i) [^ monastère de S. Benoit à Capoue.
45
et lo fist abbé, liquel se clamoit Basilie. Et H abbé estoit
constraiot de fadre tout ce que cestui Basile commandoit,
qui estoit de la part de lo prince ; loquel autresi de lo
nombre de li frère leva la décime, ou la décime part lo
reduze. Et en lo monastier de mont de Cassin tant petit
de moines i remestrent pour la sœ iniquité le chasoit, que
a pêne pooient complir de dire .xij. leccions; si que de
ces fratres s'en partirent .ij. liquel estoient acte de dire
J'office, et cil qui remainstrent estoient vilanement traitié;
li possession de Teglize comment li plaisoit retenoit a
son service, et des choze de Dieu li et li sien se sacioient.
LtL terre et lo offerte de Tautel estoient donné a lo prestre
de lo prince ; li servicial de lo monastier estoient à son
service ; et lui et cil qui estoient auvec lui, metoient en
^ice de luxure li jovene qui la habitoient. Toutes les
bestes de Tabbée avoit faites soes, et li frère qui la estoient
remez estoient consumés de toute chetivité. Et quant il
estoient a lo service de Dieu non lor era donné a mengier
quant il venoient a refettoire secont Tusance, mes puiz
que li ministre de lo prince avoient mengié, alor estoit
apprté de mengier. Et avoient emplie la rocche de son
diasteî de coses de vivre, de salmes, de divers domps et
de dras de lin. Mes puiz vous diroi-je quel fin orent ces
chozes mal acquestées. Et en ceste office avoient eslit un
pervers officiai de lo monastier; cestui estoit prélat sur
toute la poverté de li servicialz de Dieu, et pour ce que
cestui estoit molt grant maistre de lo monastier. Et dist
que corne estoit lo seignor ensi dévoient li serf (i).
(x) Léo de* Marsi a raconté avec des détails plus précis que ceux
qui nous sont fournis par Aimé cette persécution de Pandulfe IV
de Capoue contre le Mont-Cassîn; Chronicon Casin,, II, 56-63.
Didier en parle aussi dans ses Dialogues, niais plus succinctement :
44
Cap. 35. Et li vaillant abbé non soustenant la ver-
goingne del saint monastier, s^en ala a la marche a lo
monastier de Saint-Liberator ( i ) ; et li conte de celle
terre lui fist grant honor. Et tuit li gentil bonne lui
obeissoient comme a pere, et li autre cornent a seignor; et
pour ce qu^il ala là, fist coment comanda nostre Seignor,
qui dist : « Se vouz se chaciez d^une cité, foiez en
Tautre (2) » : et que fist ce que Dieu avoit mandé, ot ce
que Dieu avoit promis; quar alla sans burse et sac et nulle
cose non lui manca, quar vivoit avec Dieu et li frère qui
estoient en sa cure, quar non les pooit veoir par fitce les
consolloit par letre molt sovent, et les esmovoit à lo ser-
vice de Dieu. Et puiz aucun an fu mort Pabbé, et molt
en furent triste sa gent et sez frères. Et Pandulfe en fu
molt alegre et joiouz, quar se creoit que fust finie toute
la malice qu'il avoit fait a lo monastier et en autre
part (3).
Cap. 36. Mes a ce que sa perversité et malvaistié
parisse que fust sanz colpe, et non avisse vergoingne a ce
que lo monastier de mont de Cassin non remanist sanz
abbé, loquelle monastier estoit chief de tout li autre
VicTORis PAP4£ dialogi, 1. II, dans Migne, Patro. lai,, t 149,
col. 675.
(i) Ce fut après avoir enduré, pendant quatre ans, à Capoue, la
tyrannie de Pandulfe IV, que Théobald, abbé du Mont-Caistn, par*
vint à se réfugier dans ce monastère : « In Marchiam est profectus,
écrit Léo de* Marsi, ubi in pnedicto monasterio sancti Libentom,
in quo prius prspositus fuerat, pcr quinque circiter annos uique ad
obitum est honestissime conversatus. > Chronicon Casin,, II, 58.
(a) S. Matthieu, X, 23.
(3) « Praefatus autem abbas senex (Theobaldus) jam et pleout
dierum apud supradictum Sancti Liberatoris monasterium defunctut
est, 3 nonas Junii (en io36). > Chron. Cos., II, 61.
45
abbaïes, si voloit faire une abbé par sa volenté et par son
commandement. Et adont fu fait abbé cellui Basilie,
dont nous avons devant parlé, de cest saint monastier. Et
tant estoit cestui abbé presié cornent sMl fust droit et vraiz
abbé. Et quant venoit la feste sollempnei de Capue, là
ou habitoit a lo monastier et par tout li confin de saint
Benedit, non estoient données le cosez neccessaires, ne
erent servit ceaux qui aloient avec lui (i ).
Cap. 37. Et autresi encontinent abbaissa lo religiouz
Ylaire, abbé de Saint- Vincent martyre, et ensi se glorifia
li pervers prince a ce que Dieu lui meist iniquité sur
iniquité (2). Mes ce qu'il cerca trovera. Cestui archipape,
c^est sur-pape, laquel choze non est licite de dire, se
hauça tant qui paroît qu'il deust sallir supre la poesté del
ciel, quar fist molt piz. Lo filz soe bastart, ioquel se
clamoit Eldeprande, fist clerc, liquel estoit usé de fait de
chevalerie ; et lo archevesque de Capue, home religiouz,
loque! se clamoit Adinulfe, mist en prison o li fer as pies
et as mains fortement.
Cap. 38. En cellui jor que li Redemptor de lo monde
rachata la humane génération et exulta la char, laquelle
(i) Sur Télection simoniaque de ce Basile comme abbé du Mont-
Casiin, cf. Léo de* Marsi, Chron, Cas» y II, 61 ; Léo termine son
récit par cette phrase caractéristique, au sujet du nouvel abbé :
« praebito prius suis manibus satis turpiter principi sacramento, ut
ultra viginti solidos per annum de rébus monasterii omnibus ei tra-
ditis nil retineret. »
(a) La Chronicon Vultumeuse (Muratori, R. I. SS., t. I, Pars II,
col. 5 1 2), rapporte en détail cette attaque de Pandulfe IV contre le
monastère de S. Vincent sur le Vultume et la délivrance du cou-
vent par le comte Rainulfe et ses Normands, envoyés par Guaimar III,
de Salerne.
i6
il avoit prise en la Virge Marie, sur li angele, c^est en lo
jor de rAscension. H dyable dona conseill a Pandufe.
Son devant dist rilz Heldeprande fist eslire et fu fait
archevesque, liquel avoit tait clerc, et fist chanter cornent
il est usance une hymne, laquelle se commence Te Deum
laudamus; et la compaignie perverse molt en ot grant
joie, et li peccorel de Dieu en furent dolent. Et fu mis en
lo siège et en io trône de lo archevesqae. Li archevesque.
liq jcl estoît en prison, est dezlîez des fers qu^il tenoit, et
fu trait hors : et filz de Pandelphe vit en lo siège, et lo
père stant devant la tribunal justice de lo djrable. Lo
archevesque lui cstoit devant a genolz, et atendi li juge^
ment o grant paor : et lui fii commandé qu'ail lui donnast
Tanel et la croce et puiz lui baisast li dui pié. Et Tultime
fu remené en la prison ( i j.
Cap. 39. Et puiz la rage de fortissime loupe se mostra
a ceaux de la cité, et estraingnoit les dens corne home
esragié ; et quant li home, quant li famé faisoit prendre;
et ensi estoit li pueple tormenté de prison et de neccessité
sanz fin. Non ooit prédication de prestre, et avoit close
Torelle pour non oîr la parole de TEvangile, com lo
(i) Sur les deux archevêques de Capoue, Adénulfeet Hilldebrind
(FKleprande), vuyez les notices d*Ughelli, ïtalia sacra, t. VI,
Kofn;£, 1659, col. 393 sqq. Aimé est seul à parler de ces méfUts
de Pandulfe : il n*est donc pas possible de contrôler ses données sur
ce point ; VAnonymus Casinensis écrit cependant^ ad, an, io38 :
« Chuonradus imperator ingressus est Capuam, Adenulfut episcoput
rcconciliatur, Pandulfus princeps exîliatur. » Muratom, R. I. SS., V,
p. I ii). Il ne semble pas que les débuts de la cicricature de Hilde-
branJ, fils naturel de Pandulfe, aient été aussi mauvais que le pré-
tend Aimé, puisque, comme nous le verrons, ce même Hfldcbnnd
fut plus tard accepté, après examen, par Léon IX et ses successeurs,
comme archevêque de Capoue.
47
aspide sort pour non oïr la voiz de cellui qui Pencante.
El en toutes manières mostrason iniquité; et mut guerre
contre li parent soe, quar queroit de cachier de Tonor de
Bonivent son coingnat, et lo frère de celui qui Tavoit mis
en hautesce. Mes quant Dieu est avec Tome, nul non lui
puet nuire ne mal faire (i).
Cap. 40. Puiz cesie chose, cestui malvaiz home, lo
prince de Capue, Pandulfe, chaza Sierge, maistre de la
chevalerie de la cité soe. Et la grant cité de Naple o Paide
de cens de la cité mist souz sa poeste [2). Mes petit de
temps cestui maistre de la chevalerie honorablement,
rentra en sa cité. Et a ce que non lui peust mal faire la
malice de cestui Pandulfe, ala a Ranolfe home aorné de
toutes vertus qui covenent a chevalier, et lui dona sa
soror por moillier, laquelle novellement estoit faite vidue
(x) Annales Beneventani, ad an. io36 : « Anno a5 domni Pan-
dolfi et Pandolfus Capuanus Beneventum obsedit mense Augusto. m
(2) Aimé se trompe en plaçant la prise de Naples par Pandulfe IV
de Capoue après le siège de Bénévent par ce même prince ; nous
avons vu que ce siège est de io36, tandis que Pandulfe prit Naples
dès X027 ; VAnonymus Casinensis porte : « An. 1027, idem Pan-
dolfus princeps ingressus est Neapolim et optinuit eam anno uno et
mensibus quinque. » Dans la première rédaction de sa chronique,
Leo dk* Maksi, d'accord avec VAnonymus Casinensis , avait écrit :
« Anno uno et mensibus quioque. » Dans ses Monumenta ad
Neapolitani ducatus historiam pertinentia, I, p. i3i, B. Capasso
cite diverses chartes, rédigées pendant que Pandulfe IV était duc de
Naples, deux chartes extraites de la Chronicon Vultumeuse, elles
portent Tune et Tautre : « Primo anno ducatus Neapolttanorum
ipsorum gloriosorum principum » (les deux Pandul/e père et fils,
princes de Capoue); une charte du Mont-Cassin, insérée par Gattola,
Accessiones ad histor. Cassin., p. x32, et ainsi datée : « Secundo
anno ducatus Neapolttanorum ipsorum gloriosorum principum (les
Pandulfe de Capoue). »
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'• . 'iifiAwu' 'i.*7ijL et, {T. p«rlir.: ^'Arsru : ' Hbc mt«^ tMDpoie
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• •«Vf A':y'.ft.» 'i.'.tk ^\x. * O. \'TTkL, Hiât. tccUtiatt.^ 1. I\\ i3y
• îl \. %','., l'*s. Uk, i'ir£voftT. I'«r Fomtomif O. Mnl entend sans
<://>j«^ }' 4 .f«':i^tfj<:t rr«a;» comm^ Léon IX a été p>pe de 1048 à 1054,
'/f« r'/)t '|i;<: '<: <.hrorâ'|«jeur ftc trompe d'au moins Jîx-huit ans, tou-
'ti^f.i li '41'- 'le b f'.ri'latiort î'Aversa.
49
dolent de la mort de la dame. Mes plus en est triste lo
maistre de la milicie, mes Pandulfe en fu alegre et joiant,
quar cherca la division et Panimistié de ces .i). amis.
Cap^ 42. Cestui prince Pandulfe manda messages a lo
conte Raydolfe, qu^il desirroit molt a parler a lui, et
lo parlement fu qu'il lui voloit donner une parente soe
pour moillier. Et ensi déterminèrent.
Cap. 43. Le conte prist por moillier la fille de lo
patriciede Umalfe (i), laquelle estoit nièce de lo prince
Pandulfe, quar la moillier de lo patricie estoit seror a lo
prince. Et ensi l'alegrece de lo maistre de la chevalerie de
Naple torna en plor, et li cânt de lo prince de Capue se
exaltoient ; kar la cité laquelle avoit faite lo maistre de la
chevalerie en sa terre, estoit en la servitude de lo prince
son anemi. Lo maistre de la chevalerie fu malade, et dui
foiz fu fait moinne, et puiz fu mort (2).
Explicit liber primus.
(i) La fille du patrice d'Amalfi.
(a) B. Capasso rapporte, comme il suit, la fin de Serge, duc de
Naples : « In monasterio S. Salvatoris in insulta maris monachum
induit. Id inter an. io33et io36 evenisse ex docu mentis erui potest;
nam in a. io33 diploma dat cum filio Johanne, et in a. io36 jam
monachus dicitur. Postea iterum imperium adsumsisse videtur nam,
praeterquam quod Amatus bis monachum eum fuisse dicit, in
diplomate supra laudato anni io36, Sergius nepos ejus Constantin
nopolim profectus esset, sub tutcla Sergii avii sui, olim ducis, tune
monachi, privilegium concedit monasterio S. Salvatoris in insula
maris. Cum autem anno deinde io38 Johannem solum ducem invc-
niam, aut Sergium tune in monasterium reversum rursus fuisse,
aut mortem obiisse dicendum est. Certe documentum anni 1044
eum jam mortuum fuisse aperte testatur. » Monumenta, etc.,
p. i3a sq.
4
a COMENT LI CAPITULE DE LO SECONT LIVRE.
Cap. I. Cornent lo temps s'aproxîma de rendre a Pandulfe
prince de Capue ce qu'il avoit deservî.
Cap. 2. Cornent mort Guaymario et succedi a lui Guay-
marie son fîlz et fist pacce auvec lo prince Pandulfe.
Cap. 3. Come la famé de Guaymarie vint a lo impeor
Corrade. Cornent lo impeor fist abbé de mont de Cassin
Riccherie, et Pandulfe foy a Sainte-Agatha. .
Cap. 4. Coment Guaymarie fu fait prince de Capue et de
Salerne et conferma Raynolfe et restitui en Tarcheveschié
Adenulfe.
Cap. 5. Coment Amelfe et Sorrente furent conjoint a Guay-
marie. Coment Guillerme, par commandement de Guaymarie,
o troiz cent Normant contre li Grex.
^ Gap. 6. Coment lo cors de sainte Lucie fu trouvé.
Cap. 7. Coment Moniaco vint pour estre imperepur et li
Sarraziz récupérant la terre.
Cap. 8. Coment de lo grain et de la farine de Pandulfe fu
fait cendre.
Cap. 9. Coment Pandulfe foy a Tempereour de Costenti-
noble et Tempereor lo manda en exill.
Cap. 10. Coment Theodine fu restitué en son premier
estât.
52
Cap. 1 1. Cornent un qui se clamoit Arduine fut battut tout
nude de li Grex.
Cap. 12. Cornent fut vainchue Sicile et retomercnt la
gent et puiz fu occis Monialie et fu mis en son lieu
Dueliane.
Cap. i3. Cornent se porta Arduyne et pouix en porta
Tonnor.
Cap. 14. Cornent se mostra de vouloir aler a Rome et vint
ad Averse.
Cap. i5. Cornent Raynolfe manda avec Arduyne .xi).
pari.
Cap. 16. Cornent fu prise Melfe, a laquelle cité chevau-
chèrent li Normant, et cornent il mandèrent lo légat a lo
impeor.
Cap. 17. Cornent li impeor manda contre li Normant et
furent de li Normant veinchut la gent de l'impereor.
Cai>. 18. Cornent muée la dignité de estre auguste.
Cap. 19. Cornent li Normant pristrent molt de compain-
gnons o dons.
Cap. 20. Cornent en la bataille de li Normant et de li Grex
fu pris Tempeor ou auguste.
Cap. 21. Coment Athenulfe puiz qu'il fu auguste ala à
Bonivent.
Cap. 22. Coment li Normant firent lor prince Agyre et
puiz non lo volirent.
Cap. 23. Coment fu fait lor conte Guillerme et Guaymarie
et Raynulfe judice.
Cap. 24. Coment daine a Raynorlfe Sipont et Mont de
Gargane.
Cap. 25. Coment partirent la terre. Coment Raynulfe fu
fait dux de Gayte et puiz sa mort fu eslit conte Asclicien.
Cap. 2G. Coment puiz la mort Asclicien, Raulfe fîi fidt
conte de Averse.
Cap. 27. Coment Rodulfe et Hugo furent délivré de ia
prison Guaymarie.
Cap. 28. Corne mort le conte de Puille, subcedi Drogo.
55
Cap. 29. Cornent fu chacié Raul, et Rodulfe Trincanocte fu
fait conte de Adverse et menachia sur Salerno.
Cap. 3o. Cornent Raynulfe fîst cesser Drago, liquel venott
en aide de Gyamario.
Ci finissent li capitule de lo premier livre (i).
(i) n faut : « de lo second liTre. » Le sommaire n'indique que
trente chapitres au lirre second, tandis qu'en réalité il en a quarante»
cinq; les trente premiers chapitres du texte ne coïncident pas non
plus avec les numéros correspondants du sommaire.
54
COMMENCE LO SECONT LIVRE.
Cap. I. Li temps estoit ja aprocié que la malice de
Pandulfe devoit estre punie, et que fust fait en lui ce que
Dieu dist ; car nostre Seignor Jeshucrist si dist en TEvan-
gile : « De celle mesure que vouz mesurés a autre sera
mesuré a vouz (i) ; > et lo Evangile non doit mentir.
Cap. 2. Puiz la mon au grant Guaymarie subcedi a li
Guamerie son filz, loquel Guaymarie estoit prince de la
cité de Salerne (2). Cestui Gamérie son fillz estoit plus
vaillant que lo père et plus libéral et cortoiz a donner,
liquel estoit aorné de toutes les vertus que home seculer
doit avoir, fors de tant que molt se delictoit de avoir
molt de famés. Cestui avoi fait convenances avec Pan-
dulfe son oncle, et se entreamoient ensemble; cestui
cstoient d^une volenté, et par commun conseill dispo-
noient lor possessions.
(r) « In qua mensura mcnsi fueritis rcmctictur vobit. » S. Makc,
IV, 24.
(2) Guaimar 111 dut quitter le pouvoir en 1027, à la suite d'un
soulèvement de la ville de Salerne et eut pour successeur son fils
Guaimar IV, déjà associé au pouvoir depuis le mots de novembre
1018. Gaitclgrima^ femme de Guaimar III^ et mère de Guaimar IV,
gouverna quelques mois avec son fils. Cf. Codex diplomaticus
CavensiSf tabula chronologica, t. 1, p. iv ; voyez aussi, t. V, p. six
et i3o.
i ss
Cap. 3. Mes que non amoient Dieu equalement»
nasqui entre eaux dissention et brigue. La soror de la
moillier de Guaymere estoit moillierdel dux de Sorrente,
et lu duc de Sorrente Tavoit chacié, et Pandulfe assaia a
avoir a faire carnalment avec la fille de celle dame moil-
lier del duc de Sorrente ; dont Guaimere se corroda et
appareilla de revengier son infâme. Et traist forslo avoir,
demostra li cheval, et espandi divers pailles, et clama li
Normant à ces domps. Et li Normant non furent lent,
eorurent et pristrent les domps, et haucèrent lo seignorie
sur touz li princes ( i ).
Cap. 4. De toutes pars sonne lo nom de Guaymere et
vint a Corrat I2] impereor, loquel subcedia Henri, come
Guamarie o grant compaingnie de bons chevaliers res-
plendissoit en Ytalie, Corrat empereour manda par mes-
sages avant a Guaymere comment il venoit en Ytalie.
Cap. 5. Et quant li emperor fu venus en Ytalie, il
monta a mont de Cassin ; et Basilie, liquel estoit injuste-
ment ordené abblé, si foy. Et lo impeor toutes les coses
que avoit prises Pandulfe restitui a lo monastier, et favo-
rablement a la pétition de li frère lor dona pour abbé
(]) Après avoir parlé de Tarrivée en Italie des trois fils aînés de
Tancrède de Hauteville, Guillaume Bras-de-Fer, Drogo et Humfroy,
G. Malaterra, I, 6, dit qu'ils furent quelque temps au service de
Pandulfe IV de Capoue et qu*ils se mirent ensuite à la solde de
Guaimar IV de Salerne, puis il écrit : « Salernitani passim injurias
principis ulciscentes, indefessi idem facere adiverunt (id est : filii
Tancredi) intantumque rebellantes antea principi compescuerunt ut
omnia circumquaque se pacata silerent. » 11 semblera.! que Mala-
terra fiEÛt, dans ce passage, allusion à l'expédition contre Pandulfe IV
de Capoue.
(a) Conrad lé Salique, roi de Germanie et empereur depuis le
a6 mars 1027.
46
il avoit prise en la Virge Marie, sur li angele, c^est en lo
jor de TAscension, li dyable dona conseill a Pandufe.
Son devant dist tilz Heldeprande fist eslire et fu foit
archevesque, liquel avoit fait clerc, et fist chanter cornent
il est usance une hymne, laquelle se commence Te Deum
laudamus; et la compaignie perverse molt en otgrant
joie, et li peccorel de Dieu en furent dolent. Et fu mis en
lo siège et en lo trône de lo archevesque. Li archevesque,
liquel estoit en prison, est dezliez des fers qu'il tenoît, et
fu irait hors ; et filz de Pandelphe vit en lo siège, et lo
père stant devant la tribunal justice de lo dyable. Lo
archevesque lui estoit devant a genolz, et atendi li juge^
ment o grant paor ; et lui fu commandé qu^il lui donnast
Tanel et la croce et puiz lui baisast li dui pié. Et Tultime
fu remené en la prison ( i ).
Cap. Sq. Et puiz la rage de fortissime loupe se mostra
a ceaux de la cité, et estraingnoit les dens corne home
esragié ; et quant li home, quant li famé faisoit prendre;
et ensi estoit li pueple tormenté de prison et de neccessité
sanz fin. Non ooit prédication de prestre, et avoit close
Torelle pour non oïr la parole de TEvangile, corn lo
(i) Sur les deux archevêques de Capouc, Adénulfeet Hilldebrand
(KUleprande), voyez les notices d'Ughblli, ïtalia sacrai t. VI,
Ronia^ i63g, col. M sqq. Aimé est seul à parler de ces méftiu
de Pandulfe : il n*est donc pas possible de contrôler set données sur
ce point ; VAnonymus Casinensis écrit cependant, ad, on. io38 :
H Chuonradus imperator ingressus est Capuam, Adenulfus epîscopus
reconciliatur, Pandulfus princeps exiliatur. » Muratow, R. I. SS., V,
p. 139. 11 ne semble pas que les débuts de la déricature de Hîlde-
branJ, fils naturel de Pandulfe, aient été aussi mauvais que le pré-
tend Aimé, puisque, comme nous le verrons, ce même Hfldcbrand
fut plus tard accepté, après examen, par Léon IX et ses suaesseurs,
comme archevêque de Capoue.
47
aspide sort pour non oïr la voiz de cellui qui Pencante.
Et en toutes manières mostra son iniquité; et mut guerre
contre li parent soe, quar queroit de cachier de Tonor de
Bonivent son coingnat, et lo frère de celui qui Pavoit mis
en hautesce. Mes quant Dieu est avec Tome, nul non lui
puet nuire ne mal faire (i).
Cap. 40. Puiz ceste chose, cestui malvaiz home, lo
prince de Capue, Pandulfe, cbaza Sierge, maistre de la
chevalerie de la cité soe. Et la grant cité de Naple o Paide
de ceus de la cité mist souz sa poeste (2). Mes petit de
temps cestui maistre de la chevalerie honorablement^
rentra en sa cité. Et a ce que non lui peust mal faire la
malice de cestui Pandulfe, ala a Ranolfe home aorné de
toutes vertus qui covenent a chevalier, et lui dona sa
soror por moillier, laquelle novellement estoit faite vidue
(i) Annales Beneventani, ad an. io36 : « Anno a5 domni Pan-
dolfi et Pandolflis Capuanus Beneventum obsedit mense Âugusto. >•
(2) Aimé se trompe en plaçant la prise de Naples par Pandulfe IV
de Capoue après le siège de Bénévent par ce même prince; nous
avons vu que ce siège est de xo36, tandis que Pandulfe prit Naples
dès X027 ; VAnonymus Casinensis porte : « An. 1027, idem Pan-
dolfus princeps ingressus est Neapolim et optinuit eam anno uno et
mensibus quinque. » Dans la première rédaction de sa chronique,
Leo de* Maksi, d'accord avec VAnonymus Casinensis, avait écrit :
« Anno uno et mensibus quinque. >» Dans ses Monumenta ad
Neapolitani ducatus historiam pertinentia, I, p. i3x, B. Capasso
cite diverses chartes, rédigées pendant que Pandulfe IV était duc de
Naples, deux chartes extraites de la Chronicon Vultumeuse, elles
portent Tune et l'autre : « Primo anno ducatus Neapolttanorum
ipsonim gloriosorum principum >» (les deux Pandul/e père et fils,
princes de Capoue); une charte du Mont-Cassin, insérée par Gattola,
Accessiones ad histor. Cassin., p. i32, et ainsi datée : « Secundo
anno ducatus Neapolitanorum ipsorum gloriosorum principum (les
Pandulfe de Capoue). »
48
par la mort de lo conte de Gaîte, et lui demanda qu'il
fust contre la superbe de lo prince Pandulfe. Et pour
reprendere la férocité de cest anemi, fist Adverse atornoier
de fossez et de hautes siepe, et une part ricchissime de
terre de Labor lui fu donnée que lui feist tribut ; et là fist
habiter lo coingnat lo conte Raynolfe, et ceste part
d'Averse tributaire sont molt de casai qui i sont (i).
Cap. 41. Li honor de li Normant cressoit chascun jor,
et li chevalier fortissime multiplioient chascun jor. Et a
pêne pooit Pandulfe restrendre ne contrester a lo pooir
lor, anchoiz prenoit li autrui. Mes une choze entrevint
que la moillier de Ranolfe vint à mort, de là dont la con-
corde de la paiz non fu ferme, et molt fu Raynolfe
f
(1) Aversa, ville qui compte actuellement a 1,000 habitants, au
nord et à une faible distance de Naples. Aversa et la plaine qui
l'entoure méritent encore la riante description que Guillaume de
Fouille en faisait au xi* siècle. Une charte analysée pa^ Di Mao^
Annal i del regno di Napoli, t. VII, p. 3ia, établit qu'Amena a été
fondée en i o3o ; cette charte est datée : « Anno ML, régnante vener.
viro Henrico Teutonia tertius Augustus, sub ejus tempofe )am oUm
anno XX résidente gens Normannorum Liguriam, per urbem Ayct-
sam. M En io5o, il y avait donc vingt, ans que les Nonnandt
habitaient Aversa. On s*est demandé si le nom d' A versa n'avait pu
été donné par les Normands à leur nouvelle fondation et s'ils
avaient voulu indiquer par là qu^elle serait adverse de Capoue. Aimé
et Léo de' Marsi, H, 56, sont muets sur ce point. Il est vni
qu'OnDéaic Vital dit, en parlant d' A versa : « Hcc urbs, tempore
Leonis papae noni a Normannis qui primo Apuliam incoluerunt,
constructa est, et a Romanis, quia ab adversis sibi cietibus cdifica-
batur Adversis dicta est. » O. VrrAL, Hist. ecclesioMt., 1. IV, i3,
t. II, p. a33, éd. Le Prévost. Par Romani, O. Vital entend sans
doute les indigènes, mais comme Léon IX a été pape de 1048 à 1054,
on voit que ce chroniqueur se trompe d'au moins dix-huit ans, tou-
chant la date de la fondation «J'Aversa.
49
dolent de la mort de la dame. Mes plus en est triste lo
maistre de la milicie, mes Pandulfe en fu alegre et joiant,
quar cherca la division et Tanimistié de ces .ij. amis.
CaP;. 42. Cestui prince Pandulfe manda messages a lo
conte Raydolfe, qu'il desirroit molt a parler a lui, et
lo parlement fu qu'il lui voloit donner une parente soe
pour moillier. Et ensi déterminèrent.
Cap. 43. Le conte prist por moillier la fille de lo
patriciede Umalfe (i), laquelle estoit nièce de lo prince
Pandulfe, quar la moillier de lo patricie estoit seror a lo
prince. Et ensi l'alegrece de lo maistre de la chevalerie de
Naple torna en plor, et li cànt de lo prince de Capue se
exaltoient ; kar la cité laquelle avoit faite lo maistre de la
chevalerie en sa terre^ estoit en la servitude de lo prince
son anemi. Lo maistre de la chevalerie fu malade, et dui
foiz fu fait moinne, et puiz fu mort (2).
Explicit liber primus.
(i) La fille du patrice d'Âmalfi.
(2) B. Capasso rapporte, comme il suit, la fin de Serge, duc de
Naples : « In monasterio S. Salvatoris in insulta maris monachum
induit. Id inter an. io33 et io36 evenisse ex documentis erui potest;
nam In a. io33 diploma dat cum filio Johanne, et in a. io36 jam
monachus dicitur. Postea iterum imperium adsumsisse videtur nam,
prsterquam quod Amatus bis monachum eum fuisse dicit, in
diplomate supra laudato anni io36, Sergius nepos ejus Constanti-
nopolim profectus esset, sub tutela Sergii avii sui, olim ducis, tune
monachi, privilegium concedit monasterio S. Salvatoris in insuia
maris. Cum autem anno deinde io38 Johannem solum ducem invc-
niam, aut Sergium tune in monasterium reversum rursus fuisse,
aut mortem obiisse dicendum est. Certe documentum anni 1044
eum jam mortuum fuisse aperte testatur. » Monumenta, etc.,
p. i32 sq.
4
CI COMENT LI CAPITULE DE LO SECONT LIVRE.
r- '
Cap. I . Cornent lô temps s'aproxima de rendre a Pandulfe
prince de Capue ce qu'il avoit deservi.
Cap. 2. Cornent mort Guaymario et succedi a lui Guay-
marie son fik et fîst pacce auvec lo prince Pandulfe.
Cap. 3. Come la famé de Guaymarie vint a lo impeor
Corrade. Cornent lo impeor fîst abbé de mont de Cassin
Riccherie, et Pandulfe foy a Sainte- Agatha. .
Cap. 4. Coment Guaymarie fu fait prince de Capue et de
Salerne et conferma Raynolfe et restitui en Tarcheveschié
Adenulfe.
Cap. 5. Coment Amelfe et Sorrente furent conjoint a Guay-
marie. Coment Guillerme, par commandement de Guaymarie,
o troiz cent Normant contre H Grex.
^ Cap. 6. Coment lo cors de sainte Lucie fu trouvé.
Cap. 7. Coment Moniaco vint pour estre imperepur et li
Sarraziz récupérant la terre.
Cap. s. Coment de lo grain et de la farine de Pandulfe fu
feit cendre.
Cap. 9. Coment Pandulfe foy a Tempereour de Costenti-
noble et Tempereor lo manda en exill.
Cap. 10. Coment Theodine fu restitué en son premier
estât.
52
Cap. 1 1 . Cornent un qui se clamoit Arduine fut battut tout
nude de li Grex.
Cap. 12. Cornent fut vainchue Sicile et retomerent la
gent et puiz fu occis Manialie et fu mis en son lieu
Dueliane.
Cap. i3. Cornent se porta Arduyne et pouix en porta
Tonnor.
Cap. 14. Cornent se mostra de vouloir aler a Rome et vint
ad Averse.
Cap. i5. Coment Raynolfe manda avec Arduyne .xi).
pari.
Cap. 16. Coment fu prise Melfe, a laquelle cité chevau-
chèrent li Normant, et coment il mandèrent lo légat a io
impeor.
Cap. 17. Coment li impeor manda contre li Normant et
furent de li Normant veinchut la gent de l'impereor.
Cap. 18. Coment muée la dignité de estre auguste.
Cap. 19. Coment li Normant pristrent molt de compain-
gnons o dons.
Cap. 20. Coment en la bataille de li Normant et de li Grex
fu pris Tempeor ou auguste.
Cap. 21. Coment Athenulfe pulx qu'il fu auguste ala à
Bonivent.
Cap. 22. Coment li Normant firent lor prince Agyre et
puiz non lo volirent.
Cap. 23. Coment fu fait lor conte Guillerme et Guaymarie
et Raynulfe judice.
Cap. 24. Coment daine a Raynorlfe Sipont et Mont de
Gargane.
Cap. 25. Coment partirent la terre. Coment Raynulfe fu
fait dux de Gayte et puiz sa mort fu eslit conte Asdicien.
Cap. 2G. Coment puiz la mort Asclicien, Raulfe fîi ùâi
conte de Averse.
Cap. 27. Coment Rodulfe et Hugo furent délivré de la
prison Guaymarie.
Cap. 28. Come mort le conte de Puille, subcedi Drogo.
55
Cap. 29. Cornent fu chacié Raul, et Rodulfe Trincanocte fu
fait conte de Adverse et menachia sur Salerno.
Cap. 3o. Cornent Raynulfe Bst cesser Drago, liquel venoit
en aide de Gyamario.
Ci finissent H capitule de lo premier livre (i).
(i) Il faut : A de lo second lirre. » Le sommaire n'indique que
trente chapitres au lirre second, tandis qu*en réalité il en a quarante-
cinq; les trente premiers chapitres du texte ne coïncident pas non
plus avec les numéros correspondants du sommaire.
54
COMMENCE LO SECONT UVRE.
Cap. I. Li temps estoit ja aprocié que la malice de
Pandulfe devoit estre punie, et que fust fait en lui ce que
Dieu dist ; car nostre Seignor Jeshucrist si dist en TEvan-
gile : « De celle mesure que vouz mesurés a autre sera
mesuré a vouz (i) ; > et lo Evangile non doit mentir.
Cap. 2. Puiz la mort au grant Guaymarie subcedi a li
Guamerie son filz, loquel Guaymarie estoit prince de la
cite de Salerne (2). Cestui Gamérie son fillz estoit plus
vaillant que lo père et plus libéral et cortoiz a donner,
liquel estoit aorné de toutes les vertus que home seculer
doit avoir, fors de tant que molt se delictoit de avoir
molt de famés. Cestui avoi fait convenances avec Pan-
dulfe son oncle, et se entreamoient ensemble; cestui
estoient d'une volenté, et par commun conseill dispo-
noient lor possessions.
(r) « In qua mensura mcnsi fueritîs rcmctictur vobit. » S. Marc,
IV, 24.
(2) Guaimar 111 dut quitter le pouvoir en 1027, à la suite d*un
soulcvemcnt de la ville de Salerne et eut pour successeur son fils
Guaimar IV, déjà associé au pouvoir depuis le mois de novembre
10 18. Gaitclgrimn, femme de Guaimar lll^ et mure de Guaimar IV,
gouverna quelques mois avec son fils. Cf. Codex diplomaticus
CavensiSt tabula chronologicay t. 1, p. iv ; voyez aussi, t. V, p. six
et i3o.
V SS
Cap. 3. Mes que non amoient Dieu equalement,
nasqui entre eaux dissention et brigue. La soror de la
moillier de Guaymere estoit moillierdelduxde Sorrente,
et lu duc de Sorrente Pavoit chacié, et Pandulfe assaia a
avoir a faire camalment avec la fille de celle dame moil-
lier del duc de Sorrente ; dont Guaimere se corroda et
appareilla de revengier son infâme. Et traist forslo avoir,
demostra li cheval, et espandi divers pailles, et clama li
Normant à ces domps. Et li Normant non furent lent,
eorurent et pristrent les domps, et haucèrent lo seignorie
sur touz li princes ( i ).
Cap. 4. De toutes pars sonne lo nom de Guaymere et
vint a Corrat I2] impereor, loquel subcedia Henri, corne
Guamarie o grant compaingnie de bons chevaliers res-
plendissoit en Ytalie, Corrat empereour manda par mes-
sages avant a Guaymere comment il venoit en Ytalie.
Cap. 5. Et quant li emperor fu venus en Ytalie, il
monta a mont de Cassin ; et Basilie, liquel estoit injuste-
ment ordené abbé, si foy. Et lo impeor toutes les coses
que avoit prises Pandulfe restitui a lo monastier, et favo-
rablement a la pétition de li frère lor dona pour abbé
(i) Après avoir parlé de l'arrivée en Italie des trois fils aînés de
Tancrède de Hauteville, Guillaume Bras-de-Fer, Drogo et Humfroy,
G. Malaterra, I, 6, dit qu'ils furent quelque temps au service de
Pandulfe IV de Capoue et qu*ils se mirent ensuite à la solde de
Guaimar IV de Salerne, puis il écrit : « Salernitani passim injurias
principis ulciscentes, indefessi idem facere adiverunt (id est : filii
Tancredi) intantumque rebellantes antea principi compescuerunt ut
omnia circuroquaque se pacata silerent. » 11 semblera.! que Mala-
terra fait, dans ce passage, allusion à l'expédition contre Pandulfe IV
de Capoue.
(a) Conrad lé Salique, roi de Germanie et empereur depuis le
a6 mars 1027.
56
Richier de Bergarie, de noble gent et vaillant personne.
Et Pandulfe, plein de tout pechîé et de malvaistie, timant
lo jugement de lo impeor, fuy avec sa gent a la rocche
de Sainte- Agathe; et s'il fouy non est merveille, quar nul
larron non veut veoir la face de son jugement (i).
(i) L'Anonyml'8 Casinensis, ad an, io37 (pour io38)y résume
ainsi les résultats du voyage de rempereur Conrad dans Tltalie du
sud : « Conradus impcrator ingressus est Capuam in vigiliis Pen-
tecostcs et in Pentecoste coronatus est. Adenulfus episcopus
rcconciliatur. Pandulfus princeps exiliatur. Guaimarius fit prin^
ceps et Richerius abbas. n Leo de' Marsi, II, 63, raconte
d'après les Dialogues de Didier' l'élection de Richer à la
dignité d*abbé du Mont-Cassin; ainsi que Didier, il suppose que
cette élection a eu lieu à Capouc. Les Annales Altahenses majores,
ad an. io38, retrouvées à notre époque, ajoutent quelques détails :
« Cssar in Sudrum prope Romam pascha peregit. Inde exiens
Troiam tetcndit, ibique Pandulfî ducis uxor cum filio suo et fiUa
vcnit, maximum thcsaurum afferens et pignora sua vades imperatori
rclinqucns; postquam gratiam sibi maritoquc impetravit, domum
remcavit. Ipse cnim dux ideo non venit, quia numquam se cuius-
quam imperatoris faciem videre praesumptururo firmavit. Postea
vero filius ejus quem obsidem miserat, ncscio*quo terrore perter-
ritus fugam incit, set soror ejus remanisit. Hinc Cssar intelligens
cum dolose agcntem, cum nullo modo posset eum revocare, ducatum
nepoti ipsius, nomine Wcimaro, tradidit, indcque in montem Casst-
num perrcxit, quo ut pervenit, omnia a prœdicto Pandulfo vastata
reppcrit, rcs monasterii Jistractas, monachos fugatos. Et quia rector
ibi defuit, ipse abbatem substituit, Rihherium scilicet abbatem
Lconenscm, monachum vero Altahensem, ipsumque una cum
Wcimaro persecutorem facit Pandulfo malo. Hîs itaque compotitU
repatriare disposuit temporibus augusti mensis, unde et maxîmam
partcm cxercitus perdidit, quos horrenda testatis rabics miserabiliter
cxtinxit. n Les Annales Altahenses sont seules à parler du voyage
de l'empereur Conrad à Troja; Aimé, Leo de' Marsi, Didier et
TAnonymus Casinensis n*cn disent rien ; ne serait-ce pas le sou-
venir de Tempcreur Henri H en Italie, en 1022, qui aurait induit en
erreur le chroniqueur d'Altaîch ? on voit que^ d'après ce chroniqueur,
l'élection de Richer eut lieu au Mont-Cassin même#
57
Cap. 6. Après ce vint li empeor a Capue, et atendoit
que li prince deuissent venir a lui ; mes chascun se ren-
closte en sa propre possession^ et solement Guaymere
vint a lui o tout li sien fortissime chevalier de li Nor-
mant. Et honorablement fu receu de lo impeor^ et plus
honorablement fu traitié de touz ; et dona grans presens
et nobles a lo empereor; et tote la cort se senti de ses
domps, et de touz fu loé ; et tuit proient a lo impeor
qu^il soit exalté et essaucié et honoré. Et li impeor
empli la volenté de tuit li fidel soy, et lo fist fill adoptive,
et lo fist prince de Capue, et lo revesti de ces .ij. dignités^
et lui dona lo gafanon en main. Et puiz quant il fu en
tant de grâce, procura que li emperor fust en bone
volenté vers Raynulfe, quar sanz la volenté de li Nor-
mant ne les choses soes pooit defTendre, ne autres poit
cestui prince conquester. Et lo impereor s^enclina a la
volenté de lo prince, et o une lance publica et o un gofa-
non dont estoit Parme impérial conferma a Raynolfe la
conté d'Averse et de son territoire. Et après ce, li
empereor délivra de la prison obscure o grant miséri-
corde Adinulfe, archevesque de Capue, et lo remist glo-
riousement en son siège. Et ensi li empeor Corrat s'en
toma en Alemaingne, et Guaimere et Raynolfe furent
exaltât o grant honor, et s'en alerent chascun en son
lieu (i).
Cap. 7. Et cestui conte Raynolfe persévéra en loialté a
lo prince, et se fatigoient de accroistre lor honor, et
s'efforçoient de oppremere la superbe de li anemis de lo
principe. Et alerent à Sorrente, loquel avoit fait injure a
Guaimere et laissié la moillier o la soror et la mère et lo
(i) Léo de* Marsi, II, 63, a reproduit les données d'Aimé sur l'in-
vestiture du comté d*Aversa à Rainulfe par Tempereur Conrad.
58
frère, lo duc fut pris^ et fu condempné en prison touz les
jors de sa vie. Et toutes voiez donna la dignité de la cité
a Guide son frère charnel, et la cité de Amalfe, riche de
or et des dras, subjuga a sa seignorie (i). Et est à noter
que il sont .ij. Melfe, quar est Melfe et Amelfe : Melfe
est en la confine de Puille, et Amelfe est vers Salerne et
Naple. Mes or retornons a nostre ystoire. quar de cestui
Guaymerie que nous avons devant dit| continuelment
cressoit sa bone renomée, et li pueple lui venoit o aques-
tement de monoie, et touz lui donnoient li seignor de la
terre, et noient non chercoit. Li conte Pandulfe (2)
monstroit sa vertu, et Guaimaire estoit torné a gloire et
a honor et hautesce.
Cap. 8. En cellui temps, lo exercit de li Grex estoit
mandé en Sycille pour la veinchre, et a si fatigose bataille
estoient constreint li Puilloiz et li Calabroiz o solde et
deniers de li impereor, et li gentil et lo pueple estoit
excité a ceste chose. Mes que la protervité de li Sarrazin
(i) Sur la conquête d*Amalfi par Guaimar IV, la Ckronicom
Amaljlt. ig, porte : «r Post hsc autem, anno Domini loBg, d. Guat*
marius princeps Salcrni factus est duz Amalphis de mense aprîlis,
indict. 7. » Le Codex Cavensis diptomaticus, t. VI, p. 117 ■qq»,
renferme de nombreuses chartes donnant à Guatmar IV les titres de
prince de Salerne, prince de Capoue, duc d'Amalfi, duc de Sorrente;
la première, qui est du mois de mai loSg, porte : « Vicestmo
secundo anno principatus Salerni domni nostri Guaimarii et secundo
anno principatus ejus Capuc et primo anno ducatus ejus AiAalfi et
Sirento glorioso princeps. » La suite des dates placées en t6te de ces
chartes montre que Guaimar IV s*est emparé d*Amalfi en loSg et
de Sorrente au mois de juillet de la môme année. Di Mbo, Anrnali
del regno di Napoli, t. Vil, p. agg, analyse une charte de Guai-
mar IV, du mois de décembre 104g, laquelle montre que ce prince
avait, en effet, donné à son frère Guido le duché de Sorrente. .
(2) n fiaut Rainulfe.
59
non se pooit domer par fieble main, la poteste impérial se
humilia a proier Taide de Guaimere, laquel pétition vou-
loit Gaymere aemplir, et fist capitain Guillerme filz de
Tancrede liquelle novellement estoit venut des partiez de
Normendie avec .ij. frerez, Drugone et Unfroide ; avec
liquel manda trois .c. Normant. Et a dire la vérité, plus
valut la hardiece et la prouesce de ces petit de Normans
que la multitude de li Grex, et ont combatu a la cité, et
ont vainchut lo chastel de li Sarrasin, et la superbe de li
Turmagni gist par li camp, li gofanon de li chrestien
sont efforciez^ et la gloire de la victoire est donnée a li
fortissime Normant (i).
(i) KiuÈ et Léo de* Marsi, II, 66, nUndiquent pas la date du
début de l'expédition des Grecs en Sicile ; d'après Lupus, elle com-
mença en io38 : « Descendit Michael patricius et duz^ qui et
sfrondili vocabatur, et transfretavit cum Maniachi patricio in Sicilia. »
Chronicon^ ad an, io3^. Cedrenus, t. II, p. 5 20, place aussi, en
io38, les débuts de la guerre de Sicile; il écrit : « Tc^ 8è ffcpfi^
Itii. îv8txT;wvoç ff', » c'est-à-dire : « anno mundi 6546, indictione
6 »; or, Tannée byzantine 6546 correspond à io37-38. Cedrenus
dit également qu'un contingent Normand fit partie de l'expédi-
tion et l'évalue à 5 00 hommes. « (tu^* icpO98T0(tpi9à(jLevo{ (6 Maviiuv^c)
XII ^piyyoui icevToixoviouc dcitô tûv TtipoN tcÔv *AXite(ov raiXXicâv
{teToiiretf^BsvTac xotl «px^lY®^ Ixovxaç 'ApSouîvov x^v xX-J^aiv, x*^P^
Tivôç ipxo^'f* X*^ ^"^^ piTl5fivô; àY(5[nvov, {jieO'wv Ta tûv Soipaxv^vûv
ilpfaffaTo Tp(Jitaia. » T. Il, p. 545. — Malaterra, I, 7, parle aussi des
Normands ayant fait, avec les Grecs, l'expédition de Sicile et raconte
leurs exploits, surtout ceux de Guillaume Bras-de-Fer au siège de
Syracuse, mais il ne dit pas combien étaient les Normands. Le mot
Turmagni dont Aimé se sert dans cette phrase : « et la superbe de
li Turmagni gist par li camp, » vient sans doute du grec Touppiip^^at,
en latin Turmarcha et signifie turmee seu regionis praefectus. Cf. Du
Gange, ad h, v. Glossariwn m. et 1. latinitatis, t. VI, p. 70a, éd.
DiDOT de 1846.
Cap. 9. Puiz que la cité de Sarragosse (i) fii prise et
vainchue, vint un home cristien a Maniachin, duc de
lout Tost et lo exercit; home aorné de une honorable
canicie, et il soui afferma quMl savoit ou estoit li cors de
sainte Lucie, virge et martyre; et lo duc fu molt liez,
puiz la victoire, de reporter les reliques de la sainte. Et a
trover cest grant trésor prist la testemoniance de li Nor-
mant, et s'avuerent alla eclize pour la destration; de
Tome vieill chrestien fu mostré lo sépulcre, de lequel
trairent la sainte pucelle, autresi entière et fresche com-
ment lo premier jor qu'elle i fu mise. Et se rapareilla de
argent la casse ou li saint cors de la benedite vierge
estoit, et fu mandé en Costentinoble (2).
Cap. 10. Et entretant come ces choses se faisoient en
Sycille, li matrimoine *de Temperatrix de Costentinoble
et de Tempercor fu departut, quar moillier chasa lo
marit de lo siège royal, et au damage de lo marit la Came
fu plus, et fu clamé lo duc qui se clamoit Monacho qa^il
seroit impereor et auroit Timperatrix pour moillier s'il
s^avanchoit et fcstinoit de venir. Et lo duc ce croiant le
vouloit faire, et considéra la major honor et laxa la
menor, et laissa Sycille laquelle il avoit jà aquestée. Et li
Normant remanda a lor prince, et se hasta molt dealer
en Costentinoble por prendre la dignité impérial. Mes
quant il vint là, il trova que de lo département de Pem-
peor et de Timperatrix estoit faite la paiz : toutes foiz li
(1) Liiez Syracuse.
{%) Lko dk' Marsi, II, 63, d*après Xiué. U 8*agit de sainte Lucie,
vierge, maityritée à Syracuse le 1 3 décembre 3o3 ; il ne faut pat la
confondre avec sainte Lucie martyrisée à Rome le 16 septembre,
Sfius Dioctétien.
6i
Sarrazin recovrerent lor héritage qu^il avoient perdu (i).
Cap. I t . Et Gaymére se délittoit par large planîere^ et
s^espandoit la victoire de sez chevaliers. Et par lo con-
traire de Pandulfe toutes les coses qui estoient a
Averse (2), quar lo grain et lo mil, loquel avoit aUné de
la rente del monastier de saint Benedit puis dui ans, ensi
fu trouvé en cendre que ne porc ne vasce afamée non en
vouloit mengier, et lo pane et dras de soie tuit furent
consumé de teingne et de vers.
Cap. 12^ Et pour ceste choze Pandulfe cercha que la
ire de Guaymarie se deust encliner a miséricorde, et
alega miséricorde de parentece. Mes lo neveu non s^en
clina a la prière de son oncle, pour laquel choze s^en ala
en Costentinoble a lo impeor ; et puiz après lui ala lo
message de Guaymarie, loquel, plus manechant que
proiant, ordena que li empereor n^eust miséricorde de
Pandulfe. Dont, quant li empeor ot entendu ce que
Guaymarie lui mandoit, il prist Pandulfe et le manda en
exil. Et quant lo impeor fu mort, Pandulfe, avec li
(i) Il se peut que pour tromper Maniacès et le décider à quitter
son armée et à venir à G)nstantinople, Zoé lui ait fait espérer sa
main et la couronne impériale ; toutefois Cedrenus dit que Maniacès,
dénoncé à la cour de Constantinoplc par son lieutenant, le patrice
Stéphane, fut destitué de son commandement et amené captif à
Constantinople, où il resta quelque temps en prison, Cedbeni,
Hutor. Compend., t. Il, p. 522 et p. 545. On voit qu'Aimé ne parle
que d*une manière très vague de la fin de la guerre de Sicile. Cest
seulement au mois de novembre 1041 que Michel IV laissa le pou-
voir à sa femme, l'impératrice Zoé, il mourut le 10 décembre sui-
vant, Cedren., t. U, p. 533; or, Maniacès dut rentrer à Constan-
tinople dès la fin de loSç ou au commencement de 1040.
(2) Au lieu d'Averse, qui n'appartenait pas à Pandulfe IV, lisez
la roche Sainte^Agathe, où, d'après Aimé lui-même, Pandulfe IV
s'était réfugié (Cf. supra, 1. II, c. 5).
62
autre liquel esnxtc ckiII. f= rzrçick^ de lo cxill, liqoel
esioit prrreeaftci: macxll, a espôoii sTI poist noire t
Guarmarîe •: . Mes rrr^^nnî ih rcKripaire : c Ne
cooidl x^ saptsace nz: csonc Li paîsmcede Diea (2). i
CâF. ::. Mes li supertie de Î3 perrets et nuhniz
Tbeodine, loquel nooz itoqs dit desas, plus est tornée
en misère que la Pandalx : quar la TÛnne gloire de
cestai Tbeodîne, lîqoel entre II princes fsioit grant et
puissant, est tant enclinée a ant humilité, qo^il estoit
o la barbe rcse et la teste pdlée, laqoel cose est grant ver-
goingne entre les Grex : et teooit la teste œperte d^one
pd de lotre, estoit £ait cemator de £uine et Ctisoit pain :
et cornent ce fost cose qa^il contast et mesurast lo pain
pour son seignor, misérable receroit sa pan, et de cestui
se dira puiz '3 .
(1) Léo de* Maisi, H, 63, cTaprès Aiai : « Pandolfas Capuanos
reYertuA est a Constantiiiopolim. • AnmaUs BemofoUami^ ad om, 1041 .
Ijck Annales de Bénév'ent commencent Tannée au mois de man
(Cf. Weiveeich, de comditione Ualiœ inferioris, Gregorio VU
pont,, I 111, auctorem Annalium Bene?entanoruiii annum caleadis
Martîi incipere demonstratur), et Tempereur Michel IV, le Paphia-
gonien, étant mort le 10 décembre 1041 (CaraEifi», t. Il, p. 535),
Rindulfe IV a dû revenir en Italie du 10 décembre au icr mars sui-
vant, c'est-à-dire après la mort de l'empereur, comme le dit Aimé,
et encfjre en 1041, d*après la manière de compter des Amialcs de
Bénévent.
(1) m Non est sapientia, non est prudentia, non est oontilîam
contra Dominum. » PaovEaB., XXI, 3o.
(3) I^rs du voyage de Tempereur Conrad dans Tltalie du Sud,
'IVidinus s*était réfugié au château de Vantra. D*après Lbo dk* Maks^
Chronicon Casin,, II, 67, Tabbé Richer avait promis à Todinua le
CatttUum tancti Ileliœ, s'il consentait à rendre le château de
Vantra. Todinus s'exécuta mais, d'après ce passage d'Aimé, il sem-
bleruit que la promesse qui lui avait été faite ne fut pas tenue.
^3
Cap. 14. Quant la bataille de Sycille, dont nouz avons
parlé devant, se faisoit, un qui se clamoit Arduyn (i),
senricial de saint Ambroise archevesque de Melan, com-
batant soi en celle bataille, et abati un Sarrazin ; et lo
caval de li Sarrazin estoit molt bel, si lo mena a son
hostel ; et li duc de la militie troiz foiz manda pour lo
cheval, et Arduine non lui vouloît mander, e dist que o
sa main victoriose Tavoit conquesté et o Taide de Dieu.
Et parlo commandement de lo superbe duc, injuriose-
ment fu mené Arduino et lo cheval ; et secont la pessime
costumance de li Grex, fu batut tout nu, et li cheval lui
fil levé. Et ensi ot vergoingne ne son cors pour ce qu'il
non voloit donner lo cheval de sa volenté ; il s'apensa et
s^appareilla de soi vengier. Mes en ceste manière remainst
ceste cose, et souffri Tynjure, et toutes voiez la tint en son
cuer qu^il devoit faire puiz (2).
(a) Nous avons vu que, d'après Cedrenus, Ârdouin était le com-
mandant du contingent normand (Cedreni, Hist, compen,, t. II,
p. 545); Terreur de Cedrenus vient sans doute de ce que Ardouin
sachant le grec, servait d'intermédiaire entre les Normands et les
Bizantins. Malaterra, I, 8, écrit avec plus d'exactitude : « Ardui-
num quemdam Italum, qui ex nostris erat, quia Grsci sermonis
peritiam habebat. »
(3) Lko db' Marsi, Malaterra, Cedrenus, la Chronique de
Robert Viscart (en latin dans Caruso, p. 832, en français dans
Chamfollion, I, 5, p. 270) et Guillaume de Fouille (1. I, v. ao6
84q.) racontent à peu près comme Aimé le mauvais traitement
infligé à Ardouin, mais ils varient sur d'autres points. Tandis
qu'Aimé, Léo de' Marsi, Malaterra, la Chronique de R. Guiscard
disent que G. Maniacès fit infliger cette peine à Ardouin, en Sicile,
Guillaume de Fouille et Cedrenus racontent qu'Ardouin fut puni
sur le continent italien par ordre de Michel Dokeianos, successeur
de Maniacès. La première tradition paraît bien préférable à la
seconde, celle-ci a contre elle un texte très explicite de V Anonyme
de Bari : « Et Arduino Lanbardo intravit in Melfi, erat Tepoteriti
64
C«AP. i5. Puiz que la Sicylle fu vaincu, tout lo exercii
rctorna en Puiilc; et corne nouz avons dit, Manachiapor
cstrc cmpereour ala en G>stentinoble ; mes là fu crudde-
mcnt taiIli<S, et en lo lieu de cestui fu mis Docliane cap-
tapan est constitui en Puille (i).
Ckp, lô. El Arduyn, loquel avoit en lo cuer l^njure
qu'il avoii rcccue, ala a cestui Ducliane, et lui dona molt
or. et fu honorablement receu, et fu en hautesce de
honor fait, et fu fait préfet de molt de citez. Cestui se
inoustra hicnvoillant a tuit li subjette, et se mostra mise-
ricordiouz a ceuz qui lui ofTendoient ; et faisoit sovent
convit, li gcntilhome et li non gentil envitoit a son
i'onvii. Cl lor donoit delicioses viandez; et puiz quant
avoiciu mcngié parloii de amicables paroles, et ensi plus
M* nuuistroit frcre que judice de eaux. Et parlant a eauz
nuMoii paroles de compassion, et feingnoit quMl estoit
dolent de la grevance qu^il souffroient de la seignorie de
^ioR»\f\pttr,{. lieutenant) de ipso catapano et coadunavît ubicumque
|Niiult l'iuncoM et rebellium cxegit contra ipsum catapanum. »
A»oH\mus llif'fHsiSt ad an. 1041, Muratoei, R. I. SS., t. V,
p. I 'm». l.nrRi]uo Ariiouin se révolta contre son chef, Michel DokeU-
iiim. il otait iloiu- lieutenant de celui-ci et jouissait de sa confiance.
r*iMunient Hup(HMicr alors que peu auparavant Dokeianos eut fait
iiilliftrr i\ Ai'douin, devant les troupes réunies, une punition aussi
i|{itiMuiniruM* { (îuillaume de Fouille dit que Michel Dokeianos,
ifvcnu vainqueur de Texpédition de Sicile, distribua à Reggîo les
dvpdUitli'H de rcimemt et qu*Ardouin et ses amis furent mis de côté
iliiiiK ic pitrtngc. I.a tournure que prirent les affaires des Grecs en
Siiltr. nprèii lo rappel de Maniacès, fait voir au contraire que le
|Ni^ii' a 01^ induit en erreur; le retour de Sicile fut rien moins que
tiiniiipltiil |Hmr Icit Grecs.
(I) l.iiru», aJ iiN. 1039 : ■ In mcnse Februarii descendit Ntchifbras
tHtc|mni (|ui ut Dulchiano dicebatur. » Ad an, 1041 : « Descendit
Dulchiuno u Si\:illa ivit que Ascolum. » '
6s
li Grex, et Tinjure qu'il faisoient a lor moilliers a lor
famés, et faingnoit de souspirer et de penser a Tinjure
qu'il souffroîent de li Grex ; et lor prometoit de vouloir
fatiguier et travallier pour lor délibération. Ha! quel
sage soutillesce pour lever la seignorie a li seignor qui lui
firent injure, et émut lo puple contre eauz! Ha ! ire for-
tissime non mostrée defors, mes la gardoit en cuer,
coment lo fqu copert de cendre qui fait secce la laingne,
subite t'alumera o feu ardant. Certes, jà estoit la laingne
qui touz les ardra, quar comment saint touz lo desirrent
pour seignor, et touz affermoient a lui Arduyne que lo
vouloient a obedir. Et quant ce vit Arduine, soulfla pour
alumer lo feu ; coment lo capitule de après nous mos-
trera, souHa et aluma, toutes foiz a cens qui a lui se
offroient rendi grâce et amor.
Cap. 17. Apres ce, Arduine fist semblant d'aler a Rome
a la pardonnace ; et ensi s'appareilla a guaitier a li Grex;
et ala a la cité d'Averse, plenc de chevalerie, et parla a lo
conte Raynulfe, et lui dist : a Je sui venu pour accroistre
lo honor de vostre majesté et seignorie ; je me diletto de
conjoindre lo mien estât petit avec vosire grant amistié,
et se volez donner foi a ce que je vouz conseillerai, vouz
serez accressut en grant utilité. Lonc temps est que vouz
entrastes en ceste terre, et force en la contrée ou vouz
fustez nez lessattes poi de héritage, et'sa en avez acquesté
meins, et persone, 'quant laisse sa propre terre, doit
chercier pour soi accroistre honor et puissance. Vouz
encoire estes en ceste terre qui vouz a été donée et vouz i
habitez comme la sorice qui est en lo partus, en cest
estroit lieu, quar lo pueple te croist li part de li bénéfice
de la terre ; entre il covient que faille estende vostre main
forte et dont je vouz mènerai ; venez après moi, et je irai
5
zt'^iT.: ti Tz^zi Â?c^ . tz vjiiz ziTjd pourquoi |e voiz
^L-iMc:. ;-> s^z:.:£^ -^i t£ t:>ux z^ena*^ « homes femi-
ri! nés. j'£sc s. b:>=r£s zz-ziZDt farres, lîquel demorent en
Cv?. :>. Q::=-: l: rc^nte entend: la parole de cestui
E:Ju^-r.e :'. rrls: 1; =:e:llûr ât son conseil], ei sur ceste
r^rcie se rcnstilla c: n::: s^n: en volemc. El prometent
I: Norrr.2n: cjIct i ceste cose a bquelle sont envités et font
une con: piîngnîe e: &acrez:en: ensemble avec Arduyne^
c: juren: ;^ue .ie re ^u':l aquesreroient donroient la
moitié a Ariuyne. El es!'«:i li conie .xij. pare a lîquel
comanda que equalez^.en: deuisent partir ce qu'ail aques-
leroîent. E; lor donna troiz cens fortîssimes Nqpnans, a
liquel dona li gof^anon por veinchre, et le baissa en
bocche, et les manda a I2 bataille por corn batre fortement
en la cornpaingnie de Erduyne, liquel avoitgrant volenté
de soi vengîer i .
(i) GuilbuTTie ùc PcuîMc. I, r. 229 sqq., fmit aire les douze chefs
par les Normands eui-nîcnîes et non par Rainulfe.
« Normanni, quamris Danaum Tirtute coacti,
Appula rura prius Jimittere, rursus adiré
II1K- stimulante parant. Numéro ai m viribus aucio,
Omnes a.nvcniunt, et bis sex nubjliores,
Quus i;cnus et gravitJS monim Jccâb.u et xias,
Klepere duces. Pr-vectis ad cumitatum
His alii parent. Comitatus nomen honoris
Quo donantur, ent — hi tutas undiquc terras
Diviserc sibi, nisi sors inimica repugnct.
Singula proponunt loca, qua: contingcre sorte
Cuiquc duci debent et qudcque tributa locorum :
Hac ad bella simul fcstinant condictionc. »
Dans la seconde rédaction de sa chronique, I^eo de* Marsi suit
Aimé, mais voici le texte de sa première rédaction : « Normanni
^7
Cap. 19. La cité de Melfe est assize en un lieu haut,
laquelle de divers flumes est atornoié et entor et guarnie.
Et aviegne que lo lieu ou est la cité s'estent en hautesce;
toutes voies pour aler la est legiere sallute et e$t cloze de
mur non haut; mes plus sont appareillié de bellece et de
fortesce que de hautesce. Geste cité est autresi comme une
porte de Puille moult forte^ laquelle contresta a li
interea qui cum Rainulfo comité apud Aversam manebant, id est
Guilelmus et Drogo filii Tancridi et fîlii Âmici Gualteruset Petrones,
consilio habito, relicta Âversa, filium Beneventani prindpis Atenul-
phum seniorem super se facientes, ad Apuliam adquirendam,
animum intendenint, pergentes que applicuerunt Melphin, con-
juoctis que sibi Lombardis quos illic repererant^ ceperunt pugnare
cum Grscis. » Chronicon Casin., 11, 66, Comme nous le verrons,
Léo se trompe en plaçant au début de l'expédition l'élection d'Adé-
nulfe de Bénévent. D'après Malaterra, l, 8, ]es Normands ne
seraient pas partis d'Aversa pour aller s'emparer de Melfi et con-
quérir la Pouille. 11 raconte qu'en revenant de Sicile et après avoir
passé le Faro, Ardouin et les Normands auraient fait la guerre aux
Grecs, parcouru en ennemis toutes les Calabres et ne se seraient
arrêtés qu'à Melfi qu'ils auraient fondé pour avoir une position for-
tifiée. Malaterra se trompe; Melfi était fondé et fortifié bien avant
l'arrivée des Normands, et nous avons vu qu'Ardouin fut, après son
retour de la Sicile, le flatteur et le lieutenant de Dokeianos. Com-
ment en outre admettre qu'une poignée de Normands, venant de
supporter les rudes fatigues d'une campagne en Sicile, ait traversé,
en tenant campagne, toutes les Calabres et se soii arrêtée seule-
ment à Melfi ?
Le texte de VAnonymus Barensis que nous avons donné plus haut,
p. 63, note 3, ne permet pas non plus de regarder comme fondée la
version de Guillaume de Pouille, d'après laquelle, Ardouin, laissé
de côté, ainsi que ses amis, lorsque Dokeianos avait fait à Reggio
le partage du butin conquis durant l'expédition de Sicile, aurait
aussitôt commencé la lutte contre les Grecs et serait venu précipi-
tamment à Aversa pour décider les Normands à faire cause commune
avec lui. D'accord avec ,Aimé, ce texte de VAnonymus Barensis
montre qu'Ardouin était en Italie, avant sa rébellion, l'ami et le lieu-
ancmis, et est refuge et réceptacle de H amis i >. En ceste
cité ii Normant entrèrent de nuit, et Arduine proia li
Normant que o paiz la deussent garder. Mes cil de la
cité se levèrent o grant multitude et prîstrent Tarme et se
appareillèrent de eaux deffendre. Et Aldovne se met
entre eaux, et parla à haute vois : « Ceste est la liberté
laquelle vouz avez chercié; cestui non sont anemis, mes
grani amis, et je ai fait ce que je vouz avoîe promis, et
vous, faciès ce que m'avez promis. Cestui vienent pour
desjoindre lo jog dont vous estiez loiez, de liquel se tenez
mon conseil, joingncz auvecces. Dieu est avec vouz; Dieu
a miséricorde de la servitute et vergoigne que vous touz
les jors, et pour ce a mandé ces chevaliers pour vouz
délivrer. » Et quant il oïrent ensi parler Arduyne, se
consentirent a lui. Et font sacrement de fidélité de chas-
tenant (le Dokeianos. Voyez le récit de Guillaume de Fouille, I,
V. 2of} sqq. :
« Cumque triumphato rediens Dochianus ab hotte
Frxmia militibus Rcgina solveret urbe,
Groîcis donatis nichil Ârdoinus habere
Dunorum potuit, miser immunisque rcmansit, etc. »
Jkan Scylitzes dit i:galement que Tune des causes de la guerre
entre les Cîrccs et les Normands fut le traitement ignominieux
intli^L ù Ardouin; mais J. Scyclitzcs, n'ayant eu à sa disposition que
des traditions très confuses, n*a guère fourni sur ce point que des
doimces sans valeur, ainsi il foit de Robert Guiscard le fils d*un
trèrc d'Ârdouin. J. Curopalat^, Historia, t. Il, des œuvres de
Ci.UKKNus, p. 720, éd. Bonn.
(1) Mklfi, sur la rive droite de TOfanto, bâti sur un contrefort
du VuUurnc, fait actuellement partie de la Basilicate et est à 41 kil.
N.-O. de Potenza.
69
cune part de paîz (i). Se la terre non avoit autre seignor
que ou a cui face tribut se clame tributaire. Et en ceste
règne se clame terre de demainne, et se autre seignorie,
se clame colonie> corne sont en cest règne la terre qui a
autre seignorie. Et sanz lo roy estoit seignor Arduyne, et
en celle part se clament colone.
Cap. 20. Et'lo matin li Normant s'en aloient solachant
(i) Malaterra, I, 9, croit à tort que Melfi a été construit par les
Normands : « Castnim quod Melfa dicitur, construzerunt. » Guil-
laume DE PouiLLE, I, V. 245, est TTiieux renseigné lorsqu'il écrit en
parlant de Melfi :
« Appula Normannis intrantibus arva repente
Melfia capta fuit. Quidquid praedantur ad illam
Urbem deducunt. Hac sede Basilius ante
Quem super memini, modicas fabncaverat sdes
Esse locum cernehs inopinée commoditatis. »
Di Meo (Annali del regno di Napoli, t. Vil, p. 206), dit que les
Normands ont pris Melfi en 1040 et non en 1041 ; il s'appuie sur
cette phrase de Léo de' Marsi : « Ânno dominics nativitatis 1041,
quo videlicet anno dies paschalis sabbati ipso die festivitatis sancti
Benedicti evenit (21 mars), Ârduino duce Melphiam capiunt; » et
sur ce fait que, dans sa chronique, Léo de' Marsi commence tou-
jours l'année le 25 mars. Dans son édition de Léo de* Marsi, MG.,
SS., Vn, 675, note 85, Wattenbach adhère au sentiment de Di
Meo ainsi que Wilmanns dans son édition de Guillaume de Fouille,
MG. SS., IX, p. 246, note 3y. Mais Di Meo se trompe et avec lui
Wattenbach et Wilmanns ; Hirsch {de Italice inferions Annalibus
saculi X et XI, p. 58 sq.) a établi par de nombreuses comparaisons
que presque toujours et en particulier pour 1041, Léo de' Marsi
commence Tannée en janvier, comme nous le faisons. L'Anonymus
Barensis déjà cité (p. 63, note 3) donne 1041 comme date de la
prise de Melfi, et de même Lupus écrit, ad an, 1041 : « In mense
Martii Arduinus Lombardus convocavit Normannos in Apuliam in
civitate Malfîs. »
70
par li camp, et par li jardin lo menoit a Vcnozc (i)
laquelle estoit de près de Melfe, liez et joians sur lor
chevaux, et vont corrant çà et là ; et li citadin de la cité
virent cil chevalier liquel non cognossoient, si s'en mer-
veilloient et orent paour. Et li Normant a une proie
grandissime et sanz nulle brigue la menoient ad Melfe.
Et lo secont jor alerent a Ascle (2), oix il trovcrent homes
plus flcbes. Et d'iluec sVn vont a Labelle (3) Puille, ei
celles choses qui lor plaisoit prcnoient, et celle qui ne
lor plaisoient ieisoient. Mes non combatoient, quar non
trovoient qui lor contrestast. Et partoient ce qu'il avoient
pris, et s'appareillèrent de prendre lo remcs et s'aturerent
la famé de ceuz de Melfe, et molt s^alegrerent de la
débilité de li home qu^il troverent, et confidant soi en la
potence de Dieu et en lor vertu, creoîent ja avoir vain-
chut les cités de Puille et les creoient avoir subjugate, et
il meismes creoient cstre subjugate. Et mandèrent legat a
lo duc Dvoclicien, et lui annuncierent lor misère et lo
damage qu'il avoicnt receu, et encore piz qu'il atendoient
de recevoir ; et rcqucroient qu'il deust mander a lo
impcor por aidier lor.
Cap. 21. Et comanda li empcor a Dyoclicien qu'il
appareillast grant bataille contre li Normant, et cil qui
remaindroient de la bataille, por exemple de li autre,
legat o chainncs doient estre mandés a lo impeor. Lo
cxcrcii innumcrable pueple alina, et lo duc grec se glo-
rifia en la grant multitude des homes, qui cstoient
(lî Vkn(isa, l'antiiiiic Vcniisia. à TKst et à y€u de distance de
Mclti.
(2) Ascom di Satriano, au Nord de Mclfi, maintenant sur le che-
min de fer de Mcltî à Candcin.
{^) Laveli.o, Labcllum dans Léo de' Marsi, au Nord-Est de Melfi.
71
autres! cornent famés, et se pensa de humilier ceus qui
puiz humilièrent son orgoill. Et matida comandement a
li Normant qu'il deussent laissier la terre laquelle il
tenoient injustement, et il les leroit aler en lorpalz; et
lor manda disant qu^il estoit acompaingnié avec la gent
de l-ympeor, et que vergoingne lui estoit de combatre
contre eaux qui estoient petit de gent et poure, et autresi
s'il le vençoit plus lui seroit vergoingne que honor. Et li
Normant lui respondirent : « Se tu non daingnes venir
sur nouz, ccrtenement irons sur toy a bataille, quar plus
nouz confidons de la miséricorde de Dieu que de la mul-
titude de la gent. Nouz non intrames en la terre pour
issirent si logement ; et molt nous seront loing a
retorner là dont nouz venîmes; et que tu, duc de lo
impeor, as vergoingne se tu nous veinces, et tant s^ra
plus grant gloire a nouz veinchons toi et la multitude de
la gent de Tempeor. Nous volons paiz se vous nous
laissiez la terre que nouz tenons, et en ferons service a lo
empeor. » Et quant lo duc de lo empeor vi et entend i
lo grant cora^e et la grant hardiesce de li vaillant cheva-
lier Normant, et qu'il non vouloicnt laissier la terre
qu^il par force avoient gaaingnié, il fu molt corrocié. Et
cria et comanda que maintenant la gent s^armassent
pour combatre li Normant, liquel non vouloient obéir a
lo comandement de lo impeor, et ordena lo leu ou
dévoient combatre, et fu defuinie lo jor et Tore de faire
la bataille, de Tune part et de l'autre. Et quant lo jor et
lo terme fu venu de combatre, la gent de Tempeor
entrererit en champ de bataille contre la bone et forte
compaingnie de li Normant, qui molt estoit petite, quar
li autre estoient cent pour un. Et li host de li Grex,
liquel non se pooit nombrer, se prinstrent la hautesce
del mont ; et molt desprizèrent li Normant por ce qu'il
72
estoient petit de gent. Et manda lo duc de lo impereor
une soe bataille contre li Normant; et commanda que cil
de li Normant qui remandroit vif fussent mandés em
prison et encainnés, et mandés a lo impereor. Et manda
lo duc manda son message pour savoir quant il en
estoient remez en prison. Et puiz manda une autre
bataille plus grande et plus fon, quant la première
bataille fu vainchue et toute taillié, et commanda ce qu^il
avoit fait a la première bataille, que cil qui remain-
droient vif fussent menez en prison, mes non vint lo
message, quar de li sien nul en estoit remez vif. Et
encore remanda lo duc Tautrc bataille plus vaillante et
plus grant, et lors comanda comment il avoit commandé
as premiers. Et li premer qui jesoient en lo camp,
loquel estoit contre lo Hume, car là estoit lo camp ou
combatirent, remainrcnt covert de li secont qui furent
occis sur eaux. Et lo duc, quant il vit ce, fouy o tout lo
remanant; et li Normant o victoire grande et merveil-
louse retornèrent a lor meisons (i).
Cap. 22. Ccste rumor et ccste grant mortalité fu escripte
a lo cmpeor, et la forte victoire de li vaillant chevalier
normant, et a touz li princes anuncié. Et quant lo
impeor entend i ceste novelle, il se feri de la main el
front pour la grant dolor qu'il ot, et par grant ire quMl
ot se desrompi sa robe et se donna de la main contre
la poitrine, et dist : « Certencment par ceste gent serai-jc
prive cl chacic de la digniié de mon empicrc. » Et pour
ce, lo plorer et conturbation coniurba toute la cite royal,
(i) Aimé dit que l'empereur de Constant! noplc prescrivit à Dokci-
anos de marcher C(mtre les Normands; c'est là une erreur; les
Normands, nous Tavons vu, sont entrés en PouîUe au mois de mars
io.|i, et, des le 17 du même mois, Dokeianos leur livre bataille. Il
/ )
et a lo conseil de Pimpereor furent clamés cil de la cité,
cil qui estoient de plus grant puissance et plus sages. Et
quant il furent ensi asemblez pour prendre conseil quMl
n'a donc pu, en si peu de temps, informer son gouvernement et en
recevoir des ordres. Les Annales Barenses, ad an. 1041, résument
ainsi Thistoire de cette bataille : « Mense Martio, decimo septimo
intrante, factum est prœlium Normannorum et Grscorum |uxta
fluvium Dulibentis. Dulkiano cum reliquo exercitu qui remanserat
ex ipso prœlio, fugam petierunt in Montera Pelosum. » MG. SS.,
V. 54. La bataille entre les Grecs et les Normands, livrée après la
prise de Melfi, ayant eu lieu le 1 7 mars, il faut en conclure que les
Normands sont entrés à Melfi dès les premiers jours de mars.
D'accord avec les Annales Barenses^ Léo de' Marsi, II, 66, dit que
la bataille eut lieu : « Juxta fluvium scilicet Oliventum (l'Olivento,
un affluent de TOfanto, à l'Est et à proximité de Melfi). » Guillaume
DE Fouille : « Juxta rapidas Lebenti fluminis undas, » 1. 1. v. 282 ;
G. Malaterra, I, 9, « In flumine quod Oliventum dicitur. » Il est
certain que les Apuliens, révoltés contre Constantinople, ceux qu'on
désignait sous le nom de Conterati, ont combattu avec les Nor-
mands ; d'après Lupus, il y aurait eu, dès le début, neuf Apuliens
et, d'après Guillaume de Fouille, trois pour un Normand. Qjuant
au nombre des Grecs qui prirent part à cette première bataille,
Malaterra (Historia Si cula, 1, 9), l'évalue à « sexaginta millia
armatonim », ce qui est inadmissible; il n'est guère possible
d'admettre avec Aimé qu'ils étaient cent pour un adversaire.
Cedrenus, t. II, p. 546, reproche au contraire à Dokeianos d'avoir
livré bataille contre les Normands sans avoir réuni assez de
troupes. Malaterra a aussi raconté qu'avant d'en venir aux mains,
Dokeianos et les Normands échangèrent divers messages ; c'est alors
qu'un Normand du nom de Hugo Tudextifen (ou Tudebufem, Hugo
Tutabovi dans Léo de' Marsi et Hugo toute Bone (!) dans Aimé,
Ut 3o) assomma d'un coup de poing le cheval que montait le parle-
mentaire grec, parce qu'il trouvait blessantes les propositions faites
au nom du catapan par ce parlementaire. Malaterra, Hist.
Sicula, I, 9. Qiiant à la marche même 'de la bataille, Aimé est
d'accord avec Guillaume de Fouille, lequel rapporte également que
les Grecs n'engagèrent leurs troupes que graduellement, dans des
attaques successives.
74
porroient faire contre cil devant dit Normant, et dist lo
impeor : « La sapience de li Grex, et la discrétion de ii
chevalier, et lor proesce et lor sage conseill maintenant
se doit dcmostrer, quar grant besoigne i fait. » Et puiz si
dist : c Seignors, or m^entendez ; je me suis mis eu cuer
et en volenté de laissier toute avarice, et voill mcstrcr a
li chevalier mien toute largesce, et voil que la porte de
mon trésor soit aperte et soit despendu a ceaux qui se
voudront combatre contre la hardiesce et force de ceste
gent de Normendie. Et se mon trésor non souffit je me
ferai prcster des ecglizes de la foi nostre ; car en toutes
manières je voill lever de terre et destniire^ se je puiz»
ccus qui me volent destruirc et tollir la noble honor
impérial, et contrester contre moi. » Et quant lo impeor
ot cnsi parlé et moustré sa volenté a li conseil soe et au
pueple, tuit s'acorderent a la parole de Pimpeor, grant
et petit, poure et riche, et promistrent de faire aide de
argent a lo impeor chascun secont son pooir^ et si
firent. Et cnsi H empereour dona a li chevalier double
solde a ce que venissent a de meillor cuer et de meillor
volonté a combatre contre la grant hardiesce et vaillantize
de li fort Normant. Quant li empeor ot ensi fait et
ordené avec son pueple et ses chevaliers, mes li Grez non
se assemblèrent pas particulerement pour aler a la
bataille; mes touz ensemble s^asemblerent; et de Fautre
part contraire o grant cuer et hardiesce estoient li vaillant
et fort chevalier veinccor Normant. Et a ce qu'il douas-
sent ferme cuer a li colone de celle terre» lo prince de
Bonivent, home bon et vaillant, liquel estoit frère
Adinulfe, firent lor duc a loquel servoient copment servi-
cial cl lo honoroient con^ment seignor. Et puiz quant il
orent fait lor duc il vindrent a la bataille, et se comen-
cercnt a assembler; et la compaignie de li chevalier de
75
l'empcour a turme a turme estoient abatut ; et Dul-
canie, liquel esto prince de l'ost de Tempecr, quant il
vit ce, si commensa a fouir por eschaper la vie et lo péril
de mort. Et cil qui venoient derrière, c'est a dire li vail-
lent et poissant chevalier normant, non fuioient pas, mes
paroît qu'il volassent. Et apparut un tel miracle et vertu
de Dieu si bel, que nul ne se poiroit penser. Or dist ensi
li conte que quant li Grex vindrent por combatre contre
li vaillant Normant, lo flume, liquel se clame lo Affide,
estoit tante petit et bas que li cheval n'i venoient fors
jusquez a la cuisse en Teauc; et quant il furent vaincus a
la bataille et il retornoient pour fouir, tant i avoit de
aiguë, que lo flume issoit defors la ripe. Et toutes foies li
air avoit esté bel et serin, et nulle pluie avoit esté, dont
il avint que plus furent cil qui furent noiez que cil
/]ui furent mort en la bataille. Si que foyant la hardiece
de ceus qui les secutoient troverent li élément inrationable
qui les affeca. Et li vaillant et puissant Normant de
diverses richesces sont fait riches de vestimens de diverses
colorouz, de aornemens, de paveillons, de vaisselle d'or
et d'argent, de chevaux et de armes preciouses ; et espe-
cialment furent fait ricche, quar l'usance de li Grex est
quant il vont en bataille de porter toute masserie néces-
saire avec eaux (i).
(i) Voici sur cette journée le récit des Annales Barenses, ad
an. 1041 : h Deinde collectis mense Maii in unum omnibus Gsecis
apud Montem Majore m juxta fluenta Aufidi, initiatum est prœlium
quarto die intrante, ubi perierunt plurimi Natulichi et Obsequiani,
Russi, Trachici, Calabrici, Longobardi, Capitanates. Et Angélus
presbyter episcopus Troianus atque Stephanus Acherontinus epis-
copus ibi interfccti sunt. Nam nempe, ut dictum est ab omnibus
qui hsec noverunt, aut (haud) pliires quam duo millia Normandi
76
Cap. 2 3. Apres ceste confusion et destruction de li
Grex, et la grant victoire de li fortissime Normant, Tire
de lo impeor vint sur Dycclicien, le leva de son office
que non fust duc, et le fist son vicaire et lui manda
•
fuenint. Grsci vero decem et octo milia, exceptit aei viloribut. »
Lupus, ad an, 1041 : « Mense maii, iterum prœliati sunt Nonnanni
feria 4* cum Graecis et fugit Dulchianus in Baro. » Guuxatimb dc
Fouille, I, v. 3o3 sqq., indique le lieu de la bataille et dit que les
Normands en sortirent vainqueurs :
« Agminc collecto Graecorum, rursusad amnem
Cannis ad fînem, qui dicitur Aufidus, omnes
Quos secum potuit Michsl deducere duzit.
Ad pugnam Galli redeunt. Ut cesserat ante,
Cedit eis Michael, victi fugere Pelasgi ;
Pelusii montis Michael petit ardua victus. •
Ceorenus se trompe plusieurs fois en parlant de cette campagne
entre Dokeianos et les Normands; c'est à Cannes qu*il place non pas
la seconde mais la première bataille : « cv Kivvaic tctpl xhr* ^AitçvSov
'noTajxov, {vOa xal xsTà toù; xiXai ^povou; 'Avv(6a{ xàç tcoXXà^ tmv
'P(i>|ixVx(âv 9Tp3Tcu|iiT(>)v xsTi/o^'c |iupii83{ ». Il dit que la seconde
bataille a eu lieu « iccpl to^ Xc^opLcva; *llps;. » Hist, Compend.^
p. 546 du t. H.
Si, comme le suppose Wilmanns dans ses notes sur Guillaums
DE Fouille (MG. SS., IX, p. 247, n. 41), Cedrenus désigne par
"ûpx; la ville d*Ona, au sud de Tltalie, entre Tarente et Brindisi,
une telle donnée prouverait que Cedrenus n'était guère bien
informé; Oria était fort loin du théâtre de la guerre et n'avait alors
rien à craindre de l'invasion normande. Aimé suppose, dans ce
même chapitre, que, lors dc la seconde bataille, les Normands avaient
iléjà mis à leur tête Adénulfe, prince de la dynastie lombarde de
Bénévent; d'après Guillaume de Fouille, 11, v. 3a3 sqq., et d'après
TAnonymus Barensis, il semblerait cependant qu'Adénulfe n'est
devenu leur chef qu'entre la seconde et la troisième bataille ; cette
dernière chronique porte, ad an. 104a : « Iterum fecitpraelium cum
Norman nis et cum Atinolfo dux lonim de Venebento, sub monte
Feloso. *>
77
Guarain et altre gent; quar veoit que par lui non comba-
toient bien Grex. Et lor dona a cesti exauguste ou vicaire
de auguste molt de argent ; et lui commanda que quant
de chevaliers il trouverait expert de bataille part tout son
tenement^ les deust prendre a solde pour aler contre li
Normant (i).
Cap. 24. Et li Normant d'autre part non cessoient de
querre li confin de principat pour home fort et suffisant
decombatre; et donnoient et faisoient doner chevauz de
la ricchesce de li Grex qu'il avoient veinchut en bataille,
et prometoient de doner pan de ce qu'il acquesteroient, a
ceaux qui lor aideroient contre li Grex. Et ensi orent
la gent cuer et volenté de combatre contre li Grex.
Cap. 25. A la forte Melfe s'asemblerent toute la multi-
tude et vindrent a conseil, et pensèrent que il dévoient
faire contre la force de lor anemis. Et exaguste se appa-*
reilla auvec sa gent pour les prendre de dentre la cité. Et
li Normant, qui bien le sorent, issirent decosté. Etentre-
tant que lo exercit de Tempereor estoit en lo secret de
mont Pelouz (2), li Normant par grant hardiesce s'en
(i) « ToÛTO Si itu6(J{xevo; 6 paatXeùç Mc^^'h^ toCtov |xiv [uxi^Tt^at
TTjÇ àpyjf^iy iictiL^t 5è tôv BoVuivvT^v, SoxoOvTa itpaxTixov ivSpa «îvoii
x*l «V icoX<|xoi<: 8u6(Jxt|iov. » G. Cedreni, Hist. Comp., t. H, p. 546.
« Hune (Michaelem) tamen esse ducem vetat amplius agminis hujus,
Imperii sub quo Romani cura manebat.
G)ntra Normannos quia nullum prosperitatis
Successum obtinuit, jubet, Exaugustus ut hujus
Officium subeat, Danaos in prœlia ducat.
Dicitur hune vtctor genuisse Basilius ille,
Qui duce sub Melo Gallos dare terga cœgit. »
Guillaume de Fouille, I, v. 347 sqq.
(a) Monte Peloso.
76
Cap. 2 3. Apres ceste confusion et destruction de 11
Grex, et la grant victoire de li fortissime Normant^ Tire
de lo impeor vint sur Dycclicien, le leva de son office
que non fust duc, et le fist son vicaire et lui manda
•
fuerunt. Graeci vero decem et octo milia, exceptis servi toribus. ■>
Lupus, ad an, 1041 : « Mense maii, tterum prœliati sunt Normanni
feria 4* cum Greecis et fugit Dulchianus in Baro. » Guillaume de
Fouille, I, v. 3o3 sqq., indique le Heu de la bataille et dit que les
Normands en sortirent vainqueurs :
« Agminc collecto Graecorum, rursus ad amnem
Cannis ad fînem, qui dicitur Aufidus, omnes
Quos secum potuit Michael deduccre duxit.
Ad pugnam Galli redeunt. Ut cesserai ante,
Cedit eis Michael, victi fugere Pelasgi ;
Pelusii montis Michael petit ardua victus. •
Cedrenus se trompe plusieurs fois en parlant de cette campagne
entre Dokeianos et les Normands; c'est à Cannes qu*il place non pas
la seconde mais la première bataille : « cv Kivvxi; rspl tôv *A|i?i8ov
'::oT3|xoVy IvOa xxl xxTà toù; riXai /povou; 'Avv(6a; Ta; xoXXà; xwv
'P(()|i3ïxûv fftpaTeuuiTeav xaté/o^c iiupiiox; ». Il dit que la seconde
bataille a eu lieu « rcpl ts; Xsyoulcvx; "Qps;. » Hist, Cottqfend.,
p. 546 du t. II.
Si, comme le suppose Wilmanns dans ses notes sur Guillaume
de Poi'ille (MG. SS., IX, p. 247, n. 41), Cedrenus désigne par
"ûps; la ville d'Oria, au sud de Tltalie, entre Tarente et Brindtst,
une telle donnée prouverait que Cedrenus n'était guère bien
informé; Oria était fort loin du théâtre de la guerre et n'avait alors
rien à craindre de l'invasion normande. Aimé suppose, dans ce
même chapitre, que, lurs de la seconde bataille, les Normands avaient
déjà mis à leur tête Adénulfe, prince de la dynastie lombarde de
Bénévcnt; d'après Guillaume de Fouille, II, v. 3a3 sqq.» et d'après
I'Anonymus Barensis, il semblerait cependant qu*Adénulfe n*est
devenu leur chef qu'entre la seconde et la troisième bataille ; cette
dernière chronique porte, ad an. 1 04a : « Itenim fecit praelium cum
Normannis et cum Atinolfo dux lorum de Venebento, sub monte
Peloso. w
77
Guarain et altre gent; quar veoit que par lui non comba-
toient bien Grex. Et lor dona a cesti exauguste ou vicaire
de auguste mol t de argent ; et lui commanda que quant
de chevaliers il trouveroit expert de bataille part tout son
tenement^ les deust prendre a solde pour aler contre li
Normant (i).
Cap. 24. Et li Normant d'autre part non cessoieni de
querre li confin de principat pour home fort et soffisant
decombatre; et donnoient et faisoient doner chevauz de
la ricchesce de li Grex qu'il avoient veinchut en bataille,
et prometoient de doner part de ce qu'il acquesteroient, a
ceaux qui lor aideroient contre li Grex. Et ensi orent
la gent cuer et volenté de combatre contre li Grex.
Cap. 25. A la forte Melfe s'asemblerent toute la multi-
tude et vindrent a conseil, et pensèrent que il dévoient
faire contre la force de lor anemis. Et exaguste se appa-*
reilla auvec sa gent pour les prendre de dentre la cité. Et
li Normant, qui bien le sorent, issirent decosté. Etentre-
tant que lo exercit de Tempereor estoit en lo secret de
mont Pelouz (2), li Normant par grant hardiesce s'en
(i) « TouTO 81 'nuO(S(i€vo; 6 pa^iXeù; Mc^^'h^ toutov (liv \Ltxi9Tt\9i
Tt,ç ipy.tiç, ïic«{i<j" 5^ ^^^ BoïwdEvvtiv, SoxoOvTa itpaxTixov ivSpa «îvat
xal £v icoX<|xoic euSdxtjiov. » G. Cedreni, Hist, Comp., t. II, p. 546.
a Hune (Michaelem) tamen esse ducem vetat amplius agminis hujus,
imperii sub quo Romani cura manebat.
Contra Normannos quia nullum prosperitatis
Successum obtinuit, jubet, Exaugustus ut hujus
Officium subeat, Danaos in prœlia ducat.
Dicitur hune victor genuisse Basilius ille,
Qui duce sub Melo Galles dare terga cœgit. »
Guillaume de Fouille, I, v. 347 sqq.
(2) Monte Peloso.
78
vont c\ mont Soricoy ( i ) apre;^ lo lieu ou li Grex estoient,
et li Grex non s'en donnèrent garde quant il passèrent
diaprés, quar li Grex estoient molt abscons pour non
estre veuz : et li Normant passant pristrent .v. cent gen-
nille et autre bestcs^ liquel aloient pour fein, et autre cose
nécessaires a Tost de li Grex. Et quant H Grex lo senti-
rent, corurent a combatre contre li Normant; et li Nor-
mant compostement et non corrant lor vont encontre. Et
li Grex lor ccrcherent de tirer derrière en cert lieu molt
corrant, et li Normant o douz pas les sequtoient ; et li
Grex non cessoient de corre por alienir a li pas dont il se
confidoicnt plus que en Dieu. Et li Normant haucerent
lo gofanon autrcsi coment pour demander bataille : « Ou
nouz avons vainchut poi vouz fuiez. » Et quant li Grex
virent ce, il haucerent lor gofanon, et cnsi li Normant et
li Grézois assemblèrent a bataille. Et li vaillant Nor-
mant, fort, hardi comc lyon, batoient et estreingnoient li
dent, et drechoient la haste contre li Grézois, et comen-
cerent fortement a combatre, et comencèrent a veincbre.
Mes li Grex, pour miex deffendre lor vie, entrèrent en
lo fort de la silve, et li bon Normand vaillant et hardi
n'orent pas paor d'aler après, mes o grant cuer et harde-
ment les secutercnt, et li Guarani sont occis, et Puilloîz
sont mort et Calabrois; et tuit cil qui pour or et pour
argent estoient vcnut a lo péril de la bataille, sans arme
et sans sépulture gesoient mort. Et lo exauguste, loquel
avant avoit este duc, sentant la lance qui lui venoit droit
a ferir o Icngue barbare ensi coment pot parler cria :
catapan, catapan, et ensi manifesta estre vainchut a
celle bataille. Et après ce li Normant o victoire retorne-
rent a mont Sarchio, dont avoient mis li paveillon; mes
(i) Monte Siricolu.
79
>
pour ce que lo chastel estoit garni de granz fossez et de
autres forteresces, estoit deifendu par gent qui estoient
dedens, quar non se pooit prendre ne desrober, li Nor-
mant o tout la bandiere de lor anemis et o tout lor sei-
gnor quUl menèrent en prison, s'entornerent liez et
joaoz; et par ceste manière comëncerent a seignorier
Puille en paiz (i).
(i) Cedrbnus place à tort à Monopolis « xolxol ttiv MovdicoXiv, »
cette troisième bataille entre les Grecs et les Normands; il avoue du
reste que les Normands y furent vainqueurs etique Bojoannès y fut
fait prisonnier; Hist. Comp., t. II, p. 547. Guillaume de Fouille,
I, V. 355-401, donne une allocution de Bojoannès à ses troupes
avant la bataille, dit que cette bataille fut acharnée et que ce fut
surtout Gauthier, fils d*Ami, qui décida du sort de la journée. Les
Annales Barenses, ad an, 1041, résument ainsi les événements
survenus après la seconde bataille : « Hinc redicns Michael confusus
cum paucis, relictis semivivis pro pavore Normannorum sevientium,
scripsit ad Siciliam et venerunt ipsi miseri Macedones et Paulikani
et Calabrcnses; et collectis insimul cum reliquis in catuna Montis
Piloti, tune descendit Catepanus filius Budiano in Apuliam ; Michael
rediit ad Siciliam, jubente imperatore, unde venerat. n An, 104a
(les Annales Barenses commencent Tannée avec le mois de sep-
tembre) « Hoc anno tertia die intrante mense septembri Grsecorum
exercitus dcscendenint ex monte Peloso, et Normanni ex castello
Siricolo; inter duos montes inierunt conflictum maximum, in quo
omnes miseri Macedones ceciderunt, et pauci de reliquo remanserunt
exercitu. Ibi quippe Bugiano vivus captus, et porta tus est per
totam Apuliam usque Beneventi patriam. Nam ut aiunt vera-
citer qui in ipso belle inventi sunt, Normanni septingenti et
Graeci decem milia fuerunt. » Lupus, ad an. 1042 (même remarque
que pour les Annales Barenses) « Venit Exaugusto fedt que bellum
cum Normannis 3 die intrante mense septembris, et comprehensus
est ibi et in Melfia deportatus est. » L'Anonymus Barensis, plus
exact que Lupus, dit que le Catapan prisonnier fut conduit à Béné-
vent. « Et captus est Catapanus in Benevento. » Malaterra, I, 10,
attribue à Guillaume Bras-de-Fer^ le rôle que Guillaume de Fouille
prête à Gauthier, fils d'Ami, à la bataille de Montepeloso. Il est
Ko
Cap. 26. Et après ceste victoire sVntomercnt li Nor-
mant a Melfe. et se raysonnerent ensemble qu^il dévoient
faire de lor prison, et lo donerent a Athenulfe lor prince,
qu'il lo doust examiner et jugier comentil le parust de
faire ; et Athenulfo croiant soi estre ricche de celui prison.
laissa li Normant et s'en torna a Bonivent ou il habitoit,
vcndi lo prison et assembla deniers; mes ces deniers non
assembla (X)ur lui mes pour autre. Quar poi après fu
prive, de li Normant, de richesce et de castel; et fu cons-
traini de soustenir la misère de sa poureté o adjutoire
d'autrui (i).
Cap. 27. Kt quant li Normant orent perdu lor duc qui
poi avoii de foi, si se tornerent a lo fil de Melo» Argiro,
de del quel nouz avons devant dit, et cestui eslurent
pour lor prince (2). Et puiz alerent la voie de cestui duc,
viiiblc que Malaterni ne perd aucune occasion d*exalter les Tan-
crcdc, arrivés au scmvcrain pouvoir lorsqu'il écrivait son Historia
Sicula. On voit en résumé que les données d*Aiiné sur cette troi-
sième bataille sont en harmonie avec celles des chroniqueurs con-
tcmporuins les mieux renseignés.
(1) D*après GuiLLArME de Fouille, I, v. 419 sqq., c*est surtout
(luaimnr IV de Salcrne qui aurait décidé les Normands à rompre
avec Adénulfc de Bénévent :
• Multa pcr hoc tcmpus sibi promittente Salemi
Principe Guaimario, Normannica gens famulatum
Spernit Adenolfî. ■
Léo dk* Marsi, II, 66, résume ce que dit Aimé : « Detnde oonsîlio
habito (Normanni) Gnccorum ducem (Bojoannem) dud suo (Ate-
nulfo) contradunt. Qiio ille accepto, sperans se multis ab eo divîtiîs
K»cupletandum, relictis Normannis, Bcncventum revertus est eumque
non parva pccunia vendidit. »
(2) Annales Barenses, ad an. 1042 : « Mense februarii, Normanni
et cives Barisani elegerunt Argiro, qui et Mel, prindpem et
scniorem sibi. » Lupus, ad an. 1042 : « In mense febru. fiKtus
8i
et aloient secur, et toutes les cités d^eluec entor constrein-
gnoient, qui estoîent al lo commandement, et a la rayson
et statu te que estoient; ensi alcun volontairement se soû-
mettoient, et alcun de force, et alcun paioient tribut de
denaviers chascun an. Li Normant âlarent a la famose
cité de Trane, contre laquelle combatirent molt forte-
ment, et poi s'en failli qu'il non la pristrent par
bataille^; et s'enclinerent cil de Trane, et se laissèrent
prendre, et lesserent li arme et o li bras ploiez allèrent,
puis requerent pardonnance. Et un Normant, qui se cla-
moit Argira, par sa folie destruit la victoire (i) : quar o
la hautesce de sa voiz et o son criement opprisse la victo-
rioseiredeli Normant; un de li .xij. eslit, qui semoit
Pierre de Gautier, en ot tel dolor, qu'il vouloit occidre
Argiro, se ne fust ce que par force li compaingnon le
retenirent (2).
Argiro Barensis princeps et dux Italiae. » Après avoir dit que Guai-
mac avait décidé les Normands à se séparer d*Adenulfe, Guillaume
DE PouiLLE, I, V. 42 3 sqq., ajoute :
« Galli quos Appula terra tenebat
Argyro Meli genito servire volebant
Nam pater ipsius prior introducere Gallos
His et in Italia studuit dare munera primus. »
Le poète rapporte ensuite comment se fit à Bari même, dans
Téglise de S. Appollinaire, Télection d*Argyros. Léo de* Marsi
résume dans sa seconde rédaction le récit d*Aimé ; dans la première
il s*était borné à écrire : « E quibus (Grecis) fréquent! potiti (Nor-
manni) Victoria, demum recedente ab eis Atenulfo, Guillelmum
filium Tancridi comitem sibi fecerunt. » II, 66.
(i) Argira n'était pas Norniand; c'est là une des nombreuses dis-
tractions du traducteur.
(a) Les Annales Barenses parlent de ce siège de Trani (sur TAdria-
tique entre Barletta et Bari) et expliquent ce qu*il peut y avoir
d'obscur dans ce passage de la traduction d'Aimé : « Postea vero
6
82
Cap. 28. Et li Normant non penioient aler par vanité
et a cose non cène, et retornerent a lor cuer, et ordene-
rent entre eaux ensemble de faire sur eaux un conte. Et
ensi fu, quar ii firent lor conte Guillerme fil de Tan-
crède, home vaillantîssime en armes et aomé de toutes
bones costumes, et beauz, et gentil, et jovene (1). Et
quant li Normant orent ensi fait et ordené lor conte, il lo
mistrent et se devant, et s'en alerent a la cort Guaymarie
prince de Saleme, et lo prince les rechut autresi cornent
filz, et lor donna grandissimes domps, et a ce qu^il fus-
sent plus honorés de toz, dona a moiUier a Guillerme
(après la prise de Giovenazzo sur rAdriatiqQe par Argjroa et les
NormaDcis en juillet 1042), dum Tranenset non acquiescèrent Bare-
sanis malum ingerere, ultima hebJomada menais junîi (julii) ipse
princeps cum Normannis et Barcnsibus obsedenint eam trigentaiex
diebus. Quam procliis vcl aliis calamitatibus angustiavit eamdem
fortiter. Nam talem lurrem ex stnie lignorum ibidem compooere
fccit, qualis humanis oculis nusquam visa est modemis teroporibus.
Sed ipse Argiro, susceptis imperialibus litteris foederatis et patridatus
an cathcpanus vel vestati honoribus, jussît argumenta incendi. Et
rcversi Bari, ad laudem dédit sancto tmperatori Conatantino Mono-
macho cum suis concivibus. • Argyroa a donc formellement trahi
les Normands, lors du siège de Tnuii et a embrassé le parti du
nouvel empereur de Constantinople, Constantin Monomaque.
(i) Lupus, ad an. 1042 : « Et in mense septembris Guillelmus
electus est cornes a Matera. » Hirsch suppose que Lupus a puiaé ce
renseignement dans une chronique de Matera, maintenant perdue»
et que cette chronique portait seulement : Guilielmus electus est
cornes. Croyant qu'il s'agissait uniquement de la ville de Matera,
Lupus aurait ajoute ces deux mots au texte de la chronique :
« a Matera ». La Chronicon brève Nortmannicum, ad an. 1045, dit en
parlant de Guillaume Rras-de-Fer : « Duce Guillelmo Ferrebrachio,
qui intitulatus est primus comes Apulis. » Le texte de la première
rédaction de Léo de' Marsi, cité dans la note précédentCi dit paie-
ment qu'après Aténulfe (et Argyros), Guillaume, fils de Tancrkde,
devint le comte des Normands.
N
83
Bovel conte, la fille de son frère, laquelle se clamoit
Guide. Li Normant orent grant joie de li domps qui lor
furent fait, et autres! orent grant joie de lor conte qui
avoii noble parentece. Dont de celle hore en avant Guay-
mere lo clama pour prince, et Guaymere se clamoit pour
reaor, et Tenvita a partir la terre tant de celle aquestée
quant de celle quMl devoit acquester, O liquel autresi
demandoient que i soit Raynolfe conte sur touz eaux, et
cestui Raynolfe estoit conte de Averse dont se partirent
quant il alerent a aquester avec Arduine, si come il
est dit desur. Et tant a lo prince de Salerne, quant a lo
conte de Averse, satisferent a la pétition de li fidel Nor-
mant, et s'en alerent li Normant a Melfef o tout lor conte
Guillerme, et la furent receuz comme seignor. Et li
Normant li obedirent coment servicial, et li meillor de li
Normant portoit la viande, et estoit bottellier, et avoient
molt chier de faire celle ville office. Et lui appa-
reilloient domps devant lui, et o grant dévotion reque-
roient humilement qu'il lo deust prendre, et lo prince et
lo conte les refusoient moult liement et donoient à li
Normant dou lor propre trésor ( i ).
Cap. 29. Et anchoiz que venissent a la division, quar
non avoient oblié lo bénéfice de lo conte Raynolfe, si
regardèrent de lo glorifier de celle cose qu'il avoient con-
questé^ et li proierent qu'il deust recevoir la cité de
Syponte, qui maintenant est clamée Manfredone, et
Mont de Gargane, liquel lui est après, en loquel mont en
haut est Peglize de Saint-Micbiel archange, laquelle non
fil consacrée de main de evesque, mes il archangele la
(i) A partir du mois de février 1043, Guaimar prend dans ses
thartes le titre de : « Dux Apulie et Calabrie » ; Codex diplomaticus
Cavensis, t. VI, p. a3o sqq.
8.1
consecra en son nom comme lit et tient la sainte eclize de
Dieu. Et dévisse recevoir de cestui mont et toz li chtstel
d^entor; et lo conte rechut ce que de li fidel Normant de
bone volenté lui fu donné (i).
Cap. 3o. Et li autre terre aquestées et a aquester par-
toient entre eaux de bone volenté, et en paiz et bone con-
corde. Et en ccste manière Guillerme ot Ascle; Drc^o ot
Vcnoze; Arnolinc ot la Belle; Hugo toute Bove et ot
Monopoli; Rodulfe ot Canne; Gautier La Cité; Pierre
Trane; RodoITc, fill de Bebena, Saint Archangele;
Tristan Monte Pelouz; Arbeo Argynese; Ascletine la
(i) M. DE Blasiis (La Insurre^ione Pugliese^ t. I, p. 177,
note a) ne croit pas que le Montc-Gargano ait été adjugé à Rainulfe
d*A versa, parce qu*il appartenait au duché de Bénévent et à Tarche-
vcque lie cette ville ; mais, à ce moment là, il y avait, après l'tffiiîre
d'Adcnulfc, rupture complète entre les Normands et Bénévent. Que
CCS derniers aient alors disposé de villes et de chftteaux apparte-
nant aux Bcn<5vcntins, il n*y a là rien de surprenant à qui connaît
leurs proccd<îs peu scrupuleux. Gattola a publié {Aecessi<mes ad
historiam Cassinensem, 1. 1, p. 161) une charte de Richard, succes-
seur de Kainulfc, comme comte d'Aversa, par laquelle il donné à
Didier, abbé du Mont-Cassin, Tabbaye de Santa-Maria-in-Calena,
lui appartenant et située entre le Montc-Gargano et l'Adriatique. Ce
document établit donc que les comtes d*A versa étaient propriétaires
au Monte-Gargano et témoigne par là même en faveur de la véracité
du récit d*Aimé, car à l'exception du partage de 1043, Thistoire ne
signale aucune autre circonstance ayant permis aux comtes d'Aversa
d'acquérir des biens considérables au Gargano, c'est-à-dire à une
distance considérable de leur comté. Di Mso (Annali del regno di
Xapoli, ad an. loSij) et De Blasiis (La Insurreiçione Pugliese, etc.,
p. 177, note a) ont, il est vrai, émis des doutes sur Tauthenticité
de cette charte, mais nous croyons que les anomalies qu'elle con-
tient peuvent s'expliquer sans qu'il soit, en aucune façon, nécessaire
de la regarder comme apocryphe; voyez cette démonstration dans les
Normands en Italie, par l'abbé Delarc, p. 3 29 sqq., note.
8s
Cerre; Ramfrede ot Malarbine, c'est Monnerbin^ et
Arduyne, secont lo sacrement, donnèrent sa part, c^est la
moitié de toutez choses, si come fu la convenance. Et
Melfe, pour ce que estoit la principal cité, fu commune a
touz; et que non vaut la possession sans prince, secont la
loy que fist Guaymarie prince de Salerne, il en vestit
chascun ; et puiz torna le prince a Salerne, et lo conte ad
Averse sain et sauf (i).
Cap. 3 1 . Or dit ensi li conte de ceste cronica que quant
ceste cose que nouz avons devant dites furent faites et
(i) Indépendamment du commandement suprême, Guillaume
Bras-de-Fer eut donc la ville d*Âscoli; Drogo, Venosa ; Ârnol^n,
Lavello; Hugo Toutebove, Monopolis; Rodolphe, Cannes; Gautier,
Qvitate; Pierre, Trani; Rodolfe fils de Bébéna, S. Archangelo;
Tristan, Montepeloso ; Hervé Argynèse (Grigentum d'après Léo de*
Marii, il s'agit probablement de Frigento); Asdltine, Acerensa;
Rainfiroy, Minervino; enfin Ardouin aurait eu la moitié qu*on lui
avait promise et la ville de Melfi serait restée indivise. Il est certain
que plusieurs de ces villes n'étaient pas, en 1043, au pouvoir des
Normands, mais Aimé a soin de nous prévenir que, dans ce partage,
les Normands avaient disposé des terres « aquestées et à aquester. »
Léo de' Marsi, II, 66, reproduit, sans le modifier, le partage rapporté
par Aimé; Guillaume de Fouille, I, v. 32 i sqq., dit que chacun
des douze chefs des Normands eut une partie de la ville de Melfi et
ne parle pas du partage du pays :
« Pro numéro comitum bis sex statuere plateas
Atque domus comitum totidem fabricantur in urbe
Sed quia terrigenis terreni semper honores
Invidiam pariunt, comitum mandata récusant. »
La difficulté de ce passage d'Aimé c*est qu'on ne sait où placer
cette moitié de territoire qui, d'après lui, aurait été donnée à
Ardouin ; à partir de ce partage Ardouin disparait complètement de
l'histoire, il n'en est plus question; peut-être est-il mort sur ces
entrefaites ou bien Aimé aura parlé de cette donation surtout à
cause de la promesse foite par les Normands à Aversa.
i6
acomplies, que pour l'aide de lo prince Gaimare le
conte Raynolfe de Averse fu fait duc de Gayte (i), et
cnsi en bone villesce et prospérité de fortune et en
mémoire de paiz fu mort Raynulfe (2) ; et après li fidel
Normant, quant il virent qu'il orent perdu lo vaillant
conte Raynolfe d'Averse et duc de Gayte, alvindrent a lo
prince de Salerne, et requistrent subcessor de lor seignor
qui estoit mort. Quar, corne il disoient, plus se faisoit
amer come père que timer corne segnor. Et li bon prince
Guaymarie fu molt liez et alegre de lor pétition ; et soi
recordant de la fidélité et bone mémoire de lo conte
(1) FBDERia {Duchi e'Ipati di Gaéta, p. 353) dte un diplôme
daté de la manière suivante : « Secundo anno reaedentibus Gaïeta
civitate domno Rainulfus dux et consul, mense decembrîs; lodîe-
tione XI*. » Un autre diplôme, également indiqué par FsDKua,
p. 349, et correspondant à Tannée 1040, prouve qu'avant Tavène-
ment de Rainulfe d'Âversa, l'autorité de Guaimar fiit pendant
quelque temps reconnue à Gaéte ; on jr Ut : « Primo prindpatus
domno Guaimorio, Dei gratia princeps et dux, mense junio,
indict. VIII, Cajeta. » Ce dernier diplôme £eiit voir qu'Aimé est tout
À fait dans le vrai lorsqu'il écrit : « Pour l'aide de lo prince Gai-
mare, lo conte Raynolfe de Averse fu fait duc de Gajrte. »
(a) Sans indiquer l'année, le nécrologe de S. Benoit de Capoue dit
que Rainulfe, comte d'Aversa, mourut en juin. Comme au début de
1047, lors du voyage de l'empereur Henri III dans l'Italie du Sud,
un autre Rainulfe (Rainulfe Trincanocte) était comte d'Aversa et
qu'entre ces deux Rainulfe il y a eu le jeune comte Asclltine qui a
gouverné fort peu de temps, et Raoul, fils d'Odon, rapidement ren-
versé par Rainulfe Trincanocte, c'est en juin 1045 que se place le
plus vraisemblablement la mort du premier comte d'Aversa. Cette
induction s'appuie sur un autre argument. Aimé dit que Rainulfe
garda jusqu'à sa mort le duché de Gaéte; d'un autre côté, Adinulfe
d'Aquino, qui lui succéda à Gaéte, dit dans un diplôme de io53
qu'il possède le duché depuis huit ans. Cest donc en 1045 qu'il
avait succédé à Rainulfe d'Aversa. Cf. Fedbrio, Duchi e ipuÈi di
Gaita, p. 359.
87
Rajnolfe, et proia li prince li Normant qu^il dient loquel
il desiderent a haucier en ceste honor. Liquel Normant
eslurent Asclitunie, fill de lo frère de lor seignor lo conte
Raynolfe qui mort estoit. Et a lui confermerent qu^il lo
vouloient servir, et mandèrent a lui un legat> et lui escri-
verent de la soe hautesce, et lui mandèrent disant qu^il
s'appareillast de recevoi/ ceste dignité et honor. Et cestui
Asclitune encontinent sanz demore se appareilla de venir;
et s^en va a la grâce del prince Guaymarie; et lo prince
lo rechut corne &\z, et lui aporta granz domps; et alerent
ces .ij. en Averse, asquels vient après o grant joie et
alegrece li Normant et li homes de la cité. Et portoient li
Normant lo gonfanon d'or, de loquel de la main droite
lo prince en revesti Asclitine ; et il lo prist a grant joie
et a grant alegresce. Et Guaymere se merveilla de la
belleze de si élégant jovene. Et lo conte se merveilla de
tant, et lo puple furent molt content que cestui fust
successor a lo conte Raynolfe son oncle, quar bien en
estoit dignes pour sa proesce et pour sa biauté. Cestui por
la biauté de sa juventute et pour Tantiquité de Tautre
conte fu clamé lo conte jovene. Et toutez foiz non estoit
meins aorné de sens et de toutes bones manières que son
oncle lo conte Raynolfe; car, pour la bellece de son cors
Tamoit li prince Guaymere : quar a exemple de son
oncle avoit semblace de fidélité. Mes la mort fu trop après
qui départi ceste amistié et mist fin a la vie (i), quar fu
mort et de ceste mort fu molt conturbé lo prince Guay-
mere. Et autresi ceste crudele mort donna grant tristesce
(i) Sur Asclitine, comte d*Â versa, Léo de' Marsi avait écrit dans
sa première rédaction, II, 66 : « Âpud Âversam autem mortuo
comité R (ainulfo) successit ei Aschettinus Rodelgeri. » La première
rédaction portait : « Apud Aversam autem defuncto Rainulfb,
successit ei Asclittinus qui cognominatus est cornes juvenis. »
88
a li fidel Normant et a tout lo pueple, quar fu giant
damage^ quar tant cstoit biauz, fors et cortoiz, et sages,
et plein de toutes bontés que jovene doit avoir en sa per-
sone.
Cap. 32. Apres ce que cestui bel jovene Asclitine,
conte de li vaillant et fidel Normant, fu mon cornent
nouz avons devant dit, Guaymere, lo prince de Saleme,
se fcstina et hasta de faire conte sur li Normant, et non
lo fist de celle gent qui avoient esté avant, mes de un
autre lignage fist prince un qui se damoit Raul (i); et
non o grant volenté de lo pueple fu fait conte de Averse.
Cap. 33. Et faisant ceste choze, la prospérité de Guay-
mcrc accressoit. Cestui, lo neveu del major conte Ray-
nolfc, liqucl se clamoit Tridinocte (2), et Hugo loqud
avoit souprenom Fallacia (3), ot en prison, liquel ende-
mentrc quMl les faisoit destreindre en prison en la roche
delà cité, laqucl rocche se clamoit la Major Torre, avec
moit autres, lor donoit pêne et torment; et estoit en
celle prison Johan Pantaleon (4), et Costentin fill de
Tuisco, home moIt sage, et estoit deMalfe(5). Et cestui,
<i) AiuK est d'accord avec Léo de* Marsi dont voici la première
rcdaction, II, 66 ; « Dchinc Rodulfus, filius Oddonis, cognomento
Capcllusqucm postpaucum tcmpus Aversani de honore projidentesy
Koiliilfuin Trincanoctc prxfccerunt. » La seconde rédaction est à peu
près bcnihlablc : « Dchinc Rodulfus cognomento Capellus, que ab
Avcrsanis cxpulso Raidulfus Trindinoctc cornes cffcctus est. »
(2) Sur ce Tridinocte ou phitôt Trincanoctc, voyez la note précé-
dente; il était tils d'un frère de Rainulfe, premier conte d*Aversa.
(S) Ce Hugo Fallacia doit être le même que Hugo Falluca quî^
d'après Léo de* Marsi, II, 41, fît partie de la colonie normande de
Comino.
(4) Kils de Maurus et membre de l'illustre famille Pantaléo d*A-
malfi.
(5) Amalfî sans doute, et non pas Meifî.
89
puiz longue prison, prièrent Martin guarde de la prison
et portier de la de toute la roche, et lui prometerent
molt de domps, et li jurèrent de faire lo seignor de tôt
ce qu^il avoient s^il vouloir entendre à lor délibération.
Et quant Martin entendi et sot la promesse que cil lui
prometoient, il s^nclina et pensa a eaux délivrer, et pour
dui raysons : Tune porce quUl avoit compassion de lor
misère, et Tautre pour la espérance de la grant promis-
sion; et envita a cestui fait Randulfe et Hugo; jura Ray-
nolfe et jura Hugo ; et promistrent coment li autre a
Martin, autresi comment li autre, et de lui aidier a toutes
chozes qui mestier lor feroit come a lor persones. Et li
Normant, coment se monstre à lire en lo livre, estoient
tenut plus vaillant et de plus grant force et fidélité que cil
de ces parties de cà, et vouloit Martin ces dui délivrer
autresi coment li autre. Et autresi cestui lui promistrent
de aidier lui come a eaux meisme, et en toutes coses quHl
porroient faire et gaingnier l'en feroient participant Et
puiz tuit pensèrent en lor corage et volenté coment
il dévoient faire. Gel de Amalfe orderent bevrage, et li
Normant clamèrent Taide de li amis. Et ordenant lo jor
à ce que li amis de li Normant seussent quant li Amalfe-
tain dévoient ordener lo trait, et li parent lor vindrent
apareillez o tout li cheval, a ce qu^il peussent fouir. Et
quant tout ce fu ordené, li Amalfetain orent clarere pour
donner a bevre, et orent subtillissime peperce pour men-
gier avec la char, et toute li guarde qui lor parut clamèrent
a boire. Et Costentin faisoit Tovre et Jehan donnoit a
boire, et les prioit qu^il bevissent bien ; et tant bevoicnt
plus, plus vouloient boire, et aucuns furent purgié pour
les noiceles qu^il mengerent, et menjoient la pevrée ou
est autresi la medicine. Etencor lor proia en charité qu^il
bevissent, et a Tultime se cochèrent touz yvres. Et adont
00
s'aproxima Tore que H galle chantoient, et Martin les
(ocha et non lo sentoient, et a l'un traoit li brague, et à
l'autre tiroit lo nez, et Tautre prennoit par lo pié et le
trainoit par la maison, et toutes voiez noient nVn sentoit.
Kt quant Martin vit ce, ovri la prison, et délivra 11 prison
ile la cathene, et ovri la porte. Et chevaucerent li cherauz
qui lor estoient appareilliez, et s^en vont a lo ckastel de
Matelone ^i). Je croi que veut dire Madalone, quar ja
estoit faite Caser te et Magdalone, cornent ai-ge dit en
Tystoire de H Longobart, liquel vindrent en Ytalie avant
que li Normant. Guaymere se leva au matin et vit lo
chastel rout, et li garde trova a la porte cornent se il
eussent esté batus de lo dyable, et li prison sont délivré.
Remest triste Gua)-marie; et Pandulfe, loquel estoit ez-
principe. ce est ce que estoit chacié de son princepée de
Capuc et anemi de Guaymere, fu molt al^re et joiant,
les rechut gratiosement, et lor promist ^ qu^il avoit et
devoit avoir, quar par eaux pensse,(ft tecovrer Ponor et
Capue, cVst la seignorie de prince.
Cap. 34. En cellui temps meismes, si comme nous
trovons escript en ceste cronica, fu mort Guillerme conte
de Puillc (2K home sage et singuler, et a lui succedi son
frcrc liquel se clamoit Drogo, et fu fait conte de Puille de
li vaillant chevalier normant, et estoit apprové de Guaj-
(1) MavIJaloni au 8ud«est de Caserta.
(a) La date de la mort de Guillaume bras-de-fer est donnée par
Luriis, ad an, 1046 : « Et hoc anno obiit GutUelmut et lirater ejui
Drago factus est cornes ». ~ Malatekra, 1, la, a |Nirlé de lui avec
éloge, (u'iLLAUMB DB PouiLLB, II, ▼. 20-27, également; le poète ter*
mine par ces vers :
« cui vivere si lîcuisset
Nemo pocta suas posset depromcre laudes
Tanta fuit probitas animi tam vivida virtus >•.
91
mère. Cestui Drogo estoit sage chevalier, singuler, et ti-
moit et avoit paoï^r de Dieu; et Guaymere lui donna sa
fille pour moillier a cestui Drogo, et la dota moult gran-
dement. Et lo conte Drogo avoit tant de dévotion et fidé-
lité en lo prince, que molt de foiz Guaymere lui faisoit
contraire et jamaiz non lo pooit faire décliner de la fidé-
lité. Et nul non pooit esmoir Drogo qu^il feist nulle choze
contre la volenté de Guyamere. Et amoit molt tuit li
Normant et lor donoit granz domps, deffendoit son païz
et opprimoit ses anemis. La cort sœ estoit fréquentée
corne cort de impereor; li conte de Marsico (i), li potent
fil de Burielle (2), et tuit li grant home liquel habitoient
entof lui, se âiisoient chevalier de sa main et recévoient
granz dons. Lo marchiz Boniface, loquel est le plus grant
de Ytalie de ricchesce et o plus chevaliers, fist amistié
caritative et ferma unité avec eauz (3). Dui foiz Tân o
présent precious par ses messages visitoit Tempeor
dentre Alemaingne, et autresi lo impeor lui mandoit
présent de Alemaingne, et en loés Guaymere par tout le
monde pour la bone famé de Drogo.
Cap. 35. Quant li Normant estoient ad Averse, non
(i) Les comtes des Marses au nord de Sora, près du lac Fucino;
la Chronicon Casinense parle à plusieurs reprises de leurs rapports
avec le Mont-Cassin, et Gattola a publié quelques chartes provenant
d'eux, notamment, Accessiones ad hist. Cassin,, p. igS, une charte
de Bérard, comte des Marses en 1048.
(a) Ces fils de Borel, plusieurs fois mentionnés par les annalistes
de l'Italie du Sud dans la seconde moitié du xie siècle, dominaient
les vallées du Haut-Sangro. Aimé ne veut pas dire que ces seigneurs
fussent devenus les vassaux de Guaimar de Salerne, mais simplement
qu'ils avaient avec lui des rapports de bonne amitié.
(3) Le marquis Bonificice, le plus puissant seigneur de l'Italie du
Nord ; il épousa la duchesse Béatrix de Lorraine, et fut le père de
l'illustre comtesse Mathilde.
:.:.^r ,-%nî: .ic AXJWT jpeni OU lignage, orcm con-
>j:r^i::'t Û: Jti \c ÎTCK de lo grUlt Rj^OOife
-.<s^ : .-nn:. .-iz m» païens l'i). Et cesmî enm
-.^ ,-K:r. or. jman. Et Pandulfe (2) donni
r^t.^- .--irr.. : jfRngra Randnlfe, et conferipii k
. -« «; T.r-^vTt' le iuauff. et oestai fiaisoit oooe
•TNiî. ^^w-^r.-i.-ij: A^ene. Pandulfe avoit o^
^. — .r.- /j»-\iv fz k nuii Randulfe entra en
: TA- V mn: «-tiTraernem de ceauz de la cité.
i. r. -.. î.-ir. ,-vw«Tï U volenté Gnajmere; et
".-: :. ,nt,-v ,1; AcgTK e: ftmi : dont dqmiz fa
. ..-in .i. f. «v.r:ha Randulfe de mené
^ >c «.- -^ r mr.jwîsr. ^ soi Tcngier de Gnay-
V -
^ v^ 'S. î.-s:.r^' A 4Jefciidre la iniurede
V. s. V, -.- , rx . . --irux nrfvggmem : « Alons
V- r. .>^ :: --^-- ,- -•-.rs^irvM^ ic auiaoe soe; alons
. V •. - -vc% ',-i:^. .-^ -^ mosirons U vertu
>v , , . ,« : x:^..;, ,- «^ juineriv de cestui pit-
^ . •-.. ,^v -■ ^^•^v , .- rrw.. «?!»: a Sarne (4I
^. , ,^"v-. -.• - ^•,v o sncnsi \:cnisaent, et Ran-
-w' - ■.•v%.-v—.v.-. .'i-^* X r^ândulfe feilliicnt
■- .^ ^ , ^ -^ V-. •, ^^-.^;.x^^ll; ne la lent non
.^.,* s. -^v « .' . ^-^v^ ^.'éi. £ pADdulfe, dont
.'.'-. .'^.'v.r ..'.'K V , "S.- ro.;„ Ci .. US hrigoc a nul
•V ■■ v*r,-, 't. ,-. *.-• ranAuI^ 3a:'£ mil Int.
93
Cap. 37. En cellui temps meismes que li prince ter-
rien se combatoîent pour accrestre la lor prospérité. Dieu
qui est creator de touz les rois et les princes^ non laissa
de faire son opération. Un jovene qui seclamoit Acchilles
estgabédela perversité de li Judée, en tel manière qu'il
non creoit que lo Filz eust prisse char en la virge Marie,
estre apparut visiblement en cest monde. Et ce enirevint
que cestui Achilles se creoit chacîer H Judée de lor mal-
vaize créance et de lor malvase foy, dont li Judée chace-
rent lui de la veraie foy christiane ; lui appareilloient
mel, et li Judée lui donoient venim. Proia li christient
que li Judée croissent lo Filz de Dieu, et li Judée amo-
nestent li chrestien quHl lesse ester lo Fill, et croie tant
soulement lo Père; et de ceste cose li chrestien lor parla o
la boche, et li Judée li tocha lo cuer. Et lo chrestien retor-
nant en soi alcune fois, manifesta sa cogitation a lo père
espirituel, est amonesté, et molt souvent est enformé par
la prédication de lo prestre. Toutes voies, a la manière
de lo chien qui mange ce qu'il vomist par la bouche ( i ),
retorne la anime soe a li herror, et se combat entre soi
meismes, et come de doi home fait bataille. Toutez foia
la malice de la supplantation de li Judée vainchi la dévo-
tion de la religion de la foi, se efforza lo misère de traire
de mente ceste cogitation que pert que movist de la foi et
conscience. Mes lo dyable Tavoit lié avec lo argument de
li Judée. Le obscurité .de tant de dubie se prolongue.
Mes ceste infirmeté que mire non set garir, sera garie de
Dieu. Quant ces choses se faisoient de li principe, cestui
christien estoit un de li satellite, c'est de li ministre; o
armes servoit a Dieu fidèlement, toutez voiez la cogitation
(i) <c Sicut canis qui revertitur ad vomitum suum. » Prov^^
XXVI, II.
94
heretice non lui issoit de sa pensée. Un jor dost la porte
et estoit sol en l*eclize ; et se sentoît offendu en sa cons-
cience, et non se approchoit ains se tenoit loing de Pautel.
Et o ceste parole demandoit Taide de Dieu. Et a lui fii
dit : « O tu que demandez tu et voy k) cuer, a loquel
nulle cose se puet abscondre ! Tu sezlo intention mie, et
non ne la te puiz celer; je voudroie croire en toi ensi co-
rnent la sainte Eglize Tensaingne, et voudroie aemplir ce
que appromisseen lo saint baptisme; la error antique m*a
assalli, et la ferute de H Judée m'a navrée la moie pensée,
et estoie purgié de la purité de la foi christiane. Mes la
venimoze dolceze de la parole de lo Judée m^a tout fût
orde et brut. O pitouz Jeshu-Christ, aiude a ma maladie
o medicine de salut, a ce que non pense je qui sui rachaté
de ton precious sang, aide-moi o la main droite toc >. Et
puiz quant il ot ditte choze, la semblance de l'ymage de
Jeshu-Crist descend! de la ou estoit, et vint la ou cestui
estoit jovene, et lo conforta par ceste parole : c Sacer que
je suis parfait Dieu et parfait home. » Et lo retoma a sa
droite foi et créance christiane, et ensi lo jovene fu fors de
toute error et de toute hérésie (i). Mes or laisserons a
parler de ceste matière et retornerons a Tystoire que nouz
avons devant lessié.
Cap. 38. Et cestui Randulfe de qui nous avons devant
parlé, a ce qu'il peust avoir la grâce de Guayme, prince
(i) Cet indice de la propagande juive au xie siècle dans Tltalie
méridionale est curieux à constater. A propos des Juifs dans œ pajs
et dans ce siècle, voir un passage de la Chroniam Catsùt,, U, 43 ; on
y lit que l'empereur Henri II, étant venu au Mont-Cassin, racheti
aux Juifs, en loaa, une nappe de Tautel de S. Bencnt au Mont-Casstn,
Junnéc autrefois par Charlemagne, et sur laquelle les Juifs avaient
prcté aux moines « quingentos aureos » ; le saint empereur rendit la
nappe au Mont-Cassin.
9$
de Salerne, se sousmist a Drogo, qu^il prie pour lui a ce
qu'il puisse avoir la grâce de Guaymere ; et Drogo lui
prpmist pour exemple de li auue parent soe obedir fidèle-
ment. Et Drogo proia pour Raynolfe. Mes non fu proiere,
ains fu comandement, car il enclina la volenté de prince
o ce quMl vouloit^ et fu clamé Raynolfe devant lo prince
Guaymere^ et devant Drogo. Et encontinent qu^il fu
clamé, il vint et sub sacrament se mist souz la seignorie
de lo prince. Et ensi fu investut de la main de lo prince
o confanon et molt de domps. Et ensi reifiest Pandulfe
gabé de son entention et la soe malvaisti charra; et hono-
rablement lo remanda Drogo Averse o granz dons (i).
Cip. 39. Une autre briga leva contre Guaymere Guil*
lerme Barbote, liquel avoit esté norri en la cort de lo
prince auvec ses filz, et ce fu par Tamonestement de Pan-
dulfe, et s'enclina a sa povreté et entra en lo castel de
Belvédère, et faisoit damage a lo principat de Capue
quan qu'il pooit. Et Drogo fu clamé, et vint ad Averse o
tout li Normant en adjutoire de Guaymaîre, et mist son
ost et ses paveillons entor et restrainst Guillerme entre li
mur de li castel et reprist que non faisoit damage. Mes lo
chastel pour la hautesce de lo mont non se pooit prendre,
et o feu de un vilain fu ars ; et fu fait un fas de branchez
cT arbre, et il se mist dedens, et poi a poi va portant la
laingne, et lo lieu de lo castel garni, et o une pingnote
qu'il portoit lo feu arst tout lo chastel, et foy Barbotte ad
Argire pour estre son chevalier. Et Argire lo prist mali-
tiousement, et bien lié lo manda en Costentinoble. Et
pour la victoire faite de cellui vilain, Guaymere et sagent
(i) Aimé est seul à parler de cette réconciliation du nouveau comte
d'Aversa avec Guaimar par Tintermédiaire de Drogo.
y*
r:^7orna veiacheour. Et ensi Li idoîre de Pandulfe fu aai-
chillée en routes choses ■ i .
Cap. 40. Doi rreres contes d'Aquin -2 ;. c est Adinnlfe
et Laudé, por ce qu'il avoient .ij. filiez de Paadulfeiui
estoient tjvorables. Et Adenulfe tu pris de li cbeiralier de
Gu.^imere. et xa mis en prison. Et Laude son frère ccr-
choit de lui délivrer, et prist Richerie sînguler abbé de
Mont-Cassin e: le tenoit por faire délivrer son frère. Etli
prince amoî: mole cestui abbé, quaracelluî temps quant
lo empeor Tordena prince, et cestui abbé lo avoit doné
et recommandé a lo empeor. Et li triste moine aten-
doient laide de Guaymere, et se lamentoient à Goaymere
de là prison ou lor abbé estoit, et lui prioieat qall k
vousist délivrer lo abbé liquel il lor avoit donné. Et a
pétition S; de li moine Guaymere laissa Adenulfe et prist
Tabbé.
C\p. 4r. Lo chastel de saint-Benedit, loquel est après
lo monastier de Mont de Cassyn, en cellui temps habi-
toient ilucc li Normant et avoient la seignorie; de loquel
fais^iient dampnc a li povre. Li abbé pensoit cornent il les
0) Hne charte de Tancien couvent de S. Biaise à A versa, analysée
fur F)i M KO {Annali del regno di Xapoli, t. Vil, p. 3ti), montre
'{ti'cri io3o, Guiliclmus Barbotus, ■ unus de militihus de Averta •»
\ li^iif une donation à ce couvent ; en outre, nous Itsoni dans FAik»*
NVMtjs IUrkjvsis, ad an, io3i : « Et Argiro comprebens Barbooca. •
r.Vftt donc seulement un peu avant cette derniire date qu*i] frut
f>liir/:r lit révolte dont parle Aimé.
(2) Adenulfe et Landon, comtes d*Aquino, et, d'après Aimé,
cendre» Ttin et Tautrc de Pandulfc IV, prince dépossédé de Capoue.
({) I.Ko iifc' Marsi, 1[| 68, rapporte ces mêmes incidents en ajou-
tant quelques détails qui concernent plus spécialement le Mont-
Cassin et qu'Aimé n'avait pas à reproduire; les deux rédts sont
iilcntiqucs pour le fond.
97
en porroit cachier; quar cornent se dit, aucun pensoit
contre Tabbé, Et vindrent li moine a la cité de Saint-Ger-
main autresi comme par lo commandement de Tabbé (i) ;
et descendirent de li chevalz et desceinstrent lor espées et
entrèrent en Teglize pour proier Dieu. Toutes voiez a la
port sont li guarde et cloirent la porte ; li Normant se
pristre a deffendre, mes pour ce qu'il non avoient, alcun
en furent mort, et alcun pris : laquel cose non de croire
que ce fust sans la volenté de Dieu, quar li fort Normant
liquelle aloient vainchant les terres, ne nul home pooit
contrester contre eaux, que por .x. ou .xij. moines fu-
gisent. Et en jor touz les chasteauz de saint-Behedit
furent recovré, liquel li empereor non peut o armes
prendre en un an (2).
Cap. 42. Et lo abbé sage, a ce que li petit de Normant
liquel estoient fouy ne retornassent o molt de gent et
occupassent la terre molt fortement, rompi la visselle
d^or et d'argent, liquel avoient esté fait a l'onor de Dieu,
et les parti a 11 chevalier d'ilec entor, liquel il assembla
contre la force de li Normant. L'une part et l'autre s'a-
semblerent et vindrent lendemain a la bataille; cestui
combatoient pour deffendre la terre de Dieu, et cil pour
(i) Le sens de la phrase et du contexte montre qu'il faut « li Nor-
mant » au lieu de « li moine. »
(a) Didier, abbé du Mont-Cassin (Dia/o^i, L II, dans Migne, Pa/r.
lat., t. 149, 999) et Léo de' Marsi, II, 71, ont également raconté
cette expulsion des Normands des châteaux et domaines du Mont*
Cassin. On voit par le récit de Léo de' Marsi, que la population de
San-Germano combattit avec les moines contre les Normands dans
l'église de San-Germano ; il n'est donc pas exact de dire que dix ou
douze moines ont eu raison d'eux. De même tous les châteaux du
Mont-Cassin ne furent pas délivrés en un seul jour, ceux de S. Victor
et de S. André résistèrent pendant quelque temps encore.
7
88
a li fidel Normant et a tout lo pueple, quar fu grant
damage^ quar tant estoit biauz, fors et cortoiz, et sages,
et plein de toutes bontés que jovene doit avoir en sa per-
sone.
Cap. 32. Âpres ce que cestui bel jovene Asditine,
conte de li vaillant et fidel Normant, fu mort cornent
nouz avons devant dit, Guaymere, lo prince de Saleme,
se festina et hasta de faire conte sur ii Normant, et non
lo fist de celle gent qui avoient esté avant, mes de un
autre lignage fist prince un qui se damoit Raul (i); et
non o grant volenté de lo pueple fu fait conte de Averse.
Cap. 33. Et faisant ceste choze, la prospérité de Guay-
mere accressoit. Cestui, lo neveu del major conte Ray-
nolfe, liquel se clamoit Tridinocte (2), et Hugo lequel
avoit souprenom Fallacia (3), ot en prison, liquel ende-
mentrc quMl les faisoit destreindre en prison en la roche
de la cité, laquel rocche se clamoit la Major Torre, avec
molt autres, lor donoit penc et torment; et estoit en
celle prison Johan Pantaleon (4), et Costentin fill de
Tuisco, home molt sage, et estoit deMalfe(5). Et cestui,
(i) Aimé est d*accord avec Léo de* Marsi dont voici la première
rédaction, II, 66; « Dehine Rodulfus, filius Oddonis, cognomento
Capollus quem post paucum tcmpus Âvcrsani de honore projidentes,
Rodulfum Trincanoctc prscfcccrunt. » La seconde rédaction est à peu
près semblable : « Dchinc Rodulfus cognomento Capellus, quo ab
Aversanis expulso Raidulfus Trindinoctc cornes cffcctus est. >•
(2) Sur ce Tridinocte ou plutôt Trincanoctc, voyez la note précé-
dente; il était tîls d'un frère de Rainulfe, premier conte d'A versa.
(3) Ce Hugo Fallacia doit être le même que Hugo Falluca qui,
d'après Léo de* Marsi, II, 41, fît partie de la colonie normande de
Comino.
(4) Fils de Maurus et membre de l'illustre famille Pantaléo d*A-
malfi.
(5) Amalfî sans doute, et non pas Melfî.
f
89
puiz longue prison, prièrent Martin guarde de la prison
et portier de la de toute la roche, et lui prometerent
molt de domps, et li jurèrent de faire lo seignor de tôt
ce qu^il avoient s^il vouloir entendre à lor délibération.
Et quant Martin entendi et sot la promesse que cil lui
prometoient, il s^endina et pensa a eaux délivrer, et pour
dui raysons : l'une porce quUl avoit compassion de lor
misère, et Pautre pour la espérance de la grant promis-
sion; et envita a cestui fait Ràndulfe et Hugo; jura Ray-
nolfe et jura Hugo ; et promistrent coment li autre a
Martin, autresi comment li autre, et de lui aidier a toutes
cbozes qui mestier lor feroit come a lor persones. Et li
Normant, coment se monstre à lire en lo livre, estoient
tenut plus vaillant et de plus grant force et fidélité que cil
de ces parties de câ, et vouloit Martin ces dui délivrer
autresi coment li autre. Et autresi cestui lui promistrent
de aidier lui come a eaux meisme, et en toutes coses quUl
porroient faire et gainghier l'en feroient participant Et
puiz tuit pensèrent en lor corage et volenté coment
il dévoient faire. Gel de Amalfe orderent bevrage, et li
Normant clamèrent Paide de li amis. Et ordenant lo jor
à ce que li amis de li Normant seussent quant li Amalfe-
lain dévoient ordener lo trait, et li parentf lor vindrent
apareillez o tout 11 cheval, a ce qu^il peussent fouir. Et
quant tout ce fu ordené, li Amalfetain orent clarere pour
donner a bevre, et orent subtillissime peperce pour men-
gier avec la char, et toute li guarde qui lor parut clamèrent
a boire. Et Costentîn faisoit Povre et Jehan donnoit a
boire, et les prioit qu'il bevissent bien; et tant bevoient
plus, plus vouloient boire, et aucuns furent purgié pour
les noiceles qu'il mengerent, et menjoient la pevrée ou
est autresi la medicine. Etencor lor proia en charité qu'il
bevissent, et a Pultime se cochèrent touz yvres. Et adont
90
s'aproxima l^ore que li galle chantoient, et Martin les
locha et non lo sentoient, et a Tun traoit li brague, et i
l'autre tiroit lo nez, et Tautre prennoit par lo pié et le
trainoit par la maison, et toutes voiez noient n^en sentoit.
Et quant Martin vit ce, ovri la prison, et délivra li prison
de la cathene, et ovri la porte. Et chevaucerent li chevaux
qui lor estoient appareilliez, et s^en vont a lo ckastel de
Matelone (i). Je croi que veut dire Madalone, quar ja
estoit faite Caserte et Magdalone, cornent ai«f e dit en
Tystoire de li Longobart, liquel vindrent en Ytalie avant
que li Normant. Guaymere se leva au matin et vit lo
chastel rout, et li garde trova a la porte coment se il
eussent esté batus de lo dyable, et li prison sont déUvré.
Remest triste Guaymarie; et Pandulfe, loquel estoit ex-
principe, ce est ce que estoit chacié de son princepée de
Capue et anemi de Guaymere, fu molt al^re et joiant,
les rechut gratiosement, et lor promist ^ qu^il avoit et
devoit avoir, quar par eaux pensse.de fecovrer Ponor it
Capue, c^est la seignorie de prince.
Cap. 34. En cellui temps meismes, si comme nous
trovons escript en ceste cronica, fu mort Guillerme conte
de Puillc (2), home sage et singuler, et a lui succedi son
frère liquel se clamoit Drogo, et fu fait conte de Puille de
li vaillant chevalier normant, et estoit apprové de Guay-
(i) Maddaloni au sud-est de Caterta.
(2) La date de la mort de Guillaume bras-de-fer est dcMUiée par
Lupus, ad an, 1046 : « Et hoc anno obiit Guillelmus et frater ejttt
Drago factus est cornes ». — Malaterra, I, la, a parlé de lui avec
éloge, GufLLAUMB DE PouiLLB, U, V. lo-sy, également; le poète ter*
mine par ces vers :
« cui vivere si licuisset
Nemo pocta suas posset depromere laudes
Tanta fuit probitas animt tam vivida virtus ».
91
tnere. Cestui Drogo estoit sage chevalier, singuler, et ti-
moit et avoit paoï^r de Dieu ; et Guaymere lui donna sa
fille pour moillier a cestui Drogo, et la dota moult gran-
dement. Et lo conte Drogo avoit tant de dévotion et fidé-
lité en lo prince, que molt de foiz Guaymere lui faisoit
contraire et jamaiz non lo pooit faire décliner de la fidé-
lité. Et nul non pooit esmoir Drogo qu^il feist nulle choze
contre la volenté de Guyamere. Et amoit molt tuit li
Normant et lor donoit granz domps, deffendoit son paiz
et opprimoit ses anemis. La cort soe estoit fréquentée
corne cort de impereor; li conte de Marsico (i), li potent
fil de Burielle (2), et tuit li grant home liquel habitoient
entor lui, se âiisoient chevalier de sa main et recevoient
granz dons. Lo marchiz Boniface, loquel est le plus grant
de Ytalie de ricchesce et o plus chevaliers, fist amistié
caritative et ferma unité avec eauz (3). Dui foiz Tân o
présent precious par ses messages visitoit Tempeor
dentre Alemaingne, et autresi lo impeor lui mandoit
présent de Alemaingne, et en loés Guaymere par tout le
monde pour la bone famé de Drogo.
Cap. 35. Quant li Normant estoient ad Averse, non
(i) Les comtes des Marses au nord de Sora, près du lac Fucino;
la Chronicon Casinense parle à plusieurs reprises de leurs rapports
avec le Mont-Cassin, et Gattola a publié quelques chartes provenant
d'eux, notamment, Accessiones ad hist, Cassin,, p. ig5, une charte
de Bérard, comte des Marses en 1 048.
(2) Ces fils de Borel, plusieurs fois mentionnés par les annalistes
de ntalie du Sud dans la seconde moitié du xie siècle, dominaient
les vallées du Haut-Sangro. Aimé ne veut pas dire que ces seigneurs
fussent devenus les vassaux de Guaimar de Salerne, mais simplement
quUls avaient avec lui des rapports de bonne amitié.
(3) Le marquis Boniface, le plus puissant seigneur de Tltalie du
Nord ; il épousa la duchesse Béatrix de Lorraine^ et fut le père de
rillustre comtesse Mathilde.
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Cap. 37. En cellui temps meismes que li prince ter-
rien se combatoient pour accrestre la lor prospérité. Dieu
qui est creator de touz les rois et les princes, non laissa
de faire son opération. Un jovene qui seclamoit Acchilles
estgabédela perversité de li Judée, en tel manière qu'il
non creoit que lo Filz eust prisse char en la virge Marie,
estre apparut visiblement en cest monde. Et ce enirevint
que cestui Achilles se creoit chacier li Judée de lor mal-
vaize créance et de lor malvase foy, dont li Judée chace-
rent lui de la veraie foy christiane ; lui appareilloient
mely et li Judée lui donoient venim. Proia li christient
que li Judée croissent lo Filz de Dieu, et li Judée amo-
nestent li chrestien qu^il lesse ester lo Fill, et croie tant
soulement lo Père; et de ceste cose li chrestien lor parla o
la boche, et li Judée li tocha lo cuer. Et lo chrestien retor*
nant en soi alcune fois, manifesta sa cogitation a lo père
espirituel, est amonesté, et molt souvent est enformé par
la prédication de lo prestre. Toutes voies, a la manière
de lo chien qui mange ce qu'il vomist par la bouche ( i ),
retome la anime soe a li herror, et se combat entre soi
meismes, et come de doi home fait bataille. Toutez foia
la malice de la supplantation de li Judée vainchi la dévo-
tion de la religion de la foi, se eSbrza lo misère de traire
de mente ceste cogitation que pert que movist de la foi et
conscience. Mes lo dyable Tavoit lié avec lo argument de
11 Judée. Le obscurité ,de tant de dubie se prolongue.
Mes ceste infirmeté que mire non set garir, sera garie de
Dieu. Quant ces choses se faisoient de li principe, cestui
cbristien estoit un de li satellite, c'est de li ministre ; o
armes servoit a Dieu fidèlement, toutez voiez la cogitation
(1) « Sicut canis qui revertitur ad vomitum suum. » Prov.^
XXVI, II.
94
heretice non lui issoit 4e sa pensée. Un jor dost la porte
et estoit sol en l'eclize ; et se sentoit offendu en sa cons-
cience, et non se approcboit ains se tenoit loing de Pautel.
Et o ceste parole demandoit Taide de Dieu. Et a lui fu
dit : c O tu que demandez tu et voy lo cuer, a loquet
nulle cose se puet abscondre ! Tu sez lo intention mie, et
non ne la te puiz celer; je voudroie croire en toi ensi co-
rnent la sainte Eglize Tensaingne, et voudroie aemplir ce
que appromisseen lo saint baptisme; la error antique ni*a
assalli, et la ferute de li Judée m^a navrée la moie pensée,
et estoie purgié de la purité de la foi christiane. Mes la
venimoze dolceze de la parole de lo Judée m^a tout fiût
orde et brut. O pitouz Jeshu-Christ, aiude a ma maladie
o medicine de salut, a ce que non perise je qui sui rachaté
de ton precious sang, aide-moi o la main droite toe •. Et
puiz quant il ot diae choze, la semblance de Tymage de
Jeshu-Crist descendi de la ou estoit^ et vint la ou cesrai
estoit jovene, et lo conforta par ceste parole : c Saces que
je suis parfait Dieu et parfait home, b Et lo retoma a sa
droite foi et créance christiane, et ensi lo jovene fu fers de
toute error et de toute hérésie (i). Mes or laisserons a
parler de ceste matière et retornerons a Tystoire que nous
avons devant lessié.
Cap. 38. Et cestui Randulfe de qui nous avons devant
parlé, a ce quMl peust avoir la grâce de Guayme, prince
(i) Cet indice de la propagande juive au xie siècle dans l'Italie
méridionale est curieux à constater. A propos des Juifs dans œ pajs
et dans ce siècle, voir un passage de la Chronicon Cassim., D» 43 ; on
y lit que Tcmpcreur Henri II, étant venu au Mont-Gissiiiy ncheia
aux Juifs, en 1022, une nappe de Tautel de S. Benoit au Mont-Cassin,
donnée autrefois par Charlemagne, et sur laquelle les Juifs avaient
prcté aux moines « quingentos aureos » ; le saint empereur rendit la
nappe au Mont-Cassin.
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I
de Salerne, se sousmist a Drogo, qu^il prie pour lui a ce
qu'il puisse avoir la grâce de Guaymere ; et Drogo lui
prpmist pour exemple de li autre parent soe obedir fidèle-
ment. Et Drogo proia pour Raynolfe. Mes non fu proîere,
ains fu comandement, car il enclina la volenté de prince
o ce qu^il vouloit, et fii clamé Raynolfe devant lo prince
Guaymere, et devant Drogo. Et encontinent qu^il fu
clamé, il vint et sub sacrament se mist souz la seignorie
de lo prince. Et ensi fu investut de la main de lo prince
o confanon et molt de domps. Et ensi reiàest Pandulfe
gabé de son entention et la soe malvaisti charra; et hono-
rablement lo remanda Drogo Averse o granz dons (i).
Cap. 39. Une autre briga leva contre Guaymere GuiU
lerme Barbote, liquel avoit esté norri en la cort de lo
prince auvec ses filz, et cefu par l'amonestement de Pan-
dulfe, et s'enclina a sa povreté et entra en lo castel de
Belvédère, et faisoit damage a lo principat de Capue
quan qu'il pooit. Et Drogo fu clamé, et vînt ad Averse o
tout li Normant en adjutoire de Guaymaire, et mist son
ost et ses paveiilons entor et restrainst Guillerme entre li
mur de li castel et reprist que non faisoit damage. Mes lo
chastel pour la hautesce de lo mont non se pooit prendre,
et o feu de un vilain fu ars ; et fu fait un fas de branchez
cfarbre, et il se mist dedens, et poi a poi va portant la
laingne, et lo lieu de lo castel garni, et o une pingnote
qu'il portott lo feu arst tout lo chastel, et foy Barbotte ad
Argire pour estre son chevalier. Et Argire lo prist mali-
tiousement, et bien lié lo manda en Costentinoble. Et
pour la victoire faite de cellui vilain, Guaymere et sagent
(i) Aimé est seul à parler de cette réconciliation du nouveau comte '
d' A versa avec Guaimar par Tintermédiaire de Drogo.
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rctorna veincheour. Et ensi la gloire de Pandulfe fu ani*
chillée en toutes choses (i).
Cap. 40. Doi frères contes d^Aqu in (2), c'est Adinnlfe
et Laude, por ce qu'il avoient .ij. filiez de Pandulfe lui
estoîent favorables. Et Adenulfe fu pris de li chevalier de
Guaimere, et fu mis en prison. Et Laude son frère cer-
choit de lui délivrer, et prist Richerie singuler abbë de
Mont-Cassin et le tenoit por faire délivrer son frère. Et H
prince amoit molt cestui abbé, quaracellui temps quant
lo empeor Tordena prince, et cestui abbé lo avoit doné
et recommandé a lo empeor. Et li triste moine aten-
doient Taide de Guaymere, et se lamentoient à Guaymere
de la prison ou lor abbé estoit, et lui prioiem qu*il le
vousist délivrer lo abbé liquel il lor avoit donné. Et a
pétition (3) de li moine Guaymere laissa Adenulfe et prist
Tabbé.
Cap. 41. Lo chastel de saint- Benedit, loquel est après
lo monasiier de Mont de Cassyn, en cellui temps babi-
toient iluec li Normant et avoient la seignorie; de loquel
faisoicnt dampne a li povre. Li abbépensoit cornent il les
(i) Une charte de Tanden couvent de S. Biaise à Aversa, analysée
par Di Meo {Annali del regno di Napoli, t. Vil, p. 3iiX montre
quVn io3o, Guilielmus Barbotus, ■ unus de militihus de Aversa •.
faisait une donation à ce couvent ; en outre, nous lisons dans rAiK>-
NVMU8 Bareitsis, ûd an, io5i : « Et Argiro comprchens Barbooca. ■
(Vcst donc seulement un peu avant cette derniire date qu'il faut
placer la ré\'oIte dont parle Aimé.
(2) Adenulfe et Landon, comtes d*AquinOy et, d*sprès Aimé,
gendres Tun et l'autre de Pandulfe IV, prince dépossédé de Capoae.
(3) Léo dk* Marsi, II, 68, rapporte ces mêmes incidents en alou-
tant quelques détails qui concernent plus spécialement le àkwt-
Cassin et qu'Aimé n'avait pas à reproduire; les deux rédts sont
identiques pour le fond.
97
en porroit cachier; quar cornent se dit, aucun pensoit
contre Tabbé, Et vindrent li moine a la cité de Saint-Ger-
main autresi comme par lo commandement de Tabbé (i) ;
et descendirent de il chevalz et desceinstrent lor espées et
entrèrent en Teglize pour proier Dieu. Toutes voiez a la
port sont li guarde et cloirent la porte ; li Normant se
pristre a deffendre, mes pour ce qu'il non avoient, alcun
en furent mort, et alcun pris : laquel cose non de croire
que ce fust sans la volenté de Dieu, quar li fort Normant
liquelle aloient vainchant les terres, ne nul home pooit
contrester contre eaux, que por .x. ou .xij. moines fu-
gisent. Et en jor touz les chasteauz de saint-Beriedit
furent recovré, liquel li empereor non peut o armes
prendre en un an (2).
Cap. 42. Et lo abbé sage, a ce que li petit de Normant
liquel estoient fouy ne retornassent o molt de gent et
occupassent la terre molt fortement, rompi la visselle
d^or et d'argent, liquel avoient esté fait a Tonor de Dieu,
et les parti a li chevalier d'ilec entor, liquel il assembla
contre la force de li Normant, L'une part et l'autre s'a-
semblerent et vindrent lendemain a la bataille; cestui
combatoient pour deffendre la terre de Dieu, et cil pour
(i) Le sens de la phrase et du contexte montre qu'il faut « li Nor-
mant » au lieu de « li moine. »
(2} Didier, abbé du Mont-Cassin (Diâ/o^i, L il, dans Migne, Piifr.
lat,, t. 149, 999) et Léo de* Marsi, II, 71, ont également raconté
cette expulsion des Normands des châteaux et domaines du Mont-
Cassin. On voit par le récit de Léo de* Marsi, que la population de
San-Germano combattit avec les moines contre les Normands dans
Téglise de San-Germano ; il n*est donc pas exact de dire que dix ou
douze moines ont eu raison d*eux. De même tous les châteaux du
Mont-Cassin ne furent pas délivrés en un seul jour, ceux de S. Victor
et de S. André résistèrent pendant quelque temps encore.
7
88
a li fidel Normant et a tout lo pueple, quar fu grant
damage, quar tant estoit biauz, fors et cortoiz, et sages,
et plein de toutes bontés que jovene doit avoir en sa per-
sone.
Cap. 32. Apres ce que cestui bel jovene Asclitîne,
conte de li vaillant et fidel Normant, fu mort cornent
nouz avons devant dit, Guaymere, lo prince de Salerae,
se festina et hasta de faire conte sur li Normant, et non
lo fist de celle gent qui avoient esté avant, mes de un
autre lignage fist prince un qui se claraoit Haut (i); et
non o grant volenté de lo pueple fu fait conte de Averse.
Cap. 33. Et faisant ceste choze, la prospérité de Guay-
mere accressoit. Cestui, lo neveu del major conte Ray-
nolfe, liquel se clamoit Tridinocte (2), et Hugo loquel
avoit souprenom Fallacia (3), ot en prison, liquel ende-
mentre quMl les faisoit destreindre en prison en la roche
de la cité, laquel rocche se clamoit la Major Torre, avec
molt autres, lor donoit pêne et torment; et estoit en
celle prison Johan Pantaleon (4), et Costentin fill de
Tuisco, home molt sage, et estoit deMalfe(5). Et cestui,
(i) AiMK est d'accord avec Léo de* Mabsi dont voici la première
rédaction, II, 06; « Dchinc Rodulfus, filius Oddônis, cognomento
Ca poilus qucm post paucum tempus Avcrsani de honore projicientes»
Rodulfum Trincanocte pracfccerunt. » La seconde rédaction est à peu
prcs semblable : u Dchinc Rodulfus cognomcnto Capellus, que ab
Avcrsanis cxpulso Raidulfus Trindinoctc cornes cflfectus est. »
(2) Sur ce Tridinocte ou plutôt Trincanocte, voyez la note précé-
dente; il était tils d'un frère de Rainulfe, premier conte d*A versa.
(.>) Ce Hugo Fallacia doit être le même que Hugo Falluca qui,
d'après Léo de' Marsi, II, 41, fit partie de la colonie normande de
Cominu.
(4) Fils de Maurus et membre de Tillustre famille Panlaléo d*A>
malfi.
(5) Amalfi sans doute, et non pas MelA.
89
puiz longue prison, prièrent Martin guarde de la prison
et portier de la de toute la roche, et lui prometerent
molt de domps, et li jurèrent de faire lo seignor de tôt
ce qu^il avoient s^il vouloir entendre à lor délibération.
Et quant Martin entendi et sot la promesse que cil lui
prometoient, il s^enclina et pensa a eaux délivrer, et pour
dui raysons : Tune porce qu^il avoit compassion de lor
misère, et Pautre pour la espérance de la grant promis-
sion; et envita a cestui fait Randulfe et Hugo; jura Ray-
nolfe et jura Hugo; et promistrent coment li autre a
Martin, autresi comment li autre, et de lui aidier a toutes
chozes qui mestier lor feroit come a lor persones. Et li
Normant, coment se monstre à lire en lo livre, estoient
tenut plus vaillant et de plus grant force et fidélité que cil
de ces parties de cà, et vouloit Martin ces dui délivrer
autresi coment li autre. Et autresi cestui lui promistrent
de aidier lui come a eaux meisme, et en toutes coses qu^il
porroient faire et gainghier l'en feroient participant Et
puiz tuit pensèrent en lor corage et volenté coment
il dévoient faire. Gel de Amalfe orderent bevrage, et li
Normant clamèrent Paide de li amis. Et ordenant lo jor
à ce que li amis de li Normant seussent quant li Amalfe-
tain dévoient ordener lo trait, et li parent" lor vindrcnt
apareillez o tout li cheval, a ce qu^il peussent fouir. Et
quant tout ce fu ordené, li Amalfetain orent clarere pour
donner a bevre, et orent subtillissime peperce pour men-
gier avec la char, et toute li guarde qui lor parut clamèrent
a boire. Et Costentin faisoit Tovre et Jehan donnoit a
boire, et les prioit quMl bevissent bien; et tant bevoient
plus, plus vouloient boire, et aucuns furent purgié pour
les noiceles qu'il mengerent, et menjoient la pevrée ou
est autresi la medicine. Etencor lor proia en charité qu^il
bevissent, et a Tultime se cochèrent touz yvres. Et adont
t aproxima Tore que li galle chantoient, et Martin les
"xha et non lo scntoient, et a l'un traoit li brugae, et i
: autre tiroit lo nez, et Tautre prennoit par lo pie etk
- rainoft par la maison, et toutes voiez noient n^n sentoit.
Va quant Martin vit ce, ovri la prison, et délivra li priaoo
dt la cathene, et ovri la porte. Etchevaucerent li chevaux
<^iui lor estoient appareilliez, et sVn vont a lo ckasiel de
Matelone M). Je croi que veut dire Madalone, quar ja
ettoit faite Caserte et Magdalone, cornent aî-ge dit eo
l'ystoire de li Longoban, liquel vindrent en Ytalie avant
que li Normant. Guaymere se leva au matin et vit lo
chastel rout, et li garde trova a la porte coment ae il
eussent esté batus de lo dyable, et li prison sont délivré.
Remest triste Guaymarie; et Pandulfe, loquel estoit ex-
principe, ce est ce que estoit chacié de son princepée de
Capuc et anemi de Guaymere, fu molt alegre et joiant,
les rechut gratiosement, et lor promist ^ qu^il avoit et
devoit avoir, quar par eaux pensse.cft fecovrer Ponordt
Capue, cVst la seignorie de prince.
Cap. 34. En cellui temps meismes, si comme nous
trovons escript en ceste cronica, fu mort Guillerme conte
de Puillc (2), home sage et singuler, et a lui succedi son
frcrc liquel se clamoit Drogo, et fu fait conte de Puille de
li vaillant chevalier normant, et estoit apprové de Guay-
(i) Maddaloni au sud-est de Caterta.
(2) La date de la mort de Guillaume bras-de-fer est dcMUiée par
Lupus, ad an, 1046 : « Et hoc anno obiit Guillelmus et firater ejtu
Drago factus est cornes ». — Malatbsra, I, i a, a parlé de lui avec
cloge, GuiLLAUMB DE PouiLLE, II, V. 20- 37, également; le poète ter-
mine par ces vers :
« cui vivere si licuisset
Ncmo pocta suas posset depromere laudes
Tanta fuit probitas animi tam vivida virtus •».
91
mère. Cestui Drogo estoit sage chevalier, singuler, et ti-
moitet avoitpaou^r de Dieu; et Guaymere lui donna sa
fille pour moillier a cestui Drogo, et la dota moult gran-
dement. Et lo conte Drogo avoit tant de dévotion et fidé-
lité en lo prince, que molt de foiz Guaymere lui faisoit
contraire et jamaiz non lo pooit faire décliner de la fidé-
lité. Et nul non pooit esmoir Drogo qu^il feist nulle choze
contre la volenté de Guyamere. Et amoit molt tuit li
Normant et lor donoit granz domps, deffendoit son paîz
et opprimoit ses anemis. La cort soe estoit fréquentée
corne cort de impereor; li conte de Marsico (i), li potent
fil de Burielle (2), et tuit li grant home liquel habitoient
entor lui, se âiisoient chevalier de sa main et recevoient
granz dons. Lo marchiz Boniface, loquel est le plus grant
de Ytalie de ricchesce et o plus chevaliers, fist amistié
caritative et ferma unité avec eauz (3). Dui foiz Tân o
présent precious par ses messages visitoit Tempeor
dentre Alemaingne, et autresi lo impeor lui mandoit
présent de Alemaingne, et en loés Guaymere par tout le
monde pour la bone famé de Drogo.
Cap. 35. Quant li Normant estoient ad Averse, non
(i) Les comtes des Marses au nord de Sora, près du lac Fucino;
la Chronicon Casinense parle à plusieurs reprises de leurs rapports
avec le Mont-Cassin, et Gattola a publié quelques chartes provenant
d'eux, notamment, Accessiones ad hist. Cassin,, p. ig5, une charte
de Bérard, comte des Marses en 1 048.
(2) Ces fils de Borel, plusieurs fois mentionnés par les annalistes
de ntalie du Sud dans la seconde moitié du xie siècle, dominaient
les vallées du Haut-Sangro. Aimé ne veut pas dire que ces seigneurs
fussent devenus les vassaux de Guaimar de Salerne, mais simplement
qu'ils avaient avec lui des rapports de bonne amitié.
(3) Le marquis Bonifisice, le plus puissant seigneur de Tltalie du
Nord ; il épousa la duchesse Béatrix de Lorraine, et fut le père de
l'illustre comtesse Mathilde.
92
voloient autre conte de autre gent ou lignage, orent con-
seill avec Pand\ilfe filz de lo frère de lo grant Raynolfe
que acquesté la conté de ses parens (i). Et cestui estoit
cellui qui avoit esté em prison. Et Pandulfe (2) donna
tant de argent corne il donnera Randulfe, et confortoit le
qu^il alast pour recovrer lo honor, et cestui faisoit come
est dit se cestui seignorioit Averse. Pandulfe avoit espé-
rance de recovrer Capue. Et la nuit Randulfe entra en
Averse, et fu receu molt dévotement de ceaux de la cité.
Et conseillèrent^ et font contre la volenté Guaymere; et
li autre conte fu chacié de Averse et foui : dont depuiz fu
clamé conte Cappille (3). Et cercha Randulfe de mètre
siège contre Salerne, et manesa de soi vengier de Guay-
mere et de la injure de la prison.
Cap. 36. Et Drogo se festina de deffendre la injure de
son seignor, et dist a lo prince priveement : c Alons
contre nostre anemi, et opprimons lo audace soe; alons
lui a rencontre a mege voie, et la mostrons la vertu
nostre, et la fin de la bataille o la superbe de cestui pie-
suntuouz déterminons. » Lo mont après a Sarne (4)
sallirent, et espcctoient que loranemis venissent, et Ran*
dulfc muta son proponement; quar a Pandulfe feillirent
deniers et lo grain non lui habundoit, ne la terre non
estoit seminée, et lo vin lui estoit failli a Pandulfe, dont
non pooit mostrer a Raynolfe quHl face brigue a nul
home.
(i) Ccst évidemment Randulfe et non Pandulfe qu'il faut lire»
puisqu'il 8*agit de Randulfe ou Raynolfe Trincanocte.
(2) Pandulfe, prince dépo&sédé de. Capouc et Tennemi de Guai-
mar.
(3) Cf. supra, p. 88, note i, les textes de la première et de la
seconde rédaction de Léo de' Marsi.
(4) Le Monto-Scarno, non loin et à Test du Vésuve.
93
Cap. 37. En cellui temps meismes que li prince ter-
rien se combatoient pour accrestre la lor prospérité. Dieu
qui est creator de touz les rois et les princes, non laissa
de faire son opération. Un jovene qui seclamoit Acchilles
estgabédela perversité de li Judée, en tel manière qu'il
non creoit que lo Filz eust prisse char en la virge Marie,
estre apparut visiblement en cest monde. Et ce enirevint
que cestui Achilles se creoit chacier li Judée de lor mal-
vaize créance et de lor mal vase foy, dont li Judée chace-
rent lui de la veraie foy christiane ; lui appareilloient
mel, et li Judée lui donoient venim. Proia li christient
que li Judée croissent lo Filz de Dieu, et li Judée amo-
nestent li chrestien qu^il lesse ester lo Fill, et croie tant
seulement lo Père; et de ceste cose li chrestien lor parla o
la boche, et li Judée li tocha lo cuer. Et lo chrestien retor-
nant en soi alcune fois, manifesta sa cogitation a lo père
espirituel, est amonesté, et molt souvent est enformé par
la prédication de lo prestre. Toutes voies, a la manière
de lo chien qui mange ce qu^il vomist par la bouche ( i ),
retome la anime soe a li herror, et se combat entre soi
meismes, et come de doi home fait bataille. Toutez foia
la malice de la supplantation de li Judée vainchi la dévo-
tion de la religion de la foi, se eSbrza lo misère de traire
de mente ceste cogitation que pert que movist de la foi et
conscience. Mes lo dyable Tavoit lié avec lo argument de
li Judée. Le obscurité .de tant de dubie se prolongue.
Mes ceste infirmeté que mire non set garir, sera garie de
Dieu. Quant ces choses se faisoient de li principe, cestui
christien estoit un de li satellite, c^est de li ministre ; o
armes servoit a Dieu fidèlement, toutez voiez la cogitation
(i) « Sicut canis qui revertitur ad vomitum suum. » Prov.^
XXVI, II.
94
hcretice non lui issoît de sa pensée. Un jor dost la pone
et estoit sol en Teclize ; et se sentoit offendu en sa cons-
cience, et non se approcboit ains se tenoii loîng de Tautel.
Ft o ceste parole demandoit Taide de Dieu. Et a lui fit
dit : c O tu que demandez tu et V07 lo cuer, a loque]
nulle cose se puet abscondre ! Tu sezlo intention mie, et
non ne la te puiz celer; je voudroie croire en toi ensi co-
rnent la sainte Eglize 1 ensaingne, et voudroie aemplir ce
que appromisseen lo saint baptisme; la error antique in*a
assalli, et la ferute de li Judée m'a navrée la moie pensée,
et estoie purgié de la purité de la foi christiane. Mes la
venimoze dolceze de la parole de lo Judée m'a tout fût
orde et brut. O pitouz Jeshu-Chribt, aiude a ma maladie
o medicine de salut, a ce que non perise je qui sui rachaté
de ton precious sang, aide-moi o la main droite toe ». Et
puiz quant il ot ditte choze, la semblance de Tymage de
Jeshu-Crist descend! de la ou estoit^ et vint la ou cestui
estoit jovene, et lo conforta par ceste parole : c Saces que
je suis parfait Dieu et parfait home, b Et lo retoma a sa
droite foi et créance christiane, et ensi lo jovene fu fers de
toute error et de toute hérésie (i). Mes or laisserons a
parler de ceste matière et retornerons a Tystoire que nouz
avons devant lessié.
Cap. 38. Et cestui Randulfe de qui nous avons devant
parlé, a ce qu^il peust avoir la grâce de Guayme, prince
(i) Cet indice de la propagande juive au xie siècle dans Fltalie
méridionale est curieux à constater. A propos des Juifs dans œ pays
et dans ce siècle, voir un passage de la Chronicon Cassim., 0, 43 ; 00
y lit que Tcmpcreur Henri II, étant venu au Mont-Gissin, racheta
aux Juifs, en 102a, une nappe de Tautel de S. Benoit au Mont«Castio,
dtmnéc autrefois par Charlemagne, et sur laquelle les Juifs avaient
prcté aux moines « quingentos aureos » ; le saint empereur rendit U
nappe au Mont-Cassin.
î>5
de Salerne, se sousmist a Drogo, qu^il prie pour lui a ce
qu*il puisse avoir la grâce de Guaymere ; et Drogo lui
prpmist pour exemple de li autre parent soe obedir fidèle-
ment. Et Drogo proia pour Raynolfe. Mes non fu proiere,
ains fu comandement, car il enclina la volenté de prince
o ce quMl vouloit, et fii clamé Raynolfe devant lo prince
Guaymere, et devant Drogo. Et encontinent qu'il fu
clamé, il vint et sub sacrament se mist souz la seignorie
de lo prince. Et ensi fu investut de la main de lo prince
o confanon et molt de domps. Et ensi renfiest Pandulfe
gabé de son entention et la soe malvaisti charra; et hono-
rablement lo remanda Drogo Averse o granz dons (i).
CàP. 39. Une autre briga leva contre Guaymere GuiU
lerme Barbote, liquel avoit esté norri en la cort de lo
prince auvec ses filz, et cefu par l'amonestement de Pan-
dulfe, et s'enclina a sa povreté et entra en lo castel de
Belvédère, et faisoit damage a lo principat de Capue
quan qu'il pooit. Et Drogo fu clamé, et vînt ad Averse o
tout li Normant en adjutoire de Guaymaire, et mist son
ost et ses paveillons entor et restrainst Guillerme entre li
mur de li castel et reprist que non faisoit damage. Mes lo
chastel pour la hautesce de lo mont non se pooit prendre,
et o feu de un vilain fu ars ; et fu fait un fas de branchez
cf'arbre, et il se mist dedens, et poi a poi va portant , la
laingne, et lo lieu de lo castel garni, et o une pingnote
qu'il portoît lo feu arst tout lo chastel, et foy Barbotte ad
Argire pour estre son chevalier. Et Argire lo prist mali-
tiousement, et bien lié lo manda en Costentinoble. Et
pour la victoire faite de cellui vilain, Guaymere et sagent
(1) Aimé est seul à parler de cette réconciliation du nouveau comte '
d*Aversa avec Guaimar par Tintermédiaire de Drogo.
96
retorna veincheour. Et ensi la gloire de Pandulfe fu ani-
chillée en toutes choses ( i ).
Cap. 40. Doi frères contes d'Aquin (2), c'est Adinuife
et Laude, por ce qu'il avoient .ij. filiez de Pandulfe lui
estoient favorables. Et Adenulfe fu pris de H chevalier de
Guaimere, et fu mis en prison. Et Laude son frère cer-
choit de lui délivrer, et prist Richerie singuler abbé de
Mont-Cassin et le tenoit por faire délivrer son frère. Etli
prince amoit molt cestui abbé, quaracellui temps quant
lo empcor Tordena prince, et cestui abbé lo avoit doné
et recommandé a lo empeor. Et li triste moine aten-
doient Taide de Guaymere, et se lamentoient à Guaymere
de la prison ou lor abbé estoit, et lui prioient qu'il le
vousist délivrer lo abbé liquel il lor avoit donné. Et a
pétition (3) de li moine Guaymere laissa Adenulfe et prist
Tabbé.
Cap. 41. Lo chastel de saint-Benedit, loquel est après
lo monastier de Mont de Cassyn, en cellui temps babi-
toient iluec li Normant et avoient la seignorie; de loquel
faisoient dampne a li povre. Li abbé pensoit cornent il les
(1) Une charte de rancicn couvent de S. Biaise à Aversa, analysée
par Di Meo {Annal i del regno di Napoîi, t. Vil, p. 3 11), montre
qu*cn io3o, Guiliclmus Barbotus, « unus de militibus de Aversa ■,
faisait une donation à ce couvent ; en outre, nous lisons dans TAvo-
NVMUS Barehsis, ad an, io5i : « Et Argiro comprehens Btrbooca. ■
Cest donc seulement un peu avant cette dernière date qu*i] faut
placer la révolte dont parle Aimé.
(2) Adenulfe et Landon, comtes d^Aquino, et, d'après Aimé,
gendres Pun et Tautre de Pandulfe IV, prince dépossédé de Capoue.
(3) Léo de* Marsi, II, 68, rapporte ces mêmes incidents en ajou-
tant quelques détails qui concernent plus spécialement le Mont-
Cassin et qu'Aimé n'avait pas à reproduire; les deux rédts sont
identiques pour le fond.
97
en porroit cachier; quar cornent se dit, aucun pensoit
contre Pabbé. Et vindrent li moine a la cité de Saint-Ger-
main autresi comme par lo commandement de Tabbé (i) ;
et descendirent de li chevalz et desceinstrent lor espées et
entrèrent en Peglize pour proier Dieu. Toutes voiez a la
port sont li guarde et cloirent la porte ; li Normant se
pristre a deffendre, mes pour ce qu'il non avoient, alcun
en furent mort, et alcun pris : laquel cose non de croire
que ce fust sans la volenté de Dieu, quar li fort Normant
liquelle aloient vainchant les terres, ne nul home pooit
contrester contre eaux, que por .x. ou .xij. moines fu-
gisent. Et en jor touz les chasteauz de saint-Beriedit
furent recovré, liquel li empereor non peut o armes
prendre en un an (2).
Cap. 42. Et lo abbé sage, a ce que li petit de Normant
liquel estoient fouy ne retornassent o molt de gent et
occupassent la terre molt fortement, rompi la visselle
d^or et d'argent^ liquel avoient esté fait a l'onor de Dieu,
et les parti a li chevalier d'ilec entor, liquel il assembla
contre la force de li Normant. L'une part et l'autre s'a-
semblerent et vindrent lendemain a la bataille; cestui
combatoient pour deffendre la terre de Dieu, et cil pour
(i) Le sens de la phrase et du contexte montre qu'il faut « li Nor-
mant • au lieu de « li moine. »
(2) Didier, abbé du Mont-Cassin (Dm/o^t, L II, dans Migne^ Pafr.
lût., t. 14g, 999) et Léo de* Marsi, II, 71, ont également raconté
cette expulsion des Normands des châteaux et domaines du Mont*
Cassin. On voit par le récit de Léo de* Marsi, que la population de
San-Germano combattit avec les moines contre les Normands dans
Téglise de San-Germano ; il n*est donc pas exact de dire que dix ou
douze moines ont eu raison d'eux. De même tous les châteaux du
Mont-Cassin ne furent pas délivrés en un seul jour, ceux de S. Victor
et de S. André résistèrent pendant quelque temps encore.
7
98
vengier la injure de lor parens. Mes Dieu s^apparut en
megc, saint Benedit en celle bataille se mostra gofanon-
nier. Et a ce que non fust espandu tant de sanc tuit li
Normant furent liés de petit de lignement. Et li abbé
puiz tmt securetnent la terre, et puiz celle hore non rece-
pirent nul contraire en lor terre (i).
Cap. 43. En celui temps vint Ricchart fill de Asdi-
tine (2), bel de forme et de belle estature de seignor,
jovcne home et clere face et resplendissant de bellesce,
liquel estoit amé de toute f>ersone qui lo véoit ; liquel
estoit secute de molt de chevaliers et dé pueple. Cestui
par industrie chevauchoit un petit cheval, si que petit s^en
failloit que li pié ne feroient a terre. Cestui pour Tamor
de son oncle et de lo frerc et pour la beauté de sa juven-
tute laquelle non se pooit estimer de tout lo monde,
estoit amé et honoré. Touz disirroient qu'il fust conte, et
tuit corne a conte lui aloient après. Et son cosin Ray-
dulfe (3) se prist garde de celle honor que chascun lui
faisoit, si en fu molt dolent, si lui pria qu^il se partist
de lui ; quar il creoit cstre privé de son honor pour lui,
puiz qu'il veoit qu'il estoit plus amé de touz que lui. Et
se parti Ricchart de son émule, c'est qu^il avoit envie de
lui, et s'en alla a son ami Unfroi, frère de Drogo, et lo
(i) Léo de* Marsi, H, 71, dit aussi que Dieu se p^nonçt contre
les Normands, lorsque les fidèles du Mont-Cassin s'emparèrent, après
treize jours de siège, du château de S. André. Diaprés Léo de* Mant,
cette expulsion des Normands eut lieu au mois de mai 1045.
(2) Le comte Asclitine, qui avait eu Accrcnza au partage de 1043;
Richard était donc frère d*Asclitine le jeune, comte d* A versa, et mort
peu auparavant.
(3) Il s*agit de Rodolphe ou Ranulphe Trincanocte, alors comte |
d*A versa; on voit que le traducteur d*Aimé écrit ce nom de bien des \
façons.
99
rechut gratiosement et lo traita honorablement cornent
parent. Lo bel jovene se delictoit de sa juventute de lo
autre, et partout il aloit non lui failloit palme de victoire
tant estoit vaillant.
Cap. 44. Un home qui se clamoît Sarule tenoit une
cité qui se clamoit lézane (ij, laquel avoit esté de son
frère loquel estoit mort et se cla sclite (2), loquel Sarule
amoit Asclitine come encoire fust vif et li portoit foi.
Cestui senti puiz que Ricchart estoit en la compaingnie de
Umfroy. Cestui ala la ou estoit Ricchart, et si tost come
il lo vît il lo connut por la bone famé qu'il en avoit oï
dire, et il seaprocha de Richartetlui proia qu'il eustson
amistié, et lui proia qu'il venist avec lui a sa cité, et ensi
fu fait. Et quant il furent à lézane, Sarule clama ses
chevaliers* et de autre gent non petite multitude, et lor
dit : « Ça est venu lo frère de son seignor ; et confessa que
celle cité estait de celui ploiez les bras et faites lo cheva-
lier Richart. d Et non atendi dom coment est usance,
mes offri à Richart toutes les coses soes. Et proia tuit li
chevalier que ce qu'il avoit fait feissent tuit; quar firent
don a Richart de il meisme, et autresi constraint la cité
de jurer lui fidélité. La terre et toute la forteresce qui
estoit en la terre mist en la poesté de Richart. Et lui vou-
loit Sarule leissier la terre, et Richart lui prie qu'il mé-
maigne auvec lui, et celles choses qu'il lui avoit donée
ait auvec soi et se délecte avec lui. Et Sarule se consenti
et serva lo comandement se son seignor. Non se expetta
jusque a lo jor sequent : en celle nuit lo cercha autre cité
( I ) Genzano de Fouille, au nord-est d'Acerenza, sur la rive gauche
et non loin du haut Bradano.
(2) Le manuscrit est défectueux ; il faut lire évidemment « et se
clamoit Asclitine. »
100
et une proie sans nombre aporterent li chevalier et satura
plenement li citadin de la terre; et as domps que fist Ric-
chart corurent moult de chevaliers. L^un jor donnoit ce
qu^il avoit^ et lo jour après se demoroit aucune cose a
donner non le leissoit ; ce qu^il pooit lever donoit et non
lo leissoit; et la nuit prenoit ce que remanoit. Et en ceste
manière toute la terre d^entor va proiant et li chevalier
multiploicnt continuelment. Et la table soe avoit plus
gcnt a mengier, avoit tidue .Ix. cavaliers, et maintenant
Tavoit entornoié de .c. sans li voizin ; non laissa lo sien a
ceuz de longe : mes piz fait a lo conte de Averse. Mes
que non pooit ne par manace ne par parenté celui vein-
chre, usa sage consel, lo fist son ami et lui dona la soror
pour moillier (i), et lui donna lo bénéfice de lo frère qui
estoit mort. Et en ceste manière ceuz qui avoient ane*
mistié gauderent en amor. Comme cestui Richart par-
vint a estre conte et de conte a estre piince dirai-)e puiz.
Cap. 45. Et en cellui temps meismes que je vous di,
vint de Normandie qui se clamoit Robert (2), liqud
dcpuiz fu dit Viscart, et vint en Tajutoire de lo frère, et
demande qu^il lui donne alcun bénéfice de terre; non
solcment ot en adjutoire lo frère, mes autresi non otcon-
(i) Nous savons que la première femme de Richard s'appelait Fré-
desinde, mais Aimé se trompe en disant que cette Frédesinde était
la sœur de Rodolphe Trincanocte, c'est-à-dire la cousine germaine
de Richard ; la législation canonique de Tépoque n'aurait pas permis
un tel mariage. Un autre passage d'Aimé (cf. infra, 1. Vil, a), dit que
cette première femme de Richard était une sœur du duc Robert
Guiscard, c'est-à-dire une fille de Tancrède de Hauteville et de ta
seconde femme, qui avait ce même nom de Frédesinde (Fransenda).
Cf. Malatemra, 1, 4.
(2) Nous ne savons pas la date de la venue de Robert Guiscard en
Italie; Aimé dit que lors de son arrivée, Drogo n'était pat mort (il
mourut le 10 août io5i).
lOI
seill, et avieingne que lo livre non lo met, cestui frère
soe fu Umfrede, conte, corne il se dira el lo quart livre ;
Drogo loquel non estoit encoire mort, et Unfroi, et cestui
Robert estoient frère. Cestui Robert s'en va entor 11 seî-
gnor, a liquel o dévote foi serve ces chavaliers. Et lui dole
lo cuer qu'il voit ceuz qui ne sont son per qui ont forte-
resces et diverses terres; et que est vaillant frère de conte^
et va après la chevalerie de autre; lonc temps ala come
cellui qui va sans voie pour Tamor de avoir tere, et est
constraint de povreté de choses de terre : mes la présence
de Dieu dispona cestui de diverses gens la soe dispo-
sition.
Explicit liber secundus.
INCIPIUNT CAPITULA TERTII UBRI
Cap, I . Cornent lo impcrcor vint à Rome et cassa trois
papes qu'il trova et fist lo quart pape à Rome.
Cap. 2. Cornent nul prince vint a lo impereor senonGay-
mcre, et sol Drogo et Raynolfe furent investut de la main de
lo impcor.
Cap. 3. Cornent se rendit Capue et de la dolor que en
orent cil de Capue.
Cap. 4. Que fist Gay mare ù Capue puiz queTempcor sefu
parti.
Cap. 5. Comcnt li conte del royalme vouloient chacier
Pandulfc et 4etrendre Guaymere.
Cap. t). Comcnt Guaymere trahi a soi cert home et Pan-
el ulfe traxc a soi Robert, et coment se parjura lo prince Pan-
dulfc.
Cap. 7. Comcnt Robert ala a lo frere et fu mis en posses-
sion de la roche de Saint-Martin.
Cap. 8. Et de toute Calabre.
Cap. (). De la povrctc de Robert.
Cap. 10. Coment Robert torna a lo frcre, et estoit povre
qu'il non avoit noient, et de la proie qu*il fist au retorner
qu'il fist.
Cap. 1 1. Comcnt Robert trahi Pierre, et coment puiz lui
vousi bien.
Cap. 12. Comcnt Girart de Bone Herberge fu cslit de
Robcn chevalier et ot la tante pour moillier.
104
Cap. i3. Cornent Richart fu pris de Drogo et puiz fit fait
conte de Averse.
Cap. 14. Cornent après la mort Pandulfe fu prince io fil2.
Cap. i5. Cornent Damasse succedi a Lion et comment
combati contre Tercsie symonaice et tuit li autre mal, et
cornent Guaymere 11 dona et fu fait chevalier.
Cap. 16. Comentil vint a Melfe et predica à li evesque et
li Normant, et puiz s'en ala en autre contrée por predi-
care.
Cap. 17. Cornent li pape vint après de Bonivent et co-
rnent il proia Guaymere et Drogo qu*il lo deffendissent.
Cap. 18. Coment li Normant non tratterent bien Boni-
vent.
Coment covint a Robert de torner a Faide de li firere et lui
pria qu'il lui donnast terre. Et lo conte non voit qu'il lui
poist doner alcune. Et ccrcha et pensa coment il peust aidier
a la povreté de son frère. £t s^cn va en la fin de Calabre et
la trova un mont molt fort. Et Tappareilla de Icingname et
lui mist non la roche Saint-Martin. Ceste donna a lo frère et
lo mist en possession de toute Calabre. Et puis se parti Ro-
bert et esgarda et vit terre moult large et ricches cités et
villes espesses et les champs pleins de molt de bestes et
regarda de loing (i).
(i) Sommaire défectueux et incomplet; le III* livre a 53 chft»
pitres, et ceux du sommaire ne correspondent pas toujours à ceux
du texte, par exemple ]cs chapitres 9, 10, 11, 12, i3, 14, etc.; ptr
une erreur du copiste, ce sommaire se termine par quelques lignes
du texte que Ton retrouvera plus loin.
105
CI SE COMENCE LI TIERS LIVRE ET FINISSENT LI CAPITULE
DE LO SECONT
Cap. I. En Tan de Pincarnation de nostre seignor
Jhu-Crist mille .xlvij. Corrat^ fil de lo impeor auguste de
bone recordation et mémoire, voulant saillir à la dignité
de lo impere, et vint a Rome pour prendre la corone,
trova la injustement troiz papes lesquelz il cassa, et fist lo
quart justement estre pape (i).
Cap. 2. Et adont la paour de Pempereour estoit en lo
cuer de li princes, dont ceux qui sentoient que avoient
fait mal avoient paour de venir a la cort de lo impereour.
Et avec li conte et li baron soe vint molt honorablement
et gloriousement, et ensi comme fu receu lo père fu receu
lo filz. Guaymere se glorifia en la compaingnie de li Nor-
mant, et li Normant se magnificoient en li don de lor
prince. Drogo et Ranulfe furent glorifiez de Tempeour et
mis en possession de lor contés.
Cap. 3. Et malitiousement failli Guaymere que rendi
Capue a lo impereour, et trahi la cité, et fu rendue a
(i) Ce n*est pas « Corrat » mais Henri III, fils de Tempereur Con-
rad, qui, à la Noël de 1046, a renversé les trois prétendants à la
papauté Benoit IX, Sylvestre III et Grégoire VI, et a nommé à leur
place, sous le nom de Clément II» Suidger, évêque de Bamberg.
io6
Pandulfe, sanz provision de justice s^il avoit mal fait a la
cité ou non. Grant dolor orent cil de Capue, car il aten-
doient mort et pêne; ma Tire del home non lor pot nuire,
mes celle de Dieu i p.
Cap. 4. Et pulz que se fu parti rempeor, si se repenti
Gaymere de ce qu'il avoit rendu Capue a Fempeour et
cercha de la recouvrer, et assembla trois eschilles de Nor-
mans, et mist siège a la cité de Capue, et comforta li fiort
(i) Léo de* MâRSi, II, 78, répète les données d'Aimé : « Impo-
rator... Capuam abiit. Ibi icaque Guaimario réfutante, Capuamquam
per novem jam annos tenuerat, Pandulfo illam scpe dicto amiiil
cum filio, naulto ab eis auro suscepto, restituit : Drogonî ApulÎK et
Rainuifo Averse comitibus ad se convenientibut et equot îlli
plurimos et pecuniam maximam offereiitibuft, univenam qnam
nunc tenebant terrain imperiali investitura finnavit. » Hnuuim m
Rbichenau — ad an, 1Ç47 ~ parle aussi de l'investiture des chefs
Normands par Tempereur : « Imperator vero Rome egressus, non-
nulla castella sibi rebellantia cepit, provindas illas, sicut vîddMtor
disponit, duces Nordmannis qui in illis partibus commorantur et
aliis eo loconim instituit. » A la suite de cette investiture des Nor-
roands par l'empereur, Guaimar ne prit plus le titre de duc de Ci-
labre et de PouUle; la dernière charte où il le porte encore est du
mois de janvier 1047. Voici l'en-têtede la charte : ■ In nomine do-
mini vicesimo hanno (pour vigesimo nono) prindpatus domni nosiri
Guaimani, et nono anno princtpatus ejus Capue (pour et octiTo) et
ducatus cjus Amalh et Surrentum et quinto anno supra scriptorum
principatus et ipsorum ducatus domni Gisulfi filio ejus, ^orio>
sorum eximit principis et ducis et quinto anno ducatus illorum
Apulie et Kalabrie, mense juanarius, quintadecima indictionc. ■
— La charte qui vient immédiatement après, et les suÎTtnteSi nVNit
plus que cette formule : « In nomine domini yicesimo anno prind-
patus Salerni domni nostri Guaimani et octabo anno ducatus
ejus Amalfî et Sirrcntum, et quinto anno supra scriptorum prind-
patum et ducatum domni Gisolfî eximii prindpis et duds filit cjoSy
mcnsc martius, quinta dedma indictione. » Codex dipiomâijcmt
Cavcnsis, t. VU, p. 26 et 28, in-40, Milan, 1888.
chevalier, et la pristrent. Pandulfe se humilia et requist
concorde et paiz^ et vindrent covenances, et avieingne que
non fussent clerez les covenances; toutes voies se partirent
o paiz et concorde (i).
Cap. 5. La malice de Pandulfe avoit afflit li conte de
Tien par fers et par fain et par hateures par molt ans.
Et par la vertu de Guymarie estoit délivré. Cestui non se
partoit maiz de la fidélité Guaymere dont Pandulfe lo
cercha de chacier, mes que nul non lo pooit chacier ne
Pautre deffendre sans l'aide de li Nôrmant, tant Guay-
mere quant Pandulfe^ et se recovra o deniers à li fortis-
sime Normant (2).
Cap. 6. Guaymere fist la force soe o tout ses contes, et
Pandulfe tyra a soi Robert et lui fist les despens, et lui
donna lo fort chastel appareillié, et li promist par jurement
(i) A la suite de cette concorde et paix, Guaimar dut rendre Capoue
à Pandulfe, car nous savons que ce dernier était quelque temps
après en possession de ses États.
(a) Un document analysé par Di Meo, t. Vlil, p. 294, montre
qu'en 1049 il y avait trois comtes de Teano, Landulfe et ses deux
neveux Pandulfe et Landulfe. Hirsch, p. 276, croit qu*Aimé exagère
les torts de Pandulfe de Capoue contre le comte de Teano, et cite à
l*appui de son opinion divers textes de Léo de* Marsi; ces textes
prouvent que les comtes de Teano furent pour Guaimar contre Pan-
dulfe de Capoue dans les hostilités à propos des Normands établis
sur les terres du Mont-Cassin, qu'une sœur des comtes de Teano fut
flûte prisonnière par Pandulfe de Capoue, qui refusa de l'échanger
contre son allié Landulfe d'Aquino, fait prisonnier par Guaimar,
enfin qu'un comte de Teano fîit fait prisonnier par Richer, abbé
du Mont-Cassin. Rien dans tout cela n'infirme la donnée d'Aimé ;
Léo de' Marsi montre au contraire que les comtes de Teano et Pan-
dulfe de Capoue étaient ennemis déclarés^ il se peut donc très bien
que vers 1047, l'un de ces comtes ait été, pendant quelque temps,
prisonnier de Pandulfe de Capoue.
io8
de donner lui la fille pour moillier. Et vint le jour déter-
miné; Robert cercha la promission et requist lo chastel
qui lui estoit promis; mes Pandulfe lui noia. Geste prière
et moult autre si engana Pandulfe : « Provoie soi Dieu de
la destruction de la maison de Pandulfe, que me promist
lo mariage et non lo compli. »
Cap. 7. Et covint a Robert de retomer a Taide de son
frère, et lui proia qu^il lui donast terre; et lo conte non
voit qu^il Tempisse donner alcune. Et cerca et pensa dont
puisse aidier a la povreté de son frère; et sVn ala en la fin
de Calabre, et trova un mont molt focjt, et la appareilli
de laigname, et lui mist nom la rocche Saint-Martin (i);
cestui donna a lo frère, et lo mist en possession de tonte
la Calabre; et puiz s^en parti et s^en toma en sa terre.
Cap. 8. Robert regarda et vit terre molt large, et
riches citez, et villes espessez, et les pleins de molt de
bestes. Et regarda en loing tant cornent pot regarder, et
pensa que faisoit lo povre, prist voie de larron, chevalier
son petit, povreté est de la cose de vivre, li faillirent les
deniers a la bourse. Et come ce fust cose que toutes choses
lui failloient, fors tant solement qu^il avoit abundanoe de
(i) Malatcrra, I, 16, qui a également raconté cette partie de la
vie de Robert, donne le nom de San Marco à ce premier établiiie-
mcnt de Robert dans les Calabres; Aimé, on le Toit» prétend qoe
Robert l'appela Saint Martin. Nous savons que cet établinement
se trouvait dans la vallée du Crati, au nord de Goaeiiza, non Ioîd
de Bisignano, et, quoi qu'il y ait un San Martino dans cet panges,
il est bien probable que Malaterra est dans le vrai, et que cet
établissement s'appelait San Marco et non San Martino. Plus lard, en
effet, Robert faisant bâtir une forteresse en Sidle dans le Val-
Dcmone, lui donna le nom de San Marco, en souvenir, dit Aimé
lui-m£me, du premier établissement qu'il avait fondé en Calabre.
— Aimé, V, 25.
109
char; cornent li filz de Israël vesquîrent eh lo désert, ensi
vivoit Roben en lo mont; ceaux menjoient la char a
mesure, cestui se o une savour toutes manières de char;
et lo boire d^estui Robert estoit Taigue de la pure fon-
tainne.
Cap. 9. Et puiz torna Robert a son frère et lui dist sa
povreté, et cellui dist de sa bouche moustra par la face,
quar estoit moult maicre. Mes voulta Robert la face, et
voûtèrent la face tuit cil de cil de la maison. Et retorna
Roben a la roche soe, et aloit par les lieuz ou il creoit
trbver de lo pain. Et cornent lui plaisoit prenoit proie
continuelment, et touties les chozes qu^il avoit faites
absconsement, maintenant fist manifestement. Et prenoit
li buef por arer, et li jument qui faisoit bons poUistre,
gras pors .x., et peccoires .xxx.; et de toutes cescosesnon
pooit avoir senon .xxx. besant, et autresi prenoit Robert
li home liquel se rachatarent de pain et de vin; et toutes
voies de toutes cestes coses non se sacioit Robert.
Cap. 10. En une cité qui lui estoit après, laquelle se
clamoit Visimane (i), riche de or et de bestes, et de dras
preciouz, habitait Pierre fil de Tyre. Robert fist covc-
nance auvec cestui, lo prist pour père, et Pierre Tavoit
pris pour filz, et se covenirent pour parler ensemble.
Perreet sagent se mist en lieu secur, et Robert et sa gent
vont alant par li camp, et Robert comanda a sa gent quMl
se traissent arrière. Et Pierre fist autresi. Et li seignor se
convindrent a parler ensemble; et Piere lui offri la bouche
pour baisier, et Robert lui tendi les bras au col, et ces
dui chairent de li chavail. Mes Piere estoit desouz, Ro-
(i) Il 8'agit de ]a ville de Bisignano, dans la vallée du Crati| au
nord de Cosenza.
!IO
ben lo preme desoupre: et corirent lî Normant, et folfent
cil de Calabre. Et Pierre fii mené à la roccbe de saint-
Manin et est bien gardé. Puiz Robert va agenoillié, ci
ploia les bras, et requist miséricorde, et confessa « quil
a voit fait pechié: mes la richesce de Pierre et la povitté
soe lui avoit fait consiraindre a ce faire; mes tu es père,
mes que tu me es père covient que aide a lo filz poTR.
Cesti comanda la loi de lo rov, ceste cose, que lo père qui
es: riche en toutes chozes aidier a la povreté de son filz. >
Et Pierre promet de emplir la promission, et .xx. mille
solde de or paia Pierre. Et ensi s'en ala, et sain et sa)ve
fu délivré de la prison. Et Robert donna liberté a Pierre
et a les coses soes. Et coment ce fust cose que les bestes
socs tant en temps de paiz tant en temps de guerre allasr
sent securement. Et comanda Richard que bedifiast h
maison en celle fort roche ou avoit tôt assegurance et
seurté ( i : .
Cap. 1 1 . Apres ces chozes faites sicome dit restoire,
(i) Mal.\terra, I, 17, a aussi raconté cette aventure de Robert;
son récit, identique pour le fond avec celui d*Aiiné, cherche cepen-
dant dans quelques détails à atténuer la culpabilité du pillard nor-
mand. Dans les livraisons de juin, juillet et août 1881 de la Revue
russe du ministère de l'Instruction publique, M. Vasilievtky a publié
les Récits et Conseils d'un grand seigneur iyjamim ém
XJc siècle, d'après un manuscrit grec inédit du xv* siècle. Ce
manuscrit se trouve à la bibliothèque synodale de Moscou ; il pro-
vient du couvent d'Iviron au mont Athos; sans compter d'autres
ouvrages, il renferme ces Récits et Conseils, sorte de court de stra-
tégie, avec des traits historiques racontés par l'auteur, pour prouver
le bien fondé de ses préceptes. Le § 83 des Récits et Conseils ra-
conte Taventure de Robert et de Tira le Calabrais, gardien de la
ville de Bisignano. Abstraction faîte de quelques particularités
secondaires, le récit du grand seigneur byzantin est tout à &it sem-
blable à celui Je Malaterra et d*Aimé.
m
Robert vint en Puille pour veoir son frère; et Gyrart lui
vint qui se clamoit de Bone Herberge, et cornent se dist,
cestui Gyrart lo clama premièrement Viscart, et lui dist :
« O Viscart ! porquoi vas çà et là ; pren ma tante soror de
mon père pour moillîer, et je serai ton chevalier; et ven-
dra auvec toi pour aquester Calabre, et auvec moi .ij.c.
chevaliers. » Et Robert fu alegre de ceste parole, et se
appareilla de aler a lo conte son frère, et demanda a son
frère licence de cest mariage. Mes a lo conte non plaisoit,
et deffendi cest mariage. Et une autre foiz li pria Robert
a genoilz que a li plasist lo mariage; mes lo conte lochasa
et dist et li commanda que en nulle manière devist faire
ceste parentesce. Et pria les plus grans de la cort qu'il
priassent a son frère lo conte qu'il non soie si astere, et
que non lui face perdre ceste adjutoire. Et a Tultime se
consenti lo conte. Et adont prist Robert la moillier,
laquelle se clamoit Adverarde et fu Girart son chevalier
de Robert, et puiz vint en Calabrc et acquesta villes et
chasteaux, et dévora la terre. Ceste choze fu lo comence-
ment de accresire de tout bien à Robert Viscart. La ba-
taille et li autre coses triumphal que fist sa et la, et puiz
en lieu et en temps lo vouz dirons ; mes or lesserons ci
endroit a parler de Robert Viscart et de son fait, et retor-
nons a la ystoire de Drogo et de Ricchart (i).
(i) Le surnom de Guiscard, en latin Guiscardus, Viscardus, que
Robert a immortalisé, est une forme ancienne du mot français
avisé; Robert Guiscard signifie donc Robert l'avisé^ c*est-à-dire fin^
rusé, plein d*expédients et de ressources. La racine de ce mot est
germanique (voyez les mots allemands : weise, weisen, wissen,
wissenschaft), elle exprime Tidée de science, connaissance, sagesse,
prudence. — Léo de' Marsi, Malaterra et Guillaume de Fouille n'ont
pas parlé du premier mariage de Robert Guiscard, aussi n'est-il pas
possible de contrôler sur ce point les données d'Aimé. D'abord quel
112
Cap. 1 2. Ore nous dît et raconte ceste ystoire queentre
Drogo et Ricchan naschi une brigue, et en celle brigue
Drogo prist Ricchart et lo misten prison. Et au teins que
était ce Ginrd di Buonilbcrgo ? Ce dernier nom est celui du chfttetu
au nord et prcs de Bénévent, non loin d*Ariano ; ett«ce à ciuse de
ce voisinage que, sans donner des preuves de son assertion, M. de
Blasiis (op. cit., t. II, p. 14) en fait un comte d'Arisno ? Ce qui est
plus certain, c'est que Girard di Buonalbergo et sa tante Adverude
ou Albérada, d'après Torthographe de Malatem, étalent Normands
et parents de R. Guiscard ; celui-ci fit valoir plus tard ces liens de
parenté pour rompre ce mariage, lorsquil voulut épouser Sikelgutt.
cf. Aimé, IV, 18, Malatbrra, 1, 3o. Nous ne connaissons pas ladite
du mariage de Robert Guiscard, mais Aimé disant que ce mariage
« fu lo comencemcnt de accrestre de tout bien à Robert Viscart •,
il a du avoir lieu lorsque Robert n'était pas encore un personnage,
vers io5o, et avant les luttes entre Léon IX et les Normands, car
CCS luttes le mirent très vite en évidence. En acceptant cette date
approximative de io5o, comme celle du mariage de R. Guiscard
avec Alberada, on est tout surpris de voir, soixante-douze ans plut
tard, en 1122, cette même Alberada faire une donation à l'abbaye
de la Gava, près de Saleme. La charte de cette donation se trouve
encore dans les archives du couvent de la Cava, et son contenu
prouve bien qu'il s'agit de la première femme de R. Guiscard. En
voici le début : « Anno incarnationis dominicae 1122, mense Julio :
ego Albereda Colubrarii PoUicorii que domina, pro meonim defunc-
torum parentum animarum remedio, Roberti Guiscardi duds iavîc*
tissimi bonœ memoriœ viri, dominique Boamundi, nec non Rogerii
de FomarcJa charissimi mci quondam viri, domini que Ugonia Qa-
rimontis, pro mcorum quoque delictorum, dominique Alezandri
Clarimontis suique fratris domini Riccardi meorum videlicet nepotum
prœsentia subscriptorum bonorum hominum testium, dono, etc. » —
Il résulte donc que vers io5o, Alberada était la tante d'un arigncor
important du pays de Bénévent, de Girard di BuonalbergOy et que,
soixante-douze ans plus tard, en 11 22, cette même tante était en-
core de ce monde et faisait une donation à la Cava. N'est-ce pas le
cas de dire que le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable i
Anne Comnènc (Alexiades, I, 1 1) a aussi parlé du mariage de Ro-
bert Gui SCI rd, mais cllo confond Girard de Buonalbergo avec Pierre
"3
Rîcchart estoît en prison, Raynolfe conte d'Averse fu
mort, et adont li Normant prièrent la bone volenté de
Guaymere que Ricchart, loquel il avoient fait conte vi-
vant son oncle Raynulfe, il lor deust donner, puizque
estoit mort Raynulfe. Et lo prince Guaymere requist
Drogo qu'il lui donnast Ricchart, ^t Drogo cornent loial
conte lui donna volentiers; et fu mené Ricchart a Sa-
lerne, loquel Guaymere fist vestir de soie et lo mena ad
Adverse, et de la volenté et alegresce de lo pueple lo fist
conte. Et Ricchart se humilia a la fidélité de lo prince,
et lo prince se alegra de la prospérité de Ricchart ( i ).
Cap. i3. En celui temps meismes fu mort Pandulfe
prince de Capue, et fu ordené et fait prince son filz liquel
autres! come lo père clamoit Pandulfe. Cestui Pandulfe
de Turra, seigneur de Bisignano, elle donne à ce personnage imagi-
naire le nom de Guillaume Mascabélès, et ne fournit que des don-
nées erronées ou incomplètes.
(i) Trois documents permettent de rectifier les erreurs commises
par Aimé dans ce chapitre : !<> Une charte d*A versa du 21 mars
1048, analysée par Di Meo, t. Vil, p. 283, mentionne deux comtes
d'Aversa : m G)mitante d. Guilelmo et d. Herimanno in Castro
Aversae, quod est finis Liguriae, anno primo; » 20 Une autre charte
d'Aversa, également analysée par Di Meo, t. Vil, p. 3 12, par
laquelle Guillaume Barbotus, « unus de militibus de Aversa, » fait
une donation; cette charte porte : « Anno ML., cum esset in co-
roitatu Herimanno puenilo et primo anno domno Riccardo comiti
ejus avunculo » ; 3» Lko de' Marsi, II, 66, première rédaction, com-
plétant ces renseignements, écrit : « Quem (Rodulfus cognomento
Capellus) post paucum tempus, Aversani de honore projicientes,
Rodulphum Trincanocte prsceferunt. Post quem Guilelmum Bella-
bocca de cognatione Tancredi. Deinde Aversani expulso illo, Richar-
dum filium Aschettini ab Apulir evocantes comitem sibi institue-
nint. » Ces textes montrent qu'Aimé a tort de dire que Richard
succéda à Rodolphe Trincanocte; il y a entre les deux, Hermann et
8
II.I
fu semblable a lo père non solement en seignorie de di-
gnité et por nom, mes autresi de coustumes ( i).
Cap. 14. En celui temps, papa Qement, dequel est
dit que fu ordené de Tempereor Henri et fu mon delà de
li mont et ala a Dieu (2), et fu fait pape Damasco, loquel
non pot mostrerlo effetce de sondesidere. Cestui Damase
estoit evesquc de Bresce (3), loquel dedens troîz jors puiz
Guillaume Bcllabocca, en outre, il fait de Rodolphe Tnncoaocte
l'onde de Richard, c'était son cousin germain,
Vuici la série des premiers comtes d*A versa :
N
Kaimulfb
i** comte d'Aversâ,
«lue de GtCte.
■|- vers 104J.
1043. AscLimm
ASCUTTINE RlCHAKD
2"^ comte J'A versa, seigneur de Genuno,
auparavant 5** comte d'Avenu,
seigneur de Genzano, prince de Capone,
•j- vers 104;.
K.
l
3"* cooiie d'Avtna,
f en 1047.
GailUi
pour Rjfcnt.
Cf. HiRscii, /. c. p. 281.
(i) HiRScii, p. 282, place au 19 février 1049 la mort de Pan-
dulfe IV, prince de Capoue ; i! cite, pour établir cette date, une
phrase de Leo de* iMarsi, II, 79, première rédaction, lequel dit que
Léon IX étant venu à Capoue, Tannée de son élévation au sourenin
pontihcit (au mois de mars 1049), le vieux Pandulfe était mort
avant l'arrivée du pontife. Hirsch reproche à Aimé, à Leo de* Marsi
et à Didier d'avoir chargé à plaisir la mémoire de Pandulfe IV de
Capoue; il paraît bien cependant que ce fut un abominable tyran,
ainsi les Annales Altahenses majores rapportent que lorsque Tem-
pereur Conrad vint au Mont-Cassin, en io38, « omnia a pnedicto
Pandulfo vastita reppcrit, res monasterii distractas, monachot fa-
gatos »; les annalistes du Mont-Cassin n'avaient pas dit autre chose.
(2) Le pape Clément II est mort le 9 octobre 1047, au mdhaatère
de S. Thomas, sur les bords de TAposclIe, dans le comté de Peaaro.
(. Fî::\t .-;, .î.ins li N.iique. actuellement le T>Tol autrichien.
11$
I
la mort de Clément ot la dignité papal, et a lo .xxiij. jors
puiz qu'il fu pape fu mort a Penestrine après de Rome ( i ).
Cap. i5. Apres cestui Damase fu fait pape Lion, lo-
quel estoit evesque de Tholose et estoit nez de lingnage
d'empereor (2). Cestui Lion estoit molt bel et estoit
rouz, et estoit de stature seignoriable, et estoit de letre
bon maistre. Cestui pape Lyon estoit amé de lo im-
pereor et de toute Peglize de Rome, et estoit venut a Rome
come peregrin. Puiz fu ordené por pape, et mut bataille
contre la perversité de la Symon, c'est contre symonie.
Et a ce entendre, est de noter fu premier disciple de saint
Pierre, et voiant que saint Pierre donnoit la grâce de lo
Saint-Esperit, Symon vouloit donner a saint Pierre qu'il
lui vendis! celle grâce. Car non se estoit fait son desciple
pour droite foi, mes pour aprendre aucune cose.' Quar il
creoit que li miracle que saint Pierre faisoit et li apostole
fussent par malice. Et saint Pierre lui dist -: « Tes deniers
soient avec toi en perdition ; quar la grâce del Saint-
Esperit non se puet vendre (3) ». Et que Symon premere-
ment vouloit achater la grâce del Saint-Esperit fu clamée
symonie. Mes or laisserons a parler de cestui Symon, et
retornerons a parler de pape Lyon. Cestui pape Lyon
combati contre la symonie, et ala par les cités, et o saintes
prédications rempli Teclize de la foi de Christe; il fist li
(i) Aimé se trompe; Clément II était mort le 9 octobre, et son
successeur Damase II fut élu, non pas trois jours après cette mort,
mais le 25 décembre suivant. Damase II a été sacré le 17 juillet
1048, et est mort à Préneste, le 9 août suivant.
(2) Léon IX, auparavant évéque de Toul, désigné à Worms, en
décembre 1 048, par l'empereur Henri III et par les légats romains
pour succéder au pape Damase II.
(3) M Pecunia tua tecum sit in perditionem, donum Dei existi-
masti pecunia possideri ». Actus ApostoU, VIII, 18.
ii6
synode, c*cst la congrégation de Salerne (i), et trova que
toutes li ordene de T^Iize estoient toute occupée de la
fausse symonie. Mes corne li bon ortellain, a ce que non
périsse la plante qui novellement est plantée la va dre-
chant que chié, sur lo poiz deli pecbeour tient Tespaule,
et espart lo pesant faiz a ce que non rompe Tespaule de
cellui qui lo porte; c'est que non punisse a touz, proia et
amonesta, et liga o excommunication. Et puiz absolve li
ligat par convenance que plus non le facent cellui pechié.
Lo parjure fait avec alcune penitance pardoné ; li adultère
fait entre parent sur pêne de excommunication départ. Et
quant li saint pape vit la confusion et lo pechié de toute
la christienté, il plora et proia Dieu qu^il lui moustre
qu'il doie faire. Et clama Tajutoire de la puissance de
Tajutoire de saint Pierre apostole et de saint Paul. Et de
lo pechié passé fist lo miex qu'il pot, lo destruist et def*
fendi ; et cellui qui dcvoit venir deffendi o excommuni-
cation. Et conforta lo pueple qu'il doient donnera sainte
cclize li primicic et li décime, et predica secont lodit de lo
saint perc. Guaymarie li donna molt preciouz dompset
lui promist de soumetre soi a cstre fidel a li commande-
ment.
Cap. i6. Et puiz s'en ala a Melfc opponere contre li
fait de li fortissime Normant, et lor proia qu'il se deuis-
sent panir de la crudelité, et laissier la moleste de li
povre. Et lor mostra comc Dieu est persécuté quant li
povrc sont persécutez, et coment Dieu est content quant
est bien fait a li povre; et lor comment que fidèle-
ment doient guarder li prestre et les choses de
leglize. Et les conforta en faire bien et offerte a Dieu, et
( I ) Aime est seul à parler de ce synode de Salerne ; nous verront
dans la note suivante à quelle date il a eu lieu.
117
qu^il soient continent et caste envers lor voizins et lor
proxime, et en toute vertu les conferma. Et reprist lo
deffette des evesques, et fai qu^il non soient taisant, mes
ensaigna lor langue a preccier. Et puiz s'en torna a
Rome; et puiz se remist à la voie pour corrigier les
autres cités.
Cap. 17. Et quant cil de Bonivent oïrent tant de per-
fection et de santtité en lo pape, chacerent lo prince, et
sousmistrent soi a la fidélité soe, eaux et la cité. Et re-
torna lo pape en celle part, et rechut gratîousement ce
qui luii-estQit donné. Gaymere et li Normant qui furent
damés vindrent a Bonivent et servirent fidèlement a lo
pape. Et proia lo pape Guaymere et Drago qu'il doient
deffendre la cité et les enforma qu'il doient ordener que
cil de la cité non soient grevé ne afflit. Drogo promet de
faire ce que li pape a commandé, et a ce qu'il aie remis-
sion de ses péchiez, promet a combatre pour la deffension
de la cité de Bonivent.
Cap. 18. Mes que li Normant non se porent si delo-
gier coment li autre gent restreindre. Puiz se parti Drogo
de Salerne, et lo pape s'en ala avec lo prince Guaymere.
Ceuz qui sont entor de Bonivent assaillirent de bataillire
caus de Bonivent, et la rumor en va a l'oreille de lo pape ,
coment lo promission de lo conte estoit cassée. Et lo pape
souspirant et dolent de lo damage, et dist : « Je troverai
voie commenf sera deffendue la cité et abatue la superbe
de li Normant ». Guaymere deffent Drogo, et o terrible
sacrement jura, et lo excusa que ces chozes non sont de
la volenté de lo conte Drogo, quar molt estoit pro-
dome (i). •
(i) La chronologie des voyages de Léon IX dans l'Italie du sud,
en 1049, io5o, io5i, n'est pas facile à établir; voici, à cet égard,
ii8
Cap. 19. Li messages furent mandé a Drogo pour faire
li assavoir la moleste qui avoit esté faite a ceaux de Boni-
vent. Mes avant que lo message, venîst a lui la novele
quelques éclaircissements pour coordonner les données fournies sur
CCS voyages par Aimé. Léo de* Marsi, H, 79, rapporte que pen-
dant la première année de son pontificat, le pape Léon IX (il ivait
été sacré le 12 février 1049) fit le pèlerinage du Mont-Gargano ; en
revenant, il passa au Mont-Cassin, où il se trouvait le dimanche des
Rameaux, 19 mars 1049; le lendenudn, Il consacra Téglise de
S. Maurice, dans Tile de Limata, et partit ensuite pour Rome où il
cfficia le jour de Pâques, 26 mars 1049. H erimanni A ugibhsis CAro-
nicon, ad an, 1049. Les vo>'ages de Léon IX, en 1049, <^^^* Htalie
du Nord, en Germanie et dans les Gaules, prouvent que l'excurnon
du mois de mars au Mont-Gargano et au Mont-Cassin est la seule
qu'il ait faite dans Tltalie du sud en 1049.
Au mois de mars loSo, le pape reparut dans l'Italie du sud; nous
ne savons s'il visita de nouveau alors le Mont-Cassin, mais il vint
à Cîtpoue (première rédaction de Leo de* Marsi, II, 79), et de là
gagna Salerne. C'est alors qu'il tint ce synode, cette « congrégation
(le Salerne » dont parle Aimé, et que nous ne connaissons que par
lui ; la conduite et les sentiments qu'Aimé prête au pape dans ce
synode, sont du reste bien en harmonie avec ce que nous savons par
ailleurs sur Léon IX.
De Salerne, Léon IX ne se rendit pas directement à Melfi, comme
Aimé le suppose, il passa par Déncvent, où les Annales Benepen-
tant signalent sa présence au mois d'avril, durant le carême de io5o;
CCS annales ajoutent que Pandulfe, prince ^c Bénévent, n'ayant pas
voulu, comme le demandaient les Bénéventins, soumettre sa princi-
pauté au Saint-Siégc, il fut expulsé avec ses soldats {Annales Bene-
ventani, ad an. io5o).
A Mclfi, où vint ensuite Léon IX, il essaya, comme le rapporte
Aime, de corriger par ses exhortations la brutalité et la rapacité des
Nt)rmantls; Wibert (Leonis IX vita, II, 6) et le moine anonyme^
édité p,ir Watterich, confirment sur ce point les données d'Aimé.
Je semis porté à croire qu'Aimé est dans le vrai lorsqu'il dit que de
Melfi, le p.tpe revint directement ù Rome, car nous savons que le
29 avril io5o, quinze jours après Pâques, il présidait un synode
diins cetto dernière ville (Anselmi Historia dedicationis 5. Re~
119
cornent Drogo estoit occis. Adont' retorna lo message
arrière, et lo dist a lo pape et a lo prince. Li pape plora
et plus plora Guaymere quant oïrent la novele de la mort
DrogOy quar rechut ferutes sans remède. Quar il a paour
migii). Comme Hermann de Reichenau dit qu*après ce synode
pascal, Léon IX fit un nouveau voyage dans l'Italie du Sud
{Chron,, ad an, io5o), on pourrait placer durant ce voyage, le
synode de Siponto, présidé par Léon IX, et dont parle Wibert,
/. c, et le pèlerinage du pape au Mont-Gargano, mentionné par les
{Annales Beneventani, ad an. io5o). >
Les dates fournies par Léo de' Marsi, par Aimé et par les An-
nales Beneventani, permettent de préciser les incidents du voyage
de Léon IX dans l'Italie du sud, en io5i. D'après Léo de' Marsi,
II, 8i, le pape arriva au Mont-Cassin le 28 juin, veille de la fête
de S. Pierre et de S. Paul, et resta trois jours au monastère; il
partit ensuite pour Bénévent et, ajoute le même chroniqueur, il
releva la ville de Bénévent de l'excommunication prononcée contre
elle par le pape Clément II. Les Annales de Bénévent, ad an,
io5i, tout à fait en harmonie avec Léo de' Marsi, rapportent que
le pape, venant du Mont-Cassin, fit, le 5 juillet, son entrée à
Bénévent et qu'il resta dans cette ville jusqu'au 8 août suivant ;
il partit alors pour Salerne. C'était à la demande des Bénéventins
que le pape venait dans leur ville; au commencement de io5i, ils
lui avaient envoyé à Rome une ambassade proposant la soumission
de la ville au Saint-Siège ; le pape, pour s'assurer de ces dispositions,
avait chargé deux prélats de se rendre à Bénévent, ils avaient
reçu le serment de fidélité des Bénéventins et, sur leur rapport
favorable, il s'était décidé à se rendre de sa personne à Bénévent,
devenue une possession du Saint-Siège. Nous voyons par Aimé
que Guaimar et Drogo firent visite au pape à Bénévent, et qu'ils
lui promirent de préserver la ville de toute attaque des Normands ;
mais avec la turbulence et l'indiscipline des Normands, la promesse
était plus fàci\e à faire qu'à tenir. Telle paraît être la chronologie
la plus plausible des voyages de Léon IX dans l'Italie du sàd en
1049, io3o, io5i; ces conclusions sont à peu près identiques à
celles de Ernest Steindorf dans les Jahrhûcher des deutschen
Reichs unter Heinrich JIJ, Leipzig, 1881, t. Il, p. 456 sq.
zzt Ir r:':r. zt Dtdc: 2:»- soi: pesdjcncc a lui. et voit que
es: nanrbtr^î^: £ Iz: dt boDor « de «race.
Cjj?. z::. En j? '?: dt î'Asnxption de sainte Marie
V:rf:r-e. 1= r:::zz p2?e chanta la messe et proia Dieu
r^rur 1» péchiez c-e Dr:**:^ avoi: fait: et raunorité apos-
::l:zuÊ ::» as:I: ie :; .12 ses recbicz. Et dîne la messe, lo
rc?r« retcma s Br^iven: n esta la un ton tems. Et Dieu,
2 ce qu'il mizsTfiS: de eue! amie et de quel béatitude
cs:o:i 1: sain: pêpe. iros'^a molt de miracles pour sa
sa.-r^:é e: tone tî* : .
Cu>. 2:. Un jor es:o:: li saint pape a mengier avec
au'j-es evesques e: homes rel^giouz, et comanda que lui
fusi aponé lo henap loquel avoit aponé del monastierde
Sa:n>Rcmi. El lo boieLlicr lui apporta cautement, et
par avanrure lu: cha: de la main, et fu rout lo henap en
mol: de pars. Li bouteillier prist les pièces de lo henap
c! le abscondî, et dist au cancelier ce que lui estoit avenu»
liquel cancelier se ciamoit Federic, et a lo evesque Ro>
ben o grani paour. Lo seignor atendoit lo vin, et li
botcilier tarda. Toutes voiez pour ceus qui menjoient là
:u dit a lo pape, et il en fu dolent^ quar il amoit cellui
henap de laingne plus que touz les henaps d'or et d^ar-
gent pour Tamor de lo saint ; et se iîst venir les pièces et
ordeneement les ordena comment avoient esté devant; et
plora et clama dévotement la miséricorde de Dieu, et la
mérite de saint Romie prie que li vaisscl qui estoit rout
(\) Drugo a tt-j cssassiné le 10 août io5i ; Aimé est donc bien
informé lor»qij*!l eau qut le i3 août suivant le pape célébra la
mcss'j pour k repos de l'ànic uu whcf normand; on 6*explique ausai
q>j'a cette nouvelle, Léon IX ait eu hâte de revenir de Saleme a
1^ ne vent pour prcscn'er cette dernière yiHc des attaques des Nor-
liiandb.
121
liquel tenoit en sa main fu garri. Et maintenant fii gari.
Et il conjura et pria a li fidel soe qui lo savoient non lo
deuissent dire a nulle personne tant come il fust vif. Une
foiz estoit malade un poi, et fu guari paV la saingnie; et
cornent ce soit cose que li sanç soit plus corruptible^ puiz
moult de jors fu trové autre pur comme lo premier jor qu'il
fu saingnié. Mes or est temps que nouz laissons a parler
de cest pape Lion et de ses bones opérations, et que nous
rctornons a Pystoire laquelle nous avions laissié devant
pour parler et dire de cest saint pape Lyon (i).
Cap. 22. Or dit ensi li conte, que puiz que lo conte se
fu parti de lo pape, il vint a un chastel loquel se clame
Mont-Alegre. Et vouloit la ester a sa delictattion ; il avoit
en costumance de aler a la feste soUempnel a Tofice et
aorner Teglize, et de jejuner et enviter li povre a mengier
et donner offerte a li povre. Et avint que fu la feste de
saint Laurens martyr. Et Drogo rechut cellui jor molt
sollempnelment a Tonor de missire saint Laurens martyr,
et furent appareilliez les chozes nécessaires pour li povre,
et furent invitez et appareilliés toutes les coses necces-
saires. Et la nuit se leva Drogo pour aler a la vigile, et a
ce que sa dévotion non fust révélée ne dite, ala tout soûl
a Teglize, et Taposterent ses anemis. Non se trove escript
qui furent ces anemis, mes cestui fu un compère sien,
liquel se clamoit Riso^ avec autres de ses compaingnons,
(i) Le premier de ces deux miracles, celui du vase restauré, a été
rapporté par le moine Anselme dans son histoire de la dédicace de
réglise de S. Rémi, à Reims (Watterich, t. I, p. iiS); Tabbé Di-
dier l'a également raconté dans ses Dialogues, 1. III. Aimé est seul
à parler du second miracle. Ce Frédéric, chancelier de Léon IX, est
Frédéric de Lorraine, frère de Gottfried, duc de Lorraine, marquis
de Toscane et mari de la comtesse Mathilde ; il devint plus tard
pape sous le nom d'Etienne IX.
125
Cap. 26. En celiui temps se tratoit la rumor de toute
Ytalie; etveez ci que li home seminoient malice, et orde-
noient a donner tristece a ceauz qui habîtoient en la
terre. Et veez ci la misère laquelle donne impedlment a
Talegresce de la santé, et la discorde lac]uel destruisoit la
paizy et la povreté guaste la ricchesce. La crudele mort
met fin a la vite. Car lo principe de Salerne par la potence
et sapience de loquel estoit governé, fu gaitié de ses pa«
rens; par quel signe Dieu lui mostra, et en lo capitule
après se déclarera.
Cap. 27. En celiui an que li parent et familiare de lo
prince pensoient de sa mort, a Salerne et en Jérusalem
moh de signez merveillouz avindrent. Un enfant fu nez
o .]'. oill, et cel oill non estoit la ou devoit estre, mes
estoit en mege lo front. La teste et la bouche de home
avoit, et li pié et la coe de buef. Et autresi nasqui un en-
fant qui avoit .ij. testes; et plus que Tespasce de une
hore lo flume pure fu fait sanc. Et apparut un autre
signe : la lampe qui estoit appareillé au soir o aiguë et
oiUe, a lo matin fu trovée plene de lacté, laquelle lampe
estoit en Teglize de saint-Benedit. Et toutes ces chozes
estoient signes de la mort de lo prince Guaymere, pour
laquel mort molt de signes apparurent.
Léon IX contre les Normands, et ce qu'il dit n'est nullement en
désaccord avec les renseignements qui nous sont fournis par ailleurs.
Ainsi, nous savons que le 20 mai io52, le pape se trouvait à San
Germano (MiGNE : Patr, lat,, t. 143, p. 690) dans ce même mois
de mai au Mont-Cassin {Chronica S, Benigni Divion., MG. SS. VII,
237); Léo de* Marsi, II, 82, rapporte que durant le voyage il est allé
à Capoue; le i*"* juillet il était à Bénévent (Migne, Patr, lot.,
t. 143, p. 693) et de Bénévent il a gagné Salerne; nous voyons
par Aimé que ses négociations avec Guaimar de Salerne ajrant
échoué, il est allé à Naples.
122
corne se trove en autre estoxrc. Mes puiz fu uillië
pièce a pièce, et tuit H sien compiingnon furent mort.
Et furent pris a Mont-Al^re de li Nomuint et de lo
frère de Drogo. Et lo matin, quant ses scrviciabE lo sorent
et lo trovcreni occis et taxllié, et li Nonnant quant il
virent lor seignor ensi en tralion occis, il s'asemUerent
et pristrent Drogo et le poncrent a son hostel grant plor
et o grant dolor, et puiz fu ensepeli et assoult de lo pape
si corne je vouz devant dit • i . Et une famé laquelle avoit
nom Noëmi, Noëmi vaut autant a dire come belle, puiz
que ses filz furent mort non voloit avoirnora Noêmi (2).
Ensi cestui mont pour lo nom de Drogo non se daraa
plus Mont-Alegre, triste 13\. Et s'asemblerent li Nor-
(i) GUILLAUME DE PouiLLE, 1. II, ▼. 78 sq., dit également que
Drogo a été assassiné à Monte-llaro :
« Alter (Drogo) ab indigenis, nimium qiua credulut illit.
Pontilari (pour Montilari) cssus.... »
De même, Lupus dans sa chronique, ad an, io5i : ■ Hoc anno
Drogo occisus est in monte Ilari a suo compatre Concilio ». Mala-
TERRA, I, i3, indique un autre endroit : « Castrum montis Oleî,
quoJ cornrpte ab incolis Montolium dicitur ». Guiixaumb dk Ju-
MiÈGES est d'accord avec Aimé pour dire que Drogo est mort le
10 août, fcte de S. Laurent, enfin les Annales de Béniveni et
RoMUALD DE Salerke rapportent que le meurtre fut commis au
mois J*août io5 1. On voit que ce n*est pas Aimé qui donne le nom
du meurtrier de Drogo, c'est le traducteur qui prend ce renseigne-
ment dans V Anonyme historia Sicula, c'est-A-dire dans Mala*
terra.
(a) Livre de Ruth, l, 20.
(3) Aimé se trompe; Di Meo a analysé, t. VII, p. 3 17, une charte
de 1118 qui prouve que le Monte^Ilaro portait toujours le même
nom. Aujourd'hui encore, on l'appelle Montellia; MO. SS., t. IX,
p. 355, note 84. — L'erreur d'Aimé provient sans doute de ce qu'il
connaissait la tradition qui faisait mourir Drogo à Montolium, qu'il
aura pris pour une corruption de Monte-Doglioso, ie tmont triste f et
il aura voulu harmoniser les deux traditions en disant qu'après la
123
mant puiz la mort de Drogo et Guaymere, et fu fait conte
Umfroi, frère de Drogo (i).
Cap. 2 3. Et Léo pape, puiz qu'il fu parti de Borîivent,
desirroit la confusion et la dispersion de li Normant, et
demanda Taide de lo empereor Federic (2), et del roy de
France (3), et del duc de Marcelle (4), et de toutes pars
requeroit aide. Et lor promet a donner absolution de lor
péchiez, et de doner lor grans doris, et qu'il délivrassent
la terre de la malice de li Normant. Et aucun pour ce
qu'il timoient la force de li Normant, et li autre pour
ammistié qu'il avoient, et aucun que il non estoicnt proie,
non estoit qui feist lo comandement de lo pape.
mort de Drogo, le Monte-Uaro avait été appelé Monte-Doglioso,
mais là encore il se trompe, car, comme le dit Malaterra, Monto-
lium vient de Mons-Olei.
(i) La Chronîcon brève Nortmannicum porte ad an, lobi : « Drogo
interficitur in Apulia et succedit Humphredus ». De même
Lupus, ad an. io5i : «Hoc anno Drago occisus est in Monte
Ilari a suo compatre Q>ncilio et frater ejus Umfreda factus est
comes ». On voit également dans Malaterra, I, i3, qu*aussitôt
après la mort de Drogo, Humfroy prit la direction des affaires;
aussi on ne s'explique pas pourquoi Guillaume de Fouille repré-
sente les Normands comme n'ayant pas de chef suprême lorsque,
après la mort de Drogon, survinrent de graves démêlés entre ces
mêmes Normands et Léon IX; il écrit, 1. II, v« 79 :
« Se gens rectore carentem
Gallica conqueritur. Papae tamen obvia venit. »
(2) 11 faut : de l'empereur Henri III (1046- 10 56).
(3) Le roi Henri I (io3 1-1060).
(4) Peut-être faut-il entendre par là ' non pas le duc mais le
vicomte de Marseille; c'était Guillaume III dit le jeune qui, pen-
dant le pontificat dé Léon IX, était revêtu de cette dignité. —
H. Bouche, Chrorographie et Histoire de Provence, t. 1, p. 870.
Aix, 1664, in-fol.
124
Cap. 24. Et li cancelier de Federic se donna guarde
solement de la malice de li Normant» et non de la ini-
quité de li autre qui habitoient en celle part, et dist : « Se
je avisse cent chevaliers etTeminat, je combatroîe contre
tuit li chevalier de Normendie (i) >. Et adont conirenta
Parme et as lances, et assemblèrent de Gaieté, de Valbine
et de la Marche (2); i sont ajoint homes de Mars! (5), et
de autre contés^ et comment mansuete peccoire sont man-
dés contre li fort lop, la vertu de liquel et la potence
coment nous cscrivons se manifeste.
Cap. 25. Li message de lo prince de Saleme vint a lo
pape et lui dist que lo prince de Saleme non se vouloit
consentir a la destruction de li Normant, car il avoit mis
grant temps a les assembler, et les avoit rachatez de molt
monoie, et les tenoit coment pretiouz trésor. Et manda a
dire a ceux qui venoient contre li Normant : « Vouz
trouvères ce que vouz alez querant; o triste! vous serez
viande de li devorator lion^ liquel quant vouz tocheront
o alcunc moziche vous saurez quel force et quel vertu il a
en eauz; alcz et provcz la folie de li Normant, et sentirez
que en vous sera comptée la parole que dist David lo
prophète : Un en persécutera mil, et dui en moveront
.X. mille (4). Et quant lo pueple oîrent ce, si furent
molt triste, et li chevalier remainrent sans cuer et com-
mencèrent a retorner. Et la compaingnie de li fortissime
et vaillant Normant sont assemblé : mes li pape fu leissié
de sa gent et s'entorna a Naple (5).
(1) Il s*agit de Frcdéric de Lorraine, le futur pape Etienne \X.
(2) Gaete, le pays de Balva, au nord de Sora et à Test de Rome,
et la Marche de Firmo à Test de l'Italie centrale.
(3) Le pays des Marses au nord du lac Fucino.
(4) Deutéronome, XXXII, 3o.
(5) Nous ne connaissons que par Aimé cette première tentative de
"5
Cap. 26. En cellui temps se tratoit la rumor de toute
Ytalie ; et veez ci que li home seminoîent malice, et orde-
noient a donner trîstece a ceauz qui habitoient en la
terre. Et veez ci la misère laquelle donne impediment a
Falegresce de la santé, et la discorde la(]uel destruisoit la
paiz, et la povreté guaste la ricchesce. La crudele mort
met fin a la vite. Car lo principe de Salerne par la potence
et sapience de loquel estoit governé, fu gaitié de ses pa«
rens; par quel signe Dieu lui mostra, et en lo capitule
après se déclarera.
Cap. 27. En cellui an que li parent et familiare de lo
prince pensoient de sa mort, a Salerne et en Jérusalem
moh de signez merveillouz avindrent. Un enfant fu nez
o .j. oill, et cel oill non estoit la ou devoit estre, mes
estoit en mege lo front. La teste et la bouche de home
avoit, et li pié et la coe de buef. Et autresi nasqui un en-
fant qui avoit .ij. testes; et plus que Tespasce de une
hore lo flume pure fu fait sanc. Et apparut un autre
signe : la lampe qui estoit appareillé au soir o aiguë et
oille, a lo matin fu trovée plene de lacté, laquelle lampe
estoit en Peglize de saint-Benedit. Et toutes ces chozes
estoient signes de la mort de lo prince Guaymere, pour
laquel mort molt de signes apparurent.
Léon IX contre les Normands, et ce quUl dit n'est nullement en
désaccord avec les renseignements qui nous sont fournis par ailleurs.
Ainsi, nous savons que le 20 mai io52, le pape se trouvait à San
Germano (MiONE : Patr, lat., t 143, p. 690) dans ce même mois
de mai au Mont-Cassin {Chronica 5. Benigni Divion,, MG. SS. VII,
237); Léo de* Marsi, II, 82, rapporte que durant le voyage il est allé
à Capoue; le i^^ juillet il était à Bénévent (Migne, Patr. lat.j
t. 143, p. 693) et de Bénévent il a gagné Salerne; nous voyons
par Aimé que ses négociations avec Guaimar de Salerne ayant
échoué, il est allé à Naples.
126
Cap. 28. Et cil de Amafe furent constraint par sacre-
ment et jurement pour lo mal intollerablequ^il cherçoient
a faire a li ministre de li principe, a ce que non soit plus
obedi a cestui prince Guaymere; quar cestui ministre
estoient autresi corne de Amalfe. Et damèrent li Salerni-
tain pour combatre par mer, et o grant vitupe et injure
vergoingnerent lo prince, et dont pooient lui iaisoient
damage par mer. Lo prince se appareilla de revengier
soi, et clama Tajutoire de li Normant. Mes porce qu^il
non recevoit les deniers de Amalfe non pooit complir sa
volentë. Puiz li sien assembla la grandesce de lo principe,
et virent que lui estoit faillie la fidélité de cil de Amalfei
et lui estoient failli li deniers, non lui furent tant fidel;
mes pour la ricchesce qui lor estoit promise del trere de
la moillier, ce est de Raynolfe conte de Averse, se accor-
dèrent a la mort de Guaymere (i). Mes pour ce que
Guaymere avoient molt fidel amis, avoient paour de
cest homicide; et vont commovant la volenté de li amis
et parent de Guaymere, et lor prometoit s*il venoit a la
dignité de estre prince, de faire lor molt bénéfice. Et en
ceste manière se trahirent arrière de la fidélité de Guay-
mere, et se acorderent a la mort de Guaymere. Et ceste
cose vint a Toreille de Guaymere; mes que se confidoit
en sa vertu et qu'il non se pooit humilier, comme servicial
les dcspriza et non s en cura. Et vint li jor, liquel estoit
(1) Raynolfe ou Raynulfe, comte d* A versa, était mort depuis plu-
sieurs années lorsque s'ourdissait cette conspiration contre Guainiar
(Cf. supra, p. 1 13» note i); Aimé dit lui-mâme que les cheiii de la
conjuration étaient les quatre frères de la femme de Guaimar; or
celui-ci avait épousé Gemma, tîlle de Landulfe, comte de Teano
(voyez un document de Guaimar du mois de mai loSa, analjrsé par
Di Meo, Vil, p. i53); il ne s*agit donc pas de Rainulfe d* A versa, mais
du fils Ju cûmtc Je Tcano.
127
lo tiers jor de juing; ce fu lo jor de plorer et plein de
amaritude! et li Amalfitain o vaissel armez vont par mer
après la ripe de Salerne et commencèrent la bataille. Et *
li chevalier de Salerne vont contre lo navie a la rippe; et
li principe commanda que li chevalier qui lo dévoient
occirre dépendissent la rippe; et ceuz virent Guaymere o
cellui qui lui portoient Tarme estoit sol entre eaux ; et
demanda li pourquoi avoient juré de occidere lo, et ceuz
lo negarent. Et lo prince manechia, li chevalier prioient
et prometent a lo principe de cercier lo en cellui jor et
crièrent : « Soit occis cil qui ci veut cecare ». Et li quatre
frères de la moillier, Landulfe plus jovene de touz pre-
merement estendi la main et lo feri de la lance; et puiz
tuit cil qui la estoient en celle ligue lo ferirent, et si qu^il
rechut trente et sez feruez; et alerent pour occirre lo frère
Guide, mes il eshca. Pandulfe fu occis^ et autres! fuoccis
. lo cambrier de lo prince ( i ) .
(i) Les Annales Beneventani, ad an. io52, disent que Guaimar
fut tué le a et non le 3 juin : « Guaymarius princeps a suis occisus
est a die intrantc mense Junio ». — Malaterra^ III, a, atteste la paN
ticipation des Amalfitains à ce crime : « Malfetani vero Gisulfiim
exosum habentes, timebant quippe ab eo puniri eo quod interfectores
patris ipsiuSy dum eos ad subjugandum sibi impugnaret, extiterant. »
Léo de' Marsi, II, 8a, première rédaction, accuse également les
Amalfitains : « Guaimarius conjuratione Amalphitanorum quos
niroif indique tractabat, nec non et Salernitanorum quorumdam
juxta ora maris occisus est ». Enfin Guillaume de Fouille, 1. II, v. 76,
dit que les parents de Guaimar ont participé à sa mort :
« A civibus alter
Et consanguineis occisus fraude Salerni »
De même l'archevêque Âlfane (Migne, Pair, lat., t. 147, p. ia57) :
« Sed postquam patrise pater et tuus ante suorum
Ora propinquorum confoditur gladiis. »
C*». 2>. Fr mairijer-in: nren: prince FaxkialK. Hqœl
eiV'V.: :o 3r*T.:er nez de tcz de cooz les fineres. ec lai rart-
r-sTi" ndeliti. e: enTerea: ea U dœ. et requiscrent ccrax
:^à:î v/.en: rendiirli heri'aze a li 6Lz deceaoz a eu; Goaj-
rr«<*re I avoir tûlu: et furear retidat lî herediiage, et lo
puepU :l2 apaiez et ialliren: a U roche de b cité, laquelle
non ie pet tenir, quar non avoienc fomement de TkniaUe.
ht priârrent la suer de Guavmere et la xnoillier de \o
ner/eu o roat lor ti!z. et les cindrenr en prison laidement
et non honeste prison, et mistrent autres goardes en la
roche.
Cap. 3o. Et quant Guide fu par la miséricorde de
délivré de cest péril, il s*en ala a li Normant, liqud
cstoient assemblez pour ce qu'il atendoient a combatte
contre 11 chc^'alier de lo pape i;. Et plorant et doierouz
ne jetta a terre devant li Normant. et en plorant raconte
ce qui lui estoit avenut, etdist : « Je mevienga lamenter
a vouz et dire de la mon de mon frère Guaymere, non
Vilement mort, mes crudele occision. Et avieîngne que
mon frerc fust digne d'estre occis, toutes voiez non devoit
cstrc <x:cis de cil qui lui estoient parent, et par divers béné-
fices qu'il lor donna estoient par lui riches. Et maintenant
est temps que se mostrc lo trésor liquel avoit assemblé lo
prince et la ricchcscc qu'il avoit assemblé et aquestée.
Vou/ estiez lo sien trésor, vous estiez la soe richesce pour
VamoT de vostre fortesce, et il estoit croissut en honor en
la incorruptible prospérité de vostre bonté; estoit sur tuit
li prince on dignité. Or aprendent H rey par vostre
exemple dcsovcnir a li estrangier, et sachent tuit li seignor
que vous amcz vostre seignor après sa mort. Adont vouz
ii) Aime a parlé plus haut, chap. 24 et suivants des prépara-
lifH militaires de L^éon IX contre les Normands.
129
appareilliez, et faitez ceste venjance de ceste grant mau-
vaistié ! Et sentent cil mauvez occidental que doivent
recevoir por si grande tralson. Je sai bien autresi que mi
frère sont mort, je non les puiz resusciter, mes securrons
li filz qu^il non périssent en la prison ! »
Cap. 3 1 , Quant li Normant entendirent la parole de
Guide, il furent molt dolent, et li prièrent qu'il se live
de terre. Et non plorent li Normant manco de lui, et
laissent toute choze et vont pour faire venjance de li
prince, Et a la sexte yde de juing (i) sont li Normant
entor li mur de Salerne, et o Paide de ceuz qui avoient
porté foy a li prince a lo secont jor fu prise. La porte fu
aperte a Guide, et li malvaiz traitor fouirent pour reco-
vrer la roche. Mes par famé seront veinchut, et li filz et
lor moilliers de li traitor furent pris et lor trésor fii donné
a ceuz de la cité de Salerne.
Cap. 32. Guide laissa li filz de li nepote et la moillier,
et toz quant il furent, fors tant solement lo filz de lo frère
sien, liquel se clamoit Gisolfe, desidera que fust prince,
et pour cestui li soit rendu de li traditor qui estoient en
la tor de la rocche, donna li fill et li moillier de li traitor.
Et coment ce fust chose que li Normant vollissent faire
prince de cestui Guide, et dist Guide : « Dieu m'en gart
que je soustieingne que mon neveu perde Ponor de son
père. » Et quant il ot dite ceste parole, il prist li jovene et
lo mist en un lieu haut; et ploiant li bras fu fait son che-
valier, et Guide li jura sacrement de fidélité. Et quant li
Normant virent tant de bonté et de loialté en Guide,
furent autresi fait chevalier de Gisolfe, et se firent investir
de la main de lo prince Gisolfe de celle terre qu'il
tenoient.
(i) 8 juin io52.
I50
Cap. 3?. Homes pour faire pais entre li Guide et li
traitor montoieni et descendoient de la roche. Jura Guide
et autres', rïst Gilsolte. non remeist saint par loquel non
aient juré : jurèrent li juge et li autre gentilhome de lais-
sier en aler salve li homicide sans nulle cose; descende li
chevalier sain et salve arme et s'en voise sauf et secur la il
lui plaira.
C\p. 34. Et a lui tidel Normant non plot celle paiz ne
celle concorde, étalèrent contre li malvaiz traitor et homi-
cide, et o Taide de cil de la cité taillèrent tuit li traitor et
tout les occistrcnt et misirent en une sépulture. Mal fu
ordene Laindulfe pour cstrc prince o troiz frères siens,
quar .xxxvj. en furent occis en une hore liquel avoient
esté a la mort de Guaymere. Et pour la mor de Guaymere
remaînreni tidel tant de Guide quant de Gisolfe, et les
haucerent en prospérité a lor honor. Et porceque Unfroy
avoit pour moillier la suer del duc de Sorrente, proia li
conte que lo duc fust laissié et recovra la dignité soe.
Cap. 35. Sagement se portoit Guide et il sol faisoit celle
cose laquelle faisoit lo prince Guaymere et tuit li frère.
Malement traitoit lo aornement pour marier la fille soe,
quar non laissa en disposite ou en arche aucun aornement.
La moillier et fille toutes despoilla, ce que il pooit leva et
donnoit a li Normant pour conserver Tonorde son neveu.
Mes quelle en ot ccstui oncle de tant come fist pour lo
neveu, encore se dira sa en avant en lo ystoire (1).
(i) Léo d-.'* M^rsi, 11, Sa, i** réJac, résume ainsi ces incidents :
« Sed post quintum diem (après la mort de Guaimar) Normannis
auxillantibus, a GuiJone fratrc ipsius principis eadem recepta cîti-
tas (Salerni) et Gisulfo tilio ejus reddita est, trucidatis auctoribus
tanti t'acinuris, quattuor scilicct cognatis ojusdcm Guaimarii et tri-
ginta scx r.liis. » Contrairement a Aimé et à Lco de* Manî, le
131
Cap. 36. Avant la mort de Guaymere, un jovene, atte
a chevalerie et aorné de vertu, estoit venut a Robert frère
carnel de Ricchart conte, dontcestui non estoit lo Viscart
de loquel est dit. Et a cestui Guaymere avoit donné pour
moillier la fille de Drogo conte (i ).
Cap. 37. Et quant lo pape vit que lo prince Guaymere
estoit mon, loquel estoit en Payde de li Normant, se
appareilla de destruire li Normant; il asembla plus de
gent qu'il n'avoit avant, et avoit o lui .ccc. Todesque et
comensa a venir contre li Normant (2).
Catalogus principum Salerni porte que Gisulfe ne succéda pas
immédiatement à son père mais que Gui, frère de Guaimar fut,
pendant deux mois, prince de Salerne. « Wido, alter Weimarii frater,
per menses 2, et ipse erat thius Gesulfi prindpis. » MG. SS., III,
p. 211. Comme il n'existe pas de charte des princes de Salerne pen-
dant les deux mois qui suivirent la mort de Guaimar {Codex diplo»
maticus Cavensis, t. VII, Index chronol. membrc^arum, p. xxii), il
n'est pas possible de dire si Terfeur est du côté d'Aimé et de Léo
de' Marsi ou du côté du Catalogus principum Salerni^ mais il est
probable que ce dernier document fait simplement allusion à la part
importante que Gui prit aux affaires du gouvernement lorsque, grâce
à ses efforts, son neveu Gisulfe recouvra Théritage de son père. Gui
aura été quelque temps régent de la principauté pour le compte de
Gisulfe ; c'est du reste ce qu'Aimé insinue dans l'appréciation qu'il
&it du rôle de Gui, après la mort de Guaimar.
(1) Gattola {Accessiones ad hist. Cassinensem, t. I, p. a 18) repro-
duit une charte par laquelle une fille de Drogo nommée Rocca,
parle de son mari Ubbert.
(2) Léo de' Marsi, II, 81, dit que le pape avait avec lui dans cette
campagne non pas 3 00 mais environ 5oo Allemands : « de propin-
quis tantum et amicis Apostolici quingentis circiter illum in partes
bas comitantibus, » Guillaume de Fouille, II, v. i5i sqq., dit 700 :
u Guarnerius Teutonicorum
Albertus que duces non adduxere Suevos,
Plus septingentos. »
Les Annales Romani et Hermann de Reichenau se contentent de
parler d'un grand nombre d'Allemands.
1Î2
Cap. 38. Puiz que fu seu par publica famé que li pape
venoit, molt en estoient alegre. Mes Jehan, evesque de
Salerne, non avoit petit de tribulation pour la vision qui
lui apparut; quar stant afflit par dolor de santé laquelle
avoit acostunié d'avoir, se fist porter la ou gîst lo cors de
saint Mathic apostole et lui dist ce qui estoit a entrevenir, et
entre celle dolor s'cndormi. A loqualle s^apparut saint
Mathie apostole, et lui dist ce qui devoit avenir. Et lui
dist : c Je te promet que tu es guari de ton infermeté. Mes
je te prophctizc que la mort non est trop long. Li pape
vient avec vilz chavaliers pour chacier, mes li sien seront
destruit, et espars, et en prison, et mort. Et puiz ceste
cose rctorncra à Rome et sera mort. Et puiz la venue soc
pcti vivra : quar c'est ordenc devant la présence de Dieu,
quar quicunqucs sera contre li Normant pour les chacier
ou tost morira, ou grant affliction aura. Quar ceste terre
de Dieu est donnée a li Normant, quar la perversité de
ceus qui la tcnoient et pour la parenteze qu^il avoient faite
avec eaux, la juste volenté de Dieu a convertut la terre a
eaux ; quar la loy de Dieu et la loy de li impeor com-
mande lo till succède a lo héritage de lo père. » Et puiz
lo evesque se resvcilla tôt sain et salve ; etensi comme lui
lu dit en avision, cnsi fu fait ( i ).
Cai>. 3o. Lo pape fu acompaingnic de ceste chevalerie,
cl avant qu'il vcnist a La Cité assembla li gentilhome et
list gofanonier de La Cité et de la bataille Robert loquei
se clamoit de Octomarset. Et puiz vindrent a La Cité,
c*esi a un chastel qui se clame La Cité. Quar la lui
vinJîcnî encontre li Normant comment se trove en autre
(i) Sur ce Jean, archevêque de Salcrnc et prédécesseur d*AIfiuke,
voyez : « Mcmorie délia Chiesa Salernitana di G. Pabsano, t. I,
Napoli, in-8o, 184G, p. loô sqq.
133
ystoire ( i). Et lo pape et li chevalier avoient espérance de
veinchre pour la multitude de lo pueple. Et li Normant
puiz qu^il vindrent mandèrent message a lo pape et cer-
choient paiz et concorde, et prometoient chascun an de
donner incense et tribut a la sainte eclize, et celles terres
qu'il ont veincues par armes volaient revoir les par la
main de lo vicaire de Teglize. Et mostrerent lo confanon
coment il furent revestut de la terre par la main de lo
impeor, et coment lor estoit confermée. Lo pape non
parla, ainz parla lo câncelier et les manesa de mort, et lor
propona qu'il doientfugir; et Tun et Tautre est molt
moleste a li Normant ; et encoire o ces messages parla par
manacha, et lor fist vergoingne. Li légat de li Normant
s'en retornerent et reponerent lor message, loquel molt
lor desplaist (2).
Cap. 40. La neccessité de la famé moleste li Normant,
et par lo exemple de li apostole prenoient li espic de lo
grain et frotoient o la main, et ensi menjoientlo grain, et
afflit pour la famé requerent que ceste brigue se départe
ou combatent. Et li pape avec li evesque sallirent sur lo
mur de La Cité, et regarda a la multitude de ses cavaliers
(i) C*est en effet à Civitatc, sur les bords du Fortore, et dans la
Capitanate qu'eut lieu, le 18 juin io53, la bataille entre les Normands
et les troupes de Léon IX; Léo de*Marsi, II, 84 : « Inito autem cer-
tamine in planitie maxima qus juxta Civitatem est »; Malaterra^
I. 14; « Âpostolicus fuga vitsea sylum expetens, intraurbem provincise
Capitanatffi quœ Cimitata (Civitata) dicitur, se se profugus recepit. »
De même la Vita Leonis IX ab anonymo (Watterich, t. I, p. lUc).
(2) Guillaume de Fouille, II, v. 85 sqq. dit également que les
Normands firent, avant la bataille, une démarche de conciliation au-
près du pape, mais sans succès ; d*après TAnonyme de BéNévENT, ce
furent les ambassadeurs du pape qui allèrent dans le camp normand,
mais le résultat fut le même, Watterich, t. I, p. me
134
pour les absolvere de lor péchiez, et pardonna la penancc
que pour lor pechié dévoient faire. Et lor fait la croiz et lo
commanda de boche qu'il aient combatre (i). Raynolfeet
Raynier furent eslit principe de ceste part, liquel levèrent
en haut li gofanon, et vont devant o molt grant multi-
tude de gent, mes petit de Toudeschi solement les secuta.
Et li Normantfont trotzcompaîngniez desquelles une en
esi régie et governée par la main del conte Unfroy, et
lautre par lo conie Ricchan, et a la tierce par Robert
Viscart. Et li Thodeschi se mctent Tescu en bras et
crollent Tespée; et li Normant et hardi cornent lyon
prenent la haste. Et lo conte Richart despart li Todcschi
ei passe parmi eaux ; et de Tautre part fiert lo-conte Unfiroy
et de Tautre entre Robert Viscart ; et li Thodeschi se rc-
guardent derrière pour veoir lor compaingnie ; mes nul
Longobart venoit après eauz, quar tuit s^enestoient foui.
Cestui Todeschî qui iluec se troverent furent tuit mort,
nul non eschappa se non aucun a qui li Normant vou-
loient pour pitié pardoner ; et secuterent ceus qui fuyoient,
et les prenoient et occioient. La masserie de lo pape et de
tout li soi, et li trésor de la chapelle soe lui fu levé de
ceus de La Cité (2).
(i) Guillaume de Fouille, 11, 11 5 sqq.
« Tcmpus erat triticeis confine metcnJis
Fnigibus, at viridcs nondum legcrc maniplos
Agricolx, quos Francigenx, quia pane carcbant,
Igni torrcbant et vess:cbantur adustis. »
L'Anonyme de Benévent Jit aussi que le pape s*cst retire à Gvîtate
pen înnt la bataille — Watthrich, t. I, p. iiir ; Mai.aterra, I, 14 et
Gt'ill^ime de PoiriLLK, H, V. 2 58, suppost^nt, au contraire, que le
pape serait reste sur le champ de bataille jusqu^à la défaîte de tes
troupes. WiBERT, 11, 11, confirme la donnée d'Aimé.
(2) L'expose, assez laconique du reste, qu'Aimé fait de U bataille
I3S
Cap. 41. Et quant ce fu fait li Normant s^en alerent a
lor terre ; li pape avoit paour et li clerc trembloient. Et li
Normant vinceor lui donnèrent sperance, et proierent que
securement venist lopape, liquel mèneront o tout sagent
jusque a Bonivenc, et lui aministroient continuelment
pain et vin et toute choze neccessaire, et pour ce que
Rodolfe estoit o coultel fist archevesque de la cité Boo-
garie(i).
Cap. 42. Et o la favor de li Normant torna a Rome a
li .X. mois (2) puiz que avoit esté la bataille. A li .xiij.
kalende de mai, c'est d'apvril a li .xviiij. jor, fu mort et
fist molt miracle (3). Et lo archevesque de Salerne loquel
I
de Civitate est, pour le fond, en harmonie avec ce que nou$ savons
par ailleurs; Guillaume de Pouille, G. Malaterra, TÂnonyme de
Bénévent ont donné plus de détails que n*en fournit Aimé, mais sans
contredire ses assertions sur la marche et Tissue de la bataille ; ce
fait historique est en définitive un des mieux connus du xic siècle.
Au sujet de la conduite des habitants de Civitate à l'égard du pape,
Guillaume de Pouille, 11, v. iSg sqq. écrit de son côté :
« Sed cives papam non excepere decenter
Normannis veriti grave ne victoribus esset. »
(i) Léon IX fit son entrée à Bénévent cinq jours après la bataille
de Gvitate^ le 23 juin io53, et restadanscette ville jusqu'au 12 mars
de Tannée suivante. On s*est demandé si le pape avait été à Bénévent
prisonnier des Normands ou s'il était .de son plein gré et en toute
liberté resté dans cette ville. Il semblerait, d'après le texte d'Aimé,
que le pape, nourri par les Normands, ait été à Bénévent dans une
certaine mesure sous leur dépendance ; Hirsch, l. c. p. 288, exagère
cependant lorsqu'il interprète ces paroles « o la favor de li Normant
torna à Rome » en disant que le pape demanda aux Normands la per-
mission de revenir à Rome, le sens est plutôt « avec le concours des
Normands. »
(2) C'est vers le 3 avril 1054 qu'il est rentré à Rome, « instanti
paschali tempore. » Hbrim. Augibnsis, CAron. ad an. 1054.
(3) La date est exacte, Léon IX est mort le 19 avril 1054.
126
Cap. 28. Et cil de Amafe furent constraint par sacre-
ment et jurement pour lo mal intollerablequ^il cherçoient
a faire a li ministre de li principe, a ce que non soit plus
obedi a cestui prince Guaymere; quar cestui ministre
estoient autresi come de Amalfe. Et clamèrent li Salerni-
tain pour combatre par mer, et o grant vitupe et injure
vergoingnerent lo prince, et dont pooient lui faisoient
damage par mer. Lo prince se appareilla de revengier
soi, et clama 1 ajutoire de li Normant. Mes porte qu'il
non recevoit les deniers de Amalfe non pooit complir sa
volenté. Puiz li sien assembla la grandesce de lo principe,
et virent que lui estoit faillie la fidélité de cil de Amalfe,
et lui estoient failli li deniers, non lui furent tant fidel ;
mes pour la ricchesce qui lor estoit promise del irere de
la moillier, ce est de Raynolfe conte de Averse, se accor*
derent a la mort de Guaymere (i). Mes pour ce que
Guaymere avoient molt fidel amis, avoient paour de
cest homicide; et vont commovant la volenté de li amis
et parent de Guaymere, et lor prometoit s'il venoit a la
dignité de estre prince, de faire lor molt bénéfice. Et en
ceste manière se trahirent arrière de la fidélité de Guay-
mere, et se acorderent a la mort de Guaymere. Et ceste
cose vint a Toreille de Guaymere; mes que se confidoit
en sa vertu et qu'il non se pooit humilier, comme servicial
les despriza et non s*en cura. Et vint li jor, liquel estoit
(1) Raynolfe ou Raynulfe, comte d'Averea, était mort depuis plu-
sieurs années lorsque s*ourdissait cette conspiration contre Guaimar
(Cf. supra, p. 1 13, note i); Aimé dit lui-même que les chels de la
conjuration étaient les quatre frères de la femme de Guaimtr ; or
celui-ci avait épousé Gemma, fille de Landulfe, comte de Tewio
(voyez un document de Guaimar du mois de mai loSa, analysé par
Di Meo, VII, p. 1 53) ; il ne s*agit donc pas de Rainulfe d*Avena, mais
du fils du comte de Tcano.
127
lo tiers jor de juing; ce fu lo jor de plorer et plein de
amaritude! et li Amalfitain o vaissel armez vont par mer
après la ripe de Salerne et commencèrent la bataille. Et *
li chevalier de Salerne vont contre lo navie a la rippe; et
li principe commanda que li chevalier qui lo dévoient
occirre defTendissent la rippe; et ceuz virent Guaymere o
cellui qui lui portoient Tarme estoit sol entre eaux ; et
demanda li pourquoi avoient juré de occidere lo, et ceuz
lo negarent. Et lo prince manechia, li chevalier prioient
et prometent a lo principe de cercler lo en cellui jor et
crièrent : « Soit occis cil qui ci veut cecare ». Et li quatre
frères de la moillier, Landulfe plus jovene de touz pre-
merement estendi la main et lo feri de la lance; et puiz
tuit cil qui la estoient en celle ligue lo ferirent, et si qu^il
rechut trente et sez feruez; et alerent pour occirre lo frère
Guide, mes il eshca. Pandulfe fu occis^ et autresi fuoccis
lo cambrier de lo prince ( i ).
(i) Les Annales Beneventani, ad an. io52, disent que Guaimar
fut tué le a et non le 3 juin : « Guaymarius princeps a suis occisus
est a die intrantc mense Junio ». — Malaterra, III, 2, atteste la par-
ticipation des Amalfîtains à ce crime : « Malfetani vero Gisulfum
exosum habentes, timebant quippe ab eo puniri eo quod interfectores
patris ipsius, dum eos ad subjugandum sibi impugnaret, extiterant. »
Léo de' Marsi, II, 82, première rédaction, accuse également les
Amalfitains : « Guaimarius conjuratione Amalphitanorum quos
nîmi^ indique tractabat, nec non et Salernitanorum quorumdam
juxta ora maris occisus est ». Enfin Guillaume de Fouille, 1. II, v. 76,
dit que les parents de Guaimar ont participé à sa mort :
« A civibus alter
Et consanguineis occisus fraude Salerni »
De même l'archevêque Alfane (Migne, Patr. lat., t. 147, p. 1257) :
<c Sed postquam patris pater et tuus ante suorum
Ora propinquorum confoditur gladiîs. »
128
Cap. 29. Et maintenant firent prince Pandulfe, iique!
estoit lo premier nez de toz de touz les frères, et lui jure*
rent fidélité, et entrèrent en la cité, et requistrent ceaux
que soient rendutli héritage a li filz deceauz a cui Guay-
mere Tavoit tolut ; et furent rendut li hereditage, et lo
pueple fu apaiez, et sallirent a la roche de la cité, laquelle
non se pot tenir, quar non avoient fornement de viaualle.
Et pristrcnt la suer de Guaymere et la moillier de lo
neveu o tout lor filz, et les tindrent en prison laidement
et non honeste prison, et mistrent autres guardes en la
roche.
Cap. 3o. Et quant Guide fu par la miséricorde de Dieu
délivré de cest péril, il s'en ala a li Normant, liquel
cstoient assemblez pour ce qu^il atendoient a combatre
contre li chevalier de lo pape (i). Et plorant et dolerouz
se jetta a terre devant li Normant, et en plorant raconte
ce qui lui estoit avenut, etdist : « Je me vieng a lamenter
a vouz et dire de la mort de mon frère Guaymere, non
solemcnt mort, mes crudele occision. Et avieingne que
mon frère fust digne d'estre occis, toutes voiez non devoit
cstre occis de cil qui lui estoient parent, et par divers béné-
fices qu'il lor donna estoient par lui riches. Et maintenant
est temps que se mostre lo trésor liquel avoit assemblé lo
prince et la ricchescc qu'il avoit assemblé et aquestée.
Vouz estiez lo sien trésor, vous estiez la soe ricbesce pour
Tamor de vostre fortesce, et il estoit croissut en honor en
la incorruptible prospérité de vostre bonté ; estoit sur tuit
li prince en dignité. Or aprendent li rey par vostre
exemple desovcnir a li estrangier, et sachent tuit liseignor
que vous amez vostre seignor après sa mort. Adont vouz
(1) Aime a parlé plus haut, chap. 24 et suivants des prépara-
tifs militaires de Léon IX contre les Normands.
129
appareilliez, et faitez ceste venjance de ceste grant mau-
vaistié! Et sentent cil mauvez occidental que doivent
recevoir por si grande traïson. Je sai bien autres! que mi
frère sont mort, je non les puiz resusciter, mes securrons
li filz qu^il non périssent en la prison ! >
Cap. 3 1, Quant li Normant entendirent la parole de
Guide, il furent molt dolent, et li prièrent qu^il se live
de terre. Et non plorent 11 Normant manco de lui, et
laissent toute choze et vont pour faire venjance de li
prince, Et a la sexte yde de juing (i) sont li Normant
entor li mur de Salerne, et o Paide de ceuz qui avoient
porté foy a li prince a lo secont jor fu prise. La porte fu
aperte a Guide, et li malvaiz traitor fouirent pour reco-
vrerla roche. Mes par famé seront veinchut, et li filz et
lor moilliers de li traitor furent pris et lor trésor fu donné
a ceuz de la cité de Saleme.
Cap. 32. Guide laissa li filz de li nepote et la moillier,
et toz quant il furent, fors tant solement lo filz de lo frère
sien, liquel se clamoit Gisolfe, desidera que fust prince,
et pour cestui li soit rendu de li traditor qui estoient en
la tor de la rocche, donna li fill et li moillier de li traitor.
Et coment ce fust chose que li Normant vollissent faire
prince de cestui Guide, et dist Guide : « Dieu m'en gart
que je soustieingne que mon neveu perde Tonor de son
père. » Et quant il ot dite ceste parole, il prist li jovene et
lo mist en un lieu haut; et ploiant li bras fii fait son che-
valier, et Guide li jura sacrement de fidélité. Et quant li
Normant virent tant de bonté et de loialté en Guide,
furent autresi fait chevalier de Gisolfe, et se firent investir
de la main de lo prince Gisolfe de celle terre qu^il
tenoient.
(i) 8 juin io52.
Cap. 33. Homes pour faire pais entre li Guide et li
traitor montoient et descendoient de la roche. Jura Guide
et autres! Hst Gilsolfe, non remeist saint par loquet non
aient juré ; jurèrent li juge et li autre gentilbome de lii»-
sicr en aler salve li homicide sans nulle cose; descende li
chevalier sain et salve arme et s'^en voise sauf et secur la il
lui plaira.
Cap. 34. Et a lui fidel Normant non plot celle paiz ne
celle concorde, étalèrent contre li malvaiz traitor et homi*
cide, et o Taidc de cil de la cité taillèrent tuit li traitor et
tout les occistrent et mistrent en une sépulture. Mal fu
ordene Laindulfe pour cstre prince o troiz frères siens,
quar .xxxvj. en furent occis en une hore liquel avoient
esté a la mort de Guaymere. Et pour la mor de Guaymere
remainrent fidel tant de Guide quant de Gisolfe, et les
haucerent en prospérité a lor honor. Et porceque Unfroy
avoit pour moillierla suer del duc de Sorrente, proiali
conte que lo duc fust laissié et recovra la dignité soe.
Cap. 35. Sagement se portoit Guide et il sol faisoit celle
cose laquelle faisoit lo prince Guaymere et tuit li frère.
Malement iraitoit lo aornement pour marier la fille soe,
quar non laissa en disposite ou en arche aucun aornement.
La moillier et fille toutes despoilla, ce que il pooit leva et
donnoit a li Normant pour conserver Tonorde son neveu.
Mes quelle en ot cestui oncle de tant corne fist pour lo
neveu, encore se dira sa en avant en lo ystoire (i).
(i) Lcu d-j* Mirsi, II, 8a, i^^ réJac, résume ainsi ces incidents :
« Scd post quintum dicm (aprcs la mort de Guaimar) Normannis
auxiltantibus, :i (itii.ione fr.itrc ipsius principis eadem recepta civi-
tas (Salcrni) et (iisulfo tîlio ejus rcddita est, trucidatis auctoribns
tanti tacinoris, quattuur scilicct cognatis cjusdem Guaimarii et tri-
giiua sox :;Iiis. » Contrairement à Aimé et à Lco de* Marsi, le
131
Cap. 36. Avant la mort de Guaymere, un jovene, atte
a chevalerie et aorné de vertu, estoit venut a Robert frère
carnel de Ricchart conte, dontcestui non estoit lo Viscart
de loquel est dit. Et a cestui Guaymere avoit donné f>our
moillierla fille de Drogo conte (i).
Cap. 37. Et quant lo pape vit que lo prince Guaymere
estoit mort, loquel estoit en Payde de ii Normant, se
appareilla de destruire li Normant; il asembla plus de
gent qu'il n'avoit avant, et avoit o lui .ccc. Todesque et
comensa a venir contre li Normant (2).
Catalogus principum Salerni porte que Gisulfe ne succéda pas
immédiatement à son père mais que Gui, frère de Guaimar fut,
pendant deux mois, prince de Salerne. « Wido» alter Weimarii frater,
per menses 2, et ipse erat thius Gesulfî prindpis. » MG. SS., III,
p. 211. Comme il n'existe pas de charte des princes de Salerne pen-
dant les deux mois qui suivirent la mort de Guaimar (Codex diplO'
maticus Cavensis, t. VII, Index chronoL memhrqnarum, p. xxii), il
n*est pas possible de dire si Terreur est du côté d*Aimé et de Lco
de* Marsi ou du côté du Catalogus principum Salerni^ mais il est
probable que ce dernier document fait simplement allusion à la part
importante que Gui prit aux affaires du gouvernement lorsque, grâce
à ses efforts, son neveu Gisulfe recouvra l'héritage de son p>ère. Gui
aura été quelque temps régent de la principauté pour le compte de
Gisulfe ; c'est du reste ce qu'Aimé insinue dans l'appréciation qu'il
fait du rôle de Gui, après la mort de Guaimar.
(i) Gattola [Accessiones ad hist, Cassinensem^ t. I, p. 218) repro-
duit une charte par laquelle une fille de Drogo nommée Rocca,
parle de son mari Ubbert.
(2) Léo de* Marsi, II, 81^ dit que le pape avait avec lui dans cette
campagne non pas 3oo mais environ 5oo Allemands : « de propin-
quis tantum et amicis Apostolici quingentis circiter illum in partes
bas comitantibus, » Guillaume de Fouille, II, v. i5i sqq., dit 700 :
« Guarnerius Teutonicorum
Albertus que duces non adduxere Suevos,
Plus septingentos. »
Les Annales Romani et Hermann de Reichenau se contentent de
parler d'un grand nombre d'Allemands.
132
Cap. 38. Puiz que fu seu par publica famé que li pape
venoit, molt en estoient alegre. Mes Jehan, evesque de
Salerne^ non avoit petit de tribulation pour la vision qui
lui apparut; quar stant afflît par dolor de santé laquelle
avoit acostumé d'avoir, se fist porter la ou gist lo cors de
saint Mathie apostole et lui dist ce qui estoit a entrevenir, et
entre celje dolor s^endormi. A loqualle s^apparut saint
Mathie apostole, et lui dist ce qui devoit avenir. Et lui
dist : « Je te promet que tu es guari de ton infermeté. Mes
je te prophetize que la mort non est trop long. Li pape
vient avec vilz chavaliers pour chacier, mes li sien seront
destruit, et espars, et en prison, et mort. Et puiz ceste
cose rctornera à Rome et sera mort. Et puiz la venue soe
peti vivra : quar c'est ordené devant la présence de Dieu,
quar quîcunqucs sera contre li Normant pour leschacier
ou tost morira, ou grant affliction aura. Quar ceste terre
de Dieu est donnée a li Normant, quar la perversité de
ceus qui la tenoientet pour la parenteze qu^il avoient faite
avec eaux, la juste volenté de Dieu a convertut la terre a
eaux ; quar la loy de Dieu et la loy de li impeor com-
mande lo fill succède a lo héritage de lo père. » Et puiz
lo evesque se resvcilla tôt sain et salve ; etensi comme lui
fu dit en avision, cnsi fu fait ( 1 1.
Cap. Sq. Lo pape fu acompaingnié de ceste chevalerie,
ei avant qu'il vcnist a La Cité assembla li gentilhome et
iist gof:inonier de La Cité et de la bataille Robert lequel
se clamoit de Octomarset. Et puiz vindrent a La Cité,
c*cst a un chastel qui se clame La Cité. Quar la lui
vindrent encontre li Normant comment se trove en autre
(i) Sur ce Jean, archevêque de Salerne et prédécesteur d'Alfiue,
voyez : « Memoric délia Chiesa Salernitana di G. Pabsano , t. 1,
Napoli, in-80, 184Û, p. 106 sqq.
133
ysioire ( i). Et lo pape et li chevalier avoieni espérance de
veinchre pour la multitude de lo pueple. Et li Normant
puiz qu^il vindrent mandèrent message a lo pape et cer-
choient paiz et concorde, et prometoient chascun an de
donner incense et tribut a la sainte eclize, et celles terres
qu'il ont veincues par armes volaient revoir les par la
main de lo vicaire de Teglize. Et mostrerent lo confanon
coment il furent revestut de la terre par la main de lo
impeor, et coment lor estoit confermée. Lo pape non
parla, ainz parla lo câncelier et les manesa de mort, et lor
propona qu'il doientfugir; et Tun et l'autre est molt
moleste a li Normant ; et encoire o ces messages parla par
manacha, et lor fist vergoingne. Li légat de li Normant
s'en retornerent et reportèrent lor message, loquel molt
lor desplaist (2).
Cap. 40. La neccessité de la famé moleste li Normant,
et par lo exemple de li apostole prcnoient li espic de lo
grain et frotoient o la main, et cnsi menjoientlo grain, et
afflit pour la famé requerent que ceste brigue se départe
ou combatent. Et li pape avec li evesque sallirent sur lo
mur de La Cité, et regarda a la multitude de ses cavaliers
(i) C'est en effet à Civitate, sur les bords du Fortore, et dans la
Capitanate qu*eut lieu, le 18 juin io53, la bataille entre les Normands
et les troupes de Léon IX; Léo de* Marsi, H, 84 : « Inito autem cer-
tamine in planifie maxima qus juxta Civitatem est » ; Malaterra ^
I. 14; « Apostolicus fuga vitaea sylum expetens, intraurbem provinciae
Capitanatœ quae Cimitata (Civitata) dicitur, se se profugus recepit. »»
De même la Vita Leonis IX ab anonymo (Watterich, t. I, p. me).
(2) Guillaume de Pouille, II, v. 85 sqq. dit également que les
Normands firent, avant la bataille, une démarche de conciliation au-
près du pape, mais sans succès ; d'après TAnonyme de Bénévent, ce
furent les ambassadeurs du pape qui allèrent dans le camp normand,
mais le résultat fut le même, Watterich, 1. 1, p. me
134
pour les absolvere de lor pcchiez, et pardonna la pcnancc
que pour lor pechié dévoient faire. Et lor fait la croîz et lo
commanda de boche qu'il aient combatre (i). Raynolfeet
Raynier furent eslit principe de ceste part, liquel levèrent
en haut li gofanon, et vont devant o molt grant multi-
tude de gent, mes petit de Toudeschi solement les secuta.
Et li Normant font troiz compaingniez desquelles une en
est régie et governcc par la main del conte Unfroy, et
l'autre par lo conte Ricchart, et a la tierce par Robert
Viscart. Et li Thodeschi se mctent Tescu en bras et
crollent Tespéc; et li Normant et hardi cornent lyon
prenent la haste. Et lo conîe Richart despart li Todeschî
et passe parmi eaux ; et de l'autre part fiert lo-conte Unfroy
et de Tautre entre Robert Viscart; et li Thodeschi se re-
guardent derrière pour veoir lor compaingnie; mes nul
Longobart venoit après eauz, quar tuit s'en cstoient foui.
Cestui Todeschi qui iluec se troverent furent tuit mort,
nul non eschappa se non aucun a qui li Normant vou-
loient pour pitié pardoner ; et secuterent ceus qui fuyoient,
et les prenoient et occioient. La masserie de lo pape et de
tout li soi, et li trésor de la chapelle soe lui fu levé de
ceus de La Cite (2).
(T' Guillaume dk Fouille, II, ii3 sqq.
« Tompus crat triticcts contîne metcnJis
Frugibiis, at viriJcs nonJum Icgcrc manîplos
Agricole, quos Francigcnx, quia pane carubant,
Ignt torrobant lI vcsvicbantur aJustis. »
L'Anonyme dk Benkvfnt i!it aussi que \c pnpc s'est rciirtS à Gvitate
peu !int la batùll-j — Watthrich, t. l, p. iiii: ; Malaterka, I, 14 et
OfiLLAiME HE PoriLLK, II, V. 2 58, suppos<:nt, au contraire, que le
pape serait reste sur lo champ de bataille jusqu'à la défaite de tes
troupes. WinERT, II, 1 1, confirme la donn<5e d'Aimé.
(2) L'expose, nss'.'z hconique du reste, qu'Aimé fait de la bataille
I3S
Cap. 41. Et quant ce fu fait li Normant s^en alerent a
lor terre ; li pape avoit paour et li clerc trembloient. Et li
Normant vinceor lui donnèrent sperance, et proierent que
securement venist lo pape, liquel mèneront o tout sa gent
jusque a Bonivenc, et lui aministroient continuelment
pain et vin et toute choze neccessaire, et pour ce que
Rodolfe estoit o coultel fist archevesquc de la cité Boo-
garie(i).
Cap. 42. Et o la favor de li Normant torna a Rome a
li .X. mois (2) puiz que avoit esté la bataille. A li .xiij.
kalende de mai, c'est d'apvril a li .xviiij. jor, fu mort et
fist molt miracle (3). Et lo archevesque de Salerne loquel
I
de Civitate est, pour le fond, en harmonie avec ce que nous savons
par ailleurs; Guillaume de Fouille, G. Malaterra, TÂnonyme de
Bénévent ont donné plus de détails que n'en fournit Aimé, mais sans
contredire ses assertions sur la marche et Tissue de la bataille ; ce
fait historique est en définitive un des mieux connus du xie siècle.
Au sujet de la conduite des habitants de Civitate à Tégard du pape,
Guillaume de Fouille, II, v. iSg sqq. écrit de son côté :
« Sed cives papam non excepere decenter
Normannis veriti grave ne victoribus esset. »
(i) Léon IX fît son entrée à Bénévent cinq jours après la bataille
de Gvitate^ le 2 3 juin io53, et resta dans cette ville jusqu'au la mars
de Tannée suivante. On s*est demandé si le pape avait été à Bénévent
prisonnier des Normands ou s'il était de son plein gré et en toute
liberté resté dans cette ville. Il semblerait, d'après le texte d'Aimé,
que le pape, nourri par les Normands, ait été à Bénévent dans une
certaine mesure sous leur dépendance ; Hirsch, l, c. p. 288, exagère
cependant lorsqu'il interprète ces paroles « o la favor de li Normant
torna à Rome » en disant que le pape demanda aux Normands la per-
mission de revenir à Rome, le sens est plutôt « avec le concours des
Normands. >•
(2) C'est vers le 3 avril 1054 qu'il est rentré à Rome, « instanti
paschali tempore. » Herim. Augibnsis, Chron. ad an. 1054.
(3) La date est exacte, Léon IX est mort le 19 avril 1054.
5v.>:: Tfuf celle avisiwi. a lî .v. mois et vj yde de sep-
lerr^ne r- :^^^: * .
CèP- -t?. A 1; cc::îe de PuiUe rindrent autre frcrc de la
conrree de Ncmeniie. c'est assavoir Malgere, Gofrede,
GuilIiTine k Roder 2 -
C&r. x^. Cesmi Gisolfe de loquel nous avons devant
parle, li^uel de la pan de la mère estoit nez de gent vipé-
rine 5 . en prime comensa a estre jovene et petit a petit
comensj a vor:!Îr lo venin. Molestament soustint la mais-
trie de so oncle Guide et lo pensa de priver de* toute
honor. E: toutes foîz il esioit en Tomorde prince par son
oncle Guide, quar par lui Tavoit eue. Mes pour covrir
œste iniquité qu'il vouloit taire, il se ordena de traire de
saiete et faire !r.al a doi frères, c>stà Mansone et a Lyon.
vO Ccst «ior.c le S septembre io54 qu'Aimé fait mourir Jean,
ârchcxrque ùe Saleme : c'est probablement là une erreur, car G. Pae-
s-iRc^. «ijir.s l'ouvreur? dê?À cité (wf. supra^ p. 91, note i), cite un
J.vument de io57 dans lequel il est parlé de Jean comme occupant
cncocv le sièi;c«!e Silcme^t. I, p. 11 a.
^2^ NUlatekra. I. i5. dit également qu*aprc8 la bataille de Gvi-
t.ne, K' comte l'mfroy s'occupa d'établir ses frères dans lltalie du
sud. il écrit : « Ducs itaque fmtres suos comités fecit Malgerium
Capitinats. Giiillclmum vcro in princtpatu. Sed Malgerius moriens
eu m omncm comitatum suum Guilielmo fratri suo reliquisset, Gui-
lielmus Gaufrcdum fratrem suum diligens sibi concessit. » D'après
ce mcmo Mal.itcrra, I. 19, Roger ne serait venu en Italie qu*après
la mort d'I'mîroy et lorsque Robert Gutscard lui avait succédé
comme comte de Pouillc.
{^) Nous avons vu que Guaimar IV avait épousé Gemma, fille du
comte do Tcuno, Gisulfc descendait donc des comtes de Teano par
sa mère, et comme ces comtes étaient d'assez mauvais voisins de
Tabbaye du Mont-Cassin, Aimé ne se gcnc pas pour déclarer que
par sa mère, le nouveau prince de Salerne descendait de geni
vipérane.
137
Et toutes voies par le conseill de ces .ij. frères Tonor de
li frerc et li sien avoient esté accressut. Et princement
cesti Gisolfe esmutcil de la cité contre ces dui, et lor pro-
metoit de donner lor chozes. Mes pour ce que ces .ij.
frères avoient Tajutore de lo conte Ricchart, non veoit
cornent ceste cose bonement se peust faire sans Tajutore
de alcun altre de li Normant. Adunque a ceste cose faire
appella Robert frère de lo prince Ricchart, et li promist
par sacrement de donner lui la moitié de la ricchesce de
ces .ij. frères; et cestui estoient moult riche, et avoient
grans possessions. Mes ces .ij. frères sorent lo conseill qui
estoit fait contre eaux. Et après de la cité avoient une
roche molt secure et moult fortissime de grant manière,
et en celle roche avoient mise lor ricchece, et la estoient
la ville et la maison, et se partirent de lor anemis, et lo
bestiame delquel se trovoient abondance sans nombre.
Toutes foiz remainstrent vacant et gabe de ceux qui desi-
deroient de faire mal a la persone lor. Partirent toutes
voies quant sesperoient départir, et la cose qu'il partirent
fu moult petite. Et Richart estoit immobile por deffendre
li fidel de ceste injure. La prospérité de Guide estoit
abassié pour lo oppression de ces .ij. frères, liquel se te-
noient ensemble, et Gisolfe son neveu ot sa compaingnie
en despit (i).
Cap. 45. Et vint lo conte Umfre, et demanda lo don'
qu'il soloit avoir, et vint o son frère Guillerme, demanda
lo chastel qui lui fu promis o sacrement. Li prince
dampna la pétition de ces .ij., et onques ne les vouloit
voier, ne de bone et alegre face non lor voust plaisir. Et
se partirent ces .ij. frères molt corrociez et cerche et
(i) Aimé est seul à parler de ces premiers actes de Gisulfe.
-rJ-
z/ùtr-jjtr.: zt z-'^t sEr.K;art}s»rL E: en jrunc dooereni
«TiiV-t c j^ rfcsitl -i sL:i:>Nir.r.Erie, ce pniz Tarn derc^
rtr.: i: rr.rir.ps: i:.- E: çutn: GjDlie oi cesic noveUe
v.t Ur::r:v t: G-ilJîrr t £>oer:î eii^i çasiam sa tare il
i'trrj r.i;: zî:»iT-t e: :::c: s" te £s: ssnz^n rire « lom dm a
*:if-. Mes lo::!» fcflz prlsrï=2: CAsit^-Mel « Facose4e-
N'int. t: ii^j:es les c:i£s qc: esiD^es: après chascon yores-
r.'ien;: asscMies. en les cbozes qn: csioleni fois des mon
furem: prises e: desu^jnes. Mes qnasi les £:cns des cfaas-
teaux surem: certe cera-uction, îî pirnizeni lor terres et
]or char^âux ce murs e: de palis, et lo prince corne
jovencd se jcpe dedens ies muTs et sesoiace.
Cap. 4^. Ces*x vsToîre nous dit et raconte que k) œnte
Kichan vin: a Saleme et demanda lo domp que Goaj-
marie lui soloît donner. Mes il ot makment son enten-
dement, ne ce qu'il demandoit, quarpor Tor qu*il deman-
doit lui furent getéez pierrez. et pour li chcTal lui furent
traites sajetes. Et Richan conte vît ceste deshonor que lui
faisoit lo prince: il lui manda disant qu'il non estoit
digne de pierre ne de sajettes. quar il avoit revengié la
mort de lo père, et lo fist prince. Lo soir lo conte ordena
lo agait, et lo prince che^'aucba securement au matin, et
clama li jovencel avec lui qui ponoient fronde et arc pour
traire. Et li chevalier del conte, quant il virent que lo
prince estoit issut de la cité, par fraude commencèrent a
a fouir, et ccauz de la cité de Salerne, liquel estoient vestut
de dras de lin, les secutoient jusques au lieu ou estoit fiait
Tcsguait ; et cil qui faisoient Tesguait virent cil de Salerne,
il lor cfirurent sus, et cil non porent fuir, et alcun se jet-
tcrcnt en mer, et alcun furent occis, si que furent mort
.C.V. ; et ccst fu lo premier plor de li Salernitain morant
en bataille h).
(i) Les rcvcndicatton& du comte de Pouille et du comte d*Avena
139
Cap. 47. Puiz que fu mort li pape Lion delquel nouz
avons devant parlé, fu fait pape lo evesquede Estitanse ( i ),
liquel se clamoit Geobarde ou Victore (2). Cestui pape
Victore fu molt cortoiz, et molt large et fu molt grant ami
de Tempeor; cestui contre la chevalerie de li Normant non
esmutinémistié, mes ot sage conseil, quar il fist amicable
paiz avec li Normant.
Cap. 48. Cestui pape ala a là cort de Tempeor pour de-
mander li passage de la terre et de li Arpc, laquel terre
apanient a la raison de Teglizede Saint-Pierre de Rome;
il fu honorablement receu de lo impeor^ et lui promist io
impereor de faire sa pétition. Mes li empeor fu malade, et
fu mort, et fu absolz de lo pape et de lo patriarcha de pcne
et de coulpe, et fu enterres ad Spiram oti estoit souterré
son père, et fu portez de Ponte-Feltro o(^ avoit esté
mort (3). Etquantliempereor fu sousterrés si corne nouz
montrent combien la puissance des Normands avait fait des progrès
par suite de la défaite des troupes de Léon IX et de la mort de
Guaimar IV ; c'est en maîtres qu'ils parlent à Gisulfe, Umfroy prend
San Nicandro à Test d'Eboli, Castel-Vecchio et Paccosa-Nuova^ Ri-
chard tue les soldats de Gisulfe et celui-ci ne peut venger de telles
attaques et de tels affronts ; si le prince de Salerne a été un souve-
rain détestable, il faut avouer que, dès le début, sa situation vis-à-
vis des Normands, rapaces et insolents, était de nature à Tirriter
profondément,
(i) Eichstâtt, évêchéde Bavière.
(2) Gebhart, évêque d'Eichstâtt qui devint pape sous le nom de
Victor II et fut sacré à S. Pierre de Rome le i3 avril io55, près
d'un an après la mort de Léon IX.
(3) Il est certain que, durant son court pontificat, Victor 11 n'eut
pas de démêlés avec les Normands; mais peut-être aurait-il fini,
s'il avait vécu plus longtemps, par se brouiller, lui aussi, avec eut ;
les Annales Romani disent qu'en allant ainsi trouver l'empereur,
Victor II voulait obtenir son concours pour chasser les Agarenos,
c'est-à-dire les Normands ; Aimé croit que le pape revendiquait sim«
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141
dignité prist lo cancellier, liquel estoit noble home et
moine de cellui meismes monastier. Et quant il fu eslit
d^estre abbé, il atendoit la bénédiction de lo pape ; mes lo
pape Victor fu mort. Et après luifu eslit cestui abbé pour
estre pape et fu clamez pape Stéphane ( i).
Cap. 5o. Nous trouvons en ceste cronica que cestui abbé
avant qu'il fust pape si esmovoit toute la gent qu^il pooit
avoir, et faisoit son pooir de destruire li Normant; puiz
qu^il fil pape o toute la mort soe pensa de les destruire.
Mes pource que la mort lui estoit voisine, non pot complir
sa volenté. Et pour ce qu'il non avoit plenement argent
pour ce faire, fu mis main a lo trésor de Saint-Benedit.
Et pour cest trésor voloit scomovere son frère qui se
clamoit Gotherico et autre grant home a destruire li Nor-
mant. Et ceste choze non estoit faite par consentement de
li frère, se non tant seulement que lo savoit lo propost et
lo deen (2).
successeur de Tabbé Pierre, — Mignb, Pair, lat., 143, p. 83 1, —
montre que la version de Léo de* Marsi est la vraie, car cette bulle
n'admet même pas la validité de l'élection de Tabbé Pierre.
(i) Le 22 mai loSy, Tabbé Pierre avait renoncé à sa dignité et le
lendemain, Frédéric de Lorraine, frère du duc Gottfiried, fut élu en
chapitre abbé du Mont-Cassin ; Victor II, heureux de cette élection,
nomma le nouvel abbé, cardinal le 14 juin loSy, et le 24 du même
mois^ jour de S. Jean<Baptiste, il le sacra de ses propres mains.
Aimé est donc dans Terreur en disant que la mort a empêché Victor II
de sacrer (bénir) Frédéric de Lorraine (Léo de* Marsi, II, 93).
Comme nous Tavons déjà dit, Victor II mourut peu après ce sacre,
le 28 juillet loSy et, le 2 août de la même année, ce même Frédéric
de Lorraine lui succédait et prenait le nom. d'Etienne IX.
(2) Aimé avait déjà fait connaître, cf. supra, III, 24, 39, les senti-
ments hostiles de Frédéric de Lorraine contre les Normands, avant
qu'il ne devint pape. Au sujet de ce trésor du Mont-Cassin, réclamé
par le pape Etienne IX, Léo de' Marsi, II, 97, écrit : « Disponebat
142
Cap. ?!. Et la nui: quant lo trésor fu enporté, un
moine de Fabbaie vit ceste re\'e]ation en somne. Et lui
estoit avis qu'il veoit desouz Tautel ou gîst saint Benoît
avec sa suer, laquelle se clamoit sainte Scolastice, issoit
un moine deschauz et la teste descovene, et ploroit forte-
ment, et d'isoit qu'il estoit desrobé et toutes ces chozes lui
estoient levées : et s'en vouloit aler reclamer a la justice.
Et un moine le secutoit et lui disoît qu^il non plorast,
quar il lui prometoit de raporter lui lo trésor qui lui avoit
esté levé, et disoit que celui estoit concedut de la pitié de
Dieu que nul home ne te lo puet lever. Et après ce se rcs-
veilla lo frère, et dist ceste avision a molt, et ensi ce qui
avoit esté fait absconsement vint publiquement. Et dist
cestui moine escriptor et exponitor de ceste cronîca que
bien estoit certain et secur que celui moine qui confortoit
Tautre moine qui ploroit que ce fu saint Benoît, par laquel
mérite et ordination lo trésor qui en estoit porté de lo mo-
nastier. si coment je vouz ai devant dit, fu retorné puiz
la mort de lo pape i , .
C\r. 52. Cestui capitule si dit en que quant cest pape,
liquel avoit este avant abbé de lo monastierdemisire saint
autcm fratri suo Juji Gutfriio apud Tusciam in colloquium jungî d
que ut fcrebatur impcrialcm coronam largiri; demum vero ad Nor-
mannos [talia cxpcllcndus qui maximo illi odio crant, una cum eo
rcverti. » Aime iiit, ce qui n'est guère probable, que le duc Gott*
fri.'J connaissait les projets du pape, mais n avait pas promit de les
scci>nder.
(i) Il y a dans Léo de' Marsi, II, 97, le récit d'une viûon à peu
près semblable et sur le même sujet ; mais dans Léo de* Mard, ce
ne sont pas deux moinus inconnus, c'est S. Benoît et Su Scholaa-
tique qui pleurent parce que te pape a fait enlever le trésor du Mont-
Cissin. Aimé dit que le trésor ne fut rendu à Mont-Casaîn qu'aprta
la nK)rt d'Etienne IX, tandis que Léo de* Marsi rapporte que ce pope
le renvoya lui-même à l'abbaye, avant de passer de vie à trépas.
143
Benedit de Mont de Cassin, vindrent a la ultime terme
de sa mort, les frères qui estoient avec lui en compaingnie
et lui demandèrent conseil qu^îl lui plaisoit qui fust abbé
de lo devant dit monastier de Saint-Benoît après sa mort.
Et respondi cil loquel estoit pape et abbé del dit monas-
tier, que cellui del covent de li moine a cui il auront plus
grant dévotion qu'il soit abbé, cellui sera le meillor. Et
puiz si dist li dit meisme pape : c Comment ce soit choze
que je ay eues dui dignités molt grandes en la sainte
eglize de Dieu, tout soit ce choze que je non estoie digne,
je sui tenut de ces dui grandes et excellentes rendre raison
jusque a la ultime quadrante, c^est a la plus petite monoie
qui se trove, devant un destroit juge liquel me demandera
l'usure. ï» Et ce est a entendre que es une manière de mesure
de pain laquelle mesure de pain est encoire a Rome, et se
clame justice. Et pour ce se clame justice, quar est un pain
partuten quatre parties; eten celluitempscelluipain valoit
un denier, si que lo povre home en pooit dui foiz ou quatre
mengier, si que la ultime quadrante, la quarte part d'un
denier petit. Et en aucune part se trove que une géné-
ration de meallezde liquelle se trove quatre por un denier.
Et pour ce dist lo pape que de ces .ij. grans et excellentes
offices de la eglize de Dieu lui covenoit rendre rayson
jusque a lo plus petit denier qui se trove par tout lo
monde, dont li bon pape non vouloit grever Tarme soe.
Et puiz si dist : « Quar quiconques est clamé a si hautes
offices et excellentes de la sainte Eglize de Dieu non doit
amer nulle choze se non Dieu. Et pour ce ipe pert et me
plaist bien que cellui qui es^ plus amé soit fait abbé. »
. Et puiz si dist : « Coment se soit chozes que frère Desi-
dere soit plus amé, je vouz conseille que de lui faciès
vostre abbé et pastor, quar il est de noble gent et de bones
costumes. » Et quant li frère entendirent lo conseil et la
144
volenté de cestui pape et abbé, cil qui ploroient por sa
mon orent grant joie et furent tuît reconfonez en Dieu,
et furent liez et joians cil qui estoient tristez et dolent de
la mon de lor bon père et pastor ; tuit furent reconfonés
en la vie de cellui qu*il dévoient eslire pour estre lor père
et lor abbé. Et quant li papes ot ensi parié cornent je vouz
ay dit, et ordené avec ses frères, la maladie lui enforza^ et
trespassa de ceste mortel vie et s*en ala a la miséricorde
de lo nostre Salveor Jsbu-Crist [i i. Et quant li pape et
abbé fu enterrez honorablement a Saint-Pierre de Rome,
si cornent il est usance de faire honor au saint père (2),
ses frères moines lîquel estoient avec lui sVn retornerent
a lor abbeic de monseignor saint Benedit de Mont de
Cassyn, et raponcrent tôt le trésor loquel il en avoient
porte de lo saint monastier (3). Et quant li frère furent
venus audit monastier, il annoncierent a lor autres frères
la mort de lor pape et abbé, et lor distrent coment li pape
lor avoit donné en conseil qu^il feissent abbé de firere Desi-
(i) Léo de* Marsi, III, 9, qui a également rapporté ces divers mci-
dents est, sur plusieurs points, en désaccord avec Aimé. Il place aux
environs de la Noél et au .Mont-Cassin, la réunion des moiiMS pré*
sidéc par le pape, dans laquelle, du consentement de ce dernier,
Désidèrc ou Didier fut élu futur abbé du Mont-Cassin. Etienne IX
étant mort le ag mars io58, cette réunion n*a donc pu eu lieu « à
la ultime terme de sa mort » ; en outre, les moines n*ont pts eu à
revenir au Mont-Cassin après la mort d*Etienne IX pour annoncer le
résultat de la conférence, puisqu*elle avait eu lieu à l'abbaye mime
et plusieurs mois avant le décès du pontife. Aimé et Léo de' Maru
sont du moins d*accord pour affirmer qu*£tienne IX voulut rester
jusqu'à sa mort abbé du Mont-Cassin, tout en approuvant qu'on lui
dcjnnût, après sa mort, pour successeur, Tabbé Didier.
(2) Etienne IX ne fut pas enterré à S. Pierre de Rome, mais dans
l'église de Santa Reparata, à Florence.
(3) Nous avons vu que d*après Léo de' Marsi, le trésor aurait été
rapporte au monastcre, du vivant d'Etienne IX.
H5
dere^ liquel estoit plus amé : mes estoit ensi que cestui
frère Desidere estoit alez en Costentinople a lo empeor,
ambassator por lo pape, mes li frère de lo monastier tout
maintenant a grant joie mandèrent a frère Desidere que
li papes estoit mon, et que sans demorance s'en venist.
Et quant frère Desidere entendi li mandement de ses
frères, il se mist en mer et vînt jusque après de Rome, et
puiz ot lo vent contraire qui le retorna jusques au Bar.
Et iluec, de sez frères qui Tatendoient et a grant joie lo
rechurent, et la fu faite la élection secont lo commande-
ment de lo pape. Et en lo jor de la pasca de la Résur-
rection monta a Mont de Cassin, et li moine o grant joie
et loant Dieu lo firent abbé ( i j . Mes vouz qui ceste ystoire
(i) D*après Lbo de* Marsi, III, g, Etienne IX était encore au Mont-
Cassin lorsque Didier partit pour Constantinople avec les deux
autres légats, le cardinal Etienne et Mainard, promu nouyellement à
l'évêché de Silva-Candida, par conséquent en février ou dans les
premiers jours de mars io58 ; il s*embarqua à Siponto, sur im navire
qui se rendait à Ban, où, retenu par des vents contraires, il envoya
un messager au Mont-Cassin dire qu'il n'avait pas encore pu partir
pour Constantinople. Comme on avait, sur ces entrefaites, appris au
Mont-Cassin la mort du pape, deux frères furent en toute hâte
envoyés à Bari, annoncer cette nouvelle à Didier et lui mander de
revenir. Il revint en effet, et, le jour de Pâques, 19 avril io58, il
était élu abbé du Mont-Cassin et prenait possession de sa charge. Ce
récit, on le voit, diffère sur plusieurs points de celui d*Aimé ; il
n'est guère admissible qu'à la nouvelle de la mort du pape, Didier,
alors à Bari selon toute apparence, ait songé à venir à Rome par la
voie de mer, pourquoi à Rome et comment par mer ? l'édition de
Champollion portait par erreur « et puiz ot lo vent contraire qui le
retorna jusques au bas » le manuscrit porte « jusques au Bar, » c'est-
à-dire jusqu'à Bari où nous avons vu en effet que, d'après Léo de'
Marsi, Didier était venu par mer sur un navire de Siponto. Je serais
porté à croire que tout ce passage a été mal compris et mal rendu
par le traducteur.
10
Cap. 38. Puiz que fu seu par publica famé que H pape
vcnoît, molt en estoîent alegre. Mes Jehan, evesque de
Salerne^ non avoit petit de tribulation pour la vision qui
lui apparut; quar stant afflit par dolor de santé laquelle
avoii acostumé d'avoir, se fist porter la ou gist lo cors de
saint Mathic apostole et lui dist ce qui estoit a entrevenir, et
entre celle dolor s'endormi. A loqualle s^apparut saint
Mathie apostole, et lui dist ce qui devoit avenir. Et lui
dist : c Je te promet que tu es guari de ton infermeté. Mes
je te prophetize que la mort non est trop long. Li pape
vient avec vilz chavaliers pour chacicr, mes li sien seront
destruit, et espars, et en prison, et mort. Et puiz ceste
cose retorncra à Rome et sera mort. Et puiz la venue soe
peti vivra : quar c'est ordené devant la présence de Dieu,
quar quicunques sera contre li Normant pour leschacier
ou tost morira, ou grant afflialon aura. Quar ceste terre
de Dieu est donnée a li Normant, quar la perversité de
ceus qui la tenoient et pour la parenteze qu^il avoient faite
avec eatfx, la juste volenté de Dieu a convertut la terre a
eaux ; quar la loy de Dieu et la loy de li impeor com-
mande lo fin succède a lo héritage de lo père. » Et puiz
lo evesque se rcsvcilla tôt sain et salve ; etensi comme lui
fu dit en avision, cnsi fu fait ( i j.
Cap. 3o. Lo pape fu acompaingnié de ceste chevalerie,
et avant qu'il vcnist a La Cité assembla li gentilhome et
Hst gofLmonier de La Cité et de la bataille Robert lequel
se clamoit de Octomarset. Et puiz vindrent a La Cité^
c'est a un chastel qui se clame La Cité. Quar la lui
vinJrcnt encontre li Normant comment se trove en autre
(i) Sur ce Jean, archevêque de Salcrnc et préJéceftscur d*AIfiuie,
vuyez : u Memorie délia Chiesa Salemitana di G. Pabsano , t. I,
Napoli, in-8o, 184C, p. 106 sqq.
133
ystoire ( i). Et lo papp et li chevalier avoient espérance de
veincbre pour la multitude de lo pueple. Et li Normant
puiz qu^il vindrent mandèrent message a lo pape et cer-
choient paiz et concorde, et prometoient chascun an de
donner incense et tribut a la sainte eclize, et celles terres
qu^il ont veincues par armes voloient revoir les par la
main de lo vicaire de Feglize. Et mostrerent lo confanon
coment il furent revestut de la terre par la main de lo
impeor^ et coment lor estoit confermée. Lo pape non
parla, ainz parla lo câncelier et les manesa de mort, et lor
propona qu'il doientfugir; et Tun et Tautre est molt
moleste a li Normant ; et encoire o ces messages parla par
manacha, et lor fist vergoingne. Li légat de li Normant
s'en retornerent et reportèrent lor message, loquel molt
lor desplaist (2).
Gip. 40. La neccessité de la famé moleste li Normant,
et par lo exemple de li apostole prenoient li espic de lo
grain et frotoient o la main, et ensi menjoientlo grain, et
afHit pour la famé requerent que ceste brigue se départe
ou combatent. Et li pape avec li evesque sallirent sur lo
mur de La Cité, et regarda a la multitude de ses cavaliers
(i) C*est en effet à Civitate, sur les bords du Fortore, et dans la
Capitanate qu*eut lieu^ le 18 juin io53, la bataille entre les Normands
et les troupes de Léon IX; Léo de* Marsi, II, 84 : « Inito autem cer-
tamine in planitie maxima quae juxta Civitatem est » ; M^ulaterra ^
\. 14; « Âpostolicus fuga vitsa syjum expetens, intraurbem provincis
Capitanats quae Cimitata (Civitata) dicitur, se se profugus recepit. »
De môme la Vita Leonis IX ab anonymo (Watterich, t. I, p. luc).
(2) Guillaume de Fouille, II, v. 85 sqq. dit également que les
Normands firent, avant la bataille, une démarche de conciliation au-
près du pape, mais sans succès ; d'après Tânonyme de Bénévent, ce
furent les ambassadeurs du pape qui allèrent dans le camp normand,
mais le résultat fut le même, Watterich, 1. 1, p. iiic
134
pour les absolvere de lor pcchiez, et pardonna la pcnancc
que pour lor pechié dévoient faire. Et lor fait la croîz et lo
commanda de boche qu'il aient combatre (i). Raynolfeet
Raynier furent eslit principe deceste part, liquel levèrent
en haut li gofanon, et vont devant o molt grant multi-
tude de gent, mes petit de Toudeschi solement les secuta.
Et li Normantfont iroiz compaîngniez desquelles une en
esi régie et governéc par la main del conte Unfroy, et
l'autre par lo conte Ricchart, et a la tierce par Robert
Viscart. Et li Thodeschi se mctent Tescu en bras et
croUent Tespée; et li Normant et hardi cornent lyon
prenent la haste. Et lo conte Richart despart II Todcschi
ei passe parmi eaux ; et de Tautre part fiert lo-conte Unfh)y
et de l'autre entre Robert Viscart ; et li Thodeschi se rc-
guardent derrière pour veoir lor compaingnie ; mes nul
Longobart venoit après eauz, quar tuit s'en cstoient foui.
Cestui Todeschi qui iluec se iroverent furent tuit mort,
nul non eschappa se non aucun a qui li Normant vou-
loient pour pitié pardoner ; et secuterent ceus qui fuyoient,
et les prenoient et occioient. La masserie de lo pape et de
tout li soi, et li trésor de la chapelle soe lui fu levé de
ceus de La Cité (2).
(i) Guillaume db Fouille, II, ii5 sqq.
« Tcmpus crat triticeis confine metcndis
Frugibus, at viridcs nondum légère maniplos
Agricolx, quo8 Francigcnx, quia pane carcbant,
Igni torrcbant et vcscebantur adustis. »
L'Anonyme de Benévent dit aussi que le pape s*est relire à Gvitate
pen Innt la bataille — Wattf.ricii, t. 1, p. iiic ; Malaterra, I, 14 et
Gttillaume de Poutllk, h, V. 208, supposent, au contraire , que le
pape serait resté sur le champ de bataille jusqu'à la défaite de tes
troupes. Wibert, II, 11, confirme la donnée d'Aimé.
(2) L'expose, assez laconique du reste, qu'Aimé fait de la bataille
I3S
Cap. 41. Et quant ce fu fait li Normant s'^en alerent a
lor terre ; li pape avoit paour et li clerc trembloient. Et li
Normant vinceor lui donnèrent sperance, et proierent que
securement venîst lopape, liquel mèneront o tout sagent
jusque a Bonivenc, et lui aministroient continuelment
pain et vin et toute choze neccessaire, et pour ce que
Rodolfe estoit o coultel iist archevesque de la cité Boo-
garie (i).
Cap. 42. Et o la favor de li Normant torna à Rome a
H .X. mois (2) puiz que avoit esté la bataille. A li .xiij.
kalende de mai, c^est d'apvril a li .xviiij. jor, fu mort et
fist molt miracle (3). Et lo archevesque de Salerne loquel
I
de Civitate est, pour le fond, en harmonie avec ce que nous savons
par ailleurs; Guillaume de Fouille, G. Malaterra, l'Anonyme de
Bénévent ont donné plus de détails que n'en fournit Aimé, mais sans
contredire ses assertions sur la marche et l'issue de la bataille ; ce
fait historique est en définitive un des mieux connus du xie siècle.
Au sujet de la conduite des habitants de Civitate à l'égard du pape,
GuiHaume de Fouille, II, v. iSg sqq. écrit de son côté :
« Sed cives papa m non excepere decenter
Normannis veriti grave ne victoribus esset. »
(i) Léon IX fit son entrée à Bénévent cinq jours après la bataille
de Qvitate, le 23 juin io53, et resta dans cette ville jusqu'au 12 mars
de l'année suivante. On s'est demandé si le pape avait été à Bénévent
prisonnier des Normands ou s'il était .de son plein gré et en toute
liberté resté dans cette ville. Il semblerait, d'après le texte d'Aimé,
que le pape, nourri par les Normands, ait été à Bénévent dans une
certaine mesure sous leur dépendance ; Hirsch, {. c. p. 288, exagère
cependant lorsqu'il interprète ces paroles m o la favor de li Normant
torna à Rome » en disant que le pape demanda aux Normands la per-
mission de revenir à Rome, le sens est plutôt « avec le concours des
Normands. »
(2) C'est vers le 3 avril 1054 qu'il est rentré à Rome, « instanti
paschali tempore. » Hbrim. Augiensis, Chron. ad an. 1054.
(3) La date est exacte, Léon IX est mort le 19 avril 1054.
£.,•,.- • *-^» -»:_j» r"is rî- i — * 3*n» s
iicrrst et >' :r^:în.i-t risr ff=y^:c ALtîœre. GoÊrode.
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zk-r^t : îre rr rr* :: — r'iit £ ssrt îrvrDc c prax a périt
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b'.ci-'-c E: -.:.-•-£$ :Vj: 11 se:;: n Torrîar de priacc pir soo
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ic'etî «r: :£;rt ml £ dr: Trtrts. c*£r. à Massone « a Ltcxi.
■; Cts: ii:.; It * t-r^ty^rre ::5i r-"Airaé fmii moorir Jean,
trchff^t-q-t i; Silsr^t : c *«: rr:ôtrlr:::dî li zae errruff cv G- Pae-
s*r.'-, dsr.1 I'c-ttît; is^i r.:t ::. /a/^j, r. Çii, DOie T, cite na
C'x jmtr.: et :^:7 ^^:i£ îriutl :! tsi parlé zt Ican comme occupui
^2 Malatckpa, I. z5. i:: c£&^t:3£c: qu'après la bataille de Gvi-
wte, le cc:r.:t L'r^fr'-v s*>rrjpa -'établir ses frère» dans Iltatie du
fcuJ, :I écrit : « Djc-s iuquï fr^tres S'jcs comités fedt Malgerhim
Capitinatae. G:::!!elniur:: vero in principatu. Sed Malgerius moriens
cum omr.'jrn co-nitamm s.: un:: Guilieimo fratri suc reliquisset, Gui-
lielmus Gaufr-^dum fratrem suum ji!igens sibî concessit. ■ D'après
ce mcmc Maiaterra, I. lo, Roger ne serait venu en Italie qu'après
la mort d'L'mfroy et lorsque Robert Guiscard lui avait succédé
comme comte de Pouillc.
li) Nous avrins vu que Guaimar IV avait épousé Gemma, fille du
comte >!e Tcano, Gisulfc descendait donc des comtes de Teano par
sa mer*.-, et comme ces comtes ctafcnt d*asse2 mauvais voisins de
rahb.iyc du Mont-Cissin, Aimé ne se gcnc pas pour déclarer que
par sa mère, le nouveau prince de Salernc descendait de gemt
vipérane.
137
Et toutes voies par le conseill de ces .ij. frères Tonor de
li frère et li sien avoient esté accressut. Et princement
cesti Gisolfe esmutcil de la cité contre ces dui, et lor pro-
metoit de donner lor chozes. Mes pour ce que ces .ij.
frères avoient Tajutore de lo conte Ricchart, non veoît
cornent ceste cose bonement se peust faire sans Tajutore
de alcun altre de li Normant. Adunque a ceste cose faire
appella Robert frère de lo prince Ricchart, et li promist
par sacrement de donner lui la moitié de la ricchesce de
ces .ij. frères; et cestui estoient moult riche, et avoient
grans possessions. Mes ces .ij. frères sorent lo conseill qui
estoit fait contre eaux. Et après de la cité avoient une
roche molt secure et moult fortissime de grant manière,
et en celle roche avoient mise lor ricchece, et la estoient
la ville et la maison, et se. partirent de lor anemis, et lo
bestiame delquel se trovoient abondance sans nombre.
Toutes foiz remainstrent vacant et gabe de ceux qui desi-
deroient de faire mal a la persone lor. Partirent toutes
voies quant sesperoient départir, et la cose quUl partirent
fu moult petite. Et Richart estoit immobile por deffendre
li fidel de ceste injure. La prospérité de Guide estoit
abassié pour lo oppression de ces .ij. frères, liquel se te-
noient ensemble, et Gisolfe son neveu ot sa compaingnie
en despit (i).
Cap. 45. Et vint lo conte Umfre, et demanda lo don'
qu^il soloit avoir, et vint o son frère Guillerme, demanda
lo chastel qui lui fu promis o sacrement. Li prince
dampna la pétition de ces .ij., et onques ne les vouloit
voier, ne de bone et alegre face non lor voust plaisir. Et
se partirent ces .ij. frères molt corrodez et cerche et
(i) Aimé est seul à parler de ces premiers actes de Gisulfe.
138
qucroient de avoir satisfacÛQn. Et en prime donerent
esmote a lo castel de saint-Nicharde, et puiz vont dévo-
rant lo principal tout. Et quant Gisolfe oï ceste novelle
que Umfroi et Guillerme aloient ensi gastant sa terre il
s*en fist gaberie et non s'en fist senon rire et tout tint a
gieu. Mes toutes foîz pristrent Castel- Viel et Facose-le-
Nove, et toutes les cités qui estoient après chascun jor es-
toient assaillies, et les chozes qui estoient fors des murs
furent prises et destructes. Mes quant les gens des chas-
teaux surent ceste destruction, il garnirent lor terres et
lor chasteaux de murs et de palis, et lo prince corne
jovencel se joe dedens les murs et se solace.
Cap. 46. Ceste ystoire nous dit et raconte que lo conte
Richart vint a Salerne et demanda lo domp que Guay-
marie lui soloit donner. Mes il ot malement son enten-
dement, ne ce qu'il demandoit, quarpor Por qu^il deman-
doit lui furent getéez pierrez, et pour li cheval lui furent
traites sajetes. Et Richan conte vit ceste deshonor que lui
faisoit lo prince; il lui manda disant quHl non estoit
digne de pierre ne de sa jettes, quar il avoit revengié la
mort de lo père, et lo fist prince. Lo soir lo conte ordena
lo agait, et lo prince chevaucha securement au matin, et
clama li jovencel avec lui quiportoient fronde et arc pour
traire. Et li chevalier del conte, quant il virent que lo
prince estoit issut de la cité, par fraude commencèrent a
a fouir, et ceauz de la cité de Salerne, liquel estoient vestut
de dras de lin, les secutoient jusques au lieu ou estoit fiait
Tesguait ; et cil qui faisoient Tcsguait virent cil de Salerne,
il lor corureni sus. et cil non porent fuir, et alcun se jet-
terent en mer, et alcun furent occis, si que furent mort
.C.V. ; et ccst fu lo premier plor de li Salernitain morant
en bataille (i).
(i) Les revendications du comte de Pouillc et du comte d*Averst
139
Cap. 47. Puiz que fu mort li pape Lion delquel nouz
avons devant parlé, fu fait pape lo evesque de Estitanse ( i ),
liquel se clamoît Geobarde ou Victore (2). Cestui pape
Victore fu molt cortoiz, et molt large et fu molt grant ami
de Tempeor; cestui contre la chevalerie de li Normant non
esmut inémistié, mes ot sage conseil, quar il fist amicable
paiz avec li Normant.
Cap. 48. Cestui pape ala a là cort de Tempeor pour de-
mander li passage de la terre et de li Arpe, laquel terre
apartient a la raison de Teglizede Saint-Pierre de Rome;
il fu honorablement receu de lo impeor, et lui promist lo
impereor de faire sa pétition. Mes li empeor fu malade, et
fu mort, et fu absolz de lo pape et de lo patriarcha de pêne
et de coulpe, et fu enterres ad Spiram oîi estoit souterré
son père, et fu portez de Ponte-Feltro oif avoit esté
mort (3). Et quant liempereor fu sousterrés si corne nouz
montrent combien la puistonce des Normands avait fait des progrès
par suite de la défaite des troupes de Léon IX et de la mort de
Guaimar IV ; c'est en maîtres qu'ils parlent à Gisulfe, Umfroy prend
San Nicandro à Test d'Eboli, Castel-Vecchio et Paccosa-Nuova, Ri-
chard tue les soldats de Gisulfe et celui-ci ne peut venger de telles
attaques et de tels affronts ; si le prince de Salerne a été un souve-
rain détestable^ il faut avouer que, dès le début, sa situation vis-à-
vis des Normands^ rapaces et insolents, était de nature à Tirriter
profondément,
(i) Eichstâtt, évêchéde Bavière.
(2) Gebhart^ évêque d'Eichstâtt qui devint pape sous le nom de
Victor II et fut sacré à S. Pierre de Rome le i3 avril io55, près
d'un an après la mort de Léon IX.
(3) II est certain que, durant son court pontificat, Victor II n'eut
pas de démêlés avec les Normands; mais peut-être aurait-il fini,
s'il avait vécu plus longtemps, par se brouiller, lui aussi, avec eut ;
les Annales Romani disent qu'en allant ainsi trouver l'empereur,
Victor II voulait obtenir son concours pour chasser les Agarenos,
c'est-à-dire les Normands ; Aimé croit que le pape revendiquait sim-
I40
avons dit devant, li pape Victor s'en torna a Rome, et
puiz poi de temps après fu mon et s'en ala a Jesu-
Cbrist I;.
Cap. 49. En celui temps fu mort lo abbé Richier de
Mont de Cassin '2). Et a cestui abbé Richier succedi
Pierre religious moine, mes non fu trop expert de chozes
seculeres. Et pour ce que pape Victor lo reprennoit des
chozes seculeres desquelles il o non curoit, il renuntia a
la croce et a la dignité d^estre abbé (3). Laquelle croce et
plement comme possessions du Saint-Siège, les défilés du pays
d*Arpino, au sud de Sora, c'était bien peu de chose en vérité. Qpoi
qu'il en soit, Victor II arriva le 8 septembre io56 à Goslar auprès
de Henri III, et celui-d mourut à Bodfeld (Ponte-Feltro) le 5 octobre
de la même année, et fut en effet enseveli i]cdté de ses ancêtres, dans
la cathédrale de Spire.
(i) Victor II est mort à Arezzo, en Toscane* le 28 juillet 1 067, le
texte d'Aimé laisserait croire qu'il est mort à Rome.
(2) Richer, abbé du Mont-Cassin est mort le 1 1 décembre io55 ;
Léo de* Marsi, II, 88.
(3) Léo de' Marsi, If, 89, 90, 91, 92, qui donne sur Tabbé Pierre
de curieux détails et qui paraît bien informé, explique autrement la
démission de cet abbé du Mont-Cassin. Il dit que le pape Victor H
vit de mauvais œil son élection, parce qu'elle avait eu lieu sans
l'agrément du Saint-Siège et sans celui de l'empereur et qui! envoja
au Mont-Cassin, au mois de mai 1037, l'évêque Humbert avec la
mission de faire une enquête. Les témoignages recueillis par le légat
Humbert furent favorables à l'abbé Pierre et l'on pouvait espérer
qu'il garderait la crosse abbatiale, lorsque quelques religieux du
Munt-Cassin, persuadés que le pape voulait porter atteinte à leur
ilroit d'clirc librement leur abbé, excitèrent un soulèvement parmi
les vassaux du Mont-Cassin. Ils accoururent à l'abbaye, armés et
menaçant des effets de leur colère quiconque voudrait leur enlever
leur abbé; devant une telle mise en demeure, le légat Humbert
n'hésita pas et fit comprendre à Pierre qu'il devait donner immédia-
tement sa démission et celui-ci se résignant déposa sa crosse sur
rnutel de S. Benoit. — La bulle adressée ensuite par Victor II au
141
dignité prist lo canceliier, liquel estoit noble home et
moine de cellui meismes monastier. Et quant il fu eslit
d^estre abbé, il atendoit la bénédiction de lo pape ; mes lo
pape Victor fu mort. Et après lui fu eslit cestui abbé pour
estre pape et fu clamez pape Stéphane ( i).
Cap. 5o. Nous trouvons en ceste cronica que cestui abbé
avant qu*il fust pape si esmovoit toute la gent qu^il pooit
avoir, et faisoit son pooir de destruire li Normant; puiz
qu^il fil pape o toute la mort soe pensa de les destruire.
Mes pource que la mortlui estoit voisine, non pot complir
sa volenté. Et pour ce qu'il non avoit plenement argent
pour ce faire, fu mis main a lo trésor de Saint-Benedit.
Et pour cest trésor voloît scomovere son frère qui se
clamoit Goiherico et autre grant home a destruire li Nor-
mant. Et ceste choze non estoit faite par consentement de
li frère, se non tant seulement que lo savoit lo propost et
lo deen (2).
successeur de l'abbé Pierre, — Mignb, Patr. lat.^ 143, p. 83 1, —
montre que la version de Léo de* Marsi est la vraie, car cette bulle
n*admet même pas la validité de l'élection de Tabbé Pierre.
(i) Le 22 mai loSy, Tabbé Pierre avait renoncé à sa dignité et le
lendemain, Frédéric de Lorraine, frère du duc Gottfried, fut élu en
chapitre abbé du Mont-Cassin; Victor II, heureux de cette élection,
nomma le nouvel abbé, cardinal le 14 juin loSy, et le 24 du même
mois^ jour de S. Jean-Baptiste, il le sacra de ses propres mains.
Aimé est donc dans Terreur en disant que la mort a empêché Victor II
de sacrer (bénir) Frédéric de Lorraine (Léo de* Marsi, II, 93).
Comme nous Tavons déjà dit, Victor II mourut peu après ce sacre,
le 28 juillet 1057 et, le 2 août de la même année, ce même Frédéric
de Lorraine lui succédait et prenait le nom.d*Etienne IX.
(2) Aimé avait déjà fait connaître, cf. supra, III, 24, 39, les senti-
ments hostiles de Frédéric de Lorraine contre les Normands, avant
qu'il ne devint pape. Au sujet de ce trésor du Mont-Cassin, réclamé
par le pape Etienne IX, Léo de* Marsi^ II, 97, écrit : « Disponebat
132
Cap. 38. Puiz que fu seu par publica famé que H pape
venoit, molt en estoîent alegre. Mes Jehan, evesque de
Salerne^ non avoit petit de tribulation pour la vision qui
lui apparut; quar stant afflit par dolor de santé laquelle
avoii acostumé d'avoir, se fist porter la ou gist lo cors de
saint Mathic apostole et lui dist ce qui estoit a entrevenir, et
entre celie dolor s^endormi. A loqualle s^apparut saint
Matbie apostole, et lui dist ce qui devoit avenir. Et lui
dist : c Je te promet que tu es guari de ton infermeté. Mes
je te prophetize que la mort non est trop long. Li pape
vient avec vilz chavaliers pour chacier, mes li sien seront
destruit, et espars, et en prison, et mort. Et puiz ceste
cose retorncra à Rome et sera mort. Et puiz la venue soe
pcii vivra : quar c'est ordenc devant la présence de Dieu,
quar quîcunques sera contre li Normant pour les chacier
ou tost morira, ou grant affliction aura. Quar ceste terre
de Dieu est donnée a li Normant, quar la perversité de
ceus qui la tcnoient et pour la parenteze qu^il avoient faite
avec eaux, la juste volenté de Dieu a convertut la terre a
eaux ; quar la loy de Dieu et la loy de li impeor com-
mande lo fill succède a lo héritage de lo père. » Et puiz
lo evesque se resvcilla tôt sain et salve ; et ensi comme lui
fu dit en avision, ensi fu fait ( 1 1.
Cap. 39. Lo pape fu acompaingnié de ceste chevalerie,
et avant qu'il venist a La Cité assembla li gentilhome et
iist gofanonîer de La Cité et de la bataille Robert lequel
se clamoit de Octomarset. Et puiz vindrent a La Cité,
c*est a un chastel qui se clame La Cité. Quar la lui
vinJrcnt encontre li Normant comment se trove en autre
(i) Sur ce Jean, archevêque de Salcrnc et prédécesseur d*Alfiuie,
voyez : « Memorie délia Chiesa Salernitana di G. Pabsano , t. I,
Napoli, in-80, 1846, p. 106 sqq.
133
ystoire ( i). Et lo pap^ et li chevalier avoient espérance de
veinchre pour la multitude de lo pueple. Et li Normant
puiz quMl vindrent mandèrent message a lo pape et cer-
choient paiz et concorde, et prometoient chascun an de
donner incense et tribut a la sainte eclize, et celles terres
qu'il ont veincues par armes voloient revoir les par la
main de lo vicaire de Teglize. Et mostrerent lo confanon
coment il furent revestut de la terre par la main de lo
impeor, et coment lor estoit confermée. Lo pape non
parla, ainz parla lo cancelier et les manesa de mort, et lor
propona qu'il doientfugir; et Tun et l'autre est molt
moleste a li Normant ; et encoire o ces messages parla par
manacha, et lor fist vergoingne. Li légat de li Normant
s'en retornerent et reportèrent lor message, loquel molt
lor desplaist (2).
GkP. 40. La neccessité de la famé moleste li Normant,
et par lo exemple de li apostole prenoient li espic de lo
grain et frotoient o la main, et ensi menjoient lo grain, et
afHit pour la famé requerent que ceste brigue se départe
ou combatent. Et li pape avec li evesque sallirent sur lo
mur de La Cité, et regarda a la multitude de ses cavaliers
(i) C'est en effet à Civitate, sur les bords du Fortore, et dans la
Capitanate qu*eut lieu, le 18 juin io53, la bataille entre les Normands
et les troupes de Léon IX; Léo de* Marsi, II, 84 : « Inito autem cer-
tamine in planitie maxima quae juxta Civitatem est » ; Malaterra ^
I. 14; « Âpostolicus fuga vitaea syium expetens, intraurbem provincisc
Capitanats qus Ci mita ta (Civitata) dicitur, se se profugus recepit. »
De même la Vita Leonis IX ab anonymo (Watterich, t. I, p. iiic).
(2) Guillaume de Fouille, II, v. 85 sqq. dit également que les
Normands firent, avant la bataille, une démarche de conciliation au-
près du pape, mais sans succès ; d'après Tânonyme de BÉNévENT, ce
furent les ambassadeurs du pape qui allèrent dans le camp normand,
mais le résultat fut le même, Watterich, 1. 1, p. me.
134
pour les absolvere de lor péchiez, et pardonna la pcnancc
que pour lor pechié dévoient faire. Et lor fait la croîz et lo
commanda de boche qu'il aient combatrc (i). Raynolfeet
Raynier furent eslit principe de ceste part, liquel levèrent
en haut li gofanon, et vont devant o molt grant multi-
tude de gent, mes petit de Toudeschi solement les secuta.
Et li Normantfont troizcompaingniez desquelles une en
csi régie et govcrnéc par la main del conte Unfroy, et
l'autre par lo conte Ricchart, et a la tierce par Robert
Viscart. Et li Thodeschi se metent Tescu en bras et
croUent Tespëe; et li Normant et hardi cornent lyon
prenent la haste. Et lo conte Richart despart li Todcschi
et passe parmi eaux ; et de l'autre part fiert lo-conte Unfroy
et de l'autre entre Robert Viscart ; et li Thodeschi se re-
guardent derrière pour veoir lor compaingnie; mds nul
Longobart venoit après eauz, quar tuit s'enestoient foui.
Cestui Todeschi qui iluec se troverent furent tuit mort,
nul non eschappa se non aucun a qui li Normant vou-
loient pour pitié pardoner ; et secuterent ceus qui fuyoient,
et les prenoient et occioient. La masserie de lo pape et de
tout li soi» et li trésor de la chapelle soe lui fu levé de
ceus de La Cité (2).
(i) Guillaume de Fouille, II, ii5 sqq.
m Tcmpus crat triticcis confine meten Jis
Frugibiis, at viridcs nondum Icgcrc maniplos
Agricols, quos Francigcnac, quia pane carcbant,
Igni torrobant et vesccbantur adustis. »
L'Anonyme dk Denévrnt i!it aussi que le pnpc s*cst retire à Civitate
pen lint la bai;iille — Watthrich, t. I, p. iiic ; Malaterra, I, 14 et
GriLLAUME DE PouiLLK, II, V. 2 38, suppo&.'nt, a u Contraire, que le
pape serait reste sur le champ de bataille jusqu'à la défaite de tes
troupes. WiBERT, II, 1 1, confirme la donnée d'Aimé.
(2) L'expose, assez laconique du reste, qu*Aimé fait de U battille
I3S
Cap. 41. Et quant ce fu fait li Normant s^en alerent a
lor terre ; li pape avoit paour et li clerc trembloient. Et li
Normant vinceor lui donnèrent sperance, et proierent que
securement venîst lo pape, liquel mèneront o tout sa gent
jusque a Bonivenc, et lui aministroient continuelment
pain et vin et toute choze neccessaire, et pour ce que
Rodolfe estoit o coultel fist archevesque de la cité Boo-
garie(i).
Cap. 42. Et o la favor de li Normant torna a Rome a
li .X. mois (2) puiz que avoit esté la bataille. A li .xiij.
kalende de mai, c'est d'apvril a li .xviiij. jor, fu mort et
fist molt miracle (3). Et lo archevesque de Salerne loquel
I
de Civitate est, pour le fond, en harmonie avec ce que nous savons
par ailleurs; Guillaume de Fouille, G. Malaterra, l'Anonyme de
Bénévent ont donné plus de détails que n*en fournit Aimé, mais sans
contredire ses assertions sur la marche et Tissue de la bataille ; ce
fîeût historique est en définitive un des mieux connus du xie siècle.
Au sujet de la conduite des habitants de Civitate à l'égard du pape,
Guillaume de Fouille, II, v. 269 sqq. écrit de son côté :
« Sed cives papam non excepere decenter
Normannis veriti grave ne victoribus esset. »
(i) Léon IX fit son entrée à Bénévent cinq jours après la bataille
de Gvitate^ le 2 3 juin io53, et resta dans cette ville jusqu'au 12 mars
de l'année suivante. On s'est demandé si le pape avait été à Bénévent
prisonnier des Normands ou s'il était .de son plein gré et en toute
liberté resté dans cette ville. Il semblerait, d'après le texte d'Aimé,
que le pape, nourri par les Normands, ait été à Bénévent dans une
certaine mesure sous leur dépendance ; Hirsch, l, c, p. 288, exagère
cependant lorsqu'il interprète ces paroles « o la favor de li Normant
torna à Rome » en disant que le pape demanda aux Normands la per-
mission de revenir à Rome, le sens est plutôt « avec le concours des
Normands. »
(2) C'est vers le 3 avril 1054 qu'il est rentré à Rome, « instanti
paschali tempore. » Hbrim. Augibnsis, C/tron. ad an. 1054.
(3) La date est exacte, Léon IX est mort le 19 avril 1054.
134
pour les absolvere de lor péchiez, et pardonna la pcnancc
que pour lor pechié dévoient faire. Et lor fait la croîz et lo
commanda de boche qu'il aient combatre (i). Raynolfeet
Raynier furent eslit principe de ceste part, liquel levèrent
en haut li gofanon, et vont devant o molt grant multi-
tude de gent, mes petit de Toudeschi solement les secuta.
Et 11 Normanifont troizcompaingniez desquelles une en
est régie et governcc par la main del conte Unfroy, et
l'autre par lo conte Ricchart, et a la tierce par Robert
Viscart. Et li Thodeschi se metent Tescu en bras et
crollent Tespëe; et li Normant et hardi coment lyon
prenent la haste. Et lo conie Richart despart li Todeschi
et passe parmi eaux ; et de l'autre part fiert lo-conte Unfroy
et de l'autre entre Robert Viscart ; et li Thodeschi se rc-
guardent derrière pour veoir lor compaingnie; mes nul
Longobart venoit après eauz, quar tuit s'enestoient foui.
Cestui Todeschi qui iluec se troverent furent tuit mort,
nul non eschappa se non aucun a qui li Normant vou-
loient pour pitié pardoner ; et secuterent ceus qui fuyoient,
et les prenoient et occioient. La masserie de lo pape et de
tout li soi, et li trésor de la chapelle soe lui fu levé de
ceus de La Cité (2).
(i) Guillaume de Fouille, II, ii5 sqq.
m Tempus crat triticcis confine metcndis
Frugibus, at viridcs nondum Icgcrc maniplos
Agricols, quos Francigcnflc, quia pane carcbant,
Igni torrcbant et vesccbantur adustis. »
L*Anonymb de Denévknt dit aussi que le pnpe s*est retire à Civitate
pen Innt la batnille — Watttrich, t. 1, p. iiir, ; Malaterra, 1, 14 et
GtMLLAiTME DE PouiLLK, II, V. 2 58, suppos<:nt, au contraire, que le
pape serait resté sur le champ de bataille jusqu*à la défaite de tes
troupes. WiBERT, II, 1 1, confirme la donnée d'Aimé.
(2) L*cxposc, assez laconique du reste, qu*Aimé fait de la bataille
I3S
Cap. 41. Et quant ce fu fait li Normant s^en alerent a
lor terre ; li pape avoit paour et li clerc trembloient. Et li
Normant vinceor lui donnèrent sperance, et proierent que
securement venist lo pape, liquel mèneront o tout sa gent
jusque a Bonivenc, et lui aministroient continuelment
pain et vin et toute choze neccessaire, et pour ce que
Rodolfe estoit o coultel fist archevesque de la cité Boo-
garie(i).
Cap. 42. Et o la favor de li Normant torna a Rome a
li .X. mois (2) puiz que avoit esté la bataille. A li .xiij.
kalende de mai, c'est d'apvril a li .xviiij. jor, fu mort et
fist molt miracle (3). Et lo archevesque deSalerne loquel
de Civitate est, pour le fond, en harmonie avec ce que nous savons
par ailleurs; Guillaume de Fouille, G. Malaterra, TAnonyme de
Béncvent ont donné plus de détails que n'en fournit Aimé, mais sans
contredire ses assertions sur la marche et Tissue de la bataille ; ce
fait historique est en définitive un des mieux connus du xie siècle.
Au sujet de la conduite des habitants de Civitate à Tégard du pape,
Guillaume de Fouille, II, v. 269 sqq. écrit de son côté :
« Sed cives papam non exceperc decenter
Normannis veriti grave ne victoribus esset. »
(i) Léon IX fit son entrée à Bénévcnt cinq jours après la bataille
de Gvitate, le 23 juin io53, et resta dans cette ville jusqu'au 12 mars
de Tannée suivante. On s*est demandé si le pape avait été à Bénévent
prisonnier des Normands ou s'il était .de son plein gré et en toute
liberté resté dans cette ville. Il semblerait, d'après le texte d'Aimé,
que le pape, nourri par les Normands, ait été à Bénévent dans une
certaine mesure sous leur dépendance ; Hirsch, l. c. p. 288, exagère
cependant lorsqu'il interprète ces paroles « o la favor de li Normant
torna à Rome » en disant que le pape demanda aux Normands la per-
mission de revenir à Rome, le sens est plutôt « avec le concours des
Normands. >•
(2) C'est vers le 3 avril 1064 qu'il est rentré à Rome, « instant!
paschali tempore. » Hbrim. Augibnsis, C/tron. ad an. 1054.
(3) La date est exacte, Léon IX est mort le 19 avril 1054.
I3é
avoit veue celle avision, a H .v. mois et vj yde de sep-
tembre fu mort (i).
Cap. 43. A li conte de Puille vindrent autre frere de la
contrée de Normendie, c'est assavoir Malgere, Gofrede,
Guillcrme et Rogier (2).
Cap. 44. Cestui Gisolfe de loquel nous avons devant
parlé, liquel de la part de la mère estoit nez de gent vipe-
rane (3), en prime comensa a estre jovene et petit a petit
comensa a vomir lo venin. Molestament soustint la mais*
trie de so oncle Guide et lo pensa de priver de* toute
honor. Et toutes foiz il estoit en Tornor de prince par son
oncle Guide, quar par lui Tavoit eue. Mes pour covrir
ceste iniquité qu'il vouloit faire, il se ordena de traire de
sajetc et faire mal a doi frères, c*est à Mansone et a Lyon.
(i) Cc8t donc le 8 septembre 1054 qu*Aimé fait mourir Jean,
archevêque de Salernc ; c'est probablement là une erreur, car G. Pae-
sano, dans Touvmge déjà cité (cf. supra, p. 93, note i), cite un
document de io37 dans lequel il est parlé de Jean comme occupant
encore le siège de Salcme, t. 1, p. 11 2.
(2) Malaterra, 1, i5, dit également qu^après la bataille de Civi-
tnte, le comte Umfroy s*occupa d'établir ses frères dans l'Italie du
sud, il écrit : « Duos itaque fratres suos comités fecit Malgerium
Capitinatx, Guillclmum vcro in principatu. Scd Malgerius moriens
cum omncm comitatum suum Guilielmo fratri suo reliquisset, Gui-
lielmus Gaufrcdum fratrem suum diligcns sibi concesait. » D'après
ce même Malaterra^ I, 19, Roger ne serait venu en Italie qu'après
la mort d^Umfroy et lorsque Robert Guiscard lui avait succédé
comme comte de Pouille.
('^) Nous avons vu que Guaimar IV avait épousé Gemma, fille du
comte de Tcano, Gisulfc descendait donc des comtes de Teano par
sa mère, et comme ces comtes c-taient d'assez mauvais voisins de
Tabb.iye du Mont-Cassin, Aimé ne se gcnc pas pour déclarer que
par sa mère, le nouveau prince de Salerne descendait de getU
vipérane.
137
Et toutes voies par le conseill de ces .ij. frères Tonor de
li frère et li sien avoient esté accressut. Et princement
cesti Gisolfe esmutcil de la cité contre ces dui, et lor pro-
metoit de donner lor chozes. Mes pour ce que ces .ij.
frères avoient Tajutore de lo conte Ricchart, non veoit
cornent ceste cose bonement se peust faire sans Tajutore
de alcun altre de li Normant. Adunque a ceste cose faire
appella Robert frère de lo prince Ricchart, et li promist
par sacrement de donner lui la moitié de la ricchesce de
ces .ij. frères; et cestui estoient moult riche, et avoient
grans possessions. Mes ces .ij. frères sorent lo conseill qui
estoit fait contre eaux. Et après de la cité avoient une
roche molt secure et moult fortissime de grant manière,
et en celle roche avoient mise lor ricchece, et la estoient
la ville et la maison, et se. partirent de lor anemis, et lo
bestiame delquel se trovoient abondance sans nombre.
Toutes foiz remainstrent vacant et gabe de ceux qui desi-
deroient de faire mal a la persone lor. Partirent toutes
voies quant sesperoient départir, et la cose qu'il partirent
fu moult petite. Et Richart estoit immobile por defifendre
li fidel de ceste injure. La prospérité de Guide estoit
abassié pour lo oppression de ces .ij. frères, liquel se t&-
noient ensemble, et Gisolfe son neveu ot sa compaingnie
en despit (i).
Cap. 45. Et vint lo conte Umfre, et demanda lo don'
quMl soloit avoir, et vint o son frère Guillerme, demanda
lo chastel qui lui fu promis o sacrement. Li prince
dampna la pétition de ces .ij., et onques ne les vouloit
voier, ne de bone et alegre face non lor voust plaisir. Et
se partirent ces .ij. frères molt corrociez et cerche et
(i) Aimé est seul à parler de ces premiers actes de Gisulfe.
I5S
queroicnc de jvoîr sdiiszajtioa. Et en prime donerent
esmote a lo cascel i^ 5a:r.:-N:charde, ei puiz ront dévo-
rant lo pnncipd: :cu:. E: qujni Gisolie oî ccsie novelle
que Umrro: e: Guillirr/e ilolent easi gastant sa terre il
s'en tîsr j;2S:ne e: non s'en ûsz senon rire cl tout tint a
iîieu. Niés routes loiz prlstrecit Castel-Viel et Facose-1^
Nove. et tou:e$ les cités qui estoîent après chascun jor es-
toient assaillies, ec les chozes qui estoîent fors des murs
furent prises et destnictes. Mes quant les gens des chas-
teaux surent ceste destructioa. il garnirent lor terres et
lor chastejux de murs e: de palis, et lo prince corne
jovencel se joe dedens les murs et se soiace.
Cvp. 4Ô. Ceste ystoire nous dit et raconte que lo conte
Richan vint a Saleme et demanda lo domp que Guay-
marie lui soloit donner. Mes il ot makment son enten-
dement, ne ce qu*iî demandoit. quarporTor qu*il deman-
doit lui turent î:etée2 pierrez. et pour li cheval lui furent
traites saietes. Et Richan conte vît ceste deshonor que lui
taisoit lo prince: il lui manda disant qu'il non estoit
digne de pierre ne de saiettes. quar il avoit revengié la
mort de lo père, et lo tist prince. Lo soir lo conte ordena
lo agait, et lo prince che\'aucha securement au matin, et
clama li jovencel avec lui qui portoient fronde et arc pour
traire. Et li chevalier del conte, quant il ^nrent que lo
prince estoit issut de la cité, par fraude commencèrent a
a fouir, et ceauz de la cité de Saleme. liquel estoîent vestut
de dras de lin. les secutoient jusques au lieu ou estoit fiait
res4:uait : et cil qui laisoient Tesguait virent dl de Salerne,
il lor c^rureni sus. et cil non porent fuîr. et alcun se jct-
toreni en mer. e: ak'un fu-ent occis, si que furent mort
.C.V. ; et cest tu lo premier plor de li Salernîtain morant
en bataille 1 .
( I ': Les revendications d\i comte Je Pou:lle et du comte J'Avcm
139
Cap. 47. Puiz que fu mort li pape Lion delquel nouz
avons devant parlé, fu fait pape lo evesque de Estitanse ( 1 ),
liquel se clamoît Geobarde ou Victore (2). Cestui pape
Victore fu molt cortoiz, et molt large et fu molt grant ami
de rempeor ; cestui contre la chevalerie de li Normant non
esmut inémistié, mes ot sage conseil, quar il fist amixrable
paiz avec li Normant.
Cap. 48. Cestui pape ala a là cort de Tempeor pour de-
mander li passage de la terre et de li Arpe, laquel terre
apartient a la raison de Teglizede Saint-Pierre de Rome;
il fu honorablement receu de lo impeor^ et lui promist lo
impereor de faire sa pétition. Mes li empeor fu malade, et
fu mort, et fu absolz de lo pape et de lo patriarcha de pêne
et de coulpe, et fu enterres ad Spiram où estoit souterré
son père, et fu portez de Ponte-Feltro o(^ avoit esté
mort (3). Etquantliempereor fu sousterrés si corne nouz
montrent combien la puis^nce des Normands avait fait des progrès
par suite de la défaite des troupes de Léon IX et de la mort de
Guaimar IV ; c'est en maîtres qu'ils parlent à Gisulfe, Umiroy prend
San Nicandro à Test d'Eboli, Castel-Vecchio et Paccosa-Nuova, Ri-
chard tue les soldats de Gisulfe et celui-ci ne peut venger de telles
attaques et de tels affronts ; si le prince de Salerne a été un souve-
rain détestable^ il faut avouer que, dès le début, sa situation vis-à-
vis des Normands^ rapaces et insolents, était de nature à l'irriter
profondément,
(i) Eichstâtt, évêché de Bavière.
(2) Gebhart^ évêque d'Eichstâtt qui devint pape sous lé nom de
Victor II et fut sacré à S. Pierre de Rome le i3 avril io55, près
d'un an après la mort de Léon IX.
(3) II est certain que, durant son court pontificat, Victor II n'eut
pas de démêlés avec les Normands; mais peut-être aurait-il fini,
s'il avait vécu plus longtemps, par se brouiller, lui aussi, avec eut ;
les Annales Romani disent qu'en allant ainsi trouver l'empereur,
Victor II voulait obtenir son concours pour chasser les Agarenos,
c'est-à-dire les Normands ; Aimé croit que le pape revendiquait sim-
I40
avons dit devant. li pape Victor s'en torna a Rome, et
puiz poi de temps après fu mort et s^en ala a Jesu-
Christ II).
Cap. 49. En celui temps fu mort lo abbé Richier de
Mont de Cassin (2). Et a cestui abbé Richier succedi
Pierre religious moine, mes non fu trop expen de chozes
seculeres. Et pour ce que pape Victor lo reprennoit des
chozes seculeres desquelles il o non curoit, il renuntia a
la croce et a la dignité d'oestre abbé (3). Laquelle croce et
plcment comme possessions du Saint-Siège, les défilés du pays
d*Arpino, au sud de Sora, c'était bien peu de chose en vérité. Qyoi
qu'il en soit, Victor II am\*a le 8 septembre io56 à Goslar auprès
de Henri III, et celui-d mourut à Bodfeld (Ponte-Feltro) le 5 octobre
de la même annexe, et fut en effet enseveli àcdté de set ancêtres, dans
la cathédrale de Spire.
(i) Victor II est mort à Arezzo, en Toscane, le a8 |uillet loSy, le
texte d*Aimé laisserait croire qu*il est mort à Rome.
(a) Richer, abbé du Mont-Cassin est mort le 11 décembre io55;
Léo de* Marsi, II, 88.
(3) Léo de* Marsi, H, 89, 90, 91, ga, qui donne sur Tabbé Pierre
de curieux détails et qui parait bien informé, explique autrement la
démission de cet abbé du Mont-Cassin. 11 dit que le pape Victor II
vit de mauvais oeil son élection, parce qu'elle avait eu lieu sans
Tagrémcnt du Saint-Siège et sans celui de Tempereur et qu'il envoya
au Mont-Cassin, au mois de mai 1037, Tévêque Humbert avec k
mission de faire une enquête. Les témoignages recueillit par le l^t
Humbert furent favorables à Tabbé Pierre et Ton pouvait espérer
qu*il garderait la crosse abbatiale, lorsque quelques religieux du
Mont-Cassin, persuadés que le pape voulait porter atteinte à leur
iiroit dVlirc librement leur abbé, excitèrent un soulèvement parmi
les vassaux du Mont-Cassin. Ils accoururent à Tabbaye, armét et
menaçant des effets de leur colère quiconque voudrait leur enlever
leur abbé; devant une telle mise en demeure, le légat Humbert
n*hésita pas et fit comprendre à Pierre qu*il devait donner immédia-
tement sa démission et celui-ci se résignant déposa ta crotte tur
l'autel de S. Benoît. — La bulle adrestée ensuite par Victor II au
141
dignité prist lo cancellier, liquel estoit noble home et
moine de cellui meismes monastier. Et quant il fu eslit
d^estre abbé, il atendoit la bénédiction de lo pape ; mes lo
pape Victor fu mort. Et après lui fu eslit cestui abbé pour
estre pape et fu clamez pape Stéphane ( i ).
Ca.p. 5o. Nous trouvons en ceste cronica que cestui abbé
avant qu*il fust pape si esmovoit toute la gent qu^il pooit
avoir, et faisoit son pooir de destruire li Normant; puiz
qu'il fu pape o toute la mort soe pensa de les destruire.
Mes pource que la mort lui estoit voisine, non pot complir
sa volenté. Et pour ce qu'il non avoit plenement argent
pour ce faire, fu mis main a lo trésor de Saint-Benedit.
Et pour cest trésor voloit scomovere son frère qui se
clamoit Gotherico et autre grant home a destruire li Nor-
mant. Et ceste choze non estoit faite par consentement de
li frère, se non tant seulement que lo savoit lo propost et
lo deen (2).
successeur de l'abbé Pierre, — Migne, Pair, lat.j 143, p. 83 1, —
montre que la version de Léo de* Marst est la vraie, car cette bulle
n'admet même pas la validité de l'élection de l'abbé Pierre.
(i) Le 22 mai 1057, l'abbé Pierre avait renoncé à sa dignité et le
lendemain, Frédéric de Lorraine, frère du duc Gottfried, fut élu en
chapitre abbé du Mont-Cassin ; Victor II, heureux de cette élection,
nomma le nouvel abbé, cardinal le 14 juin loSy, et le 24 du même
mois, jour de S. Jean-Baptiste, il le sacra de ses propres mains.
Aimé est donc dans Terreur en disant que la mort a empêché Victor II
de sacrer (bénir) Frédéric de Lorraine (Léo de' Marsi, II, 93).
Comme nous l'avons déjà dit, Victor II mourut peu après ce sacre,
le 28 juillet 1057 et, le 2 août de la même année, ce même Frédéric
de Lorraine lui succédait et prenait le nom.d*Etienne IX.
(2) Aimé avait déjà fait connaître, cf. supra, III, 24, 39, les senti-
ments hostiles de Frédéric de Lorraine contre les Normands, avant
qu'il ne devint pape. Au sujet de ce trésor du Mont-Cassin, réclamé
par le pape Etienne IX, Léo de' Marsi, II, 97, écrit : « Disponebat
142
Cap. 5i. Et la nuit quant lo trésor fu enporté, un
moine de Tabbaie vit ceste révélation en somne. Et lui
cstoit avis qu'il veoit desouz Tautel ou gist saint Benoit
avec sa suer, laquelle se clamoit sainte Scolastice, issoit
un moine deschauz et la teste descovene, et ploroit forte-
ment, et disoit qu'il estoit desrobé et toutes ces chozes lui
cstoicnt levées ; et s'en vouloit aler reclamer a la justice.
Et un moine le secutoit et lui disoit qu^il non plorast,
quar il lui prometoit de raporter lui lo trésor qui lui avoit
esté levé, et disoit que celui estoit concedut de la pitié de
Dieu que nul home ne te lo puet lever. Et après ce se res-
veilla lo frère, et dist ceste avision a molt, et ensi ce qui
avoit esté fait abscoiisement vint publiquement. Et dist
ccstui moine escriptor et exponitor de ceste cronica que
bien estoit certain et secur que celui moine qui confortoit
Tautrc moine qui ploroit que ce fu saint Benoit, par laquel
mérite et ordination lo trésor qui en estoit porté de lo mo-
nastier, si coment je vouz ai devant dit, fu retorné puiz
la mort de lo pape (i).
Cap. 53. Cestui capitule si dit en que quant cest pape,
liquel avoit este avant abbé de lo monastierdemisire saint
nutcm fratri suo duci Gutfrido apud Tusciam in coUoquium jungi d
que ut fcrebatur impcrialcm coronam largiri ; demum vcro ad No^
mannos Itulia cxpcllcndus qui maximo illi odio crant, una cum eo
rcvcrti. » Aime dit, ce qui n*cst guère probable, que le duc Gotl-
fri'.'d connaissait les projets du pape, mais navait pas promis de les
seconder.
(i) Il y a dans Léo de* Marsi, H, 97, le récit d'une viùon à peu
près semblable et sur le même sujet ; mais dans Léo de' Marti, ce
ne sont pas deux moines inconnus, c*cst S. Benoît et St^ Scholas-
tique qui pleurent parce que le pape a fait enlever le trésor du Mont-
Ctiïsin. Aimé dit que le trésor ne fut rendu à Mont-Caasin qu'après
la mort d'l£ticnne IX, tandis que Léo de* Marsi rapporte que ce pope
le renvoya lui-même à Tabbaye, avant de passer de vie à trépas.
143
Benedit de Mont de Cassîn, vindrent a la ultime terme
de sa mort, les frères qui estoient avec lui en compaingnie
et lui demandèrent conseil qu'il lui plaisoit qui fust abbé
de lo devant dit monastier de Saint-Benoît après sa mort.
Et respondi cil loquel estoit pape et abbé del dit monas-
tier, que cellui del covent de li moine a cui il auront plus
grant dévotion qu'il soit abbé, cellui sera le meillor. Et
puiz si dist li dit meisme pape : c Comment ce soit choze
que je ay eues dui dignités molt grandes en la sainte
eglize de Dieu, tout soit ce choze que je non estoie digne,
je sui tenut de ces dui grandes et excellentes rendre raison
jusque a la ultime quadrante, c'est a la plus petite monoie
qui se trove, devant un destroit juge liquel me demandera
l'usure, w Et ce est a entendre que es une manière de mesure
de pain laquelle mesure de pain est encoire a Rome, et se
clame justice. Et pour ce se clame justice, quar est un pain
partut en quatre parties; eten celluitempscelluipain valoit
un denier, si que lo povre home en pooit dui foiz ou quatre
mengier, si que la ultime quadrante, la quarte part d'un
denier petit. Et en aucune part se trove que une géné-
ration de meallezde liquelle se trove quatre por un denier.
Et pour ce dist lo pape que de ces .ij. grans et excellentes
offices de la eglize de Dieu lui covenoit rendre rayson
jusque a lo plus petit denier qui se trove par tout lo
monde, dont li bon pape non vouloit grever Tarme soe.
Et puiz si dist : « Quar quiconques est clamé a si hautes
offices et excellentes de la sainte Eglize de Dieu non doit
amer nulle choze se non Dieu. Et pour ce ipe pert et me
plaist bien que cellui qui es^ plus amé soit fait abbé. »
Et puiz si dist : a Coment se soit chozes que frère Desi-
dere soit plus amé, je vouz conseille que de lui faciès
vostreabbé et pastor, quar il est de noble gent et de bones
costumes. » Et quant li frère entendirent lo conseil et la
volenté de cestui pape et abbé, cil qui ploroient por sa
mort orent grant joie et furent tuit reconfortez en Dieu,
et furent liez et joians cil qui estoient tristez et dolent de
la mort de lor bon père et pastor ; tuit furent réconfortés
en la vie de cellui quMl dévoient eslire pour estre lor père
et lor abbé. Et quant li papes ot ensi parlé cornent je vouz
ay dit, et ordené avec ses frères, la maladie lui enforza, et
trespassa de ceste mortel vie et s'en ala a la miséricorde
de lo nostre Salveor Jsbu-Crist (i). Et quant li pape et
abbé fu enterrez honorablement a Saint-Pierre de Rome,
si coment il est usance de faire honor au saint père (2),
ses frcres moines liquel estoient avec lui s^en retornerent
a lor abbeie de monseignor saint Benedit de Mont de
Cassyn, et ra portèrent tôt le trésor loquel il en avoient
porté de lo saint monastier (3). Et quant li frère furent
venus audit monastier, il annoncierent a lor autres frères
la mort de lor pape et abbé, et lor distrent coment li pape
lor avoit donné en conseil qu^il feissent abbé de frère Desi-
(i) Lbo de* Marsi, ni, 9, qui a également rapporté ces divers inci-
dents est, sur plusieurs points, en désaccord avec Aimé. U place aux
environs de la Nocl et au Mont-Cassin, la réunion des moines pré-
sidée par le pape, dans laquelle, du consentement de ce dernier)
Désidère ou Didier fut <îlu futur abbé du Mont-Cassin. Etienne IX
étant mort le 29 mars io58, cette réunion n*a donc pas eu lieu « à
la ultime terme de sa mort » ; en outre, les moines n'ont pas eu à
revenir au Mont-Cassin après la mort d'Etienne IX pour annoncer le
résultat de la conférence^ puisqu'elle avait eu lieu à l'abbaye même
et plusieurs mois avant le décès du pontife. Aimé et Léo de' Marsi
sont du moins d*accord pour affirmer qu'Etienne IX voulut rester
jusqu'à sa mort abbé du Mont-Cassin, tout en approuvant qu'on lui
donnât, après sa mort, pour successeur, l'abbé Didier.
(2) Etienne IX ne fut pas enterré à S. Pierre de Rome, mais dans
réglisc de Santa Reparata, à Florence.
(3) Nous avons vu que d'aprèà Léo de' Marsi, le trésor aurait été
rapporte au monastère, du vivant d'Etienne IX.
145
dere, liquel estoit plus amé : mes estoit ensi que cestui
frère Desidere estoit alez en Costentinople a lo empeor,
ambassator por lo pape, mes H frère de lo monastier tout
maintenant a grant joie mandèrent a frère Desidere que
li papes estoit mort, et que sans demorance s'en venist.
Et quant frère Desidere entendi li mandement de ses
frères, il se mist en mer et vint jusque après de Rome, et
puiz ot lo vent contraire qui le retorna jusques au Bar.
Et iluec, de sez frères qui Tatendoient et a grant joie lo
rechurent, et la fu faite la élection secont lo commande-
ment de lo pape. Et en lo jor de la pasca de la Résur-
rection monta a Mont de Cassin, et li moine o grant joie
et loant Dieu lo firent abbé ( i ) . Mes vouz qui ceste ystoire
(i) D*aprè8 Lbo de* Marsi, III, g, Etienne IX était encore au Mont-
Cassin lorsque Didier partit pour Constantinople avec les deux
autres légats, le cardinal Etienne et Mainard, promu nouvellement à
révéché de Silva-Candida, par conséquent en février ou dans les
premiers jours de mars io58 ; il s*embarqua à Siponto, sur im navire
qui se rendait à Ban, où, retenu par des vents contraires, il envoya
un messager au Mont-Cassin dire qu'il n'avait pas encore pu partir
pour Constantinople. Comme on avait, sur ces entrefaites, appris au
Mont-Cassin la mort du pape, deux frères furent en toute hâte
envoyés à Bari, annoncer cette nouvelle à Didier et lui mander de
revenir. Il revint en effet, et, le jour de Pâques, 19 avril io58, il
était élu abbé du Mont-Cassin et prenait possession de sa charge. Ce
rédt, on le voit, diffère sur plusieurs points de celui d*Aimé ; il
n*est guère admissible qu*à la nouvelle de la mort du pape, Didier,
alors à Bari selon toute apparence, ait songé à venir à Rome par la
voie de mer, pourquoi à Rome et comment par mer ? l'édition de
ChampoUion portait par erreur « et puiz ot lo vent contraire qui le
retorna jusques au bas » le manuscrit porte « jusques au Bar, » c'est-
à-dire jusqu'à Bari où nous avons vu en effet que, d'après Léo de'
Marsi, Didier était venu par mer sur un navire de Siponto. Je serais
porté à croire que tout ce passage a été mal compris et mal rendu
par le traducteur.
10
14^
lizics, notés ceste parole que jamaiz home fust pape et
abbc, quar mais non se recorde que home qui fiist fiait
pape se reservast la dignité laquelle avoit eue devant, nul
non s'en trove qui fust archevesque et pape ensemble, ou
cardinal et pape, fors solement cestui qui fu pape et abbé,
mes force qu^il vesqui tant petit de temps qu^il non pot
ordener a sa volenté autre abbé; ou fu traittement qu^il
fu abbé tant que lo fust abbé Desidere de loquel Pestoire
parle après ( i ) . Or dit ensi H escriptor et li translatator de
ceste cronica, quMl veult dire Tordre de la conversation et
la prospère subcession de cestui abbé, kar se non laissa de
dire la nativité et la vie de li autre home, coment se veult
tacer de cestui qui fu abbé et père de lo monasticr dont il
meismes estoit moines? Et espccialment qu^il fu tel et
tant qu'il est digne choze d'escrivre de lui, quar il fu
molt gentilhome et fu son pore conte de Bonivent (2) et
touz temps fu norri de gentil gent et fu enseingniez de
bones costumes; et quant son perc fu mort, il toute Tonor
de estre conte prist et tout lo héritage. Et la mcre, pour
ce que elle non avoit plus, consentoit a son filz ce qu^il
vouloit. Et cestui prenoit et que la mère avoit et donnoit
a li povre continuelmcnt, et de son preciouz vestement
covroit li povre. Et quant sa mère vit tant substrattion de
sa richcscc, por non destorbcr lo de faire sa volenté et son
(1) C'est une erreur ; bien des papes, nu moyen ftgc, ont gardé après
leur avènement sur le Saint-Sicge, des bdncticcs qu*ils avaient aupa*
ravant, abbayes, cvcchés, archevêchés.
(2) Lko dk* Marsi, III, I, dcrit : « Is ex nobilissima Bcncventano-
rum principum origine sanguinis lincim duccns. » Son père n'était
cependant pas prince souverain de Bénévent; il faisait seulement
partie de la famille princicrc. Nous savons par Lio de* Marsi, III, 1|
qu'il fut tu(3 dans une rencontre avec les Normands, et lorsque le
futur abbé du Mont-Cassin était encore bien jeune.
147
plaisir, lui leissoit faire tout ce qu^il vouloit, quar molt
Tamoit de grant amour, quar bien avoit rayson de amer
de bon cuer tant et tel saint et bel et bon et gentil joven-
cel, et especialment qu'il estoit son filz, et plus non avoit;
et si non estoit nul home ne famé qui lo coneust qui non
Tamastde bon cuer. Et quant li parant de son père virent
et sa mère que cestui jovencel estoit si large et plein de si
grant charité, il s'asemblerent ensemble et pristrent con-
seil de donner lui famé pour moillier. Mes lo corage et la
volenté de lo jovencel estoit molt loing de faire cest ma-
riage, et comensa a concevoir et a penser en son cuer quel
fruttedevoit parturir. Quant il vit que lo mariage se devoit
apareiller, et que la mère et li parent estoient assemblez
pour faire lo mariage et pour lui donner famé, il- s'en foy
a lo hermitageou ildesirroitdeester, etdespoille li noble
et riche vestement qu'il avoit devant, et se vesti de sac
comme hermite. Et quant la mère et li parent furent asem-
blés pour faire lo mariage, il fu cerchié par la cité et par
la conté, mes il non se pot trover, quar il estoit en la
montaingne de lo hermitage. Et quant li parent sorent
qu'il estoit là, il i alerent et lo troverent vestu de sac corne
un hermite cellui qui souloit estre vestu et adorné de
paille de or. Et quant il le virent ensi vestu, il lui osierent
et despollerent cellui vestement et lo vestirent autrement;
et ramenèrent a sa mère, qui molt estoit dolente, pour
réconforter sa dolor ( i ). Et li parent pensèrent de faire lui
muer son proposement a cestui jovencel. Mes il pensa de
estre fort en son proposement. Li parent li cercherent
(i) Léo de* Marsi, III, 2, 3, 4, a aussi raconté cette fuite du jeune
homme au désert, chez un ermite du nom de Santari ; une. moine
du nom de Jaquinto lui donna son concours dans cette tentative
d'évasion. Les deux récits de Léo et d'Aimé sont identiques pour le
fond.
148
famcz les plus belles qu^ils porent trover, lesquelles
estoient avec lui de nuit et de jor et a boire et a mengier,
pour savoir s'il preist amor ne délectation de famé car
nclle, et lo pcussent retorner de son opinion et de sa
volenté ; mes lo jovencel o la vertu de Dieu pense en son
cuer de garder a Dieu sa chastee. Et orent conseil! li
parent de faire les noces, ordinant lo jor, et entrèrent li
espouse et li cspoux ensemble en chambre. Mes jà non fu
entre il doi parole de luxure ne alcune volenté de la pan
de li saint jovene; quar Jshu-Christ liquei combatoit
pour son servicial (i). Et puizqueli parent virent et sen-
tirent ce, lo gardèrent qu'il non retomast a son propose-
mcnt. Mes, comme dist TEscripture, non est conseiii
contre Dieu (2), quar li seignor Dieu Jshu-Christ compli
la volenté de lo saint et bon jovene ; quar il Dieu Tavoit
pris pour hostie sanz macule. Et pour ce li devant bon
jovene prist lo habit de coi\versation ; c^est que lo habit
de conversation est avant qu'il feist profession en Sainte^
Sophie de Bonivent ; mes en Teglise de Saint-Benedit de
Mont-Cassin prisi la grâce de consécration. Et pour la
grant obédience et pure humilité que avoit la grâce et la
bénignité de lo pape, et lui concedi a ce qu^il avist amistié
et toute poesté avisse de grant home a recevoir lo tribut
de toute la province. Et alant a Rome pour soi faire con-
(1) « Intactam sponsam, matrem patriamque propinquos
Spcrncns hue propero, monachus cfiicior. »
Ces doux vers «.le I cpitaphe qu*on écrivit plus tard sur le tombeau
de Didier (Wattericm, t I, p. 570), confirment la véracité de ce
récit d'Aimé. I.co de* Marti se contente d'cîcrirc : III, 3, «Nullutque
illi nequc de nuptiis nequc de actu aliquo mundiali persuadere ali-
quatcnus yxituit. »
(2) ti Non estsapientia, non est prudentia, non est consilium oontni
Doininum. » Pîw. XXI, So,
149
secrer abbé, fu fait de lo pape abbéetprestre cardinal (i).
Et ensi cestui fut fait cardinal et abbé ensemble. Et puiz
toma toute sa cure en accroistre la religion de lo monas-
tier, et noblement enrichi et aorna lo eglize et ot en despit
Tor et Pargent. Et tuit li sage home et bon clerc qu^il
pooit trover assembloit en son eglize, a ce que son eglize
fust adornée; mes tant plus despendoit a faire honora
Dieu, tant plus les chozes del monastier multiplicoient. Et
autres! toutes lescoses qui estoient por chaier les fist rehe-
difier et faire toutes noves. Et pour ce qu'il non trova in
Ytalie homes de ccst art, manda en Costentinnoble et en
Alixandre pour homes grex et sarrazins, liquel pour aor-
ner lo pavement de lo eglize de marmoire entaillié et
diverses paintures, laquelle nous clamons opère de mosy,
ovre de pierre de diverses colors (2). Et la nonor dePeglize
cressoit de jor en jor avec la religion, et jamaiz la posses-
sion de lo monastier non se gastoit, et molt est monte-
ploié pour la offerte de li Normant. Mes se je vouloie
escrivre toutes les bones coses que fist cest saint et bon
abbé, trop longue cose seroit. Mes qui voudra savoir tout
lo bien qu'il fist a lo monastier, voise un jor sollempnel,
et il porra veoir lo bien qu'il fist a lo hedifice et en lo
trésor de Teglize, quar toutes les chozes que tu verras en
(i) Ce ne fut pas à Rome, mais à Osimo que, le 6 mars loSg,
Didier fut sacré par le pape Nicolas II, cardinal-prêtre ad titulum
sanctce Cœciliœ et abbé du Mont-Cassin. Léo dé* Marsi, III, i a ;
voyez dans Migne : Patr, lat., t. 143, col. i3o5 sqq., la bulle de
Nicolas II, donnée à cette occasion, et confirmant les possessions et
privilèges du Mont-Cassin.
(a) Dans les premiers chapitres du 1. III, Léo de* Marsi a donné
d*amples détails sur les travaux d'architecture, de sculpture, de
mosaïque, que Didier fit exécuter au Mont-Cassin. 11 dit, comme
Aimé, que l'intelligent abbé fit venir des mosaïstes de Constan-
tinople.
la église ou sont acquestées par lui ou sontrenovelées. Et
par exemple de cestui abbé molt s^efforccrent de appa-
reiller lor choses en la manière qu^il faisoit, et gardoient
a sa maistrise aucuns a faire bel hediiice, et se delittoient
de lor habitation adorner. Et molt abbés se combatoient
de deffendre les coses de Peglize avec chevaliers et armes ;
mes cestui abbé estant avec la congrégation de li moine
vainchoit tuit si anemi et deffendoit la possession de
Teglize. Et de bone volenté lui sont donnez li trevage. Et
a ce quMl non fust sanz langue en carité ou en parler par
letre, cestui liquel estoit premerement abbé, estoit li plus
sages de touz li monastier, et evesque ( i ) et cardinal de
cort de Rome. Et quant il estoit autresi corne de .xl. ans,
il aprist plenement grammaire et retorica en tel manière
qu^il passa touz ceux qui cestc science avoient de lor ju-
ventute estudiée. Et qui lo veut savoir coment fu amagis
tré, garde a lo cant q.uil componi de saint Mauor confesser,
et de lo livre de lo dyalogue en loqucl est la delictance de
la régule de Tart de grammeire, et con voce de concor-
dance de un son iluec verra sa science (2). Et dist cestui
moine liquel compila ceste ystoire : « Je desirre de morir
(i) Didier n'était pas évêque; il n'était, à l'époque dont parle Aimé,
que cardinal-prêtre et abbé du Mont-Cassin, sans avoir le caractère
épiscopal.
(2) « De miraculis praeterea, quae a b. Benedicto et a monachit
Casinensibus gesta sunt, una cum Theophilo diacono libres edîdit
quatuor. Cantum etiam b. Mauri composuit, in quibut qui vult
artis grammatics tramitem, et monochordi sonori magade reperiet
notas. » P. Di AGONI de viris illustribus Casin,, c. XVIII, MinuTOU,
R. 1. âS., t. VI, 32. — De cet ouvrage, composé en quatre livres
par Didier et connu sous le nom de Dialogi, nous n*avont plut que
les deux premiers livres et une partie du troisième. Mignb : Ptttr*
lat,, t. 149, col. 963-1018. Le manuscrit de la manque en
riionneur de S. Maur n'a pas été publié, existe-t-il encore?
151
alo temps de cestui saint abbé, et voil qu'il vive après ma
mort. Et que cestui a l'ultime jor de ma vie me face l'ab-
solution de mes péchiez. » Et par ceste parole se mostre
que cestui moine translateor de ceste ystoire fu a lo temps
de cestui abbé Desidere, loquel fu tant saint home et de
bone vie, et plein de grant sapience.
Cap. 53. Or non parlons plus de la fama et de la sub-
cession de li pontifice de Rome, quar l'onor défailli a
Rome puiz que faillirent li Thodesque, quar se je voill
dire la costume et lo élection lor, ou me covient mentir,
et se je di la vérité, aurai-je l'yre de li Romain (3).
Cijinist lo tiers livre,
(i) Ce court chapitre est assez étrange sous la plume d*Aimé et se
ressent sans doute de Tinfluence de Tabbé Didier sur son auteur.
Dans la seconde moitié du xie siècle, plusieurs serviteurs dévoués de
réglise, notamment S. Pierre Damiani et Tabbé Didier désiraient que
la couronne de Germanie gardât une certaine influence sur les élec-
tions à la papauté ; une autre école, à la tête de laquelle se trouvait
Hildebrand, le futur Grégoire VII, tendait au contraire à revendiquer
la pleine liberté électorale de Téglise de Rome, et le synode romain,
tenu le i3 avril loSg, c'est-à-dire à peu près à l'époque où Aimé est
arrivé dans son récit, montre que le programme de Hildebrand ga-
gnait du terrain. De là, je crois, la mauvaise humeur qui se traduit
dans ce chapitre. Aimé ne dut cependant pas persister dans ces sen-
timents, car nous savons qu'il a écrit des vers en l'honneur de
Grégoire Vil ; cf. supra. Introduction, p. ix.
s
CI COMMENCENT LI CAPITULE DE LO QUART LIVRE
Cap. I. La comemoration de ceste choze qui sont dites de
Robert et de Richart, et que est de dire :
Cap. 2. Cornent Robert fu fait conte et rechut ii ostage de
li frère de Gisolfe.
Cap. 3. Cornent Robert acquesta Calabre et se clama duc
de Rege, et puiz vainchi Troie.
Cap. 4. Cornent Robert ala a Salerne et rendi ii ostage.
Cap. 5. Cornent Robert entra furtivement a M elfe, et puiz
lo sacrement perdi la cité.
Cap. 6. Coment puiz la longue brigue Pierre et Robert
firent paiz.
Cap. 7. Coment Robert fist tuit li Normant chevaliers
senon Richart.
Cap. 8. Coment Robert asseia Capue.
Cap. 9. Coment Richart asseia Salerne. Coment Gisolfe fist
paiz avec cil de Amalfe.
Cap. 10. Coment mort Pandulfe, Richart tant asseia Capue
qu'il fu prince.
Cap. II. Cornent lo prince asseia Aquin.
Cap. 12. Coment salli a Mont-Cassyn.
Cap. i3. Coment Richart tant asseia Aquin jusque a tant
que lo duc Aynolfe lui rendi li deniers qu'il lui devoit donner.
Cap. 14. Coment firent paiz Richart et Gisolfe, et puiz la
paiz fu rote.
Cap. i5. Coment s'aproxima le jor de la prospérité de Gi-
solfe.
Cu». :ô. Cccetir fa Robert poû qall oc Tainchat Cafaibre
Ci?. [7. Gscneat ni deparmr de AlTcninie poor oequll lui
eazoiz parsnr, et pnst pour moillier la soror de GtsoUe.
Ca?. cî. Cotnen: jura lo prince ec Lo doc ensemble.
Cap. l'j. Coccear lo dac Tint poor prendre la motllier.
Caj». 2G. Comer.t Gaîde corrocîé de li noce dooa sa fille a
Goillerme poar Lime.
Cap. 2[. Cornent lo duc enrichi sa moîllier et Alberade
donna son champ.
Cap. 32. Cornent Gaolû fist amistiê avec Richaxs li prince
de Capne.
Cap. 23. Cornent Richart assallie la terre dd fil de BnreUe.
Cap. 24. Cocne Richarde ala a la retomée, et a coi Tonloît
donner sa fille pour moillier.
Cap. 25. Quelle bauille ta entre Richart et sil de Capue
jusque a tant qu'il prist la porte et la forteresce de Capne.
Cap. 26. Cornent cil de Capue demandèrent pardonnante a
lo arche^esque.
Cap. 27. Cornent vit ardre Tyen et puiz lo conquesta (i).
Cap. 28. Cornent ama a conquester et deffendre lo monas-
tier de Mont de Cassyn.
Cap. 20. Cornent lo duc tomant en Ruille mérita ses amis
et ses anemîs.
Cap. 3o. Cornent se défient li escriptor que non soit dit
mençongier ou dit traitor.
Cap 2 1 . De la mémoire de la iniquité de Gysolfe et de tout
son fait. De ce que entrevint de la invidie laquelle estoit
montée. Que fist en feingnant ce que non estoit.
Cap. 32. Que fist pour son arrogance et par b (^)eratîon
de la superbe.
(i) L'édition de ChampoUion portait Ardretytn en un teoi mot
et avec une majuicule, ce qui était un non sens ; il tuffiaaît de con-
sulter le texte du livre pour voir qu*Aimé parlait de rinondie
de la ville de Teano.
ISS
Cap. 33. Que fist par son avarice.
Cap. 34. Cornent seignorioit en lui avarice et goule.
Cap. 35. Quel homicide fist faire.
. Cap. 36. Tant de malvaistié il ot, et rendoit mal pour bien.
Cap. 37. Cornent persécuta Dieu en ses membres, et tant
fist mal a lo abbé Guayferie.
Cap. 38. De la vie et de la mort de cestui abbé Guayferie.
Cap. 39. La part et la Visitation de Alberique.
Cap. 40. Lo dire qui se fait de Guayferie. Lo assaillement
qui fu fait contre Gisolfe.
Cap. 41. Coment Gisolfe metoit discorde entre li amis.
Coment Gisolfe se feingnoit Êiussement d'estre caste.
Ci se fenissent li capitule de tiers livre (i).
(i) Il faut M de quart livre » et non « de tiers livre ». Ce sommaire
n'a, on le voit, que quarante et un numéros, tandis que le chapitre
quatrième a quarante-neuf chapitres ; c'est dire que ces numéros du
somnmire, surtout les derniers, ne correspondent pas exactement aux
chapitres du texte. ,
156
SE COMENCE LO Q.UART LIVRE
Cap. I . Et pour ce que fu promis a lo comencement de
cest livre de declarier lo glorious triumphe et les cités qui
furent veinchues de li Normant ( i ), temps est de dire des
fortes batailles de cestui gloriouz et victorious principe.
Et après la proie, laquelle avoit faite Robert, et puiz la
prison, doit se dire coment vint a estre conte et cornent
puiz vint a estre prince. Mes pour escrire li autre chozes
coment furent faites, furent arrestées et parlongiez, dont
maintenant est temps et hore de dire les vittoires et les
faiz del devant dit Robert ; car jusques a maintenant avons
dit la famé et la povretc et solitudine de Robert liquel est
dit Biscart. Et maintenant devons dire comment, par la
miséricorde de Dieu, o molt multiplication de molt
forte gent fu exalté, et comment il soumist et doma li su-
perbe. Mes comment dient alcun : Non puet saillir un en
grant estât se autre non descent, comment nous dirons la
exaltation de ces .ij. princes (2), ensi se manificstera la
desccnsion de li autre principe et seignor.
Cap. 2. Or dit ensi ceste ystoire que quant lo conte
(i) Voyez au commencement de Touvrage la dédicace à Didier.
(2) Robert Guiscard et Richard de Capoue ; cf. la dédicace à
Didier.
157
Umfroi fu mort (i), Robert son frère rechut Ponor de la
conié et la cure de estre conte (2). A loquel vint mainte-
nant Gisolfe prince de Salerne, et lui donna pour ostage
son frere charnel et lo neveu, ce est lo filz de Guide, loquel
fu frere a la mère. Celui vouloit paier lo tribut chascun
an comme a voit fait lo père ; et veez ci coment se hauza la
gloire de Robert. Et rechut li fill de li seignor soe pour lo
plege de lo salaire qu'il devoit recevoir (3).
(i) Nous n*avons pas la date de la mort du comte Umfroy; voyez
la note suivante.
(7) Les chartes de Robert Guiscard établissent qu'il devint comte
de Fouille, aussitôt après le mois d'août 1067 ; ainsi, une charte du
mois d'avril 1068, comptant les années du gouvernement de R. Guis-
card est datée : anno Xb ; une autre, du mois d*août 1078, porte :
anno XXIo ; cf. di Meo, t. VII, p. 376. — Romuald de Salerne dit
également que Umfroy est mort en 1057; il ^^t à cette date:
m Gofridus (il faut Onfridus, car la suite montre qu*il s*agit du comte
Umfroy) comes Normannonim diem clausit extremum ». — Quant
à la manière dont Robert Guiscard a succédé à son frère, il est bien
probable que c'est l'élection des hauts barons Normands qui Ta
porté au souverain pouvoir. Umfroy laissait un fils, Bagélard ou
Âbagélard, et, comme il était encore enfant, le mourant pria son
frère de lui servir de tuteur pour l'administcation des biens qui
lui appartenaient en propre ; c'est, je crois, dans ce sens qu'il faut
interpréter les textes de Guillaume de Fouille (1. II, v. 3 64-3 81),
de Romuald de Salerne (ad an. 1057), de Malaterra (III, 4), et de
Guu^LAUME de Jumièges (VII, 3o). Robert Guiscard se montra sans
doute un assez mauvais tuteur pour Abagélard, car plus tard, ce
dernier fut un ennemi déclaré de son oncle et lui reprocha de l'avoir
lésé dans ses droits.
(3) Aucun autre historien n'ayant parlé de ces premiers rapports
entre Robert Guiscard, comte de Fouille, et Gisulfe de Salerne, il
n'est pas possible de contrôler le récit d'Aimé. Disons cependant que
la soumission si spontanée de Gisulfe est bien étrange, que son père
Guaymar fut le suzerain et non le tributaire des Normands de la
Fouille, à moins que le chroniqueur n'appelle tribut la récompense
1>S
Cap. 5. Et après ce que Roben fu conte comment je vouz
ai dit après la irton de lo comte Umfiroy son frère, encon-
tineni s>n ala en Calabre. et cercba li camp et li mont de
la lexre qu'il avoii acquestée. Et en poi de temps prist et
vainch: Toutes les foneresces de celle contrée, fors celle de
Rege I . laquelle non lai tu donnée de cil de la cité par
volentc. que il la vainchî par force. Et pour ce, Roben
sailli en plus grani esta! qn'il non se dame plus conte,
mes se damoi: duc : mes a lo soupre nom de Viscart non
failli jamcx 2 . E: quant lodit Roben Viscart ot eiui con-
qucstê et vainchut toutes les foneresces de Calabreetfu
fiit duc de Calabrc, il se pani de là o toute sa gent de
armes et s>n vint en Puille, et tout lo plein de Puille
cercha, et asseia Troie et la vainchut par force de armes,
et. pour ccstc cboze. se moustra que fu plus fort que lo
impereour non estoh et plus puissant; quar lo impereor
Henri non pot onques ceste cité de Troie veinchre pour
pooir qu'il eust. e: cesiui duc Roben la subjuga a sa sei-
gnorie '?i.
que Guaimar accordwt aux Normands pour les services qaHs poo-
raient lui rendre. Quelque chose de semblable s'était, il est Trai, déjà
passé entre Gisulte, le comte l'mfroT et le comte d'ATersa; cf. smprm
p. i38, note i.
(i) G. Malatekka, 1, 18, parle de cette expéditioa de R. Ginacard
en Cal.^bre, aussitôt aprcs avoir été élu comte de Pouîlle, et de too
insuccès devant Regpo : « Rhegium usque pervemt, nbi tridoo
situ loci inspeao, cum rideret se d\*es urbis, nec minit oec blandî-
mentis dectere p.*sse, quibusdam negotiis versus ApuUaiii ae nw^
cantibus. reditum p?.rat. •
(2) Roben Guisjard fut investi du titre de duc au mois de fnin
1039. au concile de Melfi, par le pape Nicolas II.
(3) Sur ce siège de Troja par TempSTeur Henri II, cf. Mtq^rm, L I,
c. aG. ^ Nous verrons plus tard au 1. V, ch. 6, qtt*Aimé rKOiite
de nouveau comment R. Guiscard t*empara de la TÎtle de Troja ; il
sf^
Cap. 4. Puiz ces chozes, fïi proies et ala a lo prince de
Salerne, liquel se portoit pacifiquement avec Guillame,
frère del duc Robert, laquel paîz réfuta Robert, quar ja
avoit tout io principat. Et toutes voiez quant il ot ensi
veinchut, il par pitié rendi Tostage ; mes non recevoit
alcune part de son bénéfice ( i).
Cap. 5. Pierre ftl de Ami (2) avoit grant envie sur lo
dux Robert, et cerchoit de offendrelo en touzles lieuz ou
il onques pooit. Cestui entra en Melfe, laquelle cité est la
plus superlative de toute la conté et premier siège. Et
quant Robert sot que Pierre estoit entré en Melfe, il
Taseia tout entor et destruisit tout li labour. Et cil de la
cité prièrent Pierre qu^il deffende lo grain qui est en lo
camp, loquel est après de mètre. Et adont pria Pierre que
lui soit gardée la trieve, laquel estoit faite et devoit durer
.xiiij. jors. Et Robert non lo vouloit faire; quar entre Pes-
pasce de la trieve Pierre porroit entrer en la cité et auroit
a ronpre la trieve, et jura Pierre qu'il non romppe la
trieve. Et lo neveu de Pierre prist Parme pour moustrer
que son oncle non avoit route la trieve. Et a lo tiers jor.
semblerait donc, d'après Aimé, que, par deux fois, R. Guiscard a
conquis Troja ; que tel ait été son sentiment, c*est ce que nous nous
efforcerons de démontrer en commentant ce chap. 6 du livre V.
(i) Le chapitre est, on le voit, traduit d*une manière assez confuse,
il s*agit évidemment d*une nouvelle brouille entre Gisulfe de Salerne
et un frère de Robert Guiscard, du nom de Guillaume, lequel s'était
emparé d*une grande partie de la principauté de Salerne; R. Guis-
card prit, au détriment de Gisulfe, le parti de son firère.
(2) 11 s'agit de ce Pierre, fils d'Ami et frère de Gauthier, qui, lors
du partage de la Fouille, en 1043, avait eu pour sa part la ville de
Trani. En 1046, après la mort de Guillaume Bras-de-Fcr, Pierre
avait disputé à Drogo le souverain pouvoir dans le comté de Fouille,
mais Drogo, aidé de son frère Umfroy, finit par avoir raison de lui.
* ««^
. v»
en l£ prssenrt û= i: Erzbrvssqn* âc Bonivenî i -, fu
cerchit i£ rr^n «t i: xxrzDT. zamen: il avoi: pané lo fer ;
c. îL tri^'ïîs pirt i;: a nu isst £: fc zerrjc ii {;arzon ci sou-
ilIieiDcr: :'- rsrrr-jt >:>:: cors c 'siât case que non roos-
'j-oi: it 2?.£.L rjTTi: : jt >t ir.EiLiissîfi ca autre partie de lo
cori. '^-^ET s.»ul t!r. j: nri:5 £v.->.: imtTcssici plcne de aiguë
à'jrz'. iz ciiIIbij:'^ zxz J. i^r trdEr: esn^ii. El se lererent cil
dt Ifi c:ît c:»T!irt Pjctî c: cercbcren: de lo occirre. Et
Pierre tr. sa ce-', s'c" tout s: s'en aia a la Cvsteme ^2î, ci
R^ber: aiorrié it Tînoire rercpsra Melie. Et pnîx sans
demorance "«-s sur Pierre i l£ Cysierae. Moli seroit a dire
prezïcreTDe::: rcoirsen: nyn •xzra Pierre, mes jura lo
ncTcu. E: puii îtro!: ie dire roraeni lo fer non lui am la
main, mes mosTa en slzrc lieu son eâîeL A lo premier se
porroii respondre rue en !:> œxDn qui esioit pore et vir-
gine force qne £vc.:: verru de celiui mirade, et alo seoont
fon es: de resroaire, ::^u:e$ voiez se porra dire.
Cjlp. ô. E: quan: Pierre vi: que Roben venoit sur lui
o lODî son px ir par cr^n: jre. ii se parti de la cité qui se
clan^oi: Cvsieme. e: s'en ala a la cité qui se damoit
Antri ?.. Et Roben ala après, ei furent a la bataille, de
Tune pan e: de Tautre en furen: nolt mort. Et que toux
diroi-ie p]us : unt persecuia Robert Pierre jusques a tant
que Pierre requisi lo amisné de Robert, et Robert, par
prière d'aun'es seignors. Ii concedii son amistié (4).
I L'ialhchf archeréque de Béivrest depuis io53, mon rat
1071.
.2/ Probablen^ent au :^ord-ouest et i peu de ^'ft^Tvr de Melfi, à
l'endroit qui porte aujourd'hui le nom de Tom deUa Gsienia.
i3) Andha, non loin de TAdriatique, au sud de Barletta et à roucft
de Trani.
(4) Aimé place avant le mariage de R. Guiscard arec ^^*^ft*j
cette guerre entre U duc et Pierre, 61s d'Ami ; cf. imfrag 1. IV, c. ao,
Cap. 7. Et puiz Robert va cerchant tuit li Normant de
entor, et nul n^en laissa qu^il non meist en sapoesté; fors
solement le conte Richart remaist, loquel esperoit de avoir
lo principe de Capue.
Cap. 8. Cestui Ricchart, quant Pandulfe jovene estoit
prince (i), assembla la multitude de son ost et vint ad
Capue. Et fist en li confin de Capue troiz chastels, et
continuelment donoit bataille a Capue, et non lessa aler
grasse ne habundance de cose de vivre, mes occioit cil de
Capue et autres! de li Normant ; mes a li Normant plu^
n'en vienent qui ne morent. Et cil de Capue quant il
virent qu'il non pooient plus contrester contre Ricchart
et li Normant, si lui douèrent .vij. mille bisant a ce qu'il
non les persecutast plus (2].
Ce mariage ayant eu lieu en loSg, c*est probablement dans les pre-
miers mois de cette année qu'elle a éclaté.
(i) Pandulfe VI, prince de Capoue, fils du fameux Pandulfe IV,
surnommé le loup des Abnizes. Il avait succédé à son père, réintégré
dans sa principauté après avoir été en captivité en Germanie.
Pandulfe VI n*hérita ni de la férocité ni de la bravoure militaire de
son père. Pendant la captivité de Pandulfe IV en Germanie, la prin-
cipauté de Capoue avait été au pouvoir de ce Pandulfe V de Teano,
établi à la place de Pandulfe IV, en 102a, par Tempereur Henri II ;
lorsque Pandulfe IV revint de Germanie, il reprit possession de sa
principauté de Capoue et Pandulfe V fut expulsé. Pandulfe IV
mourut le 19 février 1049, laissant la principauté à son fils Pan-
dulfe VI.
(a) Léo de* Marsi, III, 1 5, résume ainsi, d'après Aimé, cette pre-
mière attaque de Richard contre Capoue : « Richardus Aversanum
comitatum indeptus, ad principatus dignitatem toto nisu ambire et
ad Capuans urbis expugnationem animum cœpit intendere. Supra
quam cum tria castella firmasset, eamque acriter debellans affligeret,
septem millibus tandem aureis a Panolfo juniore susceptis, obsidio-
nibus solvit sed ad tempus. »
Une phrase de Léo de' Marsi, III, i5, permet de fixer la date de
II
l62
Cap. 9. Et en cellui temps meismes, recercha lo prince
de Salerne, et lui demanda son don ou plus grant vindicte
lui prometoit. Mes maintenant plus damage reçut que
non fist. Lo prince de Salerne est renclos et atorniez de
quatre plages, car avoit paor de cestui conte Richart ; et
d^autre part est renserré et renclos espessement de Guil-
lerme; et la proxima vicine de soi lo restraingnoit, et la
déprédation de cil de Amalfe par mer, quar a lo patricie
de Amalfe avoit fait covenance avec lo conte Ricchart» et
ensi failloit a lo prince espérance de salver la cité.
Cap. 10. Et quant li prince de Salerne vit qu^il non
pooit autre choze faire, il requist paiz et concorde avec li
Amalfiten a ce quMl non feissent amistié auvec le conte •
Ricchart. Et firent concordance ensemble o sacrement, et
jura li prince et troiz cens de li soe gent ; et jura li patrice
et autretant de Amalfe, et toute la maie volenté de devant
s'entrepardonerent, et promistrent de non nuire Tun a
Tautre ne en présent ne el tems a venir. Et ensi se consola
lo prince et lui apetisa la paour ; quar il pot navi^u* par
mer (i).
Cap. II. En celui tems morut lo prince Pandulfe de
Capue, a loqucl subcedi son filz Landulfe. Lo conte Ri-
chart fist brigue avec cestui Landulfe, non par covoitise
de or ne de argent, mes par desirrier de honor. Et molt
cette expédition de Richard : parlant de la soumission définitive de
Capoue aux Normands au mois de mai 1062, Léo écrit : « Cum jtm
per (Jecem circitcr annonim curricula Normannis viriliter ac ttreniie
ropugnassent. » L'expédition a donc eu lieu vers loSa.
(i) Aimé est seul à parler de cette réconciliation entre GisuUe et
les Amalfitains, réconciliation peu sincère évidemment et que la
crainte de Richard, comte d*A versa et de Guillaume, frère de Robert
Guiscard, imposait au prince de Salerne.
i65
de casteauz fist sur Capue, dont cil de Capua ne non
porent mètre ne vendengier ; et tout ce qui estoit fors de
la porte, estoit en la main de Richart. Et quant cil de
Capue virent ce, qu'il ne pooient recoillir lor grain, ne lor
vin, il [offrirent molt de argent a Ricchart. Mes cornent
H Romain soloient dire, il respondi et dist quUl voloit la
seignorie de cil qui avoient l'argent. Et contresterent cil
de la cité pour non estre subjugat. Li Normant comba-
toient et cil de Capue combatoient, et bien se deSendoient
cil de Capue contre li Normant se les chozes de vivre ne
lor faillissent. Mes Pandulfe (i) et cil de Capue ne porent
plus contrester. Pandulfe (2) rendi Capue par covenance,
et ensi Richart sailli a Ponor de estre prince. Et ensi co-
ment il estoit clamé conte fu après clamé prince. Et cil
de Capue gardoient la pone dont toute la forteresce de
Capue, et lo prince cornent sage lor sosteni .i. tems (3).
(i) Il faut Landulfe.
(i) n fieiut Landulfe.
(3) Léo de' Marsi, 111, i5 : « Cum post mortem Pandulfi Landul-
fus filius successisset, mox et Richardus accedens obsidionem
firmavit. Proferunt multam Capuani pecuniam, Richardusnil appétit
nisi terram. Artati demum famis penuria cives, cedente Landulfo,
recipiunt hominem, sacrant in principem, portas sibi dumtaxat cum
tuirium fortitudine retinentes. » Cette première prise de possession
de Capoue par les Normands ayant eu lieu peu après la mort de
Pandulfe VI et Tavènement de Landulfe V son fils, il fout la placer
en io58, date de ces deux événements. Voyez les deux chartes
extraites deGattola et analysées parDi Meo, t. VII, p. BgS sq. Les
Annales Beneventani^ ad an. loSy (io58) portent : « Riccardus prin-
ceps cepit Capuam. » De même Romuald de Salerne et la Chronic,
Amalfl., c. 29. Enfin, une charte de io58, éditée par Gattola,
(Accessiones adhist. monas. Cos., 1. 1, p. 161 sqq.), dit que Richard
et son fils Jordan, princes de Capoue, ayant égard à la demande
d'Adenulfe, 6Is de Guala et de Roffrède, fils de feu Serge, ancien
patrice d*Amal6, confirment Tabbaye du Mont-Cassin dans la pos-
164
Cap. 12. Et après ce que Richart ot ce fait que je vooz
ai devant dit, il vouioit'mostrer sa puissance et sa vertu.
Et petit de temps avant, avoit donée sa fille pour moiliier
a lo fin de lo duc Valetane (i). Mes avant que se com-
plisse lo mariage morut lo fillz del duc. Et secont la loi
de li Longobart (2) quant il vienent a mariage, la famé
demande la quarte part del bien del marit, dont Richart
demanda a lo duc, père del marit la quarte part por sa
fille; et lo duc non lui vouloit doner. Et ensi lo prince
voloit par force ce que li duc non lui vouloit donner par
paiz. 11 manda son exercit, et ficha si paveillons et asseia
Aquin (3).
Cap. 1 3. Apres ce, lo principe o petit de gent monta a
Mont de Cassyn pour rendre grâces a misire saint Benoit;
il fu rechut o procession come roy, et fu aomée Teglize
session de tous leurs biens. On ne s'explique pas qu'avec cet preuves
si concluantes, Di Meo, ordinairement si judicieux dans les questions
de chronologie, ait nié la prise de Capoue par les Normands en io58
(Di Meo, t. VII, p. 388). Deux circonstances l'ont probablement
induit en erreur et ont aussi trompé d'autres historiens : la première,
c'est qu*en io58, comme le dit Aimé, la ville de Capoue garda pour
quelque temps encore, c'est-à-dire jusqu'en 1062, un semblant
d'autonomie et d'indépendance; la seconde, c'est que Ljmdulic,
quoique dépouillé de sa capitale et d'une très grande partie de ss
principauté, signa encore prince de Capoue, et quelques-uns de set
anciens sujets datèrent leurs chartes comme s'il régnait encore.
(i) Il s'agit du fils d'Adénulfc, duc de Gaëte; le texte latin portait
sans doute : ducis Cajctani, et le traducteur a rendu Csjetani par
Valetane.
(i) Quelles sont les dispositions de la loi lombarde que Richard
mettait en avant pour justifier ses prétentions ? Peut-être celles de
l'édit de Rothari, n*" i8a, 199, MG. Lboum t. IV, p. 43, 48, Voyei
l'article Morgincap dans l'index de ce volume, p. 674.
(3) Adénulfe, duc de Gaéte, étant aussi comte d'Aquino, c'est
contre la ville d'Aquino que Richard tourne sa colère.
i65
cornent lo jor de Pasque, et furent al uméez les lampes, et
la cort resone del cant et de la laude del prince ; et fu
mené en capitule, et est mis en lo lieu de li abbé, aviegne
qu'il non vouloit. Et toutes foiz lui furent lavez les piez
par la main de lo abbé, et li fu commise la cure de lo
monastier et la deffension. Et fu proiez de li abbé et de
tout lo coventqu^il non lo laisse oficndre de nul home ne
a nul anemi. Il concède paiz a Teglize, et a li anemis de
Teglise promet de combatre. Et dist que jamaiz non aura
paiz avec cil liquel cercheront a substraire les biens de
Teglize. Et autresi li abbé et li covent li proierent qu^il
pardonnast a lo duc Adenulfe de ce qu'il devoit donner,
pour ce qu'il estoit povre. Et lui promistrent de adimplir *
la promission; quar de ce quUl devoit donner lo duc a la
fille de lo prince, lui laissa li prince Richart pour l'amor
de Tabbé et del covent mil solz. Mes il cerchoit li autre ;
mes lo duc Adinolfe, pour sa perversité, non lui vouloit
donner.
Cap. 14. Et li prince Richart, quant il vit que cellui
non vouloit paier pour ceste occasion, il atornoia Aquin,
et faisoit li plus mal quMl pooit, et tailloit li arbre et tail-
loit lo grain qui estoet encoire en herbe, et occioient tuit
li home qu'il pooient trover. Et o plor et maie aventure
li duc soustenoit ceste dolor et cest damage que lui faisoit
li prince de Capue Richart. Mes puiz que li duc vit qu'il
non pooit autre faire, paia ce que li prince Richart lui
demandoit. Mes mille soulz Ten furent pardonez pour
Famor de Tabbé et del covent de Mont de Cassym, et
quatre mille solz paia (ij.
Cap. i5. En cellui temps meismes li messages de Sa-
lernc venoient sovent a Capue a lo prince Richart, et
(i) Léo de' Marsi, III, i5, ne parle pas de la guerre de Richard
i66
demandoîeni paiz et prometoîent molt de argent. Et li
prince Richan resp:>ndoit que en nulle manière feroit paiz
sanz lo prou de lî sien ndel ami, c^est Mansion et Lyon ( i ).
Et Gisolfe, prince de Saleme, ceste choze prometoit, et
toutes voiez autre cose a^oit en cuer. Et tant qu^il s^asem-
blerent et jurèrent. Mes l*amistié de Gisolfe maiz non
durcit, quar trop estoit plein de malice ; et par sacrement
lui promeioit deniers, mes non aempli lo sacrement de
paier la monoie. Et li prince Richard lui dona une partie
de ses chevaliers, o liquel atomia tout lo principat, et tôt
la recovra o tout ces choses, villes et chasteaux, et aQna
deniers ; mez la monoie qu'il avoit promiz non vouloit
paier. Et la hardiesce de Guillerme ^2) lo atendoit, quar
GuiUerroe non estoit meintenant appareillié dealer contre
li chevalier de li prince de Capue, si que H prince de
Salerne non estoit remis en sa seignorie de lo principe
pour lui, mes pour li chevalier qu'il avoit del prince de
Capue. Mes or avint que quant lo prince de Capue cercha
la promission de l'argent qu'il avoit faite par sacrement,
cil prince de Salerne lo noia parfaitement. Et dont
comanda Richart prince de Capue a ses chevaliers qu*il
s'en tornassent arrière sur lo prince de Saleme, et que li
covenances et sacrement qu*il avoient fait fussent rout (3) .
contre Adenulfê, duc de Gaête et comte d*Aquino, mais il rtpfwrie
la visite faite au MoDt-Cassin par Richard : • Non multo pott (là
reddition de Capoue en io58) venit ^Richardus) ad hoc monasterium,
redpitur honoriôce nimis cum processione solemni, erat enim td-
modum gloris appetens. Placent omnia valde ; rogatus a tenioribut
de loci tutela, devotissime promittit se totius monasterii cootrt
mnes quos posset ftdelissimum de cctero defensorem. •
(i) Sur Mansion et Lyon, cf. supra, 1. III, c. 44.
(2) Guillaume de Hautcville, établi, malgré Gisulfe, dans la prin-
cipauté de Salerne et dont il a plusieurs fois déjà été question.
(3) Aimé est seul à parler de ces incidents entre Gîsulfe de Saleme
et Richard de Capoue.
I67
Cap. i6. Or dit ensi Tystoire que ja estoit aproxië lo
jor de la salut de Gisolfe, dont de la angustie et misère
soe fu libéré. Et fu reformé en la hautesce de son père
corne avec ces chevaliers a voit commencié. Mes en tant
cressi la folie de son orgueill ; quar ou il devoit avoir
accressement et excellence de honor, de là manca molt,
laquel cose se dira puiz.
Cap. 1 7. Cornent fu dit desur, cestui moine qui com-
pila ceste ystoire procède e dire de Fystoire soe, dont lesse
maintenant a parler de Richart, et torne a parler de Ro-
bert, liquel est Biscart, et dist que puiz que lo duc Robert
ot vaitichut Puille et Calabre, continuelment son honor
accressoit. Et la main de Dieu en toutes chozes estoit en
son aide. Et cestui duc Robert ploroit por les péchiez
qu^il avoit fait el temps passé, et se guardoit des péchiez
presens et de ceaux qui dévoient venir. Et pour ce il com-
mensa a amer Teglize de Dieu, et avoit en révérence li
prestre, et maintenant que estoit riche, amendoit et satis-
faisoit pour celle cose qu'il avoit faites quant il estoit
povre. Et Pierre, de loquel avons dit devant (i), quar la
richece de Pierre avoit sovenuta sa povreté, il lofist plus
riche qu'il n'avoit onques esté. Et dui filles de cestui
Pierre donna a dui riche marit.
Cap. 18. Et que li home qui est en pechié mortel, tout
li bien qu'il fait est mort. Ce est que pour tout lo bien del
monde qu'il feist non lo fait aler en vite eterne. Mes
toutes foiz fait prou en cest monde celle bone opération a
troiz coses, car pour cellui bien que l'omme fait quant il
est en pechié mortel, Dieu donne grâce qu'il issede cellui
(i) Sur ce Pierre de Bisignano et sur les procédés de Robert Guis-
card à son égard, cf. supva^ 1. III, c. 10.
pech'é. i:o=:=:e £5: 1 cssm: duc Roben Vîscart ou Dieu lo
^Tospsn en les ch ?xes rsrrporcles ou ramenora de la pêne
d'crnVr. E: ii:n: RrSzr: pensant a ceste chose, quartrora
que Alveradj Laquelle ^enoî: pour moillicr non lui pooit
estre mcillîer pccr ce que eswieni parent {i ), il laissa et
demanii 2 Gîsclfe prince de Szleme sa soror laquelle il
desideroi: pour Tairor de son honorable quVUe avoit en
Guvmere. E: Gisolfe lu: dona sa soror et tel dote corne il
pooit doner. E: cesmi prince Richart 3: avoit troiz vertuz
en soi, et U moillier en avoit troiz autres. Et car estoit
Richan ? entre I: riche plus riche, et entre li humile
plus humile. et entre li chevalier plus fort. Et la dame sa
moillier estoit noble de pirent, belle de cors et sage de
teste. Adunque bien covenoit de ces .ij. estre bit un con,
liquel per a per de venu se concordoient.
Cap. iq. Et jura le duc Roben li rayspn de Gisolfe,
prince de Saleme. de lo haucier et mètre en seignorie, et
de salver Tamistié avec son frère Guillerme ensemble avec
lui. Et jura Gisolfe de avoir amistié avec lui, et sanz lui
non faire concorde avec Guillerme.. et chascun an lui pro-
metoit de paier une quantité de monoie. Guillerme esloit
frère de Robert 4 .
Cap. 20. Le duc Roben. en lo jor que estoit ordené,
vint por rece\*oir la moillier o appareillement de im-
(0 Aimé a raconté, 1. HI, c. 11, ce mariage Je Robert Guiscard
avec Alverada ou AlbcraJa, Mnte de Girard di Buonalbergo; comme
U a déjà été dit, ce mariage a dû avoir lieu vers loSo*
(2; Il faut Robert au lieu de Richard.
(3) Le traducteur écrit encore Richard au lieu de Robert.
(4) Pour accorder la main de sa sœur Sikelgaita, Gisulfe deman-
dait donc que Robert Guiscard fit alliance avec lui et qull obligeât
Guillaume de Hauteville a cesser toute hostflité.
169
peor. Pierre fil de Amico (i), tout fust ce qu^il fussent
contraire, toutes voiez caritativement Pacompaingna a
cestui mariage faire. Et nul gentil home de li Normant
non remainst qui non alast avec lui fors tant seulement
Richart, quar la caritative concorde entre Robert et Ri*
chart estoit un poi estrangié. Et desideroit lo amirable
duc de recevoir son espouse, et de adimplir la promission
et lo jurement^ vint o festinance par la forteresce de
laquelle foyoient tuit li anemis de lo prince de Salerne.
Aucun se restreingnoient en lor forteresces, alcun fuyoient
a li castel liquel estoient pris par force (2).
(0 Sur les derniers démêlés de Pierre, fils d*Ami et de Robert
Guiscard, cf. supra, l. IV, c. 5.
(a) Malaterra, I, 3o, 3i, a aussi parlé du second mariage de Ro-
bert Guiscard, il dit comme Aimé, que le chef normand vint à
Salerne pour « recevoir son épouse » et que, durant ce voyage, il mit
à la raison divers seigneurs, bien probablement des ennemis de Gi-
sulfe de Salerne. Voici le texte de Malaterra : « Robertus Guiscardus
uxorem habens sus gentis honestam et prsdari genens Alberadam
nomine, ex qua habebat filium, nomine Marcum, quem alio nomine
Boamundum, consanguinitate adnumerata, canonids sanctionibhis
contrarius esse nolens, conjugium sol vit, filiamque Guaimari Saler-
nitati principis, Sigelgaytam nomine, sibi in matrimonium copulavit.
Anno ab incarnatione Oomini io58, hanc apud Salernum despon-
satam, antequam convenircnt, Rogerio fratri procurandam commitens
ipse ut Gisulphum (ne faudrait-il pas Guillielmum ï) fratrem suum
comitem principatus in hsreditate illius firmaverat, quibus ipsi plu-
rimum infestus erat, dirutum vadit ; inde Melfiam regressus, solem-
nés nuptias celebravit. » Cette dernière phrase est, on le voit, assez
obscure et a sans doute été altérée par quelque copiste. Malaterra
commençant Tannée au ler septembre, le second mariage de Robert
a donc eu lieu, d'après lui, entre le icr septembre io58etle i*' sep-
tembre io5g. — Guillaume de Fouille, 1. II, v. 416-441, dit que
Gisulfe hésita beaucoup à accorder la main de sa soeur à Robert
Guiscard et ne donne pas d'autre détail.
170
Cap. 2 1 . Et Gisolfe pria lo duc Robert que ceste nocez
se proiongasse, quar non avoit encoire apresté ce quiestoit
nécessaires. Et ioduc fist ce que H prince lui prioit, et va
s'en gloriouz, et li prince remeist confus.
Cap. 22. Et pour ce que Gisolfe avoit faite cest mariage
sanz lo conseil de Guide son oncle, pensa Guide de rendre
Tenchange. Et donna Guide sa fille a Guillerme frère du
duc Robert, liquel estoit contraire de Gisolfe prince de
Salerne. Et fist liga et amistie avec lui ; et ensi la exaltation
de Gisolfe manca et lo duc Robert noient manque rechut
la soe rayson secont lo jurement quHl avoit fait (i).
Cap. 23. Et fu clamé lo duc qu'il venist o petite de
gent, quar dient qu'il vouloit faire paiz avec Guillerme.
Et il vint corne lui fu dit, mes non trova ce pourquoi il
venoit, dont li duc Robert s^en parti corrocié, et meiu
avec soi en Calabre sa moillier, laquelle dota grandement
de chastelz et de molt de terres, si que peust richement
vivre avec li filz. Li filz qu'il en ot ama et enrichi, come
est costumance de père amer et enrichir lo fill (3).
Cap. 24. Quar estoit longue cose de aler querre lo duc
(1) Nous ne connaissons que par Aimé le mariage de la fiUe de
Gui avec Guillaume de Hauteville.
(2) Léo de* Marsi, III, i5, d'après Aimé : a Alveradc quidemdooa
conférons plurima (Robertus Guiscardus) Calabriam cum Sîkelgaita
pcrrexit. » Le traducteur d'Aimé désigne la seconde femme de
R. Guiscard lorsqu'il écrit : « laquelle dota grandement de chas-
telz » etc., la phrase de Léo de Marsi permet de conjecturer que le
traducteur a mal compris son texte et qu*il s'agissait d'Alvenda, la
première femme de Robert Guiscard; alors s'explique cette conclu-
sion : « Si que peut richement vivre avec li iîb, » c'est-à-dire AIt^
rada avec Bohémond ; s'il s'agissait de Sikelgaîta, cela ii*aunit plus
de sens, puisque Aimé écrivait du vivant de Robert Guiscard.
171
en Calabre, dont le arme et lo çorage de Gisolfe estoit en
tempeste, et non se savoit quel conseill tenir. Et a Tul-
time cercha de avoir amistié avec lo prince de Capue
Richart, laquelle amistié lui consenti Richart. Et la flame
de la angutie de Richart alcune cose fu refroidie, et en la
transquille amistié de Richart. Mes cornent avons dit
devant, Tamistié de lo prince de Salerne non duroit iholt
longuement.
Cap. 25. Et puiz par la volenté del duc Robert cestui
Gisolfe ot Tamistié de Guillerme, liquel estoit frerre del
duc Robert. Et Guillerme fu fait chevalier de Gisolfe, et
lo prince Gisolfe lo fist son frère. Et tuit li chastel de lo
principe se partirent ensemble, fors solement Salerne re-
meist entière a Tonor de lo prince. Mes entre Tamor des
.ij. princes, c'est de Capue et de Salerne, vint grant dis-
corde, quar Gisolfe non vouloit paier ce que Richart
demandoit raysonablement, car lo prince de Salerne avoit
une malvaîse nature, quar puiz qu'il avoît un ami non
se curoit de l'autre (i).
Cap. 26. Et li prince Richart entra en la petite et es-
troite terre de li fill de Burielle, et cercha qu'il poist lever,
mes non trova ce qu'il queroit, car non avoit maison en
lo plein de la terre. Et puiz consuma les chozes de vivre
qu'il avoit porté avec soi, et jura pacte de amistié avec
eaus et en rechut alcuns presens (2). Et acompaingnié de
(i) D'après ces deux chapitres 24 et iS, assez mal traduits
du reste, assez obscurs, il semblerait qu'après son mariage, Robert
Guiscard ait laissé pendant quelque temps son beau-frère Gisulfe aux
prises avec son frère Guillaume de Hauteville, et qu'il ait ensuite
réussi à les réconcilier.
(2) Remarquons qu'Aimé ne dit rien de l'expédition que, sur ces
entrefaites, Richard fît à Rome avec ses Normands, pour protéger
172
eaus ala a conquester Campaingne laquelle conquesta de-
dans troiz moiz^ et la parti entre ses chevaliers. Et quant
il ot ensi vainchut, il retorna en Pajutoirede Saint-Benoit,
et salli en la roche de Mont de Cassyn. Et la sapience de
lo abbé Desidere avoit fait venir colompnes de Ronoie pour
appareillier la eglize^ et lo prince, pour estre participe de
cest bénéfice, voloit aidier, et fist complir ce que li abbé
avoit fait commencier (i).
Cap. 27. Et que estoit fatigié et travaillié s^alloit soila-
chant par li champ de Capue. Mes Tangustie delà fatigue
se fait doulce par delettation de repos. Cestui prince Ri*
rélection du nouveau pape Anselme de Lucques, qui prit le nom
d'Alexandre II (i*' octobre 1061), pas plus qu^ ne ptrle des deui
autres expéditions déjà faites à Rome par cet mêmet Normands,
durant le pontificat de Nicolas II ; Aimé connaissait troppcr le détail
l'histoire des Normands de la Campanie pour que son silence sur
des faits si importants, n'ait pas été un parti-pris: ce silence est con-
forme à ce qu'il dit dans le chapitre 33« du livre III. Ce fut proba-
blement en sortant de Rome, en octobre 1061, que Richard fit cette
invasion sur les terres des fils de Borel (BurieUe), qui pouédaient i
l'est de Sora les profondes et étroites vallées où la rivière de Sangro
prend sa source.
(i) Léo de' Marsi, III, i5, écrit également : « Campaniam inde
profectus, totam ferme intra très menses adquirit. » Tout en s*ini-
pirant d'Aimé dans ce chapitre, Léo de' Marsi ne parle cependant pas
* d'une nouvelle visite de Richard au Mont-Cassin après la conquête
de la Campanie ; il ne mentionne qu'une seule visite de ce prince
au Mont-Cassin avant la prise de Capoue en 1062. Aimé plaçant
cette seconde visite peu avant la conquête de Capoue, elle a dû, par
conséquent, avoir lieu dans les derniers mois de 1061 ou dans les
premiers de 1062 ; mais, comme Hirsch l'a fieût remarquer, 2. c, p. 296,
il n'est pas possible d'admettre qu'à cette date, l'abbé Didier eût déjà
fait venir de Rome des colonnes pour rebâtir l'église du Mont-Cassin
puisque, d'après Léo de' Marsi, il ne commença à réunir les maté-
riaux de cette reconstruction qu'en 1066, « anno ordinatîonisDeftiderii
nono ».
173
chart, quant il vint a marier la fille (i), il mostra que
noient fu la hautesce de li antique prince ne la gentillece,
a comparation de ce que cestui faisoit. Et toute anichilloit
lo avarice de li riche home. Et plus se delictoit de faire
parenteze avec home que avec la vane arrogance de ceuz
qui habitoient en la contrée. Il avoit un singuler cheva-
lier, petit de la persone, molt robuste et fort, et estoit
gentil home, et molt vaillant et esprové. Cestui fist son
£11 adoptive et cestui voust pour gendre ; molt Famoit et
continuelment le richissoit de dons, dont il lui mostra
en la fin ce qu^il avoit en cuer, quar cestui chevalier, liquel
se clamoit Guillerme, lui donna la fille. Et lui donna en
dote la conté d^Aquin, et la conté de Marse, et la conté de
la riche Campaingne, et lo fist duc de Gaieté. Cestui estoit
gofifanonie/, cestui estoit conseiller, cestui estoit principe
et chief de toute la chevalerie (2).
(i) Celle sans doute qu'il avait déjà voulu marier au fils du duc de
Gaâte et comte d'Aquino.
(2) Il s*agit de Guillaume de Montreuil (Willermus de Monaste-
riolo), alias de Monsteriolo ou Mousterolo, dans une charte du Mont-
Cassin, de Mustarolo) ; il était fils de Guillaume de Giroie, par
conséquent cousin de Robert de Grentemesnil, abbé de S. Evroul en
Normandie, plus tard abbé de Santa Eufemia en Calabre. Guillaume
de Montreuil reçut en Italie le surnom de bon Normand, « qui cogno-
minatus est in Apulia bonus Normannus». O. WrrALfHist.ecclesiast.f
t. II, p. 27. Ce nom de Montreuil lui venait de Montreuil TArgillier,
commune de Heugon ; O. VrrAL, Hist, eccles,, t. II, p. 23. — Plus
d'une fois les Normands d'Italie ont pris des titres de fiefs et de sei-
gneuries qu'ils n'avaient pas encore mais qu'ils espéraient bien
acquérir par la suite; ainsi Robert Guiscard, avant d'avoir conquis la
Sicile, avait le titre de duc des Siciliens ; c'est sans doute par le même
procédé que Richard de Capoue aura donné à son gendre le comté
d'Aquino, celui des Marsi, le comté de Campanie et le duché de
Gaâte, quoique il ne fut pas maître de ces quatre fiefs lorsque le
mariage a eu lieu. En effet Aimé place ce mariage avant la conquête
174
Cap. 28. Puiz ceste cose lo prince se reputa peior que
tuit li autre prince, caries portes de Capue et la forteresce
de li torre estoit guardée de ceuz de la cité. Il commensa
a demander a li citadin les forteresces des portes et des
tors ; mes ceuz de la cité non lui volirent donner. Et lo
dient a lo pueple pour plus animar le. Et lo prince Ri-
chart s'en rit, et pour ce ce dient cil de la cité qu^il lo
leisserent entrer en la cité par tel covenance qu^il non
eust a fiaire de li forteresces. Li prince Richart, quant il
vit qu'il non pooit avoir la forteresce de la cité, si lor
laissa et issi fors, et rappareilla li castel, et puiz n'i vint
plus, et ficha li paveillon entor la cité, et commensa a
combatre de arc et de arbaleste ; comunement commen-
cèrent a ferir d^une panet d*autre, et sont ferut, et occient
et sont occis. Et li Normant qui longuement estoient usé.
en bataille combatoient pour prendre la cité, et cil de Gi-
pue estoient affleboiez de famé. Et toutes voies se comba-
toient pour delfendre la cité. Et li famé portoient les
pierres a li homes et confortoient li marit, et li père ensai-
gnoient li fill pour combatre; et ensemble combatoient et
ensemble se confortoient. Et se leva un garson de .xij. ans
qui se clamoit Auxencie, liquelavoit la main drecié pour
traire d^un arc; molt en fiert, mes plus en occit ; mes il
fu féru et mort, et molt en furent dolent cil de la cité.
Un autre de la cité singulere jovene passa de Fautre pan
de lo flume plus natant que soiant a cheval, loquel se cla-
moit Athenulfe. Et trova .ij. de li Normant a cheval ; Fun
définitive de Capouc par Richard, laquelle eut lieu en io6a ; or, c*ett
seulement à partir du mois de juin io63 qu*il devient suzerain de
Gaéte ; cf. Gattola : Accessiones ad historiam abbatiœ Cassinensitg
t. I, p. »65. D^autres documents établissent également qu*en io63
Richard ne possédait ni le comté des Marscs ni celui d*Aquîno.
17$
en feri et lo jetta de lo cheval, Pautre prist par la reigne
de lo frayn de lo cheval, et lo se tyra derrière par lo flume
natant comme estoit venut, et ensi appareilla lo cheval^
quMl retoma en la cité o .ij. chevaux et o une personne.
Cestui jovene non voust onques leisser sa cité mentre
qu^elle estoit en ceste brigue. Et puiz s^en ala a lo sépulcre
en Jherusalem, et puiz quant il fu retornez, si se fist
moine de Pabbée de Mont de Cassyn. Et pour toutes cestes
chozes non se mua lo corage de lo prince Richart; quar
major tristesce donoit a cil de la cité s^il en occioit un^ que
il non recevoit se cil de la cité Ten occissent .x. Il faisoit
divers ystrumens et engins por traire pierres, et destrui-
soit tors et abatoit murs, et molt hedifices rompi. Et cil
de la cité meismes font pour defifendre li mur autre chose,
et en tant coment il hedifioient li mur de pierre, non
pooient aporter dedens les choses qui lor faisoient be-
soingne pour vivre. Et alcune foiz sont portées les coses
par lo âume qui par terre sont deffendues de venir a la
cité, kar la nuit li nef de chose nécessaires vont chargiez,
et vienent avec li homes soUetes. Mas puiz que lo sot lo
prince Richart, absconse la navie soe et prist celles qui
venoient, et deSendi que nulle non passast. Dont man-
dèrent cil de Capue par terre ajutoire, et mandèrent lo
archevesque a Tempereor (i). Et porce que noient i porta
(i) Hildebrapd, frère de Pandulfe VI, prince de Capoue, faisant
partie par conséquent de la dynastie lombarde des souverains de
Capoue, était alors archevêque de cette ville ; son opposition à Tavè-
nement des Normands est dès lors facile à expliquer. Voyez sur cet
Hildebrand, Léo de* Marsi, II, 79, première rédaction, et Aimé, I, 3y.
En io6a, il n*y avait pas d*empereur en Allemagne, Timpératrice
Agnès était régente pour le compte de son fils, le jeune roi Henri IV ;
elle fut sur ces entrefaites, en avril 1062, dépossédée du pouvoir,
qui passa à Taristocratie.
::o:^=: e:: rirons. ;: ^ue nulle choze non donna, nulle
chose lui ni iouusf. Cir en la con de l'empereor de Ale-
niainiine es: cc^tu^xnce que qui donne parole, parole
rcchc::. N^n rem deniers jwur paier li solde a lî cheva-
liers, e: zizz, £s: ijn:< i lo empereor, et ensi non fist nulle
chcie vers rerrjxecr. E: s'en loma arrière, et quant il
re:ornci: non po: entrer en Capue, et se herberga a
Tven : . E: ce là tsi js&iToir a cil de Capue cornent il
n*jvoî: riens ûi:. Et encontinent cornent li home de Capue
sonen: qu'il non f\>oien: avoir secours de lo empeor, il
ovrirent les {\>nes des fortes torres etde la dté et de toutes
lestoneresces. e: donnèrent les clés a lo prince Richart (2).
Cap. 20. El qumt li prince Richart ot ensi prinse la
cité par force, et fu en possession des fortereces, cil de la
cité prièrent lo prince Richart qu'il pardonast a lor arche-
vesque. Et lo prince Richart qui molt estoit debonaireet
sage lor otroia. et manda a lo archevesque qu^il viengne
securement a Capue. Et quant li archevesque sot lo man-
dement del prince Richart, il vint a Capue, et lo prince
lo rechut de bonc volenté, et a touz ceauz de la cité donna
paîz ; et jamès non leva a alcun possession qui par rayson
fust soe par droit.
( I ) Teano, au nord-ouest de Capoue. par delà Pignttaro.
(2) Léo de* Maksi. III, i3, a reproduit ces données d'Airo^ co
ajoutant cette indication chronologique : « Anne dominiez inctma*
tionis millesimo scxagesimo secundo, cum jam per decem drciter
annorum curricula Normannis viriliter me strenue repugnsssenL »
Les Annales Cassinenscs portent, ad an. 1062 :«Richardus întroivit
Capuam et factus est princeps la Kal. junii. » —Les Atmales Bne-
vent.ad an. ioti2:«Richardu8cepitCapuam.>— RoifUAU>i»SAiJii]fi
ad an. loGa : «« princeps Richardus Capuam cepit sibî que ordi-
navit. M
177
Cap. 3o. Or avint une nuit que lo prince Richart aloit
et venoit par sa chambre, et ala en un lieu descovert, et
vit une lumière comme de flamme, et non savoit dont
venoit, et manda un servicial sien por espier dont fusse
cellui feu. Et cellui message sot que la cité de Tyen ar-
doit. Il passa celle nuit et dormi en son lit, et au matin
se leva et assembla ses chevaliers, et ala et trova celle cité
toute arse, ertoute la masserie des maisons arse. Et cil de
la cité, par lor volenté, alerent a lo prince qui estoit fors
de la porte, et se somistrent souz sa seignorie, et jurèrent
fidélité a lo prince Richart. Li conte fuyrent et li prince
entra en la cité, et coumanda de rehedifier les chozes les-
quelles estoient destructes de lo feu. Et est magnifié
Richart en sa prospérité. Et plus reputa par la miséri-
corde de Dieu que par la soe force, la prospérité et la force
et la victoire qui lui accessoit (i).
Cap. 3 1 . Et de celle hore en avant commensa a amer et
a honorer Peglize de Saint-Benedit de Mont-Cassyn plus
fortement. Et avoit en révérence lo abbé Desidere, et se
recommanda a li orations de li frerez, et fist faire la mitre
de lo abbé Desidere de or et de gemme aornée de sure, et
enrichi lo monastier de li castel qui estoient après. Et un
home contredist, quar non vouloit qu^il se feist chastel
en cellui territore, liquel estoit près de Pecclize. Et lo
prince fist complir lo castel qui estoit comencié, et la
(i)Lbo de' Marsi, III, i5, écrit d'après Aimé: « Post paucum
tempus (après la prise de Capoue) divino judicio nocte conflagrata
Teano, mane princeps cum exercitu supervenit; fugientibus que
comitibus,civitatem, ultro tradentibus civibus, recipit. » On voit que
les Normands dépossédaient les unes après les autres les dynasties
lombardes.
12
-?5
«7
violence de cellui superbe home soumist a Fabbé l'i
Cap. 32. Or dit ensi li maistre liquel compila et
ceste ystoire, que il vouloit retorner a parler des Ticioîres
dcl duc Robert biscart ; quar li dist maistre escrit les axes
!iecont lo temps qu'il venoient, et non persécute une jrssoire
<ioilc. Et non dist qu'il vousist entreleissier la Tictoire de
lo prince. Fit come ensemble vienent, croissant lor vic-
toire, cn&i ensemble soient escriptes. Puiz lonaempsque
Calabre cstoit garnie de ad jutoire de tidel chevaliers, loroa
loduc Hobertcn Puilleavec sa moillier, et accompaingnié
de singulcre chevalerie et de grant richesce. Et trova molt
qui avoient esté li fidel soe liquel venoient manque de lor
fidélité. Et molt qui tenoient a lui bone foi et loialle,
dont a chascun rendoit sa mérite de chevaux, de dras d*or
et d'argent, glorifica li sien fidel. Et ceuz qui non lui
avoient esté loial et droit humilioit o turbation et povreté.
Kt dit ccstui maistre qu'il vouloit dire la vérité, que li
Normant le sccutoicnt plus par paor que par amor.
Cap. 33. Et dist cellui maistre loquel compila ceste ys*
toirc qu'il non veut leissier de dire la opération et li bit
de Gis(3lfc; quar s'il s'en taisoit, cil qui liroient cest livre
Tcn pourroicnt reprendre. Ne autresi ne vouloit mentir
dont se vouloit cscuscr, que se il dit mal il en veut être
CSC usé.
Cap. 34. Mes avant que vicingnons a la ordinaire de lo
raconter, dcvissc dire le général vice par loquel estoit
(i) Dnnn le III* livre de la Chronica Montis Catinenâit^ Léo de
Miirni et Pierre Diacre (mt éniiméré les donations fattet au Mottt*
(InnHÎn par Richard, prince de Capoue, et par son fils Jourdain. Lct
ch:irteA ile ces donations ont été publiées par Gattola dtnt ton Ui9*
ttifia nbbMîu* Casinensis et dans les Accessionnes à cette histoire
179
esmut a faire mal, a ce que il se peussent raporter la ope-
ration soe. Quar il estoit plein d^envie et de simulation :
simulation est a moustrer a autre ce que non est ; arro-
gance, superbe, convoitise, castrimargie, avarice, homi-
cide, perfidie, sacrilège, et rendre mal pour bien, discorde
et false castité, est propre seige en cestui, dont toute ceste
cose, par conséquente ordene, se provoit estre en cestui
prince Gisolfe.
Cap. 35. Quar il estoit enflammé dé envidie contre lo
marit de sa soror, c'est contre lo duc Robert cercha de
faire malice. Mes conseill ne sapience non vaut contre la
potence de Dieu ( i ) et qui Dieu glorifie nul ne lo pot
condempner. Se un chetif persécute lo fortissime lyon, il
sera viande de lo lyon. A ce que peust abatre lo duc Ro-
bert se donna en conseill a plus riche et a plus vaillant
de lui^ et mentre est régit par la fortitude cellui est privé
de toute honor, et c'est effecte de invidie.
Cap. 36. Encoire pour occasion de oration se feinst
dealer oultre mer en Jerusalin ; et encontinent coment il
retorna de là ou il devoit aler ; et de là ou il n^ala pas, de-
manda et requist adjutoire del duc ; Robert se prist bien
garde de son enganement, donna adjutoire et despriza la
sœ dissimulation. Or avons la simulation.
Cap. 37. Après cestui Gisolfe prist lo baston et Pescrepe
comeperegrin, étala en Costentinoblea loimpereor. Etpour
soi mostrer, porta lo vestement aorné de or et de pîerrez
preciouses, coment se ceste cose non se trovassent en Cos-
tentinoble en la cort de lo impeor. Et manda messages
avant a lo impereor, et demanda chose que jamaiz nul
(i) « Non est saiMentîa, non est prudentia, non est consîUuni contra
Dominum. m Liber Prwerb,^ XXI, 3o,
i8o
autre non demanda. Quar vouloit que lui fust appareillié
lo siège devant io impereor, et fist prononcier son avène-
ment cornent ce fust un autre empeor. Lo impereors*en
corrocha premerement, et toutes voiez non voust contre-
dire, et ensi lo iessa venir et s'en rist entre soi meismes. Et
ensi se note Farrogance.
Cap. 38. Pour la force que lui estoit mis devant fu cons-
treint lo prince de encliner la teste en terre; et pour ce que
demandoit la sollie de servide ester sur ses piez, quar non
devoit seoir comme il demandoit. Et lo mantel mostra de-
fors, quar se crooit, pour ce que estoit bel, adouber la £ice
de lo impereor. Et pour ce que a lo impereor tenoit molt
lo parler, fu constraintde tenir lo pié entorchillé; lo ar-
chevesque de Salerneet un evesquedeRomenez etnorris,
et lo cancellier estoient humile devant la magesté impérial :
entre tant que Gisolfe parloit de la perversione de 11 Nor-
mant, ceaux parloient de la voie de lor peregrinage lor,
et la clémence impérial veoit defors la religion de Gisolfe,
et entendi la superbe que tenoit en cuer, et en ce note la
superbe.
Cap. 39. Et li evesque, liquel estoient lumière délia
EcHze de Dieu, se efforcèrent de complir lor bon enten-
dement; si s'en alcrent a lo saint sépulcre en Jérusalem ;
et lo prince remeinst, etquanqu'il pot procura la destruc-
tion de lo duc Robert et de tuit li Normant. Et promist a
lo impereor de donner li pour ostage li evesque liquel es-
toient alez en Jérusalem et dévoient là retorner. Et li jura
lui de mander lui son frère pour ostage a ce qu^il puisse
obtenir ce qu^il voloit et desirroit. Et tant fist qu^il rechut
.Ix. centenares de or de lo impereor; et de ces deniers de-
voit soldoir gent et confondre li Normant. Et puiz après
ce, 11 evesque retomerent par molt péril de mer et de H
i8i
Sarrazin. Et quant il furent retornez a la cort de Tempe-
reor en Costenti noble, li'pruice lor dist ce que li empe-
reor et lui. Mes pour ce que li parent de Tarche-
vesque estoient constreint de la crudelité de cestui prince,
il se douta de lo noier. Et adont dist : « se lo evesque
Bernât veut remanoir, je suis content. » Et lo evesque
Bernart lo coniredist, quar non avoit paour de 5a crude-
lité qui fussent subjette a cestui prince, dont autresi non
lo voust oïr. Et en ceste hore et temps li evesque Bernart
chaï malade et fu mort, et o noble office fu sousterré a lo
monastier de li Amalfigiane. Et lo împereor constreint lo
prince o tout terrible sacremens liquel il avoit juré, et
retorna riche de li don de li empereor. Et li archevesque
prist autre voie pour partir soi de sa compaingnie, et vint
droit a loduc Robert, deloquel nonfu receu corne anemi,
mes comme ami. Et non Tôt en révérence pour santtité
qu^il venoit de Jherusalem, mes se merveilla que vint o
grant barbe comme s^il fust de Costentinoble. Et Gisolfe,
qui avoit tout son penser en iniquité, ettoutez foiz contre
li Grez se pensa malice. Tant de or, tant de argent et de
rame fist faire monoie de manque poiz, et celle qui estoit
de poiz mancoit ; et la manda a ses ministres celeement
pour lo paiage de li marcheant et pour la marcheandize ;
et prennent ceste monoie et la metent Tune en la main de
Tautre, mostrant que non estoit de poiz, et grioient contre
ceuz qui portoient ceste monoie, quar avoient fait contre
la loi del prince. Et alcun altre de cil menistre vont là
dont se vent la char et lo poison ; et mistrent a ceuz qui
achatoient molt de char ou molt de poison, pour ce
que estoient li plus riche; et lor trovoient celle monoie
non juste qu^il prenoient cortoisement. Et quant li ministre
veoient li bon home qui despendoient celle monoie, il les
prenoient et trainoient et batoient a grant vergoingne, et
l82
disoient qu'il «voient falsé la monoie de lo prince, et les
tenoient en prison. Et puiz es\oient constraint a paier
molt grant pêne ; et pour ceste grant prodicion et mal-
vaistté. alcun en vendoient lor maison et alcun lor terre
pour paier la pêne, et sont constraint a aler querant lor
pain. Or avez la covottise « i).
(0 II n*cst pas facile de déterminer à quelle date Gisulfe de Sa>
lerne a fîdt ce voyage à Constantinople dont Aimé est seul à parler;
au chapitre 3* du VIll« livre, Aimé parle de nouveau de ce voyage
et ajoute, comme nous le verrons, quelques particularités, mais sans
donner davantage d'indication chronologique. Ces différents textes
d*Aimê autorisent cependant les observations suivantes : lorsque le
prince de Salerne est alk^ à Consuntinople, il était en paix arec
Amaltî et notamment avec une illustre famille d*Amalfî, la fiimille
de Maur, lequel avait six tîls dont Taîné avait nom Pantaleo; à
Constantinople, Gisulfe descendît dans le palais même que Pantaleo
avait dans cette ville et il y reçut une magnifique hospitalité. Ce fut
alors, quand il eut vu par lui-même combien était riche cette famille
de Maur, qu*il commença à réfléchir aux moyens de la dépouiller et
de s'approprier ses richesses. Or, lorsque eut lieu, le i*' octobre
1071, la consécration, par le pape Alexandre 11, de la nouvelle basi-
lique du Mont-Cassin, la guerre était déclarée entre Gisulfe el
A mal A, et la famille Je Maur luttait avec les Amalfïtains contre le
prince de Salerne, puisque Gisulfe et Maur étant venus Tun et Tautre
au Mont-Cassin pour \à cérémonie, le pape fit promettre à GisuUè
que si, dans la guerre, il faisait prisonnier quelque fils de Maur, il le
laisserait aller sain et sauf et sans exiger de rançon. Cette promcaae
n'empccha pas Gisulfe de faire, quelque temps après, mourir un fils
de Maur dans d'afTreux tourments. Il faut donc placer avant le i*'' oc-
tobre 1071 le voyage de Gisulfe à Constantinople. Cette conclusion
n*cst piis celle que j'avais cru pouvoir adopter, dans une étude sur
S. Grégoire VII (5. Grégoire MI et la reforme de réglise am
Xh siècle, 1^ vol. in-8'3, Rétaux-Bray, Paris, 1889, t. 111, p. 3a), ie
plaçais alors durant l'automne ou Thivcr de 1073 ce voyage de Gi-
sulfe à Constantinople; l'histoire delà famille de Maur prouve qu*il
a eu lieu en réalité quelques années auparavant. Ccst donc à Tem-
pereur d'Orient, Const.intin Ducas (io5()-io67) ou à son successeur.
i85
Cap. 40. Non se pot dire quant viande est neccessaire
pour emplir lo insaciable ventre de cestui, et s^il Ten re-
maint poi en laissera, commande que li soit garde. Et se
alcune cose en fust manco, batoit o lo bâton et lo poing
Romain Diogène (106^-1071), que Gi8ulfe est allé demander des
subsides pour faire la guerre à son beau- frère Robert Guiscard, et ses
ouvertures durent être d*autant plus agréables à la Cour de Constan-
tinople, que, pendant cette période, le duc normand, poursuivant
ses conquêtes dans l'Italie méridionale, y faisait disparaître les der-
niers vestiges de la domination grecque. Le 16 avril 1071, veille du
dimanche des Rameaux, Robert Guiscard couronnait son auvre en
entrant en vainqueur à Bari, après un siège de deux ans et huit mois.
Nous voyons par Aimé que Gisulfe, infidèle aux belles promesses
qu'il avait faites à Constantinople, n'employa en aucune façon contre
les Normands l'argent que le trop crédule empereur d'Orient lui
avait donné ; il s'en servit pour tromper ses sujets en feisant frapper
une monnaie qui n'avait pas le poids réglementaire. Comme compa-
gnons de route dans son voyage en Orient, Gisulfe eut deux évêques,
Alfane, archevêque de Salerne (io58-io85) et un autre évêque du
nom de Bernard, dont Aimé n'indique pas le siège épiscopal. Chez
Alfane, ce désir d'aller en pèlerinage à Jérusalem était ancien; nous
savons par Léo de' Marsi, 111, 7, qu'avant d'être moine et ensuite
archevêque de Salerne, Alfane cherchait une occasion et sollicitait
la permission de visiter les lieux saints ; il ne put que plusieurs an-
nées après réaliser ce projet. Dans les oeuvres qui nous restent
d' Alfane, poésies, opuscules, etc., on ne trouve aucun souvenir de
ce voyage à Jérusalem et à Constantinople, encore moins une indi-
cation permettant d'en fixer la date. Cf. M igné : Patrol. lat.
t. 147, col. 121 3-1282. Aimé est tout à fait dans le vrai lorsqu'il
parle de la secrète inimitié de Gisulfe contre Alfane et des persécu-
tions que les parents tie ce dernier avaient à endurer de la part du
prince de Salerne; un passage de Léo de' Marsi, III, 7, montre en
effet que les parents d'Alfane furent soupçonnés d'avoir pris part à
l'assassinat de Guaymar, père du prince Gisulfe. Comme il a déjà
été dit, nous ne savons pas d'où était évêque ce Bernard, qui mourut
à Constantinople et qui y fut enterré dans le monastère des Amal-
fitains.
184
celluy a cui il avoit baillé a garder. 'Dont poi^-tu noter
castrimargie ou gole, quar vouloit toute la pome qu'il
avoit laîssié. Et avec la goule noterai la triste avarice.
Cap. 41. Une famé estoit sage et studiose en son fait,
laquelle se clamoit Gaza, laquelle Guaymere, lo père de
ccstui inique et malvaiz prince, l'avoit amée corne sa
soror, quar lo servoit molt diligentement. Et cestui mal-
vaiz prince la mist en prison, et pour ce que avoit esté
parente de li chambricr de son père lui cerchoit deniers.
Geste dame confessa ce que elle en avoit, et lui rendi, et
autres! lui donna de lo sien et lui jura coment elle non
avoit plus. Il la fist prendre une autre foiz et la fîst tor-
menter molt crudelement, et tant fu' martyrizée que
morte fu levée dcl torment. Et un vaillant clerc, loquel se
clamoit Pierre Germain, des la juventuie soe fu maistre
de medicinc et puiz fu occis. Guaymarie (i) avoit fatigié
moult fidèlement pour ce que cestui triste prince peust
recovrer son honor, et por lever lui lo sien, quar cestui
medique estoit riche. Gisolfe lo mist en prison, et lo tor*
menta de diverses pênes, et lui donna cestui Pierre tout ce
qu'il avoit, et que cerchoit ce que non avoit non lui pooit
donner. Et tant lui cstraist la teste avec lo torceor, queo
tout lo sanc lui traist Tarme del cors. Or est coment fu
homicide.
Cap. 42. Et quand Guide vit lacrudelité de son nepote,
liqucl Guide estoit oncle de lo prince Gisolfe^ il s'en ala
habiter en la rocce de la cité avec ses iilz et sa moillier (a).
(0 Le sens indique qu'il faut Pierre Germain au lieu de Guay-
marie.
(1) Plusieurs fois déjà il a été question de ce Guide ou Gui« oncle
de Gisulfc et qui avait si grandement contribué à conserver à
i8s
Et non tant la serva pour avarice quant pour neccessité de
recovrer lo principe et li autre. Et Gisolfe son neveu s'ap-
pareilla de rendre mérite a son oncle pour cequ^il Tavoit
délivré de prison et fait lo prince. Et clama li Normant,
et lordist qu^il deussent prendre son oncle. Et Guidç non
savant la malice de son neveu descendi a la cortcoment
avoit acostumé, et li prince lui demanda que lui soit donné
la roche. Et Guide non lui refusa, quar en bone entention
pour lo salut de lo nepote la gardoit. Guide demanda es-
pace, mes Gisolfe non lui vouloit donner space ne terme.
Et se fist Gisolfe aporter li livre de la Evangile, et jura
que se en cellui jor non avoit la roche, que en cellui
jor trairoit a son oncle Toill. Et fu pris Guide et porté
a la porte de la rocche devant la moillier, et la sage
famé o fort anime esta sur et se combat, et conforte sa
gent a combatre. Et dist a lo prince lo bénéfice loquel
avoit receu de son marit a ce qu^il fust salve en son
honor, et lui dist comment elle et ses filles estoient despoil-
lies de lor joies pour maintenir lo en estât. Et Gisolfe,
comment lo serpent fort se clôt l'orelle ; et quant Guide
vit la durescede lo cuer de lo prince son neveu, il proia
la moillier, se elle aimoit mielz il que la roche, que elle
rende la roche a Gisolfe. Dolente et plorant descendi la
dame de la roche, et la rendi pour délivrer lo marit. Et
puiz Gisolfe donna un petit chastel a son oncle, liquel
s^efforsa puiz plus de dis foiz de lui tollir. Et pour ce
paroît la soe perversité, et comment rendoit mal pour
bien.
neveu la principauté de Salerne, après la mort de Guajrmar, cf. supra,
1. m, c. 29 sqq. — La u rocce de la Cité » désigne sans doute le
château-fort qui dominait Salerne, puisque Gui avait coutume de
descendre de ce château pour venir à la cour de son neveu.
i86
Cap. 43. Et puiz qu^il ot faite ces chozes devant dites,
il persécuta Jshu-Crist» quar il persécuta les membres de
Christ, c^est ceauz qui servent a Christ, et se prove soi que
cil qui persécutent li servicial de Jshu-Crist persécutent
Christ. Et pour la parole que dist Jsbu a saint Paul : O
Saul! ô Saul! pourquoi me persequte? (i) Non dist:
Paul, pourquoi persécute saint Stéphane, mes dist : Pour-
quoi perseques-tu moy ? Et autresi dist en TEvangile : Ce
que vous ferez a li plus petit de li servicial mien, a moi
lo ferez (2). Et encoire dist : Qui sequte vous persécute
moy (3). Et pour ce que cestui persécuta li servicial de
Christ adunques persécuta li membres de Christ. Et que
persécutasse li sevicial sien, se moustra par saint Gayfere,
loquel cercha de involare o son fauz penser, et impeechier
lo sien bon corage qu^ilavoita Dieu. Et cestui pensa pre»
merement de persécuter li soe parent de cestui abbé, et
autresi donna maie infamie a lo opération soe bone. Non
ot paour de doner impediment a lo sancte opération de lo
saint abbé, et pour ce que savoit la forte chavalerie de
Dieu, car Tor non se puet purgier se non contre lo feu de
Taversité, non se curoit la tempeste, mal disoit cornent
disoit saint Paul : Qui se partira de la carité de Christ,
tribulation, angustieou dolor (4) ; autresi corne s^il vousist
dire que nulle non se puet partir de la carité de Christ.
Et loup rapace Gisolfe, maistre de tout malice, pensa de
rompre la mandre dove estoient li peccoire, pour tnire
ent li aiguel, c^stTabbé Guayfere ; cercha Gisolfe de veio-
(i) « Saule, Saule quid me persequeris? » Actus Apost,^ IX, 4.
(2) «< Quandiu fecistis uni ex his fratribus meis minimis, mihi
fecistis. ■ S. Matth., XXV, 40.
(3) « Qui vos spernit me spernit. » S. Luc, X, 16.
(4) ** Quis ergo nos separabit a charitate Christi ? tribulatio ? an
angustia? an famés ? » EpisU ad Rùman., VllI, 33.
I87
cere o lui fort chevalier de Dieu» et lo cavalier estoit en
mi io champ et combatoient ces .ij. o argument ; et dist li
juste que sa poesté est plus grant que la poesté seculere
secont la autorité de li apostole. Et appella a lo pape ; et
lo malvaiz prince, contre lo opposition de lo juste abbé,
jura que il se confida de lo pape, pour ce que estoit con-
noissut da il. Et toutes foiz son fait non estoit bien coneu
de lo pape, et que se lo abbé non vouloit jurer, coment il
commanda que maintenant lui ferait taillier la langue.
Et li inique ministre qui lui dévoient taillier la langue
furent appareillié. Et li archevesque là ploroient li père,
et li parent estoient entor qui sans dolor celle chose que
sans dolor non pooient veoir. Et proierent li parent de
cestui abbé a lo neveu de Gisolfe que ceste vergoingne
non fust faite a lo abbé de taillier la langue. Mésja lo
prince non recordoit de la parenteze, et pensoit tant sole-
ment perversité et malvaistié; dont lo abbé jura 03ntre sa
volenté, et jura que jamaiz non diroit maie parole de lui.
Et nota que non vouloit dire maie parole, mes la maie
opération. Car autresi li infidel et herege non averoient
pooir de loer la opération de cestui, tant estoient malvaiz.
Et que sacrilegie enp)ejore la cose sainte, cestui qui cons-
trainst lo abbé qui non estoit a lui subjecte, prist la raison
del eclize et fist sacrilège ( i ).
(i) Pierre Diacre a plusieurs fois parlé de ce Gayfère ou Guay-
ferius et rapporte' qu*il était originaire de Salerne, d*où il vint au
Mont-Cassin ; cf. de ortu et ohitu justorum eantobii Casinensis,
no 49 dans A. MaT : Scriptorum veterum nova eollectio, t. VI,
2« part., p. 273 ; de viris illustribus Casinensibus, chap. 29, de
Benedicto seu Guaiferio dans Muratori, R. 1. SS. T. Vï, p. 44, et
enfin la chronica Montis Casin,, 1. III, 62. — Pierre Diacre ne dit
pas que Guaiferius ait été abbé, c'est-à-dire supérieur d'un monas-
tère, pas plus qu'il ne parle de cette controverse entre Gisulfe et
:-^
O.?. 44. La vit que je trove dt cesîui siint abhé me
donne occasion que je l'escrive. Et dist œsnii moixie qni
ctsit ystoire corrpila. que pour ce que esi Uudable la
rouloit escrire. Quar la vie de cestuî se puet a comparer
4 la vie de li saint pères, lesquelles ries sont escriptes en
}i dyolo{?ue de saint Grégoire 1 . soit pour asterité de
cors, ou soit pour vigilie, ou soit par autre Tertu spiri-
Yuale ; quar sans la noblesce de la mère estoit nés pour
^rant prince et de haute ligniée. et tout fust chose qu'il
tussent malvaiz. Toutes foiz corne la rose de Te^ne estoit
cestui saint abbé nez de eaux. Ceaux donnoient femc
poingnantc, et cestui o laude li anime recreoit, quar en la
Hor de sa jovenesce se parti de la losenge de li parent soe.
et ala a Tescolle de autre maistre, et est fait maistre de
science celestial. Et aviengne qu'il fust chanoinne et clerc.
toutes voies par vie et par costumes aloit corne moine (2).
Et comensa cestui saint abbé, quant il estoit jovene» a
jeûner et a soi deleter a lire li selme de lo sautier. Et
parens malitiouz cerchoient de lui soustraire Parme
toutes voies il estoit dévot, sempre en oration, et o
lacrimes lavoit ses péchiez. Etensi estoit ferme en la saint
Eglize, qu^il paroit qu'il i fust enraciné. Qui seroit celui
(|ui porroit raconter son humilité et son abstinence ? quar
estoit plein plus parfaitement de li art libéral que par
science literale se peust amagistrer. Et pensoit de nuit et
de jor la loi de Dieu, et aloit par lo conseil de li parfait.
Gaifenus; toutefois les particularités qu*Aiiné et Pierre Diacre
signalent lors de la mort de Guayferius prouvent bien qu*iU oot
l'un et l'autre co vue le même personnage.
(1) S. Gkkgorii papa Dialogorwn libri IV, dans Mignb : Patr.
I
lût., t. 77, col. 149-430.
(3) C'est sans doute à Salerne que Guaifehus a été clerc et cha-
noine avant de devenir moine au Mont-Cassin.
i89
11 rechut par grant desirrier et volenté lo habit de saint
Benedit, et fii fait un autre major, c^est qu^il fu obedient
cornent s^il alloit estre major a saint Benedit, liquel avoit
esté disciple de saint Benedit, la croce, c'est Pangustie,
pour Tamour de Christ non Pot a fatigue ; mes volontai-
rement fatiga pour Pamor de Jshu-Christ. Et a ce que
feist lo exemple de Crist, li plus jovenede lui supreponoit
a soi. Et il se imoit a pieor de toz, et continuelmcnt estoit
infesté de moult de fatigue. Toutez foiz jamais no failloit
de la opération de Dieu, quar avoit en cuer la parole de
saint Paul apostole, qui dist : Tant sui plus inferme alore
sui plus potent (i). Et se aucune foiz estoit remède avoir
mémoire de la passion de Crist, o ploreto souspir faisoit
que retornoit a la mémoire de lui. Forte chose seroit de
dire et de raconter toutes les bones opérations soes ; que
se toute choze se disoit, seroit imposible chose de toute la
choze raconter. Toutes voiez la gloriose bataille de cestui
et quel fin il fist non se doit taire. Quant il morut, et que
Parme devoit estre portée en ciel, estoit recommandée en
Poroison de li frère, et sentirent li frère que non faisoit
besoingnedeproierpourlui, quar saint Michiel Pea avoit
portée en la joie de paradis.
Cap. 45. Or avint une choze que .j. maistre de grant
renomée et de gant famé loquel seclamoit Alberico (2) ; il
Alberico estoit entre li frère qui ploroient pour la mort de
(i) tt Cum enim infîrnior tune potenssum. » 2^ épit, aux Corint,,
XII, 10.
(2) A.lbéric, moine et diacre au Mont-Cassin, avait, d*après Pierre
Diacre, composé plusieurs ouvrages; il se distingua au concile de
Rome du mois de février 1079, par son argumentation contre l'héré-
tique Berenger; Chronica Mon, Casinensis, III, 35, auctore Petro
DiACONO.
190
cestui saint home, et veoit celluî grant maistre qu'il noa
pooit eschaper de mort li saint home. Si lui pria en prime
que non se dévisse corrocier de ce qu'il voloit dire. « Nous
savons que la miséricorde de Dieu jamaîz a li pecbeor
non défaut, et lo adrece a la vie eterne tant plus ad judera
a cellui qui non se part de son commandement. Adunc
prions la toe carité que puiz que tu seras mon et seras
devant Jshu-Crist comme tu as sempre maiz desirré, que
a plus grant certitudine lo doie signifier, et en quel lieu
lo juste judice de Dieu te destinera, que alcun de nouz lo
doies mostrer. » Kt ensi fu fait, quar puiz la mort soe
laquelle non se doit dire mort, mes transmigration, il ap-
parut en songe a maistro Albcrico, et par troiz foiz lui
dist : t En vérité, en vérité, en vérité, saches que je sui
aie en la vie pardurable. » Et lo maistre au matin dist
ceste avision a li frère dont tuit orent grant joie (i).
Cap. 46. O bon Gualfere, qui maintenant gaudes et
sempremaiz avec Christ, loquel donastes esperanze a celui
qui vouloit savoir ou la toc mérite estoit, loquel tu condi-
xiste a ccaux qui a temps te voloient faire gauder et te
donnoicnt espérance que te vouloient faire archevesque
de Bonivcnt, et tu non volisti celle honor, quar mainte-
nant tu as Tcstole et la bénédiction celestial ! Quar se note
que cestui pooit estrc archevesque Bonivent, et non
vouloit.
Cap. 47. Cestui saint home persecutoitlo prince Gysolfe,
et a loquel estoit contraire de tout son pooir. Etavieingne
que Gisolfe eust fait moult de malvestié et iniquité, toutes
voies est de croire que pour nulle cose. Dieu lui fust tant
(i) D.ms son ouvrage : de ortu et obitu justontm ccmoàtï Cmii»
nensis, n« 49, Pierre Diacre a raconté celte même légende, qu*il amc
sans Juutc prise dans Aime.
191
a dire et corrocié vers^ quant pour la molesté quMl faisoit
contre cest saint abbé. Et après que nouz avons dit de la
fin de cest saint abbé, dirons de la turbation de Gisolfe.
Cap. 48. Encoire cestui prince aroit seminé sur lo grain
la zizane, c^est entre loabbé Desidere de Modt de Cassyn
et Eideprande archedyacone de Teglize de Rome, liquel
estoient granz amis, cestui prince mistgrant discorde par
ses mensoges. Veez ci la discorde (i).
Cap. 49. Cestui refusoit la compaingnie de la famé, et
feignoit une fause religion de castité, et s^efforsoit de mos-
trer autre choze qu^il non avoit en cuer. Et celle qui lui
estoit moillier et donnée de lo père et de touz ses parens
chasa, et destrut la conjunction de lo mariage (2). Et dist
cestui moine qui ceste ystoire compila qu^il non vouloit
dire en quel manière il complisoit sa volenté carnal et
(i) Didier du Mont-Cassin et Hildebrand, le futur Grégoire VII,
n*ont pas toujours été d*accord ; obligé de ménager les Normands
pour qu'ils respectassent de leur côté les biens de Tabbaye, Didier
ne pouvait guère faire campagne avec Hildebrand lorsque celui-ci
excommuniait ou faisait excommunier les Normands, et procédait
contre eux par tous les moyens à sa disposition ; ce fut là le vrai
motif de leurs dissentiments, passagers du reste. Quant à Gisulfe, il
avait intérêt à exciter Hildebrand contre les Normands puisque ceux-
ci rendaient de plus en plus précaire sa situation de prince de Salerne
et, dans plus d'une circonstance, il ne manqua pas de le faire ; par là
il a pu contribuer à tendre les rapports entre Didier et Hildebrand,
mais il faut bien dire que sa situation politique ne lui permettait
guère d'agir autrement.
(2) Il ne m'a pas été possible de connaître le nom et la famille de
la femme de Gisulfe, V Art de vérifier les dates, t. III, p. 796,
édition in-folio de 1787, lui donne le nom de Gemma, mais Gemma
était le nom de la mère de Gisulfe, de la femme de Gualmar IV;
n'a-t-on pas confondu la belle-mère avec la belle-fille ?
192
luxuriosc, quar s*il \o deist, li aier pour tele parole seroii
curupt. domp tiouz porrions esire malades ; pour ceste
parole jo coiicludc que cestui Gisolfe péchasse contre na-
ture carnalcmcnt. Avons adont la faize castité. Conclude
cestui storio^raphe que non se veut tantdeleter de dire li
acte et li opération d'autre, qu^il laisse Tystoire de li
Normant.
Explicit liber quart us.
INCIPIUNT CAPITULA QUINTI LIBRI
Cap. I. Des vertus de Robert.
Cap. 2. De la vision qui fu revçlce a .j. moine de Mont-
Cassyn.
Cap. 3. De la vision de lo prestre.
Cap. 4. De ceux qui vouloient contre li. Del feu et de la
flame qui issoit del mopt Bibio.
Cap. 5. Comen fu assegié et prise Troya. Cornent li duc
delivere se leva contre li Sarrazin, et atendoit lo jugement de
la volenté de Dieu.
Cap. 6. Cornent fu cachiée Vultimine d^ ammirate et fouy
a lo duc.
Cap. 7. Coment comist lo royalme a Gofrede, et il ala en
Puille.
Cap. 8. Coment Rogier et Coffre a§sallirent Sycile.
Cap. 9. Coment cil de Rege murent bataille contre li Sar-
razin.
Gap. 10. Coment li duc envita li Normant pour prendre
Sycille.
Cap. 1 1 . Coment en Calabre o grant cavalerie.
Cap. 12. Coment lo duc ala veoir le port de Messine.
Gap. i3. Coment il manda son frère de l'autre part.
Cap. 14. Coment cayto de Messine fu tôt taillié lui et li
i3
194
sien de li Normant. Cornent vmdrent autre Normant que cil
de prime.
Cap. i5. Cornent fugirent li Sarrazin, et li Normant pris-
trent Messine.
Cap. iG. Cornent lo duc ala en Scicille o tout ses chevaliers,
et garni bien Messyne de sa gent.
Cap. 17. Cornent ioduc cercha la terre, et quant de Rimete
orent paiz auvec lui.
Cap. 18. Cornent li christien, quant il virent lo duc, lui
donnèrent bataille et puiz orent paiz auvec lui.
Cap. 19. Cornent li païen, pour paour, lesserent la dté et
fuirent.
Cap. 20. Cornent lo duc se combati a lo lieu qui se clame
Castel-Johan, et retorna o victoire a Messyne, et li Sarrazin
se humilièrent vers lui.
Cap. 21. Coment cil de Palerme se merveillerent, et man-
dèrent messages et présent a lo duc.
Cap. 22. Coment lo duc fist la rocche el val de Mené, et
toma a Messine, et pois torna a Rege.
Cap. 23. Coment lo duc venchi la cité de Otrante.
Cap. 24. Coment asseia Bar, et coment il la prist par force.
Cap. 25. Coment li Pisen vindrent en aide a lo duc et mis-
trent siège entor Palerme, et combatirent contre li Samzin
par mer et par terre (i).
Ci se finissent li capitule de lo quart livre (2).
(i) Le sommaire n*a que vingt-cinq chapitres tandis que le telle
en a vingt-huit ; aussi les divisions du sommaire ne comspondcnl-
elles pas toujours avec celles du texte.
(2) Il faut du quint livre, au moins s*il s*agit des chapitres du
sommaire.
195
SE COMENCE LO QUINT
Cap. I . Or dit ensi cestui premier capitule de lo quint
livre, avi&ngne que lo duc fust adorné de la dignité de
toute vertu ; toutes voies passa la poesté de touz autres^
quar tant estoit humile, que quant il estoit entre sa gent,
non paroît seignor, mes paroit que ce fust un de sez che-
valiers. Et non fust nulle tant poure famé vidue, ou petit
garson, qui ne lo pcust prendre a conseil et conter lui
tout son conseil et sa poureté. Justement judica toute
gent qui avoient a faire devant lui/ et jugeant par droit
et par justice metoit-il la pardonance et la pitié. Li rector
de Teglize honora, et adresa et conserva lor possession, et
de lo sien lor dona. Et li evesque et li abbé avoit en révé-
rence et timoit Crist en cels qui sont membres soes; non
vouloit recevoir service de ces prelas comment font alcun
prince, mes il s'enclina a servir a eaux. Molt observa
bien ceste parole : Tant seras plus grant, tant plus te hu-
milieras a touz (i). Mes qui porroit dire lo grant cuer de
cestui, quar les manaches de Tempereour non le metoient
en paor, li conseill de li emole soe non lui donnoient
conturbation, et li castel guarnut et appareillez non
(i) Aimé fait sans doute allusion à ce texte de S. Luc, XXil, a6 :
« Qui major est in vobis, fiât sicut minor et qui praecessor est sicut
ministrator. »
196
l'emovoient. Li arme de ses anemis touz, corne vous
savez, non le faisoient fouir, mes il faisoit paour a tout
home, ei de null home est perturbé la soe prospérité et bone
fortune. Il Jshu-Crist qui lui concède la victoire lui a
ordené. loquei soe viaoire par molt révélation le mani-
festa, et par etfette de opération io approva de estre voir.
Cap. 2. Un moine de monastier de Saint- Lope, loquei
monastier est dedens la cité de Bonivent (i), puiz matu-
tinesremcsi en Teclize pour dire orations. Et subitement
s*endormi, et vit en avision dui camp plein de pueple, de
liqucl camp Tun paroît molt grant et Tautre menor. Et
molt s'émerveilla Io moine, et demanda en soi-meismes
dont estoit tant de pueple. Alore vint un a lui, et lui dist :
Geste gent sont cil que la majesté de Dieu a subjette a
Robert Viscart; et cest plus grant camp est de la gent qui
a lui doivent être subjette, mes encoire non lui est sub-
jette. Et puiz se resveilla Io moine, et molt se mervellla
de cesse avision, et si estoit voir ; et Io revit la seconde et
la tierce foiz ceste meissmes avision.
Cap. 3. Un prestre se dormoit en son lit, vit un bel
jardin en loquei estoit un arbre molt plus bel et molt
plus grant de tout li autre, et en Io plus haut de Tarbre
estoit une famé molt belle. Et Robert Viscart estoit au
pié de cel arbre et guardoit la dame. Et subitement de
une grant montaingne venoit un fiume molt grant, de-
vant loquei flume tout li pueple fuioit. Et Robert remainst
tout souI, loquei par Io comandement de la dame tout Io
Hume but. Et puiz vint un autre flume plus grant que Io
premier, liquel flume par Io commandement de la dame,
autresi corne Tautre, but. Puiz paroît que vcnist la tierce
^i) I.c sommaire, c. 2, dit que c*était un moine du Mont-Cttiîn.
197
aiguë tant grande, qu'il paroît que tout lo monde en deust
mener. Et Robert Viscart sain et salve toute la se but par
lo comandement de la dame. Et dist cestui moine que
ceste ystoire compila, que celle dame qui estoit en cel
arbre estoit la Vierge Marie, et li dui flume estoient .ij.
pueple, c'est de là et de sa de la mer, liquel Robert sub-
juga. Et lo tiers flume estoit lo impiere romain de Costen-
tinoble, loquel dist cestui moine qui estoit a celui tems
vif et escrist ceste cose, o l'ajutoire de Dieu encoire se lo
subjuguera (i). Porroit soi entendre que la dame fust la
Providence devine, pour la disposition de laquelle sub-
juga et veinchi li Normant li habiteor de ceste part, et
christien, et li Sarrazin, quar de ceste troiz manières de
gcnt ot victoire, dont est de veoir come eschapa de diverses
insidiez, et coment aquesta et vainchi lo pueple.
Cap. 4. Dieu faisoit prospère lo estât de lo duc Robert,
et esmovoit la volenté tant de li Normant quant de li
autre a estre avec lui. Mes lo esperit de émulation et
d'envie se commovoit de estre contre lui, quar Gazoline
de la Blace, a loquel lo duc avoit donné Bar-entrebut (2),
et Rogier-Toute-Bove, liquel se clamoit autresi Bala-
larde (3), et un qui se clamoit Ami, fil de Galtier (4),
(i) Comme il a été dit dans l'Introduction, p. xxiv, ce futur in-
dique à quelle époque Aimé a composé son ouvrage.
(2) Cest celui que Malaterra, I. II, 4^, appelle « Gocelinus de
Orencho » et qui après avoir fui en Orient, reparaît, du côté des
Grecs, lors du siège de Bari par Robert Guiscard ; Bar-entre-but est
une traduction trop défigurée du nom latin pour qu'on puisse retrou-
ver ce dernier.
(3) On pourrait croire d'après la tournure de la phrase que Roger
et Abagélard (Balalarde)'sont un seul personnage; Aimé en a cepen-
dant deux en vue puisqu'il dit un peu plus loin que Roger livra sa
fille en otage à Pérénos et qu'Abagéiard lui livra son frère. Aimé, II,
198
firent conseill contre lo duc pour eaux estre tenuz haut
cl victoriouz. Et le duc Perrin, Grec, liquei par lo impe-
reor de Costentinople estoît fait sur Durace (i), et cerca
deniers, pour pour les deniers il peust mener li Normant
a destruction, et lo duc Robert Viscart, et submettre
Pu il le et Calabre a lo empereor, loquel devoit considérer
ilo acroistre lo honor de son seignor. Et li presta cent cen-
tenaire de or, et devez entendre florin ou autre monoie
de or qui coroit alore; et rechut ostagedefilz de Gozelin,
Pun legittime et l'autre bastart, et rechut lo sacrement;
rechut la fille de Rogier, io fil de Ami, et lo frère de Bela-
larde (2). Dont li chevalier pristrent Por, et aûnerent
turme de larrons, et non pristrent cité ou chastel de io
duc, mes cornent larron alloient desrobant de nuit et de
jor. Et lo duc Robert, loquel senti ceste choze, estoit en
:<(>, n <U jà donné ce surnom de 7t>ute»Boife à Hugo qui, dans le ptr-
t.i^c de 104!^, eut pour sa part la ville de Monopolîs ; Léo de* Mani,
II, 66, appelle ce Hugo : Tutabovi. Ce Roger ne seiait-il pas le fiU
et h<fritier de ce Hugo? — Sur Balalarde ou Abagélard, cf. su^rm,
p. i.Sy, note a.
(4 Je /j paffc précédente), ~ Sur la généalogie de cet Ami, fila
de (lauthieri dont Aimé a déià plusieurs fois parlé, voyezG. Wnii-
Ki irii : Je conJitione Italiœ inferioris Grcgorio septimo pontfflceg
V' 47-
^i) Jkan Scyi.itzes CuropaL écrit au sujet de ce Perenot :
m rpotftXtfir^ 60ÙI Tf»; 'ixAia; 6 lltpT.và;* îi>, fiuvi^Ocl; 81 cl; Ao7ri6sp-
'.ixv rrpvtit»f)-f,vat lurivsv fv Aup63/{c|>, dvo^isQ^cl; ToC Au^ia^ÎQu
OQÛ*. M p. 723, éd. Bonn.
(2) C'est en 1064 que ces arrangements entre Pcrenos et les enne-
mis do Robert Guiscard ont dû être conclus; on lit en efliet dans
Vlf^notus HarvnsiSt aJ an. 1064 : ■ Multi nobiles pcrrexenint Perino
in Durrachio pro toUcndum honores et Gozolino pcrilavit cum
suis at Perino. *• Muratori, R. 1. SS., t. \\ p. 16a.
199
Calabre. Adont vint en Puille le plus tost qu'il pot, et
non se curoit de li anemis soe, liquel aloient fore par lo
camp, ne de la proie qu'il faisoient non se curoit» mes ala
a lor cité. Et a Gozelin leva toutcequMlavoit,et a Rogier-
Toute-Bove toUi tuit li champ soe, ne lui laissa tant de
terre ou se peust souterrer. Et adonc fugirent li chetif
devant la face de lo duc, et que non pooient recovrer la
grâce soe foyrent en Costentinoble'a lo empereor (i). Et
prist la terre de Ami et de Balalarde, a liquel il leva tout
lor bien, et les enrichi de mont de poureté et de misère.
Mes que la miséricorde de lo duc estoit moult grande, Ami
retint pour chevalier et delà terre soe alcunepart l'en rendi,
et l'autre réserva en sa poesté. Et Balarde, pour ce qu'il
avoit esté filz de lo frère, tint avec ses filz, et consideroit
dedens petit de temps de faire lo grant prince, dont lui
dona plus cités et chasteiz. Et quant Perin vit l'or de son
seignor maternent despendu, manda li ostage a li empe-
reor pour estre descolpé des deniers qu'il avoit donnez
malement (2).
(i) Guillaume de Fouille a aussi parlé de cette révolte contre Ro-
bert ; il. passe sous silence Roger, mais en revanche il signale parmi
les révoltés Godefroi de Conversano, fîls d'une sœur de Robert
Guiscard :
« Horum Gosfridus, Gocelinus et Abagelardus
Filius Unfredi, sibi jura paterna reposcens
Praecipui fuerant actores consiliorum.
Dux igitur postquam sibi conjuratio nota
Facta fîiit comitum, bellum molitur, in omnes
Acriter exarsit, capit hos et recipit illos ;
Afflixit variis quorumdam corpora pœnis.
Iratum metuens fugit Gocelinus ad Argos. »
L. Ut V. 45 1 sqq.
(2) 11 semble qu*Ami, Abagélard et Godefroi de Conversano aient
résisté plus longtemps que Roger et Gocelin et qu'ils aient continué
200
Cap. 5. En bellui temps, en lo haut mont de Bebie fu
faite unegrant boche de laquel issoit fiame corne cendre,
et a tant habundance issoit de cendre de celle bouche,
que toute la province dUlucc entor et quasi toute Calabre
et une partie de la terre de Puille fu coverte de celle cendre.
Et en lo costc de cellui mont apparurent pertus, liquel
jamaiz non i avoient este veuz avant. Et de ces pertus
issoit un flumc de aiguë boillant par .xv. jors continuel-
mcnt ; et par-là ou coroit celle aiguc, pour la grant chalor.
seccha et arst la terre et li arbre ( i).
Cap. 6. El quant li anemi de lo duc furent mort, et il
lu haucîc et cssaucic par prospère subcession, li victorioz
duc vint sur Troyc o grant multitude de chevaliers et de
petons, il asseia la cite et ordena chasteaux et pavcillons
entor la cité. Et cil de la cité contrestent, et toutes foiz
non noient lo tribut acostumé, et encor prometent ajoindre
or et chevalz de Grèce. Et lo duc desprisa ceste choze,
quar cerchoit lo plus haut lieu de la cité, en loqucl lieu
la lutte, mCmc après le dcpart de ces deux derniers pour Constanti-
nople; TIgnotus Harensis porte en effet, ad an. 1068 : « Amicetta
intravit Juvcnacic. n La révolte prit fin lorsque, 1c i5 février 1068,
Robert Ouisc.ird lînit pars'empaier, gr&cc à une trahison, de la forte
fM^ition do Montc-Pcloso, défendue par son neveu Godefroi de Con-
vcrsano; Llpus, â</ jn. 1068; Malatkrra, H, Sq ; Guillaume di
PoriLLE, 1. Il, V. 459-477. Hirsch critique sans raison et avec une
ctrange ex<igcraiion ce chapitre d'Aimé; Aimé ne dit nulle part que
Pérénos ail, des loho, fourni dcTargent aux révoltés pour partir en
guerre contre Robert Guiscard, Hirsch le lui fait dire pour pouvoir
déclarer «.^nsuite qu'une telle assertic>n est erronée; on n*e8t pas plus
partial ; cf.. /. c, p. ^^oo, 3oi. Aimé ne donne pjs de date en par*
lant d* cette révolf?, mais les intéressantes données de son récit
s*htirmoniscnt avec ce que nous savons par ailleurs.
(i) Cette éruption du Vésuve a dû avoir Heu vers 1066, mais nous
n*avons pas la date précise.
V
201
vouloit faire un chastel pour constrendre cil de la cité, et
cellui chastel bien garni. Et li citadin respondirent o
pierres et o sagettes. Mes lo duc non se parti et non leissa
issir cil de la cité defors, ne non laissa entrer li vilain o
tout la vitalle, ou pour fare lor aide. Et sont li citadin
dedens la cité, lo pain lor vient faillant, et font petit feu
quar ont petit de laingne, et lo vin lor faut, ne eaue non
ont ; et voient que lo temps de mètre estoit venut, et
veoient que autre metoient là ou il avoient seminé. Et
celles choses lesquelles il voloient repondre en lorgranier
lor estoit failli. Cil de la cité prièrent et requistrent par-
donnazance a lo duc Robert quar non vouloient veoir la
destruction de la grant Troie; et mandèrent paiz, et con-
ccdirent a lo duc Robert de faire hedifice en la roche et
devant les tors, et il fist faire trébuc et autres engins a sa
volenté. Et Robert cercha lo lieu et lo siège de la cité, et
en cellui lieu là ou il lui plot fist faire un singulerchastel,
a ce se besoingne lui feist qu'il poist contraindre cil de la
cité (i).
(i) Au c. 3 du 1. IV, Aimé a déjà parlé d*une prise de Troja par
Robert Guiscard ; Hirsch croit qu*Aimé, oubliant ce qu'il avait dit
antérieurement, revient ici sur le même fait, il écrit p. 3oo : « Sihd
dièse beiden Eroberungen identisch, was man freilich aus Amatus
allcin schwerlich ersehen wird. » Les motifs suivants me portent à
croire que Hirsch est dans Terreur et que Robert Guiscard, ainsi
que le dit Aimé, a fait deux fois la conquête de Troja.
Comme le remarque Hirsch, Afmé dans ce second passage, celui
du 1. V, place la prise de Troja immédiatement avant les négocia-
tions des Normands avec Ibn-at-Timnah, c'est-à-dire en io6o, car
ces négociations furent le prélude de l'expédition de Roger et de Ibn-
at-Timnah en Sicile dans les derniers jours de février io6i.
Or, il est bien visible que dans le premier passage, au c. 3 dli
1. IV, Aimé n'a pas en vue cette prise de Troja effectuée en io6o.
Dans ce premier passage, il place cette conquête avant le second
mariage de Robert Guiscard avec Sikelgaita, c'est-à-dire avant loSg,
202
Cap. 7. Et puiz que lo duc ot Troie, il pensa en soa
cuer cornent il porroit offendreli Sarnizin, liquel occioient
li chrestien molt fortement. Mes que sans la volenté de
date de ce mariage. Il le place même avant la première révolte des
barons Normands contre Robert Guiscard, et nous avons vu que
cette révolte précéda le mariage avec Sikelgalta, puisque, au rapport
d*Aîmé, Pierre, fils d*Ami, vaincu par son rival Robert Guiscard, fiil
obligé de faire contre fortune bon cœur et de lui fiiire escorte lors de
ce mariage. I^ chronologie indique donc qu'il s'agit de deux faits
distincts ; on arrive à la même conclusion quand on compare les
deux passages l'un avec l'autre, il ne s'agit d'abord que d'une prise
de possession de la ville ; plus tard, au contraire, il est question de
construire un château normand sur une position dominant Troja
et d'y installer certainement une 'garnison normande. Cest là ce qui
irrite les habitants; ils veulent bien continuer à payera Robert Guis>
card le tribut accoutumé, ils offrent même d'y joindre de l'or et des
chevaux de Grèce, mais ils ne veulent ni du chftteau ni de la garnison .
Cette phrase du second passage, à laquelle Hirsch n'a pas pris gude,
fait voir clairement qu'il y avait eu antérieurement une pfemiire
soumission de Troja à Robert Guiscard, par laquelle la vilk, f^rAytt
son autonomie municipale, avait consenti à payer un tribut annuel à
son vainqueur. Il s'est donc passé pour Troja à peu près ce qui s'est
passé pour Capoue et pour plusieurs autres villes de lltalie du sud;
en io58, Richard, comte d'A versa, conquit une première fois Capouci
la rendit tributaire et lui laissa sa vieille dynastie lombarde et ses
libertés municipales ; quatre ans plus tard, ses forces ayant grandi
avec son ambition, il voulut avoir Capoue à son entière discrétioa,
être maître des fortifications et y établir ses troupes ; les Capouans
ayant refusé, il s'en suivit un nouveau siège et une nouvelle prise de
Capoue par Richard, qui alors disposa de la ville à son gré.
C'est donc dans les derniers mois de io58 ou au commencement
de loScj qu'a eu lieu la première prise de possession de Trofs par
les Normands, et, en 1060, ces derniers ont exigé une soumissk»
absolue et la construction d'un château-fort pour couper court à toute
velléité d'indépendance.
Dans la chronique d'Amalfi et dans Romuald de Sakme^ il est
question de la prise de Troja par Robert Guiscard ; voici ces denx
textes : « Comcs Robertus Guiscardus, anno Domini 1060, vocatns a
203
Dieu nulle chose se puet faire, atendoit alcun signal por
lequel il coneust que fùst par la volenté de Dieu, et aten-
dist victoire, et ensi fu fait.
Cap. 8. En la grant cité de Palerme en Sycille estoit
amiral un qui se clamoit Vultumine. Un Sarrazin esmut
lo pueple, et lo chacerent de la cité, et se fist amiral. Et
Vultiminos^en ala habiter a Cataingne, et pensoit cornent
il porroit vengiersa injure sbe. Mes que non avoit adju-
toire de sa gent, recisse a io christiennissime duc Robert,
et parlèrent ensemble, et firent amistié. Et a ce que en lo
cuer de lo duc non remanist suspition, Vultimien donna
son filz en ostage a lo duc. Et puiz que lo sot le Sarrazin,
Trojanis civibus, ipsorum cmtatem in suam potestatem suscepit.
Qui non post multos dies cum suo exercitu in Calabria Cusentiam
cepit ac omnium Normannonim dub factua est. Et accepit uxorem
SichUgaydam Gualmarii principis filiam. » Chrorif AmaL, c. 3o dans
MuRATORi : Antiquitates Italicce, 1. 1, col. 21 3. « AnnoDomini 1060,
indictione x3. Ipso anno comes Robbertus Guiscardus yocatus est a
Troianis civibus, ipsam eorum civitatem in sua potestatc ab eis acce-
pit, qui non post multos dtes cum exercitu in Calabriam profectus,
Regium civitatem cepit atque omnium Normannorum dux effectua
est. Hic accepit uxorem nomine Sikelgaitam Guaimarii principis
filiam. » Romoaldi Annales,si. 1058*1067, MG. SS., t. XiX, p. 406.
La chronique d'Amalfi et Romuald de Salerne ont, où le voit, puisé
à la même source et reproduisent, à peu près mot à mot, les mêmes
données; la seule variante, c'est que Romuald de Salerne met Reggio
là où la chronique d'Amalfi porte Cosenza et, sur ce point, d'après le
texte de Guillaume de Fouille, 1. II, v. 413, la chronique d'Amalfi
est dans le vrai. Romuald de Salerne et la chronique d'Amalfi pla-
çant cette prise de Troja par Robert Guiscard avant le mariage de ce
dernier avec Sikelgaîta, parlent évidemment de celle mentionnée
par Aimé, c. 3, 1. IV ; on voit par là même que cette date de 1060
est une erreur de leur part ; en 1060, le mariage de Robert Guiscard
avec Sikelgaîta avait déjà eu lieu, à plus forte raison, la prise de
Troja qu*ils placent avant ce mariage.
304
lequel se clamoit Belcho, Tamistié de ces .ij., chaza V'al-
timc de toute Sicillc, lequel s'en ala a Rege souz la deffen-
sion de lo duc (r|.
Cap. 9. Et quant lo duc vit cestc cose avenir, loqael
crcoit par ordination de Dieu procedere, se appareilla de
(1) I. es renseignements fournis par Malatekra (I. Il, 1-20 et pw
Ibn-al-Atir (capit. XXX V% traduction italienne de Amam dans b
Biblic4eca Arabo-Sicula, X. l, p. 444 sqq.) permettent de contrôler
ce rct.it d'Aimé sur le début de la conquête de la Sicile par les Nor-
mands ; d*aprcs (bn^al-Atir, trois kaîds se partageaient Ifle loraque a
commencé l'invasion normande, il écrit : « le kaîd Abd-Allab-ifeo-
Mankut (celui que Malaterra appelle Benneclenis) régna en souverain
à Mazzarn, Trapani et autres lieux ; un autre kald Ali-ibn-Nimah.
surnommé Ibn-al-Hawwas (Bclcho dans Aimé^ Belcamedus dans
Maluterra) .1 Castro Giovanni, à Girgenti et Ibn-at-timnah (Vulti-
mino, Vultimien dans Aimé, Becumen dans Malaterra) à Syracuse et
à Catanc. »> Malaterra, II, 3, donne aussi à Ibn«at-Tîainah le titre
de M admiraldus Sicilix » et, comme d'après Ibn-al-Atir, la priire
publique se faisait en son nom dans la capitale de la Sicile, il se peut
très bien que Ibn-at-Timnah ait eu auparavant à Païenne, comme le
dit Aimé, une grande situation (Amari : Storia dei Musmimami
di Sicilia, II, p. 549 et p. 552, note i). Lsl guerre éclata entre
Ibn-at-Timnah et Ibn-nl-liaw was, Aimé n'indique pas le motif de ces
hostilités, d'après Ibn-al-Atir, elles provenaient de ce que lbn-a|iTim-
nah avait maltraité sa femme Maimouna, sœur de Ibn-al-Hawwas ;
d'après Malaterra parce que Ibn-at-Timnah avait vaincu et tué Abd«
Allah -ibn-Mankut, époux de Maimouna que Ibn«at-Timnah avait
ensuite cpf)usée. Vaincu par Ibn-al-Hawwas, Ibn-at-Timnah invita,
four se venger, les Normands à faire la conquête de la Sicile. D'après
Aimé, Ibii-at-Timnah se serait, pour cela, abouché avec Robert Gui^
card ; d'après Malaterra, ce serait avec le comte Roger et à Reggio,
mais on sait que Malaterra cherche toujours à mettre au premier
rang son héros Roger ; d'après Ibn-al-Atir, l'entrevue aurait eu lieu
à Milcto et entre Ibn-at-Timn.ih et le comte Roger. On voit que
malgré ces quelques variantes, le récit d'Aimé est tout à fait di|
lie f<ji.
205
prendre Sycille. Et que savoit que Goffrede Ridelle (i)
savoit sagement governer la chose qui luiestoit commisse,
et estoit usé de ordener chevalerie et bataille, et a ce qu'il
fust sur lî autre loiist capitain, et comandaf a li chevalier
de la cité et a li home de mer que plus obéissent a cestui
Gofrede capitain que a lui, et promet que plus tost par-
donnera a cellui qui non feroit son commandement, que
a cellui qui non feroit lo commandement de cestui GofTre.
Et proia lo comte Rogier son frère que, par lo conseil de
cestui Gofrede, deust faire les choses et amer lo de droit
cuer. Et proia Gofrede, que honorablement Vultime et
lui donna abondantement les coses neccessaires. Et por
ce que savoit cestui Vultime' li fait de Sycille, dist a Gof-
frede quUl face secontla disposition de Vultime. Et clama
li Normant pour aler en Sycille pour chacier li Sarrazin,
liquel avoient levé celle ynsule de la main de li chrestien,
pour mener les en Puille.
•
Cap. 10. Et puîz lo duc s'en ala en Puille, et orent
conseill li seignor ensemble, et appareillèrent lor navie,
et pristrent fortissime chevalier. Et coment les mena
Vultimine a aler en Sycille a un chastel qui se clame
Rimate (2). Et li chevalier se donnèrent a terre après et
pristrent proie. Et pour ce qu'il n'estoit nul qui lor deist
noient, li chevalier aloient joiant et espassant par les
(i) Nous possédons plusieurs chartes de ce Geoffroi Ridelle qui,
en 1072-1077 était duc de Gaéte et seigneur de Pontc-Corvo ; cf.
Gattola : Historia Mon, Cassin., t. 1, p. 264 ex Petro diacono,
n» 429 ; et t. I, p. 267 ex Petro ducono, n© 427 et le t. 1, p. 3i3
ex Petro diacono, no 433.
(2) Rametta, au sud-ouest de Messine; Malaterra, II, 4, dit
qu'après leur débarquement, Ibn-at-Timnah conduisit les Normands
dans la direction de Mihtzzo (versus Melacium) et dans cette direction
ils devaient en effet rencontrer Rametta.
xosrsn: & Mesine, laquelle lui
ssia:: £rrK^ ^ s::r:ttTTcr: 1:l. ànnnfTeni bataille ; o li
S^TTEzir^ z'j.: j: ssiniirsz: s&m aombre, o tlarollc alumées
Issirr:.: i^r? zt ^ Tsrrt z ssncr cr>arre li iorcc de li Nor-
T.£r.: r. cJziiDsncfrs::: £ ccixnbttnre et de pan eo pan
i&isaie=: BfU£: i: r.'^: nai: tu saa: iîèrat de li Sanazin
e: ri us tz s:<-: r^rr. E: c^::^ qsi esiaient as champs se
lesDiez: ::c: £:: s£ creoic: cûillir 1: chrestîen en mcge a ce
::'jc nul D:a gscir.ruL^: £: r;:i2 fu iar« 1: chrestien £erirent
sur 1: Sirrarn e= 1: .Iru ioa: estoâi appareillié, et oods-
7vz: :d:>1: Je 1: SErrazlû. e: ens: isùrent de lo lien péril-
louz. f : alieren: :^r ic ^esrr:^: des lieaz« ez sanz Toie des-
ccnilreu: i 1:^ li:e ie là r:er. Ei por ce que trouvèrent la
mer zî al: :ez:pss:uû». n^n pckres: tomer a Rqge; dont
par paor ci par fr.~^:: csi:^icni nioli mal« ez atendcHent
rauiDTf if Dieu pour ro.xr eschaper. Mes puis traiz
]dts la :er:p?s:e.-i? 1; rîcr passa. « lomer retonia en paiz.
E: adon:crTr:er.jirir.:£ ccc.re io besiame. etlo laissèrent,
q-^^7 avcifn: pa:r si: ::^r pcrii^ier.: ou se lardoient, ne
1 jr îLis: occasion ie r^ohr sn ner. El Gofre dîst que ce
n'esto:: pas bon ronselll ce reirrner a tarl*;uier sansgaaing
eî L'JIiîé a cellu: ami qui îes ateudoiem. Eî chaijgerent lo
navie àt besTes. o celle ccn:pli:e Je îaîre toute proie. Et
en un ior lorreren: a Reare a 1: compaignon lor. et puia
ju'il îuren: reiomi:. li chresiien ionncrcm la proie pour
res:i:i:er une ecclise a i\ nor ce Dieu ï . pour laquelle il
avoient eu viaoïre. E: nia!n:enant cesie première bauille
e: viaoire laquelle avoieni eue contre li Sarrazin, et ce
seneîîerenî a îo ;;lonous djc lor Robert.
Caf'. 1 1 . El p. ur ce que en la ciié de Rege habitoient
( I : Une église déiiée à S. Antoine et située près ie R^gîo.
/ 207
Sarrasin et cbrestien, se volirent mostrer que estoient fidel
a lo duc, et pour non faire soi suspecte tant li chrétien
quant li Sarrazin qui ilec habitoient armèrent soi contre
li pagan de Sycille, et comencerent a combatre Tune nef
contre Tautre. Li sajetes volent par lo aer de toutes pars,
en sont feruz molt; .xj. chrestien furent mort et une nef
de li cbrestien fu prise. Et ensi o damage li citadin de
Rege retornerent a lor cité ( i ).
Cap. 12. Et quant li duc gentil senti la mort de li chré-
tien et la victoire de li Normant, clama a soi li chevaliers,
et les envita a prendre Sycille, et lor dist : <c Je voudroie
délivrer li chrestien et li catholici, liquel sont constreint
de la servitute de li Sarrazin, et desirre molt de chacier
les de la servitute lor, et faire venjance de la injure de
Dieu. » Et li hardi et vaillant Normant respondirent qu'il
sont appareilliez a faire ceste bataille. Et promistrent, o
Faide de Dieu, de subjugar li Sarrazin, et rechurent grâce
et dons de lo seignor duc.
Cap. 1 3. Li duc ala devant, et li Normant lo secuterent
sans nombre, et vindrent de Puille en Calabre, ets^asem-
blerent en un lieu qui se clamoit Sainte-Marie-de-lo-
(i) L*exposé de cette première expédition par Malaterra, III, 4-7,
est d'accord avec ce que dit Aimé ; seulement Malaterra, toujours
soucieux d*exalter la gloire du comte Roger, ne dit rien du rôle
important de Geoffroy Ridelle dans cette campagne ; il nous apprend
qu'elle eut lieu dans les derniers jours de février 1061 (hebdomada
proxima ante quadragesimam ; en 106 1, Pâques tombait le i5 avril).
La Brevis historia liberationis Messanœ (t. VI des Mélanges de
Baluze, Paris, 171 5, p. 174, dit que la flotte de la première expé-
dition des Normands en Sicile était commandée par un Geoffroy,
mais elle fait à tort de ce Geoffroy un frère de Robert Guiscard.
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209
Cap. rS. Et puiz li duc torna, tôt lo exerctit de li che-
valier fu fortiBcat, et pristrent Parme et demandèrent li
nef, quar voloient aler de Tautre part de la ripe pour
combatre avec li Sarrazin, et non atendoient lo coman-
dement de lo duc; et lo duc sapientissime les restreint et
non les lessa persequter la propre volenté lor. De toute
celle grant multitude, .ij. cent et .Ixx. en eslut, sur liquel
il mist lo sien frère Rogier, et lo fist gofanoQier de .xiij.
nefs, et les manda de Tautre a nagier de nuit, a ce que
non fuisent sentut de li Sarrazin ; et alerent et se rescon-
dirent en un lieu qui se clame Calcare (i), et pour lever
toute esperanze a 11 Normant de retorner, Rogier remanda
les nefs a lo duc.
Cap. 1 6. Et puiz quant il fu jor, li Normant se levèrent
et se adornerent de lor armes, et montèrent sur lor che-
vaux, et sans paour vont contre Messine, quar se delic-
toient de veoir ceaux que erant venut a destruire ; et un
officiai de Messine, loquel se clamoit caito celle office, et
estoit'conoscentico de la terre, vint de Palerme o .xxx.
chevaliers, et porioit monoie, et venoit pour deffendre la
cité. Li home furent occis et despoilliés, et levé la monoie,
et li mul, et li caval, et ce qu'il portoient, et ensi li Nor-
mant riche o victoire alloient gardant de toutes pars.
Cap. 17. Et regardant en la mer, virent de loing venir
les nefs qu^il en avoient mandées, en lesquelles venoient
cent et septante chevaliers, liquel mandoit lo duc a lor
(i) Calcare, à six milles au sud de Messine, là où s'éleva plus] tard
Tabbaye de Santa-Maria di Roccamadore. Malaterra ne parle pas de
Gilcare et dit que Roger et les siens débarquèrent « ad locum qui
communiter Monasterium dicitur » et une variante porte : « trium
monasterium » d*où est venu le nom de Tremestieri.
14
2IO
adjuioire. dont ceaux quMl virent premerement en orent
joie pour li compaingnon quMl recevoient. Et ceux qui
vindrent puiz orent grant joie de la victoire que lor com-
paingnons avoient ensi eue/
Cap. i8. Et ensi quant cestui furent ensi assemblé, il
s'a parei lieront de veoir la cite, et prover cornent il estoient
hnrdi ceuz qui estoient dedens la cité. Et puiz ceuz de li
Sarrazin qui estoient en la haute mer pour veoir, et li
guarde de la terre virent lo mulle de caito et de li sien
chevalier, et sorent qu^il estoit occis, o grant paour cer-
chcrent de fugir, et pristrent diverses volez pour eaux
garder de l'arme de li Normant. Aucun foient par mer,
aucun par la rippe, sans tenir voie entre val et mont, et
par la silve fuoient absconsement. Et li Normant lecur
entrent en la cité, et partent entre eaux la moillier et li
tilz. li serviciaK et la masserie, et ce que il troverent de
ceuz qui s'en estoient fouys. Et lo firent a savoir a lo
famosissime duc Robert comment avoient prise la cité« ei
la victoire que de Dieu avoient receue par Goffrede Ri-
delle (i), et lui prièrent quMI venist prendre la cité,
laquelle il avoient acquesté. Et quant lo duc Robert sot
que Messine estoit prise, il en rendi grâce a Dieu tout-
(i) Aime parait oublier qu*un peu plus haut, au c. 14, il a donné
le comte Roger comme chef de Texpédition contre Meisine ; c*eit
donc à lui que revenait Thonneur de la victoire; peut-être^, oomnae
le dit A mari (t. III, p. 60, note 4), Gcoffroi Ridelle commandait-il
les 170 chevaliers qui vinrent rejoindre le corps du comte Roger
avant la prise de Messine. Malatcrra ne parle nulle part de Gcoffroi
Midelle; nous avons déjà indiqué le motif de ce silence. Cest au mois
d^ mai lor»! que Messine est tombée au pouvoir des Normands, car
nous savons p.ir Malatcrra que Robert Guiscard et le comte Roger
avaient passé les mois de mars et d*avril à préparer en Calabre cette
set. onde expédition.
211
puissant, de loquel procède toute viapire et triumphe; et
avieingne que son cuer estoit molt joiouz et alegre,
toutes voiez il avoit en mémoire lo bénéfice celestial, et
toute la vertu et lo triumphe qu'il avoit, contoit que ve-
noit de Dieu et non de sa vertu. Et commanda a touz les
Normans que il dévissent aler et testifier que ceste bataille
procède de Dieu, liquel de petit de chevalier que il avoit
mandé avoit Dieu donné vertut de faire virtuose voie, et
avoit conceduf^la cité dont porrons panurber tout li
pagan.
Cap. 19. Adont comanda que diverse manière de navie
et de mariniers venissent devant la soe présence, et parti-
culerement dévissent aler les nez. Et maintenant li Nor-
mant joiant et lies entrèrent as nefs. Et pour la grant
volenté qu'il avoient de aler, li servicial non portoient
honora lor seignor pour lo laissier aler devant, ne li sei-
gnor non atendoit son servicial. Et entrèrent li chevalier
et li pedon en la mer qui estoit paisible et belle, et main-
tenant la passèrent et alerent a lo port de Messine, et se
acompaingnerent avec li chevalier devant liquel avoient
prise la cité. Et après ce, ala lo gloriosissime duc Robert,
et esguarda les forteresces de la cité et de li hedifice, de li
mur et des maisons, et li siège et disposition de la rippe.
Et que la cité estoit vacante des homes liquel i habitoient
avant, il la forni de ses chevaliers, et pour lui la fortifica
de grant forteresce.
Cap. 20. Et puiz nombra li chevalier et li pedon, et
trova que tant estoient li chevalier quant li pedon, c'est
mille; mes que se fioit plus en Dieu que en la multitude,
avec celle petit de gent qu'il avoit commensa a chevaucier
plenement et atendant continuelment li home de pie. Et
vint a une cité qui se clame Rimete. Et li sien avènement
212
non faisoit tant solement paour a li voisin, mes autres!
faisoit paour a cil qui estoient de loing ; dont lo caite de
celle cité pour paour lui ala a genoilz devant et lui de-
manda paiz, et lui donna présent pour tribut, et se obliga
de estre a son comandement tout entièrement (i).
Cap. 2 1 . Et puiz s'en ala lo duc a False (2), a lo pié de
lo grant mont et menachant molt de Gilbert (3), et co-
manda de fichier ilec lo paveillon, et demora iluec par
alcuns jors ; et li pueple chrestien qui estoient là entor
vindrent a lui o dons et o victaille, asquels il concedî et
donna seurté. Et puiz donna bataille a une cité qui se
clamoit Conturbe, laquelle estoit après. Et pour ce que
celle cité avoit haus murs et profundissimes fossez, non
la pot veincre (4).
(i) D'après Malaterra, II, i3, Roger 8e trouvait avec son frire
Robert Guiscard devant Ramctta, et ce fut aux deux Mres que la
forteresse fit sa soumission ; Amari est porté à croire qu*il ne s'agit-
snit pas d'une soumission proprement dite, mail d'un accord tempo-
raire de Tamân ; il écrit, en parlant du kaîJ de Rametta : forse ei
non fece che disJire Tautorita d'Ibn-Hawwasci e sottometterti a Ibn-
Thimna col quale par averse tenuto pratiche (t. III, p. 71).
(à) « Ad Fraxinos » dans Malaterra, lli, 14, maintenant Fnz-
zano ; Amari cite une charte Je 1 188 où Frazzano reçoit le nom de
Kraynit. La position de Frazzano, assez loin et à Test de Messine et
à une faible distance du rivage nord de la Sicile, montre que, par
prudence sans doute, les Normands ne voulurent pas s'enfoncer dàs
le début en plein cœur de la Sicile.
(3) De Frazzano les Normands, tournant vers le sud, gagnèrent les
Fondaci di Maniaces, non loin et à l'ouest de Mongibello où l'Etna,
que le traducteur d'Aimé appelle « Mont de Gilbert ; » Malaterra, Ul,
14, dit comme Aimé que les populations chrétiennes de ces pays,
c'est-à-dirc du Val-Demone vinrent au-devant des Normands et leur
offrirent des présents.
(4) La position de Conturbe, maintenant Centorbi, montre que les
213
Cap. 22. Et pour la famé de cestui gloriosissime seîgnor,
cil qui habitoient as cités fuioient devant la face sœ, et
fondoient cornent la cyre devant lo feu, et en tant que
dui grant cités, c^est Paterne et Emmellesio (i), furent
trovées vacantes sanz nul home. Et Vultimine, de loquel
aveme dit que estoit cbacié de Sycille de Belchoal, estoit
governeor de tout lo exercit et lo duc.
Cap. 23. Et puiz vindrent a une haute cité laquelle se
clamoit Chastel-Johan (2), et là atendirent bataille et varie
avènement par quatre jors, quar tuit ceaux qui estoient
fouis de li autre cités et chastel, estoient reclus en celle
cité. Et, en la fin, Balchaot (3), liquel estoit plus fort et
plus sage de bataille, o autre officiai liquel se clamoient
cayci, issirent defors, liquel estoient accompaingniez de
.XV. mille chevaliers et cent mille pedons. Une Ystoire
non met que li pagani fussent senon .xv. mille, mes force
que non fait mention de li p)edon ; et li chrétien furent
solement .vij. cent. Et puiz quant lo magnifico duc vit
ceste gent, liquel n^avoit que mille chevaliers et mille pe-
dons, et non plus, sans paour vouloit aler contre eaux, et
Normands avaient suivi la vallée du Simeto en laissant Traîna à leur
droite et le Mongibello à leur gauche.
(i) Paterno,à 20 kilomètres au nord-ouest de Catane; c*est actuel-
lement une ville de 17,000 habitants. — On ne retrouve pas la trace
de Emmellesio. — Cf. Amari, t. III, p. 72 ; — Malatbrra, II, 16,
dit également que les Normands vinrent camper dans la plaine de
Paterno, et il donne quelques autres détails qui ne sont pas dans
Aimé.
(2) Castrogiovanni, ville qui compte actuellement 19,000 habi-
tants; elle est située au centre de la Sicile et suc des hauteurs à peu
près inexpugnables, aussi peut-on y jouir d'une vue incomparable
sur les deux versants du nord et du sud de Tîle ; Castrogiovanni est
Tantique Enna des anciens, le Castrum Ennœ.
(3) Ibn-al-Hawwas.
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hzzztz r.o5 rezrijis 7«r r:«-:iS5>:c =* p^r peniiancc, ciirece-
T?:is le rrrs n 1: smc zt Ois: c^ r^rpareiHoQs les armes
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2cn=*r T-.rrMrs zs 1* r:ulr:::ie is I: non &del. » El ensi
::: i^::. £: se fr:=: j? iifi-f ie la croia ci haocereni lo
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pc^r uerc:: fs 1: Nrrr:!::: csresùea. kar les salva. ci U
r>crî £-ci c:>-:^z>i: e: ier:r-:<. E: tarent li pagine a hiîr,
c: ir=-a rjer s 1: rrrsstfe:: de pcrsecuar li païen. El fa
une c:*se zifrTtîll: use e: qui ê=:ai2noc fa oie, quarnui
ie 11 chevalier r.e ie 1: 7ei?2 non lu occis ne ferau Mes
m
ie 1: paie:: ".an: e- zzrtr,: yczis que nuî borne non puet
S2v?:r !? n?-rbrc. T?:f5 friz. l'suîrc ys^rc met que de li
ch-es: en ît. furer.: alj jr. =::r-. rr.és petit, et deli Sarrazin
: jren: r:: on .x. z::l-e. e: .v. mille se récupèrent en la
:erre de Chasiel-Jehan. i'>cuel est maintenant dit lo cbas-
Tel Sa:n:-Jehar. Mes c'est a entendre de li chevalier sole-
rr.zni. Er je^tc ys-oire psr'c ie li chc\-ar.crct de li pedon.
El met celle ys; ire qjc r.on rjreni soûl li Sycillien. mes
lurent aa:r&si de Arabt et de Aifrica. Et non failloient
■ i; Si habuentis nd*m, sicut granum siDapis et dketis moati
hu:: : trans: hinc :llu: et tr^nsibit et nihil impossibile erit robis.
^. Matth., XVil, ir,.
215
li païen de fouir, ne li chrestien de enchaucier les jusque
qu'il vindrent a lo mur de la terre. Et a li fossé sont pris
li chevalier. Li mort sont despoillez. Li prison sont mis a
estre esclave de aspre service. De quatre part de la cité
furent fait li chastelz fermez de forteresces. Et gastoient
li arbre et li labour (i). Et puiz dui mois, li victoriouz
*
( I ) On voit que, dans ce récit de la bataille de Castrogiovanni, le
traducteur d'Aimé met en regard des chiffres donnés par Aimé, ceux
qui sont fournis par Malaterraet qui étaient reproduits danslerékumé
de Malaterra, traduit en français, par ce même traducteur d'Aimé,
sous le titre de : Chronique de Robert Viscart et de ses frères.
Quoique Léo de' Marsi, III, 45, ait dit après Aimé qu'à Castrogio-
vanni, Ibn-al-Hawwas avait, outre sa cavalerie, 100,000 fantassins,
cette donnée, on le comprend, est tout à fait inadmissible. Ces deux
chroniqueurs s'accordent également pour dire que Robert Guiscard
avait 1,000 fantassins et 1,000 cavaliers à opposer à une armée si
nombreuse. C'est le chiffre qu'Aimé avait déjà donné lorsqu'à Messine
Robert avait ^t le dénombrement de ses troupes, avant de s'engager
dans l'intérieur de la Sicile ; mais Robert avait certainement laissé
derrière lui quelques garnisons pour assurer sa retraite en cas de
défaite ; toute son armée n'a pu le suivre jusqu'à Caitrogiovanni.
Malaterra, II, 17, est certainement plus près de la vérité lorsqu'il
écrit que les Normands étaient 700 — « erant enim tantum modo sep-
tingenti » —et les Sarrazins i5,ooo. — « similiter Bechamet cum quin-
decim millia armatorum haberet. »> — A ces 700 Normands, il faut
ajouter le corps des auxiliaires Sarrasins commandés par Ibn-at-
Hmnah; mais les chroniqueurs arabes regardent cet Sarrazins
comme des traîtres et les chroniqueurs chrétiens ne vojraot en eux
que des infidèles, les premiers et les seconds daignent à peine en dire
un mot. Malaterra, III, i 7, dit comme Aimé que les Africains se
trouvaient dans l'armée d'Ibn-al-Hawwas et qu'ils coml>attirent contre
les Normands à Castrogiovanni ; Amari, t. III, p. yS, note i, doute
cependant de la véracité de cette tradition. Il est intéressant de cons-
tater que Ibn-Khaldoun, qui se contente d'ordinaire pour l'histoire
de la Sicile de reproduire les données de Ibn-al-Atir, ajoute cepen-
dant que Roger n'avait que 700 hommes à la bataille de Castrogio-
vanni; peut-être, dit Amari, Ibn-Kaldoun tenait-il ce détail de Ibn-
2l6
duc s'en toma a Messine. laquelle viaoire turba Tanne de
ceuz de la terre entor. Et adont se humilia la dure volenté
lor a estre subjette a H victoriosîssime duc. Et qu^est be-
soingne de plus dire : o les bras ploiez et la teste endinèe
de toutes pars venent H cayte, et aportent domps et ferment
pais avec lo duc et se soumetent a lui et lor cités (x).
Cap. 24. Et lo amirail de Païenne quant il vit que les
cités de iluec entor faisoient paiz et se subjungoient. a ce
que il qui estoit lo meillor non remanist derrière, manda
message a lo duc Roben o divers présent, c^est paille co-
penez a ovre d^Espaingne, dras de lin, vaisseaux de or et
d'argent, et muUe adornez de frein royal, et selles appa-
reilliez de or. et secont la costumance de H Sarrazin, el sac
en liquel estoient .Ixxx. mille tarin. Et lo duc pensa une
grant soutillesce, et manda regraciant a lo amiral,
pour lo présent qu'ail avoit receu, un qui se damoit
dyacone Pierre, liquel entendoit et parloit molt bien co-
Sceddad, doDt lei ouvrages sont perdus; ce dernier avait pu coniuStre
à Palerme, au xii« siècle, la tradition normande sur la bataille tte
Castrogiovanni. Cf. Ibtc-Khaldoun : Histoire de la Sicile, traduciîoo
française de Noël des Vergers, p. i83. -»On a déjà bien de la peine
à croire, malgré l'afhrmation de Malaterra, que 700 Normands aient
tué en une seule rencontre 10,000 Sarrazins, mais on voit qu*Ainié
va encore plus loin que Malaterra. Léo de* Marsi a reproduit, 111, 45»
ces exagérations légendaires d*Aimé. Les chroniqueun samiins
n*ont parlé que sommairement et en passant de la victoire des Nor-
mands à Castrogiovanni ; cf. Ibn-al-Atir dans la Bibliotheca Ar^th
Sicula d'AMARi, traduction italienne, t. I, p. 448. Novairi, dans M
Gregorio : Rerum Arabicarum, p. 25. — Ibn-Khaldoum, dans la
traduction de Noël des Vergers, p. i83.
( I ) Il ne faudrait pas trop prendre à la lettre ces soumissions des
kaids musulmans à Robert Guiscard, rapportées par Aimé, car U
suite a montré qu'ils ne s'inclinèrent pas si facilement loua la loi du
vainqueur.
>i7
ment li Sarrazin. Et lui comanda qu^il non parlast a la
manière de li Sarrazin, mes escoutast et entendist si que
il lui seust dire Testât de li Sarrazin et de la cité. Et li
amiral fu molt liez de ce que li duc lui avoit mandé mes^
sage, et se creoit avoir son amistié. Et dont cellui Pierre,
loquel avoit lo duc mandé en message, fu bien receu et
honorablement; et lui donna li amiral moltdomps. Et
Pierre fait assavoir a lo duc coment la cité est asoutillié,
et ceuz de la cité sont comme lo cors sans l'arme (i).
Cap. 25. Et puiz que la multitude li chrestien, liquel
habitoient en un lieu qui se clamoit lo val de Manne (2),
vindrent por estre aidié de lo duc, et que desirroient de
non estre subjette a li païen, lui firent tribut de or et
habondance de cose de vivre, et ordena foire et marchié
dont fussent toutes chozes de vendre; et pour ceste ordi-
nation li chevalier prennent cuer et non se curèrent molt
(i) Il n'est pas facile de dire quel est le personnage désigné par
Aimé sous le nom d' « Amirail de Palerme ; » au chap. 8 du livre V,
il donne à Tamiral de Palerme le nom de Belcho et, comme nous
l'avons vu, ce nom désigne Ibn-al-Hawwas ; mais au chap. 1 3 de ce
même livre, il l'appelle Sausane, probablement une confusion avec
As-Simsan; peut-être Aimé a-t-il ici de nouveau en vue Belcho,
c'est-à-dire Ibn-al-Hawwas. Voyez Amari, t. IIl, p. 76, note 2. —
A mari, l. c, croit qu'il s'agit du tarin d'or et non du dirhem arabe,
aussi évalue-t-il à 3oo,ooo livres d'Italie le cadeau fait à Robert
Guiscard par l'amiral de Palerme. — Le Pierre Diacre dont parle
Aimé n'a évidemment rien de commun avec Pierre Diacre, rédaaeur
d'une partie de la chronique du Mont-Cassin, car alors ce dernier
n'était pas encore né..
(2) Le texte de Champollion porte à tort « Loyal de Manne » tandis
qu'on lit dans le manuscrit « lo val de Manne ; » il s'agit donc du
Val-Demone, sur le versant nord de la Sicile; la ville actuelle de
Gangi est au centre de la partie la plus fertile de l'ancien Val-
Dcmone.
N.
2Î8
de rctorncr a la cite lor; et que lo entent ion de lo duc
estoit en saint Marc evangeliste en loquel avoit dévotion
pour ce que, quant ala en Calabre, hedifica la rocche de
Saint-Marc pour laquelle acquesta tote Calabre (i) en
ccllui val de Mane, pour defTension de li chrestien, et a
acquester toute la Sycille, fist un chastel qui se clamoit
Saint-Marc. Et la garde de lo castel commist a Guillerme
de Maie et a ses chevaliers. Et puiz loduc chrestiennissime,
quant il ot victoire pour la mort de Sarrazin, si se fioi en
Dieu Crist, torna o li sien che\'alier a Messine. Et por
moustrer a la chicre moillier soe la prospérité de la victoire
que avoit eue a Messync, lui manda que venist a lui par
lo sage home Coffre Rindielle; et quant il ot appareillié
la cité de chevaliers, torna en Calabre a la moillier (2).
(i) Cf. supna, 1. lily chap. 7 ; comme il a déjà été dit, Aimé ou son
traducteur sV>tait donc trompe en donnant le nom de Saint-Martin
à ce château construit par Robert Guiscard en Calabre, au début
de sa carrière. Quant au château de San-Marco, édifié en Sicile dis
1061, il s'agit sans doute de San-Marco d'Alunzio, au sud et i peu
de distance du cap d*Orlando; on voit près de S. Marco les ruina
d*unc grande construction du moyen âge. Cent ans plui tard, Edusi
parlait de la prospérité de S. Marco; Bibliotheca Arabo^Sicmla
d'AMARi, t. I, p. 66.
(z) Apres avoir rapporte la première expédition dea Normands en
Sicile en 1061, Aimé, dans le chapitre suivant* passe brusquement
et sans autre transition au récit d'événements survenus en 1068,
c*ost-â-dirc sept ans plus tard, sans qu'il ait parlé ailleurs des évé-
nements importants qui ont eu lieu en Sicile et dans lltalie du
sud entre 1061 et 1068. Aussi plusieurs critiques se sont demandé
s'il n'y avait pas une lacune du manuscrit entre leaSe et le %6fi cha-
pitre du V'e livre d'Aimé. Pour les motifs suivants, il me semble
que cette lacune du manuscrit n*existe pas : i^ Le sommaire des
chapitres placé en tête du livre V est, sur ce point, tout à fiût en
harmonie avec le texte; aussitôt après le retour de Robert Guiscard
sur le continent, à la suite de la première expédition des Normands
219
Cap. 26. Et quant lo duc sapientissime vit la disposi-
tion et lo siège de Palerme, et que des terres voisines estoit
aportée la marchandise ; et se alcuns ncgassent la grâce
par terre lui serdit portée par mer, appareilla soi a prendre
altre cité, a ce que assemblast autre multitude de navie
pour restreindre Palerme que ne par terre ne par. mer
puisse avoir ajutoire. Et ensi fist, quar premerement asseia
Otrente et attornia la de diverses travacles et de chevaliers.
Et tant l'asseia quant par arihes et par povreté jusques a
tant que cil de la cité la rendirent, quar non pooient autre
faire (2). Non mest ceste histoire cornent ot brigue avec lo
en Sicile, en 1061, le sommaire porte : « Cornent lo duc venchi la
cité de Otrante. » Cf. supra, p. 141 ; — 2<» le texte d'AiMé que Léo
de' Marsi, III, 1 5, a eu à sa disposition n'avait rien de plus que le
nôtre, puisque Léo le résume de la manière suivante, après avoir
répété les données d'Aimé sur la première expédition des Normands
en Sicile, en 1061 : « Ydrontum deinde tandiu obsidens afHivit,
quousque illi se tradidit. Inde Barim, etc. ; Soles réflexions que le
traducteur d'Aimé fait à la fin du chapitre 26, prouvent que son
manuscrit d'Aimé était semblable à notre version et n'avait rien de
plus, le traducteur constate lui-même les lacunes et les comble en
partie à l'aide de données qui viennent de Malaterra. — Le côté
défectueux de la rédaction du texte d'Aimé en cet endroit est de
présenter ces événements comme si, aussitôt après sa première expé-
dition en Sicile, R. Guiscard s'était décidé à prendre les villes mari-
times de l'Italie du sud, pour préparer par là même l'organisation
d'une flotte puissante et attaquer ensuite Palerme pur terre et par
mer. Ce n'est que plus tard, après 1064, c'est-à-dire après avoir vai-
nement, et d'accord avec Roger, essayé de prendre Palerme en l'atta-
quant du côté de la terre, qu'il a dû avoir de tels projets et de telles
combinaisons pour réduire Palerme,
(2) Il s'agit de la prise d'Otrante par Robert Guiscard, mentionnée
par la CArowicow brève Nortmannicum : « 1068, menseoctobri captum
est iterum Hydruntum et fuguti sunt Graeci ab ea. » Entre Aimé et la
Chronicon brève, il y a une différence chronologique ; Aimé dit que
R. Guiscard s'empara d'Otrante avant de commencer le siège de Pa-
220
conte Rogier son frere, et cornent lo ak prendre, et que
non lo pot prendre en la cité, lo persequta en Sicille,dont
il fu prist de li Sarrazin^ et lo frère puiz lo rachats. Et
ensi lo duc et lo conte orent grandissime paiz ensembk
cornent rayson estoit (i).
Cap. 27. Et de là se parti, et coroné de victoire la soe
chevalerie, et s^en vint à Bar (2), laquel est la principale
terre de toute Puille. Quar puiz que ot veinchut toutes les
cités de Puille, torna l'arme soe, laquelle non pooit estre
vaincue, a Bar, et avant que lui donnast bataille, demanda
a cil de la cité qu^il lui fussent subjette. Et conteresterent
cil de la cité, et dient que pour nulle moUeste qui lo fiisi
lermc, et comme le siège a débuté dans les premiers jotin d'août
1 068, c'est donc au plus tard au mois de juillet de cette année qu*i!
place la conquête d'Otrante ; diaprés la Chronicom brève, c*est plus
tard, en octobre 1 068, c*c8t-à-dire pendant le siège de Bari, qu'Otrante
aurait succombé. Comme le dît F. Hirsch, Z. c, p. 3o3, la Cknh
nicon brève est assez mal informée sur ces divers événements; ainsîi
elle place en 1069, au lieu de 1071, la prise de Bari par les Normands;
il se peut donc très bien qu>lle se trompe paiement pour la date de
la prise d*Otrantc. Il ne serait pas non plus impossible que tout en
continuant à assiéger Bari, Robert Guiscard ait oiguiiaé, en octobre
1 068, une expédition contre Otrante, comme il le fit plus tard contre
Brindisi, mais le texte d*Âimé ne se prête guère à cette hypothèse,
car il laisse voir qu*Otrante a supporté un siège en règle et n'a pas
été emportée par un coup de main. Sur les rapports d'Otrante avec
les Normands durant cette période, voyez une longue note, p. 411
sqq. des Normands en Italie^ par O. Delakc.
(i) Le traducteur d*Aimé fait allusion à divers événements racon-
tés pur Malaterra, 1. II, c. 23-28 et reproduits, d'après Malatcrrs,
par l'Anonyme du Vatican et par la traduction française de l'Ano-
nyme, mais le traducteur d*Aimé se trompe en disant que Robcn
Guiscard fut fait prisonnier par les Sarrasins ; il le fut par les Grecs
de Gérace dans l'Italie du sud.
(2) Plusieurs fois déjà, Aimé a parlé de cette ville de Bsri, l'bn-
tique Barium d*Horace, sur l'Adriatique; actuellement Bari compte
221
faite ne se voloient partir de la fidélité de lo impereor ( i ).
Et quant li fortissime duc entèndi ceste response^ fist
chastelz et divers tribuque (2) ; et quant li chevalier de lo
duc donnoient bataille, issoient defors cil de Bar, mes
plus issoient a lor mort que a la bataille. Mes quant la
sapience del duc vit que par terre non ne pooit prendre,
quar Bar est les troiz pars en mer, il fist venir molt de
nefs, et enclost cil de la cité en tel manière, queremestrent
molt pourede grain (3). Et se parti la cité en dui part,
quar Bizantie une grant part voloit deffendre la terre pour
60,000 habitants. Guillaume de Poutlle vante sa puissance et sa
richesse, lorsque Robert Guiscard vint Tassiéger :
« Hostibus edomitis et captis indique castris,
Contra Barensem populum parât obsidionem.
Appula nulla erat urbs quam non opulentia Bari
Vinceret ; hanc opibus ditatam, robore plenam
Obsidet, ut, victis tant» primatibus urbis,
Nondum subjectas repleat terrore minores. »
GuiLiELM. Apul.i 11, v. 478-483.
(i) D'après Guillaume de Fouille, II, 485-487, 490-495, Robert
Guiscard aurait demandé aux habitants de Bari, non pas ouverte-
ment la reddition de ville, leur mais, ce qui revenait un peu au même,
qu'on lui livrât en toute propriété les m^MSons de Bari provenant de
la succession d'Argyros. Malaterra, II, 40, parle des plaisanteries
que se permirent les habitants de Bari, vis-à-vis de Robert Guiscard,
lorsqu'ils refusèrent de se soumettre à lui.
(2) La date du début du siège de Bari est indiquée par I'Ignotus
Barensis, ad an, 1068 : « et die quinto astante augusti venit dux
Robberto et obsedit Bari per terra et mare. » Muratori : R. I. S.,
t. V, p. i32. — Lupus, commençant l'année 1069 dès le mois de
septembre de Tannée précédente écrit : « 1069, in mense septembris
prsefatus dux Robertus obsedit civitatem. »
(3) Voyez dans Malaterra, II, 40, la description de la flotte qui
bloquait la ville du côté de la mer et que deux ponts rattachaient au
rivage.
222
Tcmpereor, et Argence lasubjection de le noble et puis-
sant duc Robert. Mes non ademora Bisantie, et sVn ala
en Costenti noble, et Ip significa lo fait a lo impeor, et
demanda ajutoire. Et Argencie denuncia a Robert que
Bisancie estoit aie a lo empereor, et lui manda lo duc Ro-
bert derrière quatre galées légères pour prendre lo ; mes li
dui furent noiez ctli autre dui tornerent a loducodamage.
El lo impeor rechut de lo cmpereor et empêtra ce qu^il
qucroit. Et manda li impeor un qui se damoit Stephaoe
Patrie, home religiouz et adorné de toutes bones costumes,
et manda auvec lui Avartutele Achate-Pain^ et liquel
donna molt monoie. Et por bénédiction manda a touz
ceuz de la cité une suolle. Et lo duc sot que Besantie re-
tonioit, mes non sot que retornoito plus de nefs^ et manda
troiz galces pour lo prendre, de liquel galée furent prise
dui de Bisantie. et la tierce torna a lo duc. Et puiz vint
Stéphane et lo Achate-Pain, H citadin furent liez pour li
sullo qu'il rechurent, quar réconfortèrent la lo famé (i).
(i) Aimé est seul à raconter cette démarche de Bizanzto (Bîianiie,
Bisancie) i\ Constantinople ; Guilljumc de Fouille, II, v. 487 u^q,,
se contente dVcrire sans préciser davantage :
« Impcrii sancti cives suffragia poscunt,
Qui conjurati fuerant eu m civibus, illuc
Lcgatos mittunt ; simulque impériale juvamen
Omncs doposcunt. »
L*Ignotus Barensis place en io6g Tarrivée à Bari de Stephano
Patriano (Stéphane Patrie) et foit coïncider son arrivée avec U bataille
navMlc vie Mon.)poli$ : u loôq, indict. Vil, venit Stepha. Patriano cum
stolo. El pcricrunt naves \II in pârtineniia ci vitatis Monopoli, one*
r.iie victo, omniciue buno. Kl multi homines necati sunt et alii com*
prjthensLTunt Kr.inci et truncaverunt. Quant au catapan Avaoutèle
(Avartutele Achate-Pain), il n*est fait mention de lui que danf
Aimé.
223
Mes légèrement se consument petit de argent là ou se
vendent les coses par chierté, car achatoient lo tomble de
frument quatre bysant. L'autre ystoire si raconte que un
de Bar se parti et ala o un dart de nuit, et vint a lo pa-
veillon ou estoit4o duc, et geta lo dart pour occire lo duc»
et touz ies dras lui pertusa, mes la char non tocha. Adont
lo duc se fist faire une maison de pierres pour estre la
nuit a segur. Et lo jovene qui mena lo dart fu tant legier
qu'il non pot estre pris ( i j . Et la maie volenté de Bisantie
et de Argentie se vint descoverant, et se distrent paroles
Tun a Fautre injurioses, et prometoient Tun a l'autre
mort, et li arme se appareillent. Et Bysantie, qui avoit
la grâce de lo impereor et l'amistié de lo Achate-Pain, se
creoit en toutes chozes veinchre laprotervité de Argentie;
et Argerico, qui avoit lo adjutoire de lo duc Robert, et li
parent et amis avoit plus que Bisantie, manda cert homes
pour occire Bisancie quant il aloit a la maison de lo
Achate-Pain ; et ensi fu fait, et fu remez lo impediment
de lo duc (2). Et entre ceste coses li home comencerent a
I
(i) Malaterra, II, 39, a raconté comment Stephano Patriano
essaya de faire assassiner Robert Guiscard, et son récit a passé dans
l'Anonyme du Vatican, Muratori, R. I. S., t. VIII, col. 763 et dans
la version française de cette chronique par le traducteur d*Aimé,
I, 22, p. 293, dans Champollion-Figeac. Guillaume de Fouille ter-
mine son deuxième chant en racontant cet événement, v. 543 sqq.
« Prœtor erat Stephanus Barensibus imperiali
Traditus edicto, cognomen cui Pateranus
Vir probus et largus, studio laadabilis omni,
Prêter quod tanti studuit edere mortem », etc
(2) Lupus protospat, ad an. 107 1 : « Hoc etiam anno, dolo cujusdam
Argirichi filii Joannaci (l'Argentie, Argerico, Argitio, Argencie
d'Aimé) occisus est Bisantius, cognomento Guiderliku in Baro. » —
Ignotus Barensis ad an. 1070 : « Indict. VIII, oc(abo decimo die
mensis Julius, die dominica, interfectus çst Bisantius patritius ab
eiiirelaisier la court de Achaie-Pain et fréquenter lo palaiz
de Argerico. Et Tavoient esleu pour seignor, et se endi-
nerent la voleaiè de vouloir prometre fidélité a cil qu^il
commanderoit. Et Argiiio conforta lî coropaignon, et
jiJoii a li menor, donoii chose de vivre et a H poure, et
lesesmovoit a la tidelîté de 11 ducetleurprometoitdomps.
E: esioit alée b nef de lo duc pour chargier vitaille de
vivre, et taisoii dire lo duc que estoit de Argerico, et auvec
iui pjinoii. et semblablement lui mandoit deniers. Et lo
pueple dona une voiz lacrimabile pour famé, et distrent
a lo Achate-Pain ou il deffendist la cité ou il feist licite
cose de paiz avec lo duc. Et lo Accate-Pain demanda tenne
jusque a tant qu'il eust escrit a lo empeor la nécessité de
lo pucple, et manda messages especialz a lo impeor, qui
lui distrent la puissance de lo duc et la neccessité de li
home de la terre. Et quant lo impeor sot ceste novelle, il
mut son osi au plus lost qu'il pot, et manda .ix.c. dromon
de i;rdin, dromon sont cornent conestable, cornent iFiissent
•ix. banicres. Ceste fu occasion de molt estre mort de cil
de Bar ; car venoient o cil de lo impereor a combatre
contre li Normant, et se mistrent entre eaux, quar il se
tioient en la fortesce de ccuz ; mes non en retoma la moitié
a lor maisons, et lo duc plus se confortoit, et par lo con-
seil de Argiritie obser\'a la cité ( i i. Et cil de la cité alerent
une autre foiz a lo Acate-Pain ; et une grant partie de cil
iniquis homines et proinde zalate sunt case Meli-Pesâ et obmte. » Il
est plus probable que Tassassinat de Bizanào eut lieu en 1070,
comme Taffirme Tlgnotus Barensis, et non en 1071, comme le dit
Lupus.
(i) Les autres chroniqueurs ne p.irlent pas de cette seconde expé-
dition d^^s Byzantins pour venir au secourt de Bari ; peut^tre s*agît-il
de celle qui se termina par le dcsastre naval de MonopoUs que
Plgnotus Barensis place en 1069, avant l'assassinat de BUauio,
225
de la cité mandèrent, disant a lo impereor cornent molt
en estoient de povreté de la famé, et tant par letre quant
par message sinifierent a lo impereor. Molt en fu dolent
lo impeor, non sot que faire, et non trova qui vousist
venir au Bar pour la paor que li Grez avoient prise de H
fortissime Normant. Et finalement Gozolin, liquel .estoit
fouy devant la face de lo duc, s^en vint devant lo impe-
reour, et dist qu'il estoit prest et appareillié dealer contre
le duc Robert a Bar, et dist que fidèlement pensoit de faire
lo fait de lo impeor, et de vengier soi de son injure. Et
demanda talente d*or et copie de pailles et de joiauz a ce
qu^il puisse départir li Normant de la force de Robert. Li
trésor de lo impereor se apetisa, quar se donoit a lo che-
valier et donna li chevaliers a solde, et a cest volage lui
donna .xx. nefs. Et a grànt joie entrent en mer, et sonent
tympanes et organes, et grant quantité de trompes, et
aloient saltant et vindrent envers Bar; et puiz quant il
furent après il estoit nuit, il font feu et haucent li facole
alumées a ce que cil de la cité se donassent alegresçe de
lor venue, et li anemis eussent paour. Mes lo duc se leva
sans nulle paour, et tantost manda la soe navie. Et que
coment plus dire? Gozelin fu pris et .îx. nefs, et la
richesce qu'il portoient fu de lo duc, et li autre foyrent et
se récupèrent a la cité. Adonc toute la cité o grant dolor
et o grant plor dient la maie fortune lor. Gozolin fu mis
en prison, et de li autre Grex alcun furent occis, et aucun
furent mis en prison (i). Et Argitie, voiant que toutes les
(i) Au 1. V, 4, Aimé avait déjà parlé de ce Gozolin ou Gozelin
qu'il appelle alors « Gazoline de la Blace à loquel lo duc avoit donné
Bar-entrebut » et il raconte comment, ayant été vaincu dans sa
révolte contre Robert Guiscard, il avait dû s'enfuir à Constanti-
nople. Ces renseignements d*Aimé sont confirmés par TIgnotus
i5
226
chozcs aloîeni prospère a Robert secoat la volenté de
Dieu, non vousi plus prolongier de donner lut la cité, et
manda une tîUe qu'il avoit en ostage a lo duc, et lui avec
IUrvnsis. jj .in. ior;4. et par Guilu%uiie de Fouille, 1. II, v. 451 sqq.
Qu.iri à cf tif cxpcJition du tr.msfiige Normant pour obliger Robert
iiu:s.arJ à le\er \c sicgc do Ràfi, elle a été aussi rapportée par
Oi 11 i \i MK i>E Poi iLLL. m, V. 1 1 i-i 19 ct pjr Malatbrra, II, 43 ;
le récit de .M.iUicrrj ;: Ltc rcproduil et quelque peu amplifié par
rAN(>N\Mi: pv V\Tiv\\N. MiRATORi, R. I. S., t. VUl, col. 764. Voyez
aussi d.ins Cham]x^!l:on-Kii:eac. p. au 3, la traduction française du
p.i&s.igj de r.\non}-nie. La seule différence notable entre U version
^ie M.ilatcrra et celle d'Aimé et deGuilLiume de Pouille est queMala-
terra rapports, selon son habitude, à Roger la gloire de la défaite et
de 1.1 pris*: d.* G«>>c<:l:n, t mdis que les deux autres historiens ne parlent
p.is de Rv'ccr. MaUiurra appelle Gocelin « Gocelinum de Orencho
qiicmdam. nationj' Nortmannur.i » et une variante porte : « Goae*
linum de Corintho qiicniJ..im natione Nortmannum. ^ L'Anonjrme
du V.«iic;m est p.irti de cette appellation de Malaterra pour flaire de
Gocclin un duc de G.>rinthc. de même il lui fait écrire aux habitants
de lUri une lettre inupna:re. Malaterra, II, 48, dit de Gocelin
qu'avant rexpc^ittion de IViri, il était « in palatio post imperatorem
socundr.s. « m.iis é> idem nient ce nVst W qu'une réminiscence biblique
du chroniqueur norm.md v)ui tait de Gocelin un nouveau Joseph à
la cour d'un nouveau Phnr.'.on. Rien dans les auteurs bizantins ne
contîmie cette donnée; ils ne parlent pis de Gocclin, ce qu'ils n'au-
raient pas manque de taire s'il avait été un aussi important person-
n.it:o. Nous avons vu que d'après rii;notus Barensis, Gocelin alla à
Dura/zo auprès de Perenos dès «1004 ; il se peut qu'il soit revenu en
Itnlie et qu'il ait combattu contre Robert Guiscard avec les autftt
Normands jusqu'à la det.iite dchnitive des conjurés, vers 1067. Gocelin
a donc été en Orient au minimum de 1067 ù 1071 ou au maximum
de io'/>4 à lot* 7, c'est-à-dire ou quatre ou sept ans. Or comment
aurait-il pu être le second a une époque où il y a eu quatre empe-
reurs simultanément. Romain Diogènc et les trois fils de Constantin
Du cas, les empereurs Constantin. Michel, Andronic, sans compter
l'impératrice Eudoxie et le César Jean . Peut-être en définitive, Gocelin
n'a-t-il guère quitté Durauo durant son séjour en Orient, car c'est
227
li sien s^en sailli en une haute tpr, laquel gardoit pour
lo duc. Et de toutes pars vienent li turme meintenant de
homes et maintenant de famés comment s'il feissent la
procession. Et venent prestres, et vienent moines et toute
manière de gent; et ploroient et prioient Argitie qu^il
délivre la Seignorie, la cité de la seignorie de li Normant.
Mes Arigitie clodi l'oreille et non les vouloitoïr ne veoir,
quar pour nulle proiere entende de laissier qu^il non face
ce qu'il s'estoit mis en cuer (i). 11 estoit passé, petit s'en
failloit, quatre ans que continuelment avoient esté en
ceste pestilence, et maintenant par l'opération de cestui
Arigitie furent délivré. Lo samedi devant lo dyemenche
de Palme, lo gloriouz duc entra en la cité de Bar, et lui
là où nous le voyons aller et c*est de là que nous le voyons partir
contre les Normands assiégeant Bari ; il y aura attendu le moment
de se venger des Tancrède. Guillaume de Fouille commet au sujet
de Gocelin une singulière méprise; il écrit, 1. III, v. 139-141,
qu'après avoir été fait prisonnier devant Bari par les Normands, en
février 1071, il passa en prison le reste de ses jours :
« Indusus longo Joscelinus carcere deg|ens
Viiam infeliceni, vitae cum fine labonim
Excepit finem, diversa pericula passus. »
Or, dans un autre passage de son poème, 1. III, v. yS-go, Guil-
laume de Fouille raconte que ce même Gocelin fut envoyé en ambas-
sade de Constantinople auprès de Tempereur romain Diogène, lorsque
ce malheureux empereur, après avoir été pris par les Turcs, eut les
yeux crevés, se fit moine et mourut peu après; nous savons que
CCS événements eurent lieu entre le mois d'août 1071 et le mois de
juillet 1072, cf. Joël (ssec. XIII). Chronographia compendiara ab
O. c, ad an. 1204, gr. et lat. édit. Léo Allatius, Venet. 1728,
p. 145. 11 est donc bien inadmissible que Gocelin, retenu à cette
époque en prison en Italie, ait été chargé et se soit acquitté en Orient
d'une telle mission ; aussi s*explique-t-on très bien que les auteurs
byzantins ne disent rien de semblable.
(i) D'après Guillaume de Fouille, Argirizzo eut moins de peine à
228
asouttillîé pour lo geuner de lo quaresme se réconforta o
la feste de la Pasque ( i ) .
Cap. 28. En cellui temps, quant lo duc se combatoit
pour prendre la cité de Bar, demanda et requist rajutoire
de cil de Pise, a ce qui H Sarrazin non soient leissiezo
lonc repos et non fornissent la terre pour lonc temps, et
que lo duc non demorast trop pour les destruîre. Et appa-
reillèrent li Pisen lor nefs, et diverses compaingntez de
décider les habitants de Bari à se soumettre aux Normands ; il écrit,
1. III, V. 144 sqq. :
H Tune Argiricus urbis
Primus habcbatur, quem dux ubi deditionem
Urbis inire fccit, reliquos non ardua cives
Vincere pœna fuit, majores namque minorum
Ad quam corda volunt partem, deflectere possunt. •
(1) [n die i5 Apriliscepit Robertus dux civitatem Bari. LuFUS, aJ
an. 1071. — II semble d*après TIgnotus Barensis qu*il y a eu une
autre expédition navale des Byzantins entre la défaite de Gocelin et
la reddition de Bari, il écrit : « et in mense martii cattus qui pergebit
Durrachio, ubi erat Kyri Depifani, cum aliis multis, orta tempesias
periit in pclago, ncc unum hominem inde exivit. Et in medio mens
Aprilis fccit Bari cum ipso duca ». Ignotus Barensis, ad «n. 1071. —
On yoit qu'Aimé indique le jour de la prise de Bari, sans indiquer
l'année, mais il se trompe lorsque, dans la phrase précédente, il
allirmc que le siège de Bari a duré près de quatre ans ; en réalité,
il n*u duré que deux ans et huit mois, c'est-à-dire du 5 août 1068
au i5 avril IU71. La Chronicon brève Norm. place à tort Is prise de
Bari par les Normands en 1069 ; Malaterra, II, 43, n'est guhrc
plus heureux en la plaçant en 1070; comme nous Tavons vu, TAno-
NVMus Vatic. se trompe également en plaçant au lendemain de la
défaite de Gocelin la reddition de Bari, cf. Muratori, R. 1. S., t. III,
col. 7G4. Guillaume de Pouillk, 1. III, v. 144 sqq., ne donne pts
de date, mais indique les conditions imposées à Bari par Robert
Guisc.ird, ce dont Aimé ne dit rien. Quant à Malaterra, il écrit sur
ce point, 11, 4 J : « Juxvoti compos effectus, fratri et cuncto exeiôtui
gratias rcfcrens, urbc pro vclle suo ordinnta. »
229
chevaliers et de arbalestiers, et navigande par la mer, et
droitement vindrent a la cité. Et cornent venirent rom-
pirent la chainne laquelle defTendoit lo intrer et lo issir
des nefs de li anemis. Part de li Pisain estoient en terre
et part en remanirent as nefs, a ce que par terre et par
mer feissent brigue a la cité. Et puiz la victoire de lo duc
en Puille, li Pisen rechurent grandissimes domps de lo
duc, et s'entornerent soi en Pise (i). Et est de noter que
(i) Le siège de Bari par Robert Guiscard et les Normands a duré
du mois d'août 1068 au mois d'avril 107 1, aussi, en plaçant pendant
le siège de Bari l'expédition des Pisans contre Palerme, Aimé se
trompe d'au moins cinq ans, puisque Malatçrra et les sources Pisanes
s'accordent à placer cette expédition en io63; cf. Malaterjia, II, 34;
d'après ce chroniqueur, les Pisans attaquèrent Palerme peu après
la bataille de Cerami entre les Sarrazins et les Normands et, d'après
lui, cette bataille eut lieu en io63. De même la Chronica Pisana,
MuRATORi, R. I. S., t. VI, col. 168, affirme que Texpéditioii contre
Palerme eut lieu en io63; c'est ce que dit également l'inscription
gravée sur l'ancienne cathédrale de Pise :
<( Anno quo Christus de Virgine natus ab illo
Transierunt mille, decies sex, très que sub inde
Pisani cives celebri virtute potentes
Intendere vlam primam sub sorte Panormam. »
Cf. Délie historié Pisane, 1. XVI di R. Roncioni, ad an. io63,
dans VArchivio storico italiano, t. VI, parte primai p. 108 et parte
secunda, p. 5. — Quoique Aimé ne nomme pas Palerme dans sa
relation, cette circonstance également rapportée par Malaterra et par
les sources Pisanes, de la chaîne du port rompu par les assaillants,
le fait qu'ils attaquent des Sarrazins et non des Grecs, tout indique
qu'il s'agit de Palerme et de l'expédition de 106 3, la seule que Pise
ait faite à cette époque contre la Sicile musulmane. Il y a en
outre dans ce passage d'Aimé une indication à laquelle les historiens
modernes comme A mari, de Blasiis et Hirsch n'ont peut-être pas fait
assez d'attention et qu'il est intéressant de signaler; ce sont les rela-
tions entre Robert Guiscard et la république de Pise. C'est, d'après
2}0
Tautre ystoire met molt merveillose victoire que fist lo
conte Rogier, frerc de lo duc, en Sycillc avant que Tcnist
a Bar; mes ceste ysioiren'en met noient (i).
Cl sefinist H quint livre.
Aimé, à Tinstigation de Robert Guiscard que les Pisans voulaient
venger les torts que les Palermitains leur avaient causés, mais rien
n'empêche que Robert Guiscard leur ait conseillé d*agir ainsi ; son
intérêt était d*af!aiblir les Sarrazins de Sicile. Le fait rap{>orté par
Malaterra qu*au lieu de se rendre directement devant Païenne, les
Pisans vinrent d*abord dans un port du Val-Demone, qu'ils se
mirent en rapport avec Roger et qu*ils cherchèrent à le décider à
combiner avec eux une attaque contre Palerme, donne raison à Aimé ;
il permet de supposer des négociations antérieures et fait voir que
les Pisans connaissaient la situation des Normands en Sicile. Pour-
quoi Roger n*a-t-il pas voulu s'entendre avec les Pisans ? Nous
n*avons aucun renseignement sur les motifs de son refus; on ne
peut émettre que des conjectures. Peut-être Roger se sentiit-il trop
faible pour une si grosse entreprise ; le ton de persiflage, sensible
dans Malaterra, indiquerait aussi que Roger n'a\'ait pas grande con-
fiance dans ces marchands de Pise, soldats improvisés, et puis le
rusé Normand ne se souciait probablement pas de s'employer à une
conquête qu'il mirait fallu ensuite partager avec des étrangers. 11
préféra attendre et la faire avec ses compatriotes.
(i) 11 s*agit de la victoire de Ccrami, remportée par Roger sur les
Sarrasins; cf. iMALATERRA, II, 33, Anonymus, texte latin dans Muka-
TORi, R. I. S., t. VIII, col. 760 sqq., texte français dans CiuiiroL-
LiON-FiGKAC, I, 18, p. 287 sqq.; sur les additions faites au texte de
Malaterra par TAnonymus, voyez Delarc, les Normands en Italie,
p. 402) note.
SE COMENT LI CAPITULE DE LO VI LIVRE
Cap. I. De la brigue que ot Guillcrme Moscarolle contre li
prince Richart, et comme firent paiz (i).
Cap. 2. Comênt li villain qui habitoient en Pié-de-Mont
se révélèrent encontre.
Cap.' 3. Coment li prince vouloit acquestcr Acquin a la
utilité del conte Guillerme.
Cap. 4. Coment Adenulfc deffcndoit Acquin et Pandulfe
Piéde-Mont.
Cap. 5. Coment parlèrent ensemble et firent bone paiz
Guillerme et Adenulfe.
Cap. 6. De la famé et de l'onor de Guillerme.
Cap. 7. De la discorde de li conte de Marsica.
Cap. 8. Coment lo roy Henri délibéra de venir en Ytalie,
et puiz quant fu Auguste s'en torna (2).
(i) Ce sommaire forme deux chapitres dans le texte; le chapitre a
du sommaire résume par conséquent le chapitre 3 du texte et ainsi
de suite.
(2) Le sens est qu'Henri iV étant venu à Augsbourg^vec Tinten-
tion de passer en Italie, renonça à son projet; la phrase est incom-
plète et paraît vouloir dire que le roi est venu en Italie, y a été cou-
ronné empereur (Auguste) et puis est retourné dans son pays.
230
Tautre ystoire met molt merveillosc victoire que fist lo
conte Rogier, frère de lo duc, en Sycillc avant que venîst
a Bar; mes ccste ystoire n'en met noient (i).
Ci sefinist H quint livre.
Aimé, à Tinstigation de Robert Guiscard que les Pisans voulaient
venger les torts que les Palcrmitains leur avaient causés, mais rien
n*empcche que Robert Guiscard leur ait conseillé d'agir ainsi ; son
intérêt était d'affaiblir les Sarrazins de Sicile. Le fait rapporté par
Malaterra qu'au lieu de se rendre directement devant Palerme, les
Pisans vinrent d'abord dans un port du Val-Demone, qu'ils se
mirent en rapport avec Roger et qu'ils cherchèrent à le décider à
combiner avec eux une attaque contre Palerme, donne raison à Aimé ;
il permet de supposer des négociations antérieures et fait voir que
les Pisans connaissaient la situation des Normands en Sicile. Pour-
quoi Roger n'a-t-il pas voulu s'entendre avec les Pisans? Nous
n'avons aucun renseignement sur les motifs de son refus ; on ne
peut émettre que des conjectures. Peut-être Roger se sentait-il trop
faible pour une si grosse entreprise ; le ton de persiflage, sensible
d:ins Malaterra, indiquerait aussi que Roger n'a\'ait pas grande con-
fiance dans ces marchands de Pisc, soldats improvisés, et puis le
rusé Normand ne se souciait probablement pas de s'empIo3rer à une
conquête qu'il aurait fallu ensuite partager avec des étrangers. II
préféra attendre et la faire avec ses compatriotes.
(i) 11 s*agit de la victoire de Ccrami, remportée par Roger sur les
Sarrasins ; cf. Malaterra, II, Si, Anonymus, texte latin dans Muka-
TORi, R. I. S., t. VIII, col. 760 sqq., texte français dans Champol-
LioN-fiGEAC, I, 18, p. 287 sqq.; sur les additions faites au texte de
Malaterra par TAnonymus, voyez Delarc, les Normands en Italie,
p. 402, note.
SE COMENT LI CAPITULE DE LO VI LIVRE
Cap. I. De la brigue que ot Guillerme Moscarolle contre li
prince Richart, et comme firent paiz (i).
Cap. 2. Comént li villain qui habitoient en Pié-de-Mont
se révélèrent encontre.
Cap.' 3. Coment H prince vouloit acquester Acquin a la
utilité del conte Guillerme.
Cap. 4. Coment Adenulfc deffcndoit Acquin et Pandulfe
Pic- de-Mont.
Cap. 5. Coment parlèrent ensemble et firent bone paiz
Guillerme et Adenulfe.
Cap. 6. De la famé et de l'onor de Guillerme.
Cap. 7. De la discorde de li conte de Marsica.
Cap. 8. Coment lo roy Henri délibéra de venir en Ytalie,
et puiz quant fu Auguste s'en torna (2).
(1) Ce sommaire forme deux chapitres dans le texte; le chapitre a
du sommaire résume par conséquent le chapitre 3 du texte et ainsi
de suite.
(2) Le sens est qu*Henri iV étant venu à Augsbourg^vec l'inten-
tion de passer en Italie, renonça à son projet; la phrase est incom-
plète et paraît vouloir dire que le roi est venu en Italie, y a été cou-
ronné empereur (Auguste) et puis est retourné dans son pays.
2}2
Cap. 19. Cornent Godefredc se leva contre li Normant, et
comment fu reconciliv3 (i).
Cap. 20. Cornent Guillerme se leva contre lo prince.
Cap. 21. Cornent, venant lo duc Robert, morut Guillerme.
Cap. 22. Cornent lo duc Robert et lo prince Richart firent
paiz et allèrent ensemble en Sycille (2).
Cap. 23. Cornent lo duc et lo conte vindrent a Palerme, et
conte acquesta la cité de Cataingne.
Cap. 24. Cornent lo conte occist lo rector de la cite
d^Aquin (3).
Cap. 25. Cornent partirent lo palaiz et li ort.
Cap. 2 5. De la fain de li pagan, et comment furent pris.
Cap. 26. Cornent failli lo vin a lo duc et a tout lo ost.
Cap. 27. Cornent fu prise Palerme, et cornent lo duc et tout
l'ost i entra. De lo miracle de Teglize de Sainte-Marie.
Cap. 28. Coment lo duc ot la cite de Mazare, et cornent il
dona une grant part de Sycille a son frère. De la prospérité
et de la victoire del duc Robert.
Cap. 29. Coment lo conte ala a venchre li autres cités, et
coment lo duc fist la roche et rchedifica Tegltze de Sainte-
Marie, et prist Tostagc et torna en Calabre.
(i) Une distraction du copiste lui fait écrire, chap. 19, immédia-
tement après le chap. 8.
(2) Ce sommaire est erroné ; le texte d'Aimé dit simplement que
le prince Richard eut quelque intention d'aller en Sicile, mais nous
savons quMl n'y alla pas.
(3) C'est Roger qu'Aimé désigne par cette appellation « le conte •;
mais comment expliquer ce qui suit : « occist lo rector de la cité
d'Aquin. » Il ne peut s'agir de la cité d'Aquino en CampaniCp puisque
à ce moment le comte Roger est en Sicile et marche sur Palerme.
Ce qui ajoute à la confusion, c'est que rien dans le texte ne corres-
pond à ce sommaire; par une de ces distractions dont il est coutu-
mier, le traducteur d'Aimé aura traduit par Aquin le nom d'une ville
de Sicile, et en outre il n'a pas traduit ce qui, dans le texte, corres-
pondait à ce sommaire.
233
Cap. 3o. Cornent lo prince conquesta Âquîn. Cornent la
dona a son filz.
Cap. 3i. Cornent la vouloit donner a Saint- Benedit, et de
lo moine liquel fu chacié.
Cap. 32. Cornent il espia la volentc de ceus de la cité et
qu'il vouloient. Corne prist lo castel qui se clamoit Sub.
Cap. 33. De la proie que fîst Jordan en Âquin, et cornent
il ot la roche et la cité.
Ci finissent H capitule del sexte livre.
234
CI COMENCE LO SEXTE UVRE
Cap. t. Quant la prospcritc de lo duc (i) venoit crois-
sant de degré en degré a ce que fortuneement saillist a la
haute dignité, Guillermc (2) mostra par vain conseill il
s^efTorsa de anichiller a son pooir Tonor de lo prince Ri-
chart. Mes char Dieu non lo soustient tel chose, et la
divine loi lo dcffcnt que lo seîgnor soit mis souz la turba-
tion de son scrvicial, lui donna Richart a conforter sa .
vertu, et donna lui victoire-dc son ancmi. Et Guillerme,
par lo juste jugement de Dieu, chai en la fosse qu'il avoît
appareillic pour autre (3). Car desprisa la fille de Richart,
laquelle, comme est dit, li avoit donnée pour moillier (4),
et jura de prendre por moillier celle dame qui avoit esté
moillier de Adenulfe, duc de Gaieté^ de laquelle autres!
avoit rcccu lo sacrement. Dont Adenulfe, conte de Aquin,
avec li frère soc LaudcdeTragete, et Pierre filz de Laude,
firent un sacrement avec Guillermc cornent porroient
contraster a la fortcresce de lo prince, et lor chasteauz
(r) Ricliani, prince de Capouc, comte d^Avcrsa.
(2) Guillaume de Montrcuil, gendre du prince Richard ; cf. supra,
1. IV, c. 27 et la note i, p. i23.
(3) « Incidit in fovcim quam fccit ». Psaume VII, t6.
(4) Cf. supra. 1. IV, c. 27.
235
lever de sa poesté ( i ). Adont Guillerme se mist a la voie
dealer en Puille pour cerchier a ses amis ajutoire pour
acquester aucuns domps. Et li amis de lo prince s'en fai-
soient gabe^ et li amis petit li donerent de aide^ et quant
(i) Federici {Antichi duchi e consoli o plati di Gaéta, in-4», Na-
poli, 1791) a publié, p. 402, une charte ainsi datée: « Temporibus
domnc Marie gloriose ducisfte senatrix relicta quondam Adenulfi
consul et dux bone recordationis, nec non et secundo anno, gratia
divina protegente, consul filli ejus domno Adenulfo gloriosus consul
et dux, infira etate ipsius, mense martio, indictione prima » (io63).
C'est pour épouser cette duchesse Marie, veuve d*Adenulfe I, duc de
Gaëte, et régente pendant la minorité de son fils Adenulfe II, que
Guillaume de Montreuil voulait abandonner sa femme, la fille du
prince Richard. Il faut donc placer vers io63 ou 1064, la lettre
suivante du pape Alexandre II à Guillaume de Montreuil (de Mons-
trolio, alias de Monasteriolo) concernant ses projets d'un second
mariage : « xMuUorum relatione cognovimustepropriam velle abjicere
uxorem et adhsrere slteri, praetendentem consanguinitatis occasio-
ncm. Unde apostolica auctoritate intcrdicendo, mandamus tibi ut
hanc quam nunc habes uxorem, nullatenus présumas dimittere vel
aîiam ducere, donec episcoporum religiosorum consilium causam
istam cxaminaverit ». Migne, Pair, lat., t. 146, p. 1387. Jafpe-.
Lf')WENFELD, no 4524. — Une autre charte, également publiée par
Federici, libr. citato, p. 396 sq., nous apprend qu'en juin 1062, les
comtes de Traôtto (sur la rive droite et non loin de l'embouchure du
G-iriglione, c'est la ville qu'Aimé appelle Tragette), Marino, Daoferius,
Landon, Pandulfe, un autre Daoferius, un troisième Daoferius, fils
du précédent, Jean, comte de Maranola (petite ville, près du Monte-
Cefalo, non loin et à l'est de Gaëte), enfin, les comtes de Suio,
Renier, Léon, avaient promis à Marie, régente du. duché de Gaétc,
de s'abstenir pendant un an de conclure, les uns sans les autres, un
traité ou une convention quelconque avec les Normands : « ncc fincm,
nec pactum cum Normannorum gens nec pônimus, nec firmamus
pcr nullum ingcnium sed quodcumque cum eis facere venimus,
insimul vobiscum prsnominatis uter que facere firmamus. » Cest
donc dans cette ligue de seigneurs lombards, dirigée contre Richard
de Capouc et ses Normands, qu'entrait Guillaume de Montreuil.
2ie
il retofna avec li chevalier o cui il avoit fait ligue, entra
en Trajcte e: issi jusque a la rippe de la Gallinare > i ). Et
lo prince non assembla senon ses chevaliers, et ficcha ses
paveillons delà de lo tlume de la Gallinaire, et se vergoin-
<;na de taire fossez. ne drecier chastel ; quar en champ
dormoient et menioient li home et li chçval. Et li anemis
estoient dedans li mur de Trajette, et corne ce fust cose
que avant aloicnt par li camp, maintenant estoient soz
clef ; soûl lo conte Adenolfe faisoit entrelz alcune cose de
viaoire, mes molt petit, quar alcune foiz issoit avant
auvec ses frères, et avec H autre chevalier occisoient et
prenoient chevauz, et quant il veoient petit de chevaliers
dler par lo camp, li conte auvec sa gent les persequtoit
Un jor vit lo conte alcun chevalier corre par lo camp, il
corut o li legier cheval soe, et o la lance qu'ail tenoit en sa
main feri si fort a un chevalier qu^il rompt la cuisse de
lo chevalier et occist lo cheval. Mes de toutes ces choses
bien rechut lo change de li chevalier de lo prince, quar
por home que occioit lo conte Ten estoient occis quatre,
et pour .j. cheval qu'il furoit Ten estoient levés par force
troiz. Et se un de li caval de li prince estoit occis Ten
estoient donez .x. Et pour Guillerme et sez compaingnons
accressoit ennui et traval, et comencerent a fouir de lieu
en leu a estre rcstraint par famé, et comencerent a fouir
de lieu en lieu, et se partirent de Trajette et vindrent a
Aquin, et de là se partirent et s'en alerent chascun en sa
propre terre. Et Laude remest a Trajette, et la diltesse
habita a Pont-dc-Corbc 12), et Adenolfe et li frère estoient
a Acquin, Percs se trova en Alpine (3), ctGutUerme a lo
(i) Le Garigliano.
(2) Ponte-Corvo, non loin de Acquino et de San-Germano, dans la
vallée du Garigliano.
(3) Il s^agit sans doute de Pierre, fils de Laudc (LAodon), qui se
237
chastel qui se clame Pie-de-Moilt (i). Et Guillermeva
par li feire et par li marchié cerchant li cort de la pro-
vince d'entor certes coses por vivre, et requiert de li
seignor adjutoire, et promet de combatre pour la deffen-
sion de ceauz seignor a qui il va. La plus grant part de li
seignor a cui il aloit lui noient et refusent sa pétition, et
aucun lui donent poi de chose alegant poureté et dient
que non lui poent plus donner. Et va s'en Guille'rmea lo
aide de lo pape. Et se faisoit Servicial de saint Pierre, et
promet de deffendre la Campaingne a la fidélité de la
sainte Eclize et autres terres occuper (2). Et fist a lo pape
sa prière, et donna alcuns deniers, mes non tant que il en
peust lonc-temps sa gent soustenir. Et en cellui temps
serait réfugié au château d'Ârpino, dans la montagne, entre le Mont-
Cassin et Sora.
(i) Pie-di-Monte-di-San-Germano où se réfugie Guillaume de Mon-
treuil est tout près et au nord-ouest du Mont-Cassin.
(2) Deux textes d*Ordérîc Vital disent aussi que Guillaume de
Montreuil a mis son épée au service d*Alexandre II, qu*il a été porte-
gonfanon, peut-être même général de l'armée pontificale : « inter
Normannos qui Tiberim transierant, Willermus de Monasteriolo,
Willermi Geroiani filius, maxime floruit et romani exercitus princeps
militis factus, vexillum S. Pétri gcstans, uberem Campaniam subju-
gavit ».0. Vitalis//w/. ecclesiast., t. II, p. 56.— « Deindé Robsrtus
(Robert de Grentemesnil) Willermum de Mosterolo consobrinum
suum ad auxilium sui requisivit, promptissimum que' ad subve-
niendum invenit. Prxdictus miles papae signifer erat, armisque
Campanam obtinuerat et Campanos qui diversis schismatibus ab
unitate catholica dissidebant sancto Petro apostolo subjugaverat.
Hic exulanti consanguineo (Robert de Grentemesnil) cum monachis
suis medietatem antiqus urbis qus Aquina dicitur dédit». G. Vitalis
Hist. eccles. t, II, p. 87. Il y a bien probablement quelque exagé-
ration et des erreurs dans ces deux passages ; G. Vital vivait trop
loin de Tltalie, trop longtemps après les événements dont il s'agit
pour être parfaitement au courant de l'histoire et de la géographie
;:...: :: iv.^-ii: ;1il hji ait ptn:»:: J£ 1d colique de lo
r~.: .": :.: -: .... • '. -'tr >iî* LZiirzr.li : . El a C£ que li
y-.::-, .-w "..- r. ci ."^r-r ii ii s:if 5itli:t coxnisi a la
: . .L:: ; >.:: .1 r:..:s.i:. ;= -.-fer-i £ r± ra'il pfusi oprcmcre
: : . : ri- :.- r. : r: s>-r i.'*;:^:? E: >■ prÏDce. ^uani il sot
:.: ',. i:_.: :: J^l.i-rii is::j£^: î:.:;i un. ei que pour
: >- ; r". ~ -i^ : -v r.'..: -rririir. 1' cixrcensa a eszno-
. • = . T'ir:-.'.': i .:. .-r=fi>; —.lt:: ce plus haute honor.
r i> : - . -. - . _.. :: r: .ir — ir:: >;a nlr Jordain, liquel
^ . ■ :« . i7.>ir :.= «t: .;::: rr.irc 2 , e: que la vouloit
'.^ 'z r~ -:;*s>; Li L^TTz " uTissr e::c:-::aen: si consenti
:. ï :::.-- ^ - ir.-i -i 1: prière. « parjura, non se
• = :.-j: ii . r^::..i t: Li-icr kînz ::•; auu'esi se voloiz
:::i-. -j... -:... îT r: L fc^r.: la C02::paingnîe de li
- > l: >i . u-. : 1 .: r:~— =r.Jtr:t3î Je lo prince, a
.•:.i. . rr-.:-. .-p; Jr c:r Ij! rr^nisî la fille pour
". . L' :.:.... :-.::;: .! :j. .;.r:::Ii :»:e ?i. Et Guil-
-. — : : j--: .. >i . .: cr.zir.z dt I2 Tr.:>:l\iCT qu'il avoii
--.: :: ;.\-:.:: :::-:!:-= ie r!l ju'!': avoii faite la liga
:r.:ri 1^.. rr.v.rî it Ti:\:j>:t: ÏÀTr^OT de lo prince.
-* ^
^ ; •
Ici:.: Jjillirrr.e rr?:a li arr.is de lo prince et
re^-^i: 1: ^r-r.: -:z:t ^-e pîr lor prière acirnassent la
v.ii.-:.:. jic *: rr'r.c=. F: 1:- princs fa liez et joiant de la
::_■ . :.> ■■ s--;:--: rr..:i * zz x:- «iwle. Quels sont ces
:.:.!..> -. '.. C--.7 :.: 4^:. -' rrls O. \':iil, Guillaum: de Mon-
:.-•.■ .: :: > :-...< . - .-î r.:-5iL*:. . Ln tcxij d*A:mê, que nous
.!: ■ - :"...î .. n. .-.:-.:^;: _- .-r.:r-:.'-- qji Tj^tivicé Je Guillaume
: :r-r .'.r. .. N'a: .:..".., jf. suf j, p. 1Ô7, note 5.
1 i..> wh-n.s .■-- R::hirJ. prir.:*; Je CapvyUJ, montrent qu'il
.îï a::j jj iris r^r.r.i; hv-jr. s^n r.l* JuurJ.în ju pouvoir.
.'/ J. tjc :r.c 7i:r...s pas J>. nptj Jl- cfitc ciranj^c phrase : ■ laquelle
cri.^iz 1. 'aiîLTuit li icsi;:. •'
239
prospérité soe ; quar veoit que ii t)ome qui lui vouloient
contraster venoient devant les piez siens; et a la soe potesté
vainchue de la soe pietié, et fu rapaisiez par la prière de
li fidel soe. Et lui rendi la fille soe laquelle lui estoit
moillier, et lui fist molt de biens (i).
Cap. 3. En cellui temps que Guillerme estoit en ceste
tempeste, non se set par quel conseil li vilain qui habi-
toient en lo chastel de Pié-de-Mont (2) révélèrent soi et
appellerent alcun de ceuz de la terre voisine, et occistrent
touz les Normans liquel avoit lessié Guillerme pour garder
lo chastel. Ceste malvaistié turba polt Tarme de Guil-
lerme. Et quant estoit liez et alegre tant fu dolent de la
mort de ses chevaliers.
Cap. 4. Apres ce, lo prince se deietoit de relever la
angustie et doior de Guillerme ; et la soe cité vouloit ac-
quester Aquin. Et assembla mil chevaliers siens et pedons
sans nombre et s'en va sur Aquin, fist chasielz et ficcha
paveillons. Et ce qu'il avoient seminé estoit metut pour
mengier a li chevalier ; li grenier non sont gardez jusque
a lo mètre de la novelle victaille, quar avant temps est
consumé toute chose. Et li vingnes non sont lessiez pour
faire roysins, ne li arbre pour faire frutte ; mes en font
feu et font maisons, et non pour autre senon pour la
misère de cil de la cité sont tailliez li arbre, dont se puet
dire : O tu Aquin, ceste chose as-tu !
Cap. 5. Adenolfe gardoit la cité, et son frère Pandulfe
( I ) Les admonestations d'Alexandre II, dont nous avons vu la lettre,
durent sans doute contribuer à cette réconciliation de Guillaume de
Montreuil avec sa femme.
(2) Pie-di-Monte-di-San-Gcrmano, près du Mont-Cassin, comme il
a déjà été dit.
240
gardoit Pie-de-Mont lo chastel sien ; liquel aviengne que
fust jovencel et non usé d*armcs, en la première bataille
ot tant de gloire de triumphe, que quant il vit venir li
Normant o tout li somer, chargiez de victaille de la dté
de Saint-Germain (i), non fu lent de chevaucier; o tout
tant petit de chevaliers cornent il avoit avec lui, assalli li
chevalier et aucun en occist, et alcun en feri, et li autre
iugirent, dont cestui pristrent li cheval et li somer de lui
anemis, et torna a son chastel o victoire.
Cap. 6. Et Guillerme, quant il vit que Adenolfe recer-
choit la cité, et la refermoit et garnisoit a son pooir, lo
clama a soi, sur la soe foi lo promet segurté. Et avieigne
que lui sien lui disoient qu*il non i alast, toutes voiez
Adenulfe vint a lui sanz nulle paour, et Guillerme lo
rechut o alegre face, et lui geta les bras au col, et lo basa
en bouche. Et quant il seoient ensemble, et Guillerme lui
rccordoit la première amor, et lo nombre de la victoire
laquelle il avoient faite ensemble, dont lui improperoit li
Normant que il lui avoit occis, et lui moustre que Tamor
et la caritc qui cstoient rote entr'elz fust renovelée; etadont
font la covcnance de lor amor, et reformèrent la premere
amistic. Et puiz Guillerme manda a lo prince la volenté
lie Adenolfe, et manifesta a li chevalier Tordre de Famistié
recovrée. Et va Adenolfe a lo prince, et tant lo prince quant
Guillerme ferma a lui et a son frère la part d^Aquin
et l'autre part ot Guillerme. Et lo prince s^en torna a
(^pue, et Guillerme entra en la cité, qui molt estoit
desirré (2).
(i) S:in-Gcrmano, à une faible distance de Pie-di-Monte.
(i) Nous avons vu (cf. supra, p. 2^7, note 2), que d*après O. Vital,
(fuilhiLmc (Je Muntrcuil avait eu en sa possession la moitié de la
\illc J'A.{uinu.
241
Cap. 7. Et quant la famé de Guillerme sonnoit en toutes
pars, cil de Marse, de Retense et Amicerne de Valin (i),
et touz ceuz qui habitoient en la part de Campaingne,
gardoient son comandemant, quar par la poesté de Ib
prince la soe hardiesce faisoit paour a ceuz qui lui estoient
entor; et pour ce qu^il estoit parent de lo conte de la terre,
desirroient li voces soes, et o pris atte estoient la grâce soe,
Pun anemi non se pooit aidier de la injure de lo sien
anemi sans la grâce de Guillerme. Et tout estoit pour la
grâce, laquelle il avoit recovré del prince Richart.
Cap. 8. Encellui temps, de li conté de Marse unliquel
se clamoit Bernart, par avarice insaciabile et désir de avoir,
part de lui lo amor de lo frère ; cestui o jurement et o
parjure et tradement tote la part de frère avoit pris, et
vouloit tout soûl avoir lo héritage de lo père, et s'efforçoit
de chacier Tautre de la terre, tuit li persecutoit ; mes a lo
frère major et premier nez faisoit piz, et ce lui faisoit pour
ce que lo premier nb^ avoit plus filz, lui tailla la vingne
et lo arbre, et lui faisoit mètre lo labor avant temps,
puiz que en la terre soe non estoit remez aucun arbre.
Apres de la cort avoit soûl une noce, pour laquel que fust
talié la noble moillier de Odorise frère majour lo pria, et
cellui par la proiere soe la fist taillier jusque al la radice.
Ordorisîe cercha avoir paiz avec lui, et pria lui que ses filz
fussent se^ chevaliers, et veut rechevoîr la terre de lui ; et
Bernart non vouloit faire, quar lo vouloit cachacier de la
(i) Le pays des Marses et Val va (Valin ?) sont situés sur les rivages
et à Test du lac Fucino, Amiternum est plus au nord et Reate (Re-
tense) maintenant Rieti, confine l'Ombrie ; n*est-ce pas comme
représentant du Saint-Siège que Guillaume de Montreuil avait
quelque autorité sur ces villes et ces pays, surtout sur Reate et Ami-
ternum ? Ces deux dernières villes en effet n'étaient guère alors en
butte aux invasions normandes.
16
2^2
itrrre. Et OîoTisett av3;i .tîî. âîz. de liqad daî en esioienx
cvesjue:, I: tiers es:o:: moine e: cardinal de Rome, et li
c jXTt vz ::€l:cc:en: en la cberalerie secolere. Et oc conseîll
dvcc î. sien h Iz de recorre a rajuioire de li prince. Et
Acco v^n fill evesque i manda a la cor de lo prince, et
l'ii prometoi: de doner mille livre de deniers, et prome-
loit a !o neveu de Guillerme^ qui se damoit Moscrarole,
de donner lui la soror pour moillier, laquelle se clammt
Potârtranda. Kt li bon prince singuler chevaucha et s*en
iïW'iX d lo conte de Marse pour veoir la terre, et ficha li
pavcillon. Et Beran assembla ses chevaliers, et disoît qu'il
vouloit combaire contre la compaingnie de lo prince. .C
chevaliers tant solemcnt manda lo prince, liquel manda
contre innumerabile multitude de Berart. Mes li chetifché-
tif chevalier de Berart fugirent devant li cent chevalier
normant, et s'en renclostrent dedens li mur, et par force li
chevalier de lo prince commencèrent a prendre lichastel,
et prisirent molt de proie, et pristrent li home, et fait cest
(l.'inijge a Berart. Et les noces de lo neveu de Guillerme
lurent célébrées, es puiz lo prince rechut li argent que li
evcsque avoit promis et autres domps, et puiz s^en retorna
•
a (lapuc. Kt li jovencel lo neveu de Guillerme, o Taide de
sDii oncle et avec li parent de la moillier, assoutilla la
liihece Je lierart, et pour un fill loquel prist paia Berart
mille livre, i|uar estoit le plus grant et se damoit Berart
{i) Attii!!, évcquc ilos Miirses et, depuis loSG archevêque de Chteti,
vwv Hur lui (It.iiKi.i.i : lialia sacra, t. VI, p. 676, tqq Sur la
l.iiiiilli* lies LDinics ilcA MarMs à cette époque, cf. dans Gattola :
iiixtvn.t (.'j.vjrm., p. 242 et Acccssioncs ad hist» Cassin^, p. 171,
tlriix th.iius di- ii>(ri et 1070; voyez aussi dans diMbo, ilNnoli, eic.«
1. \ m, \\ i()j, l\iiu1ysc d'une charte de 1077. Hirsch, 1. c, p. 3o5
.1 u-MUMc«(-N reiiscij^ncments i*énéaK>giques.
24Î
cornent lui-meisme, et pour Tautre en paia troiz cent (i).
Cap. 9. En dementre que lo prince Richart estoit en
cest acquester, io pape (2) avoit mandé molt souvent par
letres, et aucune foiz par messages, lo roy Henri (3) pour
venir contre la crudelité de li Normant, et pour Taffliction
de ceuz qui habitent auvec eaux. Et quant lo roy sot la
volenté de lo pape, il dist a ses princes qu'il vouloit venir
en Ytalie, pour acquester la corone en Saint-Pierre (4),
et pour deffendre les coses soes. Et s'appareillèrent li
evesque et li duc et li marchis, et s'esmurent lor chevaliers
de prendre l'arme, et déterminassent en quel voie la com-
paingnie de la chevalerie se doient assembler. Et lo roy
auvec son exercit vint a la cité de Auguste (5), et atendoit
(i) Léo de* Marsi, III, 23, a également raconté cette expédition du
prince Richard contre les comtes des Marses et il ajoute quelques
détails qui complètent, sans le contredire, le récit d*Aimé; il nous
apprend notamment que le prince Richard assiégea la ville d*Alba, au
nord du lac Fucino, qu'il était accompagné dans cette expédition par
les fils de Borel et qu*il revint sans avoir obtenu autant de succès
que le suppose Aimé ; il ne faut pas oublier que Léo de* Marsi, faisant
partie de la famille des comtes des Marses, ne devait guère être disposé
à reconnaître la défaite des siens et la victoire du prince de Capoue.
D'après Aimé, l'expédition contre les comtes des Marses a eu Heu
avant la campagne de Gottfried, duc de Lorraine et de Toscane, contre
les Normands, c'est-à-dire avant le mois de mai 1067 ; d'après Léo de>
Marsi elle aurait eu lieu après. Je serais porté à croire que sur ce
point, Aimé est dans le vrai, car précisément cette campagne du duc
Gottfried eut pour résultat d'arrêter, pendant quelque temps, la
marche des Normands de la Campanie vers l'Italie centrale.
(2) Le pape Alexandre II (ic octobre 106 1 — 21 avril 1073).
(3) Henri IV, roi de Germanie, plus tard empereur.
(4) Léo de' Marsi, III, 23, dit dans le même sens : « ut bona sancti
Pétri de manibus Normannorum eriperet et imperii coronam de
apostolici manibus reciperet ».
(5) « Pervenit Augustam », écrit également en parlant d'Henri IV,
244
lo duc Gottofrede. El Gotofrede avott passé lî Alpe et estoit
venut en Ytalie. Et puîz lo roy connut que il estoit gabé
de la malice de Godefroy, et dist a louz les granz seignon
de sa compaingnxe cornent Godefroy Tavoit gabé, et co-
manda quecest voiage remanist, quar estcostumance que
quant lo roy vient de Alemaingne en Ytalie, que lo mar-
chis de Toscane o tout son ost doit aler devant de loost
de lo roy. Et ensi retorna arrière quar cestui moine qui
ces te ystoire compila non lo clame impereor, mes clame
roy. Mes je croi qu'il lo face pour ce que encoire no estoit
coroné, dont secont ceste sentence non est impeor jusque
a tant qu'il soit coroné ( i).
Cap. I o. Et Godefroy est repris de ses amis et gabé de
ses anemis. quar non garda lo commandement de son
seignor, est clamé perfide (2). Mes lo duccercha decovrir
Léo de' Marsi, qui, dans cette partie de son récit, s*inipire viable-
ment d'Aimé.
il) Est-ce bien la conduite du duc Gottfiried qui a empCché Henri IV
de venir en Italie? Les Annales Altahenses majores (MG. SS., XXt
p. 818^ disent simplement que si Henri IV n*a pas donné suite à
rexpddition prvijeiée et n*cst pas descendu en Italie, c'est que sa pré-
sence était nécessaire en Germanie, et cette version parait frfus vrû-
semblable que celle d'Aimé, quoique Léo de* Marst, lU, a3, ait répété
cette dernière. Ces mêmes Annales Altahenses maforts disent
qu'Henri IV était irrité contre les Normands parce que ces Normands
a ignominiosas legationes et responsa régi, regnique principîbus
remjitebant u. Le fait peut être vrai mais ne contredît, en
façon, ce que dit Aimé des plaintes du pape au roi contre les
Normands.
^2) D'après Bonitho {liber ad amicum dans Jaffb : Afommi. Crw»
goriana. p. 052), en marchant contre les Normands, le duc Gottfrîed
aurait surtout répondu à une invitation de Hildebrand, alors con-
seiller d'Alexandre II et archidiacre de i*église romaine; Bonitbo
écrit : « Kodem temporeNormanni Campaniam invadunL Q.uod cer-
nens Deo amabilis Hildebrandus, continuo magnificum ducem Got»>
^45
lo mal qu'il avoit fait, et satisfaire a son seignor. Et assem-
bla sa gent et clama ses amis. Et fait venir Todesque et
autre gent appareilliez contre lo prince Ricchart^ liqud
desirroit de destruire. Et li prince lessa Campaingne et
assembla li sien chevalier Normant en Capue. Et lessa
garde de Aquin Guillerme et lo conte Adenolfe. Et Gode-
froy ala sur la cité de Acquin, et ilec ficha li paveillon et
dresa, et donna la bataille pour prendre la cité. Et Guil-
lerme et Adenolfe issirent otout lor chevaliers^ et occistrent
ensemble .xv. Todesque, et ensi la superbe de Godefroy
commensa a refréner, et cellui temps la fain, et ce qu'il
non avoient vin, constrainst Tost de retomer arrière. Et la
criée de touz pour la poureté turboit lo paveillon de lo
duc. Et adont quant li duc non pot soustenir la lementa-
lion de cil del ost et que s^en vouloit retorner, requis
qu'il vouloit parler a lo prince Richart, liquel puiz se
covenirent ensemble et firent paiz, et lo duc s^en retorna
en sa contrée {2).
fridum in auxilium sancti Pétri evocat. » Le duc Gottfried n*a pas eu
dans son expédition les succès que suppose Bonitho, mais abstraction
faite de cette erreur, Bonitho est probablement dans le vrai en disant
que Gottfried est venu dans Tltalie du Sud, surtout à cause de Tinvi-
tation du Saint-Siège.
(i) Leo de' Marsi, qui dans la seconde partie du chap. 23 du
1. m, ne s'inspire pas d*Aimé pour raconter la campagne du duc
Gottfried, ajoute quelques détails à ceux qui nous sont fournis par
Tauteur de « l'ystoire de li Normant » ; il dit que le prince Richart,
épouvanté par l'arrivée du duc, se réfugia avec ses troupes à Pâte-
naria, derrière le Garigliano, tout disposé à roculer jusque dans la
Fouille, si Gottfried continuait sa marche en avant. Il ajoute, que
Jourdain, fils de Richard, défendit Âquino avec Adénulfe et Guillaume
de MontreuU, enfin que la paix fut conclue grâce à l'entremise d'un
Normand, Guillaume Testardita et après une entrevue du prince de
Capoue et du duc Gottfried sur le pont de Todici ou Sancti Angeli
(près du Mont-Cassin), enfin que Richard dut, pour obtenir la paiz^
24^
Cap. 1 1 . Et pour ce que la volenté de Guillerme estoh
csmeue et temptée de faire mal, cercha une autre foiz de
soi revcler contre son scignor, quar la terre, laquelle
a voit vaincue o grant bataille, et lui avoit donnée en béné-
fice lo prince. Et a ce que lopape puisse contrester contre
son seignor, rechut la terre de la main de lo pape. Et
puiz commensa a faire damage a lo prince Richart, quar
chevauchoit la nuit et lo matin avec sa gent, et ardoit les
villes delo prince ; et la flamequi selevoiten haut mous-
troit en quel ville estoit Guillerme de nuit, et li fume
moustroit ou avoit faite Tovre soe. Lo jor, li chevalier de
lo prince les secutoient; mes que avoient li amis ou se
rccoilloient et savoient les voies, non se enrôlent deceauz
qui les sequtoient. Dont lo prince, qui tant soufiroit de
injure de cestegent, manda son iilz Jordain contre o .ij.c.
et .Ix. chevalier, loquel puiz se aproxima de Aquin, et
tirent molt grant joie. Et Guillerme, quant il torna de
Rome, proia que lui soient rendues les bestes qui lui es-
toient levées, non par proie, mes par furte, pour ce que
non i estoit présent. Et respondi Jordain : « A moi non
covicnt de cxaudir la parole ne la pétition de cest home,
loi]uel non se vcrgoingna de rompre lo sacrement de la
tîciclitc a moi et a mon pcrc ». Et quant Guillerme, quant
il oi ccstc réponse, il fu corrocicz, et fait armer ses cheva-
payera Gottfric^l une assez forte somme d'argent. D*après Aimé, la
tin de \.\ campagno n*Aiirait pas été aussi avantageuse pour Gottfried
et son armée, l. es A mules Altahenses majores, l. c, ne disent pas
non plus que Rivilianl ait acheté la paix, les Annales Augustani vont
plus loin ; on y lit, aJ an. 1067 : « Rex H^inricus Augustae antepuri-
ticjtionem sanctx Marix moratur. Gotefridus dux coutra Normannos
missus« nullocfl'eN:tu, paucis etiam amicis, rediit. » Il se pourrait donc
que la version d'Aimé ne fut pas aussi éloignée de la vérité que le
prétend Hirsch, avec son assurance et son animotitd ordinaire.
247
liers et ses pedons, et ist defors avec .viij. chevaliers et
troiz cens pedons. Et Jordan torna o tout ses chevaliers
et ordena ses eschielles ; li un esmut a combatte^ et li
autre ensaingne, et puiz se assemblèrent ensemble et
comencerent la bataille campestre; de Tune part et de
Tautre alcun cadirent d^une part et d|e l'autre en sont
ferut alcun et mort. Mes a la fin li chevalier Jdrdan
lesserent la proie, contreingnant li cheval de corre, et
plus pensent cornent il puissent eschaper que coment ils
puissent mener les bestes et la proie. Et Guillerme o ses
chevaliers les persécuta, et pristrent li cheval et orent en
prison .xxxvj. chevaliers armez, et ensi levèrent la proie
de loranemis. Et torna Guillerme a Acquin vainceor de
sesanemis(i).
(i) Aimé, qui est seul à raconter la fin de la carrière de Guillaume
de Montreuil, ne donne ni la date de sa mort ni la date de sa dernière
révolte contre le prince Richard. Cette révolte n'a guère pu avoir lieu
avant les derniers mois de 1068 ou le commencement de 1069. Cette
phrase du texte d'Aimé : « Et à ce que lo pape puisse contrester
contre son seignor, rechut la terre de la main de lo pape » permet de
supposer que la nouvelle équipée de Guillaume de Montreuil contre
le prince Richard, eut entre autres résultats celui de mettre la désu-
nion entre le Saint-Siège et la dynastie de Capoue; or, comme au
mois d'octobre 1067, Alexandre 11 vint à Capoue et y fut très hono-
rablement reçu par le prince Richard, c'est après cette date qu'il faut
placer la défection de Guillaume de Montreuil. Le Regestum encore
inédit de Pierre Diacre (archives du Mont-Cassin) renferme, no 483,
une charte de Guillaume de Montreuil; en voici l'analyse : « Guilielmi
de Mustarolum comitis de comitatu Aquinensi diploma concessum
Desiderio abbati Montis-Cassini, subdatum per manus Joannis dia-
coni et notarii. Actum in Aquino, anno Domini 1068, mense sep-
tembris, indict. VU. Duas ecdesias sancti Cortstanciiet sancti Chris-
tofori in Aquinensi comitatu sitas, Cassinatibus donat. Au mois de
septembre 1068, Guillaume de Montreuil était donc à Aquino, faisant
des largesses aux moines du Mont-Cassin ; ce n'est guère là l'attitude
248
Cap. 12. Etlo prince Richart, avieinge que soit fort en
adversité, toutes voiez ot dolor de ceste turbation, et re-
quist Taide dcl duc Robert et de ses autres amis contre la
perversité de Guillcrmc. Et lo duc a ce que li chevalier
soe non preissent exemple de Guillerme, une pour soi a
restreindre sa superbe ; mes avant que venist lo prince a
Capuc, lo prince manda disant a lo duc Robert cornent
Guillerme cstoit mort son anemi, quar lui prist une fièvre
et un chaut, et de celle maladie fu mort a Rome ( 1 ). Mes
d'un homme engagé dans un redoutable duel avec son seigneur;
aussi la date de sa révolte me paraîtrait devoir être placée après le
mois de septembre 1068.
(i) Il n*est gucre admissible que Robert Guiscard ait promis â
Richiird de Capouc de venir à son secoure* contre Guillaume de
Montreuil, tant que dura le siège de Bari ; ce siège en effet absorba,
pendant de longs mois, l'activité du duc Normand ; il ne dut faire
cette promesse qu*après être entré en vainqueur à Bari^ le t6 avril
1071 ; on peut donc conjecturer qu'à cette date Guillaume de Mon-
trcuil vivait encore. D'un autre côté, Aimé nous apprend qu*après la
mort de Guillaume de Montreuil, Richard de Capoue, voulant témoi-
gner sa reconnaissance à Robert Guiscard, projeta d'aller avec lui
en Sicile, de faire partie de cette expédition des Normands contre les
Sarrasins qui débuta par la prise de Catanc et se termina par la oon-
quOte de Palerne. Cette expédition ayant commencé au mois d'août
ifiji, cVst ilonc entre le mois d*avril 1071 et le mois d'août de la
même année qu'aurait eu lieu la mort de Guillaume de Montreuil.
On ne s'explique pas comment ce Guillaume de Montreuil dont la
vie a été si agitée, (]ui s'est montré si versatile vis-à-vis de son beau-
père et de Sun bienfaiteur, le prince Richard, qui a été si impitoyable
dans sa dernière guerre en Campante, a pu être surnoâimé le bon
Normand — bonus Normannus. ^ O. Vital ne lui donne-t-il pas ce
surnom à la Icgère et uniquement parce que Guillaume avait fiiit bon
acc'.ieil à son cousin RoKti de Grentemcsnil r
l>ans SCS Recherches sur r histoire et la littérature dt l'Espagite
au moyen âge (y- édition, t. Il, p. 338 sqq.), Dozy a soutenu que
Guillaume de Montreuil avait commandé l'armée des Normands qui,
249
pour ce que lo duc Robert estoit venut tant promptement
a Taide de lo prince Ricchart, vouloit aler en Sycille avec
lui et faire lui similante service e^ honor.
en io63, avaient traversé les Pyrénées pour aller combattre les Sar-
rasins d'Espagne ; ces Normands s'emparèrent Tannée suivante, en
1 064, de la ville de Barbastro, occupée par les Sarrasins, et y firent
un riche butin. L'origine de cette hypothèse de Dozy vient de ce que
Ibn-Haiyan, l'historien arabe de la prise de Barbastro par les Nor-
mands, dit que ceux-ci étaient sous les ordres « d'un général en chef,
le commandant de la cavalerie de Rome » comme, d'un autre côté,
O. Vital dit de Guillaume de Montreuil qu'il devint : « romani exer-
citus princeps militis, vcxillum S. Pétri gestans », et ailleurs « miles
paps signifer », Dozy en a conclu que Ibn-Haiyan et O. Vital ont en
vue le même personnage, c'est-à-dire que Guillaume de Montreuil a
conquis Barbastro sur les Sarrasins. Cette hypothèse de Dozy est
tout à fait insoutenable ; la charte que nous avons citée d'après Fede-
Ria (cf. supra, p. 167, note 5) montre qu'en io6a une ligue de
seigneurs lombards s'est formée contre Richard prince de Capoue ;
nous savons en outre par Aimé que Guillaume de Montreuil a fiût
partie de cette ligue et nous voyons par une autre charte donnée par
Tederici {lib. cit., p. 406) qu'au mois d'octobre 1064, Marie, la
régente du duché de Gaéte pour son jeune fils Adénulfe était renver-
sée, c'est-à-dire que le prince Richard avait vaincu la ligue lombarde
et qu'il était maître du duché de Gaéte ; Aimé a raconté comment
Guillaume de Montreuil s'était alors réfugié à Rome. Ces événements
ont donc eu lieu entre 1062 et 1064 et nous sommes certains que
Guillaume de Montreuil y a été très mêlé, comment dès lors aurait-
il pu dans ces mêmes années 1062, io63, 1064, organiser en
France une expédition contre les Sarrasins d'Espagne et conduire
cette expédition à la prise de Barbastro dans la vallée de l'Ebrc? Il
est inutile d'insister, la démonstration est facile. Ce titre de « com-
mandant de la cavalerie de Rome » que Ibn-Haiyan donne au chef
des Normands vainqueurs de Barbastro et que Dozy identifie avec le
» romani exercitus princeps militis » et avec « miles paps signifer »
ne peut en aucune façon désigner Guillaume de Montreuil avant 1064,
car c'est alors seulement qu'il vient se «lettre au service du Saint-
Siège. Mais en cette même année Barbastro tombait au pouvoir des
chrétiens et Guillaume de Montreuil n*y fut certainement pour rien.
C*.'. 5 I" prs z-j.t :z isrzyts ï^missùé entre lo duc
•\:>:r-. c: .: r'-.:.*':! ?^*z^hr. îo duc àsi fomir et garnir
:»:£< r* ::r::*«iC25 z< zl li rjcr, « toutes chozes leissa
;"• z^L.z E: ?-- £^>^:r•^l£ u^e granî compaingnie de
- = • ; î: ^î r- V:i rrr-.i-ii i ■? navîe alast avant a li
:r;*:-: iz :_ -;-:•: ;-:ij lerrf dt Calabie. Et lui ayeclî
jh;*i .i.*. "»£-=-: :>tr .im j^tr p'.us brève voie, s'en vont
£z Ci.l£^rî =: «.iinr: s:-. Aio>3i li CalabrcMS, o diverses
jsr.: ^i -.iîr<*i:5 ri:.':afc. Ij^jiî on; %'o2enié de destniire
. f\=rî: r. ;%i.Sïcr;r.: li. tt-Ct. tz applîcani a la cite de
V.îsîc-î il li jr.i"i^cr.£ e: z^-ute *:cni, descendirent en
'.iTTC :
Ct^. :^ E: j« :"rir» r^rrùrea: !a fatigue de la bataille.
L? iuj î^c:: 1 crvemcr lo cxerc::. ei li conie Rogier s>n
Ta À \i ciu if C^iÀinne, e: a lî quaiT>e jor la cité se rendi.
E: cr-c?-::^^::: c'^rr.ânia que soii faiie la rocche ei
rr—Jir.ii ::u£ >: : -si-.e l'eç-izi a Tonor de saint Gr^oire.
E: ~':>: ir. "i r>:r:; .x'. h?r?.esqu: la cuardassent etrefre-
r.âs^r.: li nilc % :lc:::é ic cil de h ché. Et venant lo
c:<n:e a \i ci:-: sx Tr-fanc. Jui de ses neveus filz de ses
frères. Mcucl se cl.îr?..-^ier:i ii \:n Rosier et li antre Bala-
TcnTc. !u! cnr?r.:rc pc^ur raîy!?r qu'il avoient a lui et
-j*:* lu: p^?r.?:cn:. e: vlndrenî auvcc eaux lor moillier
CI un plein. E: lo duc Robcn. e: pour la calor de lo sol,
D .X pri^i.-ijs îrA-.srr.î^vli Airiaiid maris pelagus peiresit
- - •: 2" .-■ .' 2 Ti : u — . ? > r. à ■. :b-.:s. » L v ri, Ck l'Cicitrafi, ad an, 1 07 1 . Guil-
L*- ME :e r?' :i.i F. ï'il. V. I S3-1S7. Clique U duc Robert s'embarqui
A ?tzzr..
• pau'o fs>s-i inde moranis
D-i\ :r: R.bcrtus Rfginam tendit ad urbem. »
M«LATERR4. ii. 4.^. dit c\\Mt Robcii Guiscafd fiasu à Otraoïe les
:noii de j un cl de juillet et qu'il y fit tailler un rocher pour ladliier
rembarquement de &a LavaiCne.
251
avec petit de grans homes estoit salli en la galées, laquelle
estoit acompaingnié de .x. gat et .xl. autres nez (i).
Cap. i5. Et lo conte avoit avant mandé ses servicialz
pour appareillier de mengier; li Sarrazin survindrent, et
non sollement les tallerent, mes non laissèrent char ne
crude ne cuite. Et li conte par aventure s entre encon-
trerent avec li Sarrazin, et recovrerent les coses quMl
avoient levées, et lor leva les chevauz et tout ce qu'il
avoient pour lo vivre ; de .ij. cent qui estoient venut nul
non escampa vif (2).
Cap. 16. En lo sequent jor partirent lo palaiz et les
chozes qu'il troverent fors de le cité, donnent a li prince
li jardin delectoz pleins de frutte et de eaue, et pour soi
chevalier avoient li choses royals et paradis terrestre (3).
(i) Malaterra, II, 45, écrit au sujet de cette prise de Catane : « Dux
igitur commeatîbus etcxteris qua: expeditioni congruebant apparatis,
fratrem quem prxmiserat, subsecutus, apud Catanam, ubi cornes
erat, vcnit fingens se Maltam debellatum ire, quasi de Panormo diffi-
dens. » Amari {Storia dei Musulmani di Sicilia, t. III, p. 117) croit
que Roger a pris Catane d*unc manière peu loyale et que de là vient
Tobscurité de la phrase de Malatcrra ; d'après lui, Roger serait venu
à Catane en ami, chez les successeurs de Ibn-Thimna, c'est-à-dire
chez des Sarrasins amis des Normands et que, sur ces entrefaites, la
flotte de Robert Guiscard étant entrée dans le port, la ville surprise
n'aurait pu se défendre; d'après Aimé elle aurait cependant résisté
pendant quatre jours. Aimé est seul à parler du voyage du comte
Roger à Traîna (Trigane) ; quant au nombre de navires que Robert
Guiscard avait à sa disposition, le texte de Lupus, cité dans la note
précédente, confirme à peu près la donnée d'Aimé.
(2) Aimé est seul à parler de cet incident. Cest à la suite de ce
chapitre que se trouve la lacune dont il a déjà été question (cf. supra,
p. i65, note 5); au chapitre suivant, en eflet nous voyons, sans autre
transition, les Normands maîtres des environs de Palerme.
(3) La suite montre qu'il s'agit des environs de Palerme.
Et quant H Sarrazin issoient virent novelle chevalerie, et
li Normant les orent atornoiez, et les pristrent et vendirent
pour vilz prison. Et de là lo conte sVn ala a lo chastel
Jehan, mes maintenant se clame lo chaste Saint-Jehan.
Et clama li Sarrazin a combatre, et prist .xxz. gentil home
et en occist .xv., et prist li cheval^ et ensi vainceor invita
lo frère qu'il lui vieingne a parler. Et autresi non lesserent
a li Sarrazin deffendre la marine, quar avant lor avoiem
levé un gath et une galéc (i).
Cap. 17. Et cellui temps meismes estoit une grant
famine entre cil de la cité, quar dedens lor failloient les
coses de vivre, et ne les trovoient a achater. Et autrèsi
pour li mort non souterrez estoit grant pestilence et mor-
talité, dont molt en estoient ferut, et moltenfermé, et molt
afloboiez pour fain ; et la main de li débile plus volentiers
s'cstcndoit a prendre Tomosne que a combatre. Et li mali-
ciouz Normant faisoient poiz de lo pain, et lo lessoient a
pié de li Sarrazin, et corroient a .xx. et .xxx. pour prendre
lo pain. Et lo sccont jor metoient un poi li pain plus loing
de la terre, et cil corroient a prendre lo pain, et se assegu*
roient, et plus en venoicnt. Lo tiers jor lo mistrent un poi
plus loing, et quant vindrent li païen tuit defore, furent
(i^ Le château était situé au levant dé Palcrme, à rembouchiue de
rOued-Abbas et non seulement défendait de ce côté les environs de
la place mais empêchait les navires ennemis de remonter le cours du
t)cuve. Aime ne dit pas, comme le suppose Amari (t. Ul, p. lao) que
le château fut pris par Roger lors de cette première attaque. La
capture des deux navires appartenant aux Sarrasins prouve que
Robert Guiscard arriva avec sa flotte dans le port de Palerme tandis
que Roger attaquait le château Jean.
253
tuit pris et gardez pour serf ou estoient vendut en longes
part (i).
Cap. i8. Et en cellui temps meismes falli lo vin en la
cort de lo duc, et cornent ce fust chose que il eussent deli-
ciouses viandes, lui et la moillier bevoient de Taigue.
Quar falli a lo duc lo vin non est merveille; quar comme
se dit que en la contrée soe non cressoit vin, mes main-
tenant en cestui temps i croist vin assez. Mes est de mer-
veillier de la noble moillier soe, quar en la maison de
son père, c'est de lo prince Gaymere, avoit use de boire
vin peure et clare, coment pooit boire aiguë (2).
Cap. 19. Et quant lo duc vit la poureté et la chierté de
la terre et la débilité de lo pueple, fist faire .xiiij. scalle,
de liquelle sept en manda de nuit a Tautre part de la cité
ou estoit son frère, et lo duc ala parlera son frère (3). Et
en Taurore de jor, a lo lieu ou avoit ordené lo duc, com-
manda que soient dreciez les eschieUes contre lo mur de
la cité, et conforta li chevalier qui monteroient en la cité
par desur li mur, prometoit a ceuz qui i salliroient etau-
roient vittoire, honor grant et s'acorderent ensemble,
Et Tunguardoita Tautre atendant qui commenceroit lo
premier. Subitement un qui se clamoit Archifrede se fist
(i) Ami est seul à dire que les Palermitains manquèrent de vivres
pendant le siège ; Guillaume de Fouille notamment n*en dit rien.
(2) La contrée d'origine du duc Robert Guiscard était la Basse-
Normandie ; Aimé, ou plus vraisemblableme'nt son traducteur, semble
dire que la Normandie commençait, lorsque ces lignes étaient écrites,
à produire du vin. Cette donnée provenait sans doute de quelque
normand par trop vantard.
(3) Malaterra, HI, 45, confirme ce renseignement d*Aimé, il écrit:
« Machinamentis itaque et scalis ad muros transcendendos artificio-
sissime compaginatis. »
254
la croiz at sailli sur li mur, après loquel saillirent .ij.
autres, et rote Tescalle nul non lo pooit secorre. Et un
monton de li ancmi lui vindrent encontre, ou la multi-
tude oipaouri li chrestien, et o Tarme li tailla Pesait en
main, dont non porent soustenir cil troiz Normant. Et
tant multitude se jetterentde li mur, liquel^ par la grâce
de Dieu, sain et sauf se retornerent a terre» et puiz lo doc
senti toute cestecose tuit li autre liquel sailloient par Fes-
calle li Sarrazin constreintrent a aler en terre. Et puiz lo
duc senti toute ceste choze que autresi estoit fait de li sien
frère, il fistdrecier Teschielle de Tautre part, et comanda
a li sien qui sailloient qu^il ovrissent la porte, dont ceuz
qui saillirent sanz nulle demorance descendirent et ope-
rirent la porte. Et entrèrent li chevalier secutant cil qui
portoicnt arme, et tout lo pueple entra et assallirent la
terre, et levèrent les coses de li païen, et partirent li enfant
por les servir, et la multitude de li mort covroit la terre.
Kt lo duc, a ceuz qui sont remez, liquel habitent en la
cite, a liquel avoit donné mort de li parent et famé, il fist
g.irdcrles tors (i). Mes pource que Palerme estoit faiie
(i) Mai.atrrra dit (également que deux atsauts simultanés eurent
lieu contre Palerme, l'un commBnd<3 par le comte Roger échoua,
raiitrc, sous la cunduitc de Robert Guiscard, eut un plein succès.
•• Dux hortos cum treccniis militibus latentor ingressus ex altéra pute,
qua vidclicct navalis cxercitus adjaccbat, urbem infettare, fratron
v]iK' a parte, qua crat, liaud sccusagere pcrdocuerat. Illi, sîgno dato.
qu:L* edocti crant, haud perficere segncs magno sonicu irruunt. Url>s
tutaiii arma riicns, qux strepitu tumultuantium accurrebat defeo-
siuni, accclerantcr grassatur. A parte, qua minus cavebant, vacillanir.
A GuiscarJonsibus scalis appositis murus transcenditur. Urbt extericM'
capitur, portx fcrro sociisad ingredicndum aperiuntur. Dus et cornes
cum Miiini cxercîtu infra murus hospitantur, Panonnîtani delusî
liostes a t<Tgo infra niuros cognoscentes, interiori urbe refiigium.
petenilo se recipiunt. Nox tumultum dirimit. » Voyez aussi Guillauih
ui: PuLii.i.K, m, V. 3 1 3-320.
25 s
plus grant qu^elle non fu con^mencié premerement, dont
de celle part estoit plus forte dont premerement avoit esté
commenciez la cité se clamoit la antique Palerme. Il
comencerent contre (i) celle antique Palerme contrester
cil de la cité. Et puiz quant la bataille pensèrent qu^il
dévoient faire, et en celle nuit se esmurent o tout li ostage,
et mandèrent certains messages liqueldoient dire cornent
la terre s'est rendue. Et puiz quant il fu jor, dui Cayte
alerent devant loquel avoient Tofice laquelle avoient li
antique, avec autrez gentilhome, liquel prièrent lo conte
que sans nulle autrecondition ne covenance doie recevoir
la cité a son commandement (2) ; et lo conte, bien acom-
(i) Amari propose de remplacer ce mot contre par le mot entre et
en effet, avec cette modification, la phrase d'Aimé a un sens intelli-
gible, elle mentionne la désunion existant dans le camp des Sar-
rasins.
(2) Amari {lib. cit., t. III, p. 129), entend comme il suit la der-
nière phrase d*Aimé : « le jour venu, deux Kaîds, c'est-à-dire deux
chefs militaires, investis des pouvoirs qu'avaient auparavant les
anciens, les Sceikh (li antique), c'est-à-dire les magistrats de la com-
mune, vinrent avec d'autres notables ». Amari conclut que d'après
Aimé, une révolution municipale remplaçant les Sceiks par les Katds
a dû avoir Ueu à Palerme, dans la partie de la ville qui n'était pas
encore au pouvoir des Normands, c'est-à-dire dans El-Kassar (les
Normands étaient déjà les maîtres de la KhalosaV Guillaume de
Fouille, III, v. 325, dit comme Aimé que les Palermitains se ren-
dirent sans condition, ils ne demandaient que la vie sauve :
« Cuncta duci dedunt se tantum vivere poscunt ».
Malaterra, II, 45, semble plus dans le vrai lorsqu'il écrit que les
Sarrasins posèrent ces deux conditions avant de capituler, qu'ils ne
seraient pas inquiétés dans leurs croyances religieuses et ne seraient
pas molestés par des lois nouvelles et injustes. « Proximo mane pri-
mores, fœdcrc interposito, utrisque fratribus locutum accedunt,
legem suam nullatenus se violari vel relinquere velie dicentes, sdlicet
si certi sint quod non cogantur vel injustis et novis legibus non atte-
Cap. 1 1. Et pour ce que la volenté de Guillerme estoit
esmeue et temptée de faire mal, cercha une autre foiz de
soi révéler contre son seignor, quar la terre, laquelle
avoit vaincue o grant bataille, et lui avoît donnée en bene-
fice lo prince. Et a ce que lopape puisse contrester contre
son seignor, rechut la terre de la main de lo pape. Et
puiz commensa a faire damage a lo prince Richart, quar
chevauchoit la nuit et lo matin avec sa gent, et ardoit les
villes de lo prince; et la flamequi selevoiten haut mous-
troit en quel ville estoit Guillerme de nuit, et li fume
moustroit ou avoit faite Tovre soe. Lo jor, li chevalier de
lo prince les sccutoient; mes que avoient li amis ou se
recoilloient et savoient les voies, non se enrôlent deceaux
qui les sequtoient. Dont lo prince, qui tant souffroit de
injure de cestegent, manda son filz Jordain contrée .ij.c.
et .Ix. chevalier, loquel puiz se aproxima de Aquin, et
firent molt grant joie. Et Guillerme, quant il torna de
Rome, proia que lui soient rendues les bestes qui lui es-
toient levées, non par proie, mes par furte, pour ce que
non i estoit présent. Et rcspondi Jordain : c A moi non
covient de exaudir la parole ne la pétition de cest home,
loquel non se vergoingna de rompre lo sacrement de la
tidelité a moi et a mon pcrc ». Et quant Guillerme^ quant
il 01 ceste réponse, il fu corrocîcz, et fait armer ses chcva-
payer à GottfricJ une assez furtc somme il'argcnt. D*aprèft Aimé, la
hn de U campagno n*a lirait pas été aussi avantageusp pour Gotlfried
et son armée. Les Annales Altahenses majores, l. c, ne disent pu
non plus que Richard ait acheté la paix, les Annales Augustani vont
plus loin ; on y lit, ad an, 1067 : <* Rex H'îinricus Augusts antepuri-
lîcationem sanct» Maris moratur. Gotefridus dux contra Nomuuinos
missuSf nuUoefl'ectu, paucis etiam amicis^rediit. » Il se pourrait donc
que la version d'Aimé ne fut pas aussi éloignée de la vérité que le
prétend Hirsch, avec son assurance et son animosité ordinaire.
247
liers et ses pedons, et ist defors avec .viij. chevaliers et
troiz cens pedons. Et Jordan torna o tout ses chevaliers
et ordena ses eschielles ; li un esmut a combatre, et li
autre ensaingne, et puiz se assemblèrent ensemble et
comencerent la bataille campestre; de Tune part et de
l'autre alcun cadirent d^une part et d^ l'autre en sont
ferut alcun et mort. Mes a la fin li chevalier Jordan
lesserent la proie, contreingnant li cheval de corre, et
plus pensent coment il puissent eschaper que coment ils
puissent mener les bestes et la proie. Et Guillcrme o ses
chevaliers les persécuta, et pristrent li cheval et orent en
prison .xxxvj. chevaliers armez, et ensi levèrent la proie
de loranemis. Et torna Guillerme a Acquin vainceor de
sesancmis(i).
(i) Aimé, qui est seul à raconter la fin de la carrière de Guillaume
de Montreuil, ne donne ni la date de sa mort ni la date de sa dernière
révolte contre le prince Richard. Cette révolte n*a guère pu avoir lieu
avant les derniers mois de 1 068 ou le commencement de 1069. Cette
phrase du texte d^Aimé : « Et à ce que lo pape puisse contrester
contre son seignor, rechut la terre de la main de lo pape » permet de
supposer que la nouvelle équipée de Guillaume de Montreuil contre
le prince Richard, eut entre autres résultats celui de mettre la désu-
nion entre le Saint-Siège et la dynastie de Capoue; or, comme au
mois d'octobre 1067, Alexandre H vint à Capoue et y fut très hono-
rablement reçu par le prince Richard, c*est après cette date qu'il faut
placer la défection de Guillaume de Montreuil. Le Regestum encore
inédit de Pierre Diacre (archives du Mont-Cassin) renferme, n» 483,
une charte de Guillaume de Montreuil ; en voici l'analyse : « Guilielmi
de Mustarolum comitis de comitatu Aquinensi diploma concessum
Desiderio abbati Montis-Cassini, subdatum per manus Joannis dia-
coni et notarii. Actum in Aquino, anno Domini 1068, mense sep-
tembris, Indict. VII. Duas ecclesias sancti Cortstancii et sancti Chris-
tofori in Aquinensi comitatu sitas, Cassinatibus donat. Au mois de
septembre 1068, Guillaume de Montreuil était donc à Aquino, faisant
des largesses aux moines du Mont-Cassin ; ce n'est guère là l'attitude
248
Cap. 12. Et lo prince Richart, avieinge que soit fort en
adversité, toutes voiez ot dolor de ceste turbation, et re-
quist Taidc del duc Robert et de ses autres amis contre la
perversité de Guillerme. Et lo duc a ce que li chevalier
soc non preissent exemple de Guillerme, une pour soi a
restraindrc sa suf>erbe ; mes avant que venist lo prince a
Capuc, lo prince manda disant a lo duc Robert cornent
Guillerme cstoit mort son anemi, quar lui prist une fièvre
et un chaut, et de celle maladie fu mort a Rome ( 1 ). Mes
d'un homme engagé dans un redoutable duel avec son seigneur ;
aussi la date de sa révolte me paraîtrait devoir être placée après le
mois de septembre 1068.
(i) 11 n*est giicrc admissible que Robert Guiscard ait promis à
Richiird de Capoue de venir à son secoure contre Guillaume de
Montreuil, tant que dura le siège de Bari ; ce siège en effet absorba,
pendant de longs mois, Tactivité du duc Normand ; il ne dut faire
cette promesse qu'après être entré en vainqueur à Bari, le 16 avril
1071 ; on peut donc conjecturer qu'à cette date Guillaume de Mon-
treuil vivait encore. D'un autre côté, Aimé nous apprend qu'après la
mort de Guillaume de Montreuil, Richard de Capoue, voulant témoi-
gner sa reconnaissance à Robert Guiscard» projeta d'aller avec lui
en Sicile, de faire partie de cette expédition des Normands contre les
Sarrasins qui débuta parla prise de Catanc et se termina par la con-
quête de Palcrne. Cette expédition ayant commencé au mois d'août
1071, c'est donc entre le mois d'avril 1071 et le mois d'août de la
même année qu'aurait eu lieu la mort de Guillaume de Montreuil.
On ne s'explique pas comment ce Guillaume de Montreuil dont la
vie ;i été si agitée, qui s'est montré si versatile vis-à-vis de son beau-
père et de San bienfaiteur, le prince Richard, v]ui a été si impitoyable
dans sa dernière guerre en Campanie, a pu être surnohimé le bon
Normand — bonus Normannus. — O. Vital ne lui donne-t-il pas ce
surnom à la légère et uniquement parce que Guillaume avait fait bon
accueil à son cousin Robert de (jrentemesnil ;
l).ins SCS Recherches sur i histoire et la littérature de l'Espagne
au moyen âge (i*^ édition, t. II, p. 338 sqq.)> Dozv a soutenu que
Guillaume de Montreuil avait commandé l'armée des Normands qui,
249
pour ce que lo duc Robert estoit venut tant promplement
a Taide de lo prince Ricchart, vouloit aler en Sycille avec
lui et faire lui similante service ej honor.
en io63, avaient traversé les Pyrénées pour aller combattre les Sar-
rasins d'Espagne ; ces Normands s'emparèrent Tannée suivante, en
1 064, de la ville de Barbastro, occupée par les Sarrasins, et y firent
un riche butin. L'origine de cette hypothèse de Dozy vient de ce que
Ibn-Haiyan, l'historien arabe de la prise de Barbastro par les Nor-
mands, dit que ceux-ci étaient sous les ordres « d'un général en chef,
le commandant de la cavalerie àc Rome » comme, d'un autre côté,
O. Vital dit de Guillaume de Montreuil qu'il devint : « romani exer-
citus princeps militis, vexillum S. Pétri gestans », et ailleurs « miles
papae signifer », Dozy en a conclu que Ibn-Haiyan et O. Vital ont en
vue le même personnage, c'est-à-dire que Guillaume de Montreuil a
conquis Barbastro sur les Sarrasins. Cette hypothèse de Dozy est
tout à fait insoutenable ; la charte que noiis avons citée d'après Fede-
Rici (cf. supra, p. 167, note 5) montre qu'en io6a une ligue de
seigneurs lombards s'est formée contre Richard prince de Capoue ;
nous savons en outre par Aimé que Guillaume de Montreuil a hit
partie de cette ligue et nous voyons par une autre charte donnée par
Tcderici {lib. cit., p. 406) qu'au mois d'octobre 1064, Marie, la
régente du duché de Gaëte pour son jeune fils Adénulfe était renver-
sée, c'est-à-dire que le prince Richard avait vaincu la ligue lombarde
et qu'il était maître du duché de Gaête ; Aimé a raconté comment
Guillaume de Montreuil s'était alors réfugié à Rome. Ces événements
ont donc eu lieu entre 1062 et 1064 et nous sommes certains que
Guillaume de Montreuil y a été très mêlé, comment dès lors aurait-
il pu dans ces mêmes années io6a, io63, 1064, organiser en
France une expédition contre les Sarrasins d'Espagne et conduire
cette expédition à la prise de Barbastro dans la vallée de l'Ebrc? Il
est inutile d'insister, la démonstration est facile. Ce titre de « com-
mandant de la cavalerie de Rome » que Ibn-Haiyan donne au chef
des Normands vainqueurs de Barbastro et que Dozy identifie avec le
« romani exercitus princeps militiae » et avec « miles paps signifer »
ne peut en aucune façon désigner Guillaume de Montreuil avant 1064,
car c'est alors seulement qu'il vient se «lettre au service du Saint-
Siège. Mais en cette même année Barbastro tombait au pouvoir des
chrétiens et Guillaume de Montreuil n*y fut certainement pour rien.
^50
Cap. i3. Et puiz que fu fermée Tamistié entre lo duc
Robert et lo prince Richart, lo duc fist fornir et garnir
toutes les fortcrcsccs de ça la mer, et toutes chozcs leissa
en paiz. Et puiz assembla une grant compaingnie de
navie, et de Puillc comanda a lo navie alast avant a II
chevalier qui venoientde terre de Calabre. Et lui avec li
chevalier, venant par terre par plus brève voie, s>n vont
en Calabre ctaunerent soi. Àdont li Calabroîs, o diverses
gent de diverses nations^ liquel ont volenté de destruire
li Sarrazin, passèrent la mer, et applicant a la cité de
Messine et la chevalerie et toute gent, descendirent en
terre (i).
Cap. 14. Et ces frères partirent la fatigue de la bataille.
Lo duc avoit a governer lo exercit, et li conte Rogier s^en
va a la cite de Catainne, et a li quatre jor la cité se rendis
Et encontinent comanda que soit faîte la rocche et
comanda que soit faite Peglize a Tonor de saint Gr^oire.
Et mistcn la roche .xl. homes qui la guardassent et refré-
nassent la malc volcntc de cil de la cité. Et venant lo
conte a la cite soc Triganc, dui de ses neveus filz de ses
frères, liquel se clamoient li un Rogier et li autre Bala-
mcnic, lui encontre pour Tamor qu'il avoient a lui et
qu'il lui portoîent, et vindrent auvec eaux lor moillier
on un plein. Et lo duc Robert^ et pour la calor de lo sol,
(i) '< Dux prjcJictus transmcavit Aiiriatici maris pelagui perrezit
que Siciliam ciim 38 navibus. » Lupi, C/irofiicoM, o^ dN. 1071. GuiL-
lAnMi- DK Pni'iM.Fy m, V. 183-187, ditque le duc Robert s*embarqui
a Reppi«\
« paulo post inde moratus
Dux ibi Rubcrtus Rcginam tendit ad urbem. »
Malaterra, II, 4S, dit que Robert Guiscard paua à Otrante les
mois de juin et de juillet et qu'il y fit tailler un rocher pour fiKÏliier
rembarquement de sa cavalerie.
251
avec petit de grans homes estoit salli en la galées, laquelle
estoit acompaingnié de .x. gat et .xl. autres nez { i ).
Cap. i5. Et lo conte avoit avant mandé ses servicialz
pour appareillier de mengier; li Sarrazin survindrent, et
non sollement les tallerent, mes non laissèrent char ne
crude ne cuite. Et H conte par aventure s'entre encon-
trerent avec 11 Sarrazin, et recovrerent les coses qu'il
avoient levées, et lor leva les chevauz et tout ce qu'il
avoient pour lo vivre ; de .ij. cent qui estoient venut nul
non escampa vif (2).
Cap. 16. En lo sequent jor partirent lo palaiz et les
chozes qu'il troverent fors de le cité, donnent a li prince
li jardin delectoz pleins de frutte et de eaue, et pour soi
chevalier avoient li choses royals et paradis terrestre (3).
(i) Malaterra, II, 45, écrit au sujet de cette prise de Catane : « Dux
igitur commeatibus etcxteris qua: expeditioni congruebant apparatis,
fratrem quem prxmiserat, subsecutus, apud Catanam, ubi cornes
erati venit fingens se Maltam debellatum ire, quasi de Panormo diffi-
dens. » Amari {Storia dei Musulmani di Sicilia, t. III, p. 117) croit
que Roger a pris Catane d*une manière peu loyale et que de là vient
Tobscurité de la phrase de Malatcrra ; d'après lui, Roger serait venu
à Catane en ami, chez les successeurs de Ibn-Thimna, c'est-à-dire
chez des Sarrasins amis des Normands et que, sur ces entrefaites, la
flotte de Robert Guiscard étant entrée dans le port, la ville surprise
n'aurait pu se défendre ; d'après Aimé elle aurait cependant résisté
pendant quatre jours. Aimé est seul à parler du voyage du comte
Roger à Traîna (Trigane) ; quant au nombre de navires que Robert
Guiscard avait à sa disposition, le texte de Lupus, cité dans la note
précédente, confirme à peu près la donnée d'Aiipé.
(2) Aimé est seul à parler de cet incident. Cest à la suite de ce
chapitre que se trouve la lacune dont il a déjà été question (cf. supra,
p. i65, note 5); au chapitre suivant, en eflet nous voyons, sans autre
transition, les Normands maîtres des environs de Palerme.
(3) La suite montre qu'il s'agit des environs de Palerme.
Et quant H Sarrazin issoient virent novelle chevalerie, et
H Normant les orent atornoiez, et les pristrent et vendirent
pour vilz prison. Et de là lo conte s^en ala a lo cbastel
Jehan, mes maintenant se clame lo chaste Saint-Jehan.
Et clama li Sarrazin a combatre, etprist .xxx. gentil home
et en occist .xv., et prist li cheval, et ensi vainceor invita
lo frère qu'il lui vieingnea parler. Et autresi non lesserent
a li Sarrazin deffendre la marine, quar avant lor avoient
levé un gath et une galcc (i).
Cap. 17. Et ccUui temps meismes estoit une grant
famine entre cil de la cité, quar dedens lor failloient les
coses de vivre, et ne les trovoient a achater. Et autrèsi
pour li mort non souterrez estoit grant pestilence et mor-
talité, dont molt en estoient ferut, et moltenfermé, et molt
afloboiez pour fain ; et la main de li débile plus volentiers
s'cstendoit a prendre Tomosne que a combatte. Et ii mali-
ciouz Normant faisoient poiz de lo pain, et lo lessoient a
pié de li Sarrazin, et corroient a .xx. et .xxx. pour prendre
lo pain. Et lo secont jor metoient un poi li pain plusloiog
de la terre, et cil corroient a prendre lo pain, et se ass^u-
roicnt, et plus en vcnoient. Lo tiers jor lo mistient un poi
plus loing, et quant vindrent li païen tuit defore, furent
(H Le châicau était ftitué au levant dd Palcrme, à rembovchure de
rOucd-Abbas et non seulement défendait de ce cdté les environs de
la place mais empêchait les navires ennemis de remonter le cours du
tlcuve. Aimé ne dit pas, comme le suppose Amaki (t. Ul, p. iao)que
le château fut pris par Roger lors de cette première attaque. La
capture des deux navires appartenant aux Sarrasins prouve que
Robert Guiscard arriva avec sa flotte dans le port de Païenne tandis
que Roger attaquait le château Jean.
253
tuit pris et gardez pour serf ou estoient vendut en longes
part (i).
Cap. i8. Et en cellui temps meismes falli lo vin en la
cort de lo duc^ et cornent ce fust chose que il eussent delî-
ciouses viandes, lui et la moillier bevoient de Paigue.
Quar falli a lo duc lo vin non est merveille; quar comme
se dit que en la contrée soe non cressoit vin, mes main-
tenant en cestui temps i croist vin assez. Mes est de mer-
veillier de la noble moillier soe, quar en la maison de
son père, c'est de lo prince Gaymere, avoit use de boire
vin peure et clare, cornent pooit boire aiguë (2).
Cap. 19. Et quant loduc vit la poureté et la chierté de
la terre et la débilité de lo pueple, fist faire .xiiij. scalle,
de liquelle sept en manda de nuit a Pautre part de la cité
ou estoit son frère, et lo duc ala parlera son frère (3). Et
en Paurore de jor, a lo lieu ou avoit ordené lo duc, com-
manda que soient dreciez les eschielles contre lo mur de
la cité, et conforta li chevalier qui monteroient en la cité
par desur li mur, prometoit a ceuz qui i salliroient etau-
roient vittoire, honor grant et s'acorderent ensemble,
Et Punguardoita Pautre atendant qui commenceroit lo
premier. Subitement un qui se clamoit Archifrede se fist
(i) Ami est seul à dire que les Palerraitains manquèrent de vivres
pendant le siège; Guillaume de Fouille notamment n'en dit rien.
(2) La contrée d'origine du duc Robert Guiscard était la Basse-
Normandie ; Aimé, ou plus vraisemblableme'nt son traducteur, semble
dire que la Normandie commençait, lorsque ces lignes étaient écrites,
à produire du vin. Cette donnée provenait sans doute de quelque
normand par trop vantard.
(3) Malaterra, HI, 45, confirme ce renseignement d*Aimé, il écrit :
« Machinamentis itaque et scalis ad muros transcendendos artifido-
sissime compaginatis. »
Z\l
Il ct;--2 i: SLÎll: »;ir 1: tz'zt. irr» lequel saillirent .îj.
ii:rss :: r::i /iscille z-l ^rn lo >x)ii secorre. El un
n :-.:■- li 1- iZiz:: 1-i Tiziren: eacaarre, ou la multi-
r^ie :'.r-d:-r: 1: jiirïsriez. ic o l'irnie li tailla Pescut en
ni r. i:-: z:t. T*cTtz' >:^5:ir.ir cil iroiz Normant. El
::-: n: j"::"ui5 >i srriri-: ie 1: riur. lî^ucL par la grâce
jî Diiu sain e: sju: se rt'.^TZ^rtrr. a ttrrc, ci puiz lo duc
5*r.:: :zi:t z^zt zm :-:: 1: â-:r£ liqael sailloieni par Fes-
cilie I: Sarri::- c:r.5-^=:r.rer.: i iler en terre. El puiz lo
j j: sen"i :: -::e ce<:e en cze quî autres; estoît fait de li sien
î'rere. il r.>:irec:er /escziille ic l'autre part, et comanda
u 1: sie- qu: 5j.:II::sn: z/s'i'. jvrlssen: U porte, dont ceux
eu: sdil'.irsr.: saa; :iuLle de3."»rance descendirent et opc-
rirent li î>3r:e. E: ^ntrirenr lî chevalier secutant cil qui
7or:ien: iraic. e: :ju: b ?ueple entra et assallirent la
îrrre. e: '.e\-iren: les coses ie li païen, e: partirent li enfant
pNjr les sen :r. e: la rîuinvude dt -i mort covroit la terre.
t: I J iuc. a ceaz qui sDn: remez. liquel habitent en la
cite, a lîjuel avoi: donné zp.cti de li parent et famé, il fist
^irder les urs : . Mes pource que Païenne estoit faite
, • NU:-%T»a% z.i :ci!.r::-:r.: zn ifui issiuts simultanés eurent
r.z^ c-nire PalirT.e. \'\ir. c-r7.rr«ir.ij par li cjmi- Roger échoua,
î\ij::e. s;.:* !j j. -^j::^ ,:t R.b^r: G jissirJ. eui un plan succès.
D jx '.-.«. rivs ;.:n :r.v:er.::s r^ilitib js lat.nur ir.gressus es altéra parte,
j :i -.'.ieliie: -^■.i'..s ;\-'::::^s ji: iwsbd:, urbem infesiin:, fratrem
] ;:: j r-!r:e. q-ji en:. hj^J sj^-js agfr.* pcr JocuenL llli. signo daio.
qjA- ejoci. er^r.t. hi\il perT.jere se£r.-*s magno sonitu imiunt. Urbs
i :i:z .rma r-er.s. qui sn-£r:tu lumuhuantiuni accurrebat defeo-
$i,n:. icjcîcrjritïïT inssv.-r. Apinc, qua minus carebant, vaàllatur.
A G-is-irJcr.sibus sjil:? arposif.s rr.urjs transcenditur. Urbsexterîor
; .-.i-r. p^rii fjrro >jc.isai ir.griJieaium apehuntur. Dus et comcs
c::ri or-.n: cxercii^ infr.1 muroS h^spiuntur. Panormttani lielusi
hosîcs 3 t.Tgo ir.rVa mur. s ccgr.oscentes, interiori urbe refu^um
p:ten J'^ sere.ipiunt. .Nox tumulium Jirmit. » Voyez aussi Gliluiuiis
bt p.j'-iLLE. lil. V. :m>320.
255
plus grant qu^elIe non fu con^mencié premerement, dont
de celle part estoit plus forte dont premerement avoit esté
commenciez la cité se clamoit la antique Palerme. Il
comencerent contre (i) celle antique Palerme contrestcr
cil de la cité. Et puiz quant la bataille pensèrent quMI
dévoient faire, et en celle nuit se esmurent o tout li ostage,
et mandèrent certains messages liquel dolent dire coment
la terre s'est rendue. Et puiz quant il fu jor, dui Cayte
alerent devant loquel avoient Pofice laquelle avoient li
antique, avec autrez gentilhome, liquel prièrent lo conte
que sans nulle autrecondition ne covenance doie recevoir
la cité a son commandement (2) ; et lo conte, bien acom-
(i) Amari propose de remplacer ce mot contre par le mot entre et
en effet, avec cette modification, la phrase d*Aimé a un sens intelli-
gible, elle mentionne la désunion existant dans le camp des Sar-
rasins.
(2) Amari {lib. cit., t. III, p. 129), entend comme il suit la der-
nière phrase d'Aimé : « le jour venu, deux Katds, c'est-à-dire deux
chefs militaires, investis des pouvoirs qu'avaient auparavant les
anciens, les Sceikh (li antique), c'est-à-dire les magistrats de la com-
mune, vinrent avec d'autres notables ». Amari conclut que d'après
Aimé, une révolution municipale remplaçant les Sceiks par les Katds
a dû avoir lieu à Palerme, dans la partie de la ville qui n'était pas
encore au pouvoir des Normands, c'est-à-dire dans El-Kassar (les
Normands étaient déjà les maîtres de la Khalesa). Guillaume de
Fouille, III, v. 325, dit comme Aimé que les Palermitains se ren-
dirent sans condition, ils ne demandaient que la vie sauve :
« Cuncta duci dedunt se tantum vivere poscunt ».
Malaterra, II, 45, semble plus dans le vrai lorsqu'il écrit que les
Sarrasins posèrent ces deux conditions avant de capituler, qu'ils ne
seraient pas inquiétés dans leurs croyances religieuses et ne seraient
pas molestés par des lois nouvelles et injustes. « Proximo mane pri-
mores, fœderc interposito, utrisque fratribus locutum accedunt,
legem suam nullatenus se violari vel relinquere velle dicentes, sdlicet
si certi sint quod non cogantur velinjustis et novis legibus non atte-
25^
paignié de bons chevaliers vaillans et espiovez, entra en
la cité et regarda par la cité et ordena, et l^a faite secure,
et puiz retoma a son frère. Et lo quart jor, lo duc manda
avant mille chevaliers liquel chazassent et retenissent la
place de lo encontre de H Sarrasin, et ensi corne borne
cristiennissime. avec la moillier et ses frère, et avec lo
frère de la moillier ' i . et avec ses princes s'en ala o grant
révérence plorant a Teglize de Saint-Marie, laquel edizc
avoit esté temple de li Sarrazin, et en fist chacter toute
Tordesce et ordure, et âst dire messe a lo catholique et
saint archevesque.
Cap. 20. Une grant merveille apparut devant celle
eglize. quar furent aucun bonchrestienquioTrenten celle
ecclize la voiz de li angele et molt douz chant, en loquel
cant looient Dieu, et apparut alcune foiz enluminée celle
eglize de la lumière de Dieu, plus resplendissant que non
est nulle autre lumière mundane (2).
rantur. Q^uandû quidem fortuna prxsenti sic hortabantur urbU dedi-
tioncm faccrc, se in famulan Jo fidèles persistere, tributa lolvere et
hue juramcntû logis sux firmare spopundunt. Dux comesque gau-
denU'S quod uti'erebatur libcnter suscipiunt ».
(2) Cest*à-dire avec Sikclgaîta sa femme, son frère Roger, avec
d'autres Tancrôdcet avec Gui Je Salerne, frère de Sîkelgaïta; c*cst
à Gui que le puctc Al fane, archevêque Je Salerne, adressait les vers
suivants :
« Siciliam tellus Arabum miratur acervum
Quos tuus ipse dédit ensis et hasta necis ».
L'gheli.i : Itjlia sacra , t. X, p. 74.
(3) iMalaterra, II, 45, dit également que Robert Guîscardfit célé-
brer 1 ut lice divin dans Téglisc de Sainte-Marie, après Ta voir faite
réconcilier, parce que les Sarrasins en avaient fait une de leun
mosquées et puis il ajoute : « Archiepiscopum qui ab impiia dejectus
in pauperc ecclesia S. Cyriaci, quamvis timiJus, natione GriKus
257
Cap. 21. Et H Sarrazin liquel habitoient en Maz£(rin,
quant il sorent que Palerme s^estoit rendue, pour paor
qu^il orent donnèrent la cité a lo duc, et lui promistrent
de doner chascun an tribut (i). Et lo cpmanda que
vieingne tout lo excercit, et loa lo excercit quMl lo dévisse
doner a lo frère. Et adont lo duc donna a son frère, lo
conte Rogier, toute la Sycille, senon que pour lui réserva
la meitié de Palerme et la meitié de Messine, et la moitié
de Demede, et li conferma la part de Calabre laquelle
avoit avant que Sycille (2).
cultum christians religionis pro posse exsequebatur, revocantes rei ti-
tuunt. » PiRRo (Sicilia sacra, p. 53 sq.) appelle cet archevêque,
Nicodème ; c'est le nom que lui donnent également une bulle de
Calliste II et un diplôme de Roger.
(i) Il s*agit de Mazzara-del-Vallo, ville épiscopalede 12,000 habi-
tants environ, sur la côte occidentale de la Sicile. Ibn-Khaldoun dit
aussi que Mazzara se rendit aux Normands en 1072, mais il se
trompe en affirmant que les Normands la prirent à Al-Hawwas ; celui-
ci était mort depuis quelques années déjà. Cf. Amari Biblioteca
Arabo-Siculat t. Il, p. 221 sq. de la traduction italienne.
(2) La question du premier partage de la Sicile entre les Tancrède
a donné lieu à une longue controverse parmi les historiens. Sur ce
point, Malaterra n'est pas d'accord avec Aimé, il écrit, II, 45 : « Deinde
urbe (Panormi), pro velle suo, dux eam in suam proprietatem reti-
nens et vallem Demins, csteramque omnem Siciliam acquisitam et
suo adjutorio^ ut promittebat, nec falso acquirendam, fratri de se
habendam concessit. » On lit aussi, II, 46 : m Medietas totius Sicilis, ex
consensu ducis et comitis sus sorti (id est Serlonis filii Serlonis),
Arisgotique de Poteolis inter se dividenda cesserai : eo quod hic
consanguineus eorum erat, uterque autem consilio et armis probis-
simi viri erant. »
La suite de l'histoire de la Sicile montre que les données de Mala-
terra sont les plus exactes; nous savons en efifet par ce même
Malaterra, IV, 17, qu'en logi, le comte Roger ayant aidé son neveu
le duc Roger, fils et héritier de Robert Guiscard, à prendre U ville
de Cosenza en Calabre, le duc Roger consentit par reconnaissance à
•7
Iî>
Co. 11. Ez rource qu^ se monstre a quant perfeaion
e: I qjjr.:^ 'ziUTssc: n^ne Diea tout-puissant la humilité
ie cis:,:: rcn iuc Rjcer:. icnt droLxment se puci dire
je '.--. c::ri i.: Lî Sa!-:e EscripMre qui dit que Dieu
j:r."^ -r'.ue i I: h-^ili et coaffes;e a li oi^ellious |i),
^: ?. ur jf fs: i vecir ^: j r&çjrier se La main et la puis-
sj::::^ Jj I: în:7e?r s<! r^iet jrraruder a lui. Il fîi un
". i:ii*:r i *i -. :=^''j _nj Tr-r: wiii "rlle »Je Palcrme. se réservant
.'i-:ri " .r:. 1^ c.-r:.' R:*ir. i:vt;:e MiUterra. mit dès lors un
:i! . rJr-' ,;.i-> la Tcr-iç:. r. jj:* ■.— .rt-'a d< Fdlerme, que sqh ne\')eu,
L' ...■.^- iN.ç'r. iu: r*.;* ij ri'.ir.js ivec 11 mt.Lt;é qui lui restai t, que
'..rsq.:*:: IV-.: li \:V^ rcc; ^nrl^rs. • Ccmiti autem pro recompcn»-
::.-.: «.-^irl: 5;>- i\r.:rrr.. -=>j:;r^:ini Pausemitanx (Panormituc)
urris -Tisir^At. C:t*;2« lur^r:: :r. siLt ptirte casirum ôrmat, urbemque
.•-T. ■:— . j.-:-.:,:-:* jsi^::. \zi jriirjt. ut pli:s «x medietate pocdno-
jurr. w^^. T^TvjiLr::. q.:::r. TT.mj.cum sine compartidpe totius
r r. : : i:. *..* ^u; ùu/.'.jutlc:. r.Is j;: iuc Rocer et (>etit-filsde Roben
GM:5c.-irJ. j;:i.i j.: C'rrte i\:c:r. r.îs iu comte Roger, la moitié de
Pal.rr/.e qu.* <•. n 7<:re *\:: jn:: b:5dee : « meàieutem suam Palermi-
i.ir.x ^.\:',j.i\s j: Mj««^r.i:. ;:: t;ru$ Olihrje eux ille eîdem eomîti
jvr.jssii ::'. i; sur^r h:« ornr.'rus rjxilxum largiretur. » pALOons
L^k-?ivvv.N7^s: (..";*V7:«:^. ^J s^. i:ii. Rohv.uj> ds Salbuts (MG,
S 5 . XIX. ii'i .-ri: ,çr.:T!jr.: : » E: ^u:j prsiictus dux homoerai
I . b>: r- ! s s." : >; •.: jtv.: -• q u ,* >. i br;r j p\: îer.» t nul: libus erogabat, neceMÎiate
.Tjjrjs pr.n^o C.iU'rr:..-r. rr^ soxa^ânu miUibus bisantiomm. pr^
phji:o Ck':r.::; :r, r:ir.orj p?5;::i. postea m.^Jiam civicatem Panomit,
v;-.:.v i*: ■.irj Vjrv,\::ririo poriinobù:. dit veadidit. •
Ai-nc soTv.bîj m;ï.:x ir..vr:r.é lorsque! «:crit jue Taniice (c*eat<^^liie
L'5 N.rr.ir.Js Is l'arTn^ï:^ :.:c Jo::suI:^e au sujet du portage de la
^.;;I: : j j;:;:;: ;:roqi:;.* izi ecfec les Ncnnanda n'avaient pas encore
z:,.i .; r..:c r.r.'.j: '"."..ib.'.ujj ^'clir.' L^rs chcî's. Aimé est aussi seul
.■ r -.:< rrror.ire quj Robert se rcscna h moitié de Messine, Mala-
i.rr> ne pirlc p.is de «.ccie vi'.Io e; \z texte de Fako de BénéTeni, dié
rl-is ha.ti. Jonr.e sur ce p^'int rji&on à Aime,
O >■ no-.:s sup^Tb;» rcsiscit humilibusauiemdat gratiam*. itépit.
de S Pierre. V. 5.
259
empereor qui se clamoit Otte, et ixi lo secont empereour
qui avist nom Otte. Cestui empereor de Rome, o tout lo
exercit de H Todesque de Ytalie et tout son pooir non pot
domer ne abatre la malice de li Sarrazin ; car li païen
vîndrent deçà de la mer contre lui, et pristrent lo empe-
reor, et lo destruitrent lui et sa compaingnie, et tuit si
chevalier, et menèrent li meillor de li Sarrazin en prison
et lor firent damage grant (i). Et autresi li empeor de
Costentinoble combati lonc-temps contre li Sarrasin de
Sycille, et despendi son trésor, liquel estoit acquesté de
lonc-temps, et prist Tynsulle de Sycille, mes en brief temps
la perd i (2). Mes lo duc Robert, liquel estoit si glorioz
en touz ses faiz, en .v. moiz veinchi Palerme ; quar de lo
moiz de agouste passa la mer, et en la nativité de Jshu-
Christ et par la grâce de Dieu tint ce que il veinchi, et
acquesteta continuelment (3). Et ce doit entendre que
(i) II s*agit de Tempereur Othon 11, vaincu près de Cotrone par
les Sarrasins, le 1 3 juillet 982 ; Tempereur né fut cependant pas fait
prisonnier, ainsi que le dit Aimé; il put comme par miracle se sauver
et gagner Capoue.
(2) Michel IV, empereur de Constantinople et l'expédition* des
Grecs en Sicile en io38. Cf. supra f Aimé, II, 14.
(3) Aimé se trompe, ce n*est pas à la Noël de 1071, mais le 10 jan-
vier 1072, que Robert Guiscard est entré en vainqueur à Palerme.
Ainsi on lit dans la Ignoti Barbnsis Chronicon : « Mill LXXII, Indict.
X*, capta est Palermo ab ipso duca, X* die intrante mense Jan ». De
même dans la Lupi Chronicon ad an, 1072 : « mense januarii, die 10,
introivit Robertus dux in Panhormum civitatem Sicilis ». La CAro-
nicon brève Normannicum donne également la date de 1072; c'est
évidemment par une faute de copiste qu'elle porte : mense Junio au
lieu de mense Janua, Cette date du 10 janvier 1072 ne contredit pas
celle que donne Malatcrra; celui-ci dit, il est vrai, que Palerme fut
prise en 1071, mais on sait que pour ce chroniqueur, la nouvelle
année commençait au 25 mars. Au 10 janvier 1072, on était donc
pour lui encore en 107 1.
26o
quant lo duc estoit vif ceste ystoire fu escripte, et puiz
vescut longuement. Et lo nombre de li Sarrazin liquel
furent occis et de ceux qui furent pris et qui furent vendut
non en puet estre mémoire.
Cap. 23. Or se dit ensi l'estoire que puiz que lo conie
Rogicr fu mis en possession de toute la Sycille par la
main de son frère, s^efforsa par lo conmandement de lo
duc de prendre autres cités. Et pensa lo duc les liez espe-
cials des cités; il eslut un lieu molt haut là ou il fist une
forte roche^ et la fist molt bien garder, et la forni de choses
de vivre, pour lonc-temps et a grant abondance (i j. Et
un jour ala par tote la roche, et vit grandissime pala de
li Sarrazin, entre liquel vit Teglize de Sainte-Marie a la
manière d^un four. Et lo duc souspira, quar li palais de
li Sarrazin estoicnt haut, et la cort de la vierge Marie o
laides colors appene apparoît. Et puiz dîst ceste parole :
« Je voil que cest eglize soit abatue > ; et donna molt de
denier pour marbre et pour pierres quarrécs, et molt
honestemcnt la fist rehedifier (2]. Et puiz clama cil de la
cité, et lor conta et dist lo damage quMl avoitreceu, et lor
dist lo nombre de li cheval qu^il avoit perdu. Et se mostra
molt corrocié poiir ce qu^il avoit despendu por prendre la
cité. Et alors ot molt de domps et molt de monnoie, et
(i) Sur cette « forte roche » que fit construire Robert Guitcvd
pour maintenir dans Tobéissance la ville sarrasine, voyez les curieux
détails donnes par Amari {Storia dei Musulmani di Sicilia, t. lU^
p. l'iO s'jq.)
(2) Amari, /. c, p. l 'iijy écrit au sujet de cette église : « Par sîaquesta
la chicsii ili Santa Maria délia Grotta, che i ricordi ecclesiaitîci délit
Sicilia portano fondata da Roberto Guiscardo, con un monattcro
basiliano et con béni ncl tcrritorio di Mizara ; la stessa forse che si
addimanilo poi di Gerusalcmme, cui Tantica stnittura e rornamenio
di mosaici non camparono dalla distruzione a' tempi del Fasello. »
26l
rechut pour ostage li fill del meiilor home de la terre, et
o victoire glorieuse torna en Calabrc. Mes Testoire dît
ensi secont que dit li moine qui ceste ystoire compila que
qui voudroit escrivre la bataille de lo conte Rogier contre
li Sarrazin, que il covendroit faire un livre tout novcU,
liquel seroit un grant volume. Toutes voies a ce que sacent
ceuz qui devent venir après, dist en somme de la bataille
que il ot avec li Sarrazin et avec li Barbarre; mes Payde
de Dieu fu veinceor. Mes cestui moine qui cest livre com-
pila se escuze, et fist bien que sanz celle bataille laquelle
avoit faite avant que se rendist Palerme, de laquelle non
fait mention cest livre, et autresi en fist depuiz lo conte
Guillerme comment se conte en autre livre (i).
Cap. 24. Lo prince Richart, puiz qu^il fu en repos et
en son bon estât, et sans nulle adversité, si come fu dit
desus, donna Aquin a son iilz Jordan. Et se Guillerme (2)
prince avoit passé lo petit feu de Guillerme son gendre,
loquel estoit mort, entra en plus grant flame. Quar autresi
lo fill est contre lo père, quar lo frère de cestui prince et
son fil, c'est Raynolfe et Jordan, trattoient de apeticier
Tonor del prince, et pour ce qu'il avoient rechut de lui,
se armèrent contre lui. Mes lo prince met toute son espé-
rance et toute sa foi en Dieu et en saint Benedit pour avoir
Aquin, loquelle desirroit de avoir. Dont se parti de Capue,
et s'en ala a Aquin, et amonesta cil de la cité, et o.losenge
donna favor a Adenolfe, observant celles coses qui sont
en usance de estre de lo seignor, et ce faisoit-il que non
(1) Cette fin du chapitre est, comme on le voit, bien obscure, bien
mal traduite, quel est ce comte Guillaume ? s*agit-il du petit-fils de
Robert Guiscard, du fils du duc Roger? ce comte Guillaume fut duc
de Fouille de 1 1 1 1 à 1 127. Le traducteur n*a-t-il pas écrit « lo conte
Guillerme » au lieu de « lo conte Roger » ?
(a) Il faut Richard au lieu de Guillerme.
IzL rzsPi '*' iz Ttzizrèt i* la cî:i. Cesnû dos par U potesié
rTî'_::re. \iz-tlt **: et riiri I>Lz et -ustice, cornent jagie
cj riHl: :*r:i poen* :r>DC«ii cocaïc lui. Mes qaeest
r'**:::i£r.e ii ri -5 iir* - Po:îr U ]vi:ssasoe del saint Bc-
nc:: ir:'r^ iu: :rer.: £-ser:bIc la se^gnorie et dignité de
ts'Tt rrftcr. E: 7:1:1 Aienrif? e: Jordan furent désespérés
i* liiii i* A::.::r.. e: cerchtrem de «Toir la grâce de lo
prnre. Mes 1? rrir.re irnna la garde de la rochede Aqutn
a irtre Désiiere. =r bé ie Ment de Cassyn : 1 ;.
Ca?. 25. E: \ia.T,\ \'j prince v:i que la mérite de saint
Ecneil: lu: aiiji: er. :oii:es ses nécessités: car sanz ba-
taille :r.er:".a et cpenir Aquia ; et pour ce qu'il vouloit
rcc:is:re s-jn r:cnas:ier, cla:r.a a soi l'abbé et lui distson
ententîon. quar pour la gloriose mérite de monseignor
saint Benedi:. e: de ii frère li juel estoient en lo saint mo-
nastier. et pour lor proiere s* es* defiendu de ses anemis, et
ot viaoîre de eaux. Et pour ce, il vouloit donner a lo
monastier aucune cose de Aquin, pour lo enforcier par
^i) Tout cet expou est bien confus: Toid, sauf errear, qad eacM
le sens : Guillaume de Mon treuil et Adénulfe, celui-d rcprésenUDt
la v:e;ljc dyr.astic le- m barde ces comtes d'Aquino avaient, luivam la
disposition ic Richard de Capoue, chacun une moitié de la ville et
du comte dWquino ,;f. supra, VII. 6, p. 172, note i). Après la n^
volte et h mort de Guillaume de Montrcuil, le prince Richard donna
à s^jn nls Jourdain la moitié delà ville et du comté d*Aqiûiio devenue
libre par cette mon. Jourdain s'étant révolté contre son père, le prince
Richard accourut a A^i^ino. et comme Adcnulfe lui était resté fidèle,
il luiconna 1c gouvernement ci\*il et judiciaire de la ville ; mais pour
<\\\*i le seignenr lombard ne fut pas tenté de chercher à se rendre
indépendant, il décida quL* le château-fort d*Aquino serait occupé
par les représentants de Didier, abbé du Mont-Cassin. A Tavant*
^lernicrc phrase du chapitre, au lieu de « Adenolfie et Jordan », 0 faut
H Raynolfe et Jordan ■.
263
ystrument ou par tel manière que miex puet estre. Et
quant lo abbé oï et entendi la bone volenté de lo prince,
il fu molt liez et joiant de ceste promission, et lo fist assa-
voir a cil de Aquin, et lor pria pour Dieu que de lorbone
volenté lor plaise a faire ce que lo conte commande. Pre-
merement cil de la cité lui douèrent la grâce a Tabbé de
avoir seîgnorie; et puiz s'en firent gabe et truffe, et se par-
tirent par diverses volentés, et, en la fin, distrent qu'il non
vouloient estre subjecte a home qui porte cocolle, mes a
home qui porte arme. Un jor coment estoit acostumance
autresi coment par paiz, montèrent li citadin sur la roche,
et un moine qui i estoit avec autres homes pour garder la
roche pour lo abbé pristrent, et bâtirent, et chacerent
defors, et il pristrent a garder la roche. Lo prince confor-
toit Tabbé et li moine par ses messages et disoit : « Je non
cerche de vouz lo castel, ne a ceuz a cui je en avoie comise
la cure, mes je lo cerche a saint Benoît, liquellomeavoit
doné. »
Cap. 26. Et puiz que la venjance de Dieu délivra prince
Richart de la perversité de Guillerme, vint a Aquin et
cercha la cité de lo conte Raynolfe et de li citadin, et lour
prometoit de les garder en paiz et en liberté acostumée.
Et prometoit de doner la part a lo conte Adenolfe et a li
frère. Lo conte non lo contredist, et cil de la cité lo firent
volentiers, et ensi donnèrent la cité a lo prince.
Cap. 27. Lo prince et lo abbé Desidere allèrent a la cité
et cercherent la volenté de cil de la cité, et lor demandèrent
pourquoi firent ceste novité; et cil qui estoient de la cité
lor respondirent paroles faussez et vainnes, autresi com-
ment parole asquelles non avoit vérité ne raison. Et di-
soient que la roche vouloient salver a la fidélité de lo
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COMENCENT LI CAPITULE DE LO SEPTISME
Cap. I. Cornent lo prince Richart, pour la proiere deloduc
Robert, manda son fi Hz Jordain a Palerme, et cornent lo fist
torner arrière.
Cap. 2. Cornent lo prince, avec li autre, firent commotion
contre lo duc Robert Viscart.
Cap. 3. Cornent lo duc conquesta Palerme, et coment il
torna pour persécuter ses anemis.
Cap. 4. Coment Guide et Coffre Ridelle présentèrent a lo
duc doi prison, et lo duc les mist en prison.
Cap. 5. Coment lo prince Richart retorna a Capue, et co-
ment lo duc conquesta Antri et La Cysterne.
Cap. 6. Coment lo duc Robert mist lo siège sur la cité de
Cidonie, et prist Ricchart lo neveu del prince Richart, et lo
fist son chevalier.
Cap. 7. Coment lo duc fu malade, et lo pape Alixandre fu
mort, et fu fait pape Heldeprande.
Cap. s. Coment lo pape manda messages a la moillierde lo
duc.
Cap. 9. Coment lo pape manda cerchant lo duc par l'abbé
de Mont de Cassyn, et coment se partirent irés et corrociez
ensemble. /
Cap. I o. Coment lo pape se parti de Capue, et coment lo
duc commensa a persécuter Richart et li filz de Burello, et
quel damage lor fist.
Cap. II. Coment li conte de Aquin se partirent, et dui
furent avec lo prince et .ij. avec lo conte Rogier.
ibt
C\r. 12. Cornent lo pape et Richart et Gisolfe prince
tirent ;)mistiô« et contre lo duc clamèrent en aide Béatrice et
MaihiMe.
Ckw i3. Cornent Gisolfe appareilla pour avoir chevalier,
Cl coiuciit puiz les assembla en lo mont Cymine. Li Pisan lo
ciTchorcnt do occire, et il fouYr la nuit.
iV\i*. 14. Cornent lo duc vint a Bonivent quant lo pape
lo tîst cl.uuer en un jor ordenc, et lo pape non vint a Bo-
ni vciu.
i^\r. I S. Cornent lo duc vint a la padule de Naplc, et fisi
covcnance avec lo maistre de la chevalerie, et lo prince se
appareilla de l'aire contre lui bataille.
C\i\ lô. Cornent il obedirent a lo comandement de lo
abbé IVstd^re de Mont de Cassyn, et ces .ij. tornerent a paix,
et pour la proiere del prince lo duc remez a La Cerre.
(y\r 17. Cornent a jor ordené vindrent a Pice, et que
tirent, et cornent se partirent corrodez.
Cap. 1$. (Arment lo duc pcrsequta Balarde en la dté de
Sùnt-Severe. et Guillermeestoit a lo castel Bellarie, qui ensi
se clame.
Cap. 10. Oe lu largesce de Rogier filz de lo duc Robert.
Cap. io. Coment la ducesse estoit anémie de Balarde, que
en lo infermetc de lo duc se desdaigna de soi faire chevalier
do la main de l\Oi;ier til de lo duc.
Cap. 21. Coment tu chacic Balarde et Guillermc, lo duc
acqucsta S.iint-Severc et chastel Valaire.
Cm\ ii, Coment li chevalier de lo prince pristrent Girart,
et vainchi ceaux qui s*estoient parti de la fidélité soe.
Ckv. y^. Quel terre tenoit li conte de Aquin ; qui estoit de
la part Je lo prince, et celltii qui estoit de la part de lo duc.
Cap. j?. IV la bataille qu'il tirent entre eaux.
Cap. li^. (^ mien t- son tilz Garilione et Robert de Lauritelle
manda a Ki la larde pour lui chacier.
Cap. 27. (Arment dona sa tille a lo iilz del impereor de
Costeniinoble pour moillier, et rechut chascun an tribut de
lui.
267
Cap. 28. Cornent lo roy de li Todesque manda messages a
lo duc Robert Viscart, et cornent lor respondi lo duc.
Cap. 29. Cornent 11 home pacifice aloient et venoient de lo
duc a lo prince.
Cap. 3o. Coment ces seignors font ensemble parentesce.
Cap. 3 1 . Coment fu pris lo conte Transmonde et lo trésor
de Saint-Jehan, et coment lo duc Robert aquesta une part de
la Marche.
Cap. 32. Coment Robert combati contre une diverse gent,
et les veinchi touz et occist.
Cap. 33. Coment li conte Transmunde et 11 autre prison
furent délivré de prison.
Cap. 34. Coment Jordain filz de lo prince de Capue recovra
la grâce et Tamor de son père, et ala sur la terre de Marse.
Cap. 35. De la perversité de Transmunde. Coment Bcrnart
comte de Marse afflixe et destruist son frère liquel estoit
evesque, et ce qu'il lui fist.
Ci finissent li capitule de ,vij, livre.
26o
quant lo duc estoit vif ceste ystoîre fu escripte, et puiz
vescut longuement. Et lo nombre de li Sarrazin liquel
furent occis et de ceux qui furent pris et qui furent vendut
non en puet estre mémoire.
Cap. 23. Or se dit ensi l'estoire que puiz que lo conte
Rogicr fu mis en possession de toute la Sycille par la
main de son frère, s'efforsa par lo con mandement de lo
duc de prendre autres cités. Et pensa lo duc les liez espe-
cials des cités; il eslut un lieu molt haut là ou il fist une
forte roche, et la fist molt bien garder, et la fornî de choses
de vivre, pour lonc-temps et a grant abondance (i). Et
un jour ala par tote la roche, et vit grandissime pala de
li Sarrazin, entre liquel vit Teglize de Sainte-Marie a la
manière d'un four. Et lo duc souspira, quar li palais de
li Sarrazin estoicnt haut, et la cort de la vierge Marie o
laides colors appene apparoît. Et puiz dist ceste parole :
« Je voil que cest eglizc soit abatuc > ; et donna molt de
denier pour marbre et pour pierres quarrécs, et moh
honestcment la fist rehcdiiier (2]. Et puiz clama cil de la
cité, et lor conta et dist lo damage qu'il avoitreceu, et lor
dist lo nombre de li cheval qu'il avoit perdu. Et se mostra
molt corrocié poiir ce qu'il avoit despendu por prendre la
cité. Et alors ot molt de domps et molt de monnoie, et
(i) Sur cette « forte roche » que fit construire Robert Guitcud
pour maintenir dans l'obéissance la ville sarrasine, voyez lei curieux
détails donnes par Amari {Storia dei Musulmani di Sicilia, t. III^
p. i36 sqq.)
(2) Amari, /. c, p. i3(j, écrit au sujet de cette église : « Par lia qucsn
la chicsa di Santa Maria délia Grotta, che i ricordi ecclesîaitici dclla
Sicilia portano fondata da Roberto Guiscardo, con un monastero
basiliano et con béni ncl territorio di Mizara ; la ftessa fone che ù
addimando poi di Gcrusalcmmc, cui Tantica stnittura e rornamento
di mosaici non camparono dalla distruzione a' tempi del Fudlo. »
26l
rechut pour ostage li fill del meiilor home de la terre, et
o victoire gloriouse torna en Calabre. Mes Testoire dit
ensi secont que dit li moine qui ceste ystoire compila que
qui voudroit escrivre la bataille de lo conte Rogier contre
li Sarrazin, que il covendroit faire un livre tout novell,
liquel seroit un grant volume. Toutes voies a ce que sacent
ceuz qui devent venir après, dist en somme de la bataille
que il ot avec li Sarrazin et avec li Barbarre; mes Payde
de Dieu fu veinceor. Mes cestui moine qui cest livre com-
pila se cscuze, et fist bien que sanz celle bataille laquelle
avoit faite avant que se rendist Palerme, de laquelle non
fait mention cest livre, et autresi en fist depuiz lo conte
Guillerme comment se conte en autre livre (i).
Cap. 24. Lo prince Richart, puiz qu'il fu en repos et
en son bon estât, et sans nulle adversité, si come fu dit
desus, donna Aquin a son filz Jordan. Et se Guillerme (2)
prince avoit passé lo petit feu de Guillerme son gendre,
loquel estoit mort, entra en plus grant fiame. Quar autresi
lo fill est contre lo père, quar lo frère de cestui prince et
son fil, c'est Raynolfe et Jordan, trattoient de apeticier
Tonor del prince, et pour ce qu'il avoient rechut de lui,
se armèrent contre lui. Mes lo prince met toute son espé-
rance et toute sa foi en Dieu et en saint Benedit pour avoir
Aquin, loquelledesirroît de avoir. Dont se parti de Capue,
et s'en ala a Aquin, et amonestacil de la cité, etodosenge
donna favor a Adenolfe, observant celles coses qui sont
en usance de estre de lo seignor, et ce faisoit-il que non
(i) Cette fin du chapitre est, comme on le voit, bien obscure, bien
mal traduite, quel est ce comte Guillaume ? s*agit-il du petit-fils de
Robert Guiscard, du fils du duc Roger ? ce comte Guillaume fut duc
de Fouille de 1 1 1 1 à 1 127. Le traducteur n'a-t-il pas écrit « lo conte
Guillerme » au lieu de « lo conte Roger » ?
(a) Il faut Richard au lieu de Guillerme.
262
lui fust tenut Tentrëe de la cité. Cestui doa par la potesté
prétoire, laquelle est de faire loiz et justice, cornent joge
ou ballîf ; ces te poesté opponent contre lui. Mes que est
besoingne de plus dire? Pour la puissance de! saint Be-
noit ambe dui orent ensemble la seignorie et dignité de
estre pretor. Et puiz Adenolfe et Jordan furent désespérés
de Taide de Aquin, et cercherent de avoir la grâce de lo
prince. Mes lo prince donna la garde de la rochede Aquin
a frère Desidere, abbé de Mont de Cassyn (i).
•
Cap. 25. Et quant lo prince vit que la mérite de saint
Bcnedit lui aidoit en toutes ses nécessités; car sanz ba-
taille mérita de optenir Aquin ; et pour ce qu'il vouloit
recoistrc son monasticr, clama a soi Tabbé et lui dist son
entention, quar pour la gloriose mérite de monseignor
saint Benedit, et de li frère liquel estoient en lo saint mo-
nastier, et pour lor proiere s'est deffendu de ses anemis, et
ot viaoire de eaux. Et pour ce, il vouloit donner a lo
monastier aucune cose de Aquin, pour lo enforaier par
(i) Tout cet exposé est bien confus; ^oîd, sauf erreur, quel en est
le sens : Guillaume de Mon treuil et Adénulfe, celui-ci rq^résentint
la vieille dynastie lombarde des comtes d*Aquino avaient, suivant la
disposition de Richard de Capoue, chacun une moitié de la ville et
du comté d*Aquino (cf. supra, VH, 6, p. 17a, note i). Après la ré-
volte et la mort de Guillaume de Montreuil, le prince Richard donna
à son fîls Jourdain la moitié delà ville et du comté d'Aquifao devenue
libre par cotte mort. Jourdain s^étant révolté contre son père, le prince
Richard accourut à Aquino, et comme Adénulfc lui était resté fidèle,
il lui confia le gouvernement civil et judiciaire de la ville; mais pour
que le seigneur lombard ne fut pas tenté de chercher à se rendre
indépendant, il décida que le château-fort d'Aquino serait occupé
par les représentants de Didier, abbé du Mont-Cassin. A Tavant-
dernicrc phrase du chapitre, au lieu de « Adenolfe et Jordan », 3 init
« Raynolfe et Jordan ».
263
ystrument ou par tel manière que miex puet estre. Et
quant lo abbé oï et entendi la bone volenté de lo prince,
il fu molt liez et joiant de ceste promission, et lo fist assa-
voir a cil de Aquin, et lor pria pour Dieu que de lorbone
volenté lor plaise a faire ce que lo conte commande. Pre-
merement cil de la cité lui douèrent la grâce a Tabbé de
avoir seignorie; et puiz s'en firent gabe et truffe, et se par-
tirent par diverses volentés, et, en la fin, distrent qu'il non
vouloient estre subjecte a home qui porte cocolle, mes a
home qui porte arme. Un jor cornent estoit acostumance
autresi coment par paiz, montèrent li citadin sur la roche,
et un moine qui i estoit avec autres homes pour garder la
roche pour lo abbé pristrent, et bâtirent, et chacerent
defors, et il pristrent a garder la roche. Lo prince confor-
toit Tabbé et li moine par ses messages et disoit : « Je non
cerche de vouz lo castel, ne a ceuz a cui je en avoie comise
la cure, mes je lo cerche a saint Benoît, liquellomeavoit
doné. »
dp. 26. Et puiz que la venjance de Dieu délivra prince
Richart de la perversité de Guillerme, vint a Aquin et
cercha la cité de lo conte Raynolfe et de li citadin, et lour
prometoit de les garder en paiz et en liberté acostumée.
Et prometoit de doner la part a lo conte Adenolfe et a li
frère. Lo conte non lo contredist, et cil de la cité lo firent
volentiers, et ensi donnèrent la cité a lo prince.
Cap. 27. Lo prince et lo abbé Desidere allèrent a la cité
et cercherent la volenté de cil de la cité, et lor demandèrent
pourquoi firent ceste novité; et cil qui estoient de la cité
lor respondirent paroles faussez et vainnes, autresi com-
ment parole asquelles non avoit vérité ne raison. Et dî-
soient que la roche vouloient salver a la fidélité de lo
264
prince, et lui vouloient paier lo tribut loquel estoit acos-
tumé chascun an (i).
dp. 28. Lo prince torna a Capue, et appareilla de iaîrc
ost sur lo castel del frère de Raynier, evesque de Gaieté.
Et puiz atornoia lo castel, quar nul fomement de chose
de mengier non i avoit. Et en dui }ors fu tout afamé. Et
cellui chastel se clamoit Sulie (2).
Cap. 2g. Jordain, lo fil de lo prince, assembla chevaliers
et se feinst de aler a Capue. Et quant il vit enter de la cité
de Aquin li buef qui aroient et les berbis qui paissolent,
confortoit li home qui trovoit a laborer, et puiz se endost
emmi de li home et de li beste, et fist une proie^ les bestes
consuma et de li home alcun en vendi a lor parent, et
aucun en retint en prison, et alcun furent mort en la pri-
son. O tu, Aquin ! cestui mal^est venut sur toi ! Et finice
cestc chose, Jordain tint la roche et la cité.
Ci se finis t lo .vj,
(i) ^1 semble donc, d*après ces deux chapitres a6 et »7, qu*à la suite
de Texpulsion des moines du Mont-Cassin/ les habitants d'Aquîno
aient obtenu du prince Richard de garder à leur tête AdénuUe et ses
frères, c'est-à-dire Tancienne dynastie lombarde sauf à « ptier lo
tribut loquel estoit acostumé chascun an. »
(2) Nous savons en effet qu'il y avait au mois de mai 1070, un
comte de Suio du nom de Rénier et que ce comte Renier aviît un
frère qui s'appelait Léon et était évêque de Ga£te;cf. Finnud,
lib. cit.y p. 416, et Ughblli, Italia sacra, t I, p. 434 aqq. — Suio
est actuellement un village de 400 habitants environ, près de Caild*
forte, dans le diocèse de Gaëte.
COMENCENT LI CAPITULE DE LO SEPTISME
Cap. I. Cornent lo prince Richart, pour la proiere deloduc
Robert, manda son fillz Jordain a Palerme, et cornent lo fîst
torner arrière.
Cap. 2. Cornent lo prince, avec U autre, firent comtnotion
contre lo duc Robert Viscart.
Cap. 3. Cornent lo duc conquesta Palerme, et cornent il
torna pour persécuter ses anemis.
Cap. 4. Cornent Guide et Coffre Ridelle présentèrent a lo
duc doi prison, et lo duc les mist en prison.
Cap. 5. Cornent lo prince Richart retorna a Capue, et co-
rnent lo duc conquesta Antri et La Cysterne.
Cap. 6. Cornent lo duc Robert mist lo siège sur la cité de
Cidonie, et prist Ricchart lo neveu del prince Richart, et lo
fist son chevalier.
Cap. 7. Coment lo duc fu malade, et lo pape Alixandre fu
mort, et fu fait pape Heldeprande.
Cap. s. Coment lo pape manda messages a la moillier de lo
duc.
Cap. 9. Coment lo pape manda cerchant lo duc par Tabbé
de Mont de Cassyn, et coment se partirent irés et corrociez
ensemble. /
Cap. 10. Coment lo pape se parti de Capue, et coment lo
duc commensa a persécuter Richart et li filz de Burello, et
quel damage lor fist.
Cap. II. Coment li conte de Aquin se partirent, et dui
furent avec lo prince et .ij. avec lo conte Rogier.
266
Cap. 12. Cornent lo pape et Richart et Gîsolfc prince
firent amistic, et contre lo duc clamèrent en aide Béatrice et
Mathildc.
Cap. i3. Cornent Gisolfe appareilla pour avoir chevalier,
et cornent puiz les assembla en lo mont Cymine. Li Pisan lo
cercherent de occire, et il fouïr la nuit.
Cap. 14. Cornent lo duc vint a Bonivent quant lo pape
lo fist clamer en un jor ordené, et lo pape non vint a Bo-
nivent.
Cap. i3. Comcnt lo duc vint a la padule de Naple, et fist
covenance avec lo maistre de la chevalerie, et lo prince se
appareilla de faire contre lui bataille.
Cap. 16. Coment il obedirent a lo comandement de lo
abbc Desidère de Mont de Cassyn, et ces .îj. tornerent a paix,
et pour la proierc del prince lo duc remez a La Cerre.
Cap. 17. Coment a jor ordené vindrent a Pice, et que
firent, et coment se partirent corrodez.
Cap. 18. Coment lo duc pcrsequta Balarde en la cité de
Saint-Severe, et Guillerme estoit a lo castel Bellarie, qui ensî
se clame.
Cap. 1 9. De la largesce de Rogier filz de lo duc Robert.
Cap. 20. Coment la ducesse estoit anémie de Balarde, que
en lo infermeté de lo duc se desdaigna de soi faire chevalier
de la main de Rogier fil de lo duc.
Cap. 21. Coment fu chacic Balarde et Guillerme, lo duc
ncqucsta Saint-Severc et chastel Valaire.
Cap. 22. Coment li chevalier de lo prince pristrent Girart,
et vninchi ccaux qui s'estoient parti de la fidélité soe.
Cap. 23. Quel terre tenoit li conte de Aquin ; qui estoit de
la pnrt de lo prince, et ccllni qui estoit de la part de lo duc.
C]ap. ib. De la bataille qu*il firent entre eaux.
Cai'. 2Ù. C<^mcnt-^son filz Garilione et Robert de Lauritelle
manda a Balalarde pour lui chacier.
Cap. 27. Coment dona sa fille a lo filz del impereor de
Costentinoble pour moillier, et rechut chascun an tribut de
lui.
267
Cap. 28. Cornent lo roy de li Todesque manda messages a
lo duc Robert Viscart, et cornent lor respondi lo duc.
Cap. 29. Cornent 11 home pacifice aloient et venoient de lo
duc a lo prince.
Cap. 3o. Cornent ces seignors font ensemble parentesce.
Cap. 3 1 . Cornent fu pris lo conte Transmonde et lo trésor
de Saint-Jehan, et cornent lo duc Robert aquesta une part de
la Marche.
Cap. 32. Cornent Robert combat! contre une diverse gent,
et les veinchi touz et occist.
Cap. 33. Cornent li conte Transmunde et 11 autre prison
furent délivré de prison.
Cap. 34. Cornent Jordain filz de lo prince de Capue recovra
la grâce et Tamor de son père, et ala sur la terre de Marse.
Cap. 35. De la perversité de Transmunde. Coment Bernart
comte de Marse afflixe et destruist son frère liquel estoit
evesque, et ce qu'il lui fîst.
Ci finissent li capitule de ,vij\ livre.
268
CI COMENCE LO SEPTIEME LIVRE
Cap. I . Geste ystoire de cestui .vij. livre si nouz dît et
raconte que espessement venoient sur la cité de Parlerme
li Arabi et li Barbare, et faisoient empediment a la victo-
riose bataille de lo duc Robert, et pource il requist et cer-
cha Tajutoîre de lo prince Richart, secont ce quMl lui
avoit promis (i) et creoit qu'il lui deust rendre la mérite
de l'aide quMI avoit fait a lui. Et lo prince manda Jordain
son filzo tout .i).c. chevaliers, et lui commanda qu^îl feist
lo commandement de lo duc, liquel estoit frère de la meie
et son oncle (2). Mes lo prince, avant que son filz passast
la mer, mua conseill, et lui manda disant qu'il tornast a
lo chaste de Saint-Angele.
(i) Cf. supra, l. VI, c. la.
(2) Ce texte est en opposition avec ce qu'Aimé avait dit antérieu-
rement, II, 44. Dans ce passage, Aimé avait avancé que Rodolphe
Trincanoctc, comte d*Avcrsa, avait fait épouser sa soeur à Richard,
le futur comte «.rAversa et prince de Capoue; Rodolphe Trincanocie
étant cousin germain de Richard, celui-ci aurait donc, dans ce cas,
épousé sa cousine germaine. Ici au contraire, nous voyons que Richard
de Capoue a épousé la sœur de Robert Guiscard ; comme Robert
Guiscard et Rodolphe Trincanoctc n'étaient nullement frères, il ne
s'agit donc pas de la même personne. On pourrait, il est vrai, ob-
jecter qu'en 1072, Richard de Capoue avait déjà été marié deux fois,
une première fois avec sa cousine germaine, la sœur de Rodolphe
Trincanoctc, et une seconde fois avec une sœur de Robert Guiscard.
Deux raisons s'opposent à cette supposition ; d'abord la
269
■
•
Cap. 2. Lo prince vit et regarda que lo duc avoit
a Palerme molt empediment, pensa de faire commotion
contre lo duc, et fist ligue avec duî frères, c'est avec
H fill de Piètre de liquel un avoit nom Piètre et l'autre
Falgutce, et les manda pour faire damage a lo duc et
levèrent li chastel a li fidel soe (i). Et a ceste liga au-
canonique du xi* siècle, très sévère pour interdire les mariages entre
consanguine, n'aurait pas toléré un mariage entre cousins germains.
De plus, nous avons des chartes du prince Richard, écrites en loSg,
io65, 1066, à une époque où il était depuis longtemps marié avec
la sœur de Robert Guiscard ; dans ces chartes, qui confirment diverses
donations ^tes au Mont-Cassin, le prince dit qu'il fait de telles lar-
gesses pour le salut de l'âme de ses parents défunts, et U énumère
ces parents, Robert, Asclitine, Rainulphe et un autre Rainulphe son
oncle, comte d'A versa en son vivant ; dans une énumération de ce
genre, il aurait certainement rappelé le souvenir de sa première
femme, s'il avait été veuf avant d'épouser la sœur de Robert Guis-
card (Cf. Gattola, Accessiones ad hist, Cassin., t. I, p. 161, i65,
166). L'assertion d'Aimé, II, 44, est donc erronée.
(i) Q.uels sont ces fils de Pierre dont parle Aimé et qu'il nomme
Pierre et Falgutce ? Il s'agit des descendants d'Amicus et voici la
généalogie de cette famille en 1072 ; elle fait voir qu'il y a une erreur
dans ce que dit Aimé.
AMICUS.
Gauthier Pibrrb I oa Petromb.
X043. Comte de Civiute. 1043. Comte de Trani. -f- avant 1063.
Amicus, Gbffrot. Pibrrb II,
Comte de Giovenazzo. Comte de Tarente, Comte de Trani.
avant 1072.
RiCBARD.
Sur les preuves de ce tableau généalogique de la famille d'Amicus,
voyez Du Gange, in Alexiact., /. c, p. 200, et G. Weinreich, De con-
ditione Italiœ inférions Gregorio septimo pontiflce, p. 47, — Une
charte dos archives de l'abbaye de la Gava (Arm. II, Q, no 28)
montre l'exactitude de cette généalogie, en voici le résumé :
« Petronii comitis Tarenti quondam Petronii magni comitis filii
diploma, subdatum per manus Pétri prothonotarii Tarenti, anno 1 072,
quinto anno imperii. Domino Romano Diogeni sanctissimo imperatore
270
tresi autre anemis de lo duc corrureut, c^est Balalardc
et Robert Arenga (i), et dui vont en Calabre pour
offendre a li cose de lo duc; et toutes foiz li duc avoit en-
richi ces .ij. en Calabre de villes et de cités. Et li prince
Richart observa Canini (2); li fil de Pierre et Her-
nostrOy mense mngio, indictione dccima. De donatione ecdesiK S.
Gcorgis (sic) de Tarento loci Gualda cum fovets et aquariiSy cum que
aquatico, glandatico, hcrbatico et terratico ac omnibus juribus et
bonis suis, tinibus dcsignatis, liccntia et assensu Riccardî coœitis
ncpotis ac scnioris a. Cette phrase du document : « Quînto an do Un-
perii Domino Romano Diogeni sanctissimo imperatore nostro » par la-
quelle Pétrone ou Pierre reconnaît la suzeraineté derempereurd*Orîent
sur Tarente s*explique parce que, en 1072, Pétrone était en guerre
ouverte avec Robert Guiscard. Nous savons donc qu'en 107s, Gef-
froy, fîls de Pierre I, était mort et que son fils Richard, alors mineur,
était sous la tutelle de son oncle Pierre II, comte de Tranî, et régent
du comté de Tarente. De la famille d*Amicus, il restait encore à cette
époque, sans compter Pierre II et son neveu Richard, Amicus, comte
lie Giovenazzo et fîls de Gauthier, en son vivant comte de Qvitate;
c*est évidemment celui qu*Aimé désigne sous le nom étrange de Fal-
f^utce, mais ce Falgutce n*était pas, comme le dit Aimé, fila de
Pierre I, il était fils de Gauthier ; il n*était pas non plus frère de
Pierre II, il était son cousin germain.
(1) Balalarde ou Abagélard, fils du comte Umfiroy, cf. supra,
I. V, 4. — Robert Arenga, ami de Robert Guiscard avant qull ne
fut comte de Pouillc ; Guillaume de Pouille écrit, en parlant de
Robert Guiscard, 1. II, v. 35^ sqq.
'• Comes hac regione vocatus
Est, et ab his h:)bitus, pnesertim quos comitati
Sunt équités aliquot ; Torstenius dicitur unus
Alter Arenga. »>
(2) Malgré Tupinion opposée émise par Baist {Forschtmgem f«r
d. Gcschichtc, t. XXIV, p. 3 29), je serais porté à croire que ce Ca»
nini ou Canne, car plus tard le traducteur d*Ainié emploie cette
seconde forme, désigne Canosa-<li-Puglia, c*est-à-dire la ville ToUine
du célèbre champ de bataille de Canne qui vit, en a 16 av. J.-Ct la
défaite des armées romaines et le triomphe d*Annibal.
271
mande (i), avec li sien prince et chavalier habitant a
Trane (2) et o espesse proie, donnent afliction a li camp
de li duc. Et toutes voiez, li corage ne la bone volenté de
lo duc non se mua pour ceste subite adversité, ne se
parti de prendre Palerme, esta soi sans paor et atent de
Dieu que doit entrevenir ace qu^il puisse la cité prendre,
et a li anemis rendre change de ce qu^il lui ont fait; quar
puiz, par la grâce de Dieu, qu'il ot prise Palerme, il s'en
vint en Calabre et non se cura des choses petites, mes cerca
de mètre main as cités de li plus grant. Et premerement
mist siège sur Trane, ou estoient li fill de Pierre et Her-
mane, liquel en poi de jors o grant famé et diverses afflic-
tions la destraintrent, et furent li seignor constraint de
fouir. Et cil de la cité lui rendirent la cité (3). Et depuiz
Puglia est à l'ouest et à une faible distance de Trani et, comme nous
allons le voir, c'est surtout Trani et une partie de la Fouille qui
était le quartier-général des révoltés ; il semble donc superflu de
chercher dans les environs de Capouc un Canini tout à fait hypothé-
tique.
(i) Hermande était le firère utérin d'Abagélard; GuaLAUME de
Fouille écrit à son sujet, IV, v. 53o sqq. :
« Rex (pour rector) crat his genitus génitrice Hermanus eadera,
Unfredi fuerat qua fîlius Abagclardus.
Non tamen unus eis pater extitit. nia duobus
Est sociata viris ; miles praedarus in armis
Frater uterque fuit. »
(2) Trane ou Trani, sur l'Adriatique, entre Siponto et Bari, l'antique
Turenum ; Trani compte encore aujourd'hui 26,000 habitants.
(3) On voit que d'après Aimé, Trani ne résista que peu de jours
aux armes de Robert Guiscard ; Guillaume de Fouille qui a également
parlé de ce siège de Trani, 1. III, v. 354 ^^m dit au contraire qu'il
dura cinquante jours. Mais l'Anonyme de Bari montre que sur ce
point Aimé a raison contre Guillaume de Fouille ; on lit en e£fet dans
l'Anonyme, ad an. 107 3 : « ibit ipse dux et obsedit Trane per terra
et mare in mense Jan. Et secundo die intrante Febr, fedt cum ipso
272
vint sopre Quarate (i), et secont la costumance la ferma
de chastel et de fossez, et asseia la cité de toutes pars. Et
commanda que ii tribuque et li autre estrument liquel
avoitlessicz a Trane por prendre la cité, doient venir.
Cap. 3. Et Guide frère carnal de la moillîer de lo duc,
liquel il avoit avec lui pour l'amor de sa soror, requist
licence et chevaliers de lo duc qu^il lo laisse aler a Trane.
Et lo duc lo fist acompaingnier de Goffiroy Rindielle, et
de Raul frerc de Robert da Ravitelle (2), o tout ses che-
valiers. Et quant il vindrent a Trane, il regardèrent a li
mur de la cité, et oîrent une grant crée envers la cité.
Quar Pierre et Hermande o tout lor chevaliers estoient
venut, et avoiént pris li chevalier et liquel estoient venut
pour porter li tribuc a lo duc. Mes Guide avec sa gent
liucc. » Si le siège de Trani commencé en janvier était terminé dès
le 2 février, il est bien évident qu'il n*a pu durer cinquante jours.
Remarquons aussi que dans TexposéquMl fait de cette guerre, Guil-
laume de Fouille est très incomplet, il ne parle que de la révolte de
Pierre, comte de Trani et d'Amicus, comte de Giovenazzo contre
Robert Guiscard. Le poète suppose que Robert Guiicard a vu de
très mauvais œil que Pierre de Trani ne soit pas venu en Sicile
prendre part à rexp<^dition qui s'est terminée par la prise de Palerme,
aussi, après son retour sur le continent, le duc demande à Pierre de
lui livrer la ville de Tarente, le comte refuse et ce refus eit la cauie
des hostilités. Guillaume de Fouille ne dit donc rien de Richsid de
Capoue, d*Abagélard, d'Hermann, ce qui s'explique comme le dit
Hirsch, /. c, p. 3 1 1, parce qu'il n'a eu à sa disposition que des docu*
ments concernant la Fouille. Four le récit de ces divers érénements,
Aimé est un guide plus sûr et plus au courant.
( I ) Probablement Corato, à 1 7 kilomètres au sud-est de Trani; c'est
près de Corato que l'empereur Frédéric II fit construire pliu tard
son célèbre « Castcl-del-Monte. »
(2) Sur Guide ou Gui, beau-frère de Robert Guiscud, cLâtg^rû,
la dernière note du c. 19, 1. VI. — SurGeoffroi Ridelle» cf. SUfra,
1. V, c. g, note.
273
secorut celle gent liquel estoient pris, et les délivra de
prison et li irebuc, et prist Pierre et Hermande, et les
manda prisons a lo duc, etcestui duc, pour ceste victoire,
fu molt alegre pour la turbation de ses anemis. Et conois-
sant que de Dieu tout-puissant venoit ceste victoire, il loa
Dieu et magnifica pour ce qu'il avoit victoire de ses ane-
mis, et puiz manda en prison Hermande a Ramppolle ( i ) ,
et Pierre alaen prison a Trane. Et quant cil qui habi-
toient a la cité de Quaraie virent lo péril de lor seignorie
et la prospérité dél duc Robert, ovrirent la porte et rechu-
rent lo duc en la cité de lor bone volenté, et li duc leva a
li chevalier de Pierre li cheval et arme qu'il trova dedens
la terre.
•
Cap. 4. Et quant lo prince Richart vit la puissance de
Dieu contre lui, il laissa Canne et retorna a laseciirissime
cité de Capue. Et li duc atorniant tuit et regardant as cités
de ses anemis, se combati pour eaux destruire et manchiçr
lor honor. Il mist lo siège soe sur André, laquelle il prist
en petit de temps; et quant il ot prise André, il s'en vint
à La Cysterne (2). Mes iluec non lui fist besoingne de
fichier paveillon nededrecier trebuc, mes firent unegrate
de bastons ou de junchi, et la metoient Piètre loiés, lo sei-
gnor de celle terre, a ce que cil a qui jetoient li chevalier
de pierre, venissent sur lo seignor lor, dont cil de la cité
non pooient defiendre la cité sans la mort de lor seignor.
( I ) Rapolla, à 6 kilomètres au sud de Melfi ; c'est maintenant une
petite ville de 3 à 4,000 habitants ; sa situation et ses environs sont
des plus pittoresques.
(2) Andria, entre Canosa-di-Puglia et Trani ; la ville compte actuel-
lement près de 40,000 habitants. — Faut-il voir dans « La Cysterne »
d'Aimé, la Torre délia Cisterna au nord et à quelques kilomètres de
Melfi?
18
r,. r'.-rrt rr:.t â c- zt .= cl'^ 3-e soi: rendue la âté au
i»r t- 't. —^'trt :-r i lu: scî: salrée la vite : et ensi
:-:;-: =r_ ::r.::-;e .; c-?'.iiicr « ceux de la cîiê. El lo fil
- : r.-.:= — ; :r le Cvj-.rr-r. lâôuclle un grani temps tint lo
C^-. :. E: riii. :-r:e<:f rbcze :u fahe, si comme nouz
L'iTS :,f 1-.: z\- '.. iz: Rrr-i-r: vou!o:::och:erlo chiet de
:r5:f rri^ := zz z.-^t :in:re 1rs c::rf de lo prince, liquel
iv:!: f5= :>r:*v = -:.T.=:r.: ic- la rna'îce laquelle avoit esté
:i.'t 1 !. i-: 'Rzzir.. L: ijcRoben acressoît chascun jor
sî zT.t'z'itz.z. E: ^* = t: r:*5i sîe^e devant la cîtê de Cvdo-
r.e 1 . : j. tî.z.: ^ irzi'.r. \:> r.!î del rrince Ricchars avec
I: ii.r c.-.iVj.. , r;ir. rr-iil =n la ba:aîîle la mente soc a lo
i-j. cl icjTcr.*:.!: fill.cl'.er-.cri: la ciiê. Et lo duc moli
>i*;t.T.=ri: jî :: -:ti r-rs xexi: varies et dedendoît lo en-
•j-î: e: 1. iisi: St la cl:ê. e: ensi qu'il non porent avoir
aiic ^e nwll;: r^n c:l eu: es:oieni dedens la cité. Et un
j j: Se cl^rr.ji: R:j/.^r: nlzie b irere de lo prince Richan,
je l.q Jcl rs.^i: Celle c::ê. e: mûli de autres venoit pour
parler a Jordaiii scn cosin. e: creoîi venir secur pour ce
Cu*;l Navc:: la voie. Méser«cj:iira li anemiz, et fu pris et
:'j rr.i:z\é a I:* Juj. et fu c^&axîné de lo duc et mis en pri-
s^ n. Mè>lu:. p.r cr ^u'il non vouloit venir a tant de
r.-iiserj. la wrvii la .quelle lui avoi: donnée lo prince rechut
de la main de b duc. et lui donna son frère carnal pour
os:ac;e. et tu ûit son chevalier de lo duc, et son home, et
lini sa terre de lui 3 .
{!' C\>sT->.-':r? Rij'n^ir.i. prince de Capoue, qui avait fomenté 11
<ï "La cite JcCvJonie > ^ésiene sms doute la ville de
siiucj au nord-ojjsi Je .M.^lrï, au sud de Candela et dans le
de Torre d^lla O.sterna.
vi- Nojs ne cunnaissuns que par .\imé ce Richard, seigneur de
275
I
Cap. 6. Etpuiz que cestui Richart fu conjoint avec li
chevalier de li duc, ala li duc envers Canne, laquelle
aviein que soit de grant nomée, toutes voiez est molt
necessitouse de aiguë. Mes puiz que fu assegié, mes pour
ce que il non plut et non pooient avoir aiguë, en brief
temps fu prise pour defaute de aiguë, quar non avoit en
li cysterne, et pour ce fu rendue a lo duc, et pour ce li
compaingnie de cil de la cité vindrent a loduc. Et dedens
de la cité avoit molt de chevaliers de Hermande, a liquel
furent levé li chaval et li arme, et lor fu donné licence
d'aler en quel part qu'il voudroient (i).
Cap. 7. Et puiz lo duc, quant il estoit en Trane, après
ce qu'il avoit faites molt de victohes et de triumphe, fu
visité de infermeté de Dieu,^et vint en tant de débilité
que partout se dîsoit qu^il estoit mort. Et por ce que il
creoit qu'il lui alegeroit de sa maladie, s^en ala a Bar, et
la fu plus agrevé de la maladie. Mes puiz après petit de
jors, cellui Dieu qui Tavoit visité lo délivra. Il estoit en-
commencié un poi a amender, et lui paroît espérance de
avoir santé, et la false famé, laquelle estoit alée jusque a
Rome de la mort de lo duc, retorna voire et annoncia la
mort de lo pape Alixandre, et cornent estoit fait pape Hel-
deprande archedyacone (2).
Lacedonia et fils d*un frère du prince Richard de Capoue ; Aimé est
également seul à parler d'un frère de ce seigneur de Lacedonia.
(i) Les événements mentionnés par Aimé aussitôt après la con-
quête de Canosa-di-Puglia, c'est-à-dire la maladie de Robert, la mort
d'Alexandre li et l'avènement de Grégoire VII, semblent indiquer
que Canosa a succombé à la fin de 1072 ou au commencement de
'073. \
(2) Le pape Alexandre II est mort le 20 avril 107^^ et deux jours
après, Iç 22, Uildebrand (HeldepranJe) lui a succédé sous le nom
de Grégoire VU.
274
El Pierre proia a cil de la cité que soit rendue la cité au
duc en tel manière que a lui soit salvée la vite ; et ensi
furent en concorde ii chevalier et ceux de la cité. Et lo fu
donnJc la cité deCysternc, laquelle un grant temps tint lo
duc, quar molt l'avoit dcsirrée.
Cai>. 3. Et puiz queceste choze fu faite, si comme nouz
avons devant dît, lo duc Robert vouloitiochicrlo chîef de
cestc malice i ;. et alcr contre les cités de loprînce^ lîquel
avoit este commencement de la malice laquelle avoit esté
faite a lo duc Robert. Li duc Roben acressoit chascun jor
sa chevalerie. Et ala et mîst siège devant la cité de Cydo-
nie \2], ou csioit Jordain lo iîll del prince Kicchars avec
li sien cheval ; bien rendi en la bataille la mérite soe a lo
duc, et defTcndoIt sollicitemcnt la cité. Et lo duc molt
sagement de toutes pars metoit gardes et deffendoit lo en-
trer et lo issir de la cité, et ensi qu'il non porent avoir
aide de nulle part cil qui estoient dedens la cité. Et un
qui seclamoit Richart filz de lo frère de lo prince Richan,
de loquel estoit celle cité, et molt de autres venoit pour
parler a Jordain son cosin, et creoit venir secur pour ce
quMl savoit la voie. Mésenconira li anemiz, et fu pris et
fu mené a lo duc, et fu examiné de lo duc et mis en pri-
son. Mes lui, por ce qu'il non vouloit venir a tant de
misère, la terre laquelle lui avoit donnée lo prince rechut
de la main de lo duc, et lui donna son frère carnal pour
ostage, et fu fait son chevalier de lo duc, et son home, et
tint sa terre de lui (3).
(i) Cest-à-ilire Richard, prince de Capoue, qui avait fomenté b
rébellion.
(2) « La cite deCydonie ■ désigne ftuns doute la ville de Lacedooia
située au nord-ouest de M.:1H, au sud de Candela et dans le voiaîaage
de Torre della Cisterna.
(S) Nous ne connaissons que par Aimé ce Richard, seigneur de
275
Cap. 6. Et puiz que cestui Rîchart fu conjoint avec li
chevalier de li duc, ala H duc envers Canne, laquelle
aviein que soit de grant nomée, toutes voiez est molt
necessitouse de aiguë. Mes puiz que fu assegié, mes pour
ce que il non plut et non pooient avoir aiguë, en brief
temps fu prise pour defaute de aiguë, quar non avoit en
li cysterne, et pour ce fu rendue a lo duc, et pour ce li
compaingnie de cil de la cité vindrent a loduc. Et dedens
de la cité avoit molt de chevaliers de Hermande, a liquel
furent levé li chaval et li arme, et lor fu donné licence
d'aler en quel part qu'il voudroient (i).
Cap. 7. Et puîz lo duc, quant il estoit en Trane, après
ce qu'il avoit faites molt de vicioJres et de triumphe, fu
visité de in fermeté de Dieu,^et vint en tant de débilité
que partout se disoit qu'il estoit mort. Et por ce que il
creoit qu'il lui alegeroit de sa maladie, s^en ala a Bar, et
la fu plus agrevé de la maladie. Mes puiz après petit de
jors, cellui Dieu qui Tavoit visité lo délivra. Il estoit en-
commencié un poi a amender, et lui paroît espérance de
avoir santé, et la false famé, laquelle estoit alée jusque a
Rome de la mort de lo duc, retorna voire et annoncia la
mort de lo pape Alixandre, et coment estoit fait pape Hel-
deprande archedyacone (2).
Lacedonia et fils d*un frère du prince Richard de Capoue ; Aimé est
également seul à parler d'un frère de ce seigneur de Lacedonia.
(i) Les événements mentionnés par Aimé aussitôt après la con-
quête de Qinosa-di-Puglia, c'est-à-dire la maladie de Robert, la mort
d'Alexandre II et l'avènement de Grégoire VII, semblent indiquer
que Canosa a succombé à la fin de 1072 ou au commencement de
1073. 3,
(2) Le pape Alexandre II est mort le 20 avril 107^ et deux )ours
après, Iç 22, Uildebrand (HeldepranJe) lui a succédé sous le nom
de Grégoire Vil.
2-jC
Cap. 8. Puis que fu ensi alée la fama de la mort del
duc Robert jusque a Rome, vint un message loquel non
venoita lo duc pource que estoit réputé pour mort, mes
vciioit a la moillier. Kt portoit cest message : < Une grant
dolor sans remède est venue a la sainte eclize de Rome, la-
quel dolor a leissic la mort de lo karissime fil de la sainte
ei^lizc, lo duc Robert, dont li cuer de H cardinal et de tout
lo collcf^e et tout lo sénat de Rome sont molt dolent de la
soc mort, volant la soe ruine et testificant de avoir perdu
lo accrcssemcnt de lor paiz. Mes a ce que sache la toe no-
blité la bcnivolcnce de misire lo pape, de quant amor et
pcrfeaion estoit vers lo marit vostre, portes lo sien filz a
ce (|uc o la ordination de la sainte eclize receve o la main
de Tcglize les coscs que tenoit lo père de lui anceisor
pape ». Lo duc, avieingne qu'il non estoit encoire bien
gari, toutes voicz pour lo gratiouz mandement nendi
grâces a lo pape et li promist de lo servir fidèlement (i).
CIap. o. Kt puiz que lo pape sot la vérité de la santé dd
duc, commanda a lo Icgat quMl tornast ariere et die a lo
duc qu'il vieingnc parler a lui a la cité de Saint-Ger-
main (2], et lui die coment liez et joiant de sa santé. Et
lo il lie non lent ne pigre, mes manda de toutez pars et
assembla ses chevaliers, et garni de grant excercit, et s*en
ala Rapulle (3) et atendi lo message de lo pape. Et lo
pape mua sentence, et manda frère Desidereabbé (4) qu^il
(i) I^n it Tnicre phrase Je la lettre de Grégoire VU est bien ca
harmonie avec les principes de ce pape : aussi, quoique roriginal de
1.1 missive pontificale soit perdu, peut-on présumer qu'Aimé nous
en a fidèlement conservé le sens.
(2) San-Gennano-Cissino, au pied du Mont-Casttn.
(i) Rapulla au sud et à une fiiiblc distance de Melfi.
(1) Didier, abbé du Munt-Cassin, cardinal de Téglise romaine.
277
devist venir a Bonivent ou il pape estoit venut (î). Et lo
duc s'acompaingna avec Tabbé, et vindrent ensemble a
Bonivent , et defors de li murs sont estendut li paveillon
et li ostel furent appareilliez la ou li duc et li sien dé-
voient hergieret fu rechut pacifiquement; et lipape înfre
li mur de la cité fu miz en lo plus grant palaiz, et reser-
vant soi et la apostolique dignité, il saint père pape manda
messages a lo duc que il doie venir a lui ; et lo duc, pour
garder soi de la malice de cil de la cité, proia lo pape que
non venist a lui comea Robert, mes a sa fidélité; et con-
tresterent en ceste manière ; non vouloit prime de honor
li autre non vouloit doner occasion de injure ou de contu-
melie, et encontinent discorde fu entre eaux et maie
volenté et grant ire (2).
«
Cap. 10. Ceste ystoire dit ensi qup quant cestes paroles
orent ensi esté entre lo pape et lo duc Robert Viscart, lo
(i) Grégoire VII entra à Bénévent le 2 août 1073 ; Chron. S. Bé-
nédictin MG. SS., t. III, p. 2o3; il venait du Mont-Cassin , PrrRr
DiAcoNi Chron, Casin., III, 36.
(2) Est-ce vraiment une question d'étiquette qui a amené entre
Grégoire VII et Robert Guiscard cette rupture qui a duré plusieurs
années, entraînant pour Tun plusieurs sentences d'excommunication
et pour l'autre de graves embarras et les complications les plus
inattendues. Le dissentiment entre le pape et le duc avait évidem-
ment des racines plus profondes ; en réalité, Robert Guiscard ne
voulait en aucune façon être Thomme-lige de Grégoire VII, un ins-
trument dans sa main. Il savait le pape très lié avec Gisulfe de Sa-
lerne. Ainsi, après son avènement à la papauté, il avait écrit à Gisulfe
une lettre très amicale, et comme Robert Guiscard méditait de
s'emparer de Salerne et de dépouiller complètement Gisulfe, il vou-
lait avoir la main libre de ce côté. En devenant le vassal soumis du
Saini-Sicgc, Robert aurait dû aussi arrêter ses continuels empiéte-
ments vers l'Italie centrale, et cette perspective lui (déplaisait
également.
278
pape irez et corrociez se parti de Boni vent, et s>n ala à
Capue pour donner favora lo prince Richart, lequel estoît
ancmi del duc Robert f i). Et lo duc, cornent qu'il fust de
haut cuer, pour révérence de lo pape, c'esi-à-dîre pour
despit, fist appareillier lo exercit soe pour segoingnier lo
prince. Cornent premerement vint a Benafre, H fil de Bu-
rcUo ' 2) , liquel se estoient partut de la fidélité de lî prince,
lui vindrcnt pour nuire, et firent covenance ensemble avec
lo duc, et lo duc fu molt aiegre de ceste amistié, quar en
sa chevalerie non avoit grâce de coses de vivre et accres-
sement de chevalerie. Et cestui fillz de Burell furent fait
governcour de Tost de lo duc, et devisent la voTe lor, et lî
chastcl liquel non estoient bien garnit ne bien fort,
liquel cnsi cornent estoient pris estoient ars, et de
là s'en vont a Capue. Et en la confin de la conté de
Talloiz, et en lieu qui se clame Plomeresco (3), mistrent
li paveillon. et o feu et o proie ardirent toutes les villesde
iluec cntor. et puiz vinJrent a la Padulle après de Cano-
villc =4'. plene de villes et de bestes, et garnie de aiguez
profonJissimos, et ardent les maisons et metent tout a
(i) Ix premier Jociiment que Grégoire VU date de Capoue est
lin i" septembre 1071^ et le dernier du i5 novembre de la même
annc.; ; cf. Jaki e-Loewfnfeld, Rcgtsta Pontif, roman., ii«» 4790-
4802.
[2) \'enafro ^Benafrc), au sul-cst et à peu de distance du Mont-
(Jnssin, sur la rive droite du haut Vulturnc. Quant aux fils de Bord
Ji fil d'j H:ir.-Ilc), c\-tnient des seigneurs très actifs, très entrepre-
nants, dont les p.i^scssi'^ns étaient situées dans la vallée du haut
>ani;!i»; plus^.urs fuis dcjj il a ctc question d*eux.
(.<; Il s'acit Àans doute du crmtè de Tagliaco7zo ; la petite vïiVi de
Ta,uliacti/.zu cii .m nord du l.ic Fucinii, Jn plein c»-ntre de Tlialit: ei
à l\:.l do J^omc.
[.]) 11 ne s'agit pas cvidjmmcni de P,.dula au sui d« Putenza en
(l.dabre, au>si ne s.iit-on où retrouver « la Padulle aprcs de
Can«.i\ille. »•
279
proie^ et toutes coses qui estoient après Capue consumèrent
o crudele destruction. Et puiz vindrent desa de lo ripande
rippe de Garigiane (i), et illec estendirent lor paveillons,
et la terribile poesté de lo duc metoit paour a tout home,
et constreingnoit cil de entor de obedir a son coman-
dément. Et cil de la cité de Trajetteetde Suie (2) donerent
la cité a lo duc avant qu^il i venist a eaux, et rechurent
pour seignor lo frère delduc Rogier. Et puiz passa par la
terre de Saint-Benedit (3) laquelle il serva sans nulle
lésion cornent temple de Dieu. Et puiz atornia Aquin, et
s^effozsa de la prendre, et cercha de passer par lo cors de
Taigue. Mes quant il vit que non se pooit prendre, lui fist
damage quant cotne il pot, et puiz s^en parti (4].
Cap. 1 1 . Adont estoit doute a lui de dui avènement de
ces dui qu'il dévissent vainchre, li conte de Aquin furent
divisé, quar Adenolfe et Landolfc rémanent en lo service
de lo prince ; mes Pandulfc et Lande s'acosterent a Ro-
gier^ a liquel, puiz qu'il lui orent fait sacrement, li près*
terent li castel qui se clame Vicablanche. Et habitarent
ensemble en un autre chastel liquel se clame Insuie. Et lo
conte Rogier lessa de ses chevaliers avec eauz pour garder
(i) Le Garigliano ou Tantique Liris, qui déverse ses eaux dans le
golfe de Gaête.
(2) Les petites villes de Traetto et de Suio, sur la rive droite et
près de Tembouchure de Garigliano. Aimé dit que ces deux villes
reçurent pour seigneur Roger, frère de Robert Guiscard ; il s*agit de
Roger, le grand comte de Sicile, dont nous avons raconté \es exploits
contre les Sarrasins.
(3) Les terres du monastère de S. Benoît sur le Mont-Cassin.
(4) La Chronique du Mont-Cassin, par Pierre Diacre fait allusion
à l'attaque d'Aquino par Robert Guiscard ; on y lit : « Quando venit
(Robertus dux), super Aquinum misit hue (au MonC-Cassin) 5oo
bizanteos. » Chronicon Casin. auctore Petro, 1. iU, c. 58.
28o
Ysole et pour faire damage a Aquin. Et un abbé de
Saintc-Eufame, qui se clamoit Robert^ garda o tout li che-
valier soe Vicablanche^ loquel s'efforza continuelment en
divers lieuz de faire damage a lo prince. Et puiz furent
ordenées celles cosez et li chastel furent apareîUîez et
forniz, et puiz lo duc Robert, avec son frère et avec son
exercit, s'en torna en Puille (i).
Cap. 1 2. Et en cellui temps, lo pape avec lo prince Ri-
chart firent ferme et grant amisté et ligue, etautresi avoit
fait lo prince de Salerne, et cerchoient tout coment îl por-
roient chacier lo duc et son honor et de la terre (2). Et lo
pape ala a Rome et comensa a emplir a son pooir ce qu'il
avoit comencié et ordené. Mes que non trova home en
son aide, cercha adjutoire de fame^ et manda adonc mes-
(i) Gattola (ad historiam ahbatice Cassinensis AccessioneSf t. I,
p. 188, in-folio, Venise, 1734) a inséré une charte du mois de février
10S2 par laquelle ces mêmes quatre comtes d'Aquino, Adénulfe,
Landulfe, Pandulfc et Lando, fils de Jean Lande, comte d'Aquino et
de Sicelgardn, son épouse, font une donation au Moni-Casûn ;
Aimé connaissait dune exactement la composition de la fismiUe des
comtes d'Aquino. Le « Rogicr » dont il est question dans ce chapitre
doit toujours s'cntcn Jrc de Roger le grand comte de Sicile. Le nom
de « Vicablanchc » est peut-être uhe traduction française défectueuse
de \'icalvi, non loin et à Test d*Arpino; quant à Ysole, que le tra-
ducteur d'Aimé appelle aussi Insulc, il s*agit sans doute de la petite
ville désignée aujourd'hui sous le nom d*Isola del Liri, au sud de
Sora et à Toucst d'Arpino, dans une île formée par deus bras de
Liris. Enfm, ^e RijbLTt, abbé de Saintc-Eufame est Robert de Gren-
t;:mesnil^ abbé de Santa Eufcmia, sur le riv;tge occidental de la
Calabre : au chap. a du Vlll* livre, Aimé parle de lui assez longue-
ment, il ser.i temps .il(»rs de Tctn lier de plus près.
(2) Voyez dans le Grf.gorii VU RegisL t, 21, Mon. Gregor.,
p. '?»') Se]., éd. Jafke, le serment de fidélité prêté par Richard de
Capouc entre les mains de Grégoire VU, le 14 septembre 1073.
28 1
sage a Beatrix et sa fille Mathilde (ij, et li fait assavoir
Toccasion pour quoi voloit lo pape qu elle venist parler a
lui (2). Et ceste, pour la foi parfaite de saint Pierre, et
pour Pamour de carité qu'elle avoit en lo vicaire de Dieu,
puiz qu'il orent oï cest mandement de lo pape, non tar-
gerent de venir a lui, et s'appareillèrent de faire la volenté
de lo pape. Et promistrent lo don de amener .xxx. mille
chevaliers. Et pour faire lo plus ferme de la victoire lui
en prameioit entre li .xxx. mille .v.c. Todeschi. Et lo
pape respondi : « Li petit villissi me Normant o .xx. mille
homes les poons assaillier et vaincre se Dieu plaist, quar
aurons aide de lo prince Richart et de ceus qui habi-
tent en cel^e part, et si serons deffendu de Tajutoire de
Dieu et de li apostole (3). » Et li noble famés respon-
dirent : « Et se nostre gent que nouz vouz avons promis
foyent devant li anemis, non seroit sans grant vergoingne,
quar diroient la gent : Li famé cerchent les cosez qui non
apartienent a elles, digne choze est qu'il aient vitupère,
quar vouloient faire cornent li principe faisoient par
diverses pars de lo monde; adont a ce que aions victoire
come home a confondre li Normant, la vostre santité lais-
(i) Béatrix, veuve de Boniface, margrave de Toscane et plus tard
veuve de Gottfried, duc de Lorraine ; elle avait dans ritalie du nord
une situation et une puissance hors de pair. Mathilde, fille de Bea-
trix et du margrave Boniface, devait hériter de la puissance de sa
mère ; on sait combien elle est restée célèbre sous le nom de com-
tesse Mathilde.
(2) Cette donnée d'Aimé s'harmonise très bien avec les deux
lettres que Grégoire VII écrivit sur ces entrefaites à la comtesse Ma-
thilde, cf. Gregorii vu Regist.f I, 40, 43 ; Monum, Gregor, de
Jaffe, p. 58 et p. 61.
(3) Ces chiffres de 3o,ooo, de 20,000 soldats ne doivent pas être
pris à la lettre; ce sont sans doute des estimations assez fantaisistes
d'Aimé.
282
sera a nous mener tant homes que aions honor de vic-
toire, et que nouz puissons délivrer de la main de li
aneniis les coscs de lo prince de H apostole ». Et quant li
pape vil ia sapience de li .ij. daines, vouloit estre a lor
providence et a lor conseil, et comist ceste choze a lor
arbitre et a lor volenté.
Cap. 1 1^. Et depuiz a si grant délibération damèrent lo
prince de Saîerne, liquel autres! fu amonesté de paier li
soldoîer, et aporta deniers pour paier li chevalier. Et
Gisolfe non fu pîgre, mes vint alegremcnt et liement,
quar il desideroitdc destruire lo duc Robert, liquel estoit
marit de la soror, et aporta li denier liquel li estoient de-
mandez. Mésquclz deniers? Correges de Indie, et las, et
villissime paille, corne voulust ciendre famés et vestir ser-
vicials, et aomer li mur o li paille. Et quant lî Romain
virent ce, il lo repuicrent pour un fol, quar o villisûme
domps vouloit mener a combatre sapientissime chevaliers.
Et un lieu qui se clame mont Cymino (i) fu assemblé lo
pape, et Gisolfe prince de Salernc, lo domp, et une bone
pan de la chevalerie, et tratant de la voie cément il de-
vroient aler et de la manière del traitement de la traîson.
Li Pisain, quant il virent Gisolfe, home de loquel il
avoient reccu damage, prison et traîson (2), adont comen-
cercnt a crier : « More Gisolfe! loquel est sans pitié,
lov]uel nous, ceauz de nostre cité, a condempnez a estre
îi) Lj corrcsponJ.injc de Grcgoire Vil confirme d*une manière très
précise cette donntic d*Aimé ; nous voyoDS en effet qu'une lettre de
Grégoire VU à Hc-rmann, cveque de Bamberg, écrite le 12 )uîn 1074,
f.'st .1in^i datée : «« data in cxpcditione ad montem Qmini. » Mom.
Grt'por., p. io3 sq. Rtgist., 1, S4. Le moni Cimino se trouve entre
Su tri Cl Viturve.
{i) Nous verrons bientôt Torigine et les motifs de rinimosité des
Pisans contre Gisulfe de Salerne.
28î
é
noicz en mer, et li autre estre mis en prison, et nouz a
privez de nostre bone marcheandise; et autre morent tuit
cil qui deffendre lo voudront, et mil non remaingne de
ccuzqul favour lui feront ne a la part soe ». Mes quant
entendi cest fait et ceste criée, il fu esbahi et ot grant
paour, et grant merveille et prist conseill en quel manière
il porroit délivrer Gisolfe, et en celle meisme nuit abs-
consement lo manda a Rome, et en ceste manière lor con-
seill fu tout défiait ( i ). Et quant quUl avoit fait torné a lor
destruction et tout ce que vouloit faire lo pape, et tout lo
mal loquel fist Gisolfe prince de Salerne a cil de Pise, cil
moine qui ceste ystoire compila en lieu et en temps lo
vouz dira (2).
Cap. 14. Or retornerons a la grant hardiece et lo grant
cuer de lo duc Robert. Adonc quant se tratoit ceste cose
contre lo duc Robert, li légat de Rome lo contrestrentde
venir a la cité de Bonivent a oïr ce que vouloit ordener lo
pape, et a respondre a lo pape de ce dont il se vouloit la-
menter. Et loduc, ensi coment il estoit humile, respondi
humilement : « Que il n'avoit en lui nulle conscience que
onques eust esté coulpable ne contre lo prince de li apos-
tole, ne contre lo commandement de lo seignor mien
(i) D'après Bonitho, les sujets de la duchesse Beatrix auraient par
leur révolte empêché Texpédition contre les Normands : « Interea
voncrabilis Grcgorius expeditionem contra Normannos preparabat.
\'eniens que obviam duci Bcatrici usque ad castrum sancti Fabiani
eam simul cum filia ad expeditionem invitabat. Qjaas volentes pura
mente papœ obedire precepto, Longobardicus varvassorum tumultus
impedivit; nam sedicione subita exorti, expeditionem dissipavere.
Sic que infe^to négocia, papa Romam remeavit ; Beatrix vero cum
filia ad propria rcdiere. » Bonitho ad amicum, 1. VII, dans Jaffe :
Monum. Gregor., p. 661.
(2) Cf. infra, 1. VIII, c. 4.
284
pape: no non ta«:crai de venir la ou il me commande, ne
mais que je seiche lo joret lo terme que je doie venir a lui,
a ce que la moie innocence soit manifeste a touz par lo
commadement apostolica et par la soe sentence » ; et ensi
tu tait. Et en cellui temps, por Toffense de lo prince de
Salernc. li chevalier pysen furent partit de lo commande-
ment et volentéde lo pape, et no pot venir a complément.
Va lo duc. quar s^ivoit la chose qui estoit pensée contre
lui. vint a Bonivent au jorordiné» acompaignié de fortis-
5imes chevaliers, et non laissa moillier, ne filz ne fille,
mes touz les mena avec soi, car molt de ibiz en joant avoit
acosiumô dédire : x Qui me lèvera ma moillier et mi fill,
ce que je ai soit sien. » Il atendi que venist lopape troiz
iors. et puiz que sot qu'il tardoit avenir, Robert qui molt
humble lui ala encontre 1 1 ..
Cap. i5. En la terre de Naples et en la duchié a un
L:rant plaîn de palude laquelle pone molt de frutte, et est
plane pour aler. et en molt de liez cort eaue, laquelle vient
de desouz terre ; et en celle plene fist lo duc fichier ses
paveillons et la se misi avec son exerctt, et puiz proia lo
maisire de la chevalerie kxiuel estoit a Naple (2), que il
deust venir a lui. et avec lui tîst lii;ue et acordance o sa-
crement, et par commandement de li maistre de li cheva-
lier tu la ordcnê lo marchié et la foire la ou se vendissent
les coses necess.iires a li home et a li beste, et la potence
,!^ No':s j^^Uv^ns q<rauss-.tot .iprcs l'expédition de Monte-Qmiiio,
GrciTo'.rc \ Il io:v.b.i jjravemcp.i m.ilaJe. peui-«ire est<e la raison
]u: 1 a .v.pO^'u .:e \ jnir à Bcncveni. ^u^ le» dispositiuns du pape
i l\^.i:.: .:.■> N^n^. 'ni>. \i.'ytv la «ruiieuse lettre qu'il écrivit..
\: ir- v'wî.^^rj 1074..'. Bcatnx et a M 'thildc.
i ^ P r o ' \î Me r: ^r. : Se r j:: i: s V . d u ^ de N aplcs, cf. B . Capasio :
MrKumcrr.ï .:J Scjv^liîj't; Jitcdtuf hifforiam pertimentia» I. I,
1*
285
de lo prince Richari li estoit encontre, liquel aviengne
que non eust tant de chevaliers quant avoitlo duc, toutes
voies il estoient prouz et vaillant, et metoient en cuer a lo
prince que il issist contre 11 chevalier deloduc pourcom-
batre.
Cap. i6. La estoit loabbé Desidere de Mont de Cassyn,
qui pourchasoit de faire paiz entre eaux et amor, et ces
.ij. seignors avoient eslut cestui abbé Desidere pour père
espirituel. Et estoient subjette a son conseill, quar il estoit
ami de l'un et de Tautre, c'est-a-dire de ces .ij. princes
liquel estoient anemis, laquelle choze poi de foiz avient
que un puisse estre ami de dui anemis. Et, par la grâce
de Dieu, sans nulle suspitio, chascun de eaux avoit mis
en cestui abbé son entention, et par Tordinalion de lo
abbé vindrent a parler ensemble ces dui seignor, et embra-
chereni et baisèrent en boche Tun l'autre, et estèrent et
parlèrent ensemble jusque a vespre. Et au soir lo prince
se parti et vint a Averse (i); et Tautre jor lo prince au
malin retorna a voier lo sien ami, et parlèrent molt en-
semble. Lo prince pria molt lo duc qu'il non fust plus en
champ, mes qu'il preist un de ses chasteaux; et lo fist la
pétition de lo prince, et manda arrière molt de ses cheva-
liers, et lui et sa moillier et ses filz, avec aucun grant
home qu'il retint auvec soi, s'en ala a la Cerre (2), dont
tant de jors come il demora la ot de lo prince larges des-
pens. Et ace que nulle doutance fust en lo cuer de lo duc,^
lo prince commist a lo ministre de lo duc la tor et li haut
palaiz, et fist toute la gent de lo duc ester dedens la terre.
Et puiz ordenerent lo lieu ou puissent estre ensemble et
(i) La ville normande d*A versa, non loin de Naples.
(2) Il s'agit sans doute d'Acerra, à Test et à une faible distance
d'Aversa.
2 Se
ozdtzzT zt qui ! :r plir ::: : £C a ce qu'il non peusscnt estre
c.:rr:c!e: ensezibl^ rir dit de juts ne Ie%'és de lor bonc
e.ireaûoa. r.irea: ^acre =jux richissime pièges et fidejus-
sors. E: q^r.: jeste covenance ensi fermée de Tune pan
e: Je Lauire. 1. iu: se:*:r.orse partirent de bone volenté.
Ca?. ! ~. Et après ce. quant les chozes que noaz avons
je van: dxies lurent ;ai:es. vint lo jor déterminé que li dui
seignorfuren: enâcmbîedcompaingniezdegransseignors,
et tu lo abbé EVesîJere conviés d'une part et d^autre. Et
s'en alerent j Apice : . et quant il vindrent la lo duc
vouloir recompenser j lo prince, il lui fistbonorea Apice
corne io prince lui avoit fait a la Cerre; et auirest come
lo prince avoit donné la forteresce a lo duc a la Cent»
ensi lui donna lo duc la foneresce de Apice, et la demo-
reren: .xxx. jors ensemble continuelment pour examiner
et faire la p aiz, et rendirent Tun a l'autre ce que Tun avoit
le\-é a l'autre. Quar ce que requiert lo prince laisoit et
consentoit li duc, et lo prince Richan non failli de faire
ce que vouloit loduc. Et cornent ce fust chose que tuit lor
home et lor fidel faisoient ce voloient ces dui, et tout lor
commandement faisoient fors tant seulement Balalarde et
Rogier Arenga ' 2 , liquel estoient encontre, et non vou-
loient faire lo commandement de lo duc ne faire sa
volenté. Et avoient en despit lor seignor, et penaoient
coment il avoient esté occasion de la brigue laquelle avoit
esté entre lo duc et lo prince. Et ces dui seignors, quant
il orcnt disponut lor coses coveniblement, et pardonnèrent
Tun a Tautre toute maie volenté et injure. Et la terre que
fi) Probablement Apice, à Test de Bcncvcnt, sur la rivegiuche du
Calorc.
(3) il faut Robert Arenga; cf. supra, 1. Vil, 2, le traducteur cfAûnc
moJitic trop souvent les noms propres.
287
lo duc avoit levée a lo prince lui rendi, et si lui donna de
la soe; et il croiant que Tamistié de la carité de lor cuer
pour nulle maie volenté se peust deffaire, quar non se
pooient départir de ensemble a parler pour nulle dispo-
sition de chevaliers, et tant estoient liés ensemble d^amor
coment s^il n^eussent jamais esté anemis entr'elz. Et puiz
que fu déterminée tou-te chose, il vouloient que les cove-
nances de la paiz fussent escriptes, et ceste escripture fu
occasion de la destruction de la paiz, car en la mémoire
et en Tescripture de lo prince estoit escrit que il vouloit
salver amistié avec lo duc salve la fidélité de lo pape; et lo
duc non vouloit ceste condition, quar non estoit bien avec
lo pape, coment est dit. Et adont se partirent corrociez,
et commencèrent la grant brigue qu'il avoient devant
entr'els. Et lo prince s*en ala a Capue, et lo duc en Ca-
labre (i).
Cap. i8. Balalarde, par lo conseill malvaiz de son
maistre, contre lo duc son oncle appareilla anemistié, et
entra, o li chevalier siens, en la forte roche de Saint-
Severin (2). Et la terre de lo duc, laquelle estoit après,
sovent gastoit. Et de l'autre part estoit Guillerme
Arengue (3), liquel avoit fait une liga avec lui et faisoit
come Balalarde. Et lo duc, quant il sot ceste novelle,
assembla une grant multitude de chevaliers et de pedon,
et asseia la cité de Saint-Severe, et secont que est acostu-
(i) Le but de Robert Guiscard était évidemment de détacher le
prince de Capoue de Grégoire VII et de Gisulfe de Salerne et par là
de dissoudre la ligue qui le tenait en échec.
(2) Santa-Severina dans la Calabre, sur la rive droite du Neto ; la
petite ville est bâtie sur les hauteurs du Monte-CUbano et présente
une vue magnifique sur les golfes de Tarente et de Squillace.
(3) Robert Areng.
n.in.'c, U^\ chn^tcaux liqiicl enforza de fossez et de palis.
n liiirUf} Mi"^ piveillons. Fit Ba la larde garde it Li cirêde-
(U-Ai^ l;i{i]elic non ^e derfendoit pour IL Normant pour la
f >rrcreMC «le io lien. Kt lo â\ic continuelment sont portées
ic!<i rho/x:*^ tic vivre, et quant lo duc mandoit sa genc i
fhnrirr, F*^iia la r le mandoit sa gent a faire proie; loqoei
l».il.il irr. roni rit ce soit chozc- qu'il fust assoutillié de TÎn
M lif^^r.iiii, il >i:<;.iriiroient tic char qu'il turoient. senoa
'lu'il lor r.'iilloit lo sel. Kl l<o,^îcr fil de lo duc, jorene et
<lr horu* exposition, et snî;c jovencel (ij, asseia lo chastel
rie V.ill.'irie i'Z] et dcstrui/oiiCjuilIcrme Arenga par fcune.
\''a î\ (c furent mené/, que prioient Tun et Tautre, c'est
«issavoir l*;il.ilnrt et (luillcrmc Arenga, de demander par*
(lonri;in(-c » lo duc et de avoir sa grâce, et de faire son
rorn(ui(lrriH*ni. Kt lo duc non lo vouloit faire, quar sa
!,iti^;iic cnt cstr m vain s'il non cust la cité por laquelle
il ;ivoit(onih;iiii lonc-temps; et cil gardoient la cité et con-
\niU)\ru\ li cit.'idin, et partoient avec eaux ce que il pooient
fnirr. rt lor proinctoient de lor doncr part de ce qu"!! por-
roiriit ac(|ursti'r. I'!t lo iluc non se muet, ainsdeffent a ses
:i lien lis la v/)ic et co ni resta a li dcsrobeor et prendoit de
Il (liav.dier; et li damnée (]u'il avoicnt receu en la proie,
inovia ru la. as chevaliers qu'il prist. Et faisant entrel-
l.iissc a lo dire, si conterons de la libéralité de lofilz de lo
du( et la pitié île lo duc son pcrc.
Cav. I (|. ( )r ilit cnsi cestc ystoirc corne ce soit cose que
li vrstiMiuMit de lîalalarde pour viellcsccse commencèrent
a loinprc, il pria Kogier lo fdl de lo duc que a lo jor de
(i) lt<r<*i. filt* •! ' K<>l'<*rt Guiiurnril et de Sikelgalta; il succéda à
son |t( ir ni iiiSj, main sniis avoir son génie militaire et poUliqac.
( i ) Jo n'rti pu truuvcr où vtait ce • chastel de Vallarie. ■
289
Pasche ( i ) le doie subvenir a la>£oe nécessité, et en si grant
feste lo doie sovenir de dras noves; et lo jovencel va a la
volenté de lo père, et li dist la neccessité de son parent, et
cornent lui avoit demandé une robe. Et lo duc commanda
que fussent aportés dras bons et covenables de diverses
manières, et les bailla a son chier fill, et lui commanda
qu^il les devist mander a Balalarde, et ensi fu fait.
Cap. 20. A la ducesse recordoitencoire de la grant arro-
gance de Balalarde, quar quant lo duc fu malade et jugié
por mort, corne nouz avons devant dit (2), tuit li cheva-
lier normant se assemblèrent et eslurent por lor seignor
Rogier lo filz de lo duc, et lui jurèrent, et furent fait ses
chevaliers, fors tant solement Balalarde qui lo contredist,
lequel refusa de estre son chevalier, quar il vouloit estre
haucié en celle honor : dont la ducesse garda ceste dolor
en son cuer ensi come un coultel. Ceste esmut lo cuer de
lo marit a faire damage a Balalarde ; et clama ses amis
quant come il pooit pour faire mal a Balalarde.
Cap. 2 î . Et lo duc se commut contre Balalarde pour lo
dit de la moillier et pour Poffense qu'il avoit faite contre
loduc, laquelle offense la dame lui tornoit a mémoire; et
chascun jor se iroit plus contre Balalarde pour le des-
truire, et cressoit li castel, o grandissime fossez et paliz
clooit la cité, et gardoit toutes les voiez, et ensi defTendoit
li chevalier qu'il non feissent proie et li vilain qu'il non
alassent pour leingne. Et cil de la cité, pour ce qu'il
amoient molt Baialarde et avoient paour de lo duc, pour
la deffence de la rébellion, destruizoient lo maisons, et
tref, et toutes les autres choses utiles consumoient. Et puiz
(i) Bien probablement le jour de Pâques loyS.
(2) a. supra, l. VII, 7 et 8.
19
quan: iiurcn: :jite cesie choze. viadreai a Baialarde et
lui distrtnt la misère de lor poureté, et lui prièrent qu'il
aldSt a lo duc son oncle por eaux délivrer. Ec quant
BaiaiarJe vî: que cil de la cité lui gardoient àdeiité a lor
[Kjoir, mes non pooîent plus pour ce que toutes choses lor
côtoient t'ailliez. Baialarde a lor pétition demanda si^u-
rancc de aler impetrer pardonnance pour cil de cité a lo
duc. Etloduc savoitque Baialarde devoit susciter escan-
dalc a son pooir partout la ou il aloit : toutes voiez lo duc
desprisant le, dona licence a Baialarde qu*ils*en poistaler
sccur, et a ceuz de la cité pardonna. Et puiz s*en parti
Baialarde, et lo duc entra en la cité, et appareilla la fone-
resce et i mîst gardes ' t . Et puiz ala en aide de son filz
(i) (ji récit du siège de Santa-Se\-eriiia par Aimé préssnte une
<!itficu]tc chronologique ; Aimé place avant le siège de Saleme, c'est-
ù- lire, comme nous le verrons bientôt, en 1075 et au commencemenl
(le 107^3, ce siège de Sctnta-Severina par Robert Guiscard, la prise
<t" cette ville réduite par la famine et la fuite d'AhagëlarU qui se
rctugie dans la forteresse de Santa-Agitha en PouîUe. Mais Mala-
t-rr:i (Ilistoria Sicula, III, 3, 0), parle aussi d*un siège de Sania-
Scvcrina srjutenu par Abigélard contre Robert Guiscard, de la prise
lie ijcttc ville par ce dernier et iilurs, comme dans le récit d'Aimé^
At'.igi'l.ird trouve nn refuge en Fouille à S^nta-Agatha. Seulement
Mtlnt :rra pl.ice ces événements après la prise de Saleme par Robert
(jiiisv:irdy c'est-à-dire en 1077. Les deux chroniqueurs parleat-îls
ilrs incmes t'nitset altjrs Tun des deux commet^l une erreur de chro-
noldgi'.' (iu bien ont-ils en vue des faits différents. Les raisoni sui-
v:i rites me porteraient ii croire que cette dernière hypothèse est la
viMJe, (]u'il y a eu deux sièges de Santa-Severina par Robert Guis-
isirl contre AH.igcl.ird et qu*à l'issue du premier comme du seocuid
siè^c, AK'it;cIard s'est réfugié à Santa- Agatha en Pouille :
I" Dans le récit d'Aimé, nous voyons que le prince Richard de
(:ii|>«iiic stuitient AbïigélarJ contre Robert Guiscard (cf. Aimé, VII,
2'i); (ii-, cette alliance n*a pu avoir lieu qu*avant le siège de Saleme,
piiisiiiùi partir Je ce siège, le prince et le duc, devenus amis, ne se
291
pour veincre Guillerme Arenga, et ordina chastel;^ plus
près de la cité et plus espés, et restrainst li anemis en la
firent plus la guerre et que cette union persista jusqu'à la mort de
Richard, en 1078;
20 De 'même dans la narration d*Aimé sur ces événements,
les comtes d*Aquino prennent parti les uns pour Richard de
Capoue, les autres pour Robert Guiscard ; or, de pareilles divi-
sions n*ont pu avoir lieu qu*avant et non après le siège de Salerne.
Hirsch Ta remarqué avec raison, l. c, p. 3 12, toute cette partie du
récit d*Aimé se tient très bien et la critique n'y peut constater de
contradiction; il est donc plausible que le siège de Santa-Severina»
dont il parle, ait eu lieu avant le siège de Salerne.
D'un autre côté, il y a dans le récit de Malaterra sur le siège de
Santa-Severina des détails précis, nullement contradictoires et qui
montrent que ce siège a eu lieu après celui de Salerne et qu'il diffère
sensiblement du siège de Santa-Severina dont parle Aimé. Ainsi,
dans Malaterra, ce n*est plus la famine qui oblige Santa-Severina à
ouvrir ses portes à Robert Guiscard, c'est Abagélard qui consent à
rendre la ville pour délivrer son frère Hermann. Trompé par le duc
qui s'empare ainsi de Santa-Severina et qui, malgré ses promesses,
ne rend pas la liberté à Hermann, Abagélard finit par abandonner
également Santa-Agatha à Robert Guiscard pour obtenir enfin cette
libération. Dans Aimé, il n'est pas dit que le duc s'empare de Santa-
Agatha. L'erreur de Malaterra dans ce récit est de supposer qu'Aba-
gélard et son frère Hermann soient partis aussitôt après pour Cons-
tantinople, abandonnant définitivement Tltalie ; nous savons que la
lutte d'Abagélard contre son oncle Robert Guiscard ne se termina
pas de cette manière. Concluons donc qu'il y a eu deux sièges de
Santa-Severina, un avant et un après le siège de Salerne et que
Malaterra a raconté le second et Aimé le premier.
Ces deux sièges de Santa-Severina l'un en 107 5, l'autre en 1077,
expliquent peut-être Terreur commise par Romuald de Salerne, ce
chroniqueur écrit : « Anno 1075, dux Robcrtus sanctam Severinam
Calabriae civitatem loco munitissimam, tertio anno postquam illam
obsederat, cepit. Hinc quoque cepit civitatem Consanam, obsesso
castello sanctae Agathae quod incessabili oppugnatione cepit. His
etiam diebus cum exercitu proficiscens, obsedit Salernum. » ChrO'
nicon dans Murntori, R. I. S. T., t. VII, col. 171 sq. Il est certain
2^2
cité, et lor tist famé. Et Guillerme, puiz quMl senti que
Baialarde s*en estoii fouy, et que lo duc lui estoit venut
sur. demanda licence qu'il s*en poist aler o tout sa famé
et sa geat. et s*en ala a Taide de prince Richart.
Cap. 22. Avant que lo duc avist prise ceste cité, lo
prince Richart mandoit chevaliers en aide de Baialarde
et de Guiilerme. Et Giran-de-Bone-Herberge (i), quant
il senti que ces chevaliers dévoient passer, se mist en un
lieu abscons, et creoit les avoir en sa main por faire plaisir
a son seignor lo duc ; et quant il lor ala devant, cil de
î autre part Torent atornié. et ensicoment il creoit prendre
autre il tu pris auvec molt la gent soe, et de Parme et de
de li cheval furent riche li chevalier de lo prince. Et lais-
seront lor voie et retornerent arrière a lo prince avec
Girart et li autre prison ; et lo prince en ot grant joie de
cesie victoire, que li chevalier sien avoient fait tel viaoire
que Robert GuîscirJ n*ap.is assiégé Santa-Sevcrina de 1072 à 1073,
comme le suppvis.* Romuald, ce que nous savons 'de la vie de
Kob^Tt GuiscarJ durant ces trots ans le prouve surabondamment,
mais Jans Tcsp.K'c Je trois ans, 1075, 1076, 1077, Santa-Severina
av:)nt été .issicA:êe et prise deux fois, Romuald a confondu et cru
qu'il n'y av.iit eu qu'un sicge et le fait durer trois ans. La m£me
erreur se retrouve dans la chronique d*AmalA, dont l'auteur a puiié
aux mêmes sources que Romu;)ld, on y lit» c. 34 sqq. : « Dus autem
Kobcrtus cep:t A. D. 1075 Sanctam Severinam civitatem Calabric
li.>cu munitissimam. Tertio vero annopostquam obiederat eam, cepit
qui<quc civitatsm Cusentt;e, obsessaque sancta Agatha, quam
inccss.ibili oppugnationc cinxerat, cepit eamdem. Hit etiam diebus
cum suo exercitu dux Robenus proAciscens obtedit Saleminn. ■
Ml'ratori, Antiquitates Italien medii jEvi, t. I, col. 114.
• i) Ce Girard di Buonalbergo était neveu d'Albérada, première
femme de Robert Guiscard ; c*cst lui qui le premier donna à Robert
le surnom de Guiscard ; cf. supra, 1. VHI, 11. Le château de Buonal-
bergo était situé au nord et près de Bénévent.
293
contre lo duc, et en rendi grâces a saint Benedit et a li
frère liquel habitoient en son monastier; et Tun et Pautre
seignor se creoient avoir victoire pour la mérite de saint
Benoit, et pour l'oration de li moines. Et puiz après lo
prince recercha li chevalier liquel s^estoient partit de sa
fidélité, et estoientalez aloduc, dont les chasa et tint lor
chasteaux pour soi.
Cap. 23. Et secont que est dit, li frère contes de Aquin
estoient divisé et gardoient li castel a la fidélité de lor
seignor Adenolfe et Landulfe (i). Et o tôt la chevalerie
de lo prince guardoient Aquin ; et Coffre Ridelle Pont de
Corbe (2) ; et Pandulfe et Landulfe avec la chevalerie de
lo conte Rogier frère de lo duc, et avec Guillerme et
(i) Cf. supra, 1. VII, xi.
(2) II s*agit de Geoffroy Ridelle dont il a déjà été question, cf.
supra, 1. V, 9, et qui inaugura, avec le comte Roger, frère de Ro-
bert Guiscard, la conquête de la Sicile contre les Sarrasins. Nous
savons par divers documents que Geoffroy Ridelle était devenu duc
et consul de Gaôte ainsi que seigneur de. Ponte-Corvo, qu'Aimé
appelle Pont-de-Corbe. Ponte-Corvo, sur la rive gauche du Gari-
gliano, est à une faible distance d'Acquino, près de la ligne du che-
min de fer de Rome à Naples.
Gattola {Abbatiœ Cassinensis historia, t. I, p. 264, ex Pétri
DucoNi registre n*» 429) a publié une charte par laquelle Geoffroy
Ridcl te gracia Dei consul et dux civitatis Gaieté et dominator Ponti-
curbensis » confirme une donation faite au monastère du Mont-
Cassin; la charte est du mois de septembre 1072. — Une autre
charte du mois de février 1075, également insérée par Gattola
{lib. cit,, t. I, p. 267, ex Pétri Diacomi Regesto, n» 427), nous
montre Geofiiroy Ridelle « normannus et dux Cajcts nec non comes
Ponticurbo » faisant au monastère du Mont-Cassin donation de deux
monastères. — Voyez également le numéro 35 1 du Regestum
encore inédit de Pierre Diacre.
294
Coffre guardoient La Ynsule(i), dontli pueple qui la
habitoit chascun jor estoient desrobez, et non pooîent
aler a veoir lor labor, liquel lor estoient espessement
talliez ; et autres! Tun aguaitoît Tautre, et se aucun en
estoit pris lui estoit levé lo cheval et Tarme et estoit
mande a sa gent, quar autresi estoient autres che-
valiers de lo conte Rogier, liquel gardoient Trajette (2).
Cap. 24. En une nuit tuit ceus qui alloient sequitant
lo duc se assemblèrent en T Ynsule absconsement^ et lo
matin o grant multitude de vilain se départirent par les
chams de Aquin ; mes ceus qui gardoient lo pas^ lor
recoUirent la proie, et en vain lor faisoient aler cerchant
la proie. Et li chevalier de lo prince s^asemblerent en-
semble, et vont contre Guillerme Rindelle et lo persécu-
tèrent; etli chevalier de lo duc, liquel estoient persécutez,
atendirent ceux de lo prince qui les persecutoient. Mes lo
fiume de Melfe départi Tun de l'autre (3); et quant furent
passé H chevalier del duc, il distrent a ceuz de lo conte
qu'il passent avant. Et cil de lo prince o aspre reprehen-
sien lor prometent de chacier les fors de lor terre. Et en
disant ces paroles lo jor s'en ala et se fist nuit, et Pan-
(i) II faut Lande au Heu de Landulfe dans ce passage, cf. tupra^
1. VII, 1 1 ; Gotrrc est sans doute Geoffroy Ridelle, mail quel est ce
Guillerme r Probablement celui qu'Aimé appelle un plus loin
« Guillerme Pontarccfrède » ; il est vrai qu'Aimé donne aussi un peu
plus loin \z nom de Guillerme à Geoffroy Ridelle, et qui sait si
Pontarccfic.ie n*cst pas une altération de Pontecorvo ? Nous avons
déjà dit que « la Ynsulc >• désigne sans doute Isola del Liri.
(;:) Tract to, sur la rive droite et près de rembouchure du Gari-
gliano.
(1{) La Mol fa, petite rivière qui descend d'Atina, passe à Rocca-
st.cc<i, et se jette vlans le Garigliano^ un peu au dessus de Ponte-
Curvo.
295
dulfe s'entorne a la Ysule, et Adenolfe et Guillerme puiz
qu^il sentirent qu'il s*en estoit alez passèrent lo flume. Et
Pandulfe avec ses compaingnons tornerent une foiz a
eaux, et alore ordenerent la bataille et comencerent a
combatre, et ferent li cheval des espérons et drecerent li
haste pour ferir. Et que fait besoingne de plus dire?
Pandulfe fu pris de son frère, et de li sien molt en furent
mort et molt en furent mis en prison, et alcun en sont
nafré. Et de l'autre part, vint Guillerme Pontarcefrede ( i )
o li pedon en aide, et se mist en mege a recovrer la ba>
taille perdue, et délivra li prison, constreint cil qui
avoient vainchu a combatre. Adont li chevalier pristrent
cuer, et ceuz qui estoient prison pristrent ceux qui les
menoient en prison. Et Pandulfe fu délivré, et cornent
dient alcun, se il avoit volut avoit pris Adenulfe son
frère. Et pour ce qu'il estoit ja nuit, tant li veinceor quant
cil qui estoient vainchut tornerent chascun en son lieu.
Et lo matin Pandulfe et Guillerme cercherent lo champ
et levèrent les chozes de li anemis; de li prison .xxx. en
sont prison, o .xxx. escut et lxx. chevaux : ceste damage
avoit receu lo prince en ceste bataille (2).
Cap. 25. Et puiz que lo duc avoit chaciéz touz ses ane-
mis de Calabre et la tenojt en paiz, s'en ala en Puille a
persécuter Baiarlade, et Garilgione marit de la soror (3).
(i) Cf. supra f I. Vil, c. 23, la seconde note concernant ce cha-
pitre.
(2) La conclusion de ce récit assez confus, est donc que Tavantage
resta aux partisans de Robert Guiscard.
(3) Guillaume de Fouille ne parle qu'après la chute de Salerne de
cette révolte des barons normands contre Robert Guiscard, et il est
bien certain que si elle a commencé, comme le dit Aimé dans ce
chapitre, avant le siège et la prise de Salerne par Robert Guiscard,
elle n'a pris fin que quelque temps après la conquête de cette ville
296
Car en tant cornent lo duc avoit esté occupé en Calabre,
ccstui Baialardc avec Garilgione et Guillerme (i) avoient
afflit les cités de lo duc, o molt de proies et de desroba-
tions, et Baialarde estoit entré en la roche de Sainte-
Agathe en Puille^ laqucl roche non se puet combatre, et
aloit proiant tout lo païz entor, et Glaile estoit et gover-
noit li chastcl d^entor. Et li duc qui par lonc temps non
avoit vcucs ses cités molt les aloit cerchant, et, en la fin,
s'en ala a Bar (2), et de la manda son neveu Roben, qu'il
par les Normands. Ce même Guillaume de Pouille écrit, I. Ili,^
V. 317 sqq., nu sujet de Garilgione qu'il appelle Gradilone :
« Amissa: que ncpos terra: memor Abagelardus
Filius Unfrcdi, tuto conamine temptat
Infestarc duccm, socio Gradilone sororem
Cui dcdit uxorcm. »
Le pi>ètc raconte un peu plus loin, 1. III, v. 61 3 aqq., que Ora-
dilon tomba entre les mains de Robert Guiscard loraque celui-ci
s'empara de Trivico, et que le duc lui fît crever les yeux :
« Castellum nomine Vicum
Vi capit; hic Gradilo privatur lumine captus
Tcstlbus exitur. »
l>'aprcs RomuaKi de Salorne, c'est en 1079, bien après par oon-
si'qucnt le sicf;c et la prise de Salerne, que Gradilone aurait été fiût
prisonnier, il ccrit ad an. 1079 : «« Ipso anno duz Robertus obudens
\'i«.um cepit ipsam civitntcm, ibi que Gradelonem nepotem suum
capions (luveu par alliance, puisqu'il avait épousé la sœur d^Abagé-
lar.i, liis vi'un tKrc de Robert Guiscard) uiroque statim privari
lumine (ecit. en i^iiod ipso et alii pleri que baronu m rebelles ei
(Ktiterant. (.'..tteri v<.ro mctii perculsi ci se subdiderunt. «Muratori,
n. \. S. T. Vil, col. 174.
(iHl s'agit sans lioiitc de Guillaume Areng, qu'Aimé appelle
tantôi (lui lier MIC, t.uuôt Ruhcrt.
(2) Rar esl pour Hiri, cf. stupra^ 1. V, 27; le Glaile» dont Aimé
parle un peu plus haut, est sans doute Garilgione.
297
molt amoit (i), o tout sa chevalerie pour prendre Baia-
larde, et manda a Rogier son filz qu^il doie aler contre
Garilgione. Et il clama li sien fidel pour prendre Salerne,
et appareilla divers trebuc toutes ceste ordination non fu
persequtée, quar li autor non lo met, et de pedons et de
chevaliers assembla sanz nombre et de navie (2).
Cap. 26. Pour marier ses filles en cellui temps molt
mandoient a lui, et molt de grans homes desîrroient de
eaux conjondre avec lui ; quar coment se dira de puiz,
aucuns avoient grant paour pour la soe grande victoire,
et aucuns qui esperoient qu'il deust molt plus acquester,
et alcun creoient par lui estre fait riche, dont cerchoient
Tonor de ses filiez, et voloient estre conjont a son amistié.
Et coment se fust cose que lo impiere de Costentinoble
fust privé del honor de toute Puille et de toute Calabre
par la vertu de cestui duc Robert et de li frère, lo impe-
reor (3), par lo conseill de ceaux de sa cité, a ce qu'il' non
fust chacié de Tonor del empire, requist la fille del duc
pour moillier a son fillz; et dui foiz lo duc lo contredist.
Et respondi que lo cuer non lui soufferroit que sa fille
fust tant loing de lui, et toutes voies se alegroit de la
requeste que lui faisoit li emperes. — Mes gaboit li mes-
sagiers par maliciosez allégations, et li message de Tem-
pereor lui prometoient de doter la pucelle, et li prome-
( I ) Robert, . comte de Laurotelio ou Lauritello, fils de Geffroi,
frère de Robert Guiscard et comte de la Capitanate. Cf. Chronica
Montis-Cassini, IIl, 25.
(2) Le siège de Salerne a commencé vers le mois de mai ou de
juin 1076, c'est donc avant cette date qu*Aimé place les événements
qui viennent d'être racontés.
(3) Il s'agit de l'empereur d'Orient, Michel VII; sans parler des
sources originales, voyez sur son règne, E. de Muralt : Essai de
Chronographie bysantine (1037-1453), p. 21, sqq.
298
toicnt que H empeour li feroit tribut chascun an. Et li
duc sagement cela la soe volenté à ce que venist a plus
grant domp et promission; et li message se partirent
corrociez. Mes plus corrocié fu li empereur, quar creoit li
empeor que pour ce ne volist &ire parentece auvec lui lo
duc, car pensoit de lever lui Tempiere et estre il impeor.
Et toutes lui manda autre légat o granz presens et molt
decoscs lui prometoit; et en la fin loducsereneseendina
a la proiere de lo empereor, et dona sa fille a lo fiU de
Pempeor, et fu exaltée de dote roial et de grant honor. Et
ensi li empeor, liquel devoit recevoir tribut de tout lo
monde, rendi tribut a cestui duc. Car li impeor lui man-
doit par ses messages mille et dui cent de livre de or avec
prcciosissimc pailles de or et autres domps (i).
Cap. 27. Et puiz quant Henri, royde liThodeschi (2),
puis oï tant de prospérité et triumphe qui maiz non
(i) Plusieurs historiens, notamment Jean Scylitzès, Zonare, Anne
Comnènc, Guillaume de Fouille, G. Malaterra, ont parlé de ce ma-
riage, ainsi : Wro^tsfXs; os Tzpàz tov Tt|V Aoyyixapfiîav xaxéx^vxn
f^pxvvov 'Pou(ji7:iptov xsXo*j|jlcvov, r^,v aÛToC Suyaxipx tf vi$ Kwvnv-
TÎvfa) vuvstxx T^vi^cTO, 'EXivv (ilTOvo|ià9XC aM;v. J. ScTUT£f
Historia^ p. 720 dans le second volume des œuvres de Cbdkesil'S,
éd. de Bonn, 1839. ^ '^ P^S^ 7^4} Scylitzès parle de nouveau
de ce mariage, et dit que l'empereur Michel VII voulait s'assurer
par cette union le concours des Normands contre les Turcs.
J. Zonare rapporte le fait et ajoute que Constantin, le mari de la
fille de Robert Guiscard, avait pour mère Maria Alana. L Zokab^
Annales f lib. XVI H, 17, t. II. p. 268, éd. de Paris, 1687, in-
folio. Excîvo; yip o £ÎpT,(xâvoç aÙTOxpiTiop o Aoù^oc Mi^^i^ ^C*
ToO ^xofJxpou TOUTOU (Robert Guiscard) SuysTipa ilc xou isvtou uio*
x:cTT,YYUT,92T0 Kb>v9T3VTivov, xzvTcuBev ôvtppiyv) xi t6v «oXf|i«v.
A. C0UUV.SM. Alcxiadis lib. I, 10, t. 1, p. 49, éd. de Bonn, i83o.
Kntin Guillaume de Pouille, 1. III, v. 5oi sqq., et Malatsara,
1. l!l, I?.
{1) Henri IV, roi de Germanie, plus tard empereur.
299
furent oï, de lo duc desideroit d'estre son ami. Et lui
manda .ij. de li maistre conseilliers siens; c'est lo evesque
de Verseill, loquel se clamoit Grégoire- (i), et son cancel-
lier royal et conte, loquel se clamoit Herenarde (2), liquel
lui deissent la syncere volenté que avoit envers de lui.
Et la terre laquelle par sa vertu et par la grâce de Dieu
avoit vainchut, lui prioit qu'il deust recevoir par don
royal. Et ensi vouloit li empeor que Tonor royal accres-
sisse a lui, et fust plus secur de la corone soe. Et lo duc
rechut li messagier honorablement et les fist servir dili-
gentement; et que non vouloit la poesté terrienne mètre
sur la poesté de Dieu et de li apostole, lo duc par grant
sapience respondi ensi : « Je ai traite cette terre de la
puissance de li Grex o grant effusion de sanc et grant
neccessité et poureté de famé et misère; la moleste de li
Normant molt de foiz m'a cerchié de persécuter; et com-
prendre la superbe de li Sarrazin, famé et molt tribula-
lion sousteni delà de la mer; et a ce que je avisse laide
de Dieu, et que proissent Dieu pour moy mon sire saint
Pierre et misire saint Paul, à qui tuit li règne del monde
sont subjecte, je me voloie soumetre a lor vicare lo pape
avec toute la terre que je a voie conquize, et autresi la
(i) Grégoire, évéque de Vercelli, partisan décidé d'Henri IV contre
Grégoire VU dans la question des investitures.
(a) Eberhard, comte de Nellembourg et chancelier du roi Henri IV
pour le royaume d'Italie. Sur cette mission d*Eberhard en Italie,
laquelle eut lieu en 1075, voyez Bonitho ad amicum, I. VII, dans
Jaffe : Mon. Gregor., p. 664. Arnulf de Milan a en vue les négo-
ciations entamées entre Henri IV et Robert Guiscard, lorsqu'il écrit :
« Prsterea Csesar Heinricus... studet hujus ac romani prœsidis
obstarc conatibus. Dominabatur tune temporis Apuliae princeps
magnus Robortus ille Normannus. Inter hune et regem dum super
hac re discurrerent nuncii, prsfatus papa ...» Armdlfi Gesta
archicp. MedioL, 1. V, MG. SS., t. VllI, 27.
î -•.
-r:>z j:^^ rszsT3:r par lo ruin de lo pape, à œ que par la
p:::55£=:s 6t Dltz =2e psnisse garder de la malice de li
SsÂrrazfr. li -rzizzhzz Ii superbe de li ennmge. Car noaz
K£vrc5 z'zt -p&T rrrson de annquité josque a lo nostre
:£=::p^, '.i surerSe de li Grex seignorioit PuUle et Ca-
libre î: zzzzt Srcilt esioi: orde et bmte de renor de li
Sàrrâzin : e: rr,a: n".gaanT Diea toat puissant m^a glorifié
en ces:* vinoire et a sub^'ecté la terre, laquelle estait pre-
TTi'jie par crudele pjissance, et m'ont fait maior que nul
dt Tr.a. ztnz : et pour ce me covient estre subject a Dieu
pour 11 zTÂCt que 'e lai vainchue. et de lui recognoiz-je
la :erre laquelle vouz dites que vouz me voulez donner.
Mes pour ce que la cain de monseignor lo roy est droite
e: lai^e, donne mov de lo sien sur cellui peu que je ai et
possède, et je lui serai subiea, toutes voiez sempre sal-
vant la ndelîté de TEglize **. Et li message de Tempereor
se merveillerent de tant de sapiencej et Tirent la richesce
et la grant puissance^ et cercherent les chasteaux et les
cités et lo mobile. Et puiz distrent : c Cestui est li plus
^ant seignor del monde •. Et lo duc les enrichi de ses
domps sans profit de lo message de lor seignor, et tor-
nerent en lor contrée alegrement ( i ).
Cap. 38. En cellui temps meismez li message qui
venoient de lo prince pour avoir paiz avec lo duc, encon-
trerent li message de lo duc, liquel venoient pour celle
meismc occasion. Ceaux del duc cerchoient de adolcir la
( I ) La réponse de Rohen Guiscard est assez narquoise; en réaliié,
il se moquait à la fois et du roi et du pape. Ce qu*il voulait par
dessus tout, c*ctait d'empêcher rinter>'ention d'Henri IV et de Gré-
goire VII dans les questions politiques de Tltalie méridionale, où il
entendait être maître et garder sa liberté d'action ; c'était là le fond
de sa pensée, et le ton mystiquement railleur de ta réponse oe
saurait donner le change.
perversité de lo prince requeroient que lo duc et lo prince
eussent bone volenté ensemble. Et en ceste manière la
pétition de Tune part et de l'autre estoit juste. Quar ce
que cerchoient, Tun et Tautte desirroient de avoir. Li
messagier escriverent les covenances de Tun et de Tautre,
et furent présentées a li seignor ; et furent loées et affer-
mées et fortifiées par sacrement de lor fidélité ( i ).
Cap. 29. Puiz que ceste contention del duc et del
prince fu passée par la grâce de Dieu, orent victoire am-
bedui de lor anemis, et quant il furent ensi covenut en
amistié, il menèrent derrière euz, et la fu présent abbé
Desidere, liquel sempre estoit principe de paizdecesdui,
lesserent a aler par les liez sans rayson et par les choses de
loy, et lesserent lacom paigniede liamis non pofens, et jurè-
rent de Tun traitier la utilité de Tautre, et estreen damage
de touz lor anemis. Et lo prince dist de soi meismes, se
ofTri de soi meisme estre en aide a lo duc de prendre
Salerne. Et li duc dist qu'il lui vouloit donner aide a lo
prince de chevalier et de navie pour prendre Naples. Et
rendirent Tun a Tautre la terre, laquelle avoient tolue
Tun a Tautre. Et li légat en ceste amistié ceï-cherent a
chascun li acressement de lor honor et de lor compain-
gnie, et proposent ensemble de estre contre tout home.
Mes il me pert que li message de lo roy d^Alemaingne fu
occasion en part que lo duc fist paiz a lo prince Ri-
chàrt (2).
■
(i) Malaterra, m, 2, parle aussi de la réconciliation entre Ri-
chard de Capoue et Robert Guiscard, il écrit : « Sed quia inter se
(Robertum Guiscardum) et Ricardum principem Averss inimicitiae
efferbuerant, veritus ne ab ipso Gisulfo adversum se succurreretur,
pacem cum ipso fecit. »
(2) il se peut que la crainte d'une intervention d'Henri IV dans
ritalie ait influé sur R. Guiscard et sur Richard pour les amener à
Ce? :z Ez irz ziLii ie=ps. ces .iî. pères et seignon
SÂZfCDei: i:r*LZs:rtiz li d&2e ezire il et Robert Laaii-
c.-î - . zsrrtz. zt jz ZT1Z.Z iac Robert, ot gnndissîme
riz-zi zK,zz iîs^iiTît ie trqisesjcr xene. laquelle par k
ç^^::^ zi ly.tz zz-zzt sen^rcî: oc victoirep et assailli la
=^cbe ii Tzr±Li= liça&^ se dame mainteDant la
zr,kzz'z:t z'AzzzTjt 1 . i^. It cesse marche esioît seîgnor le
c:~:e Trir.5:r.ur-i : . E: r^r mo!: lonc temps en avoient
£<:= seiztiic ses i^j£sscrs. II fj assatilli de cestoi Robert,
c^ tzi >£rl: ie :e=:ps en fa aqoesrée une part, laquelle
s« Téz:r^-Ti^, — j.s c'i;^: ê7-^=.=ï£s: Je icszr de conquérir Pua
Silimi. Tiutre Nir!» q-:il 2 zptTé k rigycucheaaent.
: Ri^ber: if LijrizfiJo c<i Lr:rsisl2o: il était fils de Gcfray,
frsre i£ Rjbert Gr-.v-ir.: tz z:ci£ ie li Capituate; le omdIc Gcf-
::.; n:^.:^ru: e= :>:5, Ct''--'«i»t h^we .Vûm., «i, «k. io63 :
• ziziLii Aprll. z>::r-^s £:?: Gau^ûd-.is cornes. ■ Un texte Je li
chr.r^^je Si î'Âb'Mje i« S. C±m£::tâ d: Cisjuria montre qne, peu
2r:=s 11 r:::r: dt «•::: pèr*. Robert ie Liuritello commença à în-
q j.ccer et à ciller ses r:i«ins : • Ab hoc ftquîiem tempore (1064)
cjtj^rùz.i fritres «.rliilic: imp^n loris curûe et Kofmannis depopu*
hr.::r.:s t-tis itms s-^n vilenies resîstere; primitus fiienint subditi
R .T^nu phz::, jonût: ie R jiello cl psjst moitexn ejus Ugooi Malma-
z;::_. • Ck^cn. Gujsi^insi iir.s Ml'batori, R. !• S., t. II, p. 11,
1 Thcthin. c'est-à-iire Teste maintenant Chieti; Chieti sur la
Rve droite de Is Pescan est à une faible distance de rAdriatique,
h ville compte iciudlement plus de 2 a, 000 habitants.
.-; No'^s possédons sur ce Transmunde d*assez nombreux rc&-
»ei£nemrnts, Aimé Vzi même donne sur lui, uu peu plus loîii, c. 34,
ct% détails circonstanciés: en résumé, ce fat l'un des pires tyran-
neaux de l'Italie du xi* siècle qui en comptait cependant un si grand
nombre de détestables. Gattola {^Accessitmes ad kistoriam Mmiiit'
Cassini, p. 134. i53, 191^ nous a conservé de lui trois chartes par
lesquelles il fait au Mont-Cassin, en io5ô et en io85, dîvcnet don^
tiens, dans celle du mois d'octobre 108 5, il avoue avoir « de joiir et
de nuit » commis de nombreux crimes, et il n*exagénit pta. Saat
303
distribui, et donna a son frere Tascone (i) et a ses che-
valiers, et Fautre part commanda que fust conquestée. Et
lo^conte Transmonde se efforsa de recovrer la terre qu'il
âvoit perdue et de tenir celle qui lui estoit remese. Et o
tout li sien chevalier alerent cerchant les chasteaux, et
s'en vint encontrant avec molt petit de chevaliers de
Robert; loquel cbaï de lo cheval, et fu pris et mené à
Robert. Et li triste chevalier de Transmunde, quant il
le virent a terre, non lui corurent a aidier, mes tornerent
li cheval a fouir. Et quant Robert lo tint em prison, il
pensa de combien d'argent se porroit rachater de prison,
si lui demanda .x. mille besant. Et lui, pour recovrer sa
richece et la richesce de li saint, se fist poure, et a la fin
paia. Et encoire fist piz, quar faussement prist lo trésor
de saint Jehan-Baptiste; et li vaissel de lo autel et li orne-
ment de l'eglize sont donnez pour sa délibération. Mes
pot ceste malice qu'il fist soi poure plus se fist de mal,
quar Robert lui demanda puiz la terre qui lui estoit
remese. Et Transmunde allega que non lui pooit don-
ner, quar elle estoit de la moillier, et li pareùt de la
moillier la tiennent en lo poesté. Et pour ceste chose
rechut Transmunde divers tormens sur la personne soe,
et tôt pour la dececion qu'il fist a l'eglize de misire saint
Jehan-Baptiste.
compter les assassinats dont parle Aimé, nous savons qu*en io54,
en vrai bandit, il arrêta les ambassadeurs du Saint-Siège revenant de
Constantinople, et qu'il les dépouilla des présents que l'empereur
Constantin Monomaque envoyait au pape. Il fallut les excommuni-
cations réitérées du pape Victor II pour décider le comte à restituer
ce qu'il avait volé, cf. Léo de' Marsi, Chron. Cassin,, II, 85.
(i) N'est-ce pas une forme défectueuse de Drogone, Drogo ? Nous
ne connaissons pas par ailleurs ce frère de Robert de Lauritello.
304
Cap. 3i. Et quant Robert vit que Transmunde non
vouloit donner la terre por sa délivrance, cercha de
acquester par vertu t, et ordena sur la roche lo siège sur la
forte tor de Ortonne, et la fist castel et ficcha lî paveil-
lon (t). Et la moillier de Transmunde et li autre parent,
c^est un autre Transmunde qui lui estoit consobrin fil de
lo frère carnal de lo père, et un autre autres! qui se cla-
moit Transmunde avec Berarde fil de Adain et avec
Rernart, et esperoient de vainchrc en champ cil qui
estoient dedens les chasteaux, et toute la contrée vont
cercant jusque a Havane (2). Et non lessent chevalier, ne
evesque, ne abbé, et promete lor les chozes de li Nor-
mant, et li legier cheval, et li optime arme afferment que
seront tost lor. Et cest vain et fol desirrier fist venir la
gcnt tost a la vaine proie et gloire qu*il se creoient avoir
(i) Ortona, sur le rivage de l'Adriatique, entre Chieti et Lanciano.
(2) Kavane désigne sans doute la grande ville de Ravenneau
nord ; quant aux alliés de Transmundus dans cette guerre avec
Robert de Lauritello, Aimé, dans ce chapitre et dans les chapitres
suivants, ne les désigne que d'une manière défectueuse ou înconh*
plcte, du moins la traduction jusqu'à la fin du septième livre laisie
beaucoup ù désirer. L*cnsemble du récit fait voir que les comtes des
Murscs, ceux de Balva, c'est-à-dire les seigneurs des pays riverains
uu voisins Ju lie Fucino, combattirent contrôles Normands; ils se
liguèrent avec d'autant plus d'empressement qu'ils se sentaient tous
menacés par Pennemi commun. Or, nous ne connaissons guère ces
comtes de Balva et ceux des Marses que par les chartes des dona*
tions qu*ils ont faites au Mont-Cassin ; nous savons, grâce à ces
moyens d'information, qu'il y avait à cette époque trois comtes des
Marses, Odcrisius, Rainaldus et Berardus, fils, tous les trois, de
Berardus 11, comte des Marses; ces trois comtes des Marses n'ont
pas été toujours d'accord entre eux; cf. Léo db* Marsi, Ckrtm,
Casin., II, 87.
Voyez notamment sur Bérardus, fils de Bérardus II, la CArORtCM
Casin,, III, 17, a 3 et 24, ainsi que Gattola, Accessiomts ad abba-
lia.* Cassht. historiam, t. I, p. 171; Gattola a reproduit la charte
305
de 11 Normant. Et puis que furent assemblez se troverent
.X. mille. Et Robert (i), quant il sot lo avènement de
ceste gent, se feinst de fouir, et recoUi li paveillon et ardi
lo chastel. Et li mol chavalier sequtoient ceste gent, et se
confidoient qu'il fugissent, coroient alegrement par lo pré,
et finalement vindrent a un pas ou estoient abscons .ij.
cent chavaliers de Robert, et lui o troiz cens atendoitemi
lo champ la bataille. Etadont avoit Robert .v.c. cheva-
liers, comment se fust chose que premerement non avoit
de li sien popre que .Ixxx., quar li plus en rechut de son
oncle quant il le manda contre Baialarde, secont qu^est
dit (2). Et puiz a lo issir de la silve, avoient passée la
poste si s'aprocerent toute la multitude, et Roben vint vers
eaux. Et les chevaliers qui estoient repost les secuterent
derrière. Et li chevalier qui non estoient hardit, non
d*une donation faîte en 1070 par ce Bérard au Mont-Cassin; nous
savons que ce même Bérard avait un fîls du nom de Todinus, qui
entra dans la cléricature. Quant aux comtes de Balva (comitatus in
Pelignis), une charte donnée par G sXTTola {Accessiones, t. I, p. 179)
montre qu'il y avait deux comtes de Balva, Oderisius et Todinus,
fîls Tun et l'autre du comte Randisius, ils font en 1067 une dona-
tion au Mont-Cassin, voyez aussi la Chron. Casin., III, 17 et 39.
Dans cette même charte figure un comte Bérard, fils de Bérard;
c'est sans doute le comte Bérard comte des Marses dont nous avons
parlé plus haut, et qui avait également des possessions dans le
comté de Balva. Il y a eu donc, d'après ce que nous venons de dire,
un Oderisius comte des Marses et un Oderisius comte de Balva,
mais on ne peut les identifier, puisque le premier est dit fils de
Bérard, et le second fils de Randisius. Dans cette dernière phrase
d'Aimé, l'un des deux Bérarde ou Bernart dont il parle, est certaine-
ment le comte des Mars, mais quel est cet autre Bérarde « fil de
Adaim », rien dans les chartes déjà indiquées ne fournit une ré-
ponse.
(i) Robert de Lauritello.
(2) Cf. supra, ch. 2 5, 1. VII.
20
^o6
savoient ou se peussent torner pour fbujr, quar non
a voient lieu ou peussent eschaper; et li Nonnant vain-
ceor reteinrcnt lor main pour non traire sanc, ne encoîre
non prenoient li foible armes mes li meillor. Li fill de
Hernardc, avec lo neveu de Transmunde, furent pris. Lo
cvesque de Camerin, avec molt d'autres, fu retenut.
Jelian evesque de Pcne, mes que estoit saint et révérende
personne estoit prison, mes fu laissié aler. De li autre
covient que disons, senon ceux qui escamperent por la
piiié de Robert et quMl Icissa aler ; et gaingnerent quatre
mille chevaux ; et de autre bestes et de autre masserie non
est besoingne de dire. Et Robert, o .ij. prospère victoire,
s'en torna en sa terre o honor de lui et de li sien cheva-
liers (i).
Cap. 32. Et lo conte Transmunde, quand il vit que la
volenté de Dieu li estoit contraire, paia a Robert tant de
deniers comment il potasembler, délivra lui la terre, et
en rechut alcune part de la main de Robert, et fu fait son
chevalier, et cnsi fu délivre de prison. Et li autre Tran»-
nninde, fill de Bernarde et lo neveu partirent li chaste!
(i) Par « li fill Ao Bernanlc » il f.iut donc entendre les trois comtes
lies Marscs, OJcrisiiis, RainalJus et BcrarJ, tous les trots fils de
HiVaril. - De loSo à 1094, c*cst un cenain Hugo qui fut év£quede
Camcrino; cVst dune lui que Robert de Lauritello fit prisonnier le
1 1 fcvrior 1079; Hugo tut excommunié par Grégoire VII {Mùtmm.
Gregor.y Grego VII Rcf^st. VI, 17 a), il obtint sa grâce en 1080;
voyez sur lui Turchi : Camerinum Sacrum, p. 148 sq. — Pêne ou
pUiiôt Pciinc, est au nord-ouest de Chieti, sur les contreforts du
Cirmd-Svasso dMtalia au levant. Cest à tort que dans les listes
épi scop lies de Penne, on fait dès io57 abdiquer Tévêque Jean,
puisque d*aprùs Aimé, il était longtemps après cette date en potset-
siun du siège, et qu'on ne signale pour cette période aucun autre
cvcque de ce nom ; cf. Gams : Séries episcoporum^ ad. v. Penne.
307
et furent ses chevaliers de Robert, mes Robert ot sa part
de H chastel (i).
Cap. 33. Et Jordain, lo filz de lo prince Richart (2),
qui non faîsoit son commandement, fu maledit de son
père. Mes il fu repris de la gent soe, et pource requist
d'estre benedit; et li prince lui octroia sa bénédiction,
toutes s^il faisoit sa volenté, et toutes foiz soit a lo juge-
ment de lo duc Robert, et examinast la brigue laquelle
estoit entr' eaux. Et desirroit lo duc de lo fiU retorner a la
grâce de lo père, et conseilla que lo fil rende a père
Nocere de li chrestien (3), laquelle lo prince desirroit
d'avoir, et que lo père doie concedir a lo fill la conté de
Marse, Amiterne derrière soi, et Balvenise (4), et ensi fu
fait. Et Jordain o .Ixxx. chevaliers sien et o Berarde, et
troiz filz de lo conte Odorize, entra en la terre de Marse,
et destruist lo conte Berarde en prenant proie. Et Berarde
estoit grandement en celail o sa gent et disoit quMl non
vouloit combatre contre nul chevalier de lo prince. Et
puiz pour .Ixxx. home de Jordain estoient abscons. Et
par la famé de cest fait, li conte qui lui estoient voisin
mandèrent tribut pour avoir la grâce de Jordain. Et
Berart, fil del conte Berart, a cui petitipn Jordain estoit
alez a la terre de Marsi, laissa lacompaingnie dé Jordain,
(i) La phrase, mal construite, ferait croire à tort que les Trans-
munde étaient fils de Bernarde ou Bérard.
(2) Jordain ou Jourdain, fils du prince Richard et de sa première
femme, lui succéda comme prince de Capoue, le 5 avril 1078; il
avait déjà, du vivant de son père, été associé au gouvernement, car
dans les chartes son nom paraît à côté de celui de son père.
(3) Nocera-dei-christiani, par opposition à Nocera-dei-pagani,
entre Naples et Salerne, k 'ij kilomètres de cette première ville.
(4) Le comté des Marses, celui de Balva et Amiternum, l'antique
Amiternum, maintenant San-Vittorino, se trouve entre Aquila et
Teramo, au nc.rd du comté des Marses.
;...S
ilisron;cmcnt loiiy par Ij monîtion de lo pere, et touta
vu./ j'in pjr >j.Tcmcnî ei tu fait chevalier de Jordain.
it.Mi -îo 0 in>!î Je son fo:iir, et cstoit terme, et aloîent II
N M'rii.in; ^ol.iccnt pnr la planor. Et Jordain avec lo &I
f>ri*u-r»T <(i\\'A .lot I . Kt vezci cornent lî pape Lvon 2
v'«|f)!i vOM il 1:1 ire contre li Normant, et les voloit chader.
^l'i.ir .h/ mille Je ceus homes devant diz furent vaincus
ik' .V. kc\u Norm;int, et lo pueple de quatre conté soai
(onsirninî de ilonncr tribut a H chevalier Nonnant <3;.
Cap. >4. Or veut li pcrc nostre, cestui moine qui oesie
v*ïtoiri' (.empila, dire a le une chose de ceuz qui non sont
N'irinint. ne «le rien ne tochc a lî Normant. Un grand
liiiinr, «inr ^* cl.inioit Attonc, avoit .ij. filz, de liquel .îj.
nii»iî lu ni.ijor en prison, le menor de lui loquel devoit
f 1; Oti voii iMin^irn est ob^.'ur ce passage; il permet cependant
.1- l'inj- luiri •|iir Jiiiiril.iin et ses Normariiit avaient été aitiiéi
il iiK I tiiMiir .1 < Mii!;i'<% p.ir le comte Jcs Marscs. Bérard, fils de
I*» 111=1. piobiM 'in 'lit briiiiitli* avec ses Jeux frères, Oderisius et
o II Inii >' Il pjpi' (irtyoiro «; le pape Léon IX était, à. otttt
i|"i|iii*, tiimt .li'iMii'; Imu^terups.
\ >) I 'iMicui ii-iunu- Cl* qu'il n liit plus haut, c. 3i, sur les 5oo
• Il \ ili t< .II' K«>l'cn tl>.' I..iuriieltu qui unt eu raison de leurs
1K.XKX ■.IvrK.mrs: le» qu.itre comtés sunt sans doute ceuz des
Mit<. 4. >.• hilv). A: t incii vmi retitc. et peut-âtre d'Amitemnm. U
r<\ «lit lîi. i'inin' le 'it Aime kIxm ce pass^igc. que le pape, juste-
m. Mil |«iv.«i«ii)v «le l'inviMiMi progressive Jcs Normands vers Tltalie
Il "Il ii> . x'x «-i.i'}:iMnt fvur l'invlcpenJan ce temporelle de Romectdu
•ini -li :r. ni .1 . tto cpvvjiio une très vivo opposition aux Nor-
iMPi.u . «uiH ci^'iiptov les nombreuse» cxcommunicatious qu'il pio-
M x,^ I ,.,Mpr K 'bit vî\ii«c.u\l. nous voyons que, dans le synode
i-MMii'i .s-i ,ti,»^ jj icwuT 10;?. il excommunia également Robert
•<- I :t>ii.lK>. \;K«wosit \(l Rtfist. II. 5i a, dans les
*'*.\** W ' Il ' T.. p. I -.• . \o>c.- aussi p, 477 de ces Mi
309
governcr cornent son fill, et lo mist en prison a ce qu^il
non demandâst la part de son père. Et lo major se cla-
moit Attone corne son père et lo menor se clamoit-il
Transmunde; et tant lo tint en prison jusque que par le
comandement de lo impeor lo délivra. Et li menor estoit
plus sage que lo major; et estoit plus large et gracions a
donner, et plus vaillant en fait d^armes. Et en cest ma-
nière passa lo frère par sa sapience et apetichoit la puis-
sance de son frère pour sa largeté; et puiz petit de temps
après fu mort par la malice de lo frère carnel, ensi coment
se dit. Et quant fu mort Attone, lo sien frère la de Attone
dona pour moillier a un vilain vittuperousement, et la
dame fu tost délivré de cellui marit quar tost fu mort. Et
a lo ultime fist occirre ceste dame et ses enfans petiz, ensi
come il a voit fait morir lo marit. Et prist les chevaliers
liquel gardoient la dame et les fist morir de diverses
pênes. Et pour ce que li frère non lui donnèrent lo
chaste], les fist noier en mer une pierre a lo col. Et en la
fin cestui Transmunde vint a grant poureté et morut
malvaisement (ij.
(i) Voyez sur ce Transmunde la 3e note du c. 3o, 1. VU ;
nous ne connaissons que par Aimé les accusations si graves
qu'il porte contre lui, mais nous avons vu combien ce que nous
savons par ailleurs sur ce personnage les rendent plausibles. Les
chartes de Transmunde, insérées par Gattola, disent également que
le père du comte s'appelait Attone ou Othone. La dernière phrase
de ce chapitre d'Aimé pourrait bien être une conclusion morale du
traducteur; nous savons en effet qu*en io85, c'est-à-dire bien après
les événements qui viennent d'être racontés, Transmundus faisait
des donations au Mont-Cassin, il- n'était donc pas si pauvre ; en
outre, il n'a dû mourir au plus tôt qu'en io85, ce n'est donc pas
Aimé qui a pu signaler sa mauvaise mort. Cf. supra. Introduction^
p. xxiv sq. Les raisons alléguées par Baist {Forschungen ^ur d.
GeschichiCy t. XXIV, p. 333) pour montrer que la conclusion de ce
chapitre est aussi d'Aimé, ne sont pas probantes.
310
Cap. 35. Et pour scqutcr la tnalvaistie de alcun autre,
si dirons de lo conte de Marse, lequel se clamoit Berarde,
leva a ses frcre la part lor de lo héritage de Ibr père, et
leva les chasteauz a ceaux qui les avoient en sa conté, et
les chasa de lor terre et de lor nation. Et li autre frère
charnel, liquel se clamoit lo evesque Pandulfe (i), afflize
en cestc manière. Premercment lo commensa a avier aper-
tement et faisoit ses chozes secontque lo evesque vouloit.
Il mcnjoicnt a une table et dormoient; la moillier lui
scoit as piez continuelmcnt, et II fil lui estoit comment
escuicr. Et il non disoit qu^il frère de lo evesques mes
son scrvicial. Et lo evesque o pur et simple cuer un des
filz fist clerc, et lui aprenoit com fill des chozes de ryglize.
Et a Pautre filz donnoit armes et chevaux et toutes les
chozes qui lui cstoient nécessaires. Et en la fin lo dit
Bcrart vomi et geta lo venin, par la boche, qull avoit en
lo cors. Et quant lo frère estoit en un chastel qui se cla-
moit Auritînc [2), liquel avoit laissié loperea lui a gover-
ner, li conte ala audit chastel, avec ses chevaliers vint^ et
non lui fu tenut ne contredit d'entrer, quar lui mostroit
amor. Et puiz quant il fut dedens il prist lo evesque son
frcre, et prist lo chastel, et chaça li servicial de son frère,
et i mist ses gardes, et tant tint en prison Tevesque jusque
a tant qu'il renoncia a lo héritage de son père, et tout lo
(i) PanJiiIfc, dvcq-ac des Marscs, était donc frère dei troii comtei
des Morses, Bcrard, OJcrisius et Rainaldus ; Gams {Séries episcO'
porttm) placj son élévation à l'épiscopat en ibSy; nous avons
encore une piccc de vers en Thonncur de Sainte-Sabine qui lut a
été dédiée par son auteur, AI fane, devenu plus tard archevêque de
Salcrne; dans I*épître dédicatoire en vers, Alfoncfait les plus grands
éloges de Tévcque des Marses.
(2) Où étnit ce « Chastel Auritinc » ? Le nom trop ddfîgurd sans
doute ne permet pas de le retrouver.
3"
donna a Bernart. Et après lo persécuta, en les chozes
eglize; et puiz fist sa fille nonnain; et la fist abbaesse, et
leva par force a lo evesque la décime et la rayson que
devoit estre del evesque secont rayson. Et encoire fistpiz.
Quar par force mist main en et maltraita le
qu'il avoit la clef de lar ce absconse
lui tr. et ala pour aucuns ge
ce que cea ( i) contredisoient, ardi lo chastel et les
homes, liquel estoient .ij.c.xl. Et .ij. parent de cesgentilz
homes, liquel estoient de Campagne, estoient venut en
lor aide, liquel quar pooient fouir lo feu, Bernart lor
donna ségurance et lor fida qu'il venissent a lui; liquel
quant vindrent parler a lui amicablement, et subitement
lor fist taillier la teste devant lui; dont maintenant recboi-
vent li sien fill le mal qu'il faisoit a ses prochains et en
ses fils. Et pource que cest home non gardoit foi a il
parent siens, ne ne timoit Dieu^ fu donné la victoire a li
Normant.
Ci se finist li septisme livre.
(i) II y a ici une coupure dans le manuscrit, cf. supra, IntroduC"
tion, p. xxviij.
COMENT LI CAPITULE DE LI UITIESME LIVRE.
Cap. I. De la présignation de Gimoalde archevesque, et de
Joconde, et de un vilain.
Cap. 2. Cornent Gisolfe persequtoit cil de Amalfe, et quel
pêne lor donnoit.
Cap. 3. Cornent occist .ij. fil de Maure. Cornent destruist
cil de Pise et cil de Janue (i).
Cap. 4. Cornent persécuta 11 Neapolitain, 11 Sorrentin et li
Gaytein (2).
Cap. 5. Cornent Gisolfe prist li castel de 11 Amalfétain, et
cornent li patricie fu mort.
Cap. 6. Cornent li Amalfétain voloient la cité sousmetre a
lo pape Grégoire.
Cap. 7. Cornent li Amalfétain donerent a lu duc la terre,
dont Gisolfe plus Tafflixe.
Cap. 8. Comcnt Léo moine pronuncia choze false.
Cap. 9. Cornent lo duc demanda paiz de Gysolfe.
(i) Gènes. Dans le texte, les habitants de Gènes sont appelés
«r Génevoiz ».
(2) Gaëtc. Ces quatre premiers sommaires coïncident avec les
chapitres correspondants dans le texte, mais Taccord s*arrête là, et
le cinquième sommaire correspond au chapitre VI* du texte ; ce
désaccord continue ensuite jusqu'à la fin.
304
Cap. 3i. Et quant Robert vit que Transmunde non
vouloit donner la terre por sa délivrance, cercha de
acquester par vertut, et ordena sur la roche lo siège sur la
forte tor de Ortonne, et la fist castel et ficcha H paveil-
lon (i). Et la moillier de Transmunde et li autre parent,
c^est un autre Transmunde qui lui estoit consobrin fil de
lo frère carnal de lo père, et un autre autres! qui se cla-
moit Transmunde avec Berarde fil de Adain et avec
Bernart, et esperoient de vainchrc en champ cil qui
estoient dcdens les chasteaux, et toute la contrée vont
cercant jusque a Ravane [2). Et non lessent chevalier, ne
evesque, ne abbé, et promete lor les chozes de ii Nor-
mant, et li legier cheval, et li optime arme afiferment que
seront tost lor. Et cest vain et fol desirrier fist venir la
gent tost a la vaine proie et gloire qu*il se creoient avoir
(0 Ortona, sur le rivage de 1* Adriatique, entre Chieti et Lancuno.
(2) Ravane désigne sans doute la grande ville de Ravenne au
nord ; quant aux alliés de Transmundus dans cette guerre avec
Robert de Lauritello, Aimé, dans ce chapitre et dons les chapitres
suivants, ne les désigne que d'une manière défectueuse ou inconi*
plète, du moins la traduction jusqu'à la fin du septième livre laisse
beaucoup à désirer. L'ensemble du récit fait voir que les comtes des
Marscs, ceux de Balva, c'est-à-dire les seigneurs des pays riveraips
uu voisins Ju hic Fucino, combattirent contre les Normands; ils se
liguèrent avec d'autant plus d'empressement qu'ils se sentaient tous
menacés par l'ennemi commun. Or, nous ne connaissons guère ces
comtes de Bal va et ceux des Marses que par les chartes des dona-
tions qu'ils ont faites au Mont-Cissin ; nous savons, girflce à ces
moyens d'information, qu'il y avait à cette époque trois comtes des
Marses, Oderisius, Rainaldus et Berardus, fils, tous les trois, de
Berardus II, comte des Marses; ces trois comtes des Marses n*ont
pas été toujours d'accord entre eux; cf. Léo de* Maksi, OkrOH.
Casin., II, 87.
Voyez notamment sur Berardus, fils de Berardus II, laCfotMîcM
Casin., III, 17, aS et 24, ainsi que Gattola, Accessiomet ad oW*-
iice Cassin. historiam, t. I, p. 171; Gattola a reproduit la charte
305
de 11 Normant. Et puis que furent assemblez se troverent
.X. mille. Et Robert (i), quant il sot lo avènement de
ceste gent, se feinst de fouir, et recoUi li paveillon et ardi
lo chastel. Et li mol chavalier sequtoient ceste gent, et se
confidoient qu'il fugissent, coroient alegrement par lo pré,
et finalement vindrent a un pas ou estoient abscons .ij. .
cent chavaliers de Robert, et lui o troiz cens atendoitemi
lo champ la bataille. Etadontavoit Robert .v.c. cheva-
liers, comment se fust chose que premerement non avoit
de li sien popre que .Ixxx., quar li plus en rechut de son
oncle quant il le manda contre Baialarde, secont qu^est
dit (2). Et puiz a lo issir de la silve, avoient passée la
poste si s'aprocerent toute la multitude, et Robert vint vers
eaux. Et les chevaliers qui estoient repost les secuterent
derrière. Et li chevalier qui non estoient hardit, non
d'une donation faîte en 1070 par ce Bérard au Mont-Cassin; nous
savons que ce même Bérard avait un fîls du nom de Todinus, qui
entra dans la cléricature. Quant aux comtes de Balva (comitatus in
Pelignis], une charte donnée par G. xttola {Accessiones, t. I, p. 179)
montre qu'il y avait deux comtes de Balva, Oderisius et Todinus,
fils Tun et Tautre du comte Randisius, ils font en 1067 une dona-
tion au Mont-Cassin, voyez aussi la Chron. Casin., III, 17 et Sç.
Dans cette même charte figure un comte Bérard, fils de Bérard;
c'est sans doute le comte Bérard comte des Marses dont nous avons
parlé plus haut, et qui avait également des possessions dans le
comté de Balva. Il y a eu donc, d'après ce que nous venons de dire,
un Oderisius comte des Marses et un Oderisius comte de Balva,
mais on ne peut les identifier, puisque le premier est dit fils de
Bérard, et le second fils de Randisius. Dans cette dernière phrase
d^Âimé, Tun des deux Bérarde ou Bernart dont il parle, est certaine-
ment le comte des Mars, mais quel est cet autre Bérarde « fil de
Adaim », rien dans les chartes déjà indiquées ne fournit une ré-
ponse.
(i) Robert de Lauritello.
(2) Cf. supra, ch. 25, I. VII.
20
^o6
savoient ou se peussent torner pour foujr, quar non
a voient lieu ou peussent eschaper; et lî Nonnant vain-
ceor rctcinrcnt lor main pour non traire sanc, ne encoire
non prenoient li foible armes mes U meillor. Li fill de
Rernardc, avec lo neveu de Transmunde, furent pris. Lo
cvcsque de Ciimerin, avec molt d^autres, fu retenut.
' Jelian evesque de Pcne, mes que estoit saint et révérende
personne estoit prison, mes fu laissié aler. De li autre
covient que disons, senon ceux qui escampercnt por la
piiié de Robert et qu^il Icissa aler ; et gaingnerent quatre
mille chevaux ; et de autre bestes et de autre masserie non
est besoingne de dire. Et Robert, o .ij. prospère viaoire,
s'en torna en sa terre o honor de lui et de li sien cheva-
liers [i].
Cap. 32. Et lo conte Transmunde, quand il vit que la
volenté de Dieu li estoit contraire, paia a Robert tant de
deniers comment il potasembler, délivra lui la terre, et
en rechut alcune part de la main de Robert, et fu fait son
chevalier, et ensi fu délivré de prison. Et li autre Tran»-
munde, fill de Bcrnardc et lo neveu partirent H chastel
(i) Pnr « li fill ^Ic BernarJe » il faut donc entendre les trois comtes
lies Marscs, (Kicriftius, Rain.iKIus et Bérird, tous les trots lils de
hi'iiinl. — De ïn5<j ^ 109 }., c*cst un certain Hugo qui fut évëque de
Camcrinu; c*est dune lui que Robert de Lauritcllo fit prisonnier le
1 1 février 1079; Hugo fut excommunie par Grégoire VU {Monmm.
Oregor., Grego VII Rcgist, VI, 17 a), il obtint sa grâce en 1080 ;
voyez sur lui Turchi : Camerinum Sacrum^ p. 148 iq. — Pêne ou
plu lut Penne, est au nord-ouest de Chieti, sur les contreforts du
Gr.ind-Scnssu d*ltalia au levant. Cest à tort que dans les listes
cpiscopiles de Penne, on fait dès io57 abdiquer Tévêque Jean,
puisque d*aprcs Aime, il était longtemps après cène date en posses-
sion du siège, et qu'on ne signale pour cette période aucun antre
cvêque de ce nom ; cf. Gams : Séries episcoporum, ad. v. Penne.
307
et furent ses chevaliers de Robert, mes Robert ot sa part
de H chaste! (i).
Cap. 33. Et Jordain, lo filz de lo prince Richart (2),
qui non faîsoit son commandement, fu nialedit de son
père. Mes il fu repris de la gent soe, et pource requîst
d'estre benedit; et li prince lui octroia sa bénédiction,
toutes s^il faisoit sa volenté, et toutes foiz soit a lo juge-
ment de lo duc Robert, et examinast la brigue laquelle
estoit entr^ eaux. Et desirroit lo duc de lo fill retorner a la
grâce de lo père, et conseilla que lo fil rende a père
Nocere de li chrestien (3), laquelle lo prince desirroit
d'avoir, et que lo père doie concedir a lo fill la conté de
Marse, Amiterne derrière soi, et Balvenise (4), et ensi fu
fait. Et Jordain o .Ixxx. chevaliers sien et o Berarde, et
troiz filz de lo conte Odorize, entra en la terre de Marse,
et destruist lo conte Berarde en prenant proie. Et Berarde
estoit grandement en celan o sa gent et disoit quUl non
vouloit combatre contre nul chevalier de lo prince. Et
puiz pour .Ixxx. home de Jordain estoient abscons. Et
par la famé de cest fait, li conte qui lui estoient voisin
mandèrent tribut pour avoir la grâce de Jordain. Et
Berart, fil del conte Berart, a cui petitipn Jordain estoit
alez a la terre de Marsi, laissa la compaingnie de Jordain,
(i) La phrase, mal construite, ferait croire à tort que les Trans-
munde étaient fils de Bernarde ou Bérard.
(2) Jordain ou Jourdain, fils du prince Richard et de sa premi^e
femme, lui succéda comme prince de Capoue, le 5 avril 1078; il
avait déjà, du vivant de son père, été associé au gouvernementi car
dans les chartes son nom paraît à côté de celui de son père.
(3) Nocera-dei-christiani, par opposition à Nocera-dei-pagani,
entre Naples et Salerne, à 37 kilomètres de cette première ville.
(4) Le comté des Marses, celui de Balva et Amiternum, l'antique
Amiternum, maintenant San-Vittorino, se trouve entre Aquila et
Teramo, au nord du comté des Marses.
3o8
absconsement fouy par la monition de lo père, et toutes
voicz jura par sacrement et fu fait chevalier de Jordain,
non se ciiruît de son fouir, et cstoit ferme, et aloîent li
Normant solacent par la planor. Et Jordain avec lo fil
estoicnt souz clef (i). Et vezci cornent li pape Lyon (2j
voloit combatre contre li Normant, et les voloit chacier,
quar diz mille de ceus homes devant diz furent vaincus
de .V. cent Normant, et lo pueple de quatre conté sont
constraint de donner tribut a H chevalier Normant (3).
Cap. 34. Or veut li pcre nostre, cestui moine qui ceste
ystoirc compila, dire alcune chose de ceuz qui non sont
Normant, ne de rien ne tochc a li Normant. Un grand
home, qui se clamoit Attonc, avoit .ij. filz, de liquel .ij.
mist lo major en prison, le menor de lui loquel devoit
(i) On voit combien est obscur ce passage; il pefmet cependtnt
de c()nji:itiircr que Jourdain et ses Nornunds avaient été attirés
d.ins le comté des Mnrses par le comte des Marses. BcrarJ, fiU de
Ik-mnl, probablement brouillé avec ses deux frères, Oderisius et
Rainaldus.
(i) 11 faut « li pape Grégoire »; le pape Léon IX était, à. cette
époque, mort depuis longtemps.
{^) I/auteur résume ce qu'il a dit plus haut, c. 3i, sur les 5oo
chevaliers ilc Robert do Lauritcllo qui ont eu raison de leurs
10,000 adversaires; les quatre comtés sont sans doute ceuz des
Murses. ilo Bal va, de Chieti ou Teate, et peut-^tre d'Amitemom. U
est cert.iin, comme le dit Aimé dans ce passage, que le pape, jusie-
ment préoccupé de Tinvasion progressive des Normands vers ritifie
centrale, ut craignant pour l'indépendance temporelle de Rone cc du
Saini-Siêi;c, tît à cette époque une très vive opposition aux Nor-
mands ; sims compter les nombreuses excommunîcatiout qu'il pro-
nonça contre Robert Guiscard, nous voyons que, dans le synode
romain du mois de février loyS, il excommunia également Robert
de Lauritello, Grkgorii VII Regist. Il, 5a a, dans les Moimm»
Grcg. de Jaife, p. 1 70 ; voyez aussi p. 477 de ces MomtmetttM,
309
governer cornent son fiU, et lo mist en prison a ce qu^il
non demandast la part de son père. Et lo major se cla-
moit Attone corne son père et lo menor se clamoit-il
Transmunde; et tant lo tint en prison jusque que par le
comandement de lo impeor lo délivra. Et li menor estoit
plus sage que lo major; et estoit plus large et gracious a
donner, et plus vaillant en fait d^armes. Et en cest ma-
nière passa lo frère par sa sapience et apetichoit la puis-
sance de son frère pour sa largeté; et puiz petit de temps
après fu mort par la malice de lo frère carnel, ensi coment
se dit. Et quant fu mort Attone, lo sien frère la de Attone
dona pour moillier a un vilain vittuperousement, et la
dame fu tost délivré de cellui marit quar tost fu mort. Et
a lo ultime fist occirre ceste dame et ses enfans petiz, ensi
come il avoit fait morir lo marit. Et prist les chevaliers
liquel gardoient la dame et les fist morir de diverses
pênes. Et pour ce que li frère non lui donnèrent lo
chastel, les fist noier en mer une pierre a lo col. Et en la
fin cestui Transmunde vint a grant poureté et morut
malvaisement (i).
(i) Voyez sur ce Transmunde la 3e note du c. 3o, 1. VU ;
nous ne connaissons que par Aimé les accusations si graves
qu'il porte contre lui, mais nous avons vu combien ce que nous
savons par ailleurs sur ce personnage les rendent plausibles. Les
chartes de Transmunde, insérées par Gattola, disent également que
le père du comte s'appelait Attone ou Othone. La dernière phrase
de ce chapitre d'Aimé pourrait bien être une conclusion morale du
traducteur; nous savons en effet qu'en io85, c'est-à-dire bien après
les événements qui viennent d'être racontés, Transmundus faisait
des donations au Mont-Cassin, il* n'était donc pas si pauvre ; en
outre, il n'a dû mourir au plus tôt qu'en io85, ce n'est donc pas
Aimé qui a pu signaler sa mauvaise mort. Cf. supra. Introduction,
p. xxiv sq. Les raisons alléguées par Baist {Forschungen fwr d,
Geschichte, t. XXIV, p. 333) pour montrer que la conclusion de ce
chapitre est aussi d'Aimé, ne sont pas probantes.
CUv, ^v ff'!t pour ftcqiitcr la malvaistie de alcaa aarrs.
%'i rlironn (\c lo conte Hc Marse, lequel seclamoit Bcrarie,
lcv;i n ACA frcrc In pnrt lor de lo héritage de Ibr père, et
Icv;i Ic^ rhnstc.'iii/ n ccaux qui les a voient en sa conts. cr.
](•% rhnsa de lor terre et de lor nation. El H autre frère
(hiirnri. !ir]iicl se clamoit lo evcsque Pandulfe ' i , afHize
en cv^xc m<inicrc. IVcmercment lo commensa a avieraper-
tcrnctit et fiiisr>it ses ch07.cs secontque lo evesque roaloi?.
Il rncnjoicnt a une table et dormoient; la moillier laî
scoit as pic/ continuclmcnt, et li fil lui estoit comment
rscuicr. lu il non disoit quMI frère de lo evesques mes
•;f)n scrvicial. K\ lo cvcsiiuc o pur et simple cuer un des
fil/, hsi <lcr(*,ct lui aprcnoitcom fîll des chozcs de ryglize.
Va a riiutrc i'ih donnoit nrmcs et chevaux et toutes les
rlioxrs ipii lui cstoicnt nécessaires. Et en la fin lo dit
lîcrart vomi et gcta lo venin, par la boche, qu^il avoit en
lo cors. Va (piant lo frcrc estoit en un chastel qui se da-
tnr)ii Anritinc '2|. Iii|ucl avoit laissié loperealuiagover-
nrr, li conte a la auilit chastel, avec ses chevaliers vint^ et
non lut lu tciiut ne contredit d'entrer, quar lui mostroit
ainor. Va pui/. ipiant il fut dcJcns il prist lo evesque son
licro. et prist lo chastel, et cha^'a li scrvicial de son frere^
et i niist ses|;.irJcs. et tant tint en prison Tevesque jusque
a tant ipi'il retioncia a lo héritage de son père, et tout lo
(1) l\ui>lulti\ «^-ô|:u' ilr» Mnrscs, lîtnit donc fr&rc des trcûi comtes
•UsM.iiM's, IWiiHil, Oili'iiAÏii!! et RiiinaMus ; Gans {Séries episco-
f*ontnt\ pl.u - vm dcvaiinn A l'cpiftcopat en ib57; nous avons
I n.nir iiiir |mC«.c ili* vers en riionnciir ilc Saintc-Snbine qui lui a
l'ii' .littKi' p.u Sun nutiMir, Alt'nnc, devenu plus tard archevêque de
S.ilnnr; itaus l'cpUre iliMicntoirc en vers, Alfoncfait les plus grands
ilojV'N di- ri\\'i]Uf vii's Marses.
\i\ kH\ i-t.xii ^c « i'.hiistcl Auritino »? Le nom trop déAguré sans
.Ion II* ne p,-imei p»is de le retrouver.
311
donna a Bernart. Et après lo persécuta, en les chozes
eglize; et puiz iist sa fille nonnain; et la fist abbaesse, et
leva par force a lo evesque la décime et la rayson que
devoit estre del evesque secont rayson. Et encoire fist piz.
Quar par force mist main en et maltraita le
qu'il avoit la clef de lar ce absconse
lui tr. et ala pour aucuns ge
ce que cea ( i j contredisoient, ardi lo chastel et les
homes, liquel estoient .ij.c.xl. Et .ij. parent de cesgentilz
homes, liquel estoient de Campagne, estoient venut en
lor aide, liquel quar pooient fouir lo feu, Bernart lor
donna ségurance et lor fida qu'il venissent a lui ; liquel
quant vindrent parler a lui amicablement, et subitement
lor fist taillier la teste devant lui; dont maintenant rechroi-
vent li sien fill le mal qu'il faisoit a ses prochains et en
ses fils. Et pource que cest home non gardoit foi a il
parent siens, ne ne timoit Dieu^ fu donné la victoire a li
Normant.
Ci se finist li septisme livre.
(i) Il y a ici une coupure dans le manuscrit, cf. supra^ IntroduC"
tion, p. xxviij.
COMENT LI CAPITULE DE LI UITIESME LIVRE.
Cap. I. De la présignation de Gimoalde archevesque, et de
Joconde, et de un vilain.
Cap. 2. Cornent Gisolfe persequtoit cil de Amalfe, et quel
pêne lor donnoit.
Cap. 3. Cornent occist .ij. fil de Maure. Cornent destruist
cil de Pise et cil de Janue (i).
Cap. 4. Cornent persécuta li NeapoUtain, li Sorrentin et li
Gaytein (2).
Cap. 5. Cornent Gisolfe prist li castel de li Amalfétain, et
cornent li patricie fu mort.
Cap. 6. Cornent li Amalfétain voloient la cité sousmetre a
lo pape Grégoire.
Cap. 7. Cornent li Amalfétain donerent a lu duc la terre,
dont Gisolfe plus Tafflixe.
Cap. 8. Coment Léo moine pronuncia choze false.
Cap. 9. Coment lo duc demanda paiz de Gysolfe.
(i) Gènes. Dans le texte, les habitants de Gènes sont appelés
« Génevoiz ».
(2) Gaétc. Ces quatre premiers sommaires coïncident avec les
chapitres correspondants dans le texte, mais Taccord s*arrête là, et
le cinquième sommaire correspond au chapitre Vi* du texte ; ce
désaccord continue ensuite jusqu'à la fin.
3M
Cap. 10. Cornent ceaux qui estoient dampnés a prison
pristrent la roche et puiz la donnèrent a lo prince Gisolfe.
Cap. 1 1 . Quant furent et qui le fillz de Gaymere et frère
Gysolfe.
Cap. 12. Cornent lo pape et la moillier de lo duc lo anao-
ncsterent de faire la paiz.
Cap. i3. Cornent lo duc mist lo siège sur Salerne.
Cap. 14. Cornent Richart prist li chastel de Gîsolfe et fist
un autre chastel, et lo duc encoire lui cercha pais. Cornent
Gisolfe leva a cil de Salerne la tierce part de la vitalle. Co-
rnent Il àrchevcsque souvint a li poure de la cité.
Cap. i5. Cornent Gisolfe desrompoit toutes maisons, et
non sole ment des chozes de vivre mes la leingne en em-
portoit.
Cap. 16. Cornent cil de Salerne menjoien la char non
munde, et Gisolfe vendoit les chozes de vivre.
Cap. 17. Cornent li chien portoient le pain a son seignor.
Cap. 18. Cornent il occist Gratien.
Cap. kj. Cornent lo duc et Richart furent proiez de lo
pape pour aler en Champaingne (i).
Cap. 20. Cornent lo abbé Robert dcspoilla son mostier, et
cornent lo duc et lo prince rctornercnt a Salerne.
Cap. 2 1 . Cornent la cite fu prinse, et Gysolfe fouy a la
roche.
Cap. 22. Cornent lo prince Richart o Tajutoire de lo duc
assegerent la cité de Naples, et qu'en fu fait.
Cap. 23. Cornent a Gisolfe et a sa gent feilli la vitiialle, et
cercha a la moillier del duc sa suer.
Cap. 24. Coment Gisolfe vouloit parler a duc Robert.
Cap. 25. Coment Gisolfe donna soi et li sien et la roche a
lo duc.
(i) C'est une erreur du traducteur; cf. infra^ ch. 21 et ii. Cette
expédition de Robert Guiscard et de Richard de Capoue en Camp*-
nie, était dirigée contre les possessions de TÉglise romaine; die lefit
«lonc malgré Grégoire VU, et non d'après ses conseils.
315
Cap. 26. Cornent lo duc demanda a Gisolfe la dent de saint
Mathie et cil lui donna.
Cap. 27. Cornent lo duc délivra (i) de mander Gisolfe a
Palerme et rechut lo sacrement, et lo laissa, et ses frères
leisserent la terre et alerent au prince Richart.
Cap. 28. Cornent Gisolfe vint a lo pape.
Cap. 29. Coment lo duc et lo prince parlèrent ensemble,
et lo duc lui donna ajutoire, et mist lo siège sur la cité de
Bonivent.
Cap. 3o. Coment Jordain et Raynolfe (2) furent fait che-
valiers de lo pape.
Cap. 3i. Coment Baialarde ot la grâce de lo duc Robert,
et Azo marchio pristpour moillier la fille Baialarde (3).
Cap. 32. Coment fu mort Ricchart. Coment lo duc et lo
prince firent grant bénéfice à lo monastier de saint Benedit.
Cifenissent li Capitule del .vij. Livre (4).
(i) Le sens est « délibéra ».
(2) Au lieu de Raynolfe, le texte porte « lo conte Rogier, onde de
Jordain. » Nous ne savons donc pas s'il s*agit en réalité de Raynolfe
ou de Roger^ car Tun et l'autre étaient oncles de Jburdain. Raynolfe
était un frère de son père, le prince Richard (cf. Chronica Montis
Casin.y 1. III, 29) et Roger, frère de Robert Guiscard, et surnommé
le grand comte, était frère de la mère de Jourdain, c'est-à-dire de la
première femme de Richard de Capoue. Je serais porté à croire qu'il
s'agit plutôt de Raynolfe, oncle paterne! de Jourdain.
(3) C'est une erreur; ce n'est pas la fille d'Abagélard, mail la fille
de Robert Guiscard que le marquis Azzo a épousée, cf. infra, c. 33.
(4) Il faut du Vlile livre. Il n'y a que 32 sommaires tandis qu'il
y a 36 chapitres.
3i6
COMMENCE UITIESME LIVRE.
Cap. I. Puiz par ordene de lo ystoire devons dire la
prise de la cité de Salerne, dont fu cestui moine (i), et
de la destruction de la seignorie de li Lx>ngobart. Veut
cestui moine raconter alcune avision et prophétie qui en
avindrent avant. Car li reverentissime archevesque de
Salerne, qui se clamoit Grimalde (2), estant en parlement
avec li clerc, molt de foiz, puiz molt de paroles disoit
souspirant a haute voiz : Guay a Saleme! gay a Salerne f
Et lui fu demandé pourquoi il disoit ceste parole ensi
cspessc et subitement. Et il responoit que non par sa
volenté mes par la volenté de Dieu lo disoit, et non pooit
faire autre que aucune foiz non lui venist ceste parole en
boche. Et un religiouz moine, loquel se clamoit Jocunde,
loquel pour estre en contemplation se mist en carcere, et
adont puis comensa a avoir lo esperit de prophétie, et cil
de la cité par molt expérience de que puizavenoit. Adont
lui fu demandé de cil de la cité que devoit entrevenir. Et
ccllui rcspondi : En la seignorie de lo iilz de Guaymare,
prince de Salerne, sera finie la seignorie de li Longobart,
et sera conccdue à un optime home de autre gent pour
(i) Au sujet de ce passage, cf. supra. Introduction, p. Iz.
(2) Grimalde, ou plutôt Grimoald, a été archevêque de Saleme
de oS5 à 1006; Memoric pcr servire alla sioria délia Ckiesa 5tf-
Icmitana da G. Paksano, p. prima, p. 85; NapoH, in-So, 1846. Si
Grimalde a tenu le langage qu*Aimé lui fait tenir, il ne pouvait l'a^
pliquer à la prise de Salerne par Robert Guiscard.
317
loquel la cité sera exaltée. Et .1. autre bon seculer estant
en son lit et pensant de la malvaistié de Gisolfe ; et lui
apparut Guaymere, père de Gisolfe, en sompne, et lui
dist : La crudelité qui maiz non fu oïe de lo malvaisis-
sime mon fill Gisolfe, quar a levé le lor a cil de la cité,
et lor leva lo membre, turbé le corage de cil de la cité ;
atendez un poi, quar sa puissance non s^estendra jusque
a li .xl. ans; et ensi fu fait (i).
- Cap. 2. Et a lo ferocissime prince de Sajerne Gisolfe,
et a l'iniquité soe continuelment cressoit et faîsoit piz. Et
la rage insaciable de loquel paroit que passast la crude-
lité de Néron et de Maximien. Et met en la misère gent
de sa cité, la ire soe sans remède s'estoit estendue, liquel
alcun en avoit exaspéré tailia li membre, alcun desroboit,
et commensa a estendre la soe malvaistié a ses voizins, a
cil de Malfe. Et toutes voiez avoit juré de donner lor aju-
toire de troiz cent homes a cil de Amalfe contre lor
anemis (2). Et puiz par diverses manières le cetchoit de
destruire, quar les faisoit agaitier par larrons de mer, et ne
les leissoit naviguier par mer, et ensi leur toUoit lor gaaing.
(i) Gisulfe a succédé à son père Guaimarau mois d'août loSa et,
à la date du i3 décembre 1076, il avait définitivement perdu sa
capitale et sa principauté ; son règne a donc été de vingt-quatre ans.
il est vrai que dès le mois d'avril 1042, Gisulfe avait été associé par
son père au souverain pouvoir; à partir de cette époque, son nom
figure dans les chartes à côté du nom de Guaimar ; par conséquent,
on peut dire, si Ton compte les dix années qui vont du mois d'avril
1042 à la mort de Guaimar, que Gisulfe a régné trente-quatre ans.
Codex diplomaticus Cavensis, t. VI, p. 187 sqq, et L VII,
p. i85 sqq.
(2) Le traducteur d*Aimé écrit tantôt Malfe tantôt Amalfe, mais le
contexte prouve que les deux appellations désignaient Amalfi. Nous
ne savons ni dans quelles circonstances ni à quelle date Gisulfe ^vait
pris cet engagement vis-à-vis d*Amalû.
3i8
Et par terre ordena pedons intre liquel, aucune toiz,
aloit H prince, et non les lessoit issir fors a lorvingnez ne
a lor jardins, et rcstrcingnoit H infortuné citadin en la
cité, et H vilain a li village. Et aviengne, que soient enii
atornôiez cîl de la cité de lor anemis, toutes voiez sesou^
tenoient de lor marcheandise solement. Et alcune foiz se
metoient en aventure et aloient par mer a ce que par Ipr
marcheandize peussent eschaper lor vies; et alcune foiz
cstoient pris et lor gaaing perdoient, et miex lor fust
qu*!! fussent noiez en lo mer. Qu'il estoient prison souf-
froient diverses pencs; quant il estoient en prison
estoient batut et avoient f^iin et soif. Et puiz recevoient
une crudelité qui maiz non fu oïe. Et nulle cnidelité
non fu pareill a ceste, quar chascun jor lor erent teillié
un membre jusque a tant que ou il moroient ensi cru-
delement, ou il se rachatoient de molt grant pris. Puiz
lui estoient levez alcun membre, alcune foiz lo megc,
cVst un.oill, ou une main, ou un pié; et se aucun non
se pooit rachatcr, lui chasoient les .ij. oillz, et lui tail-
loient les mains et les piez. Et alcun moroient en prisom
por la puor et autre iribulation, quar en un estroit lieu
aucune foiz en tcnoit .xL ensemble; et ceusqui moroient,
pour ce que non se savist, les faisoit sosterrer la nuit, de
li scrvicial sien. Et ceus qui se moroient par lo tonnent,
disoient qu'il estoient mort de lor propre mort. Et en
quaresme tant tailla de mains et de piez, et tailla tant de
génital et trahi de oillz, car sans nulle autre viande lui fu
donne a lui, et a quatre de ses, char a mangier habun-
dame, mes pour sa gole non se pooit saouler. Et pource
qu'il estoit contraire a toute la vertut de Dieu, celui jor
que saint Pierre par Tangelc fu délivré de la prison (i),
(0 11 s*ugit Je la fête de S. Pierre-ès-Lient qui se célibre le
fvr auût.
}I9
quant il estoit à cène fist taillier les piez a .xij. homes de
Amalfe en la présence soe. Et non est merveille s'il non
pot honorer saint Pierre apostolo de Crist, car lo joedi
saint, quant Crist cenoit auvec ses apostoles, en loquel li
home se confessent, il non failloit, secont sa costumence,
de affligir et destruire li misère ( i ) .
Cap. 3. Or dit ensi Tystoire que entre li torment que
faisoit Gysolfe a cil de Malfe, et il Gisolfe non soi recor-
dant de rhumanité, ne de la miséricorde de Dieu, fit
une grant malvaistié et pechié; quar un noble home de
Malfe, loquel se clamoit Maurus, habitoit ad Amalfe ;
liquel Dieu tout puissant lo avoit fait ricche et lui avoit
donné .vi. filz, de liquel lo plus grant se clamoit Pan-
thelo (2). Et non se melloit en la perversité de sa gent,
(i) Un document du xi* siècle, la vie de S. Léon, abbé de la Gava,
au nord de Salerne, écrite par un anonyme, raconte de Gisulfe des
atrocités analogues à celles dont parle Aimé ; on y lit notamment
que le pieux abbé s*efforçait d*arracher les malheureux prisonniers
amalfitains à la cruauté du prince de Salerne : « Quis vero, écrit
l*auteur anonyme, explicare sufficit, pater vcnerabilis Léo, quanta
tune captis auctoritatc, quanta liberalitate succurrerit ; quam largiter
carceratos paverit, spoliatos induerit, vinctos absolverit, tortos
eruerit et a vicina amputatione liberaverit » ? On voit dans un autre
passage de la biographie, Tabbé de la Gava se rendre en toute hâte
à Salerne pour empêcher qu*on ne crevât les yeux à trois prison-
niers, condamnés par Gisulfe à subir cette torture. Dans bien des
circonstances, Tabbé ne put avoir raison de la cruauté du prince de
Salerne, aussi lui prédit-il sa ruine prochaine : « pro crudelitate tua,
lui dit-il un jour, post parum temporis hujus terrs dominus non
eris. M Voyez cette biographie dans Muratori, R. Ital., SS., t. VI,
col. 2t3 sqq. de sancto Leone abbate.
(2) Cette illustre famille des Maurus et Pantaleo d*Ama1fi a
donné les portes de bronze de la cathédrale d'Amalfi, de Téglise de
S. Michel au Monte-Oargano, de S. Paul-hors-Ies-Murs à Rome, et
de Téglise de Tabbaye du Mont-Cassin. On lit encore TiDScription
n^ ::--^ :r t?:::: it^j^: Di^u. et estant en Saleroe fist
= :'.: -* ::as-:l^u:c. tz ^Cfn-^it s^de a ceoz qui alloient
i- s» r: «?clrr= =:: JhirusAlem. ou lo verace Jshu-Crist
1':'.'. e<:t rr^uz recr ::: ea sd maison et lor donoit lor
'.zz'-ts 1-âs r>ses ::ec»£>2:r£s. e: lor aîdoii a complir lor
-tizt .-.zztl iry.ir.z accitTirneaciê a Éûrc; ci avoît fiiît
ztn i::«7:'-^ en A=.:h:ocâ e: en Hiemsalem. o la helemo-
2:r.£ Jt <a r.jjb^sTc les sousunoi: ; . Dont la renomée
p:r:» zt l'ézUse scn^lîf eu Mont-Cftssxn («prèi la
ifsr--:rt:z rir .li r;~rl*r:îi=t ie lirrc ds U Tzeille ^îse de
L':i:îr. !=:§ rcrrrç :c: é:s. 2j xrr* s'ède. adaptées i l'église nou-
\t.li\ : « J/:c //.':.' ii^s !: ssns ±t Jonjwi:) Mamrv JUims Paata-
.T :r:i if c:^.::e Mju^n£ jj LacJî>i Dei ef SaXhoÊùrÎM mmî Jerna-
Ctnsti Z7 citj'j,r i^^^rn^i^^e j7t:tj milUsimo sexagesimo sexto. ■
LIzÂcr.pû:,- j;:s p.rt;.-» ^;: 5. ?2.U-h-rs-Iâ&-MiirS| brûlées en partie
l^rs ii Vi::ztz:.:t j:- :Si3. z^inzii : PjnUUo stratus remiam miki
m
/-T-.- '.. 2.j'*..--,rx-..tT; '«io fI/ït?! C:: tuov. — D'après BenZD,
cvcq'^e d'AIb-e. l'iri^lec. pairijâ j'Amalti, le père de œ Mannis^ te
s^nii, vers io'.'2, actirerr^âni emplové pour la cause de Tantipape
CaJÂÎus, CL-ntre Al^xiriire II ei Hiliebrind; Tautorité de fiensoest
SI :or.iestib!e. q-j\.r. r.:: ptMi, il est vrai, regarder son témoignage
comme con.i'jir.t. Cf. jJ Henricum JV imper, MG. SS., L XI,
p. '.'i5. ^22 sq . Ô2C sq. Quoi qu'il en scit. la présence de Maams
au Mor.t-Cassin auprès dWlsxindre II. lors de la oonséaatîon de la
basilique, ses bons rapports avec le pape, ses dons aux ^liift^
prouvûr.i quL- le nls de ce Pantaleo n'avait pas suivi les traditions
de sjn père, et qu'il étûit panisan dévoué du pape légitime.
1 1 Le passige suivant, tiré de la vie de Jean, archerêciue d'AnaM
(1070-10S2 :'i, par.iîc se rapporter aux fondations de la fâmOle de
Maurus et de Tantalco en Orient : « Hic profectus est in Pakcstinan
hjZii sancta visitanii gritii, ubi summo cum honore receptnafiiit ab
A m- Iphitanis; qui Hierosolymis, paucis ante annis, duo estnizeraat
hospitalia nd homincs et mulieres recipiendos, in quibus et aleban-
tur et infirmi curabantur, defenientes eos a Sancenîs et ut facQîiis
id cxcqucrcnturi vitam rcligiosam fere instituerant. Joannea
321
de cest home corjpoit quasi par tout, le inonde en estoit
plein, si que non solement ceaus qui io connoissoient,
mes cil qui non lo cognoissoient parloient de sa bonté.
Et come est dit desus, quant Gisolfe ala a lo empeor de
Costentinoble, il et toute sa gent a les despens de Pan-
taleon estoient en sa maison, et estoit son conseillier. Et
quant il estoient en sa maison il pensoit comment il porroit
avoir la richesce de cestui Pantheleon (i). Et puiz torna
a Salerne, et se feingnoit de avoir Tamistié de Maure lo
père et de Pantaleon et de sez frères, et pour lo service
que avoit receut lui prometoit de rendre lui la mérite, et
eu recevoient présent, et lor remandoit paroles de amistié,
et lor prometoit service. En cest temps, endementre que
Gisolfe persequtoit cil de Amalfe, tant li amis quant li
anemis de Amalfe en la feste de la consécration de saint
Benedit, entre diverses compaingniez de divers pueples
qui la vindrent, quar il i vint lo prince, et i vint Maure,
et devant lo pape vindrent a dire lo occasion de lo odie
entre lo prince et cil de Malfe, et qu'il pape deust chacier
Todie et mètre la paiz. Et par conmandement de lo pape,
Gisolfe promist a Maure que se en ceste brigue aucun de
ses filz chaïst, que sain et salve lo lessast aler sanz nulle
reanchon de monoie (2). Et puiz après ceste consécration,
Maure fu fait moine, et lo prince torna a Salerne. Et en
petit de temps après, en une bataille en mer, l'un de li
archiepisc., sicut Domino placuit, migravit ex hoc mundo in Da-
miata et ibidem sepultus est. » Ughelli, Ital, Sacra^ t. VII,
col. 198.
(i) Cf. supra, I. IV, c. 37.
(i) Il s'agit de la grande fête qui eut lieu au Mont-Qissin le
ler octobre 1071, lors de la consécration de Téglise de Tabbaye par
le pape Alexandre II ; les grands seigneurs lombards ou normands
rivalisèrent de zèle pour y assister.
21
322
tili de Maure fu occis, lequel se clamoit Jehan. Et depuiz
li autre filz, loquel se clamoit Maure corne lo père, fa
pris. Et en prime, Gisolt'e lo traita honorablement, et lui
promctoit sécurité, et lo faisoit mcngier avec lui, et sou-
vent renvitoita jouer os tables au vec lui. Et puizcomensa
a penser comment il lui porroit lever lo sien. Etpargrant
convoitize lo fisi lever de table et lo fist mètre en prison
en sa chambre: et puiz lo fist mètre en obscur lieu, souz
la roche de la terre, et lo fist constraindrede divers fers et
lo fist tormentcr de une mercière. Mes pensant la
ricchesce de Pantalcon et de lo frère, etvouloit que de
celle richcsce fust délivré, et lor demandoit .xzx. mille
besant; et li frère en vouloient paier .x. mille, quar non
avoicnt plus. Et finalment Agnès imperatrix se mist en
mege, quar cstoit famé cristianissime et devotissime, et
metoit sa cure en les prisons, et en confoner li ponre et
appiireillier Teglize. Dont vint a Salerne et se geta a li
piez de lo prince, et prometoit de paier cent livres de or
et faire soi taillier le doit, et solement delivrast cestui
Maure (i). Et autrcsî pour lui délivrer cstoit venut tout
lo collège J.c Saint-Benedit pour proier pour lui. LVm-
perairix fu desprizié de lo prince, et sa proiere fu vacante
devant la face de lo tyrant. Mes cestui, loquel non timoit
lo jugement de Dieu ne la vergoingne humane, premere-
ment lui fist chacier Toill droit, et puiz chascun jor lui
faisoit taillier .i. doit de la main et de li pié, et lo faisoit
mengier poi, et o torment faisoit débile lo home juste. Et
en lo temps de yver cellui cors faisoit baingnier en aiguë
(i) Aprùs avoir quitte le pouvoir en io62| rimpératrice Agnès
prit l'habitude d-.* taire en Italie des séjours de plus en plus pn>-
long r; Lko de' NUrsi, 1. III, 3i, dit qu^elle passait près chi
Mont-Cassin six mois de l'année, elle mourut à Rome le «4 d^
cembre 1078.
323
meslesiée avec glace, et après tôt cest martyre fist noier
Maure, noier en mer et s^en ala a Jshu-Crist.
Cap. 4. Et en cellui meismes temps avoit commencié
Gisolfe de faire empediment a ceuz qui estoient ,entor
Salerne. Et a toute gent qui alloieiit par mer faisoit
comme a cil de Amalfe. Et subitement H Pisain, liquel
navigoient par mer, pour tempeste de mer clamèrent
saint M athie de Salerne a lor aide. Et pour la mérite de
li saint Mathie lo parut quMl furent délivré : quar subi-,
tement puiz la prière fu abbaissié la tempeste. Et li Pisain
avoient paor de la malice de lo prince Gisolfe; il man-
dèrent avant message, loquel dixist a lo prince de Salerne
coment avoient eu tempeste, et comment il avoient esté
délivré par la mérite de saint Mathie de Salerne. Et li
prioient qu'il lor donast sécurité de venir au port de
Salerne pour visiter lo cors de saint Mathie qui estoit a
Salerne. Et lo prince concedi lor pétition, et por la malice
qu'il avoit en cuer lor promist libéralité et adjutoire. Et
li Pisain pour ceste securté vindrent au port de Salerne,
et issirent de la nef et o piez deschauz allèrent a Peglize
Saint-Mathie, et a Tautel la ou estoit lo santissime cors
sien donnèrent un paille et firent belle lumière, et toute
Teglize aornerent, puiz retornerent a lo port. Mes non
troverent la nef, laquelle avoient leissié; car Gisolfe avoit
fait lever la nef et toute la ricchesce. Et encoire fist piz;
car ceste gent afïlixe par prison et par molt autres tor-
mens. Et petit de li poure en laissa aler, liquel dixissent
a lor parent de cil qui estoient en prison qu'il venissent
rachater li prison. Et null de li autre non laissa aler, s'il
non paiast grandissime poiz de argent. Et vit Gisolfe que
son trésor estoit plein de richesce de malvaiz aquest, fu
molt alegre secont lo monde. Et a ce qu'il peust passer la
ncbejc ie lo empeor. commanda que li sien larron de
zr.ir z\it £ r.ul hoznt non pardon nasseni. Et ces larrons
ctrc'ztTtnz la mer et irjvereni une nef de Genevoiz,
'iiz\itV:i prls'j-en: e: menèrent a lo prince, et lui don-
r^tnrr. celle c:>>e ju'II desideroit, tant de monoîe com-
rr.tr.i \\ voulciî, char îor marchandise non estoit encoîre
ver.iue. Nfcs non :>our:an: il retînt tout et les misten
pr:s.:n. et ciwln: qu'il vendissent lor terres et lor maisons
e: :ouz lor biens po^r eaux rachater de prison, dont lor
âsî similance e: piz qu'il n'avoit fait a cil de Pyse ( i ).
C\p. 5. Kl pour cesie diverse aspérité que continuel-
n:en: acresfc»::, e: pour ce qu'il avoit de monoie que avoit
assemblé, lo cor^îie de Gisolfe esioit monté en tant or-
«;ue:H qu'il ne lui paroi: de estre entre li home mortel
mes en:re li d:eu, et ia soe vaine gloire il creoit qu^il fusi
plus ^ran: que la puissance de lo empeor. Et desprisoît
ii sien proxime e; parent, et li autre gentil home seeffor-
choient de eauz humilier souz ses piez. Et en chascune
part taisoii heàiner et taire forieresces qui non se pooit
prendre, ci turboit li seignor de entor, et deffendoît la
terre soe. El a io maistre de la chevalerie de la cité de
Naple 2 . aucune foiz o navie. aucune par congrégation
de larron, donnoi: conturbation a lo duc de Sorrente; et
i) Njus a-.\.ns Jc;à vj plus haut (Aimé, 1. VII, c. i3) comment
les Pisjîns se souvinrent à Monte-Cimino des procédés de Gisulfe à
leur cgifJ.
12; Il s'agit je Sergijs V. duc de Naples, qui uûsta, le icr oc-
tubre 1:7:. d U consécration de Tégliie d; Tabbaye du Mont-
C^ssin; cf. Chron. Mont. Cass.^ 1. III, c. 3o, auctore Pwno Du*
L)vo. Parlant de ce Sergius V, l'abbé Didier t'appelle « Magister
militum - Desideri: abbatis dialogi, 1. I, c. i). c*esc ce titre évi-
demment que le trjdujteur d'.Aimé a rendu par « lo maistre de U
cheva:erie ». Cf. B. CAPAiso : Monumenta ad XeapoUtami dmcahu
historiam pertinentia, t. I, p. l'ib sq.^ in-40, Napoli, 1881.
325
a lo ultime prist lo frere, et lo tint jusque a tant que fu
prise Salerne et lui et lo subjuga en prison ( i ). Et a ceaux
de Gayte non pardonna, car ccuz qui estoient pris li nef
soe afflisoit par prison et autre pêne. Toutes voiez cil de
Gayete, par prière de ceuz qui estoient chaciez defors,
sanz deniers li leisseient^ et les faisoit jurer de fidélité.
Cap. 6. Et puiz après ces choses mist son estude
pour prendre li chastel de li Amalfitain, quar il aûna
chevaliers et pedons et veinchi troiz chasteaux, liquel
estoient da longe de la mer. Et pour ceste dolor, lo
patricie de Amalfe n^orut. Et puiz quant il i fu mort, la
moillier et lo filz retorna a son père, pour non soustenir
la dolor de Gisolfe lo prince,
Cap. 7. Et puiz que cil de Amalfe furent privé de lor
seignorie qui avoient esté molestez par lonc temps de
Gisolfe pensèrent de trover seignor a qui il se dévissent
donner, et de qui il fussent deffendu. Et adont donnèrent
la cité a lo pape Grégoire, pource qu'il lordelivrast lo col
de lo joue de Gysolfe. Et lo pape qui amoit Gisolfe sur
touz les autres seignors, pour ce que Gisolfe amoit tant
lo pape et lui estoit tant obedient que avec nulle seignorie
voloit faire liga ne avoir nulle amistié sans la volenté de
lo pape, dont lo pape non voust recéper Amalfe. Mes
cerchoit la cité, laquelle lui estoit offerte, de sousgfietre a
Gisolfe, et ensi dist a li messagiers.
Cap. 8. Et il non pooit oïr ceste parole. Et quant il
entendirent la volenté de lo pape cil de Amalfe, il se
retornerent a la adjutoire de lo vallentissime duc Robert
(i) Le duc de Sorrente s'appelait également Sergius. Chron.
Mont. Cass., 1. III, 29.
l 'r»:-!-;" ^*-"-îr;r: rc^ssa^i^r: is TKi r 2 la cîic de faire
-«-: -x-:. ï: :-zrzz 1: rr.2-:r I7 sdz. fu moli coirocié,
-r-: c» r".KT_5 ;- .1 i-r^r. zt A7?il:"e a manière de bestc
!:r =5: u :^ .1 crir ;: 1? ire., ccme est dîst. se fatigoit
prur jr^r.ir E^ilir-s sz G^llecme Areaga, non pot
s:v*-ir 1 1. N[il£-jl=. Er :ru^s$ Tîies ior twanHa il naves
i- 1 -::Lrî j: >:>: irf. ie l;c,:el pan en furent pris de
le rr.r.ri z: '.i< f s: ::rr-;n:ir. E: assembla puiz lo prince
ur.: ij iir.: r:=:î il p:: j: rr!$: I? castel plus a près de
Mil:"= î: il ;:: f.*: ie 1: sien rr^rrî : .
r'A-^-ï t^ 'ji ±1 iz U sép::b!iq*je ifAnialfï et h
sc.;^Sôw:^ £ r.rrxsr: tJ-..JL.ir^ :z: scujSt< qusiquss disoiuioiis,
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Nir»:.- :j Jr:-;^ j,:." iTr..-j -^rx>X--: J^A^^JiJi^ Jan» laquelle il
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.' lii - - » - 1 _ 5 q -■: i - : *c - î ~ I : rr^ - . _ — stît^ït;:. rnodîco interjecio
:-:-r.*''. .. -.-1:- rrr.iwT.r:-*, m-: MLXXV. Robertus Guiscudut
i^ji:-— . . r: -..:.:. • l'. y i q:.i:^je* v£n«=ies duss le tesie de cette
ni-r.* ^hj:r j-i c-::« rir M.ririu yAmlipùioUs ItalU^f t. I,
; ; ;:: : • H.:: .'.ir.-: A —.-'.-« ritru::; suc^e^st anno Dooiini
-f: i:t: --> Sci -s £j$ rl.s jî dcçziv:! tcnis V in pace. Jam
Tîr p:-5". t js cru-j-r.. sjcress: ri ir--^:=us J^nnnes eyu» Atius.
Ci-: «r.i-qji— xacmcrât r^ervï^e, v:x :d mjcijum lemporâ inier-
'rù'.ZT , tt r::r.M c.vi:r.r:.». Xli^ :ria:ciioae, perdîdit temm et
I . T.:::lu:r. 2r.r.. dr^r-iz: i : 74. <:;-vv: «. absiulït illustris dux Robertut
Gji?r:ri-5 ie fct=:e N.r-ri-r.crj— n. bii;ier orinndus •.
Lis -i:;s. :- !: •...:. r.i srr.: p»5 :?u; à failles mStnei dans les
d4-ï:ix::s: &.->., ::r:~î 1» X.>. :=.i.j&^n %:a du ler septembre
'.'-: y, :•-■ s.r'.cT.brc i:-4. ci in^rif. ctprcs la version de Mun-
: ::. -- mis i. r..-.£nbr: : ?-? ^-c Jan. ayant perdu son père
:?irg:-s. urs.:: --j iSL".ior.rer a Robert Guîscard U prâici-
r-. ."'J •A-r'.':. l\vir>:s cr.ar.fs i- Rrbert G uiscard confirment
'itT4::.:j:e i. et::-; a:;, il".:* pro-.;-; qj'a partir de 1073, le
.:.': r. .rTiani frit k r.tre et duc c'AazJri; cf. L'cimxi,
Sacrj. I. Vil. p. 3't7. un: charte de R. Guîscard du s5
327
Cap. 8. En cellui tetnps^ se leva un moine qui se cla-
moit Ij&o, fauz prophète^ quar par les chozes qui avin-
indiction Ile, c'est-à-dire 1079, datée «anno sexto ducatus (Roberti
Guiscardi) Amalfis » ; une autre charte du 20 du même mois et
de la même indiction (Ughblhi', VII, 397) porte également :
« Anno sexto ducatus ejus Amalfiae »; citons encore une troi>
sième charte du i5 juillet, indiction XV«, c'est-à-dire 1077, et
qui porte « anno quarto ducatus Roberti Guiscardi Amalfue ».
Il est donc bien établi qu'il faut placer en 1073 le commence-
ment de la domination normande sur Amalti, et que cet événe-
a coïncidé avec la chute de la dynastie qui gouvernait la Répu-
blique. Cette domination^ au début, du moins, n'impliquait pas
la prise de possession de la ville et du territoire par le duc Nor-
mand, mais simplement la reconnaissance de sa suzeraineté et le
paiement d'un tribut annuel; en retour, Robert Guiscard 8*enga-
geait à défendre Amalfi contre ses ennemis et à la préserver de
toute atteinte. Que tels aient été les rapports entre Amalâ et
Robert Guiscard dans les premières années qui ont suivi le traité de
1073, c'est ce que prouvent les vers suivants de Guillaume de
de Fouille :
te Interea ducis egregii populosa fréquenter
Poscit Amalfîs opem, cui vectigalia dudum
Annua detulerat, nimis impugnante Gisulfo,
Semper turbatam terraquc marique reclamans.
Robertus qusstu populi stimulante, Gisulfo
Mandat, Amalficolas cesset vexare, tributum
Ferre sibi solitos ; veteris corrumpere nolit
Fœdus amicitis ; cessare sororius titlum
Cogat amor ; . méritas que vices se reddere spondet. ^
Hsc sibi legatis mandata ferentibus, ille
Dicta superba refcrt; negat esse sua fhiiturum
Pace ducem, nisi digna sibi famulamina solvat
Non perferre valens tant iresponsa tumoris
Fervidus innumera comitatus gente Salemum
Dux adit, et terrae parrat et maris obsidionem. »
: GUILLEL. APUL. 1. III, V. 4I 2-427.
Comme on le voit, ces vers du poète définissent très bien la
328
drent puiz se moustra estre fauz prophète et que sa
prophecic estoit fausse. Et disoit que riiolt sovent lui
situation d*Ainalfî à Tégard de Robert Guiscard, de loyS au ni
et à la prise de Salernc par les Normands en 1076. Quant à Mab-
terra, il se borne à parler du traité conclu entre Amalfi et Robert
Giiiscard, lorsque commencèrent les opérations militainea du duc
contre Salcrne; voici son texte, 111, 3 : « Malfetani vero, Giaulfbm
exosum habcntes, timcbant quippe ab ipso puntri, eo quod isia^
fectorcs patris ipsius, dum eos ad subjugandum sibî impugnaret,
cxstiterant. A duce invitati ut stbi ad obsidendum urbem navîgk)
scrvitum ventant, potentiores duci locutum ex consenau aliquorum
accélérant. Dux itaque callidis pactîonlbus, si assentiant, si aniem
dissentiant, minis terrendd attentans, tandem ad confadcratiouca
compulit, ut si contra Gisulfum tuerentur, tota Malfa illî subjugua
haereJitaliter foederaretur. Duce vero omuia, ut ezpetebant, promit-
tentCj parte exercitus ad obsidendum urbem relicta, reltquain aecum
duccns, cum ipsis qui inJe vénérant, apud Molfiim vadit, urbem
sibi a civibus deliberatam suscipit, quatuor castella in ea fecit, mli-
tibus suis munit ; inde cum multis Malfatanorum copiîs Salemum
rcilit. Sic déterre bat Malfatanos, si manus Guiscardi quoquo modo
cvaJcrct timor GisulA.. »
Les renseignements qui nous sont ainsi fournis par divers auteuia
sur la Hn d' Amalfi, en tant qu*ctat jndépendanti complètenti sans les
contredire, ceux qui nous sont donnés par Aimé; ainai, c'eat évi-
demment la crainte de Gisulfc qui a décidé les Amalfitaina à payer,
tous les ans, un tribut à Robert Guiscard et, comme ils ne pou-
vaient compter, pour les détendre contre le prince de Saleme, sur
le ftls mineur Je Scrgius, leur souverain décédé, ils n'ont paa gsidé
ce dernier rejeton de leur dynastie; les assertions d'Aimé sur oe
point sont donc trcs plausibles. De même, on s'explique que les
Amaltitains n*ètjnt pas secourus autant qu*i]s Tauraient c^éré, par
Robert Guiscard, alors absorbe par la révolte de plusieura baraos
norm.invis contre son autorité, aient cherché auprès du pape Gré-
goire Vi\ une protection plus eflicace; la réponse que Grégoire VU
lit à SCS avances, tcmoigne de son attachement pour Giaulfe, et
nous savons en effet par ailleurs qu*entrc le pape et le prince de
.-^alcrne exist.iit une grande entente politique. Qjjant à la soumission
complète et dêhnitivc d*Amalti a Robert Guiscard, soumission qui
apparoii la virgc Marie et saint Jehan de la part sinestre,
et saint Pierre, et saint Paul, et sainte Lucie, et sainte
Cécile, et lui disoient que lo prince devoit avoir victoire ;
et pource que molt parole lui disoient, se estachoit cest
moine. Et comanda sainte Marie, a sainte Cecilie que
elle devist aporter un siège sur quoi cestui moine se
deust soier ; et lui comandoit la virge Marie a cestui
moine que il deust porter lo message a lo prince que o
furor deust molester li Amalfitain, et o damage les deust
persequter contînuelment, accressant lor pestilence, caf
estoit sententié et ordené de Dieu ; quar par cest tofment
et par la potence soe deust prendre Amalfe. Et puiz
devoit refréner la hardiesce de li Normant et la malice de
ceuz qui la habitoient. Et lo prince, parce qu'il creoît
ceste falze prophétie, se efTorchoit quan qu^il pooit en sa
malvaistié (i).
Cap. 9. Et lo duc, quant il fust plus puissant et plus
précéda de fort peu de temps le siège et la prise de Salerne, elle est
très exactement rapportée dans cette phrase d*Aimé : « Cil de Amalfe
se retornèrent à la adjutoire de lo vallentissime duc Robert a loquel
donnèrent puissance de venir à la cité et de flaire une roche. » Tout en
étant depuis loyS tributaire de Robert Guiscard, Amalfi avait gardé
son autonomie municipale, les Normands ne tenaient pas garnison
dans ses murs, mais le danger devenant plus pressant et Gisulfe
plus entreprenant que jamais, les Amalfîtains firent le sacrifice de
cette autonomie; Malaterra confirme sur ce point les assertions
d'Aimé. Ce n'est donc pas d*un seul coup, mais comme par gra-
dation, qu'Amalfi s'est rangée sous la domination normande; il en
a été de même pour plusieurs villes de l'Italie du Sud, pour Capoue
par exemple. Cf. supra L. IV, 11, p. 162 sq, et L. IV, a8,
p. 174 sq.
(i) Léo de' Marsi parle d'un moine Léon d*Amalfi, qui, au Motit-
Cassin, avait des visions assez extraordinaires, cf. 1. II, 97, peut-être
Aimé a t-il ici en vue le même visionnaire.
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: J- xT-'i >:-:r re ru" 1 iu: es:ûii cainçnat . i »,
ri : r-.T i -_ ^scre ^ifliric ie la desiructioo
:■ i". r i J}.>:.:i. E: lai pnoii qu*il non
r.s ^ r^^rsrJ,::. : r . e: Iwi prcmetoii que il vou-
j.: :>.. ^;ir:.:. «urii^r^s :ou« îa princéede
.-. -j-i Ji i^:^: :2:« '-e lo Juc avoîi renun-
; - ; >i: .-. - — ^ d e^: -. :u1j:: esa'e son chevalier,
s r.-5 i* --T^j.: tT. >^rerj>c, ei creoii que non
i:r =:â> pir pi.r i^xis: aîl^e parole, mes ma-
L.-ti .r. ,:n: .l .: s£ ^:r, quar non porta honor
'.*:- : F" jr. :- M çsri sn ie la rtxrhe de Saleme
.-.: i>;::.:-:: :r rrscr. ci". .-; A=iî^ e: cent:l home de
N-r!r r.:r. :>::ier: û \i r>:hf z:és i laissèrent quatre
^A-v^:-. F: j.:j5n: j« r-=:rs -rirson portèrent a men-
^ „'- .1 ■ 7- .v-r. î: a rr-Nj- es:?:: ap^ene, distrent li
rr.for. 1 '.. :.:\:ï, l c-ir::îs çuiries sont detbrs? » et il
-i<rcr.j: r;.r.: jî r.:-. ". î5:?.: rex-cz home se non il
.:.:a::^ A^,-.i: ". :i- r^^ir^a lâur-e c: prlstr^nt li jovene
i! .i> -:!>:rïn: er. rrii-m. E: r?sîpeni br liens et serie-
rîn: >:îr. !i r».''-:j « 5^e cimisseni bien de pierres pour
.:.*Tir..:re *..-. r.vhe. ï: T:^::er.: rou:e la force lor a coin-
b.--.* F: r-ii ::rr.eri::: 1: ^iri'en de la roche; et quani
.1 ^:^e^.: jue cl t-î I .ivj^.en: leissiez en la roche bien
Terres, cer^ir..:.- îr.; !.= rcche. :1 crrr.r.encerent a fouir» et
rr ;rrer.: r::j c-i'il les Jefeniist de Tire de lo prince;
r!iS n; 1: r:ar:vr ne li cc'niessor ne les pot délivrer de
^r i^.: ^^^ KcKr: ôi::s.Mr^ jvi:i cpoufté U Krur de Ci-
: Mz :::m. .'.: ;, s: G-iil'vjrr.; ii Pc-j:li- parient tuftti àm
:cf>:r.às:> : s:!.::::» quf G.s;.!:; ti 1 Robert Ouxscard, maison peut
Sel w£2:ir^-.r s: c: :.i.z:iiùT a tcnj un linf^i^i ausû bumble que k
s-rro« Airr.t
331
l'ire ck lo prince, qu'il ne lor mostrast sa cnidalité. Puiz
clama cil de la cité a combatre, et appareilla divers ystru-
mens pour prendre la roche, et manechoit li prison de
faire pendre qui orent tant de presumption. Entre ceuz
de la roche qui s'estoient rebellé estoit un de Amalfe,
lequel se clamoit Pantaleo, a liquel Gisolfe avoit levé un
oill, et un génital, et aucune dent, et li avoit taillié un
doit del pié (i). Cestui par paour que li autre membre
non lui fussent tailliez qui lui estoient remesez, prioit a
ses compaignons qu'il rendre la roche, voustrent estre
a simplice grâce de lo prince, et paierent la monoie a lo
prince ce que il dévoient paier, et ensi furent délivré de
prison.
Cap. m. Geste ystoire si dit que quant Gaymere fu
mort il laissa .v. fillz : li premier fu Gisolfe prince, Lan-
dulfe, et Guide niolt bel et molt vaillant en fait d'armes;
Jehan Seurre semblable a cestui, et li menor se clamoit
Guimeredeirattor et devorator, quar non se sacioit. Cestui
moine qui cest livre compila leisse ore la autre ystoire, et
parle de vertu de Guide, et aviegne que fust seculer,
toutes voiez estoit dévot a l'eglize et a lo servicial de
Dieu (2). Et continuelmcnt sovenoit a li poure et lor
(i) Il s*agit sans doute de Pantaleo, iîls deMaurus; nous avons vu
— cf. supra, 1. VIll, 3, — que deux fils de Maurus, Jean et un autre
Maurus, étaient déjà morts.
(2) Deux fois ciéjà, Aimé a parlé de Guide ou Gui, fils deGuaimar,
1. VI, 19, il dit qu'il prit part, sous les ordres de Robert Guiscard, au
siège et à la prise de Palcrme, aussi dans la pièce de vers qu'il lui
dédia, Alfane, archevêque de Salerne, lui écrivit-il :
" Siciliae telliis Arabum miratur acervum
Qyios tuus ipse dédit cnsis et hasta neci. » .
Cf. Alphani Salern. Archiep. Carmina; XXXV nd Guidoncni
fratrem principis Salernitanif dans Migns, Pair, lat.^ t. 147,
1 ^ ^
iorioi: heîsr^.?5:nss. et coscs nécessaires a Teglize,
hcne5:e chevilier. « plus vaillant que null de li Longo-
bir.. Q}iiT q uan: I: N:?r!rani looient aucun de li Lon-
^rbir: ^:5c:er.r sazs e: ton et sage chevalier est cellui,
rr.ès jf cestu: Gufde disoient : nul ne se trove intre li
Lo:ng?bar: plus preciouz : dont lo prince pour ceste
Ixn^e que avoi: lo frère ot envie et non Tamoit come
îrere. ec lu: es:oi: contre a ce qu'il pooit, et estoit ami a li
jr.emis Je Guide. El en celui temps fu haingne et brigue
entre Guide et Guimunde. quar avoient ensemble la
valée de Saînr-Severin i . Et Guimunde voloit estre alo
iugemeni de k> prince Gisolfe. Mes Guide, qui savoît
bien que lo r'rere lui vouloit mal, voloit estre a lo juge-
ment de lo prince Rxcchan. Et lo jor déterminé, ces .ij.
par diverses voiez vlndrent a Capue. Et li Normant
anemis de Guide, quant il soreni qu*il devoit venir, lo
sequieren: et cerchoient en quel manière il lo peusaent
occire. Mes Guide corut a l'arme étala contre ses anemis,
et se combaii fortement, et alcun en abati de lo cheval.
Mes un lui vint de costé et lo feri de la lance en lo
cosié et Tocist. Et ensî de un colp fu mort et estufa la
lumière de mit li Longoban.
C\p. 12. El lo pape Grégoire, qui molt estoit sagCi
quar veoii que la prospérité de Gisolfe pooit estre destruite
de lo duc Robert, non cessoit de amonester lo, quant par
lettres quant par messages, que il deust requerre la paiz
jct!. i:5ô sqq. Aimé, VU. 3, nous apprenJ également qu'après la
wcrqucij d^ Paîerm?. Gi2:d*, rerenu sur le continent, aida Robctt
Gu:s:ari à Si^^umctirs les barons normands révoltés contre ton
1- .i S -.n-Scvcrir.o, maintenant Mercato-San-Severino, ville de 9,840
habitants, dans la province de Saleme.
233
avec lo duc Robert et la unité, et faire liga avec lui. Et
quant lo pape vit que lo prince non lo voulait faire, proia
que lo abbé Desidere i deust aler et dire lui que contre lo
duc Robert non lui feroit adjutoire, se ceste choze non
faisoit. Et lui meist a veoir la mort et la destruction soe,
se o lo duc non estoit bien. Et il non lo volie consentir,
mes manechoit par lo sien grant orgoill de destruire lo
duc de terre. Et la suer ( i ) avieingne que avoit molt
receu de injure de lui, toutes voiez non failloit de lo
amonester lo quUl meist ins la crudelité soe et Tarogance,
et pourveist la choze qui pooit entrevenir, et eust paor de
lo judice de Dieu. Mes Gisolfe s^en corrosa et dist li ver-
goingne, et la manecha que par la mort de lo marit la '
feroit ester o li vestement noir. Et elle plorant mua l'yre
de lo marit et enclina a miséricorde, et lui proia qu^il
non guardast a la chetiveté de son frère. Et lo duc escolta
la moillier et lui demanda sa volenté, et vouloit savoir
qu'elle vouloit faire de ceste choze. Et la dame dist : c Se
Dieu laissast venir a complément^ je voudroie que mon
fîlz avist Amalfe, et mon frère non perdist Salerne. » Et
lo duc loda que Salerne remanist a lo prince Gisolfe, et
Amalfe soit de lo fill, loquel autresi estoit neveu de lo
prince. Et lo pria la moillier que il deust fatiguer de
mètre entr'elz la paîz ; mes ensi come lo duc cerchoit la
paiz li prince s'eflforchoit d'avoir brigue et anémistié.
Cap. i3. Et quant li duc vit la duresce de lo cuer de lo
prince, qui non regardoit a Pamonition de lo pape, ne a
la volenté de li amis qui lui conseilloient son bien, ne a
la proiere de sa soror, ne non regardoit a lo damage qui
lui pooit entrevenir, il asembla troiz turmez de troiz
manières de gent : c^est de Latin, de Grex et de Sarrazin,
(i) Sikelgaîta, sœur de Gisulfe et femme de Robert Guiscard.
• * I
01 sTomanod ^a: vraiscî^n: molt de gent et de navie a
;^:irâer lo ror:. Er Lui o chevaliers et arbalestiers. en Ko
TTioi.: de ^un^ . . ;:c comanda que fussent fichiez les
:in:js i*: uber: ici^s .ipres Je li mur de Salerne. Pnîz
v:o''m:u:j ^je fu>sc:i: r"a:t encorne de Salerne cîlé et
vh îstci. Cl roire « marchié pour vendre et pour achater
:>n:!cs ch^sj--- axc^'s,-: aires, dont cil de la cité rappareilie-
rcni Ii^s ci>.vc> l^squelie:!: Gisoife àvoit fait abscondit.
Salerne paroi: novo pour les chozes asconses lesquelles
i^ï'oicn: :or<. c: lo ose Je Robert, liquel estoiten camp,
paroi L nove oc l.i bc'.Io contrée Je Salerne. Et usoient de les
co:h.*$ absconses en la cite haboaJantement. Et loduc reœ-
voic benii:ne:non: ceu^ «.^ui estoient chaciez de lo prince,
oc a s. s Jospcns los covernoit: et venoient a la cort de lo
Juc 'iiavos <a::c <oti:i. liquelie non leissoient estreiiune en
l'ost Jo lo Juc no Je pain, ne de vin, ne de char. Maiz
voraiemont nul Salornltain ne pooient avoir de ceste
cliozo. no buot. no porc, ne castron, quar tant avoient
osco atllicco Jo disoito. que nulle beste ne lor estoit
ronK*:>o. F.c Gisolte Jefors de Salerne fist chasteaux, et-
Jisant la veriio. tant tist que non i laissa nulle chozeou
mont polie for:, que non feîst la forteresce. Et loduc
(i> I.cs \nn:iUs Itcnevirntjni ad an. 1075, disent au contrûit
v|uo Rob^:rT liu'.s^art a eoinm:ncé le si'jgc de Salerne dès le mois
vie mai : < Rob.Tti:s vlux pjrrexit super Salernum, quod tenebatGi-
siolt'us prinjcps cocnatus siius; et Sï:dit super eum a mense magio
iisquo in t.r$t'vi:ii S. [.u^ix. cl in ipsa nocte cepit eamdem chritatem. ■
De inomu: l'.iuon\'me du Mont-Cdssin ad an. lojS : « Hoc anno
V >nit Kobortus aux supjr Sa{-:rnum pridic nonjs Mali et obsediteam
tcrr.'. nijri )uir et cepit ci ni die i.lib. dec^mbris. ■ Cf. G. WEisanai,
De conditioue lulÙT infcrioris Gregorio septimo pontiftce^ p. 36,
note 3. Quint à l'année du siège et de la prise de Salerac, WftK
plus loin 1.1 première note du c. 23.
335
prova de avoir la et manda sa gent^Ia a combatre. Mes
parce que estoit fort a monter et i avoit trop boiz, ceux
qui tenoient la roche non les lessoient aler.
Cap. 14. Et Richart, prince de Cap ue, vînt de l'autre
part en Taidc del duc Robert, et leva les voies et les fossez
et li arbre qui estoiem fait pour non aler a lo prince Gi-
solfe, et celle forteresce qu'il non vouloit salver pour soi
destruist, et Tautre réserva pour soi. Et puiz lo duc sot la
viaoire de lo prince, et cornent gardoit lo chastel loquel
avoit gardé pour lo duc, et lo duc proia lo prince Richart
que en un mont après feist un autre chastel, pour laquel
cose soit deffendue toutes les voiez de Salerne, que nul ne
puisse aler ne venir ( i). Et^ensi Salerne de la part de la
mer fu atorniée de nefs, et de l'autre part estoit cloze de
paliz et de fossez grandissimes; et de l'autre part estoit li
ost de pedons et de chevaliers. Et la grâce de la pieté lassa
lo cuer de lo duc, et pour la prière de la moillier de-
manda encoire paiz. Et ala li abbé Desidere a lo prince
Gisolfe, quar maintenant que estoit destraint en tant de
misère enclinast son corage; mes Gisolfe ot en despit
lôr conseil et jura que en nulle manière voloit paiz avec
lo duc.
Cap. i5. Et avant que lo duc eust assigié Salerne, lo
prince avoit fait un commandement que tout home deust
procurer choze de vivre pour .ij. ans, qui ce non peust
(i) Malaterra, III, 2, dit que Robert Guiscard avait eu soin de
se réconcilier avec Richard, prince de Capoue, avant de commencer
le siège de Salerne, pour n'avoir pas à combattre en même temps
contre deux puissants adversaires : « Sed quia inter se (Robertum
Guiscardum) et Ricardum principcm Aversae inimicitiae efferbucrant,
veritus ne ab ipso Gisulfo adversum se succurrcretur, pacem cum
ipso fecit; quo in sui adjutorium quibusdam pactionibus conducto,
Salcrnum multis copiis obsessum vadit. »
i26
a loquet donnèrent puissance de venir a la cité de faire
une roche. Et quant lo prince lo sot, fu molt corrocié,
dont ces prisons qu'il avoit de Amalfe a manière de beste
lor fist taillier la char; et loduc^ corne est dist, se fatigoit
pour chacier Baialarde et Guillerme Arenga, non pot
sovenir a li Malfitain. Et toutes voies lor manda il naves
en ajutoire et soldoiers, de liquel part en furent pris de
lo prince et les fist tormenter. Et assembla puiz lo prince
tant de gent corne il pot et prist lo castel plus a près de
■
Malfe et il en fist de lo sien propre ( i).
(i) Ces données d'Aimé sur la fin de la république d'Amalfî et sa
soumission à Robert GuiScard ont soulevé quelques discussions»
aussi est-il bon de les confronter avec les renseignements fournis
par d'autres auteurs. En 1724, Pansa a publié, en 2 vol. petit iii-4^,
Napoli, la Istoria delV antica republica cfAmalfl, dans laquelle il
donne, t. I, p. 64, le fragment suivant de la chronique d'Amalfi :
« Sergius anno D. MLXX clectus est, vizit que annos V, successif
Joannes (îlius qui antcquam dominium ezerceret, modico interjecto
intervallo, ducatu proscriptus, anno MLXXV. Robertus Guiscardus
ducatum obtinuit. » Il y a quelques variantes dans le texte de cette
même chronique éditée par Muratori (Antiquitates Ualicœ, t. I,
col. 21!) : « Huic (Joanni Amalfia: patricio) .successit anno Domini
1069 duminus Sergius cjus filius et régna vi t annts V in pace. Jam
vero post cjus obitum, successit ei dominus Joannes ejus fîUus.
Qui antcquam incsperat rcgnare, vix nd modicum temporis inter-
vallum, de mcnse novembris, XIU indictione, perdidit terram et
dominium anno domini 1074, quod ei abstulit illustris dux Robertus
Guiscarcfus de gcnte Normannorum nobiliter oriundus ».
Les dates, on lo voit, ne sont pas tout à fait les mêmes dans les
deux textes ; ainsi^ comme la XI le indiction va du ler septembre
1073 au icf septembre 1074, ce scraif, d*après la version de Mura-
tori, nu mois de novembre 1073 que Jean, ayant perdu son ptxt
Sergius, aurait dû abandonner à Robert Guiscard la princi*
pauté d'Amalfi. Diverses chartes de Robert Guiscard confirment
Tcxactitude de cette date, elles prouvent qu*à partir de 1073, le
duc normand prit le titre de duc d'Amalfi ; cf. Ughblli, haliû
Sacra, t. VII, p. SqS, une charte de R. Gidscard du tS fuilkt.
327
Cap. 8. En cellui tetnps^ se leva un moine qui se cla-
moit Ijqo, fauz prophète^ quar par les chozes qui avin-
indiction Ile, c'est-à-dire 1079, datée «^nno sexto ducatus (Roberti
Guiscardi) Amalfis » ; une autre charte du 20 du même mois et
de la même indiction (Ughelhi', VII, 397) porte également :
« Anno sexto ducatus ejus Amalfiae »; citons encore une troi-
sième charte du i5 juillet, indiction XV«, c'est-à-dire 1077, et
qui porte « anno quarto ducatus Roberti Guiscardi Amalfise ».
Il est donc bien établi qu'il faut placer en 1073 le commence-
ment de la domination normande sur AmalH, et que cet événe-
a coïncidé avec la chute de la dynastie qui gouvernait la Répu-
blique. Cette domination^ au début, du moins, n'impliquait pas
la prise de possession de la ville et du territoire par le duc Nor-
mand, mais simplement la reconnaissance de sa suzeraineté et le
paiement d'un tribut annuel; en retour, Robert Guiscard s*enga-
geait à défendre Amalfi contre ses ennemis et à la préserver de
toute atteinte. Que tels aient été les rapports entre Amalâ et
Robert Guiscard dans les premières années qui ont suivi te traité de
1073, c'est ce que prouvent les vers suivants de Guillaume de
de Fouille :
« Interea ducis egregii populosa fréquenter
Poscit Amalfîs opem, cui vectigalia dudum
Annuadetulerat, nimis impugnante Gisulfo,
Semper turbatam terraque manque reclamans.
Robertus quaestu populi stimulante, Gisulfo
Mandat, Amalficolas cesset vcxare, tributum
Ferre sibi solitos ; veteris corrumpere nolit
Fœdus amicitis; cessare sororius tillum
Cogat amor;^ méritas que vices se reddefe spondet. ^
Hsc sibi legatis mandata ferentibus, ille
Dicta superba refert; negat esse sua fhiiturum
Pace ducem, nisi digna sibi famulamina solvat
Non perferre vatens tant iresponsa tumoris
Fcrvidus innumera comitatus gente Salernum
Dux adit, et terrs parrat et maris obsidionem. »
GuiLLEL. Apul. 1. III, V. 41Z-427.
Comme on le voit, ces vers du poète déûnisseiit très bien la
drent puiz se moustra estre fauz prophète et que sa
prophecie csioit fausse. Et disoit que molt sovent lui
situation d'Amiln à rêgird Je Robert Guiscard, de 1073 au liège
et à U prise de Sil^rne par les Normands en 1076. Qutnt à Mala-
terra. il se borne à parler du traité conclu entre Amalfi et Rol>ert
G'.iiscard. lorsque commencèrent les opérations militaires du duc
contre Sjlerne; voici son texte, III, 3 : « Malfetani vero, Giaulfam
exosum habentes, timebant quippc ab ipso puniri, eo quod înter-
fectores patris ipsius, du m eos ad subjugandum sibi impugnaret,
cxstiterant. A duce inviuti ut sibi a%l obsidendum urbem navigio
sen-iium veniant, poientiores duci locutum ex consenau aliquonim
accélérant. Dux îtjque callidis pacttonibus, « assentiant, si auiem
dissentiant, minis terrendd attentans, tandem ad contederaticmem
compulit, ut si contra Gisulfum tuerentur, tota Malfa iUî subjugaia
haereJitalicer foederaretur. Duce vero omuia, ut expetebant, promit-
tente, parte exercitus ad obsidendum urbem relicta, rdiquam aecum
ducens. cum ipsis qui in Je vénérant, apud Malfiim vadtt| urbem
sibi a civibus deliberatam suscipit^ quatuor castella in ea fedt, milî-
tibus suis munit ; inJe cum multis Malfatanorum copiis Salemum
redit. Sic deterrebat Malfiunos, si manus Guiscardi quoquo modo
evaJerct timor Gisulti. »
Les renseignements qui nous sont ainsi fournis par divers auteurs
sur la Hn d*Amalfî, en tant qu'état indépendant, complètent, sans les
contredire, ceux qui nous sont donnés par Aimé ; ainsi, c*est évi-
demment la crainte de Gisulfe qui a décidé les Amalfitains à payer»
tous les ans, un tribut à Robert Guiscard et, comme ils ne pou-
vaient compter, pour les défendre contre le prince de Saleme, sur
le tîls mineur Je Sergius, leur souverain décédé, ils n*ont pas gsidé
ce dernier rejeton de leur dynastie; les assertions d'Aimé sur ce
point sont donc trcs plausibles. De même, on s'explique que les
Amaltitains n*êtant pas secourus autant qu'ils Tauraient e^éré, par
Robert Guiscird, alors absorbé par la révolte de plusieurs bamos
normands contre son autorité, aient cherché auprès du pape Gré-
goire Vil une protection plus eflicace; la réponse que Grégoire VU
Ht à ses avances, témoigne de son attachement pour Gisuliè, el
nous savons en cflfet par ailleurs qu'entre le pape et le prince de
iakrne existait une grande entente politique. Qpant à la soumission
complète et définitive d'Amalti à Robert Guiscard, soumissîoa qui
apparoir la virge Marie et saint Jehan de la part sinestre^
et saint Pierre, et saint Paul, et sainte Lucie, et sainte
Cécile, et lui disoient que lo prince devoit avoir victoire ;
et pource que molt parole lui disoient, se estachoit cest
moine. Et comanda sainte Marie, a sainte Cecille que
elle devist aporter un siège sur quoi cestui moine se
deust soier ; et lui comandoit la virge Marie a cestui
moine que il deust porter lo message a lo prince que o
furor deust molester li Amalfitain, et o damage les deust
persequter continuel ment, accressant lor pestilence, ca^
estoit sententié et ordené de Dieu ; quar par cest torment
et par la potence soe deust prendre Amalfe. Et puiz
devoit refréner la hardiesce de li Normant et la malice de
ceuz qui la habitoient. Et lo prince, parce qu^il creoit
ceste falze prophétie, se efTorchoit quan qu^il pooit en sa
malvaistié (i).
Cap. 9. Et lo duc, quant il fust plus puissant et plus
précéda de fort peu de temps le siège et la prise de Salerne, elle est
très exactement rapportée dans cette phrase d'Aimé : « Cil de Amalfe
se retornèrent à la adjutoire de lo vallentissime duc Robert a loquel
donnèrent puissance de venir à la cité et de faire une roche. » Tout en
étant depuis loyS tributaire de Robert Guiscard, Amalfi avait gardé
son autonomie municipale, les Normands ne tenaient pas garnison
dans ses murs, mais le danger devenant plus pressant et Gisulfe
plus entreprenant que jamais, les Amalfîtains firent le sacrifice de
cette autonomie; Malaterra confirme sur ce point les assertions
d*Aimé. Ce n'est donc pas d'un seul coup, mais comme par gra-
dation, qu'Amalfi s'est rangée sous la domination normande; il en
a été de même pour plusieurs villes de l'Italie du Sud, pour Capoue
par exemple. Cf. supra L. IV, 11, p. i&i sq, et L. IV, 28,
p. 174 sq.
(i) Léo de' Marsi parle d'un moine Léon d*Amalfi, qui, au Mont-
C^ssin, avait des visions assez extraordinaires, cf. 1. Il, 97, peut-être
Aimé a t-il ici en vue le même visionnaire.
330
richescc que Gisolfe, pour ce qu'il lui estoit caingnat ( i ),
lui requist paiz por non estre difTamé de la destruction
qui lui devoit venir a Gisolfe. Et lui prioit qu^il non
dcvist faire ccste persécution, et lui prometoit que il vou-
loir faire, tant qu'il auroit, subjecte toute la princée de
Salcrne. Et comme ce fust chose que lo duc avoit renun-
cic la seignorie, se humilia et vouloit estre son chevalier.
Et lo prince plus se levoit en superbe, et creoit que non
fust par amor mes par paor dixist celle parole, mes ma-
nccha, et porta injure a lo seignor, quar non porta honor
a H message soc [2).
Cap. 10. Et un jor H gardien de la roche de Saleme
ou cstoicnt en prison cil de Amalfe et gentil home de
Naple, non cstoient a la roche mes i laissèrent quatre
garson. Et quant ces quatre garson portèrent a men-
gier a li prison, et la prison estoit aperte, distrent li
prison a li jovcncel « quantes guardes sont defors ? * et il
rcspond iront que non i estoit remez home se non il
quatre. Adont li un regarda l'autre et pristrcnt li jovene
et les mistrent en prison. Et rompent lor liens et serrè-
rent bien la porte, et se garnissent bien de pierres pour
dcffcndre la roche, et mettent toute la force lor a com-
bntrc. Et puiz tornercnt li gardien de la roche; et quant
il virent que cil que il avoient leissiez en la roche bien
ferrés, detfcndoient la rqche, il commencèrent a fouir, et
prièrent Dieu qu'il les deffendist de Tire de lo prince;
mes ne li martyr, ne li confessor ne les pot délivrer de
(1) On sait que Robert GuiscarJ avait épousé la sœur de Gi-
sulfc.
(2) Malatcrra, III. 2, et Guillaume de Fouille parlent aussi des
réponses insolentes que Gisulfe ât à Robert Guiscard, maU oa peut
se demander si ce dernier a tenu un langage aussi humble que le
suppose Aime.
331
l'ire de lo prince, quUl ne lor mostrast sa crudaliié. Puiz
clama cil de la cité a combatre, et appareilla divers ystru-
mens pour prendre la roche, et manechoit li prison de
faire pendre qui orent tant de presumption. Entre ceuz
de la roche qui s^'estoient rebellé estoit un de Amalfe,
lequel se clamoit Pantaleo, a liquel Gisolfe avoit levé un
oill, et un génital, et aucune dent, et li avoit taillié un
doit del pié (i). Cestui par paour que li autre membre
non lui fussent tailliez qui lui estoient remesez, prioita
ses compaignons qu'il rendre la roche, voustrent estre
a simplice grâce de lo prince, et paierent la monoie a lo
prince ce que il dévoient paier, et ensi furent délivré de
prison.
Cap. 1 1 . Geste ystoire si dit que quant Gaymere fu
mort il laissa .v. fillz : li premier fu Gisolfe prince, Lan-
dulfe, et Guide molt bel et molt vaillant en fait d'armes;
Jehan Seurre semblable a cestui, et li menor se clamoit
Guimeredetrattor et devorator, quar non se sacioit. Cestui
moine qui cest livre compila leisse ore la autre ystoire, et
parle de vertu de Guide, et aviegne que fust seculcr,
toutes voiez estoit dévot a Teglize et a lo servicial de
Dieu (2). Et continuelmcnt sovenoit a li poure et lor
(i) 11 s*agit sans doute de Pantaleo, fils deMaurus; nous avons vu
— cf. supra, 1. Vlli, 3, — que deux fils de Maurus, Jean et un autre
Maurus, étaient déjà morts.
(2) Deux fois déjà, Aimé a parlé de Guide ou Gui, fils deGuaimar,
I. VI, 19, il dit qu'il prit part, sous les ordres de Robert Guiscard, au
sicge et à la prise de Palerme, aussi dans la pièce de vers qu'il lui
dédia, Alfane, archevêque de Salerne, lui écrivit-il :
" Siciliae teîliis Arabum miratur acervum
Q.U0S tuus ipsc dédit ensis et hasta neci. » .
Cf. Alphani Salern. Archiep. Carmina; XXXV tid Guidonctn
fratrem principis Salernitani, dans Migms, Pair, lot,-, t. 147,
332
donoit helemosines, et coses nécessaires a Teglize,
honeste chevalier, et plus vaillant que null de li Longo-
bart. Quar quant li Normant looient aucun de li Lon-
gobart disoient sage et fort et sage chevalier est cellui,
mes de cestui Guide disoient : nul ne se trôve intre li
Loingobart plus preciouz ; dont lo prince pour ceste
loenge que avoit lo frère ot envie et non Famoit corne
frère, et lui estoit contre a ce quMl pooit, et estoît ami a li
ancmis de Guide. Et en celui temps fu haingne et brigue
entre Guide et Guimunde, quar avoient ensemble la
valéc de Saint-Severin (i). Et Guimunde voloit estre aie
jugement de \o prince Gisolfe. Mes Guide, qui savoit
bien que lo frère lui vouloit mal, voloit estre a lo juge-
ment de lo prince Ricchart. Et lo jor déterminé, ces .ij.
par diverses voiez vindrent a Capue. Et li Normant
anemis de Guîde^ quant il sorent quMl devoit venir, lo
sequterent et cerchoient en quel manière il lo peussent
occire. Mes Guide corut a l'arme étala contre ses anemis,
et se combati fortement, et alcun en abati de lo cheval.
Mds un lui vint de costc et lo feri de la lance en lo
costc et Tocîst. Et ensi de un colp fu mort et estu& la
lumière de tuit li Longobart.
Cap. 12. Et lo pape Grégoire, qui molt estoit sage,
^uar veoit que la prospérité de Gisolfe pooit estre destruite
de lo duc Robert, non cessoit de amonester lo, quant par
lettres quant par messages, que il deust requerre la paiz
col. 12 56 sqq. Aimé, VII, 3, nous apprend également qu*aprèi la
conquctc de Palcrmc, Guide, revenu sur le continent, aida Robcit
Guiscard à soumettre les barons normands révoltés contre Ma
autorité.
(i) S.in-Scvcrino, maintenant Mercato-San- Séverine, ville de 9,840
habitants, dans la province de Salcrne.
233
avec lo duc Robert et la unité, et faire liga avec lui. Et
quant lo pape vit que lo prince non lo voulait faire, proia
que lo abbé Desidere i deust aler et dire lui que contre lo
duc Robert non lui feroit adjutoire, se ceste choze non
faisoit. Et lui meist a veoir la mort et la destruction soe,
se o lo duc non estoit bien. Et il non lo volie consentir,
mes manechoit par lo sien grant orgoill de destruire lo
duc de terre. Et la suer ( i ) avieingne que avoit molt
receu de injure de lui, toutes voiez non failloit de lo
amonester lo qu^il meist ins la crudelité soe etTarogance,
et pourveist la choze qui [)ooit entrevenir, et eust paor de
lo judice de Dieu. Mes Gisolfe s^en corrosa et dist li ver-
goingne, et la manecha que par la mort de lo marit la
feroit ester o li vestement noir. Et elle plorant mua l'yre
de lo marit et enclina a miséricorde, et lui proia quUl
non guardast a la chetiveté de son frère. Et lo duc escolta
la moillier et lui demanda sa volenté, et vouloit savoir
qu'elle vouloit faire de ceste choze. Et la dame dist : c Se
Dieu laissast venir a complément^ je voudroie que mon
fiiz avist Amalfe, et mon frère non perdist Salerne. « Et
lo duc loda que Salerne remanist a lo prince Gisolfe, et
Amalfe soit de lo fill, loquel autresi estoit neveu de lo
prince. Et lo pria la moillier que il deust fatiguer de
mètre entr'eiz la paiz ; mes ensi come lo duc cerchoit la
paiz li prince s^efibrchoit d'avoir brigue et anémistié.
Cap. 1 3. Et quant li duc vit la duresce de lo cuer de lo
prince, qui non regardoit a Pamonition de lo pape, ne a
la volenté de li amis qui lui conseilloient son bien, ne a
la proiere de sa soror, ne non regardoit a lo damage qui
lui pooit entrevenir, il asembla troiz turmez de troiz
manières de gent : c^est de Latin, de Grex et de Sarrazin,
(i) Sikelgaîta, sœur de Gisulfe et femme de Robert Guiscard.
334
et comanda que venissent molt de gent et de navie a
garder lo pori. Et lui o chevaliers et arbalestiers, en lo
moLz de jung (i), et comanda que fussent fichiez les
tentes et tabernacles après de H mur de Salerne. Puiz
comanda que fussent fait cntorne de Salerne cité et
ch.tstcl, et foire et marchié pour vendre et pour achater
toutes choscz neccessaires, dont cil de la cité rappareille-
rent les chozes lesquelles Gisolfe àvoit fait abscondre.
Salerne paroit nove pour les chozes asconses lesquelles
issoient fors, et lo ost de Robert, liquel estoit en camp,
paroit nove et la belle contrée de Salerne. Et usoient de les
coscs absconses en la cité habondantement. Et loduc rece-
voit benigneinent ceuz qui estoient chaciez de lo prince,
et a SCS dcspens les governoit; et venoient a la cort de lo
duc navcs sanzsciin, liquelle non leissoient estrefune en
Tost de lo duc ne de pain, ne de vin, ne de char. Maiz
veraiement nul Salernitain ne pooient avoir de ceste
choze, ne bucf, ne porc, ne castron, quar tant av(nent
esté afllicté de Gisolfe, que nulle beste ne lor ettoit
remesc. Et Gisolfe dcfors de Salerne fist chasteaux, et
disant la vérité, tant fist que non i laissa nulle chozecu-
mont petit fort, que non feist la forteresce. Et loduc
(i) Les Annales licneventani ad an. 1075, disent au contnire
que Rdbcrt GuiscarJ a commencé le sicgc de Salerne dès le moii
Je mai : n Robcrtus dux pcrrexit super Salernum, quod tenebatGi-
solfus princcps cognatus suus; et scdit super eum a mente nugio
us<]uc in fjstum S. Lucix, et in ipsa nocte cepit eamdem dvititeia. •
De mCMnc V Anonyme du Mont-Cassin ad an, 1075 : « Hoc aano
v-nii Kobortus ilux super Salcrnum pridic nonas Niaii et obsedîtcam
torr.'. mnriqui^ et ccpit cam die i.iib. dcccmbris. » Cf. G. Wsimtoair
De conditiane Italicc infcrioris Gregorio septimo pontiflee^ p. 36,
note S. Q>i int à Tannée du siège et de la prise de Salerne, voyez
plus loin 1.1 première note du c. 23.
335
prova de avoir la et manda sa gentja a combatre. Mes
parce que estoit fort a monter et i avoit trop boiz, ceux
qui tenoient la roche non les lessoient aler.
Cap. 14. Et Richart, prince de Capue, vint de l'autre
part en Taide del duc Robert, et leva les voies et les fossez
et li arbre qui estoient fait pour non aler a lo prince Gi-
solfe, et celle forteresce qu'il non vouloit salver pour soi
destruist,et Tautre réserva pour soi. Et puiz lo duc sot la
viaoire de lo prince, et cornent gardoit lo chastel loquel
avoit gardé pour lo duc, et lo duc proia lo prince Richart
que en un mont après feist un autre chastel, pour laquel
cose soit deffendue toutes les voiez de Salerne, que nul ne
puisse aler ne venir ( i). Et..ensi Salerne de la part de la
mer fu atorniée de nefs, et de l'autre part estoit cloze de
paliz et de fossez grandissimes; et de Pautre part estoit li
est de pedons et de chevaliers. Et la grâce de la pieté lassa
lo cuer de lo duc, et pour la prière de la moillier de-
manda encoire paiz. Et ala li abbé Desidere a lo prince
Gisolfe, quar maintenant que estoit destraint en tant de
misère errclinast son corage; mes Gisolfe ot en despit
lôr conseil et jura que en nulle manière voloit paiz avec
lo duc.
Cap. i5. Et avant que lo duc eust assigié Salerne, lo
prince avoit fait un commandement que tout home deust
procurer choze de vivre pour .ij. ans, qui ce non peust
(i) Malaterra, III, 2, dit que Robert Guiscard avait eu soin de
se réconcilier avec Richard, prince de Gipoue, avant de commencer
le siège de Salerne, pour n'avoir pas à combattre en même temps
contre deux puissants adversaires : «c Sed quia inter se (Robcrtum
Guiscardum) et Ricardum principem Aversae inimicitis efiFerbucrant,
veritus ne ab ipso Gisulfo adversum se succurreretur, pacem cum
ipso fecit; quo in sui adjutorium quibusdam pactionibus conducto,
Salernum multis copiis obsessum vadit. »
336
faire issist de la cité; et ensi firent cil de la cité. Et puiz
li duc mist lo sie^e, puis .ij. moiz Gisolfe comanda a li
sien servicial qu'il dévissent cerchier les cosez de li ciu-
dia de Salcrne, lor fist lever la tierce pan de toutes lor
coscs de vivre qu'il troverent, et pour ceste cose fu grant
t'amo en la cite de Saleriie. Quar ceuz a cui failloient les
coscs non les trovoient a achater, et a la porte de la cité
non se donnoit helcmosine, quar la poureté estoit grant.
Cap. 16. Solement li archevesque, liquel se clamoii
A lia ne, soustinoit lo poiz utile pour Tarme soe de vivre.
et ce qu'il avoit donnoit a li poure. Mes cestuî fouy de
Siilcrnc. et fu rcceu de lo duc corne père, et honoré de lo
prince Ricliart, et cerclia la terre soe et deTEglize. Et
«issombja la grant habundance de vin et de grain, et
rcstraint avec lui ses clers, liquel govema corne filz, et
les cl)asa do la misère et de la poureté par sa miséricorde,
et luit li autre masclc et famés subjette a lui, comme bon
pastor clama a soi. et lor donoit toutes lor choses néces-
saires de vivre ( i).
Cap. 1 7. Kt une autre foiz lo prince meismes en per-
sonc ala ccrohicr les maisons de cil de la cité, et tout ce
qu'il trova de vivre tout lor leva pour soi, et non une
part sole cornent avoit fait avant. Car voloit deffendre
comme (X)oit la soe malvaise volenté et avarice. Et donnok
[ 1 ) IMiisiours fois dcjù, il a été question d'Alfane ou de sei poénes :
il tut arch(*vcciuc de Snlerne de io58 à io85; voyez sur lui
l'V.iiiii.i: Italia Sjcra, t. VU, col. 3 80-392, Mignk : Ptf/p. /«/..
t. 147, Cul. 1214-1281, et surtout G. Paesano : Memorie per
sirvirc titla storia JcUa Chiesa Salemitana^ t. I, p. iia-i55.
Alt'anc a laissé une piccc de vers en l'honneur de Giiulfe, mais
celui ci, un le vuit. ne lui en fut guère reconnaissant.
*3Î7
comment s^il l'achatast .iij. besans del moy de grain (i) ;
et de ceus qui fouioient destruisoit lormesons et faisoit por-
ter la laingne a lo chastel pour ardre. Et puîz quant il ot
destructe toute la cité commensa contre Dieu et contre li
saint. Les croiz de Teglise de or et d^argent prist et
romppi, lo vout de saint Mathie evangeliste romppi, et
destruist li vaissel liquel estoient appareilliez pour servir
Dieu.
Cap. i8. Et après ce failli a toqz les chozes de vivre,
et comence cil de la cité a mengier la char laquelle non
est usée de mengier, c'est la char de cheval, de chien, de
chat, et non lor remanoit beste en lor maisons ; lo foie de
un chien valoit .x. tarins (2), et la galine .xx. tarins, et
Tof que faisoit la galine valoit .ij. deniers (3). Et quant
(i) Il s*agit sans doute de besants (byi^antium, monnaie de Byzance
ou Constantinople) d*or, car, avant les croisades, on ne mentionne
guère de besants d'argent ; sa valeur n*a pas toujours été la même,
elle a varié à peu près de i fr. 45 c. à 4 fr. 5o. Voyez l'article besant
dans le dictionnaire de Du Cange.
(2) Tarin, en latin Tarenus, quelquefois Tarentus était une
pièce d'or frappée pour la première fois à Tarenie, et particulière
à ritalie du sud, il n'est guère possible d'indiquer sa valeur en
monnaie française de notre époque, non plus que celle du denier.
(3) Guillaume de Fouille, lli, v. 427-430, confirme ce que dit
Aimé sur la famine qui désola Salerne pendant le siège.
» Quartus erat mensis completus ^b obsidione ;
Tanta famés miseras cives invaserat urbis
Ut canibus vel equis vel mjribus aut asinorum
Turba cadaveribus vix vivere posset edendo. »
Malaterra, III, 4, écrit également : « in tantum attrivit (Salernum)
ut nullo aditu ad victum introducendum, se suisque negantibus,
patente, tantam famem inesse coegerit ut etiam vel mures, sicut
relatione eonim qui présentes adfuerunt didicimus, a quibusdam
introrsum reclusis, comessi sint. » Dans la chronique du Mont-
22
35«.
lo prince souvent aloit par la cité et veoit les cors de li
mon gésir par la voie, non se enclinoit de torner lo oill
soe pour les veoir; mes autres! corne s^il non coulpe de
cestc cose, et passoit alegrement. Et a la fin ovri lo gre-
nier ou estoit lo grain soe et vouloit vendre celle victaille
qu'il avoit achatcc de li home soe. Et vendoit lo moy de
grain qu^il avoit achathc .iij. besant, .xliiij. besantaceuz
qui lo pooicnt achater. Mes li autre qui estoient poure,
lo pcre non pooit porter lo filz a Ja sepoulture ne lo filz
10 pcrc. Et aucune foiz pour la grant débilité de la fain,
li vieil moroient cornent bestes sans bénédiction de
prcstrc ; li jovene de subite mort moroient, et li petit qui
non se pooient baptizer moroient pagan. Et quant
venoient les famés a tillier, non avoient aide de famé.
Cap. 19. Quant lî Salcrniiain estoient ensi constraint
de cestc pourcté et misère, laquelle puet estre apparagiéa
la famé de Jherusalum quant fu prise de li Romain, quar
11 Judvie qui estoient en Jiierusalem pour grant poureté
se laissèrent vendre .xxx. pour un denier (i); et quant
estoient li Salcrniiain ensi opprimés, .ij. filz de un prestre
aloient fors de la cite et un chien les sequta, et vindrent
la ou estoit lo duc et demandèrent del pain pour Dieu.
Kl lor fu donné dcl pain, et de cel qui lor fu donné li
i;arson en donnèrent la tierce pan a lo chien ; et lo chien
prist lo pain et lo resconst que ne lui fust levé. Et au
soir, puiz que la gent estoient recoillis en lor maisons,
torna lo chien a la cité o tout son pain, et lo misTas piez
de lo prcstrc la pièce de lo pain, et puiz retorna dont
C^issin, III, 43, Pierre Diacre reproduit en les abrégeant les fcmei-
{^nemcnts d'Aimé.
(i) Cf. Fl. JosEPiii De hcUo Judaico, 1. V, 10, édition DntDOV,
chez Didot, Paris, i8ô5, t. II, p. 23q.
3Î9
estoit venut. Et le sequent jor li garson orent pain assez,
et donerent a lo chien un pain sain, et toutez voiez li
garson non savoient que le chien faisoit de son pain. Et
lo chien au soir, corne il avoit fait lo premier jor, porta lo
pain a mengier a lo prestre. Et lo tiers jor fist autres!; et
creoit lo prestre que aucun chrestien lui mandast cest
pain pour Tamor de Dieu, et mist lo prestre une carte a
lo col de lo chien ou avoit escrit : « Je rent grâces a Dieu
pourcui amor cesteelemosinemVst faite, quar coniinuel-
ment m^as souvenu a la moie neccessité, je non faille de
proier Dieu por toi. » Et puiz lo chien torna, et quant li
fin del prestre virent celle lettre que li chien avoit pendue
au col, lui desloierent et lo menèrent a la duchesse en-
semble o tout la carte, et li dient lo fait come avoit esté.
Mes la dame non lo creoit, et fist apparaillier un sachelet
plein de pain, et mistrent sur lo chien ; et lo chien avoit
paour pour lo pueple qui estoit de cescune quasi come se
il dubitast d'estre accusé a lo prince, atendi Pore qu'il
avoit acostumée, et puiz qu'il fu soir ala prestre, et lui
porta lo pain que la ducesse lui mandoit. Et lo prestre
escrit une altre carte : « Plus grant grâce te rent de plus
grant elemosine que tu m'as mandé ». Et quant la du-
chesse vit la sapience de lo chien, donna la sentence que
null ne fust contre lui, ne feisse mal, et substenta pour
Tamor de lo chien li filz de lo prestre, et lor donnoit assez
de bien pour mander a lor père. Et puiz lo sot lo prince,
et commanda que lo chien fust occis; et lo prestre seignor
de lo chien fu mis en prison, et fu cuit o fer chaut et
aflflit par autres diverses pênes jusque a tant qu'il fu
mort (i). Et nul autre home estoit hardi de aler devant
(i) Voyez Tanecdote du chieD dans Guillaume de Fouille, III,
V. 43i sqq., comme il a déjà été dit dans TlntroductioD, d'après
340
lo prince pour dire la misère soe, et la poverté, et se
aucun home aloit pour ceste cose, il lo faisoît crever
Toill ou lui faisoit taillier la main ou pié, ou altre affli-
xion soustenoit.
Cap. 20. Entre li autre qu'il afflist par divers tormens
un honorable clerc, loqucl se clamoit Gratîen, liquel
avoit esté capellain a son ave et a son père (1). Quar li
frère et neveu de cestui Gracien non pooient soustenir la
crudelité de cestui Gisolfe, alerent liquel les enrichi et
honora. Et Gisolfe, por la invidie qu'il en ot, se voloit
vengier sur lo clerc innocent. Premerement lui leva
toutes les chozes propres soes, puiz lui leva touz les béné-
fices ecclésiastiques, et lo constrainst a jurer en la main
de Turchevcsque que mais non recevroit aucune cose de
li frerc; et a Tultime lo mist en prison dont tant fu
afilicté de fain, et de verme qui tout lo menjoient, et de
autres angoises, qu'il fu martyre de Dieu.
Cap. 21. Et lo duc, amonité de lo prince Richart, fomi
lo castcl Je bons gardiens, appareilla lo siège en la cité,
et ordcn.i novclles eschielies de chevaliers et de pedons,
quar lo prince s*cn vouloit aler en Champaingne (2) pour
acqucstcr la terre de Saint-Pierre. Et puiz, auvec lo duc.
furent a la ciic de Saint-Germain; non solement a h
seigMor et a li servicial. mes autresi a lor bestes, furent
fait présent de Tabbé de Mont de Cassyn, et de toutez
Guillaume de Fouille, le propriétaire du chien n*était pat un prêtre
mais un 1 lîquc, et le poète ne dit pas que le prince de Salerne le fit
périr. Cf. suprjy Introduction^ p. Ixij sq.
(i) L' «< ave i> ou le grand-père de Gisulfe était Guaimar III, prince
de Salerne, mort en io3i, et son père Guaimar IV, mort asiauiné
le 2 juin io52.
(i) La province de Campanie.
341
chozes ncccessaires. Lo prince rechut lo domp, lo duc
non lo voust recevoir, et dist qu'il non estoit venut
pour lever les coses de lo monastîer, mes pour accrestre.
Et li abbé ala a lui et lui proia qu'il non refusast les
choses de li frère, liquel volent proier Dieu pour lui. Et
lo duc que il non parust qu'il desprizast lo domp, en
rechut aucune chose. Et le matin appareilla Tabbé la
procession pour recevoir lo duc a grant honor. Et subite-
ment virent ceaux a qui vouloient faire honor, ester o
humilie cappe agenoilliez devant Tautel, et veoit Teclize
aornée de pallez et de ses dons ; et alore donna autre
pailles o liquel furent covert li altel. Et puiz entra en
capitule a parler a li frcre, et humilement et pacifique-
ment lor donna molt or, pource que li frère prient Dieu
qu'il lor pardonast lor péchiez. Et comment père de li
frère aloit par lo monastier et visitoit li inferme ; et lor
aministroit habundantement tout ce qui lor faisoit
besoingne. Et requiert a chascun qu'il prient Dieu pour
lui. Et quant il estoit a table pour mengicr, dévotement
demanda de lo sel, dont a lo frère qui lui aporta donna
.c. besans. Puiz se partirent li seignor et alerent lor voie,
et quant il cheminoient, il trovercnt tant de famé et de
poureté, que non solement en sentoient li beste et li ser-
vicialde li seignor, mes auiresi li seignor, quar lorfaille-
rent les choses lesquelles avoient portées pour vivre, et
non en trovoient a achater. Et si avoient molt mai
temps de pluie, et de tronnorre, et de folgure, dont il
estoient fatiguié et travaillié; et estoit si grant vent que
le paveillon chaoien terre. Et lo prince en cellui temps
aquesta alcun chastel, mes de ceus qui la habitoient
rechut molt de richesce; mes se prince voulist faire ray-
son de ce qu'il acqucsta et de ce qu'il fist perdre a saint
342
Pierre» la perte est de cinquante part plus que lo
gaaing (i).
(i) D'après Aimé, à l'instigation de Richard, prince de Capoue,
Robert Guiscard aurait donc, sans lever le tiè^ de Salerne, fait avec
Richard une expédition en Campanie, contre les possessîoni du
Saint-Siège. C'est évidemment dans l'automne de* 1076 que cette
campagne a eu lieu ; ce n'est pas sans surprise qu'on voit l'abbé
Didier recevoir aussi honorablement, que le raconte Aimé^ les deux
excommuniés Robert Guiscard et Richard, partant en guerre contre
le pape. Grégoire VII fait, bien probablement, allusion à cette expé-
dition de Robert Guiscard et de Richard dans la Campanie, lorsqull
écrit, le 3i octobre 1076, aux Patares milanaii Henri, Arderic et
Wifred : « bona ccclcsis Normanni multoties conanturauferre. » Mfh
numenta Gregoriana, p. 35 1, Registri ], IV, 7. La date de cette
lettre fixe donc celle de l'expédition. Pierre Ducre parle aussi de
cette expédition, mais la place à tort après la prise de Salerne. ■ Chi-
tatc (Salerni) potita... dux cum exercitu, sociato sibi principe, ad
hoc monastcrium venit, ntque Desiderio et fratribus honorifice sua*
ceptus, illorumque se orationibus commendans, attentius Campa-
niam expugnaturus ingrcditur. Talia papœ Gregorii dum perve»
Dissent ad aurcs. duccm et principem a liminibus scparavit, cidiecto
que exercitu, super cos ire disposuit. Quod ubi duci nuotiatum eat,
«.on-.itc una cum principe, Capuam remeans, dux super Beneven-
tum, princcps vero supra Ncapolim obsidionem firmavit. » CJkm.
(lasin.^ illj 45. 11 y a plusieurs erreurs dans ce passage : puisque
Pierre Diacre s'inspire d'Aimé dans ce qu'il dit des • Normands, il
aurait dû, comme son modèle, placer l'expédition de Campanie
pen Jant et non après le siège de Salerne. Cette ville a succombé le
i3 liccembrc 1076, et la I.ttrc du pape que nous venons de citer
montre les Normands envaliissant, dès 1c 3i octobre de la même
iinnJc, les biens de l'Eglise; ils n',w.<icnt donc pas attendu pour le
faire bi chute de Salerni. Est-ce bien la peur de Grégoire VII mar*
chnnt contre lui avec une armée qui a fait reculer Robert Guiscard ?
Aime n'en dit rien et attribue l'insuccès d;: l'expédition uniqucm:nt
aux pluies coniinuelles de l'automne dans l'Italie du sud. Tout in-
dique qu'il est vlans le vr.ii ; (îrégorre VU n'avait pas d'armée, et
dans Us derniers mriis de 1076, plus absorbé que jamais par la
lutte avec Henri IV', il songeait à 'partir pour la Germanie. Comment
34Î
Cap. 22. Et un abbé qui se clamoit Robert molt pécha,
quar lo duc avoit fondé denovel un monastier et l'avoit
molt enrichi de terre et de moble molt habundantement.
Etcestui abbé Robert en leva le meillor qui la i ensfust,
et enleva deniers qui la estoient recommandez de li Nor-
mant, et s^en ala a lo pape, et se feinst dedirequMIvoloit
aller a lo duc Robert. Et que non aloit droitement fu
desprizié de lo pape. Et s'en alla a lo roy de France et a
lo roy d'Engleterre, et s^esforzoit de habiter avec eaux ;
et findment lui failli la monoie, et retorna a lo duc de
loquel misericordiosement fu rechut et fu restitué en^on
honor (î). Et en l'autre semaine, tant fain oppresse cest
seignor, qu'il furent constrainst, et pour la troppe ma-
creze tant aloient et curroient li chaval, quant li seignor
aurait-il pu marcher avec des troupes contre le duc normand ? De
même le siège de Bénévent n*a pas eif lieu aussitôt après celui de
Salerne, ainsi que le prétend Pierre Diacre.
(i) On est tout surpris de voir qu*Aimé interrompt brusquement
Je récit de Tcxpédition de Robert Guiscard et du prince Richard
dans la Campanie pour parler de cet abbé Robert, et on peut se
demander s*il n'y a pas là une interversion du copiste, et si, dans le
texte original, ce morceau ne se trouvait pas ailleurs. Quoi qu'il en
soit, nous sommes en mesure de contrôler le jugement assez sévère
qu'Aimé porte contre cet abbé, Robert de Grantmesnil, sur lequel
Orderic Vital et une lettre de Grégoire VII fournissent de précieux
renseignements. Issu d'une grande famille de Normandie, et parent
des Tancrède ainsi que des principaux Normands émigrés en Italie,
Robert fut d'abord moine et ensuite abbé de Saint-EvrouId-sur-
Ouche, en Normandie. A la suite de graves difficultés avec Guil-
Iaume-le-Q>nquérant, duc de Normandie, Robert passa en Italie
(Orderic Vital, t. II, p. 83 sq. et p. 87 sqq.) où, grâce à son cou-
sin Guillaume de Montreuil, et grâce à Robert Guiscard, il eut une
assez grande situation; Guillaume de Montreuil lui donna une
partie de la ville d'Aquino (O. Vital, t. II, p. 87) et Robert Guis-'
card^ ayant restauré et doté le monastère de Sainte-Eufémie danâ
344
et Tautre gent a pié. Et lo bénigne duc avoît en sa mé-
moire lo bénéfice qu^il entendoit a faire a saint Benedit,
il salli a lo monastier de Mont de Cassyn, et dota Teglize
et H frères de pailles et d'autres domps. Et puiz s'en
les Calabres, le mit à la tctc de l'abbaye et lui donna encore le mo-
nastère de la Sainte-Trinité à Venosa, et de Saint-Michel à Melito;
en outre, sa sœur Judith épousa Roger, le grand comte de Sicile et
frère de Robert Guiscard (O. Vital, t. H, p. 91» G. Malaterra, H,
19; voyez O. Delarc : Les Normands en Italie^ p. 378, note i).
. Il semble que, malgré ces avantages, Robert de GrantmesnU ait eu
le mal du pays; O. Vital rappçrte (t. II, p. 43 1) qu'en 1077 il
revint en PVancc, où il se réconcilia avec Guillaume-le-Conqucrant
et Philippe I«r, roi de France, s'employa à le faire nommer évéque
de Chartres. Nous avons en effet une lettre de Grégoire VII au sujet
' de cette nomination; en 1077, le pape écrit à Hugo, évêque de Die,
son légat en France, et lui dit que Philippe, roi de France, lui a.
à plusieurs reprises, fait demander d'approuver la nomination de
Robert, abbé de Saintc-Eufémie dans la Calabre, à Tévéché de
Ch<irtrcs; il ajoute que cet abbé est venu le trouver en se rendant
en France et lorsque lui-même était en Lombardic (janvier-août 1077),
et qu'il n renouvelé sa visite à son retour en Italie pour déclarer au
pape que, m^dgré les sollicitations du roi de France, il n'accepterait
rêvcché de Chartres qu'avec l'assentiment du Saint-Siège. Autti le
piipe prescrit à son légat d'examiner si Robert a été élu à rév€ché de
Chartres suivant les règles canoniques, et de lui faire connaître le
résultat de son enquête (Grcgorii Regist., V, 11, dam Jaffe,
Mon. Grcgor., p. 3oi sq.)- Nous savons qu'en dernier lieu, Robert
ne fut pas promu <i cet évcché, et qu'on lui préféra Godefroy, oncle
d'Kustache, comte de Boulogne.
C'est cviilemmcnt à ce voyago en France de Robert de Grantmes-
nil qu'Aimé fiit iîlliision, et son blâme vient sans doute de ce que,
pour subvenir aux diipcnses de ce long voyage, l'abbé Robert dut
mettre à contribution les revenus de l'abbaye de Sainte-Eufémie.
Quant nu pape, on voit p.ir sa lettre qu'il se tient sur la réserre et
que sans « disprizicr u Robert, comme le dit Aimé, il demanda à
être renseigne; l'cchcc définitif de Robert au sujet de l'évêché de
Chartres montre, du reste, que les reproches d'Aimé sont en pirtie
fondés.
345
vindrent ensemble a Salerne, et garderérent lo chastel et
lor ost chascun en droit soi (i).
Cap. 23. Donnèrent bataille a la terre et jettent sa jettes
et mènent pierres, mes nul non apert en la cité, quar cil
de la cité estoient abscons coment la soris en la caverne.
Et se aucun veut mener la pierre o la fronde,, plus tost
fien li sien que li anemis; et cil qui veilloient la nuit as
tors tant estoient fieble, que a pêne poiient oïr lor voiz.
Et vit lo duc que pooit prendre la cité par force, quar nul
de cil de la cité combatoit contre li sien. Mes timant la
mort de ceuz qui i habitoient et que la poure gent non
perdissent lor masserie, non vouloit. Mes ja estoit venut
que lo duc pooit avoir son desirrier, et fust mis terme et
fin de la pestilence de cil de la cité. Et avint une choze,
que fu une grant obscurité, tant que Pun home non veoit
cil qui lui estoit a locosté. Et un Salernitain aiaa lo duc,
et lui dist tout ce qu^il savoit de la cité, prisi compain-
gnie et alerent a une petite porte, laquelle estoit murée
novellement, et rompent et vont cntor par la cité. Et
saillent sur li mur, et entrent as tors, et nul ne troverent
qui a eaux parlast. Et puiz tornerent a lo duc et lui
distrent ceste chose. Et li duc concje sage manda auvec
eaux chevaliers et autres homes armés, et ceuz qui gar-
doient la terre furent pris et liés. Et sont donés a li ser-
vicial en garde, et sans mot dire se leisserent lier, quar il
estoient tant débile de famé qu'il non pooient issir a la
bataille. Et puiz que as tors furent mis li gardien de li
duc, li fort chevalier normant commencherent a crier et
(i) Sans autre transition avec ce qu'il vient de dire de l'abbé
Robert, Aimé reprend et termine le récit de l'expédition des deux
princes Normands en Campanie, à partir de cette phrase : « Et en
l'autre semaine, etc. »
£ =~rj?nr tr la virrrirc t lo duc. Et Gisolfe, quant il oi
rf rr^ensi = r^uvr. c: se leva de lo lit et fov a la roche,
zn 5c îrrirr 11= pr-ur ^^; vengicr. Lo sequeni jor, liquel
if.:.: vif ît ztzzzzbrt. c'es: lo .xvî. jor, lo duc vainceor
:r.LZZz. k£ ^?r.: £ k r::t : . £: puix i ala il et dooa paiz
V ^i k.:tl:i j Ev:»r à± â:*uxe sor le mois et le jour de U prise
2: Slîstj; pET RiOfr: G-iâcsrz: Alaê dii que la ville Hiccombi le
l'-T j» .CE* -; ûftcr— rre, c'est-â-iire Is i5 décembre, c'c»! donc
T-Lz 'jn£ :£.::£ lu ;:k?:st: a::'as lir dans Aimé le 16 décembre. La
Ar^Lilcf Scr.n*nii£xi r^inszt : MG. SS., 111, i8i«« in festam sancic
L.c:2E, :- :r«£ =:>::ie crri: jj^iuien). ■ — ^«oa/wicf Cofm., dans
V.-. lt^T^K. R 1. S5..I. V. r. ;5j : • csph eam die id. decembris. ■
— ArnLzlc! C^sTnfci. MG. SS.. i. m. p. içK> : « cepit eam die idibn
ZïCfT-.rhâ^ *■ ZZ.ZZ.. Kj/rski^ ac Skucwszn la Ckromique ^AmûiJI,
j:ns:£:es: e-fL;f:ni::i 2'je Saler:: £ succomba an mcâs de décembre.
M lis. ii \t ':>ur •:: 1t =3:>is de U rediitkm de la ville sont indiacn-
:^r'i£S. les h.'st:-r:ir.s as sa:c:Tû£ni pas pour dire en qudle année
Sî-tmc £ r-ÂS&i s^us Iz ZT-miTXiûyn normande, les uns proposant
:--?. iiuîTss ::-f. q-jijç-cs-uns, enfin, 1077; voyec sar cette
rjstir^r. G. ^^ f:\t.e::.h : Z>r cunduione Jtalût tnferioris Crtgoho
srrTzm: pr^^.njicf. r. Sv L^s preuves suivantes établisient que
] i-Lr.ct ir-' »: t^:cr. ct\\^ d± h ;hute de Saleme : i» Les AnMoUt
C::rrKses, qu: cr.: qu^n^ il s'axr.: Je Saleme. une autorité spéciale
r r.tr.t : • ::*'.". R..bb£r:j5 -ux venit super Salemum pridie nonas
^ÎjfUs ;: ;rs:i.î £.:Ti i-rrî narique et cepit eam die idxbusdecem-
rrs. > MG. >S.. :. IV. p. :r>?: 3: LM^omimiJ Ctfnii.,danslli7iA-
7 - «I. R. I. SS.. !. V . r. : 39. place en 1 075 la prise de Saleme, mais
~ S'a.' qui. psr ss-.'.t ^'une faute Je copiste, presque tous les évéae-
rr. .-.tsi r rr.::is par ! anor.yn^.c sont avancés d'un an. cf. Mcma-
7^ FI. ; i. r.zit ï'j: cc&t dcnc en 1076 qu'il faut, d'après lui,
pi c-T :=! c%cr.eT:j=î ; .■- Lupu» i,MG. SS.. t. V, p. 60) donne 1077
^^.rr.rr.e z^it d-j \i r.-Jd:t:.r. de Salcrne. mais plusieurs passages des
An'is'ts :i Ljtjs '.r.: v.:r q-jc ces Annalfs commencent l'année
suivar.:* dt& \z ?r.^:s de septembre de l'année précédente icf., mu
1020. i'4?. loro, Io^H. looS, 1009, 11 17). La prise de Salerai
aya.ni eu !:cu en de.:e?nbre, et Lupus lui assignant la date de 1077»
c'est donc 1076 qu'il faut lire: 4» Annales Seli^
c
347
a la cité, car comme Dieu lui avoit concedut viaoire
avant de lo chaste de Salerne et de Amalfe, ensi meinte-
nant en une nuit lui concedi la cité. Quar Dieu avoit
proveu a lo malvaiz proposement de Gysolfe, liquel se
estoit mis en cuer de ardre la cité s^il non la pooit def-
fcndre. Et quant lo bon duc vit la poureté de cil de
Salerne^ commanda que en la cité se feist lo marchié, et
de Calabre et d'autre part fist venir victaille et a bon
marchié. Et en lieuz competens fist merveillouz palaiz
sur li mur de la cité, si que il estoient dedens et deforsde
la terre. Et après ce fu atornoié la tor de grandissimes
paliz et y mist gardiens, et lo chastel liquel avoit fait Gi-
solfe pour garder la roche, fist habiter ; et Gisolfe devisa
li ystrument soe et menoit pierres. Un jor lo dyable,.
liquel aidoit a Gisolfe en sa perversité, la pierre laquelle
estoit mandée en la tor se romppi, et une part de la
pierre donna a lo costé de lo duc et parut qu'il en deust
morir. Mes par la vertu de Djeu, en poi de temps en fu
garut (i).
' (MG. SS., t. XVII, 32), ad. an., 1076 : « Dux Robertus venit
Salernum et cepit »; S® Aimé, comme nou« le verrons bientôt, dit
que, quelque temps après la chute de Salerne, Gisulfe étant venu à
Rome pour rendre visite au pape, dut attendre son retour. Cette
absence du pape s'explique très bien, si Ion suppose que Saleme ait
succombé en 1076. En effet Saleme ayant capitulé en décembre,
et Gisulfe ayant été quelque temps à Capoue avant de venir à
Rome, c'est au printemps ou durant l'été de 1077 qu'il y sera
venu; or en 1075, en 1076, en 1078, Grégoire VU a passé à
Roms le printemps et une grande partie de Tété ; c'est seulement en
1077 qu'il a été absent de Rome pendant la fin de l'hiver, le prin-
temps et à peu près tout l'été; l'assertion d'Aimé permet donc de
conclure que Salerne a été en 1076 soumise par les Normands,
(i) Guillaume de Fouille dit également que, la ville étant prise,
Gisulfe se réfugia dans la citadelle, et, dans les vers suivants, 1. UI,
. N
Ca? zj. E: c-iir.: '.? iuc R-chanvîiquc la brigue de
50:: 17?— i<:r:: v^-.;? J sr.. cercha adjmoire a lo duc
cv-r V* 'ir >ur Nir'.-. E: aioa: lo duc co manda a cil de
Ar.-i!\' î: 1 \ C-ilibnM eue 1; aillent o tout lor neft
j: .-'S: 5«n: i 1,- rri^cï plus que a lui. El li prince co-
"A-.^.- :: -c ioicr.; ri.: jh^steaux fors delî mur de la cite,
i*: li^ r.s: ^rr.rV^jier, e: r.s: porcr Uingue, et de li labor de
jijr .-i- .2. ^'-.'.c r.i:Tr!: >cs ireîgnîers. Li navie estoit en
••:ir ;:: c^rc^".: ii rU.re oîsnse a la cité. El cil de la cite
J.i' Nir'i ^.irrîiioszr.: *a c::i cî veillant gardent les torrcs.
F: .î .-c .îuî: P. eu lor Jeu?: jwiier. quant a home tant a
:.î-.-c. v:*r.: pvi: 1;» c*;':::es e: sont en oraiions et jejunoient.
K: .vucirLi :; .j 1: bon chevalier issoieni tors et clamoietit
'. N.^rnMn: .1 contraire, e: aucune foiz tomoient o vic-
:,^irc. K: aujun.' :"?:j jlo^nî contre ceaux qui estoienia
I.^ r..iv:e c: pr,:n.^.cri: 1: n-jrinier en dormant; une foiz
^r.5:rcr.: .••. c . c: .-'. i;alces entrèrent en lo port, dont
!i\ivo-.cn: :\iv."r c?. îa ci:é qujr issoient defors a comhatre,
c: .\s*.îi..'.:rwn: cl J.c N.îplc lo castel de lo prince, et en
pri>:ron: ^"c .:u':'. porer.: et puiz ardirent lo remanant. Et
L^ prir.cc ccrch.^i: ûc taire un autre chastel en un lieu
plus es'.rv-^i:, .1 ce .^^uc consirjinsist li citadin de issir de la
cîiô. arcr^rin'ier L^r ferocito. Et une multitude de che-
V. 45'' s.*;:^., :: parî^' .:? li ble»*ure reçue par Robert Guiscard,
' t*\r.:ir.u vjî:i'.s Robertu* vinbus arcem
\i riî:.:v> curr. tort;r Ju«:xs f>etrana saxi
IcT'j J.im!*M pcTJuîw fuisseï ab alto,
Avu!>'^r!i l:^r.'jîTt RoVcrti nobile pectus
Sauji.ii ir.j.mti. scJ non post tempore multo
Auxiliar.:; Dco recipi[ caro Ixsa salutem.
Rcd.:itus incolumis m agis ezpugnare Gisulphum
Nititur. ■
Î49
valiers et de pedons se levèrent, et constreinstrent li gar-
dien a fuir et destnixirent lo castel. Et lo prince pour
vergoingne avoit grant dolor, dont clama ses chevaliers
pour faire venjance, et pour ce que li chevalier non
timoient furent plusor mort, etpromist lo prince a li che-
valier que se lor chevauz moroient de rendre meillor; et
pour ceste promesse pristrent cuer li Normant, et secu -
terent li citadin et les occistrent ( i ).
Cap. 2 5. En cellui temps, a Gisoffe commencèrent a
faillir les despens, car donnoit troiz unces de pain por
chascun home, et une unce de formage. Et il sol bevoit
vin, et li frère en bevoient petit. Et ja se moustroît la ma-
grece en lor faces, et la vertut failloit en lor membres et
non menoient pierres a cil de la cité, ne non crioient, ne
(i) La Chronicon Anon. Casin. dit que le prince Richard com-
mença à assiéger Naples dans le^ premiers jours de mai 1077 : a Hoc
anno 107Û (nous avons déjà dit que les événements rapportés par
cette chronique sont toujours datés de Tannée précédente) Richardus
princeps cepit obsidere Neapolim,principiomensisMaii. » La CAron/-
con Cavense et Romuald de Salerne sont d*accord sur ce point avec
TAnonyme du Mont-Cassin. Il faut conclure de là que Gisulfe
résista assez longtemps dans la forteresse de Salerne, car, lorsqu*il
se rendit, il alla rejoindre Richard, occupé au siège de Naples. Mais
il se peut très bien, et c'est ce que le texte d*Aimé indique, qu'aus-
sitôt après la prise de la ville de Salerne et tandis que la forteresse
tenait encore, Robert et Richard aient fait, avant le mois de mai
1077, les préparatifs du siège de Naples. Au point de vue de la chro-
nologie, toute cette partie de Touvrage d'Aimé s'harmonise très bien
avec les données des autres chroniqueurs. Il faut cependant excepter
Pierre Diacre qui, dans la chronique du Mont-Cassin, a, nous l'avons
déjà dit, interverti l'ordre de ces événements. Il parle (Chron. Casin.,
III, 45) du siège de Naples par Richard, mais se borne à dire que
S, Janvier défendit visiblement la ville contre l'attaque des
Normands.
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■ *'/• • ' î.'/fj î.'yrnt d'armes. c:ni
« • <
destruire, alas a lo impeor de ConstentinoUe et cerchas
Tajutoire de lo pape (i); et pour moi destruire en tout
requeris Tayde de li famé (2). Et en tout moi avoiez en
odie, et por ton chevalier non me voliste recevoir ; et je te
demandai la paiz pour ceuz de Amalfe et qe la vouliz
faire pour proiere moie, ne pour amonition de message non
la voulis faire. Et maintenant, par la grâce de Dieu, ai-je
donné pais a cil de Amalfe et à cil de Salerne. » Et quant
il orent complit cestes paroles, sanz plus dire se partirent;
et la ducesse sovent aloit a la roche, et reprenoit son frère
de ce que non vouloit croire a son conseill. Et une autre
foiz, Gisolfe retorna a lo duc et ot celle response qu^il
avoit eue avant de lo duc.
Cap. 27. Et puiz que par la pétition soe non trova
fruct, proia lo duc, quar il vouloit trair la gent de lo duc,
qu^il deust saillir sur en lo chastel où estoit lo duc, et que
poist venir a parler avec lui; et lo fist lo duc, et promet-
toit Gisolfe de rendre la roche. Mes solement fust il déli-
vré et sa gent qui estoient dedens, mes nulle parole non
en fist. Et lo duc dist que non vouloit la roche sânz lo
prince. Et lo prince quant il vit ce, il se donna il meisme
avec la roche, et lo conte commanda qu^il fust gardé.
Et il fist sa gent monter a la roche et garder la roche et li
mur et la tor. Et quant Johan, frère de Gisolfe, donna
la roche, auvec loquel Jehan avoit eu con'seill Gisolfe, li
(i) Sur Ce voyage de Gisulfe à G)nstantinople pour décider l'em-
pereur d'Orient à faire la guerre à Robert Guiscard, cf. supra, 1. IV,
c. 36-40. — Nous avons vu également que Gisulfe avait gardé avec
Grégoire VII de grandes relations d'amitié alors que le pape avait
excommunié Robert Guiscard et était en guerre avec lui.
(2) Allusion à la duchesse Béàtrix et à la comtesse Mathilde lors
de l'expédition de Monte-Cimino ; cf. sujprfly 1. VII, c. 11 sq.
Lidcï le ji ^.ic. Mes lo
—ser:..:;. Tiiir.^st j. zaniur-cr erdâr venir
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Ca? :> E: .: --:. 1 ce qu'il xoade lo prindpu de
Î5Î
toute escandalizement, et liberalment lo puisse salver,
demanda de li frère de Gisolfe le chastel lequel tenoit de
Gisolfe. Et Gisolfe lo contredist et o ses fauz argumens
queroit de gaber lo duc. Et lo cjuc fist venir li nave a lo
port et fers pour loier lo prince, quar lo vouloit mander
a Palerme pour estre en perpétuel prison. Et alore fu un
petit de plaint, car ses sorors seulement en pjoroient, mes
toute autre persone en estoient liez et joians. Et li frère
de Gisolfe vindrent, et comment lor fu comandé, Lan-
dulfe rendi lovai de Saint-Severin et PoUicastre (i), et
Guaymere rendi Cylliente (2). Et ensî fu finie toute
brigue; et jura Gisolfe que, par soi ne par autre, mais
non cercera lo principée de Salerne. Mes cest sacrement
tost getta par la bouche comment lo sacrement qu^il avoit
fait a ceuz de Amalfe. Et la ducesse, par lo commande-
ment de lo duc, lui donna molt de chosez, et li duc lui
donna mil besans et chevaux et mulz. Et puiz que Gysolfe
fu privé de son principée et de li ancessor soe, s'en ala a
lo principe Ricchartetfu receu gratiousement, etfu gardé
honorablement. Et a ce que vesquit plus quîetement,
mentre qu^il estoit sur Naple lo manda a Capue. Mes en
petit de temps se partirent corrociez lui et lo prince.
Cap. 3o. Et que lo pape non estoit présent, Gisolfe
atendoit son avènement, quar en lo bénéfice de lo pape
(i) San-Severino et Policastro, au sud de Salerne et près du rivage
du golfe de Policastro.
(2) Le Cilento (cis Alentum), c'est-à-dire le pays au-delà du fleuve
Alento au sud de Salerne ; voyez sur le Cilento une brillante étude
de François Lenormant « A travers VApulie et la Lucanie », t. Il,
p. 225 sqq., à la p. 271 de cette étude, M. Lenormant dit que les
Normands s^installèrent de bonne heure dans le Cilento, longtemps
avant la prise de Salerne. On voit que s*il s'agit du Cilento propre-
ment dit, une telle affirmation est contredite par Aimé.
23
3^14
et Tautre gent a pié. Et lo bénigne duc avoit en sa mé-
moire lo bénéfice qu^il entendoit a faire a saint Benedit,
il salli a lo monastier de Mont de Cassyn, et dota Teglize
et li frères de pailles et d'autres domps. Et puiz s'en
les Calabrcs, le mit à la tête de Tabbaye et lui donna encore le mo-
nastère de la Sainte-Trinité à Venosa, et de Saint-Michel à Melito ;
en outre, sa sœur Judith épousa Roger, le grand comte de Sicile et
frère de Robert Guiscard (O. Vital, t. II, p. .9I1 G. Malaterra, I[,
19; voyez O. Del arc : Les Normands en Italie, p. 378, note 1).
. II semble que, malgré ces avantages, Robert de Grantmesnil ait eu
le mal du pays; O. Vital rapporte (t. II, p. 43 1) qu*en 1077 il
revint en PVance, où il se réconcilia avec Gui!laume-!e-Conquérant
et Philippe 1er, roi de France, s'employa à le faire nommer évéque
de Chartres. Nous avons en effet une lettre de Grégoire VII au sujet
' de cette nomination; en 1077, le p.ipe écrit à Hugo, évéque de Die,
son légat en France, et lui dit que Philippe, roi de France, lui a,
à plusieurs reprises, fait demander d'approuver la nomination de
Robert, abbé de Sainte-Eufémie dans la Calabre, à révêché de
Chartres ; il ajoute que cet abbé est venu le trouver en se rendant
en France et lorsque lui-même était en Lombardie (janvier-août 1077).
et qu'il a renouvelé sa visite à son retour en Italie pour déclarer au
pape que, malgré les sollicitations du roi de France, il n'accepterait
Tcvêché de Chartres qu'avec l'assentiment du Saint-Siège. Aumî le
pRpe prescrit à son légat d'examiner si Robert a été élu à l'évêché de
Chartres suivant les règles canoniques, et de lui faire connaître le
résultat de son enquête (Gregorii Regist., V, 11, dans Jafpe,
Mou. Grcgor., p. 3oi sq.)» Nous savons qu'en dernier lieu, Robert
ne fut pas promu à cet évêché, et qu'on lui préféra Godefroy, oncle
d'Fustachc, comte de Boulogne.
C'est évidemment à ce voyage en France de Robert de Grantmes-
nil qu*Aimé fiiit allusion, et son blâme vient sans doute de ce que,
pour subvenir aux dépenses de ce long voyage, Tabbé Robert dut
mettre à contribution les revenus de Tabbaye de Sainte-Eufémie.
Quant au pape, on voit p.ir sa lettre qu'il se tient sur la réserve et
que sans « dcsprizicr » Robert, comme le dit Aimé, il demanda à
être renseigné; l'cchcc définitif de Robert au sujet de révéché de
Chartres montre, du reste, que les reproches d'Aimé sont en partie
fondés .
345
vîndrent ensemble a Salerne, et garderérent lo chastel et
lor ost chascun en droit soi (i).
Cap. 23. Donnèrent bataille a la terre et jettent sa jettes
et mènent pierres^ mes nul non apert en la cité, quar cil
de la cité estoient abscons coment la soris en la caverne.
Et se aucun veut mener la pierre o la fronde,, plus tost
fiert li sien que li anemis; et cil qui veilloient la nuit as
tors tant estoient fieble, que a pêne poiient oïr lor voiz.
Et vit lo duc que pooit prendre la cité par force, quar nul
de cil de la cité combatoit contre li sien. Mes timant ia
mort de ceuz qui i habitoient et que la poure gent non
perdissent lor masserie, non vouloit. Mes ja estoit venut
que lo duc pooit avoir son desirrier, et fust mis terme et
fin de la pestilence de cil de la cité. Et avint une choze,
que fu une grant obscurité, tant que Tun home non veoit
cil qui lui estoit a locosté. Et un Salernitain alaalo duc,
et lui dist tout ce qu^il savoit de la cité, prisi compain-
gnie et alerent a une petite porte, laquelle estoit murée
novellement, et rompent et vont cntor par la cité. Et
saillent sur li mur, et entrent as tors, et nul ne troverent
■N
qui a eaux parlast. Et puiz tornerent a lo duc et lui
distrent ceste chose. Et li duc congé sage manda auvec
eaux chevaliers et autres homes armés, et ceuz qui gar-
doient la terre furent pris et liés. Et sont donés a li ser-
vicial en garde, et sans mot dire se leisserent lier, quar il
estoient tant débile de famé qu'il non pooient issir a la
bataille. Et puiz que as tors furent mis li gardien de li
duc, li fort chevalier normant commencherent a crier et
(i) Sans autre transition avec ce qu'il vient de dire de l'abbé
Robert, Aimé reprend et termine le récit de l'expédition des deux
princes Normands en Campanie, à partir de cette phrase : « Et en
l'autre semaine, etc. »
346
a annoncier la victoire a lo duc. Et Gisolfe, quant il ai
ce, comcnsa a fouyr, et se leva de lo lit et fo 7 a la roche,
et se appareilla pour soi vengier. Lo sequent jor, lîqoel
cstoit ydc de décembre, c'est lo .xvi. jor, lo duc vainceor
manda sa gent a la cite (i). Et puix i ala il et dona ptiz
(i) \] ntî tn tirait y avoir de doute sur le mois et le joar de la
fir Salijriic par Robert Guiscard; Aimé dit que U viHe soccotnbi le
lourdes i(JcB de décembre, c'est-à-dire le i3 décembre, c'est donc
piir une faute du copiste qu'on lit dans Aimé le 16 décembre. Les
Annales iicneventani portent : MG. SS., UI, i8i««iii fesnimsaDctB
LtiiijL-, in ipsa nocte cepit civitatem. » — Anonynuu Canrn.^ daos
MiiHATORi, K. 1. SS.,t* V, p. 139 : « cepit eam die id. decembiis^ •
- Annales (lavenseSf MG. SS., t. III, p. 190 : «oepîteundie îdîbns
iltH-rtiibriH. M Kiifin, Rohuald de SALERNEet la Chrtmîqme ^Amaljt^
( oiisiiitcnt ^f{ulemcnt que Salcrnc succomba au mois de décembre.
Mais, si le jour et le mois de la reddition de la ville lont indisciH
tahir.h, IcH historiens ne s'accordent pas pour dire en qudle année
.Siili'i nr* :i pasKé sous la domination normande, les uns proposant
io7'>, d'autres loy^î, quelques-uns, enfin, 1077; voyes sur ceoe
f]iir*hiif>n (i. Wkinkkicii : De conditione Jtalict inferioris Crtgoho
srptimu pantiflce, p. 8«>. I^s preuves suivantes établissent que
l'iinnér 107/1 est bien celle de la chute de Saleme : i» Les AmiiaUs
(:ttvrn.u'.ff <pii ont, quami il s'agit de Salernc, une autorité spéciale
portent : •< 1070, Kobbertusdux vcnit super Salernum pridte nonas
MaKÎas rt obifilit on m terra mariquc et cepit eam die idibus decem-
Itim. " M<j. SS., t. IV, p. 190; 2^^ LM non ymtff Ctfsm., dans MuKA-
l'iHi, H. I. SS., t. V,p. 1:^9, place en 1073 la prise de Saleme, maïs
on Hait que, par suite d'une faute de copiste, presque tous les évéae*
iM' lits r.ippoi t«:s par l'anonyme sont avancés d*un an. cf. Mcia*
i"ki, /. f- , tuiiv. 10; c'est donc en 1076 qu*il fisut, d'après lui,
l>l iccr il t cvcnoMicnt ; > Lupus (MG. SS., t. V, p. 60) donne 1077
LMuiiiic (iati: ilf 1.1 rcililition de Salcrne, mais plusieurs passages des
.bm.i/r.v >)i: Lupus font voir que ces Annales commencent l'année
Hiii vante «Ick li; niois de septembre de l'année précédente (Cf.» aa.
iDiO, in.|S, u/.q, 10S8, 1098, 1099, Il 17). La prise de SalcrM
ayant ci\ lieu en décembre, et Lupus lui assignant la date de 10771
c'est .lonc 1076 qu'il faut lire; 4» Annales Selii
347
a la cité, car comme Dieu lui avoit concedut viaoire
avant de lo chaste de Salerne et de Amalfe, ensi meinte-
nant en une nuit lui concedi la cité. Quar Dieu avoit
proveu a lo malvaiz proposement de Gysolfe, liquel se
estoit mis en cuer de ardre la cité s^il non la pooit def-
fcndre. Et quant lo bon duc vit la poureté de cil de
Salerne, commanda que en la cité se feist lo marchié, et
0
de Calabre et d'autre part fist venir victaille et a bon
marchié. Et en lieuz competens fist merveillouz palaiz
sur li mur de la cité, si que il estoient dedens et deforsde
la terre. Et après ce fu atornoié la tor de grandissimes
paliz et y mist gardiens, et lo chaste! liquel avoit fait Gi-
solfe pour garder la roche, fist habiter ; et Gisolfe devisa
li ystrument soe et menoit pierres. Un jor lo dyable,.
liquel aidoit a Gisolfe en sa perversité, la pierre laquelle
estoit mandée en la tor se romppi, et une part de la
pierre donna a lo costé de lo duc et parut qu'il en deust
morir. Mes par la vertu de Djeu, en poi de temps en fu
garut (i).
' (MG. SS., t. XVII, 32), ad. an., 1076 : « Dux Robertus venit
Salernum et cepit »; 5^ AiMé, comme nou« le verrons bientôt, dit
que, quelque temps après la chute de Salerne, Gisulfe étant venu à
Rome pour rendre visite au pape, dut attendre son retour. Cette
absence du pape s'explique très bien, si l'on suppose que Salerne ait
succombé en 1076. En effet Salerne ayant capitulé en décembre,
et Gisulfe ayant été quelque temps à Capoue avant de venir à
Rome, c'est au printemps ou durant l'été de 1077 qu'il y sera
venu; or en 1075, en 1076, en 1078, Grégoire VU a passé à
Roms le printemps et une grande partie de l'été ; c'est seulement en
1077 qu'il a été absent de Rome pendant la fin de l'hiver, le prin-
temps et à peu près tout l'été; l'assertion d'Aimé permet donc de
conclure que Salerne a été en 1076 soumise par les Normands,
(i) Guillaume de Fouille dit également que, la ville étant prise,
Gisulfe se réfugia dans la citadelle, et, dans les vers suivants, 1. III,
348
Cap. 24. Et quant lo duc Richart vit que la brigue de
son anemi estoit venue a fin, cercha adjutoire a lo duc
pour venir sur Napie. Et adont lo duc comanda a cil de
Amalfe et a H Caiabrez que ii aillent o tout lor nefs
et obéissent a lo prince plus que a lui. Et li prince co-
manda que soient fait chasteaux fors deli mur de la cité,
et les fist enforcier, et fist porter laingue, et de li labor de
ccuz de la cité racmpli ses greigniers. Li navie estoit en
mer et cerchoit de faire offense a la cité. Et cil de la cité
de Naple garnissent la cité et veillant gardent les torres.
Ht a ce que Dieu lor deust aydicr, quant a home tant a
famc, vont par les cglizes et sont en orations et jejunoient.
Et aucune foiz li bon chevalier issoient fors et clamoient
li Normant a combatre, et aucune foiz tornoient o vic-
toire. Et aucune foiz aloient contre ceaux qui estoient a
lo navie et prenoicnt li marinier en dormant ; une foiz
pristrent .ij. c, et .ij. gâtées entrèrent en lo port, dont
n'avoîcnt paor en la cité quar issoient defors a combatre,
et assaillirent cil de Naple lo castel de lo prince, et en
pristrent ce qu*il porcnt et puiz ardirent lo remanant. Et
lo prince cerchoit de faire un autre chastel en un lieu
plus estroit, a ce que constrainsist li citadin de issir de la
cité, a reprimer lor férocité. Et une multitude de che-
V. 450 sqq.. il parle de la blessure reçue par Robert Guiscard, tandis
qu'il assiégeait cette citadelle :
H Expngnat validts Robertu» viribus arcem
At valido cum forte ducis petraria saxi
Ictu dimissi perculsa fuisset ab alto,
Avul&um lignum Roberti nobile pectus
Sauciat incauti, scd non post tempore multo
Auxiliante Deo rccipit caro Izsa salutem.
Redditus incolumis magis ezpugnarc Gisulphum
Nititur. >*
Î49
valiers et de pedons se levèrent, et constreinstrent li gar-
dien a fuir et destnixirent lo castei. Et lo prince pour
vergoingne avoit grant dolor, dont clama ses chevaliers
pour faire venjance, et pour ce que li chevalier non
timoient furent plusormort, etpromistlo prince a li che-
valier que se lor chevauz moroient de rendre meillor; et
pourceste promesse pristrent cuer li Normant, et secu-
terent li citadin et les occistrent ( i ).
Cap. 25. En cellui temps, a Gisoffe commencèrent a
faillir les despens, car donnoit troiz unces de pain por
chascun home, et une unce de formage. Et il sol bevoit
vin, et li frère en bevoient petit. Et jase moustroît la ma-
grece en lor faces, et la vertut failloit en lor membres et
non menoient pierres a cil de la cité, ne non crioient, ne
(i) La Chronicon Anon. Casin, dit que le prince Richard com-
mença à assiéger Naples dans le^ premiers jours de mai 1077 : a Hoc
anno 107Û (nous avons déjà dit que les événements rapportés par
cette chronique sont toujours datés de Tannée précédente) Richardus
princeps cepit obsidere Neapolim, principîo mensis Maii. » La Chroni-
con Cavense et Romuald de Salerne sont d*accord sur ce point avec
TAnonyme du Mont-Cassin. Il faut conclure de là que Gisulfe
résista assez longtemps dans la forteresse de Salerne, car, lorsqu*il
se rendit, il alla rejoindre Richard, occupé au siège de Naples. Mais
il se peut très bien, et c*est ce que le texte d*Aimé indique, qu'aus-
sitôt après la prise de la ville de Salerne et tandis que la forteresse
tenait encore, Robert et Richard aient fait, avant le mots de mai
1077, les préparatifs du siège de Naples. Au point de vue de la chro-
nologie, toute cette partie de Touvrage d*Aimé 8*harmonise très bien
avec les données des autres chroniqueurs. Il faut cependant excepter
Pierre Diacre qui, dans la chronique du Mont-Cassin, a, nous Tavons
déjà dit, interverti Tordre de ces événements. Il parle (Chron. Casin.,
III, 46) du siège de Naples par Richard, mais se borne à dire que
S. Janvier défendit visiblement la ville contre Tattaque des
Normands.
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• -- - - ---.-■-•-•■- • »- - -— ,» * s***i^« 9T vn.
destniire, alas a lo impeor de Constentinoble et cerchas
Tajutoire de lo pape ( i ) ; et pour moi destruire en tout
requeris Tayde de li famé (2). Et en tout moi avoiez en
odie, et por ton chevalier non me voliste recevoir ; et je te
demandai la paiz pour ceuz de Amalfe et qe la vouliz
faire pourproiere moie, ne pour amonition de message non
la voulis faire. Et maintenant, par la grâce de Dieu, ai*je
donné pais a cil de Amalfe et à cil de Salerne. » Et quant
il orent complit cestes paroles, sanz plus dire se partirent;
et la ducesse sovent aloit a la roche, et reprenoit son frère
de ce que non vouloit croire a son conseill. Et une autre
foiz, Gisolfe retorna a lo duc et ot celle response qu^il
avoit eue avant de lo duc.
dp. 27. Et puiz que par la pétition soe non trova
fruct, proia lo duc, quar il vouloit trair la gent de lo duc,
qu^il deust saillir sur en lo chastel où estoit lo duc, et que
poist venir a parler avec lui; et lo fist lo duc, et promet-
toit Gisolfe de rendre la roche. Mes solement fust il déli-
vré et sa gent qui estoient dedens, mes nulle parole non
en fist. Et lo duc dist que non vouloit la roche sànz lo
prince. Et lo prince quant il vit ce, il se donna il meisme
avec la roche, et lo conte commanda qu^il fust gardé.
Et il fist sa gent monter a la roche et garder la roche et li
mur et la tor. Et quant Johan, frère de Gisolfe, donna
la roche, auvec loquel Jehan avoit eu conseill Gisolfe, li
(i) Sur Ce voyage de Gisulfe à Constantinople pour décider l'em-
pereur d'Orient à faire la guerre à Robert Guiscard, cf. supra, I. IV,
c. 36-40. — Nous avons vu également que Gisulfe avait gardé avec
Grégoire VII de grandes relations d*aniitié alors que le pape avait
excommunié Robert Guiscard et était en guerre avec lui.
(2) Allusion à la duchesse Béatrix et à la comtesse Mathilde lors
de l'expédition de Monte-Cimino ; cf. suprfi, 1. VII, c. 12 sq.
Î52
gardien avoient paour de la sentence de lo duc. Mes lo
duc^ par la soe présence, mistiga la paour lor, et fist venir
a soi li caval dont fist chevaucier li plus grant, et avec
veillante garde les fist garder, et li autre fist aler a la cort.
Et lo matin rendi la maison soe a chascun gardien, et la
proie qui se trova de cestui gardien, et lor pardona lor
coulpe, et puiz li vaillant duc Robert o honor grande et
confortable et promission de ami.
Cai>. 28. Et quant ces chozes devant dites furent faites,
lo duc proia lo prince qu'il lui donnast le dent de saint
Mathie. laquel avoit levée de Feglize, et lo duc lo savoit.
Et ce faisoit lo duc qu'il non vouloit que la cité perdist
celle relique, et lo prince confessa quMI Tovoit et qu^il lui
vouloit doner. Et absconsement comanda a son chambrier
qu'il lui deust porter la dent de un Judée qui alore avoit
esté mort. Et puiz que lo duc ot celle dent, il la mist en un
bel drap de soie et la manda a lo duc. Et lo duc qui sages
cstoit pensa la malice de Gisolfe, se fist clamer lo prestre
liquel savoit cornent cstoit longue, et comment elleestoit
laite ; quar maintenant fu corrocié lo duc quant il vit que
la dent non estoittaitc ensi coment li prestre dîsoit. Lo
duc manda disant a lo prince que s'il non avoit la dent
do saint Mat h le propre a lo jor sequent, qui trairoît a Gi-
solt'e li dent soc. Et o grant festinance vint un message et
aporia a lo duc la propre dent de saint Mathie, laquelle
tcnoit Gaymcre lo malvaiz frère del prince, et la donna a
lo dcvot duc. Gestui Guaymere estoit tant malvaiz et pes-
sime, que quant il estoit en cest pericule de turbation,
non ot en horror de prendre la virgine a laquelle avoit
jure de garder la virginité soe, non ot paor de la cor-
rompre.
Cap. 29. Et lo duc, a ce qu'il monde lo principal de
Î5}
toute escandalizement, et libéral ment lo puisse salver,
demanda de li frère de Gisolfe le chastel loquel tenoit de
Gisolfe. Et Gisolfe lo contredist et o ses fauz argumens
queroit de gaber lo duc. Et lo (Juc fist venir li nave a lo
port et fers pour loier lo prince, quar lo vouloit mander
a Palerme pour estre en perpétuel prison. Et alore fu un
petit de plaint, car ses sorors soulement en pjoroient, mes
toute autre persone en estoient liez et Joians. Et li frère
de Gisolfe vindrent, et comment lor fu comandé, Lan-
dulfe rendi lovai de Saint-Severin et Pollicastre (i), et
Guaymere rendi Cylliente (2). Et ensi fu finie toute
brigue ; et jura Gisolfe que, par soi ne par autre, mais
non cercera lo principée de Salerne. Mes cest sacrement
tost getta par la bouche comment lo sacrement quHl avoit
fait a ceuz de Amalfe. Et la ducesse, par lo commande-
ment de lo duc, lui donna molt de chosez, et li duc lui
donna mil besans et chevaux et mulz. Et puiz que Gysolfe
fu privé de son principée et de li ancessor soe, s'en ala a
lo principe Ricchart et fu receu gratiousement, et fu gardé
honorablement. Et a ce que vesquit plus quîetement,
mentre qu^il estoit sur Naple lo manda a Capue. Mes en
petit de temps se partirent corrociez lui et lo prince.
Cap. 3o. Et que lo pape non estoit présent, Gisolfe
atendoit son avènement, quar en lo bénéfice de lo pape
(i) San-Severino et Policastro, nu sud de Salerne et près du rivage
du golfe de Policastro.
(2) Le Cilento (cis Alentum), c'est-à-dire le pays au-delà du fleuve
Alento au sud de Salerne ; voyez sur le Cilento une brillante étude
de François Lenormant « A travers VApulie et la Lucanie », t. Il,
p. 225 sqq., ù la p. 271 de cette étude, M. Lenormant dit que les
Normands s'installèrent de bonne heure dans le Cilento, longtemps
avant la prise de Salerne. On voit que s'il s'agit du Cilento propre-
ment dit, une telle affirmation est contredite par Aimé.
23
554
non failloit de relever Tangoisse soe et misère. Et puiz
retorna lopape, et Gisolfe ala a lui, quar toute Tesperance
et toute la curede Gisolfe estoit en lo pape. Et que Ip pape
lui v^nil^'it bien e; lo amoit corne fill, lo recbut corne amor
do pore et mousira a I: Ro.iiain et a toute manieredegent
corsioiu lui vouloit bien; et lo fist prince de toutes les
chozes uol l'Eglize. et lui comist tout son secret et tôt son
consoill, et disponist les toutes de l'Eglize les choses a soe
libéralité et volenté (il.
Cap. 3 1 . Et en cellui temps vindrent a parler ensemble
li dui seignor, c'est lo prince et lo duc. Et lo prince re-
prent lo duc et lui dist vergoingne, et lo duc la substint,
et puiz retirent paiz, quar la humilité vaint la superbe.
Et lo duc manda plus de nefs por restraindre lo port de
Naple. et o li cxcrcit de li chevalier ferma lo chastel et lo
iist garder, liqucl avoient rout li Neapolitain. Et puiz
.XXX. jors. avec lo conseillct avec la licence de lo prince,
laissant les nefs a lo port et li chevalier en garde de lo
chaste], lo duc ala assegier Boni vent, et fist forteresce enior
et atllist li citadin de les choses lor.
(1) Grcgoire VII rentra à Rome dans les premiers jours de lep-
unibrc i077,apri:s un long séjour dans le nord de l'Italie; cf. Jaffs-
l.o:wKNbFiD : Kii^tstj Pont if. roman.. no« 5044, 5 04 3, 5046. Cest
JuiK- à Celte c(vqu(!qu*i! a reçu Gisulfe. Guillaume de Fouille parle
^gnlom-jnt, 1. III. v. 4(1 If sqq., des faveurs accordées à Gisulfe par
iirci;uirc VII :
«I Gri?goriuni ]xip.im spoliatus (Gisulfus) honore
Appctiit priiiium. Von ien te m papa bcnigne
Sus.ipit et regio C.impanîca tmditur illi. ■
Voyez sur celle rôc.'piion du pape a Gisulfe : 5. Grégoire VU d
/j rcfnrmc de rt'^ise au A7e siècle, par O. Dklam:, t. Ul
p. J2S sq.
Î55
Cap. 32. Et lo pape pour ceste chose et pour autre as-
sembla lo consistoire et excommunica lo duc, et touz ceuz
qui lo sequtoient (i). Et Jordain fill de lo duc, avec lo
conte Rogier son oncle, volant avoir la grâce de l'Eglize,
alerent a Rome et furent absolut de la excommunication,
et firent ligue de fidélité avec lo pape (2).
Cap. 33. Et Baialarde retornant a locuer soe manda sa
mère avant pour avoir miséricorde de lo duc, et il vint
après et rendi lo castel de Sainte-Agathe, et ot la grâce de
(i) Les Annales de Bénévent parlent de ce siège et en indiquent la
date avec précision : « 1077, anno 5 domni Gregorii septimi papse,
obiit Landolfus princeps (Beneventi) et Richardus princeps (c'est
une erreur, le prince Richard de Capoue ne mourut que le 5 avril
1078) et Robertus dux obsedit Beneventum a mense Januario usque
6 idus Aprilis ». Annales Beneventani ad an. 1077. Ainsi que Wein-
reich Ta démontré, les Annales de Bénévent ne commencent Tannée
qu'avec les calendes de mars ; Weinreich, De conditione Jtalice infe-
rioris, Gregorio septimo pontifice, p. 80 : « Auctorem annalium
Beneventanorum annum calendis martiis incipere demonstratur »;
le mois de janvier 1077 ^^ Annales de Bénévent est donc en réalité
de 1078. RoMUALD DE Salerne écrit également; « Anno primo post-
quam cepit Salernum, Robertus dux Beneventum obsedit, acriter eam
expugnans ». Chronicony ad an., 1075 (date erronée) dans Muratori,
R. I. SS., t. VII, col. 171. Enfin, Pierre Diacre, Chron. Cassin.,
III, 45, parle des fortifications élevées par Robert Guiscard^ autour
de Bénévent, pour s'emparer de la ville.
Ce fut dans le synode romain, du 2 5 février au 3 mars 1068,1 que
Grégoire VII excommunia les Normands qui assiégeaient Bénévent :
o Nous excommunions, dit le proccs-verbal du concile, tous les Nor-
mands qui envahissent le domaine de S. Pierre, c'est-à-dire la
marche de Fermo, le duché de Spolète, ceux qui assiègent Bénévent
(et eos qui Beneventum obsident) et s'efforcent d'envahir et de piller
la Campanie, la province Maritime et la Sabine, également ceux qui
cherchent à jeter la confusion dans la ville de Rome ». Gregorii VII
Regist., V, 14, p. 307 sq. des Mon, Gregor. de Jaffe.
(2) Cf. supra, p. 227, note i.
346
a annoncier la victoire a lo duc. Et Gisolfe, quant il ci
ce, comcnsa a fouyr, et se leva de lo lit et foy a la roche,
et se appareilla pour soi vengier. Lo sequent jor, liquel
estoit yde de décembre, c*est lo .xvi. jor, lo duc vainceor
manda sa gent a la cité ( i ). Et puix i ala il et dona paiz
(i) Il ne saurait y avoir de doute sur le mois et le jour de la prise
de Salorne par Robert Guiscard; Aimé dit que la ville succomba le
jour des ides de décembre, c'est-à-dire le 1 3 décembre, c'est donc
par une faute du copiste qu'on lit dans Aimé le i6 décembre. Les
Annales Beneventani portent : MG. SS., III, i8i,« in festom sancic
Luciae, in ipsa nocte cepit civitatem. » — Anonymus Casin.f dans
MuRATORi, R. I. SS.,t. V, p. i39 : « cepit eam die id. decembris. »
— Annales Cavenses, MG. SS., t. III, p. 190 : « cepit eam die îdibus
decembris. » Enfin, Romuald de SALERNset la Chronique d'AmalJif
constatent également que Salerne succomba au mois de décembre.
Mais, si le jour et le mois de la reddition de la ville sont indiscu-
tables, les historiens ne s accordent pas pour dire en quelle année
Salerne a passé sous la domination normande, les uns proposant
1075, d'autres 1076, quelques-uns, enfin, 1077; voyez sur cette
question G. Weinreicii : De conditione Italiœ ittferioris Gregorio
septimo pontiflce, p. 89. Les preuves suivantes établissent que
l'année 1076 est bien celle de la chute de Salerne : i» Les Annales
Cavcnses, qui ont, quand il s*agit de Salerne, une autorité spéciale
portent : « 1 076, Robbertus dux venit super Salernum prîdie nonas
Magias et obscdit eam terra marique et cepit eam die idibus decem-
bris. N MG. SS., t. IV, p. 190; 20 UAnonrmus CasinnpdtiM hbnuL'
TORi, R. I. SS., t. V,p. 139, place en 1075 la prise de Salerne, mtii
on sait que, par suite d'une faute de copiste, presque tous les évén^
monts rapportes par l'anonyme sont avancés d'un an. cf. Mura-
TORi, /. c, note 19; c'est donc en 1076 qu'il faut, d'après lui,
placer cet cvcnemcnt ; 3<* Lupus (MG. SS., t. V, p. 60) donne 1077
cumme date de la reddition de Salerne, mais plusieurs passages des
Annales lie Lupus font voir que ces Annales commencent Tannée
suivante dès le mois de septembre de l'année précédente (cf.j mL
1029. 1043, 1069, 1088, 1098, 1099, II 17). La prise de Saleras
ayant eu lieu en décembre, et Lupus lui assignant la date de 1077,
c'est donc 1076 qu'il faut lire; 4« Annales Seligmutédtuet
347
a la cité, car comme Dieu lui avoit concedut viaoire
avant de lo chaste de Salerne et de Amalfe, ensi meinte-
nant en une nuit lui concedi la cité. Quar Dieu avoit
proveu a lo malvaiz proposement de Gysolfe, liquel se
estoit mis en cuer de ardre la cité s^il non la pooit def-
fendre. Et quant lo bon duc vit la poureté de cil de
Salerne, commanda que en la cité se feist lo marcbié, et
de Calabrc et d^autre part iist venir victaille et a bon
marcbié. Et en lieuz competens iist merveillouz palaiz
sur li mur de la cité, si que il estoient dedens et deforsde
la terre. Et après ce fu atornoié la tor de grandissimes
paliz et y mist gardiens, et lo chastel liquel avoit fait Gi-
solfe pour garder la roche, fist habiter; et Gisolfe devisa
li ystrument soe et menoit pierres. Un jor lo dyable,.
liquel aidoit a Gisolfe en sa perversité, la pierre laquelle
estoit mandée en la tor se romppi, et une part de la
pierre donna a lo costé de lo duc et pai:ut qu^il en deust
morir. Mes par la vertu de Djeu, en poi de temps en fu
garut (i).
(MG. SS., t. XVII, 32), ad. an., 1076 : « Dux Robertus venit
Salernum et cepit »; 5^ Amé, comme nous le verrons bientôt, dit
que, quelque temps après la chute de Salerne, Gisulfe étant venu à
Rome pour rendre visite au pape, dut attendre son retour. Cette
absence du pape s'explique très bien, si l'on suppose que Salerne ait
succombé en 1076. En effet Salerne ajrant capitulé en décembre,
et Gisulfe ayant été quelque temps à Capoue avant de venir à
Rome, c'est au printemps ou durant Tété de 1077 qu'il y sera
venu; or en 1075, en 1076, en 1078, Grégdire VU a passé à
Rome le printemps et une grande partie de Tété ; c'est seulement en
1077 qu'il a été absent de Rome pendant la fin de Thiver, le prin-
temps et à peu près tout l'été; l'assertion d'Aimé permet donc de
conclure que SaL^rne a été en 1076 soumise par les Normands,
(i) Guillaume de Fouille dit également que, la ville étant prise,
Gisulfe se réfugia dans la citadelle, et, dans les vers suivants, I. UI,
31«
Cap. 24. P't quant lo duc Richart vît que la brigus ie
son ancmi cstoit venue a fin, cercha adjutoire a lo duc
pour venir sur Naple. Et adont lo duc comanda a cil de
Amalfr et a li Calabrcz que H aillent o tout lor neâ
et ohcisscnt a lo prince plus que a lui. Et li prince co-
tnand.'i que soient fait chastcaux fors deli mur de la dté,
et les fist cnforcicr, et fist porter laingue, et de li labor de
i vil A (le la cité raempli ses grcigniers. Li navie estoit en
mer et (crchoii de faire offense a la cité. Et cil de la cité
t\r Naple f^arnissent la cité et veillant gardent les corres.
l'j a iv rpjc Dieu lor deust aydicr, quant a home tant a
fanic, vont p;ir leseglizesetsontcn orations et jejunoient.
l'j anrnnc loi/, li lv>n chevalier issoient fors et clamoient
Il Normani a combatre, et aucune foiz tornoient o vic-
loirf. lu aucune foiz aloicnt contre ceaux qui estoienta
lo navie ft prcnoient li marinier en dormant; une foiz
prisirent .ij. c, et .ij. galccs entrèrent en lo port, dont
n'avoicnt ))ar)r on la cité quar issoient defors a comhatre,
et assaillirent cil de Naple lo castel de lo prince, et en
IM'isircnt ce qu'il porent et puiz ardirent lo remanant. Et
lo prince cerchoit de iaire un autre chastel en un lieu
pins esiniii, a ce «pie constrainsist li citadin de issir de la
i-ii(^ a rcprimcr lor férocité. Et une multitude de cbe-
V. l'in M].]., il parle dr la btcsiiurc reçue par Robert Guîscard, tandis
• lu'il iis-.k'^ciiii idlc ciiiiiirllc :
f l'!«piiL;iiiM viititlift Rnbertiis virihus arcem
Al Viiliiti) iiim forte diicis petraria saxî
Util liiinissi pcrciilsa fuissct ab alto,
Aviilsiiiii lif;niiin Kobcrti nobile pectus
S.iiiii.ii iiu.uiii, Kcd non post tempore multo
Aiiviliantt* |)co rccipit caro Ixsa salutem.
Rntiiitii.s ini'oliimjs mngis expugnarc Gîsulphum
Nititiir. »
Î49
valiers et de pedons se levèrent, et constreinstrent ii gar-
dien a fuir et destruxirent lo castel. Et lo prince pour
vergoingne avoit grant dolor, dont clama ses chevaliers
pour faire venjance, et pour ce que li chevalier non
timoient furent plusor mort, et promist lo prince a li che-
valier que se Jor chevauz moroient de rendre meillor; et
pourceste promesse pristrent cuer li Normant, et secu-
terent li citadin et les occistrent ( i j.
Cap. 2 5. En cellui temps, a Gisoffe commencèrent a
faillir les despens, car donnoit troiz unces de pain por
chascun home, et une unce de formage. Et il sol bevoit
vin, et li frère en bevoient petit. Et ja se moustroît la ma-
grece en lor faces, et la vertut failloit en lor membres et
non menoient pierres a cil de la cité, ne non crioient, ne
(i) La Chronicon Anon. Casin. dit que le prince Richard com-
mença à assiéger Naples dans les premiers jours de mai 1077 : « Hoc
anno 1076 (nous avons déjà dit que les événements rapportés par
cette chronique sont toujours datés de Tannée précédente) Richardus
princeps cepit obsidere Neapolim, principio mcnsis Maii. » La Chroni-
con Cavense et Romuald de Salerne sont d'accord sur ce point avec
TAnonyme du Mont-Cassin. Il faut conclure de là que Gisulfe
résista assez longtemps dans la forteresse de Salerne, car, lorsqu'il
se rendit, il alla rejoindre Richard, occupé au siège de Naples. Mais
il se peut très bien, et c*est ce que le texte d'Aimé indique, qu'aus-
sitôt après la prise de la ville de Salerne et tandis que la forteresse
tenait encore, Robert et Richard aient fait, avant le mois de mai
1077) l^s préparatifs du siège de Naples. Au point de vue de la chro-
nologie, toute cette partie de Touvrage d'Aimé s'harmonise très bien
avec les données des autres chroniqueurs. Il faut cependant excepter
Pierre Diacre qui, dans la chronique du Mont-Cassin, a, nous l'avons
déjà dit, interverti l'ordre de ces événements. Il parle (Chron. Casin.,
III, 45) du siège de Naples par Richard, mais se borne à dire que
S. Janvier défendit visiblement la ville contre l'attaque des
Normands.
3SO
non disotent vergoîgne a ceuz de la cité, ne au duc com-
ment avoient fait avant. Et la soror de Gîlsolfe manda a
la ducesse sa soror et lui requist cose de vivre. Et lui
manda a direqu elle dcust reconcilier son marit a la bone
volenic de son mescbeant frère. Et la ducesse ot une de
ceste .ij. grâces, c'est que fussent mandées chozes deli-
ciouscs a mengier a sez frères, c^est poisson, oiseaux et bon
vin, et toutes autres chozes deliciouses; mes sa bone
volonté lui voust concedir.
Cap. 26. Et quant Gisolfe vit la largesce et la miséri-
corde del duc, pria qu*il lui peust parler, et lo duc non
lo vouloit oïr. Et vindrent H premier message, et lîsecont,
et li tiers, qui rcqucroient ceste chose. Et a l'ultime, lo
duc aoinpli la volenté de lo prince, et la nuit descend! de
la riK'hc. et lo duo se leva contre lui, mes non lo vouloit
recevoir a paiz. Et lo duc, quant il ot oï lo prince, il dist :
« Jo cuidoie, pour la parentesce que je fiz avec toi, que
I\)nor moic en deiist acroistre, et que tu me deussez esire
en aide non solement de garder ma terre, mes autres! me
ileusso/. aidicr a conqucster autre terre. » Et lo prince
rcs)XMuIi : « Tu m\is maintenant fait en vitupère de tout
11) monde, ot sui mis a desiruaion et moi et ma gent, et
wow ilevoic/ considérer la parentesce de li Normant, et
ilcvoic/ considérer ma parentesce, qui estions conjoint
ensemble; et maintenant me veuz chacier de Teritage de
mon pore, tu qui me devroiez acquester autre terre. » Et
lo duc o baisse voiz respondi : « Tu pooiez estre surhau-
cié pour lo mariage de ta suer comment tu dis, et estre
enrichi, se la impatience et toe arrogance non fust, et se
non avisses desaconcié mon service, et sur touz les autres
princes eussez esté surhaucié ; quar moi soûl pooiez avoir
.X. mille combateors et bon home d'armes, et tu, pour moi
destniire, alas a lo impeor de Constentinoble et cerchas
Taj moire de lo pape (i); et pour moi destruire en tout
requeris i^ayde de li famé (2). Et en tout moi avoiez en
odie, et por ton chevalier non me voliste recevoir ; et je te
demandai la paiz pour ceuz de Amalfe et qe la vouliz
faire pour proiere moie, ne pour amonition de message non
la voulis faire. Et maintenant, par la grâce de Dieu, ai*je
donné pais a cil de Amalfe et à cil de Salerne. » Et quant
il orent complit cestes paroles, sanz plus dire se partirent;
et la ducesse sovent aloit a la roche, et reprenoit son frère
de ce que non vouloit croire a son conseill. Et une autre
foiz, Gîsolfe retorna a lo duc et ot celle response qu^il
avoit eue avant de lo duc.
dp. 27. Et puiz que par la pétition soe non trova
fruct, proia lo duc, quar il vouloit trair la gent de lo duc,
quMl deust saillir sur en lo chastel où estoit lo duc, et que
poist venir a parier avec lui; et lo fist lo duc, et promet-
toit Gisolfe de rendre la roche. Mes solement fust il déli-
vré et sa gent qui estoient dedens, mes nulle parole non
en fist. Et lo duc dist que non vouloit la roche sànz lo
prince. Et lo prince quant il vit ce, il se donna il meisme
avec la roche, et lo conte commanda quMl fust gardé.
Et il fist sa gent monter a la roche et garder la roche et li
mur et la tor. Et quant Johan, frère de Gisolfe, donna
la roche, auvec loquel Jehan avoit eu conseill Gisolfe, li
(i) Sur Ct voyage de Gisulfe à Constantinople pour décider l'em-
pereur d'Orient à faire la guerre à Robert Guiscard, cf. supra, 1. IV,
c. 36-40. — Nous avons vu également que Gisulfe avait gardé avec
Grégoire VII de grandes relations d*aniitié alors que le pape avait
excommunié Robert Guiscard et était en guerre avec lui.
(2) Allusion à la duchesse Béàtrix et à la comtesse Mathilde lors
de l'expédition de Monte-Cimino ; cf. suprfi, 1. VII, c. 12 sq.
352
gardien avoient paour de la sentence de lo duc. Mes lo
duc^ par la soe présence, mistiga la paour lor, et fist venir
a soi li caval dont fist chevaucier li plus grant, et avec
veillante garde les fist garder^ et li autre fist aler a la cort.
Et lo matin rend! b maison soe a chascun gardien, et la
proie qui se trova de cestui gardien^ et lor pardona lor
coulpe, et puiz li vaillant duc Robert o honor grande et
confortable et promission de ami.
Cap. 28. Et quant ces chozes devant dites Furent faîtes,
lo duc proia lo prince qu'il lui donnast le dent de saint
Mathie, laquel avoit levée de Teglize, et lo duc lo savoit.
Et ce faisoit lo duc qu'il non vouloit que la cité perdist
celle relique, et lo prince confessa qu^il Tovoit et qu^il lui
vouloit doner. Et absconsement comandaason chambrier
qu'il lui deust porter la dent de un Judée qui alore avoit
esté mort. Et puiz que lo duc ot celle dent, il la mist en un
bel drap de soiect la manda a lo duc. Et lo duc qui sages
estoit pensa la malice de Gisolfe, se fist clamer lo prestre
liquel savoit coment estoit longue, et comment elle estoit
faite ; quar maintenant fu corrocié loduc quant il xnlt que
la dent non estoit faite ensi coment H prestre disoit. Lo
duc manda disant a lo prince que s'il non avoit la dent
de saint Mathie propre a lo jor sequent, qui trairoit a Gî-
solfe li dent soe. Eto grant festinance vint un message et
aporta a lo duc la propre dent de saint Mathie, laquelle
tenoit Gaymere lo malvaiz frère del prince, et la donna a
lo dévot duc. Gestui Guaymere estoit tant malvaiz et pes-
sime, que quant il estoit en cest pericule de turbation,
non ot en horror de prendre la virgine a laquelle avoit
juré de garder la virginité soe, non ot paor de la cor-
rompre.
Cap. 29. Et lo duc, a ce qu'il monde lo principat de
35?
toute escandalizement, et liberalment lo puisse salver,
demanda de li frere de Gisolfe le chastel loquel tenoit de
Gisolfe. Et Gisolfe lo contredist et o ses fauz argumens
queroit de gaber lo duc. Et lo (Juc fist venir li nave a lo
port et fers pour loier lo prince, quar lo vouloit mander
a Palerme pour esire en perpétuel prison. Et alore fu un
petit de plaint, car ses sorors soulement en ploroient, mes
toute autre persone en estoient liez et joians. Et li frere
de Gisolfe vindrent, et comment lor fu comandé, Lan-
dulfe rendi lovai de Saint-Severin et Pollicastre (i), et
Guaymere rendi Cylliente (2). Et ensi fu finie toute
brigue ; et jura Gisolfe que, par soi ne par autre, mais
non cercera lo principée de Salerne. Mes cest sacrement
tost getta par la bouche comment lo sacrement quUl avoit
fait a ceuz de Amalfe. Et la ducesse, par lo commande-
ment de lo duc, lui donna molt de chosez, et li duc lui
donna mil besans et chevaux et mulz. Et puiz que Gysolfe
fu privé de son principée et de li ancessor soe, s'en ala a
lo principe Ricchartetfu receu gratiousement, etfu gardé
honorablement. Et a ce que vesquit plus quîetement,
mentre qu'il estoit sur Naple lo manda a Capue. Mes en
petit de temps se partirent corrociez lui et lo prince.
Cap. 3o. Et que lo pape non estoit présent, Gisolfe
atendoit son avènement, quar en lo bénéfice de lo pape
(1) San-Severino et Policastro, au sud de Salerne et près du rivage
du golfe de Policastro.
(2) Le Cilento (cis Alentum), c'est-à-dire le pays au-delà du fleuve
Alcnto au sud de Salerne ; voyez sur le Cilento une brillante étude
de François Lenormant «< A travers VApulie et la Lucanie », t. Il,
p. 22 5 sqq., à la p. 271 de cette étude, M. Lenormant dit que les
Normands s'installèrent de bonne heure dans le Cilento, longtemps
avant la prise de Salerne. On voit que s'il s'agit du Cilento propre-
ment dit, une telle affirmation est contredite par Aimé.
23
554
non failloit de relever Tangoisse soe et misère. Et puiz
retorna lopape, et Gisolfeala a lui,quar toute Tesperance
et toute la cure de Gisolfe cstoit en lo pape. Et que Ip pape
lui vouloit bien et lo amoit corne fill, lo rechut corne amor
do père et mousira a 1: Ro:T)aîn et a toute manierede gent
coment lui vouloit bien ; et lo iist prince de toutes les
chozes uol TEglize, et lui comist tout son secret et tôt son
conseill, et disponist les toutes de l'Eglize les choses a soe
libéralité et volenté ( i ) .
Cap. 3i. Etencellui temps vindrent a parler ensemble
li dui seignor, c'est lo prince et lo duc. Et lo prince re-
prent lo duc et lui dist vergotngne, et lo duc la substlnt,
et puiz refirent paiz, quar la humilité vaint la superbe.
Et lo duc manda plus de nefs por restraindre lo port de
Naple, et o li exercit de li chevalier ferma lo chastel et lo
iist garder, liqucl avoient rout li Neapolitain. Et puiz
.XXX. jors, avec lo conseill et avec la licence de lo prince,
laissant les nefs a lo port et li chevalier en garde de lo
chastel, lo duc ala assegier Bonivent, et fist forteresce eiitor
et atilist li citadin de les choses lor.
( 1 ) Grégoire VU rentra à Rome dans les premiers jours de lep-
icmbre i077,aprcsun lung séjour dans le nord deTItalie; cf. Jaffs-
i.oî wFNFEi.n : Rcf^stJ Pontif. roman., n»" 5044, 5o45, 5046. Cest
Jonc à Celte cpi>que quM a reçu Gisulfe. Guillaume de Fouille parle
(.gaiement, 1. lil, v. 4C3 sqq., des Faveurs accordées à Gisulfe ptf
Lircgûire Vil :
« Grcgorium papam spoliatus (Gisulfus) honore Solerni
Appetiit priinum. Vonientcm papa bénigne
Suscipit et regio Campanica tmditur ilH. ■
Voyez sur cette r<îccption du pape à Gisulfe : 5. Grégoire VU it
Ij réforme de PÉglise au X!^ siècle, par O. Dblam, t. 111,
p. 328 sq.
Î5S
Cap. 32. Et lo pape pour ceste chose et pour autre as-
sembla lo consistoire et excommunicalo duc, et touz ceuz
qui lo sequtoient (i). Et Jordain fill de lo duc, avec lo
conte Rogier son oncle, volant avoir la grâce de TEglize,
alerent a Rome et furent absolut de la excommunication,
et firent ligue de fidélité avec lo pape (2).
Cap. 33. Et Baialarde retornant a locuer soe manda sa
mère avant pour avoir miséricorde de lo duc, et il vint
après et rendi lo castel de Sainte- Agathe, et ot la grâce de
(i) Les Annales de Bénévent parlent de ce siège et en indiquent la
date avec précision : « 1077, anno 5 domni Gregorii septimi paps,
obiit Landolfus princeps (Beneventi) et Richardus princeps (c*est
une erreur, le prince Richard de Capoue ne mourut que le 5 avril
1078) et Robertus dux obsedit Beneventum a mense Januario usque
6 idus Aprilis ». Annales Beneventani ad an. 1077. Ainsi que Wein-
reich Ta démontré, les Annales de Bénévent ne commencent Tannée
qu'avec les calendes de mars ; Weinreich, De conditione Italiœ infe-
rioris, Gregorio septimo pontifice, p. 80 : « Auctorem annalium
Beneventanorum annum calendis martiis incipere demonstratur »;
le mois de janvier 1077 ^^^ Annales de Bénévent est donc en réalité
de 1078. RoMUALD DE Salerne écrit également; « Anno primo post-
quam cepit Salernum, Robertus dux Beneventum obsedit, acriter eam
expugnans ». Chronicon, ad an,, 1076 (date erronée) dans Muratori,
R. I. SS., t. VII, col. 171. Enfin, Pierre Diacre, Chron. Cassin.,
III, 45, parle des fortifications élevées par Robert Guiscard, autour
de Bénévent, pour s'emparer de la ville.
Ce fut dans le synode romain, du 25 février au 3 mars 1068, que
Grégoire VU excommunia les Normands qui assiégeaient Bénévent :
« Nous excommunions, dit le proccs-verbal du concile, tous les Nor-
mands qui envahissent le domaine de S. Pierre, c'est-à-dire la
marche de Fermo, le duché de Spolète, ceux qui assiègent Bénévent
(et eos qui Beneventum obsident) et s'efforcent d'envahir et de piller
la Campanie, la province Maritime et la Sabine, également ceux qui
cherchent à jeter la confusion dans la ville de Rome ». Gregorii VII
Regist., V, 14, p. 307 sq. des Mon. Gregor, de Jaffe.
(2) Cf. supra, p. 227, note i.
3)6
son oncle 'n. Et lo marchis, et lo noble Azo, quant il
Dirent la victoire deloduc, il non manda epistole ne non
manda message, mes vint-il en persone a proier lo duc
qu'il Jonnjst sa fille a son iill pour moillier ; et lo duc
lii conceJi, et dota la iille de molt grant dote 12).
Cap. 34. Va montre que ces chozes sont, lo prince Ric-
chart chai malade, et quant il vint a la mort rend! a saint
Pierre la Campaingne, et absolut de lo evesque de Averse
fu mort, et enterre en cellui jor que Jshu-Crist cena avec
ses disciples (3|.
(i) Cf. supra, 1. VH, c. 20,
(2) Guillaume de Pouille, 1. III, v. 488-308, parle avec détail de
ce mariage entre le fils du marquis Azo de Lombardie et une fille de
Robert Guiscard :
« Dumque moraretur (dux) Troianx mœnibus urbii,
Nobilis advcnit Lambardus marchio quidam,
Nobilibus patriae multis comitantibui illum.
Azo vucatus crat ; secum deduxit Hugonem
Illustrem natum ; ducis huic ut fîlia detur.
' Exigit in sponsam. Comités proceres que vocari
Quaque facit super his dux consultunis ab urbe.
Horum consiliis Roberti fîlia nato
Traditur Azonis ; tacdas ex more jugales
liit convivanJo célébrant et multa ferendo.
Cunctisy conjugii qus postulat ordo, peractis,
Sollicitât comités dux et quoscunque potentes
Duna pctuns, lacti quibus et vir et uxor abire
Donnii valcant. Ncc enim prius, impériales
Altcra cum proies thalamos Michtclis adisset
Quodlibct auxilium dedcrnnt. Communiter illi
Omncs tristantur, qunsi vectigalia posci
A diico mirantes; scd non obstarc valentes,
Va mulos et cquos diversaque muneraprsbent.
His gcncro donans, addcns sua, classe parata
Ad suli cum magno patrcmque remisit honore. ■
( {) Le jour de la mort du prince Richard de Capouc est égalemett
357
Cap. 35. Or est licite chose meintenant, comme je ai dit
au commencement de ceste ovre, de dire brevement lo
bien qu*il firent a nostre monastier ces .ij. seignors (i)
quar puîz que Richart fu prince de Capue, cercha de
faire alegre TEglize nostre, laquelle li predecessor siens
turboient ; et oppresse ceuz qui la persecutoient et men-
joient, o la forte main de deffenze, et destruist ceux qui
destruisoient la possessions de lo monastier. Li chastel de
lo monastier traist de la main de lotyrant qui lo tenoient,
et molt autres chasteaux siens laissa a lo monastier.devo-
tement, a ce que li frère priassent Dieu pour lui conti-
neument; quant il jejunoient les consoloit de poisson. Et
lo duc tant amoit Tabbé Desidere, qu'il l'a voit en révé-
rence coment saint Benoît, et non voloit estre sanz la
présence de lo abbé ; et lo abbé non estoit meins amé de
indiqué par les Annales Casinenses ad an. 1077 (On sait que les
dates des Annales Casinenses sont régulièrement en retard d*un an)
« Richardus princeps obiit Capuae,quinta feria, cœna Domini et Nea-
polis obsidione soluta est et Jordanis fit princeps ». L^année de la mort
du prince est du reste établie d'une manière certaine par les nom-
breuses chartes de Jourdain, devenu seul prince de Capoue. Voyez
en outre Necrol. Casin. dans Muratori, R. I. SS., t. VII, p. 94a, et
Necrologium S. Benedicti Capuani, dans Peregrinus, Histl princi-
pum Langob., t. V, p. 67. Nous voyons par les Annales Casi-
nenses que le siège de Naples par Richard de Capoue se continua
jusqu'à sa mort^ par conséquent pendant près d'un an ; une note de
B. Capasso {Monumenta ad Neapolitani ducatus historiam perti-
nentiay t. I, Napoli, in-40 1881, p. i35, note i) permet de supposer
que Naples consentit à payer un tribut aux Normands pour que le
siège fut levé; Capasso écrit : « In quibusdam posterions svi monu-
mentis tributum Lormagnaticum seu fidantia invenio, quod veri-
similiter ab hoc tcmpore (le siège de Naples par les Normands) certe
a Northmannis origincm habere suspicor.
(i) Robert Guiscard et Richard de Capoue ; Aimé revient sur ce
qu'il a dit au début de son travail, cf. supra, p. i, note 2.
;* : . '.îT >• ,«.. -^r .t\ \ i^-'^JlT^ -1^ -—
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TABLE DES NOMS
Abagélard (fils de Humfroy,
comte de Fouille), iby ^ ;
Baialarde, Baiarladc, Bala-
lardc, Balalart, Balardc, Bela-
barde, 197, 198, 199, 266,
286, 287, 288, 289, 290, 292,
295, 296, 297, 3o5, 3i5, 326,
355.
Acate-Pain, v. Avartutele (ca^
tapan),
Accatc-Pain, v. Avartutele (c<i-
tapan),
Acchiles, v. Achilles.
Acco, V. A dus.
AcERRA, 285 2 ; La Ccrrc, 85,
266, 285, 286.
Achatc-Pain, v. Avartutele (ca-
tapan),
Achilles, Acchilles, 93.
Acquin, v. AciUiNO {ville d').
A dus, évéque des Marses,
242 ', Acco, 242.
Adalbert {ardievéque\ liij.
Adam de Brème, liij.
Adeguardc, v. Edouard le Con-
fesseur.
Adelperga, duch, de Bénévent,
xxxij.
Adémar de ChabanaiSf Ixxj.
Adenolfe, 362.
Adcnolfe, v. Adénulfe, comte
d*Aquino.
Adénulfe, conte de Aquin [comte
d*Aquino] ; Adenolfe, 23 1,
234, 236, 238, 239, 240, 245,
261, 263, 279, 293, 295.
Adénulfe de Bénévent, Adinulfe,
Athcnulfe, Athenulfo, Ixviij,
52, 74, 80.
Adénulfe, arch. de Capoue, 46 « ;
Adénulfe, Adinulfe, Anulphe,
Ixvij, 7, 46, 5i.
Adénulfe, duc de Gaéte, comte
d'Aquino, 164) ; Adénulfe ,
Adinolfe, Aynolfe, 96, i53,
i65, 234.
Adénulfe, duc de Gaieté (moil-
lier de), 234, v. Marie, du-
chesse de Gaéte.
Adinolfe, v. Adénulfe, duc de
Gaéte.
Adénulphe, abbé du Mont-Cas-
sin, xlvij ; Atenulfe, Athe-
nulfe, Enulphe, 7, 3i, ^4.
360
AJinulfc, 74, V. Adénulfe de
Bénévent.
Ai.iinulfc, 4f>y V. Adénulfe , arch.
de Capoue.
A.ioaldc, V. Ilarold, roi d'An-
i^lcterre.
Advcrarde, v. Alverada,
AvivcrSC, V. AVERSA.
Akfide, p. 75.
AtTrici, 214, V. Afri(^ue.
Afrique, AtTrica, 214.
- 1 f^uès (impératrice) , 322';
Agnès, impcrairix, 322.
Agyre, v. Argira,
Aimé {saint) t évcque de Nusco^
xiv, xvy xvj, xvij, xviij, xix.
Aime évéquc et moineau Mont'
Cassin; Amatus, Amat, vij,
vii', ixy x, xj, xij, xiij, xiv,
xvj, xviij, xxiij, xxiv, xxv,
xxvj, xxvij, XXXV, xxxvj, xxxix,
xl, xlij, xlv, xlvj, xlvijy xlviij,
1, Ij, lij, liij, iiv, Iv, Ivi, Ivij,
Iviij, lix, Ix, Ixj, Ixij, Ixiij, Ixiv,
Ixv, Ixvj, Ixvij, Ixviijy Ixix, Ixx,
Ixxj.
Aiméj du Mont^Cassin {traduc-
teur d*), ix, X, XXX, xxxj, xxxij,
xxxiij, xxxiv, xxxv, xxxvj,
xxxix, xlj, xlij, xlii), xliv, xlv,
xlvj, xlvij, xlviij, xlix, 1, Iiv.
Aime y cv. d'Oleron, arch, de
linrdcaux, xj, xij, xiv.
Alheradc, v. Alvcrada.
AlbcriCj moine, i'S«j2; Albcrico,
Albcri^]uc, i35, 189, 190.
AKli ald-:, V. IlarolJ, rui d'An*
f:lctcrre.
AKl"vrif, V. ^1» douiït.
Alcmaingnc, v. Allemagne.
Alemaingne (roy d*>, 3oi, v.
Jlcnri I V.
Alexandre II {pape), xxiv;
AlîxanJrc, i65, 175.
Alexandrie, Alixandrc, 149.
Alexis Comnène {empereur),
XXIV, lij.
Alfane {archevêque de Saleme,
3361 ;Airane, 336.
Ali-ibn-Nimah, 204 1 ; Balchaot,
Bclcho, Belchoah, 204, 21 3.
Alixandrc, 149, ▼. Alexandrie.
Alixandre (pape), v. Alexc»'
dre IL
Allemagne, Alemaingne, 37,91,
176, 244.
A llemands {les) , Thodeschi, Tho-
dcsquc, Todeschi, Todesque,
Toudeschfj 1 3 1 , 1 34, 1 5 1 , 243,
239, 281.
Alpes (les), li Alpe, 33, 244.
Alpine, v. Arpino.
Alverada, Ixix, 168 > ; Adve-
rardc, Alberade, Alverada, Al-
vcrarde, m, i34, 168.
Alvcrardc, y. Alverada.
Amafe, v. Akalfi.
Amalfe, v. Ahalfi.
Anialfctain (li), y. Amalfitains,
Amalfi, xlvj I ; Amafe, Aroalfe,
Amclfc, Malfe, Umalfe, zlvj.
Ixij, Ixvij, 49, 5i, 58, 88, 89,
126, i33, 162, 3i3, 317, 319,
321, 3x3, 323, 326, 329, 33o,
33i, 333,347, 348,331,333.
Amalhgiane (monosttcr de li), v.
Amalfitains.
Amalfitains {les\ Ixij. UiXi
36i
Amalfeiain, Amalfitain, Amal-
fiten, Malfitain, 89, 127, 162,
3i3, 325, 326, 329.
A malfitains (monastère des),
182 I ; monastier de li Amalfi-
giane, 181.
Amalfitcn (li), v. Amalfitains.
Amat, V. Aimé du Mont-Cassin,
Amatus episcopus et Casinensis
mottachuSf v. Aimé du Mont-
Cassin,
Ambroise (saint), archevêque de
Melan [Milan], 63.
Amelfe, v. Amalfx.
Ami, fils de Gauthier, 1974;
Ami, fil de Galtier, Ami, 197,
198, 199.
Amiternum, 241 ' ; Amicerne,
Amiterne, 241, 307.
Ancône (marche d'), 3o2.
Andria 160 î ; André, Antri, 160,
265, 273.
Angélus de Nuce, abbé du Mont-
Cassin, xxvj.
Anglais {les), li Englez, 10.
Angleterre, xlj, Ij ; Engleterre,
5, 10.
Anglo-Saxons, xlj.
Antioche, Anihioce, 320.
Antri, v. Andria,
Anulphe, arch., 7, v. Adénulfe,
arch, de Capoue,
Apice, 286 ' ; Apice, Pice, 266,
286.
Aquin, v. Aquino {ville d*),
Aquin (la conté d'), 173.
Aquin, contes de, 96, v. Adé-
nulfe, duc de Gaete et Landon^
comte d'Aquino.
Aquin (H conte de), 265, 266,
279, 293 ; V. Adénulfe, comte
d'Aquino,
AciUiNO (ville d*), Acquin, Aquin,
i53, 164, i65, 23i, 232, 233,
236, 239, 240, 245, 246, 247,
261, 262, 263, 264, 279,280,
293, 294.
Arabe, v. Arabie.
Arabes (les), Arabi (li), 268.
Arabie, Arabe, 214.
Arbeo, v. Hervé*
Archifrède, 253.
Ardouin, xlvj, Iviij, Ixviij ; Al-
doyne, Arduine, Arduyn, Ar-
duyne, Erduync, xlvij, 52, 63,
64, 65, 66, 68, 69, 83, 85.
Argence, v. Argiri^s;o.
Argencie, v. Argiri:{^o.
Argenté (chastel de), 238.
Argentie, v. Argiri^iço.
Argerico, v. Argiri:ç:{0.
A rgira, 8 1 î [fils de Mélès] ;
Agyre, Argira, Argire, Argiro,
xlviij, 52, 80, 81, 95.
Argiritie, v. Argiri^^o,
Argiri:ç!i;o, 227 »; Argence, Ar-
gencie, Argentie, Argerico,
Argiritie, Argitie, Argitio, Ari-
gitie, 222, 223, 224, 225, 227.
Argiro, v. Argira,
Argitie, Argitio, ▼. Argiri^^o,
Argvnese, prob. Frigento, 84.
Arigitie, V. Argiri^^o.
Arménie, Herménie, 16.
Arnolin, 85 ' ; Arnoline, 84.
Arpe, V. Arpino.
Arpino (pays d'),'i39 î; Alpine,
Arpe, 139, 236.
362
Ascom, 83 ' ; A&clc. 70, 84.
Asclctinc, V. Asclitine (TAce- '
retira.
As».licicn, v. Asclitiw* d'Averxa.
AsclitinCy comte d'Acerenja,
ifH î ; Ascletinc, Asclitine, 84,
«>S.
A^i-litiue, comte dWvcrsa, 87 ';
Asclicirti, AsditinCy Asclitune,
Asclitiinic, .Sa, 87, 88, on.
Asclitiinc, Asclitiinic, v. Ascii'
fine d'A versa.
As«'lif»ii!ic Ifrcrctic Cjilbcrt Bua-
tcrcj, 2'.i.
Atcmillc. 7, V. AdcnulfCj abbé
du Moiit-dassiu.
AtlitMiiiHc 'jeune homme île Ca-
AilK'nulfc, bit V. Adénulfe de
livnrvetU ,
Ailicniilfc, !<i . V. Adcnulfc, abbé
du A font C.dssin.
Ailicnulf»», 811, V. Adâtuffc de
iW'nci'cut.
AttoiWt -^ou ' , Altonc, 3o8,
Anmisto (ciicî (le), 2.\^,
Auntiin" (chaslcl), '.Uo,
Aiixi'ncir Ijciinc homme de Ca-
poiie', 17.}.
.trjrcw {les). Il A\:»re. xxxiv.
Avjrtutrlc (t\i/*i;\î»), 222 1 ;
A ..aie - P.iin . Acciie - Pain ,
A« li.iic-rain, Av:\rtuicle Acha-
ii-I^Mii. i^j, ii\ 2 -24.
;\\MJS\, Kvij. Iwiij ; Ailversc,
A\ciM', V, jS, ?2, h 7, (ii,<iS,
S «, S;, <)i. <)-\ *»?, 2Si).
Anciso (^.onie vle\ 8S. v. jRiii-
nulfe, comte d^Avtria.
Averse (conte de), 100, t. Rai^
nulfe Trincanûcte.
Averse (cvesque àt\ 356.
Aynolfe (duc), v. Adénulfe, du:
de Gaéte,
A^Oj évéque de Caserte, xthj.
xliv.
Azo (marchio), v. A^^a.
A{^a (mardis), 3i5 i ; Azo.
3i5, 356.
B
Babipga (église de), v. Bahberc.
Baialarde, v. Abagéiard,
Baialarde (la fille), 3i5.
Baiarladc, v. Abagélard.
Baist, Iv.
Baialarde, Balalaity v. Abagé-
lard,
Balamente, a5o.
Balardc, v. Abagilard.
Balchaot, v. Ali'ibm'Nimah.
Baluje, xj, xij, xiv.
Balva, 3074 ; Balvenise, Val-
bine, 124, 307.
Bal Venise, v. Balva. "
Bamberg {cathédrale de), 3a > ;
église de Babipga, 3a.
Barbastairc, Barbattie, v. Bai-
DASTRO.
Barbastro 1 3 I ; Barbastaifc,
Barbastie, 5, la.
Barbottc, v. Guillaume Bar-
bote,
Bar, v. Bari.
lUir-cntrcbut, 197.
Bari, Ij, Ixix, Ixx; Bar, 145, 194*
î«3
220, 221, 223, 224, 225, 227,
228, 23o, 275, 296.
Basile, abbé du Mont-Cassin,
45 « ; Basile, BasUie, 7, 43, 45,
55.
Basilie, v. Basile.
Bavière (abbaye de)^ Ixv.
BéatriXy veuve de Boniface,
margrave de Toscane ^ 281»;
Béatrice, Beatrix, 266, 281.
Bebie (mont de), v. Vésuve
{mont).
Belabarde, v. Abagélard.
Belabarde (frère de), 198.
Belcho, V. Ali-ibn-Nimah.
Belchoal, v. Ali-ibn-Nimah.
Belgrime, v. Piligrim, arch. de
Cologne.
Bcllarie (castel), Valaire, Valla-
rie, 266, 288.
Belvédère (castel de), 95.
Benafre, v. Venafro.
Benedictbeuren (abbaye), Ixiv.
Benedit (pape), v. Benoit IX.
BÉNÉVENT, lij ; Bonivenc, Boni-
vent, xxxj, 33, 47, 52, 80, 104,
117, 118, 120, 123, i35, 190,
196,, 266, 277, 278, 283, 284,
3i5, 354.
Benoît (saint)y xxxiv, Ixvij ; Saint
Benoît, Saint Benedit, 37, 98,
142, 164, 172,189, 262, 263,
293, 344, 357, 3i8.
Benoît (ordre de Saint), xxj, xxij,
Benoît IX (pape) ; Benedit
(pape), 33.
Bérard II, comte des Marses^
3o4 2 ; Bernarde (li fill de),
3ob, Bcrart (conte), 307.
Bérard, comte des Marses, fils
de Bérard II, 304 2, 3o6 î ;
Berart, Berarde, Bernart, 241,
242, 267, 304, 307, 3 10, 3i I.
Berarde, fîl de Adain, 304.
Berarde, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard IL
Berart (conte), 307, v. Bérard II y
comte des Marses.
Berart, v. Bérard, comte des
Marses f fils de Bérard II.
Bernard, évéque, 182 ' ; Bernart,
Bernât, 181.
Bernard, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard IL
Bernarde, 3o6, v. Bérard II,
comte des Marses,
Bernarde (li fill de), 3o6, v. Ode-
risiuSy Rainaldus et Bérard.
Bernart (evesque), v. Bernard,
Bernât (evesque), v. Bernard.
Besantie, v. Bi^an:çio (patrice),
Bethmann. xxxiv.
Bibio (mont), v. VésuvK {mont).
Bisancie, Bisantie, v. Bi^ajt^io
(patrice)
BisiGNANo, Visimane (cité), 109.
Bizantie, v. Biiçan^io (patrice),
B/fàn;fio (patrice), 222 » ; Bc-
santie, Bisancie, Bisantie, Bi-
zantie, Bysantie, 221, 222,
223.
Bysantie, v. Bi^anij[io (patrice).
BoDFELD, i39?; Ponte- Feltro,
139.
Bollandistes (les), xiv, xv, xvj,
xviij.
Boniface (marquis), c)i î ; Boni-
face (marchiz), 91.
Î54
non failloit de relever Pangoisse soe et misère. El puiz
retorna lopape, et Gisolfe ala a lui, quar toute Tesperance
et toute la cure de Gisolfe estoit en lo pape. Et que Ij) pape
lui vouloit bien ei lo amoit corne fiU, lo rechui corne amor
de pcre et mousira a li Ro.nain et a toute manieredegent
cornent lui vouloit bien ; et lo fist prince de toutes les
chozes del TEglizc, et lui comist tout son secret et tôt son
conseill, et disponist les toutes de l'Eglize les choses a soe
libéralité et volenté (i).
Cxp. 3i. Et en cellui temps vindrent a parler ensemble
li dui scignor, C'est lo prince et lo duc. Et lo prince re-
prent lo duc et lui dist vergoingne, et lo duc la substint,
et puiz refirent paiz, quar la humilité vaint la superbe.
Et lo duc manda plus de nefs por restraindre lo port de
Naple, et o li exercit de li chevalier ferma lo chastel et lo
fist garder, liqucl avoient rout li Neapolitain. Et puiz
.XXX. jors, avec lo conseill et avec la licence de lo prince,
laissant les nefs a lo port et li chevalier en garde de lo
chastel, lo duc ala assegier Bonivent, et fist forteresce enior
et afHist li citadin de les choses lor.
(i) Gr<5goire Vil rentra à Rome dans les premieri jours de sep-
tembre 1077, après un long séjour dans le nord de l'Italie; cf. Jaffi-
1 .or.wENFELD : Kcgesta PotUif, roman., n»* 6044, 5045, 5046. Cest
donc à cette époque qu*il a reçu Gisulfe. Guillaume de Fouille parle
cgalemcnt, l. lil, v. 463 sqq., des faveurs accordées à Gisulfe par
Grégoire VII :
« Gregorium papam spoliatus (Gisulfus) honore Salerni
Appetiit primum. Vcnientcm papa bénigne
Suscipit et regio Campanica traditur illi. »
Voyez sur cette réception du pape à Gisulfe : S. Grégoire VII €t
la réforme de VÉglise au Xlt siècle^ par O. Dblakc, t. lU,
p. J28 sq.
Î55
Cap. 32. Et lo pape pour ceste chose et pour autre as-
sembla lo consistoire et excommunica loduc, et touz ceuz
qui lo sequtoient (i). Et Jordain fill de lo duc, avec lo
conte Rogier son oncle, volant avoir la grâce de TEglize,
alerent a Rome et furent absolut de la excommunication,
et firent ligue de fidélité avec lo pape (2).
Cap. 33. Et Baialarde retornant a locuer soe manda sa
mère avant pour avoir miséricorde de lo duc, et il vint
après et rendi lo castel de Sainte- Agathe, et ot la grâce de
(i) Les Annales de Bénévent parlent de ce siège et en indiquent la
date avec précision : « 1077, anno 5 domni Gregorii septimi papœ,
obiit Landolfus princeps (Bencventi) et Richardus princeps (c*est
une erreur, le prince Richard de Capoue ne mourut que le 5 avril
1078) et Robertus dux obsedit Beneventum a mense Januario usque
6 idus Aprilis ». Annales Beneventani ad an. 1077. Ainsi que Wein-
reich Ta démontré, les Annales de Bénévent ne commencent l'année
qu'avec les calendes de mars ; Weinreich, De conditione Italiœ irtfè'
rioris, Gregorio septimo pontifice, p. 80 : « Auctorem annalium
Beneventanorum annum calendis martiis incipere demonstratur »;
le mois de janvier 1077 des Annales de Bénévent est donc en réalité
de 1 078. RoMUALD DE Salerne écrit également ; « Anno primo post-
quam cepit Salernum, Robertus dux Beneventum obsedit, acriter eam
expugnans ». Chronicon, ad an,, 1075 (date erronée) dans Muratori,
R. I. SS., t. VU, col. 171. Enfin, Pierre Diacre, Chron. Cassin.y
III, 45, parle des fortifications élevées par Robert Guiscard, autour
de Bénévent, pour s'emparer de la ville.
Ce fut dans le synode romain, du 25 février au 3 mars 1068, que
Grégoire VII excommunia les Normands qui assiégeaient Bénévent :
« Nous excommunions, dit le proccs-verbal du concile, tous les Nor-
mands qui envahissent le domaine de S. Pierre, c'est-à-dire la
marche de Fermo, le duché de Spolète, ceux qui assiègent Bénévent
(et eos qui Beneventum obsident) et s'efforcent d'envahir et de piller
la Campanie, la province Maritime et la Sabine, également ceux qui
cherchent à jeter la confusion dans la ville de Rome ». Grbgorii VII
Regist,, V, 14, p. 307 sq. des Mon, Gregor, de Jaffe.
(2) Cf. supra^ p. 227, note i.
3)6
son oncle [ij. Et lo marchis, et le noble Azo, quant il
oïrent la victoire deloduc, il non manda epistole ne non
manda message, mes vint-il en persone a proier lo duc
qu*ii Jonniist sa fille a son iill pour moillier; et lo duc
lui conceJi, et Jota la iille de molt grant dote (2).
Cap. 34. Et montre que ces chozes sont, lo prince Ric-
chart chai malade, et quant il vint a la mortrendia saint
Pierre la Campaingne, et absolut de lo cvesque de Averse
fu mort, et enterre en ccUui jor que Jshu-Crist cena avec
ses disciples (3).
(i) Cf. supra, 1. VH, c. 25.
(2) Guillaume de Pouille, I. III, v. 48S-508, parle avec détail de
ce mariage entre le tîls du marquis Azo de L.ombardie et une fille de
Robert Guiscard :
« Dumque morarctur (dux) Troians mœnibut urbit,
Nobilis adv'jnit Lambardus marcîiio quidam,
Nobilibus patriae multis comitantibus illum.
Azo vucatus crat ; secum deduzit Hugonem
lllustrcm natum ; ducis huic ut filia dctur,
' Exigit in sponsam. Comités proceres que vocari
Quaquc facit super his dux consultunii ab urbe.
Horum consiliis Robert! filia nato
Traditur Azonis ; tacdas ex more jugales
Et convivando célébrant et multa ferendo.
Cunvtis, conjugii qux postulat ordo, peractts,
Sollicitât comités dux et quoscunque potentes
Dona pctcns, lauti quibus et vir et uxor abire
Donnti valeant. Ncc enim prius, impériales
Altéra eu m proies thalamos Michaelis adisiet
Quodlibet auxilium dcdcrant. Communiter illi
Omncs tristantur, qunsi vectigalia posci
A duce mirantes; sed non obstarc valentes,
Et mulos et equos diversaquc munera praet>ent.
His gcncro dona n s, addcns sua, classe parata
Ad sui cum magno patremque remisit honore. »
{^) Le jour de la mort du prince Richard de Capouc estégiJeiDeii
357
Cap. 35. Or est licite chose meintenant, comme je ai dit
au commencement de ceste ovre, de dire brevement lo
bien qu'il firent a nostre monastier ces .ij. seignors (i)
quar puiz que Richart fu prince de Capue, cercha de
faire alegre TEglize nostre, laquelle li predecessor siens
turboient ; et oppresse ceuz qui la persecutoient et men-
joient, o la forte main de deffenze, etdestruist ceux qui
destruisoient la possessions de lo monastier. Li chastel de
lo monastier traist de la main de lotyrantqui lo tenoient,
et molt autres chasteaux siens laissa a lo monastier, dévo-
tement, a ce que li frère priassent Dieu pour lui conti-
neument; quant il jejunoient les consoloit de poisson. Et
lo duc tant amoit Tabbé Desidere, qu'il Pavoit en révé-
rence coment saint Benoît, et non voloit estre sanz la
présence de lo abbé ; et lo abbé non estoit meins amé de
indiqué par les Annales Casinenses ad an. 1077 (On sait que les
dates des Annales Casinenses sont régulièrement en retard d*un an)
a Richardus princeps obiit Capuae, quinta feria, cœna Domini et Nea-
polis obsidione soluta est et Jordanis fît princeps ». L*année de la mort
du prince est du reste établie d'une manière certaine par les nom-
breuses chartes de Jourdain, devenu seul prince de Capoue. Voyez
en outre Necrol. Casin, dans Muratori, R. I. SS., t. VII, p. 94a, et
Necrologium S. Benedicti Capuani, dans Peregrinus, Histl princi-
pum Langob., t. V, p. 67. Nous voyons par les Annales Casi-
nenses que le siège de Naples par Richard de Capoue se continua
jusqu'à sa mort, par conséquent pendant près d'un an ; une note de
B. Capasso {Monumenta ad Neapolitani ducatus historiam perti-
nentia, t. I, Napoli, in-4<* 1881, p. i33, note i) permet de supposer
que Naples consentit à payer un tribut aux Normands pour que le
siège fut levé; Capasso écrit : « In quibusdam posterions aevi monu-
mentis tributum Lormagnaticum seu fidantia invenio, quod veri-
similiter ab hoc tcmpore(le siège de Naples par les Normands) certe
a Northmannis origincm habere suspicor.
(i) Robert Guiscard et Richard de Capoue ; Aimé revient sur ce
qu'il a dit au début de son travail, cf. supra, p. i, note a.
5)8
la ducesse. laquelle avieingne que lui fust parente, toutes
lui paroît corne fille. Cestui avoient eslit pour lor père et
pDur garde et salut de lor animes, et s^il estoit aucun jor
que lo abbé non fust aie a la con, lo mandoient querant
par letre ou par message. Et quant il venoit lui donnoieni
diverses coses, et a Tonor de TEglize li donnoient divers
pailles, et li mandoient diverses pièces de or et de argent,
et pour lo vesiement de li frère et pour lo mengier, man-
doit chascun jor besant molt et tarin, et en la soUempnel
feste honoroit lo refector de vaissel d'or et d'argent. Et li
mul et o li Sarrazin serve sien tout li monastier enric-
chisoit, et a dire la vérité, pour lo bénéfice de cestui tout
lo monasiicr estoit enluminé. A ces .ij. seignors Dieu,
ioquel est père et remunerator de tout bien, pour la mé-
rite de saint Benedit, lor en rende mérite en vie eteme.
Amen.
TABLE DES NOMS
Abagélard (Jils de Humfroy,
comte de Fouille) y 167 2 ;
Baialardc, Baiarlade, Bala-
lardc, Balalart, Balarde, Bela-
barde, 197, 198, 199, 266,
286, 287, 288, 289, 290, 292,
295, 296, 297, 3o5, 3i5, 326,
355.
Acate-Pain, v. Avartutèle (ca"
tapan),
Accate-Pain, v. Avartutèle (ca-
tapan),
Acchiles, v. Achilles.
Acco, V. Actus.
AcERRA, 285 2 ; La Ccrrc, 85,
266, 285, 286.
Achatc-Pain, v. Avartutèle (ca-
tapan),
Achilles, Acchilles, 93.
Acquin, v. Aq.uino {ville d*).
Actus, évéquc des Marses,
242 ', Acco, 242.
Adalbert {arcfievéque)f liij.
Adam de Brème, liij.
Adcguardc, v. Edouard le Con-
fesseur.
Adelperga, duch, de Bénévent,
xxxij.
Adémar de Chabanais, Ixxj.
Adenolfe, 262.
Adenolfe, v. Adénulfe, comte
d'Aquino.
Adenulfe, conte de Aquin [comte
d'Aquino]; Adenolfe, 23 1,
234, 236, 238,239, ^4^> *45>
261, 263, 279, 293, 295.
Adénulfe de Bénévent, Adinulfe,
Athcnulfe, Athenulfo, Ixviij,
52, 74, 80.
Adénul/Cf arch. de Capoue, 46 ' ;
Adénulfe, Adinulfe, Anulphe,
Ixvij, 7, 46, 5i.
Adénulfe, duc de Gaéte, comte
d'Aquino f 164) ; Adénulfe ,
Adinolfe, Aynolfe, 96, i53,
i65, 234.
Adénulfe, duc de Gaieté (moil-
lier de), 234, v. Marie, du-
chesse de Gaéte,
Adinolfe, v. Adénulfe, duc de
Gaéte,
Adénulphe, abbé du Mont-Cas-
sin, xlvij ; Atenulfe, Athe-
nulfe, Enulphe, 7, 3i, ^4.
3^0
Aiiinulfc. 74, v- Adénulfe de
liénévent.
Adinulfc, 4^», v. Adénulfe, arch.
de Capoue.
Ailoaldc, V. Ilarold, roi d'An-
t;lcterre.
Advcrarde, v. Alverada.
Adverse, V. A versa.
AlI'IDE, p. 75.
AfFric;}; 214, v. Afru^ue.
Aprk^tje, Affrica, 214.
.' 1 ffncs (impératrice) , 322';
Agnes, impcratriz, 322.
Agyrc, V. Argiva.
Aimé {saint )f évcque de Nusco,
xiv, XV, xvj, xvij, xviij, xix.
Aime évcque et moineau Mont'
Cassin; Amatus, Amat, vij,
viij, ix, X, xj, xijy xiij, xiv,
xvj, xviij, xxiij, xxiv, xxv,
xxvj, xxvij, XXXV, xxxvj, xxxix,
xl, xlij, xlv, xlvj, xlvij, xlviij,
1, U» ï'if ï"j> ''V, Iv, Ivj, Ivij,
hiij, lix, Ix, Ixj, Ixij, Ixttj, Ixiv,
Ixv, Ixvj, Ixvij, Ixviij, Ixix, Ixx,
Ixxj.
Aimé, du Mont'Cassin {traduc-
teur d'), ix, X, XXX, xxxj, xxxij,
xxxiij, xxxiv, xxxv, xxxvj,
xxxix, xlj, xlij, xliij, xliv, xlv,
xlvj, xlvij, xlviij, xlix, 1, liv.
Aimé, év. d'Olcron, arch. de
liftrdCdUXf xj, xij, xiv.
Aibonuic, v. Alverada»
AlbériCt mninc, iS^a ; Alberico,
Alhcri.iuc, i3.S, i8n, 190.
AKl. mM:, V. JlaroLi, roi d^in-
;; le terre.
Ald«>}r,i", V. AtJouin.
Alemaingne, v. Allev«g!ie.
Alemaingne ^roy d*;. Sot, v.
Henri l\\
Alexandre II ipape^. xxiv;
AlixanJrc, i63, 273.
Aleza.ndkic, Alixandre, 140-
Alexis Comneme (empereur),
xxiv, lij.
Alfane {archevêque de Saleme,
3361 ;A]fane, 336.
Ali-ibn'Simah, 104 • ; Balchaot,
Belcho, Belchoah, 204, 21 3.
Alixandre, 149, ▼. Alexascdric.
Alixandre (pape), v. Alexan-
dre IL
ALLEHAG.fEy Alemeingney 57.91.
17C, 244.
A llemands {les), Thodeschi, Tho-
dcsquc, Todeschi, Todesque,
Toudeschi, 1 3 1 , 1 34, 1 5 1 , 243,
259, 281.
Alpes (les), li Alpe, 33, 244.
Alpine, v. Akpino.
Alverada, Ixix, 168 1 ; Adve-
rarde, Alberade, Alveiada, Al-
vcrarde, m, i54y 168.
Alvcrarde, y, Alverada,
Amafe, v. Amalfi.
Amalfe, v. Amalfi.
Amalfctain (li), v. Amalfiiaims.
Amalfi, xlvj'; Amafe, Anaalfe,
Amelfe, Malfe, Umalfe, zIt),
Ixij, Ixvij, 49, 5i, 58, 88,89,
126, i33, 162, 3i3, 317, 319,
321, 3x3, 323, 326, 329, 33o,
33 1, 333, 347, 348, 35i, 333.
Amaltigianc (monastier de li), v.
Amalfitains.
Amalfttains {les\ Ixij, Ixix*
^6l
Amalfetain, Amalfitain, Amal-
fiten, Malfitain, 89, 127, 162,
3i3, 325, 326, 329.
A malfitains (monastère des),
182 ' ; monastier de li Amalfi-
giane, 181.
Amalfiten (li), v. Amalfitains.
Amatj V. Aimé du Mont-Cassin.
A mat us episcopus et Casinensis
monachus, v. Aimé du Mont-
Cassin,
Ambroise (saint), archevêque de
Melan [Milan], 63.
Amelfe, v. Amalfi.
Ami, fils de Gauthier, 1974;
Ami, fil de Galtier, Ami, 197,
198, 199.
Amiternum, 241 ' ; Amicerne,
Amiterne, 241, 307.
Ancône (marche d'), 3o2.
Andria 160 ï ; André, Antri, 160,
265, 273.
Angélus de Nuce,abbé du Mont-
Cassin, xxvj.
Anglais {les), li Englcz, 10.
Angleterre, xlj, Ij ; Engleterre,
5, 10.
Anglo-Saxons, xlj.
Antioche, Anihioce, 320.
Antri, v. Andria,
Anulphe, arch., 7, v. Adénulfe,
arch. de Capoue,
Apice, 286 ' ; Apice, Pice, 266,
286.
Aquin, v. Aquino {ville d*),
Aquin (la conté d'), 173.
Aquin, contes de, 96, v. Adé-
nulfe, duc de Gaéte et Landon,
comte d'Aquino.
Aquin (li conte de), 265, 266,
279, 293 ; V. Adénulfe, comte
d'Aquino.
Aquino (ville d*), Acquin, Aquin,
i53, 164, i65, 23i, 232, 233,
236, 239, 240, 243, 246, 247,
261, 262, 263, 264, 279, 280,
293, 294.
Arabe, v. Arabie,
Arabes (les), Arabi (li), 268.
Arabie, Arabe, 214.
Arbeo, v. Hervé.
Archifrède, 253.
Ardouin, xlvj, Iviij, Ixviij ; Al-
doyne, Arduine, Arduyn, Ar-
duyne, Erduyne, xlvij, 52, 63,
64, 65, 66, 68, 69, 83, 85.
Argence, v. Argiri:ç^o,
Argencie, v. Argiri:(:i;o.
Argenté (chastel de), 238.
Argentie, v. Argiri^:i;o,
Argerico, v. Argiri^^^o,
Argira, 8u [fils de Mélès] ;
Agyre, Argira, Argire, Argiro,
xlviij, 52, 80, 81, 95.
Argiritie, v. Argirij^o.
Argiri^:i;o, 227 •; Argence, Ar-
gencie, Argentie, Argerico,
Argiritie, Argitie, Argitio, Ari-
gitie, 222, 223,224,225, 227.
Argiro, v. Argira.
Argitie, Argitio, v. Argiri^jo.
Argynese, prob. Frigento, 84.
Arigitic, V. Argiri^^^o.
Arménie, Herménie, 16.
Arnolin, 85 ' ; Arnoline, 84.
Arpe, V. Arpino.
Arpino (pays d'),'i39 ?; Alpine,
Arpe, 139, 236.
^ k •
\ >...-. s r . A >: '. i - r . > i. nulfCs comte dTA versa^
A >.- : i : . - r \ .».',..:, T i- Sa :£- A vers- 'conte de), i oo, v . Rai-
■;■.:,: nu'fc Trincanocte.
\>.'..:.i*r. « .i.\'..-\ j .-li-i-^fj Averse vCvesque de), 336.
î',. :. ;-. .v-:\ J.i.*:-;-»:;^. Aync'lfe iduc), v. Adénulfe, duc
.<■ . \s. =: '.. -.>.'.: r.i. Si. jV Gjctc.
S .-1;^. éi^êque de Caserie, xliij,
tf' ■ ,-.* -.■ •" i -■-■-* : X- \l;v.
\s. ; , ' V>.' : -r. \is:î :.:~e. Ar^^ .marchîo\ v. A^^a,
An/:.-: '2 S-. S"^, Ay^J {marquis), 3i5 ? ; A20,
\ : » ^ . '. \: . ' . . i ,:;-.;./■. . j .\v R- b : f ç.i . église de^, v. B akbciic .
*.'. ■■:-i. ■.:.'■/. . !>.v..i1arde, v. Abagélard.
• ■'■ ■• ft k
\ :•.■•. ■.* .. ~c *■*.. J .■i- ».'.»- ^Vv.slardc Oa îîll^V 3i5.
:v .:i . -. î^jvirl.ide, v. Abagélard,
A : '. .' .: . ' ■ V ."» : . \ . . l .: i •: i '.fi Se 5j isî . Iv .
.-v ':.:•;■:;. :^:j.ïrde, Balalan, v. Ahagé-
\."., ., •.". ;. y » •.-... 'f,- ->>»>.> /•«'y
m
,::. M: : cj.*/: :. Raîamente, 2?o.
\ : • . : V * : . S .• . . î .:. T - ■ V Je I^ al.-.r J. e, v . A bagèlard.
: V ■ Ti" RaU- h .lot , v . A li^ibnSimak .
.î::.-.;-. •." \::,r;. .». >. Rs.'jiyr. xj, xii, xiv.
B\LVA, .^074: Balvenise, Val-
\-.'.C".'.>t.' .»■ '.c .W i,.^. bine. 114, 507.
\.r.: '. ^ ■*,•.>■./ . M'. l^alvenisc, \ . Balv.%. •
A . . \ i" :• c . w ■ . . ■. " i h . r.: * ■ ;: .: ^ Cs- R \ m p E ro \CJthéJrjle de)^ 32';
r. ..; . :-i tshse »ie Babipga, 3a.
.Au'i.» -Vy . ".A Tw. WM'. ParbAsiaire, Barbasiîe, t. Bab-
.1:.:-:::. *■ »*.::.::•.:•:'. ;::': r-ismo.
\..-.:j - P. ■>, . A.-.- :c - r.v.:*. , B»iirASTKo i3 » ; Bubastiire,
\, ■ :.-:'.■.:■'. A', 't:. .:.!,• Ajb..> B.-rKisi;c, 5, i3.
; . -r'v . i : : . : : - . : : ^. H.irboitc. v. GuULiMme Bar-
\. -*■. !\..' !\\ V ; Avitrs:, S: te.
\\.z>:. -. :S. ri. .--. •":, • r. l^.*-r, v. lUm.
'^;. ^-. :. .:. .'? . i^?. Ivir-cnirebui, 107.
\ .:>. ...r.iw .:... S>. \. /v.::- B\B1. 1|, Isix, Ixs; Bar. I45, 104.
3^3
220, 221, 223, 224, 225, 227,
228, 230, 275, 296.
Basile, abbé du Mont-Cassin,
45 I ; Basile, Basilie, 7, 43, 45,
55.
Basilie, v. Basile.
Bavière (abbaye de), Ixv.
BéatriXy veuve de Boniface,
margrave de Toscane, 281 » ;
Béatrice, Beatrix, 266, 281.
Bebie (mont de), v. Vésuve
{mont),
Belabarde, v. Abagélard,
Belabarde (frère de), 198.
Belcho, V. Ali'ibn-Nimah,
Belchoal, v. Ali-ibn-Nimah.
Belgrime, v. Piligrim, arch, de
Cologne. . ,
Bellarie Ccastel), Valaire, Valla-
rie, 266, 288.
Belvédère (castel de), 95.
Benafre, v. Venafro.
Benedictbeuren (abbaye), Ixiv.
Benedit (pape), v. Benoit IX.
Bénévent, lij ; Bonivenc, Boni-
vent, xxxj, 33, 47, 52, 80, 104,
117, 118, 120, 123, i35, 190,
196,, 266, 277, 278, 283, 284,
3i5, 354.
Benoit {saint), xxxiv, Ixvlj; Saint
Benoît, Saint Benedit, 37, 98,
142, 164, 172,189, 262, 263,
293, 344, 357, 3S8.
Benoît (ordre de Saint), xxj, xxij,
Benoit IX (pape); Benedit
(pape), 33.
Bérard II, comte des Marses,
3o4 2 ; Bcrnardc (li fill de),
3ob, Berart (conte), 307.
Bérard, comte des Marses, fils
de Bérard II, 304 2, 3o6 » ;
Berart, Berarde, Bernart, 24 1 ,
242, 267, 304, 307, 3 10, 3 1 1.
Berarde, 61 de Adain, 304.
Berarde, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard II.
Berart [conte), 307, v. Bérard II,
comte des Marses.
Berart, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard II.
Bernard, évêque, 182 ' ; Bernart,
Bernât, 181.
Bernard, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard II.
Bernarde, 3 06, v. Bérard II,
comte des Marses.
Bernarde (li fill de), 3o6, v. Ode-
risius, Rainaldus et Bérard,
Bernart (evesque), v. Bernard.
Bernât (evesque), v, Bernard.
Besantie, v. Bi^an^io [patrice).
Bethmann. xxxiv.
Bibio (mont), v. Vésuve (mont).
Bisancie, Bisantie, v. Bifa/ifio
(patrice)
BisiGNANo, Visimane (cité), 109.
Bizantie, v. Bi:i;ans[io (patrice).
Bi:j[àn:^io (patrice)^ 222 ' ; Be-
santie, Bisancie, Bisantie, Bi-
zantie, Bysantie, 221, 222,
223.
Bysantie, v. Bi3[ans[io (patrice).
BoDPELD, i39 ? ; Ponte-Feltro,
139.
Bollandistes (les), xiv, xv, xvj,
xviij.
Boniface (marquis), c^i î ; Boni-
face (marchiz), 9 1 .
3^4
Bonivenc, v. Bénévent.
Boniveiit, v. Bénévent.
Bonivcnt (arch. de), v. Udalrich.
Boniveni (conte de), 146.
BnoGARiK (cité), i35.
Bord (les fils de) j 91 2; Burell,
Burclle, Burcllo, Buriellc (H
fil de), 91, 154, 174, 265,
27S.
BorguegnonSj v. Bourguignons.
Bourguignons , Borguegnons.
12.
Brcscc, V. Brixen.
Brixen (évêquc de), v. Da-
mase IL
Burcly Burelle, Burcllo, Bu-
rielle, v. Borel.
C
Caiazzo, xliv ; Calatine xliij.
Calabrais (les)y Calabrez, Cala-
brois, Calabroiz, 58, 78, 25o,
348.
Calabre^ Iviij, io3, 104, 108,
iio, III, i53, i54, i58, 167,
170, 171, 178, 193, 198, 199,
200, 207, 218, 232, 25o, 257,
261, 270, 271, 287, 295,296,
297, 3oo, 347.
Calabre ultérieure f xliv.
(Palabrez, Calabrois, Calabroiz,
V. Calabrais.
Calatine, v. Caiazzo.
Caltare, 209 ' , Calcarc, 209.
Campanik, li, Ixiij, Ixx ; Cam-
pagne, Campaingn-j, Cham-
paingn-j, 172, 173. 237, 241,
245, 3 II, 3 14, 340, 356.
Canini, v. Canosa di Puglia.
Canne, 84, v. Cannes.
Canne, 273, 273, v. Camosa di
PUGLIO.
Cannes. 85 > ; Canne, 84.
Canosa di Puglia, 270 2 ; Canini.
Canne, 270, 273, 275.
Gappille (conte), [surnom donné
à Guaimar iV], 92.
Capoue, lij, Ixvij, Ixix; Capu:*,
Capue, 6, 24, 29, 33, 41, 43,
37,90,92, 93, io3, io5y 106,
i53, 134, 161, i63, i63, 172,
174, 175, 176, 240, 245, 248,
261, 264,273,278,379,287,
332, 353.
Capoue {archevêque de), zxj.
Capua, Capue, v. Capoub.
Capusita [mon. de Saint Benoît
à Capoue], 42.
Caruso, xxxvij.
Caserte, xliij, Caserte, 90.
Castel-Johan, v. Casivogio-
VANNI.
Castel- Veochio, 1 38 ■ ; Castel-
Vicl, i38.
Castcl-Viel, v. Castbl-Vecchio.
Castrogiovanni, 2i3s; Castel-
Johan, Chastcl-Jehan, Chastel-
Johan, Chaste! Saint-Jehan,
194, 2i3, 214.
Catatb, 304 1 ; Cataingne, Ct-
tainne, 2o3, aSa, abc.
(Satané (évêque de), Ivi}, Iviij.
Cava {archives de la)^ zvj.
Cécile, Cecille (Sainte), 329.
Centorbi, 212 4; Conturbe, 212.
Cepei6ino, XXV.
César (Jean), xlvij ; Cesaire, Ce-
sare, zlvij, 6, 1 3, 16.
36s
Champaingne, v. Campanie.
Champollion-Figeac, vij, xiv,
xix^ xxxij, xxxix; xl, xlij, xliv,
xlv, xlix, liv, Iv, Ivj, Ivij, lix.
Charlemagne, xxxv.
Charles IL roi de Naples, xlv.
Chastel-Jehan , Chastel-Johan ,
Chastel Saint-Jehan, v. Cas-
TROGIOVANNI.
Chieti, 3o2 2; Thetin (marche
de), 3o2.
Chrétiens, Chrestien, 5, 14.
CiDONIE, V. LaCEDONIA.
CiLENTO, 353 2; Cylliente, 353.
CiMiNO (mont), 282 « ; Cymine,
Cymino, 266, 282.
CiviTATE, 1z, Ixîx ; la Cité, 84,
i32, i33, 134.
Clément II (pape)j Ixviij, 114,
ii5.
Coloingne (arche vcsque de), 33,
V. Piligrim,
CoMiNO ijpays de), 39 ' ; Comune
(la terre laquelle se clame lo),
38.
Conrad {empereur), Ixvij, Cor-
rade, Corrat, 5i, 55, 57.
CoRATO, 272 ' ; Quarate, 272,
273.
Corrade, v. Conrad.
Corrat, io5.
Corrat, v. Conrad.
Costenlin, fill de Tuisco, 88, 89.
CONSTANTINOPLE, xlvij, Ixvij ;
Costentinnoble, Costcntinoble
Costentinople, xlviij, 5, 7, i3,
i3, 16, 24, 34, 35, 5i, 60, 61,
G4, 95, 149, 179, 181, 197,
198, IQ9, 222, 35i.
Conturbe, v. Centorbi.
Costentinoble (empeor de), 34 ;
[prob. Romain Argyré],
Costentinoble (empereour), 5i,
'ib<) [Michel IV].
Costentinoble (impeor de), 35 1
[Constantin Ducas ou Romain
Diogene.]
Costentinoble (impereor de), 266
[Michel VII].
Costentinoble (impiere de), 197,
297.
Costentinoble (emperatrix de),
60 [Zoê\.
Costentinople (impereor de), 198
[prob. Constantin Ducas],
Cydonie, v. Lacedonia.
Cylliente, v. Cilento.
Cymine, Cymino, v. Cimino.
Cyrus, roi de Perse, Cyrc, roy
de Persie, i, 2.
Cysterne, v. Torre della Cis-
TERNA.
D
Damase II, pape [aup. év. de
Brixen], 1 15 1 ; Damasco, Da-
mase, Damasse, 104, 114.
Datto, 34 ' [beau-frère de Mélès] ;
Dato, 34.
David (prophète), 124.
Demede, 257.
Didier y abbé du Mont-Cassin,
viij, ix,x, xj, xxiij, xxiv, xxxvj,
xxxix, Ixx;, Desidere (abbé,
frère, missire), xxxv, i, 143,
144, 145, 146, i5i, 172, 177,
191, 262, 263, 266, 276, 285
;oc»
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4^"Vjr.\ *v »•::.■ jV PruiiU\ Iviij.
Iw::-. >i . ^.o - . LVapo, Dr*.^
».v. Or-ùû^r.o, 52. ."«.v .^o, 84.
liO. ..I. ».i. vl."^. oi, loi, iol>,
■ 104. 10."», III. I I J, 1 1.^ 117,
I iS. 1 Iv). 1 2v\ 121. Ii2, 123.
l.M.
Pr\.:o y îVc rc . ; j\ 1 i i . V . llum-
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n;K'.:.i ;'.»'. l>.:.î..i:u\ Ouldnie. v.
n\ * » lui.':'.. H) »s.lii:i^'n,\ , Ik'kt'ij-
EngelscalCy abbé de Benedict-
beuretîf Ixiv.
Engicterre, v. Angleterre,
Engleterre (roy d'), 5, 10 [//j-
rold].
Engleterre (roy d*), 343 [Gui'.-
laume le Conquérant].
Englez (li), v. Anglais,
Enulfe, V. Adénulfe, abbé du
Mont-Cassin.
Erduyne, v. A rdouin.
EscLAvo.vNiE, 14.
Espagne, xj, 1j; Espaingne, 3,
la, i3, ai6.
Estitanae, v. Eichstatt.
Etienne [neveu de Mêles] ; Sté-
phane, 39; 40.
Etienne IX (p^pé), xxxv.
Etna. 212), Mont de Gilbert,
212.
Eutropc, Eutroppej zxxj, xxxiij,
xxxvj, xlv, xlvj, xUx.
i:
.S ;•• j:. -'mo .* ; H.ioiur*îc. 200.
^. :.:<.:•■." l'c' i.".'*j'c,v»i'w. roi
m
./M »i;:r. ;. • • c . u . . A Joi:ij.îrdc.
\o. •
1 Slil;ll)>.' v^v\. v^'\ l.^.j. \. ViC-
tv.l II.
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Kl.i jM\mJt\ lui. \. iiiiJcbrjtiJ,
ylu.t tjrJ ci.vc«'i'V 17/.
KmMI l.Li sio, ni.
Fiicose-Ic-Novc, v. Paccosa-
Nl'OVA.
FalgutiTC, 260.
Falsc, V. Frazzano.
Fcdcrîc ^cnncclicr), v. Frédéric
Je Lorraine,
FcJeric (emporeor), i23.
FiRMO {Marche de), 1 24 > ; U
Marche, lix, 1 24.
Français {les), Françoiz, Fran-
a>is, II, 34.
France, xj, 0, I23.
Fr.mce ^roy de), i23; [Henri
5^7
France (roy de), 343 [Philippe
François, v. Français.
François de Ponte, prêtre de
Nusco, XV, xvj.
Françoiz, v. Français.
Frazzano, 212 2; False, 212.
FréJéric de Lorraine [ensuite
pape sous le nom d'Etienne IX,
Ixj, Ixiv, 12 1'; Fedcric (can-
celier), 120, 124.
Gaete, Gaieté, Gaitc, Gayete,
Gayte, lix, 48, 86, 124, 32 5.
GaétainSf Gaytein (li), 3i3.
Gaieté, v. Gaete.
Gaieté (duc de), 173. v. Guil-
laume de Montreuil.
Gaimare, 86, v. Guaimar /K,
pr. de Salerne.
Gaite, v. Gaete.
Gallinarc, v. Garigliano.
Gallinare (château de), Ixvj,
39.
Gallinaire, v. Garigliano.
Gamerie, 54, v. Guaimar /K,
pr. de Salerne.
Garigiane, v. Garigliano.
Garigliano, 236 ' ; Gallinaire,
Gallinare , Garigiane , 236 ,
279.
Gariglione (tour de;, 34 ' ; Ga-
rilgiane (tor de), 34.
Garilgione^ 293 î ; Garilgiune,
Garilione, Glaile, 266, 295,
296, 297.
Gattola, X.
Gauthier [fils d'AmicuSj comte
de Civitate]f Ixviij, 269 i ;
Gautier, Pierre de Gautier,
81, 84.
Gayete, v. Gaete.
Gayfere, 187 ' ; Gayfere, Gual-
fere, Guayfere, Guayfrerie,
i55, 186, 190.
Gaymare, io3, v. Guaimar IV,
pr. de Salerne.
Gaymarie, 41, v. Guaimar III ,
pr, de Salerne.
Gaymere, 352,v. Guaimar, frère
de Gisulfe.
Gaymere, 59,61, io3, io6, 117,
253, 33 1, V. Guaimar IV, pr.
de Salerne.
Gaystein, v. Gaétains.
Gayte, v. Gaete.
Gaza, 184.
Gazoline de 1q Blace, v. Gocelin,
Gebhart ev. d'Eichstatt [pape
sous le nom de Victor II],
1 39 2 ; Geobarde, 1 39.
Geffroy [frère de Humfroy,
comte de Fouille], Gofrede,
i36.
Gênes, 3i3t; Janue, 3i3.
Génois {les), Genevoiz, 324.
Genzano de Fouille, 99 >
Jé-
zane, 99.
Geobarde, v. Gebhart, év.
d'Eichstatt.
Geoffroi Ridelle [duc de Gaite,
seigneur de Ponte Corvo],
2o5 t ; Goffre, Goffre Ridelle
ou Rindielle, Goffrede Ridelle,
GofiFroy Rindielle, Gofre, 193,
2o5, 206, 210, 218, 265, 27a,
293, 294.
358
la ducesse, laquelle avieingne que lui fust parente, toutes
lui paroît corne fille. Cestui avoient eslit pour lor père et
pDur garde et salut de lor animes, et s^ii estoit aucun jor
que lo abbé non fust aie a la cort, lo mandoient querant
par letre ou par message. Et quant il venoit lui donnoieni
diverses coses^ et a Ponor de PEglize li donnoient divers
pailles, et li mandoient diverses pièces de or et de argent,
et pour lo vestement de li frère et pour lo mengier, man*
doit chascun jor besant molt et tarin, et en la sollempnel
feste honoroit lo refcctor de vaissel d^or et d'argent. Et li
mul et o li Sarrazin serve sien tout li monastier enric-
chisoit^ et a dire la vérité, pour lo bénéfice de cestui tout
lo monastier estoit enluminé. A ces .ij. seignors Dieu,
loquel est père et remunerator de tout bien, pour la me*
rite de saint Benedit, lor en rende mérite en vie eterne.
Amen,
TABLE DES NOMS
Abagélard (fils de Humfroy,
comte de Fouille), i37 2 ;
Raialarde, Baiarladc, Bala-
larde, Balalart, Balarde, Bela-
barde, 197, 198, 199, 266,
286, 287, 288, 289, 290, 292,
295, 296, 297, 3o5, 3i5, 326,
355.
Acate-Pain, v. Avartutèle (ca-
iapan),
Accate-Pain, v. Avartutèle {ca--
tapan).
Acchiles, v. Achilles.
Acco, V. Actus,
AcERRA, 2852; La Cerrc, 85,
266, 285, 286.
Achatc-Pain, v. Avartutèle (ca-
tapan),
Achilles, Acchilles, 93.
Acquin, v. A(iUiNO {ville <f ).
Actus^ évoque des Marses,
242 ', Acco, 242.
Adalbert {archevêque)^ liij.
Adam de Brème ^ liij.
Adcguardc, v. Edouard le Con-
fesseur.
Adelperga, duch. de Bénéventy
xxxij.
Adémar de Chabanais, Ixxj.
Adenolfe, 262.
Adenolfe, v. Adénulfe, comte
d'Aquino.
Adénulfe, conte de Aquin [comte
d'Aquino] ; Adenolfe, 23 1 ,
234, 236, a38, 239, 240, 245,
261, 263, 279, 293, 295.
Adénulfe de Bénévent, Adinulfe,
Athcnulfe, Athenulfo, Ixviij,
52, 74, 80.
Adénulfe j arch, de Capoue, 46 1 ;
Adénulfe, Adinulfe, Anulphe,
Ixvij, 7, 46, 5i.
Adénulfe j duc de Gaéte, comte
d'Aquino f 164J ; Adénulfe ,
Adinolfe, Aynolfe, 96, i53,
i65, 234.
Adénulfe, duc de Gaieté (moil-
lier de), 234, v. Marie, du-
chessc de Gaéte,
Adinolfe, v. Adénulfe, duc de
Gaéte.
Adénulphe, abbé du Mont-Cas-
sirty xlvij ; Atenulfe, Athe-
nulfe, Enulphe, 7, 3i, ^4.
358
la ducesse, laquelle avieingne que lui fust parente, toutes
lui paroît corne fille. Cestui avoient eslit pour lor père et
pour garde et salut de lor animes, et s^il estoit aucun jor
que lo abbé non fust aie a la cort, lo mandoient querant
par letre ou par message. Et quant il venoit lui donnoieni
diverses coses, et a Ponor de TEglize li donnoient divers
pailles, et li mandoient diverses pièces de or et de argent,
et pour lo vesiement de li frère et pour lo mengier, man-
doit chascun jor besant molt et tarin, et en la sollempnel
feste honoroit lo refcctor de vaissel d^or et d'argent. Et li
mul et o li Sarrazin serve sien tout li monastier enric-
chisoit, et a dire la vérité, pour lo bénéfice de cestui tout
lo monastier estoit enluminé. A ces .ij. seignors Dieu,
loquel est perc et remunerator de tout bien, pour la mé-
rite de saint Benedit, lor en rende mérite en vie eterne.
Amen.
TABLE DES NOMS
Abagélard (fils de Humfroy,
comte de Fouille), i37 2 ;
Baialarde, Baiarladc, Bala-
larde, Balalart, Balarde, Bela-
barde, 197, 198, 199, 266,
286, 287, 288, 289, 290, 292,
295, 296, 297, 3o5, 3i5, 326,
355.
Acate-Pain, v. Avartutele (ca-
tapan).
Accate-Pain, v. Avartutele (ca~
tapan).
Acchiles, v. Achilles.
Acco, V. Actus.
AcERRA, 285 a; La Cerre, 85,
266, 285, 286.
Achate-Pain, v. Avartutele (ca-
tapan),
Achilles, Acchilles, 93.
Acquin, v. A(iUiNO {ville d').
Actus, évêquc des Marses,
242 ', Acco, 242.
Adalbert {archevéque\ Hij.
Adam de Brème ^ liij.
Adeguarde, v. Edouard le Con-
fesseur.
Adelperga, duch, de Bénévent,
xxxij.
Adémar de Chabanais, Ixxj.
Adenolfe, 262.
Adcnolfe, v. Adénulfe, comte
d'Aquino.
Adénulfe, conte de Aquin [comte
d^Aquino] ; Adenolfe, a3i,
234, 236, 238, 239, 240, 245,
261, 263, 279, 293, 295.
Adénulfe de Bénévent, Adinulfe,
Athcnulfe, Athenulfo, Ixviij,
52, 74, 80.
Adénulfe, arch, de Capoue, 46 1 ;
Adénulfe, Adinulfe, Anulphe,
Ixvij, 7, 46, 5i.
Adénulfe f duc de Gaéte, comte
cTAquinOf 164?; Adénulfe,
Adinolfe, Aynolfe, 96, i53,
i65, 234.
Adénulfe, duc de Gaieté (moil-
lier de), a 3 4, v. Marie, du-
chesse de Gaéte,
Adinolfe, v. Adénulfe, duc de
Gaéte.
Adénulphe, abbé du Mont-Cas-
sin, xlvij ; Atenulfe, Athe-
nulfe, Enulphe, 7, 3i, ^4.
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-4;«nt' 5:::»:: . ci-€ju€ ic .Ykfc:-,
x:v. XV. \%i. \v:i, xvi i. lii.
.■siFFii ei'z'quc tt miim ^u Mer.:»
Cass:ri: Arrutus, Anut, vij,
\.:. il, X, xj, x::, xi:;, xiv.
XV :, xv::j. xxiii. xxiv, xxv,
xxv;. xxvii, xxxv. xxxvi. xxxix,
xl. xlii. xiv, xhi. xlvii, xlviii,
1. ]j, li-, liij. liv. Iv. Ivj, Ivii.
1. .il. iix. 1x. Ixj, l\i:. Ixii:, Ixiv,
Ixv, lxvi,lxvij, Ixvii), Ixix, Ixi,
Ixxj.
Aiméj du Mont'Cjssin (trjJuC'
îcurd\. ix, x, XXX, xxxj, xxxij,
xxxiij. xxxiv, xxxv, xxxvj,
xxxix, xIt. xlij. xlii). xliv, xlv,
xlvi, xlvii, xlvi:;. xl:x. 1, liv.
Aiméj €v. SOlcron, arch. de
BOi'dcjux, xj, xij. xiv.
AlbcrpJe. v. Alvcrada,
Albàric, mwinc, iS'j^; Albcrijo,
AlKT:-.jue. i??, iSo. lov.
Ali- al.i:, V. HaroLi, loi J\4m-
;:Uterre.
AÎJ-yr.L-, V. Afdouiu.
Altrr.ainçnc, v. Allehaghe.
Aitrinain^ne tuv 6'), 3oi, v.
Alexandre U ^pape^. xxiv;
Al:ii=Jrr, 205, ijS.
Alexam<ue, Alixandre, 149.
.4 Ujcis Comnène (empereur),
XXÏT, lîj.
Aifime arckevéqme de Salerne,
33ô« : Alfane, 336-
J/j-ihf-.Vj'mjA, 204 t ; Bdichaot,
Belrho. Belchoah, 204, si 3.
Alixandn:. 140, t- Ai-exandrie.
Alixandr: (pape), t. AUxoh
dre IL
AiLEKACNE, Alemeîngne, 57,91.
17'''. ^44-
.4 îlemands (/ef ), Thodeschi, Tho-
desquc, Todeschi. Todesque,
Toudeschi, 1 3 1 , 1 34, 1 5 1 , 143,
250. 281.
Alpes (les), li Alpe, 33, 244.
Alpine, v. Akpino.
Alverada, Ixix, 168 1 ; Adve-
rarde, Alberade, Alvenda, Al*
vcrarde, m, i54y 168.
.Alverarde, v. Alverada.
.Amafe, t. Amalfi.
Amalfe, v. Amalfi.
Amalfctain (li>, t. Amaljliamt.
Amalfi, xlvj > ; Amafe, Amalfe,
Amelfe, Malfe, Umalfe, xIyj,
Ixij, Ixvij, 49, 5 1, 58, 88,80,
12(1, i53, 1Ô2, 3i3, 3i7, 3i9i
321, 'SiS, 325, 32Ô, 329, 33o,
33i, 333.347, 348,351,333.
Amalhgiane (monasticr de li), v.
Amalfitahis.
Amalfitains (/ef), Ixij. Ixix»
36i
Amnlfetain, Amalfîtain, Amal-
fiten, Malfitain, 89, 127, 162,
3i3, 325, 326, 329.
A malfitains (monastère des)^
182 ' ; monastier de li Amalfi-
giane, 181.
Amalfitcn (li), v. Amalfitains.
Amatf V. Aimé du MonUCassin,
Amatus episcopus et Casinensis
monachuSt v. Aimé du Mont-
Cassin,
Ambroise (saint), archevêque de
Melan [Milan], 63.
Amelfe, v. Amalfi.
Ami, fils de Gauthier^ '97^;
Ami, fil de Galtier, Ami, iqy,
198, 199.
Amiternum, 241'; Amicerne,
Amiterne, 241, 307.
Ancône (marche d*), 3o2.
Anoria 160 ? ; André, Antri, 160,
265, 273.
Angélus de Nuce, abbé du Mont-
Cas sin, XX vj.
Anglais {l€s)j li Englez, 10.
Angleterre, xlj, Ij ; Engleterre,
3, 10.
Anglo-Saxons f xlj.
Antioche, Anlhioce, 320.
Antri, V. Andria,
Anulphe, arch., 7, v. Adénulfe,
arch, de Capoue,
Apice, 286 I ; Apice, Pice, 266,
28^).
Aquin, v. Aquino [ville d'),
Aquin (la conté d'), 173.
Aquin, contes de, 96, v. Adé-
nulfe, duc de Gaète et Landon,
comte d'Aquino.
Aquin (li conte de), 265, 266,
279, 293 ; V. Adénulfe, comte
d'Aquino.
Aquino (ville d*), Acquin, Aquin,
i53, 164, i65, 23i, 232, 233,
236, 239, 240, 245, 246, 247,
261, 262, 263, 264, 279, 280,
293, 294.
Arabe, v. Arabie.
Arabes (les), Arabi (li), 268.
Arabie, Arabe, 214.
Arbeo, v. Hervé,
Archifrède, 253.
Ardouin, xlvj, Iviij, Ixviij ; Al-
doyne, Arduine, Arduyn, Ar-
duyne, Erduyne, xlvij, 52, 63,
64, 65, 66, 68, 69, 83, 85.
Argence, v. Argiri:{:^0,
Argencie, v. Argiri:i;s[0.
Argenté (chastel de), 238.
Argentie, v. Argiri^s[0,
Argerico, v. Argiri\:^o,
Argira, 8 H [fils de Mélès] ;
Agyre, Argira, Argire, Argiro,
xlviij, 52, 80, 81, 95.
Argiritie, v. Argiri^jo.
Argiri:^:ço, 227 »; Argence, Ar-
gencie, Argentie, Argerico,
Argiritie, Argitie, Argitio, Ari-
gitie, 222, 223, 224, 225, 227.
Argiro, v. Argira,
Argitie, Argitio, v. Argiri^^o,
Argynese, prob. Frigcnto, 84.
Arigitie, V. Argiri^^o.
Arménie, Herménie, 16.
Arnolin, 85 ' ; Arnohne, 84.
Arpe, V. Arpino.
Arpino (pays d'),'i39 ?; Alpine,
Arpe, 139, 236.
B -- r»: Z-I' i-
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1, T.
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T. Ba
(-
;>i,'-*r,tr*" ut, 1 97 .
b<»:, ::, Ii:x, Ixz; Bar. I45, 104-
3«3
220, 221, 223, 224, 225, 227,
228, 23o, 275, 296.
Basile, abbé du Mont-Cassin^
45 I ; Basile, Basilie, 7, 43, 45,
55.
Basilie, v. Basile.
Bavière {abbaye de), Ixv.
Béatrix, veuve de Boniface,
margrave de Toscane, 281';
Béatrice, Beatrix, 266, 281.
Bsbie (mont de), v. Vésuve
{mont).
Belabarde, v. Abagélard.
Belabarde (frère de), 198.
Belcho, V. Ali'ibn-Nimah.
Belchoal, v. Ali-ibn-Nimah.
Belgrime, v. Piligrim, arch. de
Cologne,
B'jllaric (castel), Valaire, Valla-
rie, 266, 288.
Belvédère (castel de), 95.
Benafre, v. Venafro.
Benedictbeuren (abbaye), Ixiv.
Benedit (pape), v. Benoit IX.
BÉNÉVENT, lij; Bonivenc, Boni-
vent, xxxj, 33, 47, 52, 80, 104,
117, 118, 120, 123, i35, 190,
196, ,266, 277, 278, 283, 284,
3i5, 354.
Benoît (saint), xxxiv, Ixvlj; Saint
Benoît, Saint Benedit, 37, 98,
142, 164, 172,189, 262, 263,
293. 344, 357, 358.
Benoît (ordre de Saint), xxj, xxij,
Benoît IX (pape) ; Benedit
(pape), 33.
Bérard II, comte des Marses,
3o4 2 ; Bcrnardc (li fill de),
3ob, Bcrart (conte), 307.
Bérard j comte des Marses, fils
de Bérard II, 304 2, 3o6 » ;
Berart, Berarde, Bernart, 24 1 ,
242, 267, 304, 307, 3 1 0, 3 1 1 .
Berarde, fil de Âdain, 304.
Berarde, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard IL
Berart (conte), 307, v. Bérard II,
comte des Marses.
Berart, v. Bérard, comte des
Marses f fils de Bérard II.
Bernard, évêque, 182 » ; Bernart,
Bernât, 181.
Bernard, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard IL
Bernarde, 3 06, v. Bérard II,
comte des Marses,
Bernarde (li fill de), 3o6, v. Odc-
risius, Rainaldus et Bérard.
Bernart (evesque), v. Bernard.
Bernât (evesque), v. Bernard,
Besantic, v. Bi:;an^io {patrice).
Bethmann. xxxiv.
Bibio (mont), v. VÉsuve (mont).
Bisancie, Bisantic, v. Bi^çap^io
(patrice)
BisiGNANo, Visimane (cité), 109.
Bizantie, v. Bii^an^io (patrice).
Bi:^àn:çio (patrice), 222 • ; Bc-
santic, Bisancie, Bisantic, Bi-
zantie, Bysantic, 221, 222,
223.
Bysantic, v. Bi:{an:{io (patrice).
BoDFELD, i39 ? ; Ponte- Feltro,
139.
BoUandistes (les), xiv, xv, xvj,
xviij.
Boniface (marquis), c)i î ; Boni-
face (marchiz), 91.
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Cipil;l. ClÇUl!, T. CàPOCT.
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CidEUTï. sliii. Casene. «10.
(Iajtel-Vkcchzd. c34 ;
Vld. t3'J.
«7.i.sri?i-V.el, ▼. Cistil-Veccbb.
t!!lAsr2t:f:iuvjL!i!Ry ici =;
Joban. Chasct*I-J«faaiu
J jhan. rha«ti*f Saxat-Jefaait,
: .4, 3 [3. 114.
Catat¥. 204 f : CanxngDe, G^
Mume, ao3, aSi, ûo.
CjVJ JrckÎ9€3 Je Ll)^ XTl*.
Cec:Ie. Cedîle i;âaintev, 3 19.
C£VT09ai. 211 -fc; CaaturhCy an.
CcFEiTAyo. HT.
C»jr iJean'', xlviî ; Gewic, O-
sare, zWij, 6, iS, 16.
J65
Champaingne, v. Campanie.
Champollion-Figeac, vij, xiv,
xix, xxxij, xxxix, xl, xlij,xliv,
xlv, xlix, liv, Iv, Ivj, Ivij, lix.
Charlemagne, xxxv.
Charles II, roi de Naples, xlv.
Chastel-Jehan , Chastel-Johan ,
Chastel Saint-Jehan, v. Cas-
TROGIOVANNI.
Chieti, 3o2 2; Thctin (marche
de), 3o2.
Chrétiens, Chrestien, 5, 14.
CiDONIE, V. LaCEDONIA.
CiLENTO, 353 2; Cylliente, 353.
CiMiNo (mont), 282 I ; Cymine,
Cymino, 266, 282.
CiviTATE, Ix, Ixix ; la Cité, 84,
i32, i33, 134.
Clément II (pape)^ Ixviij, 1 14,
1 15.
Coloingne (arche vcsque de), 33,
V. Piligrim.
CoMiNO (pays de\ 39 ' ; Comune
(la terre laquelle se clame lo),
38.
Conrad {empereur), Ixvij, Cor-
rade, Corrat, 5i, 55, 57.
CoRATO, 272 ' ; Quarate, 272,
273.
Corrade, v. Conrad.
Corrat, io5.
Corrat, v. Conrad.
Costentin, fiU de Tuisco, 88, 89.
CONSTANTINOPLE, xlvîj, Ixvij ;
Costentinnoble, Costcntinoble
Costcntinople, xlviij, 5, 7, i3,
i3, 16, 24, 34, 35, 5i, 60, 61,
G4, 95, 149, 179, 181, 197,
198, 199, 222, 35 1.
Conturbe, v. Centorbi.
Costentinoble (empeor de), 34 ;
[prob, Romain Argyre],
Costentinoble (empereour), 5i,
259 [MichellV],
Costentinoble (impeor de), 35 1
[Constantin Ducas ou Romain
Diogène.]
Costentinoble (impereor de), 266
[Michel VII].
Costentinoble (impiere de), 197,
297.
Costentinoble (emperatrix de),
60 [Zoé].
Costentinople (impereor de), 198
[prob, Constantin Ducas],
Cydonie, v. Lacedonia.
Cylliente, v. Cilento.
Cymine, Cymino, v. Cimino.
Cyrus, roi de Perse, Cyre, roy
de Persie, i, 2.
Cysterne, v. Torrb della Cis-
TERNA.
D
Damase II, pape [aup. év. de
Brixen], 1 1 5 i ; Damasco, Da-
mase. Damasse, 104, 114.
Datto, 34 > [beau-frère de Mélès];
Dato, 34.
David (prophète), 124.
Demede, 257.
Didier, abbé du Mont-Cassin,
viij, ix,x, xj, xxiij, xxiv, xxxvj,
xxxix, Ixx;. Desidere (abbé,
frère, missire), xxxv, i, 143,
144, 145, 146, i5i, 172, 177,
191, 262, 263, 266, 276, 285
366
286, 3oi, 333, 335, 357.
Di Afeo, XV j, Ixviij.
Dukcianos (xMichel), 63 a ; Due-
liane , Ducliinc , Dulcanie ,
Dycclicicn, Dyocliciv.'n, 52, 64,
70, 75, 76.
DrogOj comte de Fouille , Iviij,
Ixviij, 52 ',902; Drago, Dro-
go, Drugone, 52, 53, 59, 84,
90,91, 92, 95, 98, loi, io3,
* 104, io5, III, 112, ii3, 117,
118, 119, 120, 121, 122, 123,
i3i.
Dro/î^o (frcrc de), 122, v.//«m-
froy,
Drugone, v. DrogOy comte de
Pouille,
Duchesne, xxviij, xxix.
Dudiane, Duolianc, Dulcanie, v.
Dokeiattos,
DuRAZZo, Duracc, 198.
Dycclicijn, Dyoclicien, v. Dokeia-
tios.
Engelscalc, abbé de Benedict-
beuretif Ixiv.
Engleterre, v. Angleterre.
Engleterre (roy d'), 5, 10 [Ha-
rold].
Engleterre (roy d*), 343 [Guil-
laume le Conquérant].
Englez (li), v. Anglais.
Enulfe, V. Adénulfe, abbé du
Mont-Cassin.
Erduyne, v. Ardouin.
ESGLAVONMIE, I4.
Espagne, xj, Ij; Espaingne, 5,
12, i3, 216.
Estitanse, v. Eichstatt.
Etienne [neveu de Mêlés] ; Sté-
phane, 39; 40.
Etienne IX (pape), zxxv.
Etna, 212 ^ Mont de Gilbert,
212.
Eutrope, Eutroppe^ xxxj, xxxiij,
XXXV j, xlv, xlvj, zUx.
E
Eberhard, comte de Nellem-
bourg, 299 } ; HcrcnarJc, 299.
Edouard le Confes.^eur, roi
d\i nglctcrrc, 104; Adeguardc,
10. • •
KicnsTATT (cvcquc d'), i3q2;
Ksliiansc (cv. de), 1 39, v. Vic-
tor H.
ElJjpranJc, 7, 4?. v. Hilde^
trjtiJ, arch, de Capouc
ICUl prandc, 191, v. Uildebrand^
plus tard Grégoire VIL
Emmelli:sio, 21 3.
Facose-lc-Nove, v. Paccosa-
NUOVA.
Falgutce, 269.
Falsc, V. Frazzano,
Federic (cancclier), v. Frédéric
de Lorraine.
Federic (empereor), I23.
FiRMo {Marche de), 124'! ^
Marche, lix, 124.
Français {les), Françoiz, Fran-
çois, 1 1 , 34.
France, xj, 9, i23.
France (roy de), ia3; [Henri
3^7
France (roy de), 343 [Philippe
François, v. Français.
François de Ponte ^ prêtre de
Nusco, XV, xvj.
Françoiz, v. Français.
Frazzano, 212 2; Falsc, 212.
FréJéric de Lorraine [ensuite
pape sous le nom d'Etienne iX,
Ixj, Ixiv, 121 '; Federic (can-
celier), 120, 124.
Gaete, Gaieté, Gaite, Gayete,
Gayte, lix, 48, 86, 124, 325.
GaétainSy Gaytein (li), 3i3.
Gaieté, v. Gaete.
Gaiête (duc de), 173. v. Guil-
laume de Montreuil.
Gaimare, 86, v. Guaimar IV,
pr. de Salerne.
Gaite, v. Gaete.
Gallinare, v. Garigliano.
Gallinare (château de), Ixvj,
39.
Gallinaire, v. Garigliano.
Gamerie, 54, v. Guaimar IV,
pr. de Salerne.
Garigiane, v. Garigliano.
Garigliano, 236 ' ; Gallinaire,
Gallinare , Garigiane , 236 ,
279.
Gariglione (tour de;, 34 ' ; Ga-
rilgiane (tor de), 34.
Garilgione, 296 î ; Garilgione,
Garilione, Glaile, 266, 295,
296, 297.
Gattola, X.
Gauthier \fils d'Amicus, comte
de Civitate], Ixviij, 269 » ;
Gautier, Pierre de Gautier,
81,84.
Gayete, v. Gaete.
Gayfere, 187 ' ; Gayfere, Gual-
fere, Guayfere, Guayfrerie,
i55, 186, 190.
Gaymare, io3, v. Guaimar IV,
pr, de Salerne.
Gay marie, 41, v. Guaimar III ^
pr, de Salerne.
Gaymere, 352,v. Guaimar^ frère
de Gisulfe,
Gaymere, 59,61, io3, 106, 117,
253, 33 1, V. Guaimar IV^pr.
de Salerne.
Gaystein, v. Gaétains.
Gayte, v. Gaete.
Gaza, 184.
Gazoline de la Blace, v. Gocelin.
Gebhart ev. d'Eichstatt [pape
sous le nom de Victor II],
1 39 2 ; Geobarde, 1 39.
Geffroy [frère de Humfroy^
comte de Pouille], Gofrede,
i36.
Gênes, 3 i 3 i ; Janue, 3 1 3.
Génois {les), Genevoiz, 324.
Genzano de Pouillk, 99 • ; Jé-
zane, 99.
Geobarde, v. Gebhart, év.
d'Eichstatt.
Geoffroi Ridelle [duc de Gaéte,
seigneur de Ponte Corvo],
20 5 » ; Goffre, Goffre Ridelle
ou Rindielle, GofFrede Ridelle,
Goffroy Rindielle, Gofre, 193,
2o5, 206, 2io, 2i8, 265, 272,
293, 294.
358
la ducesse, laquelle avieingne que lui fust parente, toutes
lui paroît corne fille. Cestui avoient eslit pour lor père et
pDur garde et salut de lor animes, et s^il estoit aucun jor
que lo abbé non fust aie a la cort, lo mandoient querant
par letre ou par message. Et quant il venoit lui donnoient
diverses coses, et a Tonor de TEglize li donnoient divers
pailles, et li mandoient diverses pièces de or et de argent,
et pour lo vestement de li frère et pour lo mengier, man-
doit chascun jor besant molt et tarin, et en la soliempnel
feste honoroit lo refector de vaissel d^or et d^argent. Et li
mul et o li Sarrazin serve sien tout li monastier enric-
chisoit, et a dire la vérité, pour lo bénéfice de cestui tout
lo monastier estoit enluminé. A ces .ij. seignors Dieu,
loquel est perc et remunerator de tout bien, pour la m^
rite de saint Benedit, lor en rende mérite en vie eterne.
Amen,
TABLE DES NOMS
Abagélard (Jils de Humfroy,
comte de Pouillé), i57 2 ;
Baialardc, Baiarladc, Bala-
larde, Balalart, Balarde, Bela-
barde, 197, ig8, 199, 266,
286, 287, 288, 289, 290, 292,
2g5, 296, 297, 3o5, 3i5, 326,
355.
Acate-Pain, v. Avartutele (ca-
talan).
Accate-Pain, v. Avartutele (ca-
tapan),
Acchilcs, V. Achilles.
Acco, V. Actus.
AcERRA, 285 2 ; La Cerre, 85,
266, 285, 286.
Achate-Pain, v. Avartutele (ca-
tapan),
Achilles, Acchilles, 93.
Acquin, v. Aq.uino {ville d*).
Actus ^ évêquc des Marses,
242 ', Acco, 242.
Adalbert {arclievéque)j liij.
Adam de Brème, liij.
Adcguardc, v. Edouard le Con-
fesseur.
Adelperga, duch. de Bénévent,
xxxij.
Adémar de Chabanais, Ixxj.
Adenolfe, 262.
Adenolfe, v. Adénulfe, comte
d*Aquino.
Adénulfe, conte de Aquin [comte
d*Aquino]; Adenolfe, 23 1,
234, 236, 238,239, 240, 245,
261, 263, 279, 293, 295.
Adénulfe de Bénévent, Adinulfe,
Athenulfe, Athenulfo, Ixviij,
52, 74, 80.
Adénulfe j arch, de Capoue, 46 « ;
Adénulfe, Adinulfe, Anulphe,
Ixvij, 7, 46, 5i.
Adénulfe, duc de Gaéte, comte
d'AquinOf 1641 ; Adénulfe ,
Adinolfe, Aynolfe, 96, i53,
i65, 234.
Adénulfe, duc de Gaieté (moil-
lier de), 234, v. Marie, du-
chesse de Gaéte.
Adinolfe, v. Adénulfe, duc de
Gaéte.
Adénulphe, abbé du Mont-Cas-
sin, xlvij ; Atenulfe, Athe-
nulfe, Enulphe, 7, 3i, ^4.
;6o
A.iinuUc. -4, v. AJênuIfc Je
Bcnci'cnt.
A .i i n u 1 ff . 4 ' ■ . \. A Jcnu Ife . J rch .
Je Cjfcuc.
A.ÎLV.Îdf, V. //j'ii.'i, rùi J'An-
^ h- terre.
Avivcr.irde. v. AlrcraJa,
A diverse, v. Averse.
A: KIDE, p. 75.
Axfric.-", 214, V. Ai-Riv«ii'E.
AKRitiVE, AiTrica, 214.
. l i^ncs i^impcrjtrîcc) , i> 2 2 : ;
Agnes, imperatrix. ?22.
Aore, V. Argi,\2,
Aime ^sjiiit»^ cvêquc Je .Viijco,
xiv, XV. wj, xvij. xvi j. xix.
.l/mi' êvèque it moineau Mont'
Cassin : Amatus, Amat, vij,
vii-, ix, X, xj, xij, xiij, xiv,
x\j, xviij, xxiij, xxiv, xxv,
xxvj. xxvij. XXXV, xxxvj. xxxix,
xl, xlij. xiv, xhj, xlvij, xlviij,
1. Ij, lij, liij, liv. Iv, Ivj, Ivii,
Iviij, lix, Ix. Ixi, Ixij, IxÎTJ, Ixiv,
Ixv, Ixvj.lwij, Ixviij, Ixix, Ixx,
Ixxj.
Aimé, du Mont'Cjssin [traduc-
teurJ'i. ix, x, xxx, xxxj, xxxij,
xxxiij, xxxiv, xxxv, xxxvj,
xxxix, xlj, xlij, xliij« xliv, xiv,
xlvj, xlvij, xl\ jij, xlix, 1, liv.
AimCf cv. SOlcron, arch. de
Bordeaux, xj, xij, xjv.
Albcrade, v. Alverada,
Albàric,mf/inc, iS<)2; Alberico,
AlKTi.]uc. i35, 180, ny.).
AKliaKl-j, v. llarolJ, roi J'Au'
^Ictcrre.
AldMvr.;', V. Auiouiu.
Alcmaingnc, v. Allemagne.
Alemaingne (ruy d*), 3oi, v.
Henri I\\
Alexandre // {pape), zxiv;
AlixanJrc, 263, 276.
Alexandrie, Alixandrc, 14g.
.4 Uxis Comnène (empereur),
xxiv, lij.
Alfane {archevêque de Saleme,
':y36f; Alfane, 336.
Ali~ibn-\imah, 204 1 ; Bdlchaot,
Bclcho, Belchoah, 204,213.
Alixandre, 149, v. Alexandrie.
Alîxandre (pape), v. Alexcat-
dre IL
Allemagne, Alemeingne, 57.9(1
176, 244.
.4 llemands {les\ Thodeschi. Tbo-
dcsquc, Todeschi, Todesque,
Toudeschif 1 3 1 , 1 34, 1 5 1 , 243,
25o. 281.
Alpes (les), li Alpe, 33, 244.
Alpine, v. Arfino.
Alverada, Ixix, 168 ■ ; Adve-
rardc, Alberade, Alveiada, Al-
vcrarde, m, i54y i68.
Alvcrardc, y.Alverada,
Amafe, t. Amalpi.
Amalfe, v. Ahalfi.
Amalfctain (li), t. Amaljlîaim»
Amalfi, xlvj I ; Amafe, Amalfe,
Amclfc, Malfe, Umalfe, xlvj,
Ixij, Ixvij, 49, 5i, 58, 88, 89,
i2h, i33, 162, 3i3, 317,319,
321, 3x3, 323, 3a6, 329, 33o,
:>3i, 333,347, 348,351,353.
Anialtigiane (monasticr de li), v.
Amalfitains,
Amalfitains (/ef), Ixij. Iziz*
36i
Amalfetain, Amalfitain, Âmal-
fiten, Malfitain, 89, 127, 162,
3i3, 325, 326, 32g.
A malfitains {monastère des),
182 ' ; monastier de li Amalfi-
giane, 181.
Amalfiten (li), v. Amalfitains,
Amat, V. Aimé du Mont-Cassin.
Amatus episcopus et Casinensis
monachuSt v. Aimé du Mont-
Cassin.
Ambroise (saint), archevêque de
Melan [Milan], 63.
Amelfe, v. Amalfi.
Ami j fils de Gauthier, 1974;
Ami, fil de Galtier, Ami, 197,
198, 199.
Amiternum, 241 '; Amicerne,
Amiterne, 241, 307.
Ancône (marche d'), 3o2.
Andria 160 î ; Andrc, Antri, 160,
265, 273.
Angélus de Nuce, abbé du Mont-
Cassin, xxvj.
Anglais {les), li Englcz, 10.
Angleterre, xlj, Ij ; Engleterre,
5, 10.
Anglo-Saxons, xlj.
Antioche, Anlhioce, 3 20.
Antri, V. Andria,
Anulphe, arch., 7, v. Adénulfe,
arch, de Capoue.
Apice, 286 ' ; Apice, Pice, 266,
286.
Aquin, v. Aq.uino {ville d^),
Aquin (la conte d'), 173.
Aquin, cuntes de, cj6, v. Adé-
nulfe, duc de Gaete et Landon,
comte d'Aquino.
Aquin (li conte de), 205, 266,
279, 293 ; V. Adénulfe, comte
d'Aquino.
A(iUiNO (ville d'), Acquin, Aquin,
i53, 164, i65, 23i, 232, 233,
236, 239, 240, 245, 246, 247,
261, 262, 263, 264, 279, 280,
293, 294.
Arabe, v. Arabie.
Arabes {les), Arabi (li), 268.
Arabie, Arabe, 214.
Arbeo, v. Hervé,
Archifrède, 253.
Ardouin, xlvj, Iviij, Ixviij ; Al-
doyne, Arduine, Arduyn, Ar-
duyne, Erduyne, xlvij, 52, 63,
64, 65, 66, 68, 69, 83, 85.
Argence, v. Argiri^^o.
Argencie, v. Argiri^^o.
Argenté (chastel de), 238.
Argentie, v. Argiris^^o.
Argerico, v. Argiri^^o.
Argira, 8n [fils de Mélès] ;
Agyre, Argira, Argire, Argiro,
xlviij, 52, 80, 81, 95.
Argiritie, v. Argiri^^o,
Argiri:ç^o, 227 « ; Argence, Ar-
gencie, Argentie, Argerico,
Argiritie, Argitie, Argitio, Ari-
gitie, 222, 223,224,225, 227.
Argiro, v. Argira.
Argitie, Argitio, v. Argirij^^o,
Argynese, prob. Frigento, 84.
Arigitie, V. Argiri:[^o.
Arménie, Herménie, 16.
Arnolin, 85 ' ; Arnoline, 84.
Arpe, V. Arpino.
Arpino (pays d'),'i39 î; Alpine,
Arpe, 139, 236.
362
Asrou, 83 ' ; Ascle, 70, 84.
Ascictinc, V. Asclitine cTAce-
AsJicicn, v. Asclitinr d'Aversa.
Asclitine, comte d'Acercn^a,
|)8 î ; Ascletinc, Asclitine, 84,
«)S.
A ^clitine, comte dWversa» 87 ' ;
Asclicicn, Asclitine, Asclitune,
Asclitunic, 52. 87, 88, 09.
Ascliiiinc, Asclitunic, v. Ascii'
tine if A versa,
Asi'Iipimc (frcrcilo (lilbcrt Bua-
icrc), 2'.^.
Atcnulfo, 7, V. Adêuuïfe, abbé
du Mimt-Ciissin.
AiluMiullo [jeune homme de Ca-
p<nie|, 174.
Aihenulfe, bi, v. Adénulfe de
lM'nê\*ent .
Athcnulfe, l^i . v. Adénulfe, abbé
du Mont Cdssin,
AthcnuHo, 80, V. Adénulfe de
liénén'nt.
Attone, .^ot) « , Attone, 3oS,
Auguste (cité de), 24!^
Auntini* (chastel), l^io.
Auxencie [jeune homme de Ca-
p»»ue;, 174.
Ji'jrf.v (les), H A v:\re, xxxiv,
Avjrtutcie (c\7M;\iii), 222 ' ;
Acate - Pain , A ce. le - Pain ,
Al li.uc-l*ain, Avartuicle Acha-
K--I^iiri, 2i.î, .î2.<, 224.
A\i:ks.\, Ixvij. Ixviij ; Adverse,
A\crse, 7, jS, ?2, ^7, <n,6S,
■S>, S7, <)l. 1)2, «).S, 2>n3.
A \ erse (v.(»nte de), 8!^ v. Rai-
nulfe, comte d'Aversa.
Averse (conte de), 100, v. Rai'
nulfe Trincanocte.
Averse (evesque de), 356.
Aynolfe (duc), v. Adénulfe^ duc
de Gaète,
.4^0, évêque de Caserte, xUij,
xliv.
Azo (marchio), v. A^^a,
Ajja (marquis)t 3i5 1 ; Azo,
3i5, 356.
Babipga (église de), v. Bahbeic.
Baialarde, v. Abagélard,
Baialardc (la fille), 3i5.
Baiarladc, v. Abagélard,
Baist, Iv.
Baialardc, Balalart, v. Abagé*
lard,
Balamente, 25o.
Balarde, v. Abagélard.
Balchaot, v. Ali-ibH'Nimah.
Balu:^e, xj, xij, xîv.
Balva, 3074 ; Balvenise, Val-
bine, 124, 307.
Balvenise, v. Balva. •■
Banherg {cathédrale de)^ 3a * ;
église de Babipga, 3a.
Barbastairc, Barbastie, v. Bak-
IIASTRO.
Bardastro i3f; Barbastairc,
Barbastic, 5, la.
Barbottc, v. Guillaume Bar-
bote.
Bar, v. Bari.
Bar-cntrcbut, 197.
Bari, Ij, Ixix, Ixx; Bar, 145, 194*
3«î
220, 221, 223, 224, 225, 227,
228, 23o, 275, 296.
Basile, abbé du Mont-Cassin,
45 « ; Basile, Basllie, 7, 43, ^5,
55.
Basilie, v. Basile.
Bavière {abbaye de)^ Ixv.
BéatriXy veuve de Boniface,
margrave de Toscane^ 281 ' ;
Béatrice, Beatrix, 266, 281.
Bebie (mont de), v. Vésuve
{mont),
Belabarde, v. Abagélard.
Belabarde (frère de), 198.
Belcho, V. AU'ibn-Nimah,
Belchoal, v. Ali-ibn-Nimah.
Belgrime, v. Piligrim, arch. de
Cologne,
B-jUarie (castel), Valaire, Valla-
rie, 266, 288.
Belvédère (castel de), 95.
Benafre, v. Venafro.
Benedictbeuren (abbaye), Ixiv.
Benedit (pape), v. Benoit IX.
BÉNÉVENT, lij ; Bonivenc, Boni-
vent, xxxj, 33, 47, 52, 80, 104,
117, 118, 120, 123, i35, 190,
196, ,266, 277, 278, 283, 284,
3i5, 354.
Benoit (saint)y xxxiv, Ixvij; Saint
Benoît, Saint Benedit, 37, 98,
142, 164, 172,189, 262, 263,
293, 344, 357, 358.
Benoît (ordre de Saint), xxj, xxij,
Benoît IX (pape); Benedit
(pape), 33.
Bérard II, comte des Marses^
3o4 2 ; Bernarde (li fill de),
3ob, Bcrart (conte), 307.
Bérard, comte des Marses, fils
de Bérard II, 304 2, 3o6 » ;
Berart, Berarde, Bernart, 24 1 ,
242, 267, 304, 307, 3 10, 3 1 1.
Berarde, fil de Adain, 304.
Berarde, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard II.
Berart (conte)^ 307, v. Bérard 11^
comte des Marses.
Berart, v. Bérard, comte des
Marses 1 fils de Bérard II.
Bernard, évêque, 182 » ; Bernart,
Bernât, 181.
Bernard, v. Bérard, comte des
Marses f fils de Bérard IL
Bernarde, 3o6, v. Bérard II,
comte des Marses,
Bernarde (li fill de), 3o6, v. Ode-
risius, Rainaldus et Bérard,
Bernart (evesque), v. Bernard.
Bernât (evesque), v. Bernard.
Besantie, v. Bi^an:çio [patrice).
Bethmann. xxxiv.
Bibio (mont), v. Vésuve {mont).
Bisancic, Bisantic, v. Bi\aji\io
(patrice)
BisiGNANo, Visimane (cité), 1 09.
Bizantie, v. Bi:çan:çio (patrice).
Bi:^àn:çio [patrice), 222 » ; Be-
santie, Bisancie, Bisantie, Bi-
zantie, Bysantie, 221, 222,
223.
Bysantie, v. Bif^n^f/o (patrice).
BoDFELD, i39 ? ; Ponte- Feltro,
139.
Bollandistes (les), xiv, xv, xvj,
xviij.
Boni/ace (marquis), c)i î ; Boni-
face (marchiz), 91.
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^-iliVr.'t. ■. . CaIazzo.
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f-« »«*->>:f.. î:. 1t::'. !xx : Cam-
ynvr.':-. ^-T:pa:ni:rî.-, Cha-n-
j^î.'j:::.-, 17::. 17^, 237, 241,
ï.p, i'ii, :m4, ::40. 3rô.
^>ii.;:;:, v. Ca.nosa di Puolia.
■lann;.. i"j. 3~f. t. Camom zm
1— r-.
1..KKI2 èr . Canny. ^
l/.K-n&« u: P:iaL2Ay27C>= : Caniz'.
lann:.. s~:.. 2-}. 27?.
Ixanrîlii iranx£i. '.stnam. àomaé
c Guamuir Jl'.. 02.
I.ij>;i:x. ii;. Irx'i;. Icx; C^n?.
Cbpik^ :^ 04. 2y. 55, 4:, 47,
f— . :i:.. pL. L»r. :ci5, 3Cj5, 106.
"•- ■"■ ^•'« l*"" ^ ôt 1 ■■»
:-i. :-f . :-f., Xâo, 243. 24S.
2:" : . 2'lt. 271- . 27S- 27a. 287,
rri. 555,
Ccpaau a-rchtpêqae àe\ zsâ.
Crrur- Caru^. t. CArorc
L LXpctac,. 42.
■■y
00.
C^onr.. iliii.
•Iasxù-3cib£a. t,
Cajtel- VrjrHios, i5S '; Cutd-
Vit!. i5S.
Casid-V.d. T. CAsnL-VBOCHio.
CASTKOiioTAsna, 2i3s; Castd-
Joban, ChasxdOdun, Qustri-
Jc'han. Oustd Saint-Jdiaii,
2:^ 2i3, 214-
C&TATz, 204 1 ; CaningnCy G^
tainse. 2o3, 232, 230.
C AT AVE «évé^ue de^. Irii, Inii.
Cjva archives de la), xt).
Cécile, Cecille (Sainte), 3 29.
Cevtorbi, 2 1 2 4 ; Conturbe, 212.
CcPEKaNO. XX t.
Cés^r (Jean), xItîj ; Cesiire, Ce-
sare,xlvij, 6, i5, 16.
3^5
Champaingne, v. Campanie.
Champollion-Figeac, vij, xiv,
xix, xxxij, xxxix, xl, xlij, xliv,
xlv, xlix, liv, Iv, Ivj, Ivij, lix.
Charîemagne, xxxv.
Charles //, roi de Naples, xlv.
Chastel-Jehan , Chastel-Johan ,
Chastel Saint-Jehan, v. Cas-
TROGIOVANNI.
Chieti, 3o2 2; Thetin (marche
de), 3o2.
Chrétiens, Chrestien, 5, 14.
CiDONIE, V. LaCEDONIA.
CiLENTo, 353 2; Cylhente, 353.
CiMiNO (mont), 282 « ; Cymine,
Cymino, 266, 282.
CiviTATE, Ix, Ixix ; la Cité, 84,
i32, i33, 134.
Clément II {pape)^ Ixviij, 114,
1 15.
Coloingne (arche vesque de), 33,
V. Piligrim,
CoMiNo (pays de), 39 ' ; Comune
(la terre laquelle se clame lo),
38.
Conrad (empereur), Ixvij, Cor-
rade, Corrat, 5i, 55, 5j,
CoRATO, 272 ' ; Quarate, 272,
273.
Corrade, v. Conrad.
Corrat, io5.
Corrat, v. Conrad.
Costeniin, fill de Tuisco, 88, 89.
CONSTANTINOPLE, xlvîj, Ixvij ;
Costentinnoble, Costcnlinoble
Costentinople, xlviij, 5, 7, i3,
i3, 16, 24, 34, 35, 5i, 60, 61,
G4, 95, 149, 179, 181, 197,
198, ic*(j, 222, 35i.
Conturbe, v. Centorbi.
Costentinoble (empeor de), 34 ;
[prob, Romain Argyre],
Costentinoble (empereour), 5i,
25g [MichellV],
Costentinoble (impeor de), 35 1
[Constantin Ducas ou Romain
Diogène.]
Costentinoble (impereor de), 266
[Michel Vil].
Costentinoble (impiere de), 197,
297.
Costentinoble (emperatrix de),
60 [Zoé],
Costentinople (impereor de), 198
[prob. Constantin Ducas],
Cydonie, v. Lacedonia.
Cyllîente, v. Cilento.
Cymine, Cymino, v. Cimino.
Cyrus, roi de Perse, Cyre, roy
de Persie, 1,2.
Cysterne, v. Torre della Cis-
TERNA.
D
Damase II, pape [aup. év. de
Brixen], 1 1 5 i ; Damasco, Da-
mase, Damasse, 104, 114.
Datto, 34 » [beau-frère de Mélès] ;
Dato, 34.
David (prophète), 124.
Demede, 257.
Didier, abbé du Mont-Cassin,
viij, ix,x, xj, xxiij, xxiv, xxxvj,
xxxix, Ixx;. Desidere (abbé,
frère, missire), xxxv, i, 143,
144, 145, 146, i5i, 172, 177,
191, 262, 263, 266, 276, 285
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5^7
France (roy de), 343 [Philippe
François, v. Français.
François de Ponte, prêtre de
Nu SCO, XV, xvj.
Françoiz, v. Français.
Frazzano, 212 2; Falsc, 212.
Frédéric de Lorraine [ensuite
pape sous le nom d'Etienne IX,
Ixj, Ixiv, 1 2 1 I ; Federic (can-
celier), 120, 124.
Gaete, Gaieté, Gaitc, Gayete,
Gayte, lix, 48, 86, 124, 32 5.
GaétainSf Gaytein (li), 3i3.
Gaieté, v. Gaete.
Gaiéte (duc de), 173. v. Guil-
laume de Montreuil.
Gaimare, 86, v. Guaimar IV,
pr. de Salerne.
Gaite, v. Gaete.
Gallinare, v. Garigliano.
Gallinare (château de), Ixvj,
39.
Gallinaire, v. Garigliano.
Gamerie, 54, v. Guaimar IV,
pr. de Salerne.
Garigianc, v. Garigliano.
Garigliano, 236 > ; Gallinaire,
Gallinare , Garigiane , 236 ,
279.
Gariglione (tour de), 34 ' ; Ga-
rilgiane (tor de), 34.
Garilgione, 296 î ; Garilgione,
Garilione, Glaile, 266, 295,
296, 297.
Gattola, X.
Gauthier [fils d'Amicus, comte
de Civitate], Ixviij, 269 » ;
Gautier, Pierre de Gautier,
81, 84.
Gayete, v. Gaete.
Gayfere, 187 ' ; Gayfere, Gual-
fere, Guayfere, Guayfrerie,
i55, 186, 190.
Gaymare. io3, v. Guaimar IV,
pr. de Salerne.
Gay marie, 41, v. Guaimar III,
pr. de Salerne.
Gaymere, 352,v. Guaimar, frère
de Gisulfe.
Gaymere, 59,61, io3, 106, 117,
253, 33i, V. Guaimar IV, pr.
de Salerne.
Gaystein, v. Gaétains.
Gayte, v. Gabte.
Gaza, 184.
Gazoline de la Blace, v. Gocelin,
Gebhart ev. d'Eichstatt [pape
sous le nom de Victor II],
1 39 2 ; Geobarde, i Sg.
Geffroy [frère de Humfroy,
comte de Pouille], Gofrede,
i36.
Gênes, 3 i 3 ' ; Janue, 3 1 3.
Génois {les), Genevoiz, 324.
Genzano de Pouille, 99 ' ; Jé-
zane, 99.
Geobarde, v. Gebhart, év.
d'Eichstatt.
Geoffroi Ridelle [duc de Gaéte,
seigneur de Ponte Corvo],
2o5 I ; Goffre. Goffre Ridelle
ou Rindielle, GofFrede Ridelle,
Goffroy Rindielle, Gofre, 193,
2o5, 206, 210, 2i8, 265, 272,
293, 294.
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f^^'2 '^jtsc, Grsz. Gdécccs {II . xHi.
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rir»; Grfçicns. 3i3, 5i3. 332.
G'^^.îri^ êrt^mt de Vercdli,
iy-* : Grwidrs eresque
;:-.:;... G--..y:: :f. GrsT. ôres. Gr^z^cs (fij. t.
::- 0 :i -. »^-... -.. : >-. G-t«*;j.'./. j»'J*. J* SjUrme.
:.-..:.. 1 i : . G.nï lolie. Grimilie.
#
_ ; O : :/ - r - -• - .• J L *-. -- G ^.-r-i.r =. f S. v. GuMmar /!'.
--.-.. Gi J : «r jr y^ir* Je Ciemife.
♦..•.-■;:' :;!i .- r ' : .i... •. . 0 j^tt.^tiî. Gu:in€re,33i, 53i,
' j ,'■ .'.:,. -. . G rj*^ ; ■.- /'î »-c GuJi iiu •• ///, frimce Je Saierme
369
19'; Gaymarie, Guaimarie,
Guaymarie, Guaymario, 1 9,
33, 41, 5i, 54.
Guaimar IV, prince de Salerne,
542, xliij, Ix, Ixvij, Ixix; Gai-
mare, Gameric, Gaymare, Gay-
mere, Guaimaire, Guaimcre,
Guamarie, Guamerie, Guay-
maire, Guaymarie, Guayme,
Guaymere, Guaymerie, Guya-
mere, Guy marie, Guymere,
Gyamario, 5i, 52, 53, 54, 55,
57,58, 59, 61,62, 82,83, 85,
86, 87, 88, 90, 9 1, 92, 94, 95,
96, io3, 104, io5, 106, 107,
ii3, 116, 117, 119, 123, 125,
126, 127, 128, i3o, i3i, i38,
168, 184., 253, 317, 33i.
Guaimarie, 19, v. Guaimar III,
Guaimere, 55, 57, 59, 96, v.
Guaimar IV.
Gualfere, v. Gayfere,
Guamarie, 55 ; Guamerie, 54,
V. Guaimar IV,
Guanerius suevus, Ixix.
Guarain, 77.
Guarani, 78.
Guayferc, v. Gayjere,
Guayfrerie, v. Gayfere.
Guaymaire, 5i, 52, 54, 61, 62,
82, 85, 86, 87, 90, 95, 116,
i38, V. Guaimar IV,
Guaymarie, 33, 41, 54, v. Guai-
mar m,
Guaymarie, 184.
Guaymario, 5i, v. Guaimar III.
Guayme, 94; Guaymere, 55, 57,
90, 91, 92, 95, 96, io3, 104,
io5, 106, ii3, 117, 119, 123,
125, 126, 127, 128, i3o, i3i,
184, V. Guaimar IV,
Guaymere, 352, 353, v. Guai-
mar, frère de Gisulfe.
Guaymerie, 58, v. Guaimar IV.
Gui ou Gui do [oncle de Gisulfe,
pr. de Salerne], Ixvij, Ixix,
1842, Guide, 58, 83, 127,
128, 129, i3o, i36, i37, i54,
157, 170, 184, i85.
Gui de Salerne [frère de Gi-
sulfe, pr. de Salerne], 256 ' ;
Guide, 265, 272, 33 1, 332.
Guide, 58, 83, 127, 128, 129,
i3o, i36, 137, 154, 157, 170,
184, i85, V. Gui (oncle de Gi-
sulfe).
Guide, 265, 272, 33 1, 332, v.
Gui de Salerne {frère de Gi-
sulfe).
Guiliame (conte), 5 [Guillaume
le Conquérant],
Guillalme, 2 38, v. Guillaume de
Montreuil,
Guiliame, i59, v. Guillaume de
Hauteville,
Guillaume {comte), 261 i ; Guil-
lerme (conte), 261.
Guillaume Barbote, Guillerme
Barbote, Barbotte, 95.
Guillaume Bellabocca , comte
d'Aversa, Ixviij.
Guillaume Bras-de-Fer, comte
de Fouille, Iviij, Ixviij ; Guil-
lerme, 5i, 52, 59, 82, 83, 84,
90.
Guillaume le Conquérant, xlj ;
Guiliame (conte), Guillerme,
5, 10.
24
370
Guillaume de Hauteville, iCô^;
Guillame , Guillcrmc , 1 36 ,
l'Sy, i38, i54, iDtj, 162, 166,
1Ô8, 170, 171.
Guillaume de Jumiègcs^ Ixxj.
Guillaume de Maie, Guillcrme
de Mr.le, 2 1 8.
Guillaume de Montreuil, ly'S^;
Guillalme , Guillerme , Guil-
lermc Moscarolle» Guillerme...
MostrarolCy 173, 33 1, 232,
234, 235, 236, 237, 238, 23q,
240, 241, 242,245, 246,247,
248, 261, 263.
Guillaume, (év. de Nusco), xvj.
Guillaume de Fouille , Ivj, lix,
Ix, Ixj, Ixij, Ixiij, Ixxj.
Guillaume RépostellCf 23 > ; Guil-
lerme, 6, 21, 22, 23.
Guillerme, 2g3, 295.
Guillcrme, Guillerme, filz de
Tancrède, 5i, 52, Sq, 82, 83,
84, 90, V. Guillaume'BraS'de-
Fer.
Guillcrme (conte), 10, v. Guil-
laume le Conquérant.
Guillcrme, i36, 137, i38, 154,
1G2, 166, 168, 170, 171, V.
Guillaume de Hauievillc,
Guillcrmiî, 173, 232, 234, 235,
236,237,238,230, 240, 241,
245, 246, 247, 248, 261, 263,
V. Guillaume de AIontreuiL
(fuillcrme, 6, 21, 22, 23, v.
Guillaume Répostelle,
Guillcrme Arcnga et Arengue,
266, 287, 288, 291. 292, 296,
3^6, V. Robert Arenga.
Giiillcrnio Bnrboïc, v. Guillaume
Barbote,
Guillerme de Mile, v. Guil-
laume de Maie,
Guillerme Moscarollc ou Mostra-
role, V. Guillaume de Mon-
treuil.
Guillerme Pontarcefrede, 2o3.
Guillerme Rindelle, 294 \prQb.
Geqffroi Ridelle],
Guimere, 33 r, v. Guaimar, frère
de Gisulfe,
Guitnunde, 332.
Guyamere, 91 ; Guymarie, 107;
Guy mère, 168; Gyamario, 53.
V. Guaimar IV.
Gyrart, v. Girard di Buonal"
bergo,
Gysolfe, v. Gisulfe^ prince de
Salerne.
H
Haroldj roi tTAngieierrt, x\)t
101 ; Adoaldc, AldoflldCy 10.
Hastings, xlj.
Henri /*% roi de France, ia3i.
Henri // de Germanie^ zlviij.
Ixvj, 32 a ; Henri, l'cmpereor
Henri, 55, 1 14, i58.
IIcw I IV de Germanie, Ixz ;
Henry. . . , roy de li Thodeschî,
23 1, 243,298.
Heldeprandc, 46, v. Hildebrand,
arch. de Capoue.
Heldeprande, 265, 275, v. HH'
debrantif plus tard, Grégoire
VU.
Héraclius, empereur, xxxj.
Hercnarde, v. Eberhard^ comte
de Nellembourg .
Î7I
Hertnande [frère adultérin d'A-
bagélard], 271 ' ; Hermande,
271, 272, 273, 275.
Hcrménie, v. Arménie.
Hervé, 85 ' ; Arbeo, 84.
Hierusalem, v. J^:RUSALEM.
Ilildebrand [plus tard pnpe,
sous le nom de Grégoire VII],
191 I; Eldeprande, Helde-,
prande, 191, 265, 275.
Hildebrand, arch. de Capoue,
46 ' ; Eldeprande, Heldeprande,
7, 45, 46.
Hirsch (Ferdinand), ix,x, Iv, lix,
Ix, Ixvj.
Hugo Fallacia, 88 ? ; Hugo,
Hugo... Fallacia, 52,88, 89.
Hugo ToutcbovCy 85 ' ; Hugo
toute Bove, 84.
Humfroy, comte de Fouille,
Umfre, Umfrede, Umfroi, Um-
froy, Unfroi, Unfroi, Ixix, 59,
98, 99, loi, i23, i3o, 134,
137, i38, i57, i58.
I,J
Janue, v. Gènes.
Ibn-al-Hawwasj 2041, surnom
de Ali-ibn-Nimah.
Ibn-at-timnah (caïd), 204 ' ;
Vuitimc, Vuliimien, Vulti-
minc, V^iliimino, Vultumine,
iq3, 2oj>, 204, 2o5, 21 3.
Jean {saint), Jehan (saint), 320.
Jean (archevcquc de Salernc),
I 3G ' ; Jclinn, i 32.
Jean (château)^ 252'; chastel
Jehan, chaste Saint-Jehan,
232.
Jean [fils de Maurus d'Amalfi],
Jehan, 61s de Mauife, 322.
Jeande Maranolla, 2 38 1 ; Jehan
de MaranoIIe, 238.
Jehan Scurre [frère de Gisulfe
de Salerne], Johan, Jehan, 33 1 ,
35i.
Jehan, 89, v. Pantaleon (Johan).
Jehan (evesque de Salerne), v.
Jean,
Jehan, Saint-Jehan (chastel), v.
Jean (château).
Jehan (fils de Maure), 322, v,
Jean, fils de Maurus d'Amalfl.
JÉRUSALEM, xxvj ; Hienisalem,
Jérusalem, Jerusalin, Jheni-
salem, 18, i25, 175, 179, 180,
181, 320, 338.
Jézane, v. Genzano de PouIlle.
Insule (chastel liquel se clame),
279, V. Isola del Liri.
Joconde, Jocunde (moine), 3i3,
3i6.
Jourdain [fils de Richard de
Capoue], 238 2; Jordain, Jor-
dan, 233, 238, 246, 247, 261,
262, 2G4. 265, 267, 268, 274,
307, 3o8, 3i5, 355.
Isembert, év. de Poitiers, xij.
Isidore de Séville, xxviij, xxxvj,
xlv, xlvj.
Isidore de Séville (chronique de),
xxvij, XXX, xxxj ; Ysidoire, Ysi-
dorre (chronique de), xxx, xxxj.
Isola del Liri, 280 1 ; InsuIe,
Ynsule,Ysole, Ysule,279, 280,
294, 295.
Italie, xxxij, xlj, liv, Ivj, Ixvj,
Ixvij, Ixxj ; Ytalie, xliij, xlviij,
362
AscoLi, 85 ' ; Ascle, 70, 84.
Ascletine, v. Asclitine cTAce- '
ren^a.
Asclicien, v. Asclitine d'Aversa.
Asclitiney comte d*Aceren:^a,
98 î ; Ascletino, Asclitine, 84,
98.
Asclitine^ comte d'Aversa, 87 ' ;
Asclicien, Asclitine, Asclitune,
Asclitunie, 52, 87, 88, 99.
Asclitune, AscHtunie, v. Ascii'
tine d* A versa,
Aseligimc [frère de Gilbert Bua-
tère], 23.
Atenulfc, 7, v. Adénulfc, abbé
du Mont'Cassin.
Aihenulfe [Jeune homme de Ca-
poue], 174.
Aihenulfe, 52, v, Adénulfe de
Béncvcnt ,
Athcnulfe, 3i , v. Adénulfe, abbé
du Mont-Cassin.
Athenulfo, 80, v. Adénulfe de
Bénévent.
Attone, Soi) ' , Atlonc, 3oS,
309.
Auguste (cité de), 243.
Aiiritinc (chastel), 3 10.
Auxencie [jeune homme de Ca-
pouc], 174.
Avares (les), li Avare, xxxiv.
Avartut'cle (catapan)^ 222 » ;
Acatc - Pain , Accate - Pain ,
Achaic-Pain, Avartutcle Acha-
tc-Bnin, 222, 223, 224.
AvKRSA, Ixvij. Ixviij ; Adverse,
Averse, 7, 48, 32, 37, r>i,65,
83, 87, 91, 92, 95, 285.
A verso (conte de), 83, v. Rai-
nulfe, comte d'Aversa.
Averse (conte de), loOyV. Rai'
nulfe Trincanocte.
Averse (evesque de), 356.
Aynolfe (duc), v. Adénulfe, duc
de Gaéte,
A:;Of évêque de Caserte, zliij.
xUv.
Azo (marchio), v. A^ja,
Aj^a (marquis), 3i5 1 ; Azo,
3i5, 356.
B
Babipga (église de), v. Bamberc.
Baialarde, v. Abagélard,
Baialarde (la fille), 3i5.
Baiarlade, v. Abagélard,
Saisi, Iv.
Dalalardc, Balalart, v. Abagé-
lard.
Balamente, 25o.
Balarde, v. Abagélard.
Balchaot, v. Ali-Hm^Nimah,
Baluxe, x], xij, xiv.
Balva, 3074 ; BalvenisCy Val-
bine, 124, 307.
Bal Venise, v. Balva. «
Bamberg {cathédrale de), 3a • ;
église de Babipga, 3a.
Barbastaire, Barbaitie, t. Bab-
UASTRO.
Barbastro i3(; Barbastûre,
Barbastie, 5, 12.
Barbottc, v. Guillaume Bar-
bote,
Bar, V. Bari.
Bar-entrcbut, 197.
Bari, Ij, Ixix, Ixz; Bar, 145, 194.
î^î
220, 221, 223, 224, 225, 227,
228, 23o, 275, 296.
Basile y abbé du Mont-Cassin,
45 « ; Basile, Basllie, 7, 43, ^5,
55.
Basilie, v. Basile.
Bavière {abbaye de), Ixv.
BéatriXy veuve de Bonifacey
margrave de Toscane, 281 ' ;
Béatrice, Beatrix, 266, 281.
Bcbie (mont de), v. Vésuve
{mont),
Belabarde, v. Abagélard.
Belabarde (frère de), 198.
Belcho, V. Ali'ibn'Nimah,
Belchoal, v. Ali-ibn-Nimah.
Belgrime, v. Piligrim, arch. de
Cologne,
B.illarie (castel), Valaire, Valla-
rie, 266, 288.
BLîlvedere (castel de), 95.
Benafre, v. Venafro.
Benedictbeuren (abbaye), Ixiv.
Benedit (pape), v. Benoît IX.
BÉNÉVENT, lij; Bonivenc, Boni-
vent, xxxj, 33, 47, 52, 80, 104,
117, 118, 120, 123, i35, 190,
196,, 266, 277, 278, 283, 284,
3i5, 354.
Benoît (saint), xxxiv, Ixvij ; Saint
Benoît, Saint Benedit, 37, 98,
142, 164, 172,189, 262, 263,
293, 344, 357, 3S8.
Benoît (ordre de Saint), xxj, xxij,
Benoît IX (pape); Benedit
(pape), 33.
Bérard II, comte des Marses^
3o4 2 ; Bernardc (li fill de),
3ob, Berart (conte), 307.
Bérard, comte des Marses, fils
de Bérard II, 304 2, 3o6 » ;
Berart, Berarde, Bernart, 241,
242, 267, 304, 307, 3 1 o, 3 1 1 .
Berarde, fil de Âdain, 304.
Berarde, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard II.
Berart [conte), 307, v. Bérard II,
comte des Marses.
Berart, v. Bérard, comte des
Marses f fils de Bérard II.
Bernard, évêque, 182 ' ; Bernart,
Bernât, 181.
Bernard, v. Bérard, comte des
Marses, fils de Bérard II,
Bernarde, 3 06, v. Bérard II,
comte des Marses,
Bernarde (li fill de), 3o6, v. Ode-
risius, Rainaldus et Bérard.
Bernart (evesque), v. Bernard,
Bernât (evesque), v. Bernard,
Besantie, v. Bi^an:i[io (patrice),
Bethmann. xxxiv.
Bibio (mont), v. Vésuve (mont).
Bisancie, Bisantie, v. Bi:{aji:{io
(patrice)
BisiGNANo, Visimane (cité), 109.
Bizantie, v. Bis^an^io (patrice),
Bi^àn:i[io [patrice), 222 ' ; Be-
santie, Bisancie, Bisantie, Bi-
zantie, Bysantie, 221, 222,
223.
Bysantie, v. Bi^an:fio (patrice).
BoDFELD, i39 ? ; Ponte-Feltro,
139.
Bollandistes [les), xiv, xv, xvj,
xviij.
Bon if ace (marquis), ^i î ; Boni-
face (marchiz), 91.
364
Honivciic, V. Bénévent.
Honivcilt, V. BÉNÉVENT.
Bdnivcnt (arch. de), v. Udalrich.
Bonivcnt (conte de), 146.
Br>o(iAKiK (cité), i33.
liorel {les fils de), 9 1 » ; Burcll,
Biirelle, Burcllo, Buricllc (li
fil lie), 91, 154, 174, 265,
278.
Borguegnons, v. Bourguignons.
Jk)ur guignons , Borgucgnons.
12.
Bresce, v. Brixen.
Bkixkn (évêque de), ▼. Dâ-
masc IL
Burcl, Burclle, Burello, Bu-
rielle, v. Bord.
C
Caiazzo, xliv ; Calatine xliij.
Calabrais {les), Cnlabrcz, Cala-
brois, Calubruiz, 38, 78, 25o,
348.
(Ialaiirk, Iviij, io3, 104, 108,
no, III, i33, i34* i38, 167,
170, 171, 178, 193, 198, 199,
200, 207, 218, 232, 23o, 237,
afM, 270, 271, 287,293,296,
297, 3oo, 347.
Cai.aiikk uttérivurc, xliv.
Oalabrcz, Culabruis, Gilabroiz,
V. Calabrais.
(!alatinc« v. Caiazzo.
Oalcari:, 20() » , Cnlcare, 209.
C.AMPANiK, li, Ixiij, Ixx ; Cam-
pagne, Oampaingn'.', Cham-
paingm-, 172, 173, 237, 241,
243, 3 II, 3 14, 340, 336.
Canini, v. Canosa di Puclia.
Canne, 84, v. Cannes.
Canne, 273, 275, v. Camosa di
PUGLIO.
Cannes, 85 ( ; Canne, 84.
Canosa di PuGLiA^ayo' ; Canini,
Canne, 270, 273, ayS.
Gappille (conte), [surnom donné
à Guaimar /V], 9a.
Capoue, lij, Ixvij, Ixix; Capu?,
Capuci 6, 24, 29, 33, 41, 43,
57,90,92, 95, io3, io5y 106,
i33y i54^ i6i,i63, i65, 17a,
174, 175, 176, 240, 245, 248,
261, 264, 273, 278,179, 287,
332, 353.
Capoue (archevêque de), zxj.
Capua, Capue, v. Capoub.
Capusita [mon. de Saint Benoît
à Capoue], 42.
Caruso, xxxvij.
Caserte, xliij, Caserte, 90.
Castcl-Johan, v. CAsmoGio-
VANNI.
Castel-Vkcchio, i38 (; Castel-
Viel, i38.
Castcl-Viel, v. Castel-Vecchio.
Castrogxovanni, 2 1 3 2 ; Castel-
Johan, Chastel*Jehan, Chastel-
Johan, Chastel Saint-Jehan,
194, 21 3, 214.
Catate, 204 1 ; Cataingne, Ca*
tainne, 2o3, 232, 25o.
Catane (évêque de), Ivîj, Ivii).
Cava {archives de la% xvj.
Cécile, Cecille (Sainte), 329.
Centorbi, 2 1 2 4 ; (^nturbe, 212.
CePEICaNO, XXV.
César (Jean), xlvij ; Cesaire, Ce-
sare, xlvij, 6, i3, i6.
î65
Champaingne, v. Campanib.
ChampoUion-Figeac, vij, xiv,
xix, xxxij, xxxix, xl, xlij, xliv,
xlv, xlix, liv, Iv, Ivj, Ivij, lix.
Charîemagne, xxxv.
Charles II, roi de Naples, xlv.
Chastel-Jehan , Chastel-Johan ,
Chastel Saint-Jehan, v. Cas-
TROGIOVANNI.
Chieti, 3o2 2; Thetin (marche
de), 3o2.
Chrétiens, Chrestien, 5, 14.
CiDONIE, V. LaCEDONIA.
CiLENTO, 353 2; Cylliente, 353.
CmiNo (mont), 282 i ; Cymine,
Cymino, 266, 282.
CiviTATE, Ix, Ixix ; la Cité, 84,
i32, i33, 134,
Clément II {pape), Ixviij, 114,
1 15.
Coloingne (arche vesque de), 33,
V. Piligrim,
CoMiNo (pays de)j 39 ' ; Comune
(la terre laquelle se clame lo),
38.
Conrad (empereur), Ixvij, Cor-
rade, Corrat, 5i, 55, 5j.
CoRATO, 272 ' ; Quarate, 272,
273.
Corrade, v. Conrad.
Corrat, io5.
Corrat, v. Conrad.
Costentin, fill de Tuisco, 88, 89.
CONSTANTINOPLE, xlvij, Ixvij ;
Costentinnoble, Costeiitinoble
Costentinople, xlviij, 5, 7, i3,
i3, 16, 24, 34, 35, 5i, 60, 61,
G4, 95, 149, 179, 181, 197,
198, IQC), 222, 35l.
Conturbe, v. Centordi.
Costentinoble (empeor de), 34 ;
[prob. Romain Argyre],
Costentinoble (empereour), 5 1 ,
25g [MichêllV].
Costentinoble (impeor de), 35 1
[Constantin Ducas ou Romain
Diogène.]
Costentinoble (impereor de), 266
[Michel VII].
Costentinoble (impiere de), 197,
297.
Costentinoble (emperatrix de),
60 [Zoé].
Costentinople (impereor de), 198
\proh. Constantin Ducas].
Cydonie, v. Lacedonia.
Cylliente, v. Cilento.
Cymine, Cymino, v. Cimino.
CyruSf roi de Perse, Cyre, roy
de Persie, 1,2.
Cysterne, v, Torre della Cis-
TERNA.
D
Damase II, pape [aup, év. de
Brixen], 1 1 5 1 ; Damasco, Da-
mase, Damasse, 104, 114.
Datto, 34 » [beau-frère de Mélès];
Dato, 34.
David (prophète), 124.
Demede, 257.
Didier, abbé du Mont-Cassin,
viij, ix,x, xj, xxiij, xxiv, xxxvj,
xxxix, Ixx;, Desidere (abbé,
frère, missire), xxxv, i, 143,
144. 145, 146, i5i, 172, 177,
191, 262, 263, 2G6, 276, 285
366
2iS<i, '^olt'^'S'^n 335, 357.
Di Meo^ xvj, Ixvii).
nukci.inus (Michel), 63 2 ; Due-
liaiK' , Uucli:inc , Dulcanic ,
l>ycvlicicn, Dyowl:cion, 52, Ô4,
70, 73, 70.
Drof^Of comte de Pouille, Iviij,
Ixviij, 52 i.yo^; Drago, Dro-
^{), Dru^onc, 5a, 53, 5g, 84,
t)o, (»i, 02, 1)5, 98, loi, io3,
* 1 04, I o5, III, 112, 1 1 3, 117,
I 18, 1 l(), 120, 121, 122, 123,
i3i.
/)ro/;o (frcrc lie), 122, v.//«w-
/i 01-.
Driiffonc, V. Dvogo, comte de
Ih4chvsm\ xxviij, xxix.
DiK-liaiie, Duclianc, Dulcanic, v.
Dnkeijnow
l)iiKAz/o, Diirace, 19S.
Dvi i lici.:!!, Dyoclicicn, v. Dokcia-
nus.
Engelscalc, abbé de Beftedict-
beuren, Ixiv.
Engleterre, v. Angleterre,
Engleterre (roy d*), 5, 10 [l/j-
rold].
Engleterre (roy d'), 343 [GmH'
laume le Conquérant].
Englez (li), v. Anglais.
Enulfe, V. Adénulfe, abbé du
Mont-Cassin,
Erduyne, v. A rdouin,
EsCLAVONNIEy I4.
Espagne, xj, Ij; Eipaingne, 5,
i2i i3, ai6.
Estitanse, v. Eichitatt.
Etienne [neveu de Mêles] ; Sté-
phane, 39; 40.
Etienne IX (pape), zxxv.
Etna, 212), Mont de Gilbert,
212.
Eutrope, Eutroppe, xzxj, xxxiij,
XXXV j, xlv, xlvj, xlix.
i:
i'.hcrfuirJ, comte de Sellem-
biturf^, 2110 2 ; ILTcnarJc, 2(»o.
lùiou.tnî le l^ofift\Kseur, roi
li'Aui^lcti'nT, II) 4 ; Ailcyuardc,
10. •
KuMisTviT (évoque d'), 1392;
llsiilanso (c\. de), i .U), v. Vic-
tul 11.
KKlv'pi.in.Ic, 7. 4?, V. llilde-
bran A, arcli. Je (\ïpoue
l.\<\ prandc, im, v. I/ilJebrdnJ,
y lus tard Grvgoin' Vil.
Kmmkllksio, 21 3.
Facosc-lc-Nove, v. Paccosa-
NUOVA.
Falguue, 269.
Falsc, V. Frazzano.
Fedcric (cancclier), v. Frédéric
de Lorraine,
Fcdcric (empcreor), ii3.
FiRMo {Marche de), 124'» ^'
Marche, lix, 124.
Français {les), François, Fran-
çois, II, 34.
P^RANCB, xj, 9, 123.
France (roy de), ia3; [Henri
3^7
France (roy de), 343 [Philippe
François, v. Français,
François de Ponte, prêtre de
Nusco, XV, xvj.
Françoiz, v. Français.
Frazzano, 212 2; False, 212.
Frédéric de Lorraine [ensuite
pape sous le nom d'Etienne IX,
Ixj, Ixiv, 121 '; Federic (can-
celier), 120, 124.
Gaete, Gaieté, Gaitc, Gayete,
Gayte, lix, 48,86, 124, 325.
GaétainSy Gaytein (li), 3i3.
Gaieté, v. Gaete.
Gaiéte (duc de), 173. v. Gmi7-
laume de Montreuil.
Gaimarc, 86, v. Guaitnar IV,
pr. de Salerne.
Gaite, v. Gaete.
Gallinarc, v. Garigliano.
Gallinare (château de), Ixvj,
3g.
Gallinaire, v. Garigliano.
Gamerie, 54, v. Guaimar /K,
pr. de Salerne.
Garigianc, v. Garigliano.
Garigliano, 236 ' ; Gallinaire,
Gallinare, Garigiane , 236,
279.
Gariglione (tour de), 34 < ; Ga-
rilgiane (tor de), 34.
Garilgionef 2g5 î ; Garilgione,
Garilione, Glaile, 266, 296,
296, 297.
Gattola, X.
Gauthier [fils d'Amicus, comte
de Civitate]f Ixviij, 269 » ;
Gautier, Pierre de Gautier,
81,84.
Gayete, v. Gaete.
Gayfere, 187 ' ; Gayfere, Gual-
fere, Guayfere, Guayfrerie,
i55, 186, 190.
Gaymare, io3, v. Guaimar JVy
pr. de Salerne,
Gaymarie, 41, v. Guaimar IJJy
pr. de Salerne.
Gaymere, 352,v. Guaimar, frère
de Gisulfe.
Gaymere, 69, 61, io3, 106, 117,
253, 33 1, V. Guaimar IV, pr.
de Salerne,
Gaystein, v. Gaétains.
Gayte, v. Gaete.
Gaza, 184.
Gazoline de le Blace, v. Gocelin.
Gebhart ev, d'Eichstatt [pape
sous le nom de Victor //],
1 39 2 ; Geobarde, 1 39.
Geffroy [frère de Humfrqy,
comte de Pouille], Gofrede,
i36.
Gênes, 3 i 3 ' ; Janue, 3 1 3.
Génois {les), Genevoiz, 324.
Genzano de Pouillb, 99 ' ; Jé-
zane, 99.
Geobarde, v. Gebhart, év,
d'Eichstatt.
Geoffroi Ridelle [duc de Gaéte,
seigneur de Ponte Corvo],
2o5 ' ; Goffre, GoiFre Ridelle
ou Rindielle, Goffrede Ridelle,
Goffroy Rindielle, Gofre, 193,
2o5, 206, 210, 218, 265, 272,
293, 294.
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Gï^:<^jr Jrfre j£ Gitaljt,
G ;i3yn:en:, Guimerev 33 1 , 35i,
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GiLUMur m, prince Je Saieme
369
19'; Gaymarie, Guaimarie,
Guaymarie, Guaymario, 19,
33, 41, 5i, 54.
Guaimar IV, prince de Salerne,
542, xliij, Ix, Ixvij, Ixix; Gai-
mare, Gameric, Gaymare, Gay-
merc, Guaimaire, Guaimere,
Guamarie, Guamerie, Guay-
maire, Guaymarie, Guayme,
Guaymere, Guaymerie, Guya-
mere, Guymarie, Guymere,
Gyamario, 5i, Sa, 53, 54, 55,
57,58,59,61,62, 82,83, 85,
86, 87, 88, 90, 9 1, 92, 94, 95,
96, io3, 104, io5, 106, 107,
ii3, 116, 117, 119, 123, 125,
126, 127, 128, i3o, i3i, i38,
168, i8h 253, 317, 33i.
Guaimarie, 19, v. Guaimar III,
Guaimere, 55, 57, 59, 96, v.
Guaimar IV.
Gualfere, v. Gayfere.
Guamarie, 55 ; Guamerie, 54,
V. Guaimar I V,
Guanerius suevus, Ixix.
Guarain, 77.
Guarani, 78.
Guayferc, v. Gayjere.
Guayfrerie, v. Gayfere.
Guaymaire, 5i, 52, 54, 61, 62,
82, 85, 86, 87, 90, 95, 116,
i38, V. Guaimar IV.
Guaymarie, 33, 41, 54, v. Guai-
mar III.
Guaymarie, 184.
Guaymario, 5i, v. Guaimar III.
Guayme, 94; Guaymere, 55, 57,
90, 91, 92, 95, 96, io3, 104,
io5, 106, ii3, 117, 119, 123,
125, 126, 127, 128, i3o, i3i,
184, V. Guaimar IV,
Guaymere, 352, 353, v. Guai-
mar, frère de Gisulfe,
Guaymerie, 58, v. Guaimar IV.
Gui ou Guido [oncle de Gisulfe ,
pr. de Saleme], Ixvij, Ixix,
1842, Guide, 58, 83, 127,
128, 129, i3o, i36, 137, i54,
157, 170, 184, i85.
Gui de Salerne [frère de Gi-
sulfe, pr. de Salerne], 256 ' ;
Guide, 265, 272. 33i, 332.
Guide, 58, 83, 127, 128, 129,
i3o, i36, 137, 154, 157, 170,
184, i85, V. Gui (oncle de Gi-
sulfe).
Guide, 265, 272, 33i, 332, v.
Gui de Salerne {frère de Gi-
sulfe).
Guiliame (conte), 5 [Guillaume
le Conquérant].
Guillalme, 238, v. Guillaume de
Montreuil.
Guiliame, 159, v. Guillaume de
Hauteville.
Guillaume {comte), 261 i ; Guil-
lerme (conte), 261.
Guillaume Barbote, Guillerme
Barbote, Barbotte, 95.
Guillaume Bellabocca , comte
d'Aversa, Ixviij.
Guillaume Bras-de-Fer, comte
de Fouille, Iviij, Ixviij ; Guil-
lerme, 5i, 52, 59, 82, 83, 84,
90.
Guillaume le Conquérant, xlj ;
Guiliame (conte), Guillerme,
5, 10.
24
^,uniaume 1^ ffjutevillf. ;'''-J :-.
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M'i<;trir..lf:, r7^. 3Îî. l 'i,
ï'i. ï'i^/, a>î, a>, i'18. ij'j,
1^1, l'Vr, 24a, ii3, 24^,24.7.
OuilUum^, év. de .Vm.ïc6I, xvj.
fiiiill.jumé; de Fouille, Ivj, lix,
f/uill.iume RApovtellef 23 " ; G'iil-
!crm«, '^*, ar, 2a, 2.i.
^luillcrmfî, Oîiillcrmc, tilz de
T.incr«>îe, Si, îa, 3'^, Sa, SJ,
84, ',0, V. Guillaume- Rra.^'de-
l''rr.
^#iiiM'Tmc (c/intc), 10, v. Guil-
laume It' (.onquè' ant.
<#Milli^rrnr, liu, 1^7, i3.S, 134,
i',A. t'.t',, I/..S, 170, 171. V.
(iuilliumf Jr Ifauteville,
'«iiilliini -, 17;, aii, 2^{, 2i5,
/ î'#, i {7, a<S, a^,, 240, 241,
^ \ '. Ts * f7. ^4**i 2'*'» ^'i-^
V. (iuillaume de Muntreuil.
ffUllIrriiiC, fi, 2 1, 22, 23, V.
( itiillaume Krpoxtt'ltc.
<fiiiHriiiir Art'iif;.! cl Arcngiic,
v/». /S-/. jt><S, 201, 202, 2i/>,
''.'h, V. Hubert Areuffa.
<iuilli Mil hirhot-, V. (iuiilaume
Barbote.
.«zxiHie 4«! Maie.
j 'iiiler-ne \k-Skar~.i! . u ."•k-i
rr«Ie. .'. 'juilLxawte 1^ .l/.i-
:r.;iiii.
Guiilerme Pontarreâe.:*?- i..
Guiilerme ilinaeiLs, aux ^.ff.
Geofhii Ridelle'.
( jiiimere. J i i . v. Gifcznitxr..imr
i4? Gisuife,
Guimumie. i32.
Giiyamere, ai : Guvmane. xo~:
Guvmere, tnâ : Gvamuio. 5.\
V. Guaimar IV.
Gyrart, v. Girard di Bmmai^
bergo.
Gysolfc, V. Gûulfi, primée de
Saleme.
H
Harold^ roi if Angleterre, xlj.
10 f ; Adoalde, Aldoslde, 10.
H.%sn?fGs, xlj.
Henri H, rai de Fraitce, ii3».
Henri II de Germanie^ slviii.
Ixvj, lia 2 ; Henri, rempereor
Henri. 35, 1 14, i58.
Hcn i IV de Germamie, hu:
Henry. . . . roy de U Thodescfai,
alM, 243, 198.
HeUepr:inde, 46, ▼. Hildekrmd,
arch, de Capome,
Hddeprandc, 205, 27 5, v. //i7-
debrawlf plus tard, Grégoire
VIL
Iléraclius, empereur, xxxj-
Herenarde, ▼. Eberhard^ comte
de Nellembomrg .
Î7I
Hermande [frère adultérin SA-
bagélard], 271 ' ; Hermande,
271, 272, 273, 275.
Herménie, v, Arménie.
Hervé, 85 i ; Arbeo, 84.
Hierusalem, v. Jérusalem.
Hildebrand [plus tard pape,
sous le nom de Grégoire VII],
191 »; Eldeprande, Helde-,
prande, 191, 265, 275.
Hildebrand, arch, de Capoue,
46 ' ; Eldeprande, Heldeprande,
7, 45, 46.
Hirsch (Ferdinand), ix,x, Iv, lix,
Ix, Ixvj.
Hugo Fallacia, 88 ? ; Hugo,
Hugo... Fallacia, 52,88, 89.
Hugo ToutebovCy 85 ' ; Hugo
toute Bove, 84.
Humfroy^ comte de Fouille,
Umfre, Umfrede, Umfroi, Um-
froy, Unfroi, Unfroi, Ixix, 59,
98, 99, loi, i23, i3o, 134,
i37, i38, i57, i58.
I,J
Janue, v. Gênes,
Ibn-al-HawwaSy 2041, surnom
de Ali'ibn-Nimah.
Ibn-at-timnalt (caïd), 204 ' ;
Vultimc, Vultimien, Vulti-
minc, Vultimino, Vultumine,
193, 2o3, 204, 2o5, 2l3.
Jean {saint), Jehan (saint), 329.
Jean (archevêque de Salernc),
I 36 ' ; Jehan, i 32.
Jean {château)^ 232'; chastcl
Jehan, chaste Saint-Jehan,
232.
Jean [fils de Maurus d'Amalfi],
Jehan, 61s de Mauife, 322.
Jeande Maranolla, 238 « ; Jehan
de Maranolle, 238.
Jehan Seurre [frère de Gisulfe
de Salerne], Johan, Jehan, 33 1 ,
35i.
Jehan, 89, v. Pantaleon (Johan).
Jehan (evesque de Salerne), v.
Jean,
Jehan, Saint- Jehan (chastel), v.
Jean (château).
Jehan (fils de Maure), 322, v.
Jean, fils de Maurus d'Amalfl,
JÉRUSALEM, xxvj ; Hierusalem,
Jérusalem, Jerusalin, Jheni-
salem, 18, i25, 175, 179, 180,
181, 320, 338.
Jézane, v. Genzano de Pouîlle.
Insule (chastcl liquel se clame),
279, V. Isola del Liri.
Joconde, Jocunde (moine), 3i3,
3i6.
Jourdain [fils de Richard de
Capoue], 238 2; Jordain, Jor-
dan, 233, 238, 246, 247, 261,
262, 264, 265, 267, 268, 274,
307, 3o8, 3i5, 355.
Isembert, év. de Poitiers, xij.
Isidore de Séville, xxvîij, xxxvj,
xlv, xlvj.
Isidore de Séville (chronique de),
xxvij, XXX, xxxj ; Ysidoire, Ysi-
dorre (chronique de), xxx, xxxj.
Isola del Liri, 2801 ; Insule,
Ynsule, Ysole, Ysule,279,28o,
294, 295.
Italie, xxxij, xlj, liv, Ivj, Ixvj,
Ixvij, Ixxj ; Ytalie, xliij, xlviij,
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373
M
Mabillon, xj.
Maddaloni [château de], 90 • ;
Madalone, Magdalone, Mate-
lone, Mathelone, Metadelione,
xliij, 90.
Mainfroi [fils naturel de Fré-
déric II]t xliij.
Major-Torre (château de la), xliij,
88.
Malarbine, v. Minervino.
Malaterra, Ivj, Ivij, Iviij, Ixxj.
Malfe, V. Amalfi.
Malfitain, v. Amalfitains.
Malgere, v. Mauger.
Manachia, v. Maniacés,
Manfredonia^ xliij ; Manfredone,
xliij, 83.
Maniacés, Iviij, Ixviij, 61 '; Ma-
nachia^ Maniachin, Manialie,
Monacho, Moniaco, 5i, 52, 60,
64.
Mansion-Mansonc [sujet de Gi'
sulfede Salerne], i36, 166.
Marc (saint), évangéliste, 218.
Marca, xij.
Marcelle (duc de), 12 3, v. Mar-
seille.
Marche (la), v. Firmo (marche
de).
Marie {duchesse de Gaéte),
235 '.
MarseClo conte de), 242, v. Bé-
rard, comte des Marses, fils
de Berard II.
Marseille (duc de), i23 4.
Marses (pays des), Marse, Marsi,
Marsica, Marsico, lix, 91, 124,
173, 23 1, 241, 267, 307.
Marsica-marsico (conte de), 9 1 ,
231,241 [v. Bérard et Ode-
risius, comtes des Marses],
Martin [gardien de la prison de
Salerne], 89, 90.
Marus (J.-B.), xxvj.
Matelone, Mathelone, v. Madda-
loni.
Mathieu {saint), Mathie (saint...
apostole), i32, 3i5, 337,352,
353.
Mathilde (comtesse), 281 « ; Ma-
thilde, 266, 281.
Mauger [frère de Humfrqy,
comte de Fouille], Malgere,
i36.
Maur (saint), Mauor (saint),
i5o.
Maurus d*A malfi, 319a; Maure,
Maurus, 3i3, 319, 32 1.
Maurus [fils de Maurus d^A-
malfi], Maure, 322, 323.
Maximien, 317.
Mazara, Mazare, Mazarin, v. Maz-
ZARA.
Ma:çarin (cardinal), xxvij.
Mazzara, 204 » ; Mazara, Mazare,
Mazarin, Ixix, 232, 257.
Melan, v. Milan.
Mélès, Ixvj ; Melo, Melus, 6, 7,
24, 25, 28, 29, 3i, 32, 34,
38, 39, 80.
Melfa (la), 294 I ; Melfe (flume
de), 294.
Melfe, V. Melfi.
Melfe (flume de), 294, v. (la)
Melfa.
Melfi, 67 », Ixviij; Melfe, Melfef,
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Mil;.n. M-jlir.. :3. Aîc^r:. 121. 12a.
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\xx. xxx:.'. x\xv . xxxv::-, xLv. Liiz, 77. S4.
xl -•:!-. Mdnte-Scavco, 92 4; Same (I0
'■'..Nf=v:v?. S 5 ; Mi!i7'r:r.e, r:.or-t...l, 92.
M.r.r.-jrrir.. S5. M?xte Siucolo, 78», Muni
N ! . r. : .: h : , > ! . r. i a j .■ . v . .1/ .: n ; j jî- j. Sir jh:o. Mon c Soricoy, 78.
■ 7. r. t r'r : n . v . Mises v : n ■ . Mo vte- Vihgis e (o^Kijre de)^ xv,
M:n-?.:I5. Sr ' : M;r.:r;l:. <4. xvi. xviî.
Mj - :- a l i .: re . v . M -nt ï I l ■ r : . M v mc h ( Si W. royale de\ Ixif .
Mnt-C\55in »»:. :j.:i't' Ji', .Vu»-jrori. xi, xxxvij, liv,
\::i. xi, x:::, x:;. x:x. xxiv,
>xv, XXXV, xxxv , !•. Ixiv. Ixv. ^
î\.:-. Ix X. !xx; M.r.: i-j Cas- Naple (maistre de la chevalerie
sÎTi. M r.î Je C ssyn. M r.: dj .ie , 40 Scrgius /l".
c. s»;. r....,Ti r..i.-î:-r...;over'.:... N*ple .inaisirc de la chevalerie
r.,;;i.... ic. -.i:"t n:n.'.i-.t A-2\ dc\ 2S4, 3i4 [Sergius H.
375
Naples, Naplc, Naples, xlvj, 47,
58, 124, 284, 3oi, 3i4, 324,
33o, 348, 353, 354.
Naples (anc, roy. de), xv, xliv,
xlvij, 1.
Napoléon /«»■ xxvij.
Napolitains^ Neapolitain (li),
3i3, 354.
Néron, 317.
NOCERA-DEI-CIIRISTIANI, 307 î ;
Noccre de li chrestien, 307.
Noemi, 122.
NoRA (Ysulle), home de Nore, 9.
Normandie , Ixvj ; Normandie,
Normendie, xxxvj. 6, 14, 18, 19,
20, 29, 3i, 74, 100, 124,
i36.
Normands {les), xxxiij, xl, xlj,
xlvj, Ij, lij, Ivj, Iviij, lix, Ix, Ixj,
Ixij, Ixvj, Ixvij, Ixviij, Ixix, Ixx,
Ixxj ; Normand, Normans, Nor-
mant (11), xliij, xlvj, Ix, 3, 5,
6, 7, 9, II, 12, 18, 19, 20,
27, 28, 29, 3o, 3i, 38, 39,
40, 41, 48, 5i, 52, 55, 57,
59, 60, 65, 68, 69, 70, 71,
72, 74, 75, 76, 77, 78, 79,
80, 81, 82, 83, 84, 87, 88,
89, 90, 91, 95, 96, 97, 98,
104, io5, 106, 107, II o, II 3,
116, 117, 122, 123, 124, 126,
128, 129, i3o, i3i, i32, i33,*
i34, i35, 139, 141, 149, i53,
i56, 161, i63, 169, 174, 178,
180, i85, 192, 193, 194, 197,
198, 2o5, 206, 207, 208, 209,
210, 21 I, 214, 224, 225, 227,
240, 243, 245, 252, 254, 281,
288, 299, 3c4, 3o5, 3o6, 3o8,
3ii, 329, 332, 348, 35o.
Normendie (li principe de), 19.
Nusco [évéchésuffragant de V ar-
chevêché de Saleme], xiv, xvj,
xvij, xix.
O '
Oderisiusy comte des Marses,
3ioi; Odorise, Odoriscrc,
Odorisie, Odorizc, 241, 242,
307.
Olivier (Jean-Pierre) [conseiller
du roi au pari, de Provence],
xxvij.
Orderic Vital, Ixxj.
Orient (empire d'), xxiv.
Orient, Ij, lij.
Orselle, v.. Oursel de Bailleul,
Ortona, 304 • ; Ortonne (tor de),
304.
Osmude [frère de Gilbert Bua-
tère]y 23.
Othon II, empereur, 259 » ; em-
pereor... Otte, 259.
Otrante, Otrenie, 194, 219.
Otte... empereor, 259, v. Othon
IL
Oursel de Bailleul, 14 > ?, 1 7 > ;
Orselle, Uerselle, Ursel, Ur-
selle, Ursselle, xlvij, 5, 6, 14,
16, 17, 18.
Paccosa-Nuova, i38 » ; Facose-
Ic-Nove, i38.
Padulle aprez de Canoville, 278.
Palde, 8, v. Pandul/e IV.
Palerme, Ij, Ixix, Ixx^ 194, 2o3,
208, 209, 219, 232, 254, 255,
366
28r), 3oi,333, 335, 367.
Di Meo, XV j, Ixviij.
Dukeianos (Michel), G'S 2 ; Due-
liane , Ducli'ine , Dulcanic ,
Dycdicien, Dyodicion, 52, 64,
70, 75, 76.
DrogOj comte de PouiUe, Iviij,
Ixviij, 52 ',903; Drago, Dro-
go, Drugûnc, 52, 53, 59, 84,
90,91, 92, 95, 98, loi, io3,
* 104, io5, III, 112, ii3, 117,
118, 119, 120, 121, 122, 123,
i3i.
DroffO (frire de), 122, y.IIum-
froy.
Drugone, v. Drogo, comte de
Pouille,
Duchesne^ xxviij, xxix.
Duclianc, Duclianc, Dulcanie, v.
Dokeianos,
DuRAZzo, Duracc, 19S.
Dycclicicn, Dyoclicicn, v. Dokeia-
nos.
EngelscalCy abbé de Benedict-
beuretif Ixiv.
Engicterre, v. Angleterre,
Engleterre (roy d'), 5, 10 [Ha-
rold],
Engleterre (roy d*), 343 [Guil-
laume le Conquérant].
Englez (H), v. Anglais,
Enulfe, V. Adénulfe, abbé du
Mont-Cassin,
Erduyne, v. Ardouin,
ESCLAVONNIE, I4.
Espagne, xj, ]j; Espaingne, 5,
12, i3, 216.
Estitanse, v. Eichstatt.
Etienne [neveu de Mélès] ; Sté-
phane, 39; 40.
Etienne IX (pape), xxxv.
Etna, 212;, Mont de Gilbert,
212.
Eutrope, Eutroppe, zxxj, zxxiij,
xxxvj, xlv, xlvj, xlix.
Eberhardf comte de Ncllem-
bourgf 299 2 ; Herenarde, 299.
Edouard le Confesseur, roi
d\-i n fileter re, 104; Adeguardc,
10. • ■
Eichstatt (évêquc d'), 1392;
Kslitanse (cv. de), 139, v. V'ic-
tor II.
EldcpranJc, 7, 43, v. Ililde-
brjnJ, arch. de Capone
EKl prandc, 191, v. Hildebrand,
plus tard Grégoire VIL
Emmellesio, 21 3.
Facosc-lc-Nove, v. PACcotA-
NuovA.
Falguue, 2G9.
False, v. Frazzano.
Federic (cancelier), v. Frédéric
de Lorraine,
Federic (empereor), ia3.
FiRMO {Marche de), 114 > ; It
Marche, lix, 124.
Français (les), Françoiz, Fran-
çois, II, 34.
France, xj, 9, i23.
France (roy de), ia3; [Henri
3^7
France (roy de), 343 [Philippe
François, v. Français.
François de Ponte, prêtre de
Nusco, XV, xvj.
Françoiz, v. Français.
Frazzano, 212 2; False, 212.
FréJéric de Lorraine [ensuite
pape sous le nom d'Etienne IX,
Ixj, Ixiv, 121 '; Federic (can-
celier), 120, 124.
Gaete, Gaieté, Gaitc, Gayete,
Gayte, lix, 48, 86, 124, 32 5.
Gaétains, Gaytein (li), 3i3.
Gaieté, v. Gaete.
Gaiéte (duc de), 173. v. Gmi7-
laume de MontreuiL
Gaimare, ^Ct^ v. Guaimar IV,
pr. de Salerne.
Gaite, v. Gaete.
Gallinarc, v. Garigliano.
Gallinare (château de), Ixvj,
39.
Gallinaire, v. Garigliano.
Gamerie, 54, v. Guaimar IV y
pr. de Salerne.
Garigiane, v. Garigliano.
Garigliano, 236 ' ; Gallinaire,
Gallinare , Garigiane , 236 ,
279.
Gariglione (tour de), 34 ' ; Ga-
rilgiane (tor de), 34.
Garilgione, 295 î ; Garilgione,
Garilione, Glaile, 266, 296,
296, 297.
Gattola, X.
Gauthier [fils d'AmicuSf comte
de Civitate], Ixviij, 269 ' ;
Gautier, Pierre de Gautier,
81,84.
Gayete, v. Gaete.
Gayfere, 187 ' ; Gayfere, Gual-
fere, Guayfere, Guayfrerie,
i55, 186, 190.
Gaymare, io3, v. Guaimar IV,
pr. de Salerne.
Gay marie, 41, v. Guaimar III,
pr. de Salerne.
Gaymere, 3 5 2 , v. Guaimar^ frère
de Gisulfe.
Gaymere, 59,61, io3, 106, 117,
253, 33 1, V. Guaimar IV, pr.
de Salerne.
Gaystein, v. Gaétains.
Gayte, v. Gaete.
Gaza, 184.
Gazoline de la Blace, v. Gocelin.
Gebhart ev. d'Eichstatt [pape
sous le nom de Victor II],
1 39 2 ; Geobarde, 1 39.
Geffroy [frère de Humfroy^
comte de Pouille], Gofrede,
i36.
Gênes, 3i3»; Janue, 3i3.
Génois {les), Genevoiz, 324.
Genzano de Pouillk, 99 • ; Jé-
zane, 99.
Geobarde, v. Gebhart, év.
d'Eichstatt.
Geoffroi Ridelle [duc de Gaéte,
seigneur de Ponte Corvo],
2o5 » ; G offre, GofFre Ridelle
ou Rindielle, GofFrede Ridelle,
GofFroy Rindielle, Gofre, 193,
2o5, 206, 210, 218, 265, 272,
293, 294.
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369
ig'; Gaymarie, Guaimarie,
Guaymarie, Guaymario, 1 9,
33, 41, 5i, 54.
Guaimar I V, prince de Salente,
542, xliij, Ix, Ixvij, Ixix; Gai-
mare, Gameric, Gaymare, Gay-
mere, Gaaimaire, Guaimere,
Guamarie, Guamerie, Guay-
maire, Guaymarie, Guayme,
Guaymere, Guaymerie, Guya-
mere, Guymarie, Guymcre,
Gyamario, 5i, 52, 53, 54, 55,
57,58, 59, 61,62, 82,83, 85,
86, 87, 88, 90, 9 1, 92, 94, 95,
96, io3, 104, io5, 106, 107,
ii3, 116, 117, 119, 123, 125,
ia6, 127, 128, i3o, i3i, i38,
168, 184., a53, 317, 33i.
Guaimarie, 19, v. Guaimar III,
Guaimere, 55, 57, 59, 96, v.
Guaimar IV.
Gualfere, v. Gayfere,
Guamarie, 55 ; Guamerie, 54,
V. Guaimar IV,
Guanerius suevus, Ixix.
Guarain, 77.
Guarani, 78.
Guayferc, v. Gayjere,
Guayfrerie, v. Gayfere.
Guaymaire, 5i, 52, 54, 61, 62,
82, 85, 86, 87, 90, 95, 116,
i38, V. Guaimar IV,
Guaymarie, 33, 41, 54, v. Guai-
mar III.
Guaymarie, 184.
Guaymario, 5i, v. Guaimar III.
Guayme, 94; Guaymere, 55, 57,
90, 91, 92, 95, 96, io3, 104,
io5, 106, ii3, 117, iig, 123,
125, ia6, 127, 128, i3o, i3i,
184, V. Guaimar IV,
Guaymere, 352, 353, v. Guai-
mar, frère de Gisulfe.
Guaymerie, 58, v. Guaimar IV,
Gui ou Guido [oncle de Gisulfe ^
pr. de Saleme], Ixvij, Ixix,
1842, Guide, 58, 83, 127,
128, 129, i3o, i36, 137, i54,
157, 170, 184, i85.
Gui de Salerne [frère de Gi-
sulfe, pr, de Salerne], 256 » ;
Guide, 265, 272, 33i, 332.
Guide, 58, 83, 127, 128, 129,
i3o, i36, 137, 154, 157, 170,
184, i85, V. Gui {oncle de Gi-
sulfe).
Guide, 265, 272, 33 1, 332, v.
Gui de Salerne [frère de Gi-
sulfe).
Guiliame (conte), 5 [Guillaume
le Conquérant],
Guillalme, 238, v. Guillaume de
Montreuil.
Guiliame, i59, v. Guillaume de
Hauteville.
Guillaume (comté), 261 > ; Guil-
Icrme (conte), 26 1 .
Guillaume Barbote, Guillerme
Barbote, Barbotte, 95.
Guillaume Bellabocca , comte
d'Aversa, Ixviij.
Guillaume Bras-de-Fer, comte
de Fouille, Iviij, Ixviij ; Guil-
lerme, 5i, 52, 59, 82, 83, 84,
90.
Guillaume le Conquérant, xlj ;
Guiliame (conte), Guillerme,
5, 10.
24
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371
Hermande [frère adultérin d*A'
bagélard], 271 ' ; Hermande,
271, 272, 273, 275.
Hcrménie, v. Arménie.
Hervé y 85 ' ; Arbco, 84.
Hierusalcm, v. Jérusalem.
Ilildcbrand [plus tard pnpc,
sous le nom de Grégoire VII],
191 •; Eldeprande, Helde-,
prande, igi, 265, 275.
Ilildcbrand, arcli. de Capoue^
46» ; Eldeprande, Heldeprande,
7, 45, 46.
Hirsch (Ferdinand), ix, x, Iv, lix,
Ix, Ixvj.
Hugo Fallacia, 88 ? ; Hugo,
Hugo... Fallacia, 52,88, 89.
Hugo ToutebovCj 85 ' ; Hugo
toute Bove, 84.
Humfroy, comte de Fouille,
Umfrc, Umfredc, Umfroi, Um-
froy, Unfroi, Uniroi, Ixix, 59,
98, 99, 10 I, i23, i3o, 134,
i37, i38, i57, i58.
I,J
Januc, V. Gênes.
Ibn-al-Hawwany 20|i, surnom
de AU'ibu-Nimah.
Ibn-at-timnah {caïd), 204 ' ;
Vultimc, V'uliimien, Vulti-
minc, Vuitimino, Vultumine,
io3, 20!-!, 204, 2o5, 21 3.
Jean {saint)^ Jehan (saint), 320.
Jean (archeucquc de Salerne),
I 36 I ; Jehan, i 32.
Jean (château)^ 252'; chastel
Jehan, chaste Saint-Jehan,
232.
Jean [fils de Maurus d^AmalJt],
Jehan, 61s de Maui'e, 322.
Jean de Maranolla, 238 > ; Jehan
de Maranolle, 238.
Jehan Seurrc [frère de Gisulfe
de Salerne], Johan, Jehan, 33 1 ,
35i.
Jehan, 89, v. Pantaleon (Johan).
Jehan (evesque de Salerne), v.
Jean,
Jehan, Saint-Jehan (chastel), v.
Jean (château),
Jehan (fiU de Maure), 322, v.
Jean, fils de Maurus d'Amalfl.
JÉRUSALEM, xxvj ; Hîerusalem,
Jérusalem, Jerusalin, Jheru-
salem, 18, i25, xyS, 179, 180,
181, 320, 338.
Jézane, v. Genzano de PouIlle.
Insulc (chastel liquel se clame),
279, V. Isola del Liri.
Joconde, Jocunde (moine), 3i3,
3i6.
Jourdain [fils de Richard de
Capoue], 238 2; Jordain, Jor-
dan, 233, 238, 246, 247, 261,
262, 264, 265, 267, 268, 274,
307, 3o8, 3i5, 355.
Isembert, âv. de Poitiers, xij.
Isidore de SévillCt xxviij, xxxvj,
xlv, xlvj.
Isidore de Séville (chronique de),
xxvij, XXX, xxxj ; Ysidoire, Ysi-
dorre (chronique de), xxx, xxxj.
Isola del Liri, 280 > ; Insule,
Ynsule,Ysole, Y8ule,279,28o,
29^, 295.
Italie, xxxij, xlj, liv, Ivj, Ixvj,
Ixvij, Ixxj ; Ytalie, xliij, xlviij,
372
2, 3, 6, i3, i8, 2'S, 24, 32,
34, 35,35. 00, 01, 125, 149,
23 ij 243, 244, 25rj.
iTALit du SuJy xiv, XXV, xliv,
xlvij, J, Ij, Iv. Ivj, Iviij, Ixj,
Ixvj.
Itaiiens (les), lix.
Juifs {les), JuAée (M), u'S, 338.
Labellc, la Bdie, v. Lavei.lo.
La BOLR (terre de), Labor (terre
de), 48.
Lacedonia, 2742; Cidonîe, Cy-
donie, 265, 274.
La Ccrre, v. Acerra.
La Cité, V. Civitate.
La Cys terne, v. Torre della
CiSTERNA.
Lambert de Ilers/eld, liij.
Lande, 279, v. Lando, comte
d*Aquino,
Lando, comte d'Aquino, 280 > ;
Lande, 279.
Landolfe, 279, v. Landulfe, comte
d'Aquino,
Laddon [comte d*Aquîno, gendre
de Pandulfe IV], 95 2 ; Laude,
(jO.
Latidon, comte de Traâtto, 235 1 ;
Laude, Laudcdc Tragete, 234,
236, 238.
Landulfe, 127, i3o.
Landulfe, comte d'Aquino, 280 ';
Landulfe, Landulfe, 279, 293.
Landulfe [frère de Gisulfe de
Saltme], 33 1, 353.
Landulfe [fils de Pandulphe V!
de Capoue], 1O2.
Landulfus (mOHackus), x.
Latin [li), 333.
Laude, 96, ▼. Landon {comte
d\Aquino).
Laude, 238; Laude de Tragete,
234, 236, V. Landon, comte
de Traétto,
Laurent (Saint), Laurens (saint),
lai.
Lavello, 85 I ; Labelle,1a Belle.
70, 84.
Léon {moine)t Léo, 3i3, 327.
Léo d^ Mar9i^ viij, xxiv, zlv.
Ixiv, Ixv, Ixvj, Ixvij, Ixviij.
Ixix, Ixx.
ïjkm, év, de Gaête \frèrtde Re-
nier, comte d. Sifio], 264 a.
Léon IX [d*abord évèque de
Toul ensuite pape], Ivii;. lix,
Ix, Ixj, Ixix ; Léo, Lion, Lyon.
104, ii5, 121, 123, 139.
Liberator (cenobieX 7» v. Saint-
Ltbcrator (monastier).
Lion, V. Léon IX,
Liutprand (roi), xxxiv.
Lofulde [frère de Gilbert Bna-
tère], a3.
Lombards, xxxiij, 11 j, Ixij, Ixviij;
Loingobart, Longobnrt (li|f
xxxiij. xxxiv, 2, 18, 41, 164,
3i6, 332.
Lucie (sainte), 5i, 60.
Lucie (sainte), 329.
Lupus, Ixxj.
Lyun, V. Léon IX.
Lyon (pape), 3o8.
Lyon [sujet de Gisulfe de Sa^
lerne], i36, 166.
373
M
Mabillon, xj.
Maddaloni [château de], 90 « ;
Madalone, Magdalone, Mate-
lone, Mathelone, Metadelione,
xliij) 90.
Main/roi [fils naturel de Fré-
déric II]t xliij.
Major-Torre (château de la), xliij,
88.
Malarbine, v. Minervino.
Malaterra, Ivj, Ivij, Iviij, Ixxj.
Malfe, V. Amalfi.
Mal fi tain, v. Amalfitains.
Malgere, v. Manger.
Manachia, v. Maniaces,
Manfredonia, xliij ; Manfredone,
xliij, 83.
ManiacèSy Iviij, Ixviij, 61 ' ; Ma-
nachia, Maniachin, Manialie,
Monacho, Moniaco, 5i, 52, 60,
64.
Mansion-Mansone [sujet de Gi'
sulfe de Saleme], i36, 166.
Marc (saint), évangéliste, 218.
Marca, xij.
Marcelle (duc de), 12 3, v. Mar-
seille.
Marche (la), v. Firmo (marche
de).
Marie {duchesse de Gaéte),
235 '.
Marse(lo conte de), 242, v. Bé'
rardf comte des Marses, fils
de Berard II.
Marseille (duc de), i23 4.
Marses (pays des), Marse, Marsi,
Marsica, Marsico, lix, 91, 124,
173, 23i, 241, 267, 307.
Marsica-marsico (conte de), 9 1 ,
23 1, 241 [v. Bérard et Ode-
risius, comtes des Marses],
Martin [gardien de la prison de
Saleme], 89, 90.
Marus (J.-B.), xxvj.
Matelone, Mathelone, v. Madda-
loni.
Mathieu (saint), Mathie (saint...
apostole), i32, 3i5, 337,352,
353.
Mathilde (comtesse), 281 • ; Ma-
thilde, 266, 281.
Manger [frère de Hun^oy,
comte de Pouille], Malgere,
i36.
Manr (saint), Mauor (saint),
i5o.
Maurus d*A malfi, 319a; Maure,
Maurus, 3i3, 319, 32 1.
Maurns Iflls de Maurus d^A-
malfi], Maure, 322, 323.
Maximien, 317.
Mazara, Mazare, Mazarin, v. Maz-
zara.
Ma:;arin (cardinal), xxvij.
Mazzara, 204 » ; Mazara, Mazare,
Mazarin, Ixix, 232, 257.
Melan, v. Milan.
Mélès, Ixvj ; Melo, Melus, 6, 7,
24, 25, 28, 29, 3i, 32, 34,
38, 39, 80.
Melfa (la), 294 I ; Melfe (flume
de), 294.
Melfe, V. Melfi.
Melfe (flume de), 294, v. (la)
Melfa.
Melfi, 67 », Ixviij; Melfe, Melfef,
x'vi. 2^.. 52. 5S. C7. 7->. 77,
N-. S?, ^r. 104, jj'j, i?.v
Mi lit. ilv.
\k' -, 7 r—. --j . ^4, :;?. 2S,
MJj McUs', 7 {Ciir. i^oi. I"*'i
r.ciTU di Mi'.is.
^î■.l (iTi-ri; --arntl dL îi tr)"-illi.r
J: . 34. V. I)j;;'.
Ml;:- -Il ncv.^u dv, j^i 'Hiiirnnt,
Fi-rrc et M.k.;.
Me! us, C, V. Mêles.
Mi.ssiNEet Messyne, l'j!-^. i^j^,
200. 20S. 20'i. 210, 21''. 218.
2:0, 23".
MhTADELION'E, V. MvDDALlM.
Michil i>j/'i;i, Mi-Lirl (saiiin,
iSo.
XicJu i / r, f mriTrc ttr, 0 1 ' .
Michel Vil, vmptreur, i3 '.
.^!IH-^•. .Mehn, <)3.
Militrcc [comte Jf\ xxvj, xxix,
XXX, xxxiij, xxxvj, xxxviij, xliv,
XlVl!|.
ViiN*Hvi\o, 85 ' ; Mahrbinc,
.Monncrbin, 85.
M«.-n.:cho, Mur.iaco, v. Maniaccs.
.'■'.onncrbin, v. .Minervino.
MosoP'jiis, 85 ' : .Mont'pt./li. 84.
Mont--\le^re. v. Montk Il\ro.
Mon T-C ASSIS {mcma^Ktire du),
viii. xi, xiii, xîv, xix, xxiv,
XXV, XXXV, xxxvj, Ij. Ixiv, Ixv,
Ixvij. Ixix, Ixx; -Mont de Cas-
siî), .M'jnt de C'ssym. Mmi de
C .s.^}n...(^m«.»nastiLT...covcnt...
rucli.... lic^ [r>àin\ H:nedit de)
ViC-ni J. Cassin... ?6. 4.'. 44,
55, nO, 14!^ 144. 14?, J45i.
ib'?, :54, if.4, 105, 172, 175,
M. TA de Ca&sin (moin*: del 1, v.
A imé, ci\ et moine*
Moni'Cissin 'situation hièrar^
chique d'un abbc', xix^ xx.
xxj.
Munt de Cassyn ^abbc de), 2Ô5,
.^40, V. Didier^ abbé du Mcnt-
Cassin.
Mon t-ie- Cassyn ^moincde), 19.^.
Mont Gargaxo, 84 : : Mont d-j
G.r^ane, Sa, 83.
Muni dz Gsrgane, v. Mokt Gab-
GANO.
.Mv nt de Gilbert, v. Etïia.
.Mont Peluuz, v. Ma!<TE Peuoso.
.Mont Sarchio, Mont Soricoy, v.
Monte Siricolo.
M'>NTE Ilaro, 122 ); Mont-
Alegrc. 121. 122.
Monte Pelobo, 77 a ; Mont Pc-
lùuz, 77, 84.
.Monte-Scarxo, 92 4 ; Same Qo
mont...), 92.
Monte Siricolo, 78 ^ , Mont
Sarchio, Mont Soricoy, 78.
.Monte- Virgin E (abbaye de), ix,
xvj, xvij.
.Munich {Bibl. royale de), Ixiv.
Muratori, xj, xxxvij, liv.
N
Napi.k (maistre de la chevalerie
^'Ci, 4q\Scrgius IV],
Naple (inaistrc de la chevalerie
de). 284» 324 [Sergius f].
375
Naples, Naplc, Naples, xlvj, 47,
58, 124, 284, 3oi, 3i4, 324,
33o, 348, 353, 354.
Naples (anc. roy, de)j xv, xliv,
xlvij, 1.
Napoléon /•"■ xxvij.
Napolitains^ Neapolitain (li),
3i3, 354.
Néron, 317.
NOCERA-DEI-CIIRISTIANI, 307 ? ;
Noccre de li chrestien, 307.
Noemi, 122.
NoRA (Ysullc), home de Nore, 9.
Normandie , Ixvj ; Normandie,
Normendie, xxxvj. 6, 14, 18, 19,
20, 29, 3i, 74, 100, 124,
i36.
Normands (les), xxxiij, xl, xlj,
xlvj, Ij, lij, Ivj, Iviij, lix, Ix, Ixj,
Ixij, Ixvj, Ixvij, Ixviij, Ixix, Ixx,
Ixxj ; Normand, Normans, Nor-
mant (11), xliij, xlvj, Ix, 3, 5,
6, 7, 9, II, 12, 18, 19, 20,
27, 28, 29, 3o, 3i, 38, 39,
40, 41, 48, 5i, 52, 55, 57,
59, 60, 65, 68, 69, 70, 71,
72, 74, 75, 76, 77, 78, 79,
80, 81, 82, 83, 84, 87, 88,
89, 90, 91, 95, 96, 97, 98,
104, io5, 106, 107, iio, ii3,
116, 117, 122, 123, 124, 126,
128, 129, i3o, i3i, i32, i33,'
i34, i35, 139, 141, 149, i53,
i56, 161, i63, 169, 174, 178,
180, i85, 192, 193, 194, 197,
198, 2o5, 206, 207, 208, 209,
210, 2! I, 214, 224, 225, 227,
240, 243, 245, 252, 254, 281,
288, 299, 3c4, 3o5, 3o6, 3o8,
3i I, 329, 332, 348, 35o.
Normendie (li principe de), 19.
Nusco [évêchésuffragant deVar'
chevêche de Saleme], xiv, xvj,
xvij, xix.
O '
Oderisius, comte des Marses,
3 1 o ' ; Odorise, Odorisere,
Odorisie, Odorizc, 241, 242,
307.
Olivier (Jean-Pierre) [conseiller
du roi au pari, de Provence]^
xxvij.
Orderic Vital, Ixxj.
Orient (empire d*), xxiv.
Orient, Ij, lij.
Orselle, v.. Oursel de Bailleul.
Ortona, 304 1 ; Ortonne (tor de),
304.
Osmude [frère de Gilbert Bua-
tère]y 23.
Othon II, empereur, 259 1 ; em-
pereor... Otte, 259.
Otrante, Oirenie, 194, 219.
Otte... empereor, aSg, v. Othon
11.
Oursel de Bailleul, 14 a?, 17 a ;
Orselle, UerscUe, Ursel, Ur-
selle, Ursselle, xlvij, 5, 6, 14,
16, 17, 18.
Paccosa-Nuova, i38 » ; Facose-
le-Novc, i38.
Padulle aprez de Canoville, 278.
Palde, 8, v. PandulfelV,
Palerme, Ij, Ixix, Ixx^ 194, 2o3,
208, 209, 219,232,254,255,
rî tr^jt l'T.TL. :t . i : : -
tris.
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IV de sy.i^.i, l2^.
p£_-. ;-îfe IV r.Wtz -t. y.'.
pÊ-ijlfe :\ I. f.'.sdc FjrJulrhi
:;-:_;:'•; IV rrlre .:•; . Par.-
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Jl Gua.mjir III .
/"j";: 3.r'. -Vj; de-, xn-:;.
: ^j» d:M^€ de . ui-
.' iTtT5., i:3 ; Psiera*. 21 5.
h-iJ. sii^: . xïT. 37. :i6, i5«f:.
Pi*; Dizc-e, rtxi-. rxxn;,xxxiT,
xiXT. xxx-.i. xlûj. x!v, xlvj ;
Pi.:^ iva;o:i£« Paul ;:racc»K>,
1X3.-. 2.
/"f-fBM. ip7=. io5a; Perin.
\t ij^ Perrlr, ly*, 100.
Perfs. V. t^.tm {fils de Lamdon,
rr-'-v de Trjftto .
rcrl=, T. Peren/as.
P-rr«. io>, V. Pierre de Bûi"
Perrii "le duj). v. Peremos,
Peîrtsc 'amseilier du roi au
f^rL Je Proyence\ xxri}.
Philifpe /", rDÎ itf FroÊce,
Pice, V. AncE.
FIE-M-MOXIE Dl SaX GEUIA3I0,
2?7'; Pie-de-Mont, aBiyiSj,
2:->, 240.
Pi erre, xo *, v. Pierre de Bisi-
piano,
Pierrr SainO, xxv. 37, 1 15, 116,
2S:, 2091. il S. 3içi.
PioiTJ Saint 'iis^mijiamt la pJ-
faute, U Saint-Siège], a 3 7,
243. 340, 342, 336.
377
Pierre [neveu de Mélès], y, 3<).
Pierre (religions, moine), 140.
Pierre [fils de Landon, comte
de Traétto], 236 J ; Pères, 236,
Pierre, filz de Laudc, 234.
Pierre I ou Pétrone [fils d*A'
micus]j comte de Trani, Ixviij,
269 ' ; Pierre, Pierre, fil de
Ami ou Amico, Piètre, 84, i53,
iSg, 160, 169, 269, 270.
Pierre II, comte de Traniy flls
de Pierre /], 269 ' ; Pierre,
Piètre, 269, 272, 273, 274.
Pierre (filz de Laude), v. Pierre
(fils de Landon, comte de
Traétto),
Pierre (filz de Reynier), 39, 40.
Pierre (fil de Tyre), 109, v.
Pierre de Bisignano.
Pierre (neveu de), 1 59, v. Pierre
li comte de Trani.
Pierre de Bisignano, Ixix, 167 ' ;
Perre, Piere, Pierre, fils de
Tyre, io3, log, iio, 167.
Pierre Diacre, viij, ix, xj, xviij,
xix, xxiij, xxxix, Ixvj, Ixx.
Pierre diacre, 217'; Pierre,
dyacone Pierre, 216, 217.
Pierre Germain, 184.
Piètre, 269, 272, 273, v. Pierre
II, comte de Trani.
Piètre (li fill de), 269, 270, 271,
V. Pierre II, comte de Trani et
Falgutcc.
Piligrim, arch. de Cologne^ 33 ';
Belgrimc, 6.
Pisans (les), Pisain, Pisan, Piscn,
194, 228, 229, 266, 282,323.
PisE, Pyse, 228, 229, 283, 3i3,
324.
Ploheresco, 278 [peut-être Ta-
GLIACOZZO].
P0LICA8TR0, 353 » ; Pollicastre,
353.
PoNTE-CoRVo, 2362; Pont-dc-
Corbe, 236, 293.
Ponte-Feltro, v. Bodfeld.
Pbtarfranda, 242.
PouiLLE, xlvj, Iviij, Ixviij ; Paille,
xlvj, 6, 24, 25, 26, 29, 58, 64,
6?! 70» 79. u'» '36, i54,
i58, 167, 178, 193,198,200,
2o5, 207, 220, 229, 234, 25o,
280, 295, 296, 297, 3oo.
Préneste, ii5'; Penestrine,
ii5.
Puille, v. PoUILLE.
Puille (conte de), 52, v. Guil-
laume Bras-de-Fer, comte de
Fouille,
Puille (conte de), 1 36, v. Hum-
froy, comte de Pouille.
Puilloiz (li), 58, 78 [hab. de la
Pouille],
Pyse, V. PisE.
Q
Quaraie, v. Corato.
R
Rainald, abbé du Mont-Cassin,
Ixx.
Rainaldus, comte des Marses,
3io ».
Rainfroy [chef normand], 85 ' ;
Ramfrede, 85.
Rainulfe (comte d'Aversa), Ixvi; ;
-« * • - V
m
■'.;-.•. '. i- ■ rz^Ki.ft -iwii r.i^Ti.'J: •- è it. ::. f-r. r".
*. '.- tt ux: - • lit r»v tt ::• •- i . - : . : ; ■ : ; ; . i .
'r- ■.•.•»
>: ;•«.' ii :. r* ?x*TC . acrjcatracE: Rim .
/';.., O ;:«' :2 . li^ . Ri^t^ifct. »4ï•
:-•; ''V Fi'.rAl, i'.frff GnifCS^-J.
^'/.."^i? ?x.-y.i'. . 1 : 9 ; Re^t. 1 5^ 195.
;• î *:*.•■ /' - ' ■' ■' /'< 'c -« ^' > ^ :-i' »'- 4. i vf, 2 07.
yff*j Rémi Sain:,, Saizt-Honâe, 110.
379
Renda (Féltjc), moine et prieur
à Monte Virgine, xv, xvj.
Renier, comte de Suio, 2642;
Raynier (frère de), 264.
Renier (marchiz), 41, v. Reynier
(marquis et duc de Toscane),
Retcnse, v. Reate.
Reynier {marquis et duc de
Toscane)^ Sg î ; Reincr, Re-
nier, Reynier, 7, 39, 4.1.
Richard, comte d'Aver sa, prince
de Capouej xxiv, 1, Ij, lij,
Ixviij, Ixix, Ixx, Ixxj, i 2 ; Ric-
chars, Ricchart, Richard, Ri-
charde, Richars, Richart, i,
98, 99, 100, 104, IIO, III.
112, II 3, i3i, i34, 137, i38,
i53, i54, 161, 162, i63, 164,
i65, 166, 167, 169, 171, 173,
174, 175, 176, 177,231,232,
234, 241, 243, 245^ 246 248,
249, 250,261, 263, 265, 266,
268, 270, 273, 274, 280, 281,
285, 286,292, 3oi, 3o7/3i4,
3i5, 332, 335, 336, 340, 348,
353, 356, 357.
Richard {seigneur deLacedonia,
neveu de Richard de Capoue),
274 î ; Ricchart, Richart,, 265,
274, 275.
Richart (la fille de), 234 [Richard
deCapoue].
Richer, abbé du Mont-Cassin,
1402 ; Riccheric, Richcric, Ri-
chier, Richierde Bergarie, 5i,
56, 96, 140.
Rimato, Rimelc, v. Rametta.
Riso, 121, 122.
Robert, 22.
Robert (evesque), 120.
Robert \frère de Richard d'A-
versa], i3i, 137.
Robert Arenga, 270 1 [appelé
aussi Guillerme et Rogier];
Robert Arenga, 270.
Robert Crespin, 12 • ; Robert
Crespin et Crispin, 5, 12, i3.
Robert de Grentemesnil^ abbé de
Santa Eufemia^ 280 1 ; Ro-
bert, Robert, abbé de Sainte-
Ëufame, 280, 314, 343.
Robert Guiscard, duc de Fouille,
de Calabre et de Sicile, xxiv,
XXV, xxxvj, xxxvij, xxxviij,
xxxix, xl, Ij, lij, liij, Iviij, Ixj,
Ixij, Ixiij, Ixix, Ixx, i 2 ; Ro-
bert, Robert, liquel est dit
Biscart. . . Viscart, duc Robert,
i, 100, loi, io3, 104, 107,
108, 109, IIO, m, i3i, 134»
i53, i54, i56, i57, i58, 159,
160 161, 167, 168, 169, 170,
171, 178, 179, 180^ 181, 193,
19^1 197, 198,201, 2o3, 206,
208, 210, 21 I, 216, 22a, 223,
225, 226, 23a, 248, 249, a5o,
258, 259, 265,. 267, 268,273,
274, 276, 277, 278, 280, 282,
283, 284, 297, 3o2, 3o3, 307,
314, 3i5, 326, 33a, 333, 334,
335, 343, 352.
Robert, comte de Laurotello,
297 1 ; Robert, Robert Lan-
tieille, Robert de Lamritelle,
Robert da Ravitelle, a 66, 267,
272, 296, 3o2, 3o3, 304, 3o5,
3 06, 307.
Robert... de Octomarset, i32.
5So
Robert ii Rjt::£IIc. v, Rctert^
ccm:e de L»iur:eeUû.
R.xi l?e, ri 5.
.Zrd^phc'. S? ■ : Ro-i'-lrê. 84.
Rcdoi/e, jîis de &*ww, S5 ;
R odclri. till ie Beb«na, S4.
Ri?v2ulre, 5;. ri, v. Rainulfi
Trincjrt'Scîe.
Rcduifus. Ix:x.
Rosrer zv. de Suscc, xvj.
Rcger «."omf^i. xxxviî.lviii. Ixix,
Ixxj ; Roçier ; ccmie , 1 36^ io5,
30^. ao'i. 320, i3o. i5o, 257,
2*50. 205. 27-1, 293, 2'>4.» 3-3.
Roger /»% rci Jir Sicile, xxxvi;.
Roger ' riis de Rctert Guise JirS,
Ixxr, 2S8 ■ ; RL^er ^tilz de lo
duc Robcn). 25o, 2ÔÔ. 2 S S,
2S0, 2J7.
Roger Tcute'Bove, i'>7 '; Ro-
gier Toute-Bove, ni". 19S,
IQO.
Rogier Arcnga. 2SÔ, v. Robert
A rentra.
Roeier Toute- Bove, v. Roger
Tcute-Bove,
Ronuin Diogene , empereur,
xlvij..., 14 î.
Romains \lesif Romain /li), 282,
Rome. M. Ixx, 24. 52. ô3. io3,
io5. II?. i32.i?5. 140,143.
14?, 14S, i5o. i5i. 172, 242,
246, 24S, 275, 27Ô, 2S0, 283,
i55.
RoMfc 'évcquc dc'. iSo. v. B»îr-
narti, évéque.
Rome (empcrtor dci. 2?n, v.
Othon II.
Romie (Sainte ▼. Rémi {saini).
Saint Angele chaste de), v. Sa^it'
AXCCLO.
Saint Archingele, t. Saitt' Ar-
CH-UCGCLO.
Saint-Benedic (celle de), 42, v.
Saint-Benoit (momoMtère de.,.
à Capomey.
Sdint Benedit,.. (monastier...
chastel, terre..., etc.), 45, 61,
oô, ia5, 143,333, 279, 3ai,
522,3^:MmuutèreduMimt'
Cassin\
Saint-Benoit [manoMtère de, . . à
Cjipoue]j 42 * ; la celle de Saint
Bfnedit, laquelle se damoit
Capusita, 42.
Saint-Denis (abbaye de), zzj.
Saint Germain, v. Sa!! Gcs-
HA3CO.
Saint Jean-Baptiste {église)
Saint Jehan (trésor de). Saint
Jehan-Baptiste (egliie...), 267,
363.
Saint-Liberator (monastier de),
44.
Saint-Lope (monastier de), 196.
Saint-.Marc (chastel qui se cla-
moit)| 218, V. Sa!! Masoo
D*AlU!CZIO.
Saint-Marc (rocché de), 218, v.
Sax-Marco.
Sainte .Marie (églîie de... à Pa-
Icrmc), 23a, 236, 260.
Sai!ctMarti.x ^la aociu db), io3,
104, 108, 1 10.
}8i
Saint-Martin de Tours (abbaye
de)j XX j.
Saint-Mathieu [église.*, à Sa-
/erne], Saint Mathie de Salerne,
églize Saint Mathie, 333.
Saint-Michiel (eglize de), 83.
Saint Nicharde (castcl de), v.
San-Nicandro.
Saint-Pierre de Rome (eglize de),
i39, 144.
Saint-Rémi {église). 1 2 1 1 ; Saint-
Romi, 120.
Sainte Marie de lo Fare, v. Santa
Maria del Faro.
Saint- Severe (cité de), Saint Se-
verin (roche de), v. Santa-
Severina.
Saint-Severin, 353, v. San-Seve-
RINO.
Saint-Thomas {monastère de),
Ixviij.
Sainte- Agatha , Sainte- Agathe
(rocche-castel), v. Sant' Aga-
tha.
Sainte Sophie de Bonivent [Be-
nevent] (église), 148.
Salerna, Salerne (prince de), 7,
2 3, 2g, 3i, 33, V. Guaimar
IIL
Salerne, ix, x, xxv, xlvj, Ij, lij,
liij, liv, Ixij, Ixx, Ixxj ; Salerne,
Salerno, 6, 18, 19, 29, 33, 53,
58, 85, 92, ii3, 116, 117,
125, 127, 129, i38, i53, i65,
171, 297, 3oi, 3i4, 3i6, 320,
321, 322, 323, 325, 33o, 333,
334, 336, 345,547, 35i, 353.
Salerne (archevesque de), i35,
V. Jean, arch. de Salerne.
Salerne (archevesque de), t8o,
V. Alfane, arch. de Salerne. ^
Salerne (prince de), 83, 86, 88,
124, 125, V. Guaimar IV.
Salerne (prince de), 169, 162,
166, 169, 171, 280, 284, 3i6,
V. Gisulfe, prince de Salerne.
Salerhe (synode de) f 1161 ; con-
grégation de Salerne.
SalernitainSf Ixix; Salernitain
(li), 19, 126, i38, 238.
Salerno, 53, v. Salerne.
San-Germano, 97 > ; Saint-Ger-
main, 97, 240, 276, 340.
San-Marco, Ixix, rocche de Saint
Marc, 218.
San Marco d'Alunzio, ai8i;
chastel qui se clamoit <Saint
Marc, 218.
San-Nicandro, 1 38 I ; Saint Ni-
charde (castel de), 1 38.
San-Severino, 353 t ; Saint-Se-
verin, 353.
Sant' Agatha [Chateau-fort sur
le mont] f Sainte- Agatha, Sainte-
Agathe (rocche, castel), 5i, 56,
296, 355.
Sant* Angelo (château de), lo
chaste de Saint Angele, 268.
Sant* Arch angelo, 85 i ; Saint
Archangele, 84.
Saeta-Eufemia (abbé de), v. Ro-
bert de Grentemesnil.
Santa Maria del Faro, ao8 1 ;
Sainte Marie de lo Fare, 207.
Santa-Severina, 287 > ; Saint-
Severe (cité de), Saint -Sevehn
(roche de), 266, 287.
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Teobalde, Theobalde, 7, Sy,
42.
Theodine, v. Todinus.
Thetin, v. Chieti.
Thodès, Thodcschi, Thodesque
[les Allemands].
Thodès (prince de H), 3 1 [Henri
11].
Tholose ("evesque de), v. Toul
(évêque de).
Thurchie, Thurquie (roy de), 5,
16.
Tien (H conte de), v. Téano
(comtes de).
Todeschi, Todesque [les AlU'
mands].
Todesque (roy de H), 267 [ifenri
IV],
TodinuSy Ixvij, Theodine, 5i,
62.
Tosti (dom)j liv.
ToRRE DELL a CiSTERNA, i6o2;
Cysterne, la Cysterne, 160,
265, 273, 274.
Toudeschi [les Allemands].
Toul (cvcque de), v. Léon IX.
Traetto, X, 2 35 ' ; Tragete, Tra-
jetc, Trajcttc, 234, 236, 279,
294.
Traîna, 25i »; Trigane (cité),
25o.
Trani, 271 2 ; Tranc (cité de), 81,
84, 271, 272, 273, 275.
Transmunde [comte) ^ 3o2 î ;
Transmonde , Transmunde
(conte), 267, 3o2, 3o3, 304,
3oG, 309.
Transmunde (un autre), 304.
Transmunde (un autre autresi
qui se damoit), 304.
Transmunde (!i autre), 3o6.
Triganè (cité), v. TraIna.
Tristan ou Toustain le Bègue,
Tristan, Trostayne, 38, 84.
Troja, 32 î ; Troie; Troya, Troye,
xlvj, 6, 18, 3a, 35, i53, i58,
193, aoo, ao2.
Troiens, 35.
Trostayne, v. Tristan ou Tous-
tain le Bègue,
Turcs (les), Turc, Turche, Tur-
chi... (li), 6, 14, 16, 17.
TuRCiuiE, xlvij, i5.
TuscuLUM (comtes de), Ixx.
Tyen (cité de), v. Téano.
U
Udalrich, arch. de Bénévent,
160 >.
Umalfe, v. Amalfi.
Umfre, Umfrede, Umfroi, Um-
froy, Unfroi, v. Humfroy,
comte de Fouille.
Uerselle, v. Oursel de Bailleul.
Urbain II (pape), xj.
Ursel, Urselle, Ursselle, v. Oursel
de Bailleul.
Urselle (la moillier), 16 [la femme
d' Oursel de Bailleul].
Vaccaire (home qui se clament),
xlvj, 3o.
Vaccaricia, xlvj 2; Vacarice, Vac-
carice, xlvj, 29.
Valaire (chastel), v. Bellarie.
Valbine, lix, 124, v. Balva.
Val-Demonb, 2 1 7 a ; val-de-Mane,
374
xlvj, 29, 52, 58, 67, 70, 77,
80, 83, 85, 104, 116, i53,
i3fj, 160.
Mélie, xlv.
Mch), 7 [cap. 2yî, 34, 25, 28,
2«), 3i, 32, 34, 38, 39, 80, V.
Mclcs,
M'.-lo [Mêles], 7 (cap. 3o), 39
[neveu de Mêles].
Mcio (frcrc carnel de la cnoillicr
de), 34, V. Datto,
McIo (li neveu de), 39 [tltiennc,
Pierre et Mclo].
Melus, 0, V. Mêles,
Mlssine et Messyne, 193, 194,
206, 208, 209, 210, 216, 218,
25o, 257.
Mktadeuone, V. Maddai.oni.
Michel (saint), Michicl (saint),
189.
Michel J Vf empereur, Ci •.
Michel VII y empereur, i5 '.
iMiLAN, Mclan, 63.
Militrce {comte de), xxvj, xxix,
XXX, xxxiij, xxxvj, xxxviij, xliv,
xlviij.
MiNKRViNO, 85 ' ; Malarbinc,
Monnerbin,.85.
Monacho, Moniaco, v. Maniacès,
Monnerbin, v. Minervino.
Monopolis, 85 ' ; Monopoli, 84.
Mont-Alegre, v. Monte Ilaro.
Mont-Cassin (monastère du),
viii, xi, xiii, xiv, xix, xxiv,
XXV, XXXV, xxxvj, Ij, Ixiv, Ixv,
Ixvij, Ixix, Ixx; Mont de Cas-
sin, Mont de Cnssym, Mont de
Cassyn...(m()nastior...covent...
ruch-.'... dc) (.')aint Hcncdit de)
Mont de Cassin... 36, 43, 44,
53, 96, 143, 144, 14?, 148.
i53, i54, 164, i65, 172, 175,
177, 344.
Mont de Cassin (moine de), 1 , v.
Aimé, év. et moine,
Mont-Cassin [situation hiérar-
chique d'un abbé], xix, xx,
xxj.
Mont de Cassyn (abbé de), 263,
340, V. Didier, abbé du Mont-
Cassin.
Mont-dc-Cassyn (moine de), 193.
Mont Gargano, 84 i ; Mont de
Giirgane, 52, 83.
Mont d2 Garganc, v. Mont Gar-
gano.
Ment de Gilbert, v. Etna.
Mont Pelouz, v. Monte Peloso.
Mont Sarchio, Mont Soricoy, v.
Monte Siricolo.
Monte Ilaro, 122 I; Mont-
Alcgre, 121, 122.
Monte Peloso, 77 a ; Mont Pe-
louz, 77, 84.
Mokte^Scarno, 92 4 ; Sarne (lo
mont...), 92.
Monte Siricolo, 78 ■ , Mont
Sarchio, Mont Soricoy, 78.
Monte-Virgine (abbaye de)^ zv,
xvj, xvij.
Munich (Bibl. royale de), Ixxv.
Muratori, xj, zxxvij, liv.
N
Naple (maistre de la chevalerie
de), 49 [Sergius /F].
Naple (maistre de la chevalerie
de), 284, 324 [Sergius V].
375
Naples, Naplc, Naples, xlvj, 47,
58, 124, 284, 3oi, 3i4, 324,
33o, 348, 353, 354.
Naples (anc. roy. de), xv, xliv,
xlvij, 1.
Napoléon /<"" xxvij.
Napolitains^ Neapolitain (li),
3i3, 354.
Néron, 317.
NOCERA-DEI-CIIRISTIANI, 307 î ;
Ncwrerc de li chrestien, 307.
Noemi, 122.
NoRA (Ysullc), home de Nore, 9.
Normandie , Ixvj ; Normandie,
Normendie, xxxvj. 6, 14, 18, 19,
20, 29, 3i, 74, 100, 124,
i36.
Normands {les), xxxiij, xl, xlj,
xlvj, Ij, lij, Ivj, Iviij, lix, Ix, Ixj,
Ixij, Ixvj, Ixvij, Ixviij, Ixix, Ixx,
Ixxj ; Normand, Normans, Nor-
mant (li), xliij, xlvj, Ix, 3, 5,
6, 7, 9, II, 12, 18, 19, 20,
27, 28, 29, 3o, 3i, 38, 39,
40, 41, 48, 5i, 52, 55, 57,
59, 60, 65, 68, 69, 70, 71,
72, 74, 75, 76, 77» 7«, 79»
80, 81, 82, 83, 84, 87, 88,
89, 90, 91, 95, 96, 97, 98,
104, io5, 106, 107, iio, ii3,
116, 117, 122, 123, 124, 126,
128, 129, i3o, i3i, i32, i33,'
134, i35, 139, 141, 149, i53,
i56, 161, i63, 169, 174, 178,
180, i85, 192, 193, 194, 197,
198, 2o5, 206, 207, 208, 209,
210, 21 r, 214, 224, 225, 227,
240, 243, 245, 252, 254, 281,
288, 209, 3c4, 3o5, 3o6, 3o8,
3 II, 329, 33a, 348, 35o.
Normendie (li principe de), 19.
Nusco [évéchésuffragant de V ar-
chevêché de Saleme], xiv, xvj,
xvij, xix.
O '
Oderisius, comte des Marses,
3 1 o I ; Odorise, Odorisere,
Odorisic, Odorizc, 241, 242,
307.
Olivier (Jean-Pierre) [conseiller
du roi au part, de Provence] y
xxvij.
Orderic Vital, Ixxj.
Orient .(empire d*), xxiv.
Orient, Ij, lij.
Orselle, v.. Oursel de Bailleul.
Ortona, 304 1 ; Ortonne (tor de),
304.
Osmude [frère de Gilbert Bua-
tère]y a 3.
Othon II y empereur f a 59 1 ; cm-
pereor... Otte, a59.
Otrante, Oirente, 194, a 19.
Oite... empereor, a59, v. Othon
IL
Oursel de Bailleul, 14» î, 17 a ;
Orselle, Uerselle, Ursel, Ur-
selle, Ursselle, xlvij, 5, 6, 14,
16, 17, 18.
Paccosa-Nuova, i38»; Facose-
le-Nove, i38.
Padulle aprez de Canoville, 278.
Palde, 8, V. PandulfelV.
PALERME, Ij, IxiX, IXX, 1 94, 203,
ao8, 209, 219,232,254, 255,
}7^
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Pasiil-Kr. Johar^. SS, Jehan,
Psfizjls- if. i II -; Panialeo, Pan-
:ile-.a. Pa-TEtieleon, Panthelo,
--: ;, Jii, .'II. -^-M-
F^rii BibC. .Vi/ ir>. ixvij.
Pkus Jxcède Je j xxx.
F iTïiLf:, iii : ; Paieme, ai 5.
PdtrtBK. r. StepkxKO Patriano,
P:iul ;sais:.i, rxv, .'7. xi6, 186,
:>> 1:9.
PjaiL DiJC7-e, mi;, xxxuj,xxxiv,
IJUT. xxx\-i. xliî). xlvy xlvj ;
Pi ni iyacoce, Paul dji-acono,
xxx:. 2.
Peremcj, 197 «. loS"»; Peiin.
li i-jc Perrin, i->$, 109.
P^res. V. Pierre {fils de Lamdott,
*,vmte Je Traètto .
P«ri=, T. Peremas.
Psrre, 101, v. Pierre de BÎMi"
Pirrin ».le duc), v. Peremoe.
Piirtsc comsetUer dm roi am
r*iW. Je Provence] f xrrij.
Philippe >', roi ie F^aaee^
34.^ ^-
Pice, T. Apick.
riE-?I-MO!CIE Dl SaSI GeSHASCO,
2?7*; Pie-de-Mont, aSiviB?»
:?o, 240.
Fi-rre. lo-j, t. Pierre de Biti-
Pierrr Suir.i), xxv. ?7, 1 13, 1 16,
2S:. !•>>. 3iS. 3iQ.
Pierre ^ Saint iiguijlamt la fiH
fjuU\ U Saiml-Siège]. a 3 7,
24?. S40, 341, 336.
377
Pierre [neveu de Mêlés], 7, 39.
Pierre (religions, moine), 140.
Pierre [fils de Landon, comte
de Traétto], 236 î ; Pères, 236,
Pierre, filz de Laude, 234.
Pierre I ou Pétrone [fils d'A-
micus]y comte de Trani, Ixviij,
269 ' ; Pierre, Pierre, fil de
Ami ou Amico, Piètre, 84, i53,
iSg, 160, 169, 269, 270.
Pierre II, comte de Trani^ fils
de Pierre /], 269 ' ; Pierre,
Piètre, 269, 272, 273, 274.
Pierre (filz de Laude), v. Pierre
{fils de Landon, comte de
Traétto),
Pierre (filz de Reynier), 39, 40.
Pierre (fil de Tyre), 109, v.
Pierre de Bisignano.
Pierre (neveu de), 1 59, v. Pierre
li comte de Trani,
Pierre de Bisignano, \x\x, 167' ;
Perre, Piere, Pierre, fils de
Tyre, io3, 109, iio, 167.
Pierre Diacre, viij, ix, xj, xviij,
xix, xxiij, xxxix, Ixvj, Ixx.
Pierre diacre, 217'; Pierre,
dyacone Pierre, 216, 217.
Pierre Germain, 184.
Piètre, 269, 272, 273, v. Pierre
II, comte de Trani.
Piètre (li fill de), 269, 270, 271,
V. Pierre II, comte de Trani et
Falgutce,
Piligrim, arch. de Cologne, 33 ';
Belgrimc, 6.
Pisans (les), Pisain, Pisan, Piscn,
194, 228, 229, 266, 282, 323.
P18E, Pyse, 228, 229, 283, 3i3,
324.
Plomeresco, 278 [peut-être Ta-
GLIACOZZO].
PoLiCASTRo, 353 ' ; Pollicastre,
353.
PoNTE-CoRvo, 2362; Pont-dc-
Corbe, 236, 293.
Ponte-Feltro, v. Bodfeld.
Pbtarfranda, 242.
PouiLLE, xlvj, Iviij, Ixviij ; Puille,
xlvj, 6, 24, 25, 26, 29, 58, 64,
67, 70» 79. "I» i36, i54,
i58, 167, 178, 193,198,200,
2o5, 207, 220, 229, 234, 25o,
280, 295, 296, 297, 3oo.
Préneste , 1 1 5 » ; Penestrine ,
1 15.
Puille, V. P0UILLE.
Puille (conte de), 52, v. Guil-
laume Bras-de-Fer, comte de
Pouille,
Puille (conte de), i36, v. Hum-
froy, comte de Pouille,
Puilloiz (li), 58, 78 [hab, de la
Pouille],
Pyse, V. Pise.
Q
Quarate, v. Corato.
R
Rainald, abbé du Mont-Cassin,
Ixx.
Rainaldus, comte des Marses,
3io ».
Rainfroy [chef normand], 85 i ;
Ramfrede, 85.
Rainulfe (comte d'Aversa), Ixvij ;
379
Renda (Félijc), moine et prieur
à Monte Virgine, xv, xvj.
Renier, comte de Suio, 264 2 ;
Raynier (frère de), 264.
Renier (marchiz), 41, v. Reynier
(marquis et duc de Toscane),
Retcnse, v. Reate.
Reynier {marquis et duc de
Toscane), Sg î ; Reincr, Re-
nier, Reynier, 7, 39, 4.1.
Richard, comte d'Aver sa, prince
de CapouCf xxiv, 1, Ij, lij,
Ixviij, Ixix, Ixx, Ixxj, i 2 ; Rie-
chars, Ricchart, Richard, Ri-
charde, Richars, Richart, i,
98, 99, 100, 104, IIO, III.
112, II 3, i3i, i34, 137, i38,
i53, i54, 161, 162, i63, 164,
i63, 166, 167, 169, 171, 173,
174, 175, 176, 177, 23l,232,
234, 241, 243, 245, 246 248,
24g, 250,261, 263, 265, 266,
268, 270, 273, 274, 280, 281,
285, 286,292, 3oi, 3o7/3i4,
3i5, 332, 335, 336, 340, 348,
353, 356, 357.
Richard (seigneur deLacedonia^
neveu de Richard de Capoue),
274 î ; Ricchart, Richart,, 265,
274, 275.
Richart (la fille de), 234 [Richard
de Capoue].
Richer, abbé du Mont-Cassin,
1402 ; Riccherie, Richeric, Ri-
chier, Richier de Bcrgarie, 5 1 ,
56, 96, 140.
Rimât'-', Rimele, v. Rametta.
Riso, I 21, 122.
Robert, 22.
Robert (evcsque), 120.
Robert [frère de Richard d*A-
versa], i3i, 137.
Robert Arenga, 270 ' [appelé
aussi Guillerme et Rogier];
Robert Arenga, 270.
Robert Crespin, la • ; Robert
Crespin et Crispin, 5, 12, i3.
Robert de Grentemesnil, abbé de
Santa Eufemia^ 280 > ; Ro-
bert, Robert, abbé de Sainte-
Ëufame, a8o, 3 14, 343.
Robert Guiscard, duc de Fouille,
deCalabre et de Sicile, xxiv,
XXV, xxxvj, xxxvij, xxxviij,
xxxix, xl, 1), lij, liij, Iviij, Ixj,
Ixij, Ixiij, Ixix, Ixx, 1 2 ; Ro-
bert, Robert, liquel est dit
Biscart . . . Viscart, duc Robert,
I, 100, loi, io3, 104, 107,
108, 109, IIO, III, i3i, i34»
i53, i54, i56, i57, i58, iSg,
160 161, 167, 168, 169, 170,
171, 178, 179, 180^ 181, 193,
19^, 197, 198, 201, ao3, 206,
208, 210, 211, 216, 222, 223,
225, 226, 23a, 248, 249, a5o,
258, 259, 265,. 267, 268,273,
274, 276, 277, 278, a8o, 282,
283, 284, 297, 3o2, 3o3, 307,
314, 3i5, 326, 332,333, 334,
335, 343, 352.
Robert, comte de Laurotello,
297 I ; Robert, Robert Lan-
tieille, Robert de Lamritelle,
Robert da Ravitelle, 266, 267,
272, 296, 3o2, 3o3, 304, 3o5,
3o6, 307.
Robert... de Octomarset, i32.
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5:^, 5:4-
;::. r::. 1.-2. i? 5. 14 >, 145.
li?. 14^. 1:0. i5f. 172. 242.
2i*S. 24S, 27:, 27-:. 2ÏO. 2S3,
. ^ ^ m
narj. évéque.
RoHE (empcrtor ici. 23';j, v.
Of Aon //.
z»L3£ \a£ïas •*aww as", T. âAsrr
=xLKiL isrrt..., etc.), 43. 61,
>c. II?- :4i. a55. «70, 3ii.
--21- -44
Os^tcmi'. 4.2 r ; Il eéBc de Saint
^zAïiz. Uq-jeOe se dunoit
Cir^sn. 42.
Sjixt'DeMÛ .abbaye déU zzj.
^^**", T.
O.
S2i«r Je^^HBofiiste i église'.
Siint Jehan (irésor de). Saint
J£hi3-B«fcisie (eg|in...}y 167,
353.
Sii::t-Libentor (monasiier de).
:=t-Lope fmonastîer de), 196.
nt-Marc (chastd qui le cla-
mo:t>. 118. T. Sax Maboo
d*Alu?szio.
Saint-Marc (roccbé de), ai 8, t.
Sa-m-Makoo.
Sainte Marie èglizede. .. à Pa-
ïenne), 2?3, a 36, aôo.
S AUCT Martin ,la aociu de), io3,
104, ioS, 1 10.
}8i
Saint-Martin de Tours (abbaye
de)y XX j.
Saint-Mathieu [église,*, à Sa»
lerne], Saint Mathie de Salerne,
églize Saint Mathie, 333.
Saint-Michiel (eglize de), 83.
Saint Nicharde (castel de), v.
San-Nicandro.
Saint- Pierre de Rome (eglize de),
i39, 144.
Saint-Rémi (église). 1 2 1 1 ; Saint-
Romi, 120.
Sainte Marie de lo Fare, v. Santa
Maria del Faro,
Saint- Severe (cité de), Saint Se-
verin (roche de), v. Santa-
Severina.
Saint-Severin, 353, v. San-Seve-
RINO.
Saint-Thomas (monastère de)y
Ixviij.
Sainte-Agatha , Sainte-Agathe
(rocchc-castel), v. Sant' Aga-
tha.
Sainte Sophie de Bonivent [Be-
nevent] (église), 148.
Salerna, Salerne (prince de), 7,
2 3, 2g, 3i, 33, V. Guaimar
III,
Salerne, ix, x, xxv, xlvj, Ij, lij,
liij, liv, Ixij, Ixx, Ixxj ; Salerne,
Salerno, 6, 18, 19, 29, 33, 53,
58, 85, 92, ii3, 116, 117,
125, 127, 129, i38, i53, i65,
171, 297, 3oi, 3i4, 3i6, 320,
321, 322, 323, 325, 33o, 333,
334, 336, 345,547, 35i, 353.
Salerne (archevesque de), i35,
V. Jean, arch, de Salerne,
Salerne (archevesque de), t8o,
V. Alfane, arch, de Salerne.
Salerne (prince de), 83, 86, 88,
124, 125, V. Guaimar IV.
Salerne (prince de), 159, 162,
166, 169, 171, 280,284, 3i6,
V. Gisulfey prince de Salerne,
Salerne (^ynotfe^ie), 1161 ; con-
grégation de Salerne.
SalemitainSf Ixix; Salernitain
(11), 19, 126, i38, 238.
Salerno, 53, v. Salerne.
San-Germano, 97 a ; Saint-Ger-
main, 97, 240, 276, 340.
San-Marco, Ixix, rocche de Saint
Marc, 218.
San Marco d*Alunzio, 218 (;
chastel qui se damoit <Saint
Marc, 218.
San-Nicandro, i 38 i ; Saint Ni-
charde (castel de), 1 38.
San-Severino, 353 ( ; Saint-Se-
verin, 353.
Sant' Agatha [Château-fort sur
le mont] f Sainte-Agatha, Sainte-
Agathe (rocche, castel), 5i, 56,
296, 355.
Sant* Angelo (château de), lo
chaste de Saint Angele, a 68.
Sant* Archangelo, 85 1 ; Saint
Archangele, 84.
Saeta-Eufemia (abbé de), v. Ro-
bert de GrentemesniL
Santa Maria del Faro, 208 ( ;
Sainte Marie de lo Fare, 207.
Santa-Severina, 287 > ; Saint-
Severe (cité de), Saint-Scverin
(roche de), 266, 287.
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-^ <*. ;ri:s i^- s-. Gr:.'-. Z'- ;.-.:; ie Tua. lo-.
385
Teobalde, Theobalde, 7, 37,
42.
Theodine, v. Todinus.
Thetin, v. Chieti.
Thodcs, Thcxieschi, Thodesque
[les Allemands].
Thodès (prince de li), 3 1 [Henri
II],
Tholose ^evesque de), v. Toul
(évêque de).
Thurchie, Thurq^uie (roy de), 5,
16.
Tien (li conte de), v. Téano
(comtes de),
Todeschi, Todesque [les Aile»
mands],
Todesque (roy de li), 267 [Henri
IV].
TodinuSy Ixvij, Theodine, 5i,
62.
Tosti {dom\ liv.
Torre della Cistbrna, 1602;
Cysterne, la Cysterne, 160,
265, 273, 274.
Toudeschi [les Allemands],
Toul (cvêque de), v. Léon IX.
Traetto, X, 2 35 « ; Tragete, Tra-
jete, Tra jette, 234, 236, 279,
294.
Traîna, 25i'; Trigane (cité),
25o.
Trani, 271 2 ; Trane (cité de), 81,
84, 271, 273, 273, 275.
Transmundc {comte), 3o2 ? ;
Transmonde , Transmunde
(conte), 2(37, ^02, 3o3, 3o4,
3oG, 309.
Transmunde (un autre), 304.
Transmunde (un autre autresi
qui se damoit), 304.
Transmunde (li autre), 3o6.
Triganè (cité), v. TraIna.
Tristan ou Toustain le Bègue,
Tristan, Trostayne, 38, 84.
Troja, 32 j ; Troie; Troya, Troye,
xlvj, 6, 18, 32, 35, i53, i58,
193, 200, 202.
Troiens, 35.
Trostayne, v. Tristan ou Tous-
tain le Bègue.
Turcs {les), Turc, Turche, Tur-
chi... (li), 6, 14, 16, 17.
Turquie, xlvij, i5.
TusccLUM (comtes de), Ixx.
Tyen (cité de), v. Téano,
U
Udalrich, arch. de Bénévent,
160 I.
Umalfe, v. Amalfi.
Urafre, Umfrede, Umfroi, Um-
froy, Unfroi, v. Humfroy,
comte de Pouille.
Uerselle, v. Oursel de Bailleul.
Urbain II (pape), xj.
Ursel, Urselle, Ursselle, v. Oursel
de Bailleul.
Urselle (la moillier), 16 [la femme
d'Oursel de Bailleul].
Vaccaire (home qui se clament),
xlvj, 3o.
Vaccaricia, xlvj 2; Vacance, Vac-
carice, xlvj, 29.
Salaire (chastel), v. Bellarie.
Valbine, lix, 1 24, v. Balva.
Val-Demonb, 2 1 7 2 ; val-de-Mane,
384
val de Manne, val de Mène,
194, 217, 218.
Valetane (duc), 1 64, v. Adénulfe,
duc de Gaète.
Valin, V. Valva.
Vallarie (chastel), v. Bellarie.
Valva, 241 '; Valin, 241.
Venafro, 278 2; Bcnafre, 278.
Venosa, 70 t ; Venoze, 70, 84.
Verscill (evesque de),v. Grégoire,
év. de Vercelli.
Vésuve (Mont), 200 >; Bcbie
(mont de), Bibio (mont), 193,
200.
V1CALVI, 280 1 ; Vicablanche (cas-
tel qui se clame), 279, 280.
Victor II, pape, 1 39 > ; Victor,
Victore, 139, 140, 141.
Victor III (pape), xxij, xxiv.
Visimane (cité), v. Bisignano.
Vultime, Vultimien, Vultimine.
Vultimino, Vultumine, v. Ibn-
at'Timnah (Caid).
W
Wait!Ç, xxxiv.
Wattenbach, Ixiv.
Wilmans, Iv, lix, Ixiij.
Y
Ylaire (abbé de Saint- Vincent),
Ynsule, v. Isola oel Liri.
Ysaie (prophète), 2.
Ysidoirc, Ysidorre, ▼. Isidore de
SMlle.
YsoLE, YsuLE, V. Isola dbl Liu.
Ytalie, v. Italie.
Zoé, (impératrice), 61 ».
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Introduction vii-lxxi
Ystoire de li Normant. . . • i
I e"" Livre 5
2« Livre 5i
3" Livre io3
4« Livre i53
5*5 Livre 193
6« Livre 23i
70 Livre 265
8« Livre 3i3
Table des noms propres 359
25
578
Ranolfc, Raydolfe, Raynolfc,
Raynorlfc, Raynulfe, xlviij, 7,
8, 23, 47, 48, 4(), 5i, 5a, 57,
65, 83, 86, 87, 92.
Rainulfe Trincanocte ou Trin-
clinocte , comte d'Aversa ,
Ixviij, 88 ' a ; Randulfc, Ra-
nulfe, Raynolfc, Raynolfc...
Tridinocic, Raydulfe, Ray-
nulfe, Rodulfc... Trincanocte,
52, 53, 88, 89, 92, 94, 95, 98,
io3, io5, ii3.
Rametta, 2 1 2 1 ; Rimate, Rimete,
194, 2o5, 21 1.
Ramfrcdc, v. Rainfroy.
Ramppollc, v. Rapolla.
Randulfc, 89, 92, 94, v. Rai-
nulfe Trincanocte,
Ranolfc, 47, v. Rainulfe {comte
d'Aversa).
Ranolfc (la moillier de), 48
[femme de Rainulfe, comte
d'Aversa, sœur de Serge de
Naplcs].
Ranulfc, io5, v. Rainulfe Trin-
canocte,
Raoul \Jrcre de Robert de Lau»
rotcllo], Raul, 272
Raoul, comte d'Aversa, 88 » ;
Raul, Raulfc, 52, 53, 88.
Raoul Glaber, Ixxj.
Rapolla, 273»; RamppoUe,
Rapulle, 273, 276.
Raul. 53. 88, v. Raoul, comte
d'Aversa.
Raul, 272, V. Raoul (frère de Ro-
bcrt de Laurotcllo),
Raulfc, 52, V. Raoul, comte d'A-
versa.
Ravenne, 304 a ; Ravane, 304.
Raydolfe, 49, v. Rainulfe (comte
d'Aversa),
Raydulfe, 98, v. Rainulfe Trin-
canocte.
Raynier [l'un des chefs de Varwiée
pontificale à la bataille de
Civitate], Ixix, 134.
Raynier, 264, Renier^ comte de
Suio.
Raynier (frère de. . .. evesque de
Gaieté), v. Léon, év. de Gaétc,
Raynolfc [Vun des chefs de Var-
mée pontificale à la bataille de
Civitate], Ixix, 134.
Raynolfe, conte de Averse, 126.
Raynolfe [frère de Richard de
Capoue, 3i5a, 261, a63, 3i5.
Raynolfe, y, 8, 48, 5i, 32, 57,
83, 86, 87, ga, v. Rainulfe
(comte d'Aversa).
Raynolfc... Trtdinocte, 88, 89,
92, 95, io3, II 3, V. Rainulfe
Trincanocte.
Raynorlfc, 52 ; Raynulfie, 8, 5a,
57, 65, 86, V. Rainulfe {comte
d'Aversa).
Raynulfe, 53, 11 3, v. Rainulfe
Trincanocte.
Reate , actuellement Ribti ,
241 1; Retense, 341.
Rege, V. Reggio.
Rege (duc de), i53, v. Robert
Guiscard.
Reggio, t58i; Rege, i38, igS,
194, ao4, ao6, 207.
Rciner (marchise), 7, v. Reynier
{marquis et duc de Tatcaite).
Rémi (Saint), Saint-Romie, i ao.
379
Renda (Félix), moine et prieur
à Monte Virgine^ xv, xvj.
Renier, comte de Suio, 264 2 ;
Raynier (frère de), 264.
Renier (marchiz), 41, v. Reynier
{marquis et duc de Toscane),
Retense, v. Reate.
Reynier (marquis et duc de
Toscane), Sg ? ; Reincr, Re-
nier, Reynier, 7, 30, 4*1.
Richard, comte d'Aversa, prince
de CapouCf xxiv, 1, Ij, lij,
Ixviij, Ixix, Ixx, Ixxj, i 2 ; Ric-
chars, Ricchart, Richard, Ri-
charde, Richars, Richart, i,
98, 99, 100, 104, IIO, III.
112, II 3, 1 3 1,1 34, i37, i38,
i53, i54, 161, 162, i63, 164,
i65, 166, 167, 169, 171, 173,
174, 175. 176, 177, 23l,232,
234, 241, 243, 245,246 248,
249, 250,261, 263, 265, 266,
268, 270, 273, 274, 280, 281,
285, 286,292, 3oi, 3o7/'3i4,
3i5. 332,335, 336, 340,348,
353, 356, 357.
Richard (seigneur deLacedonia,
neveu de Richard de Capoue),
274 î ; Ricchart, Richart,, 265,
274, 275.
Richart (la fille de), 234 [Richard
de Capoue] .
Richer, abbé du Mont'Cassin,
140 2 ; Riccheric, Richerie, Ri-
chier, Richier de Bcrgarie, 5 1 ,
56, 96, 140.
Rimât'-', Rimelc, v. Rametta.
Riso, 121, 122.
Robert, 22.
Robert (evesque), 120.
Robert [frère de Richard d'A-
versa], i3i, 137.
Robert Arenga, 270 ' [appelé
aussi Guillerme et Rogier] ;
Robert Arenga, 270.
Robert Crespin, 12 • ; Robert
Crespin et Crispin, 5, 12, i3.
Robert de Grentemesnil, abbé de
Santa Eufemia, a8o i ; Ro-
bert, Robert, abbé de Sainte-
Eufame, 280, 314, 343.
Robert Guiscard, duc de Fouille,
deCalabre et de Sicile, xxiv,
XXV, xxxvj, xxxvij, xxxviij,
xxxix, xl, Ij, lij, liij, Iviij, Ixj,
Ixij, Ixiij, Ixixy Ixx, i 2 ; Ro-
bert, Robert, liquel est dit
Biscart . . . Viscart, duc Robert,
i, 100, loi, io3, 104, 107,
108, 109, 110, m, i3i, i34»
i53, i54, i56, i57, i58, iSg,
160 161, 167, 168, 169, 170,
171, 178, 179, 180^ 181, 193,
19^, 197, 198, aoi, 2o3, 206,
208, 210, 21 I, 216, 222, 223,
225, 226, 232, 248, 249, 25o,
258, 259, 265,. 267, 268,273,
274, 276, 277, 278, 280, 282,
283, 284, 297, 3o2, 3o3, 307,
314, 3i5, 326, 332,333, 334,
335, 343, 352.
Robert, comte de Laurotello,
297 1 ; Robert, Robert Lan-
tieille, Robert de Latritelle,
Robert da Ravitelle, 266, 267,
272, 296, 3o2, 3o3, 304, 3o5,
3o6, 307.
Robert... de Octomarsct, i32.
38o
Robert da Ravitelle, v. Robert,
comte de Laurotello.
Rodolfe, i35.
Rodolphe, 85 • ; Rodulfe, 84.
Rodolfe, fils de Bébéna, 85 ' ;
Rodolfe, fill de Bebena, 84.
RoduUe, 52, 53, v. Rainulfe
Trincanocte.
Rodulfus, Ixix.
Roger (év. de Nusco, xvj.
Roger {comte)f xxxvij.Iviij, Ixix,
Ixxj ; Rogier (comte), 1 36, 205,
208, 209, 220, 23o, 25o, 257,
260, 265, 279, 293, 294, 355.
Roger /«>•, roi de Sicile, xxxvij.
Roger [fils de Robert Guiscard],
Ixxj, 288 I ; Rogier (filz de lo
duc Robert), 25o, 266, 288,
289, 297.
Roger Toute^Bove, 197 J; Ro-
gier Toute^Bove, 197, 198,
199.
Rogier Arcnga, 286, v. Robert
Arenga.
Rogier Toute-Bove, v. Roger
Toute-Bove.
Romain Diogène , empereur,
xlvij..., 14 ?.
Romains {les), Romain (li), 282,
338, 354.
Rome, lij, Ixx, 24, 52, 65, io3,
io5, ii5, i32, i35, 140, 143,
145, 148, i5o, i5i, 172, 242,
246, 248, 275, 276, 280, 283,
355.
Rome (évcquc de), i8o, v, Ber^
nardj cvéque.
Rome (cmpercor de), 239, v.
Othon IL
Romie (Saint), v. Rémi (saint).
Saint Angele (chaste de), v. Sant*
Angelo.
Saint Archangele, v. Saitt* Ak-
CHANGELO.
Saint-Benedit (celle de), 4a, v.
Saint-Benoit {momastère de.,,
à Capoue).
Saint Benedit,.. (monastier. • .
chastel, terre..., etc.)» 45, 61,
96, 125, 143, a33, 279, 3a I,
32a, 344 [Monastère du Mont-
Cassin],
Saint-Benoit [monastère de.,, à
Capoue], 42 ( ; la celle de Saint
Benedit, laquelle se clamoit
Capusita, 42.
Saint-Denis (abbaye de), zzj.
Saint Germain, v. San Gei^
MANO.
Saint Jean-Baptiste (église)
Saint Jehan (trésor de), Saint
Jehan-Baptiste (eglize. . .), 367,
363.
Saint-Liberator (monastier de),
44.
Saint-Lope (monastier de), 196.
Saint-Marc (chastel qui se cla-
moit), a 18, V. San Mamoo
d*Alunzio.
Saint-Marc (rocché de), a 18, v.
San -Marco.
Sainte Marie (églize de... à Pa-
lermc), 23a, a 56, a6o.
Saint Martin (la roche db), io3,
104, 108, IIO.
}8i
SainUMartin de Tours (abbaye
de)y XX j.
Saint-'Mathieu [église ,. , à Sa-
/erne], Saint Mathie de Salerne,
églize Saint Mathie, 333.
Saint-Michiel (eglize de), 83.
Saint Nicharde (castel de), v.
San-Nicandro.
Saint-Pierre de Rome (eglize de),
i39, 144.
Saint-Rémi (église), i a i ' ; Saint-
Romi, 120.
Sainte Marie de lo Fare, v. Santa
Maria del Faro.
Saint-Severe (cité de), Saint Se-
verin (roche de), v. Santa-
Severina.
Saint-Scverin, 353, v. San-Seve-
RINO.
Saint-Thomas (monastère de)^
Ixviij.
Sainte-Agatha , Sainte-Agathe
(rocche-castel), v. Sant* Aga-
THA.
Sainte Sophie de Bonivent [Be-
nevent] (église), 148.
Salerna, Salerne (prince de), 7,
23, 29, 3i, 33, V. Guaimar
IIL
Salerne, ix, x, xxv, xlvj, Ij, lij,
liij, liv, Ixij, Ixx, Ixxj ; Salerne,
Salerno, 6, 18, 19, 29, 33, 53,
58, 85, 92, ii3, 116, 117,
125, 127, 129, i38, i53, i65,
171, 297, 3oi, 3i4, 3i6, 320,
321, 322, 323, 325, 33o, 333,
334, 336, 345, 547, 35i, 353.
Salerne (archevesque de), i35,
V. Jean, arch. de Salerne.
Salerne (archevesque de), 180,
V. Alfane, arch. de Salerne,
Salerne (prince de), 83, ^6, 88,
124, 125, V. Guaimar IV.
Salerne (prince de), 169, 162,
166, 169, 171, 280,284, 3i6,
V. Gisulfe, prince de Salerne.
S ALERHR (synode de), 1 16 1 ; con-
grégation de Salerne.
Salemitains, Ixix; Salernitain
(li), 19, 126, i38, 238.
Salerno, 53, v. Salerne.
San-Germano, 97 a ; Saint-Ger-
main, 97, 240, 276, 340.
San-Marco, Ixix, rocche de Saint
Marc, 218.
San Marco d'Alunzio, 218 i;
chastel qui se damoit ^aint
Marc, 218.
San-Nicandro, i 38 i ; Saint Ni-
charde (castel de), 1 38.
San-Severino, 353 ( ; Saint-Sc-
verin, 353.
Sant' Agatha [Château-fort sur
le mont], Sainte-Agatha, Sainte-
Agathe (rocche, castel), 5i, 56,
296, 355.
Sant* Angelo (château de), lo
chaste de Saint Angele, 268.
Sant* Archangelo, 85 i ; Saint
Archangele, 84.
Saeta-Eupemia (abbé de), v. Ro-
bert de Grentemesnil,
Santa Maria del Faro, 208 > ;
Sainte Marie de lo Fare, 207.
Santa-Sbverina, 287 > ; Saint-
Severe (cité de), Saint-Severin
(roche de), 266, 287.
382
Sarne (lo mont...), v. Monte-
SCARNO.
Sarule [seigneur normand], 99.
Sarragossc, 60.
Sarrasins {les), Ij, lij ; Snrrasin,
Sarrazin(li)y Sarrazinc(lagcnt),
Sarraziz (li), xxxviij, 6, 1 1, 12,
i3, 18, 19, 39, 5i, 58, 59,
61, 63, 181, 193, 194, 197,
202y2o5, 206, 207, 208,209,
210, 214, 216, 217, 220, 228,
25o, 23 1, 252, 254, 256, 257,
259, 260, 261, 299,300,333,
358.
Sausane, 208.
Saxe, liij.
Scolastique {sainte), Scolasticc
(sainte), 142.
Secylle, v. Sicile.
Sergius IV, duc de Naples,
SicTge, maistrc de la cheva-
lerie, 7. 47.
Sergius V, duc de Naples, 284 2,
324 a.
Sergius, duc de Sorrentc, 325 •.
SiciLK, xxxviij, Ij, Iviij, Ixviij,
Ixix, Ixx; Secylle, Sicile, Si-
cille, Sycile, Sycillo, 52, 58,
60, 63, 64, 193, 2o'S, 204,
2o5, 207, 20S. 21 "^ 218, 220,
2 3o, 2 32. 249, 257, 259, 260,
3 00.
SiciLK (rois normands de).
xxxviij.
Siciliens {les), Sycillien (li), 214.
Si>.Tge (maistrevlc laclicvakTic),
V. Sergius I \\ duc de Naples.
Sikelgaita [sœur de Gisulfe,pr.
de Salerne], Ixix, 1684.
Simon le Magicien, Symon.
ii5.
SiPONTO, xHij; Sipont, Syponte,
xliij, 52, 83.
SoRRENTE, Ixvij, 5i, 57-
SoRRENTE (duc de), 55.
SoRRENTE (duc de), 324, V* S^^'
gius, duc de Sorrente.
SoRRBNTE (moillier del dux de),
55.
SoRRENTB (suer del duc de), 1 3o.
Sorrentins (les), Sorrentin (li),
3i3.
Spire, 139); Spirani, i Sg.
Stéphane, 39, 40, v. Etienne
(neveu de Mêlés).
Ste^ane (pape), 141, ▼. Etienne
IX.
Stéphane Patriano, aaa ■ ; St^
phane Patrie, Stéphane, 122.
Suio, 264 a ; Sub. . . (castel), Suie,
Sulie, 233, 264, 279.
Swen, roi de Danemark^ iii,
roy de li Danoiz, 5, 10.
Symon, v. Simon le Magicien.
Syponte, v. Siponto.
Tagliacozzo (comté de\ 278 t :
cunté lie Talloiz, 278.
Tancrède de Ilauteville, l*an-
crede, Ixxj, 59, 82.
Tascone, 3o3.
T^ANO, Ixix, Tycn (cité de), 1 54.
176, 177.
Te A NO (comtes de), 1073; li
conte de Tien, 107.
Théohald, abbé du Mout'Catsin,
î83
Teobalde, Theobalde, 7, 37,
42.
Theodine, v. Todinus.
Thetin, v. Chieti.
Thodès, Thodeschi, Thodesque
[les Allemands].
Thodès (prince de li), 3 1 [Henri
II].
Tholose (^evesque de), v. Toul
(évêque de).
Thurchie, Thurq^uie (roy de), 5,
16.
Tien (li conte de), v. Téano
(comtes de),
Todeschi, Todesque [les Aile»
mands].
Todesque (roy de li), 267 [ifenri
IV\.
Todinus, Ixvij, Theodine, 5i,
62,
Tosti (dom), liv.
TORRE DELLA CiSTBRNA, l6o 2 ;
Cysterne, la Cysterne, i6o,
265, 273, 274.
Toudeschi [les Allemands],
Toul (évêque de), v. Léon IX.
Traetto, X, 235 ' ; Tragete, Tra-
jeté, Trajette, 234, 236, 279,
294.
Traîna, 25i '; Trigane (cité),
25o.
Trani, 2 7 1 2 ; Trane (cité de), 8 1 ,
84, 271, 273, 273, 275.
Transmunde {comte), 3o2 î ;
Transmonde , Transmunde
(conte), 267, 3o2, 3o3, 304,
3o6, 3og.
Transmunde (un autre), 304.
Transmunde (un autre autresi
qui &e damoit), 304.
Transmunde (li autre), 3o6.
Triganè (cité), v. TraIna.
Tristan ou Toustain le Bègue,
Tristan, Trostayne, 38, 84.
Troja, 32 J ; Troie; Troya, Troye,
xlvj, 6, 18, 32, 35, i53, i58,
193, aoo, ao2.
Troiens, 35.
Trostayne, v. Tristan ou Tous-
tain le Bègue.
Turcs {les), Turc, Turche, Tur-
chi... (li), 6, 14, 16, 17.
TURQ.UIE, xlvij, i5.
TusccLUM (comtes de), Ixx.
Tyen (cité de), v. Téano.
U
Udalrich, arch. de Bénévent,
160 I.
Umalfe, v. Amalpi.
Umfre, Umfrede, Umfroi, Um-
froy, Unfroi, v. Humfroy,
comte de Fouille,
Uerselle, v. Oursel de Bailleul,
Urbain II (pape), xj.
Ursel, Urselle, Ursselle, v. Oursel
de Bailleul.
Urselle (la moillier), 16 [la femme
d' Oursel de Bailleul].
Vaccaire (home qui se clament),
xlvj, 3o.
Vaccaricia, xlvj 2 ; Vacarice, Vac-
carice, xlvj, 29.
Valaire (chastel), v. Bellarie.
Valbine, lix, 124, v. Balva.
Val-Demonb, 2 1 7 2 ; val-de-Mane,
384
val de Manne, val de Mené,
194, 217, 218.
Valctane (duc), 164, v. Adénulfe,
duc de Gaete.
Valin, V. Valva.
Vallarie (chastel), v. BcIIarie.
Valva, 241 i; Valin, 241.
Venafro, 278 2; Bcnafre, 278.
Venosa, 70 » ; Vcnoze, 70, 84.
Verscill (e vesque de) ,v. Grégoire ^
eu. de Vercelli,
Vésuve (Mont), 200 >; Bcbie
(mont de), Bibio (mont), 193,
200.
ViCALvi, 280 1 ; Vicablanche (cas-
tel qui se clame), 279, 280.
Victor II, pape y 139»; Victor,
Victore, 139, 140, 141.
Victor III {pape), xxij, xxiv.
Visimane (cité), v. Bisignano.
Vultime, Vultimien, Vultimine,
Vultimino, Vultumine, v. Ibn-
at'Timnah {Caïd).
W
Wait^, xxxtv.
Wattenbach, Ixiv.
Wilmans, Iv, lix, Ixiij.
Y
Ylaire (abbé de Saint- Vincent),
Ynsule, v. Isola dkl Lnii.
Ysale (prophète), 2.
Ysidoire, Ysidorre, v. Isidore de
Séville.
YsoLE, YsuLE, V. Isola dbl Uu.
Ytalib, v. Italie.
Zoé, {impératrice), 61 1.
J
TABLE DES MATIÈRES
Pages
Introduction vii-lxxi
Ystoire de H Normant. . . • i
ï^^ Livre 5
2« Livre 5i
3" Livre 10*3
4C Livre i53
5"^ Livre 193
6e Livre 23i
7C Livre 265
8e Livre 3 1 3
Table des noms propres 359
25
2044 024 328
THE BORROWER WILL BE CHARGtX)
THE COST OF OVERDUE NOTrnCATlON
IF THIS BOOK IS Nt)T RETURNED TO
THE LIfiRARY ON OR BEFORE THE I^ST
DATE STAMI'FJ> KELOW.